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Un homme et une jeune femme dans un bordel, ça donne quoi ?

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Le soleil était bien haut dans le ciel lorsque je sortis discrètement du donjon rouge. Tout de suite je sentis la chaleur se répandre sur mon visage, celle-ci était étouffante, à cet instant je me demandais si tout ça en valait là peine, si je ne prenais pas des risques inutiles. Javais senti dès mon arrivée à Port Réal qu'une légère paranoïa s'était installée, le nombre de gardes autour de la famille royale était plus important que d'habitude, on goutait tout ce qu'ils mangeaient, à tel point qu'on fit même goûter les gâteaux que j'avais offert à Daenerys. Soudain je sortis de mes pensées lorsque les gardes à la porte m’arrêtèrent, me demandant où j’allais, je leur répondis que je me rendais à Fossedragon. Ils me proposèrent une escorte. Je refusais poliment leur offre mais ils insistèrent, ce qui eut le don de m’agacer, et lorsque mon regard se durcit ils s’arrêtèrent de parler et me dirent de faire attention. Sans sourire, je leur souhaitais une bonne journée avant de partir en direction de la colline Rhaenys, l’une des trois que possédaient cette ville.

Malgré la chaleur les rues étaient bondées, les gens se bousculaient  dans tous les sens. Port-Réal n’était pas une jolie ville. Son charme ne résidait pas dans son esthétique, même ses bâtiments les plus célèbres n’étaient pas d’une grande beauté. Ne parlons pas de l’odeur qui était immonde. Non, son charme, elle résidait dans son aspect cosmopolite. Elle était la seule ville à Westeros où on pouvait voir des gens de tous les horizons à travers toute la ville alors que d’habitude cela était réservé au port ou au quartier marchand. Ici on entendait toutes les langues, on croisait des gens de toutes les religions malgré le fait que les Sept y étaient bien sûr en majorité. Bien calé sur la selle de mon cheval je continuais d’avancer tranquillement à travers les rues, je savais que j’étais suivi, les dragons faisaient suivre absolument toutes les personnes en contact avec la famille royale.  Je n’avais pas eu besoin de chercher très longtemps, dès les premiers mètres j’avais repéré les soldats qui me suivaient malgré qu’ils portaient une tenue de paysans. Ils étaient bien trop propres, comme tous les membres du Guet protégeant le Donjon Rouge. Je continuais d’avancer lorsque soudain j’arrivais dans la rue des sœurs, celle-ci était bien plus grande que les autres. Difficilement mon cheval avançait, les gens ne se bougeaient pas, je ne portais qu’une simple tunique qui ne faisait pas honneur à mon rang d’héritier de la famille suzeraine du Conflans, mais aujourd’hui je voulais être discret.

Je m’arrêtais finalement devant une auberge. Cette dernière était de piètre qualité et se nommait Chez Aliandra et Edric, c’était le nom des personnes qui géraient l’établissement, un vieux couple très sympathique dont les chats n’arrêtaient pas d’embêter les clients, cela donnait un certain charme au lieu. J’y étais descendu il y a quelques années lors d’un voyage officiel pour le Conflans. Ce jours-là j’avais ressenti le besoin de me couper du palais et de ses richesses  et le hasard m’avait amené ici. Parfois celui-ci faisait bien les choses, la cuisine d’Aliandra y était très appétissante, les tableaux, faits de sa propre main, ornaient les murs et étaient magnifiques. Edric, son mari, tenait le comptoir et avait toujours une histoire à raconter en même temps qu’il remplissait les choppes des clients. Ce jours-là il m’avait raconté qu’une fois une dame de Dorne avait réservé toute l’auberge, même eux ne devaient pas rester, pour que elle et son amant puissent profiter pleinement l’un de l’autre… Sûrement une de ces histoires qu’ils racontaient pour donner une certaine image de leur auberge car je doutais que des nobles étaient venus ici s’offrir un moment de plaisir.

Je jetais un dernier regard et vis les soldats plus loin qui faisaient semblant de s’intéresser aux échoppes qui les entouraient. Je souris en les voyant puis passais les portes de l’établissement. Je me dirigeais tout de suite vers le comptoir, je fis un signe au gérant, Edric, en déposant quelques pièces sur le comptoir puis sans m’arrêter j’entrais dans les cuisines où je saluais Aliandra avant de passer par la porte de derrière. La capuche mis sur ma tête, je me me laissais happer par la foule. Cette fois-ci j’avais semé les gardes pour de bon, maintenant je pouvais me rendre sur les lieux du rendez-vous. Ainsi après quelques minutes de marche, observant derrière moi si les gardes n’étaient pas là, j’atterrissais dans la rue de la Soie. Cette dernière était l’une des plus connues de la capitale, sûrement même la plus connue à travers tout Westeros. Elle y abritait de nombreux bordels dont le célèbre Chataya dont les prix étaient plus élevés qu’ailleurs. Je le connaissais car lorsque j’étais plus jeune, alors que le Roi avait convoqué mon père pour le nommer Suzerain du Conflans, j’y étais venu en compagnie de chevaliers du Conflans qui avaient voulus me montrer les charmes de Port-Réal.

C’est l’esprit rempli d’images agréables que je passais les portes de l’établissement où j’avais réservé une chambre sous un faux nom. On me fit entrer dans celle-ci puis on referma la porte derrière moi. J’étais seul, mon invité n’était pas encore arrivée. Je me demandais si elle avait trouvé une autre solution pour venir ici ou si elle avait suivi mes indications, l'invitant à passer par Chez Aliandre & Edric pour semer d'éventuelles gardes. Je regardais autour de moi, la pièce était spacieuse comme je l’avais demandé, il y avait même de boire se désaltérer dans un coin. Je me dirigeais vers celui-ci. Je retirais ma capuche puis me servis un verre de vin en attendant que la jeune femme arrive. Je trempais mes lèvres dans le verre… un vin  des Terres de la Couronne... une horreur mais je le buvais quand même. J’allais en avoir besoin pour l’épreuve qui m’attendait.
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Un homme et une jeune femme dans un bordel, ça donne quoi ?
Tandis que je me prélassais au soleil, dans les jardins du Donjon Rouge, je reçus une missive particulière. J’étais surprise d’être dérangée en pleine matinée et de constater l’auteur du mot en question. Je parcourus les lignes en affichant peu à peu une mine outrée. Etait-il sérieux par rapport au lieu de rendez-vous ? Avais-je une tête à me rendre dans un bordel ? Ce n’était absolument pas un lieu pour une jeune femme de mon âge. Si jamais, cela devait se savoir, je risquais de perdre en crédibilité et surtout de salir ma réputation. Puis, quelle excuse, j’allais pouvoir inventer pour sortir du château sans que cela soit douteux ? Je soupirais. Je n’avais qu’une envie, c’était de broyer ce bout de papier et de poser un lapin à l’héritier du Conflans. Après tout, c’était dans mon droit de refuser une telle rencontre. Je risquais simplement d’énerver le futur suzerain de ma région et de noircir par conséquent l’image de ma famille. Malheureusement, je n’étais pas seule sur l’échiquier et chaque décision pouvait se transposer d’une manière ou d’une autre sur le dos de mon grand-père. Mais, que faire finalement ? Devais-je réellement prendre le risque ? Je craignais le pire et je n’avais pas envie qu’une telle histoire puisse remonter jusqu’aux oreilles de la princesse. Elle avait d’autres choses à penser et je n’avais nullement envie de la décevoir. Déjà, que je me sentais inutile face à sa tristesse, je n’avais pas envie de perdre en plus sa confiance. Surtout, que durant notre séjour à Dorne, j’avais senti un certain rapprochement entre nous deux, comme une ouverture vers une amitié plaisante. Seulement, depuis le décès de sa mère, je ne savais pas comment me comporter face à son chagrin. Ma seule expérience face à la perte d’un proche avait été Genna, mais je doutais pouvoir comparer mes ressenties faces au siens. Perdre une amie était une chose, mais perdre la personne vous ayant mis au monde était totalement différent. Même si je n’étais pas spécialement proche de ma mère, sa mort me ferait un mal fou. J’aurais l’impression de perdre une partie de moi-même et n’avoir plus cette chance de sentir ce réconfort quand je me retrouve dans ses bras. Après tout, on disait que l’amour d’une mère avait bien des pouvoirs et petite, un simple baiser d’elle arrivait à me faire oublier le souci des bobos.

J’avais beau regardé l’horizon, celui-ci n’avait pas l’air de me donner une direction à suivre. Même si cet arrangement en soi était une aubaine, je détestais la manière dont nous avions organisé notre compromis. J’avais l’impression de fauter à chaque fois que je le voyais et il m’arrivait même de culpabiliser. Difficile, pour autant de le crier haut et fort, je n’avais pas envie que mes manigances se sachent et que mon père apprenne que sa fille chérie apprenait tout simplement à se battre. Déjà que l’escalade n’avait jamais été accepté par mon père, alors j’osais imaginer le pire s’il connaissait le cœur même de cet arrangement. Pourtant, ce n’était nullement un apprentissage futile, je souhaitais savoir me défendre et n’avoir pas que la fuite comme option de survie. Puis, d’une certaine manière, je pourrais être à même de protéger la princesse, si par mégarde, nous n’étions pas en sécurité et que ses gardes s’étaient fait la malle. De plus, je permettais à l’héritier du Conflans d’être plus à l’aise en danse et d’éviter d’écraser les pieds de la princesse. Je lui rendais service, quand je voyais comment il gesticulait, mes cours lui sauvaient bien des moqueries. Ce n’était pas toujours facile de ne pas rire et plus d’une fois, j’avais été hilare face à sa gestuelle. Je n’étais pas forcément patiente et je doutais au fond d’être une bonne pédagogue, mais j’essayais de m’améliorer et de lui offrir le meilleur enseignement possible. Mais voyez-vous, Brynden me remerciait en choisissant des lieux de rendez-vous inconvenants pour une lady et il ne semblait même pas s’en préoccuper. Comme si ma réputation n’avait pas lieu d’exister et que je pouvais oublier de me trouver un bon parti si on m’apercevait un instant dans un bordel. Le maudire ? C’était déjà le cas et je n’avais pas prévu d’être tendre avec lui, étant à charge de revanche.

Constatant que le soleil était bien haut dans le ciel, je pris conscience qu’il était l’heure pour moi de me faufiler en dehors du donjon et de pénétrer discrètement dans un bordel. Dans mes affaires, je pris une cape assez sombre avec une capuche pour me camoufler plus aisément, tout en m’habillant d’une manière sobre et ne faisant pas l’éloge de mes origines. Ce n’était pas compliqué de trouver ceci dans mes affaires, étant donné que certaines de mes robes n’avaient pas apprécié le goût de la grimpette et avait connu un rafistolage exprès de ma part. Fin prête, je mis ma capuche sur la tête, cachant mes épaules par ma cape et essayant de sortir discrètement du donjon rouge. A peine, j’eus mis un pas dehors qu’un garde m’arrêta et m’observa avec intérêt. Je baissais le regard tout en l’informant que je devais faire des courses pour la princesse et que je serais de retour en fin d’après-midi. Au vu de mon accoutrement, il dut certainement me prendre pour une servante sans importance et me laissa sortir sans plus de questions. Etant nouvellement arrivée à Port-Réal, je n’étais pas du tout habituée avec la géographie des lieux et je craignais de me perdre une fois de plus dans la foule. Plusieurs fois, je demandais mon chemin pour me rendre à une auberge qu’avait mentionnée Brynden : Chez Aliandra et Edric. Etant donné que tout le monde m’indiquait un chemin différent, comme si différencier sa gauche et sa droite étaient compliqués, je mis un petit bout de temps pour trouver l’édifice et je mis plus ça sur le compte de la chance que de l’orientation. Je pénétrais dans l’auberge et constatais que c’était loin d’être un lieu pour une personne aussi éminente que Brynden. Je constatais néanmoins des tableaux admirables, digne d’une artiste et je vis au comptoir un homme assez âgé qui me sourit chaleureusement à mon arrivée. Par politesse, j’ôtais ma capuche et je m’approchais de lui. Je me rappelais dans les mots du conflanais qu’il mentionnait qu’en déposant quelques pièces, il me serait possible de sortir par les cuisines et d’esquiver par la même occasion des potentiels suiveurs. Je suivis le stratagème, déposant quelques pièces et informant le maître des lieux que je venais de la part de Brynden. Il hocha la tête simplement, tout en m’indiquant les cuisines et je suivis cette direction. Je saluais au passage la femme s’y trouvant et j’en déduisis qu’il devait s’agir d’Aliandra. Par mon récent voyage à Dorne, je fus certaine qu’elle était originaire de cette contrée. Sans m’attarder davantage, je sortais de l’établissement par la porte dérobée et je fus directement happée par la foule. Je remis ma capuche sur la tête, tout en me rappelant du chemin à suivre pour me diriger vers la rue de la soie. Après quelques longues minutes, sous la chaleur écrasante de la capitale, j’en conclus que j’avais trouvé la rue en question. Je me sentais telle une intruse, pénétrant dans l’interdit et je sentais déjà des regards étonnés de ma présence. Je me mis à rechercher l’enseigne de Chataya dont le nom ne me disait absolument rien. Pourtant, mes yeux se focalisèrent sur une enseigne plutôt luxueuse où je vis des hommes habillés richement y pénétraient.

J’eus un léger sourire de soulagement, étant donné que j’avais fini par trouver le lieu en question, même si désormais, je devais y rentrer. Je sortis la missive de l’héritier pour me souvenir du nom qu’il avait donné à l’établissement. Toujours la capuche sur ma tête, je pénétrais dans les lieux, baissant la tête pour ne pas attirer l’attention. Je me raclais la gorge avant de demander à une femme à moitié dénudée. « J’ai rendez-vous avec un certain… Edric ? » Il n’était pas allé chercher loin son faux nom apparemment. La jeune femme me dévisagea un instant, avant de s’exclamer bien fort. « Tu es la nouvelle, c’est ça ? Le maître m’avait parlé d’une charmante brune ! » Malgré toute la volonté du monde, je ne pus m’empêcher de rougir en constatant qu’une majorité des clients présents dans la salle me regardèrent chacun à leur tour. Je ne savais pas s’il essayait à entrevoir mon visage ou s’ils étaient plutôt intéressés par le tissu de ma robe. Ainsi, d’une petite voix semblable à une fillette, je répondis. « Non… Non, j’ai simplement rendez-vous ! » Elle se mit à rire, tout en me prenant par le bras et en me chuchotant au coin de l’oreille. « Il ne faut pas avoir honte d’être un colis spécial ! C’est rare qu’on fasse appel à des éléments extérieurs, tu dois être… Très singulière ! » J’hésitais entre rire ou fuir, je pris la première option, n’ayant plus vraiment le choix désormais. Je sentais que la jeune femme à mes côtés ne me lâchait pas vraiment le bras et elle semblait s’amuser à le presser doucement. Cela me faisait de drôle de sensation et j’étais sûre d’être aussi rouge qu’une tomate. Lorsqu’elle cessa toute possession de mon bras, j’émis un léger soupir tandis qu’elle m’indiquait une porte rouge. Histoire d’enfoncer un peu plus le couteau dans ma plaie, elle s’exprima d’une voix sensuelle. « Amuse-toi bien ! »

Sans plus attendre, j’ouvrais cette fameuse porte et je la refermai derrière moi tout en restant le dos contre la porte et ignorant au passage la présence de Brynden. « Par les Sept… » Murmurai-je tandis que je reprenais une respiration calme. Voyant que l’héritier du Conflans avait un verre à la main, sans réfléchir, je pris la même initiative et je bus sec la contenance de mon verre. Cela eut l’effet de me remettre d’aplomb et de saluer la personne à l’origine de ce calvaire. « Je vous salue Brynden… J’espère que vous appréciez toute la subtilité du lieu de rendez-vous ! » Mes yeux émeraudes fixèrent avec intensité le chevalier et je ne pus contenir ce flot de paroles. « J’espère que vous vous amusez de me voir dans un tel état ! Quelle idée de se retrouver dans un… Bordel ? Ai-je l’air d’une fille facile ou ne se souciant aucunement de sa réputation ? Quand je mentionnai un lieu discret, je n’avais absolument pas en tête ce genre d’établissement ! » Je soupirais, me frottant au passage mes tempes pour évacuer toute forme de stress et oublier ce mauvais moment. « Enfin… Ne perdons pas davantage de temps, car vous formez à devenir un danseur, est loin d’être une tâche facile. Il me semble que la dernière fois, je vous apprenais à placer correctement vos pieds pour éviter d’écraser les miens, non ? » Un sourire amusé s’étira sur mes lèvres, savourant cette petite moquerie dissimulée. Il le méritait, j’avais encore en tête la façon dont ces hommes me dévisageaient et c’était loin d’être agréable. J’avais eu l’impression d’être mise à nue et d’être comparable à un objet. C’était donc ça ce que recherchaient les hommes, ici ? De posséder complètement une femme et de n’avoir pas les Sept pour juger de leur comportement. Cette simple idée me donnait légèrement la nausée et j’espérais que la Jouvencelle ne voyait pas d’un mauvais œil ma présence en ces lieux.

@Brynden Nerbosc : tu as vu comment ton rp ne m'inspire pas ?   Un homme et une jeune femme dans un bordel, ça donne quoi ?  1068210770
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J’attendais déjà depuis un certain temps dans cette appartement que j’avais réservé au Chattaya. Il était vrai que la pièce était des plus agréables. Des fauteuils et une table dans un coin, un plateau sur cette dernière avec du vin et deux coupes. J’en étais déjà à mon deuxième malgré l’acidité de celui-ci. De l’autre côté se trouvait un lit baldaquin, et entre les deux il y avait un grand espace libre comme je l’avais précisé au moment de la réservation. Je regardais le paysage à travers la fenêtre, une jolie vue sur les toits de Port-Réal. Je portais la coupe à mes lèvres pour boire une gorgée de vin… toujours aucune nouvelle de Lady Cox. Peut-être s’était-elle défilée ? Il fallait un peu de courage pour sortir et arpenter les rues de la capitale pour venir jusqu’ici, ou peut-être elle s’était perdue au milieu de ces dernières. C’était un peu plus difficile de trouver cet établissement que de trouver la robe du jour dans l’armoire de la princesse. Soudain j’entendis la porte s’ouvrir et vis la jeune femme en question entrée. Celle-ci jura en s’adossant contre la porte comme si elle venait d’affronter une terrible épreuve. J’avais un sourire amusé sur le visage alors qu’elle allait prendre le deuxième verre sur la table pour le boire d’un seul trait. Cela m’amusa encore plus. On dirait qu’il ne fallait pas grand-chose pour déranger madame la prude Lady Cox. Un soupir s’échappa de mes lèvres en l’écoutant se plaindre, une autre de ses qualités il semblerait. Peut-être pensait-elle qu’il aurait été plus simple de demander au Roi de leur prêter une pièce au Donjon Rouge. « Ravi de vous revoir Lady Cox… » Bien sûr le ton de ma voix évoquait tout le contraire. Je n’étais pas là par plaisir, juste pour faire plaisir à la Princesse et m’assurer en retour qu’elle m’apprécie. Mon père, mon frère, même Marianne, et tout le Conflans comptait sur ce mariage. J’avais passé des journées entières le visage dans la boue à essayer d’apprendre à manier une épée, et des années plus tard on comptait sur lui, mais pas pour se battre, pour se marier à une jeune femme, limite une jeune fille qu’il ne connaissait presque pas, ne lui parlant que quelques fois, toujours en présence d’une autre personne.

Je posais mon verre alors que la jeune femme continuait de parler, me provoquant au passage en évoquant mes piètres qualités de danseur. Je ne pris pas tout de suite la parole, regardant la jeune femme, attendant de savoir si elle allait continuer de parler mais ce ne fut pas le cas. « Je peux placer un mot maintenant ? » En même temps que je lui posais cette question rhétorique je lui pris le verre de ses mains et je le posais sur la table, à côté du mien, sans même lui demander l’autorisation, lui montrant dans un sens que l’autorité ici, c’était bel et bien moi. « Pour ma défense, je tiens à vous signaler qu’il n’y a de meilleur lieu se voir. Personne ne viendra nous chercher ici, et si par malchance quelqu’un que nous connaissons nous surprenait, il ne serait sûrement pas le premier à venir se vanter d’être venu ici. De plus, c’est toujours mieux que votre proposition qui était… je ne me souviens plus… Ah oui ! Je ne sais pas. La prochaine fois vous essayerez de proposer une idée avant de critiquer celle des autres, Lady indécise. » Je terminais mon discours par un regard droit dans les yeux, un léger sourire moqueur sur les lèvres. Il était temps de rappeler à mademoiselle que ce n’était pas parce que j’étais en position de faiblesse que j’allais me laisser provoquer ainsi sans rien dire. Je repris la parole, retirant en même temps ma veste, dos à elle. « Et au passage je ne vous vois pas comme une fille facile. Pour ce genre de choses, ce n’est pas vous qui me viendrez à l’esprit. De plus vous pourriez avoir un peu plus de respect pour celles qui travaillent ici… elles ne font pas ça pour le plaisir. Elles essayent de survivre avec ce qu’elles ont. Elles n’ont pas eu la chance de naître avec un nom. Et d’autres ne sont pas nés avec ce qu’il faut... » Je prononçais ces mots en laissant mon regard dériver sur son buste lui faisant comprendre de quoi je voulais parler. Les formes n’étaient pas encore très prononcées chez la demoiselle, même si elle était d’une grande beauté, mais ça il lui avouerait pas, ça lui ferait trop plaisir.

Je fis quelques pas vers le lit, non pas que j’étais attiré par celui-ci, c’était juste pour m’éloigner de la jeune femme, pour essayer de me concentrer un peu avant de me lancer dans cette épreuve. Je détestais tellement la danse. Je n’en aimais qu’une seule : celle que l’on pratiquait au combat. J’avais encore plus d’aversion pour cette pratique en voyant que cela donnait un sujet à Orya pour se moquer de moi. Je n’avais qu’une seule envie, c’était de lui faire avaler ce petit sourire espiègle qui illuminait son visage. « Pour un colis vous parlez beaucoup… » Je prononçais ces mots en remontant les manches de ma chemise avec un petit sourire moqueur. En fait, en vérité, j’étais en train de gagner du temps, de retarder l’échéance. La veste sur le fauteuil, remonter les manches, tout ça aurait pu être fait en très peu de temps mais je laissais durer car je voulais éloigner le plus loin possible le moment où je me retrouverais de nouveau en position faiblesse face à elle, ce qui devrait, à tous les coups, lui redonner le sourire et l’avantage dans ce duel à l’oral… une pratique pour laquelle Lucas, mon frère, était bien plus à l’aise que moi. Un peu comme pour la diplomatie, ou pour la danse. Je me rapprochais d’Orya, ravalant ma salive comme si j’allais entrer dans une arène pour affronter des chevaliers en armure et équipés d’épée, nu comme un vers avec rien que mes poings pour me défendre. C’était peut-être exagéré mais c’était ce que je ressentais au fond de moi quand je devais me présenter au milieu des autres pour danser avec Daenerys. Me redressant, essayant d’être bien droit, comme une manière de montrer ma supériorité physique à la jeune femme, je me plaçais juste devant elle, mais rapidement, alors que je  posais ma main sur sa hanche et que l’autre se posait sur la sienne, mon regard se dirigea vers le bas, non pas pour regarder la jeune femme, mais bel et bien pour regarder la position de mes pieds afin d’éviter, comme elle l’avait dit précédemment, de lui écraser de nouveau les pieds. Je redressai ma tête pour poser mes yeux sur elle, et malgré le fait que mon mal être était perceptible, je lui dis avec un sourire un peu forcé. « Je vais essayer de ne pas écraser vos pieds cette fois-ci… ce serait dommage d’abîmer la nouvelle dame du Chattaya, la charmante brune comme l'a dit le maître. » Ces paroles furent prononcées comme un dernier coup d’épée portée à l’ennemi avant de se retrouver submerger, parce que maintenant j’allais devoir danser.
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Un homme et une jeune femme dans un bordel, ça donne quoi ?
J’étais officiellement dans le pétrin. J’avais accepté la proposition de Brynden de me rendre dans un bordel et je faisais maintenant face aux conséquences. Jamais, je n’aurais imaginé être confrontée à ce genre d’épreuve, c’est-à-dire, être prise pour une prostituée. Je n’étais pas assez ouverte d’esprit pour comprendre ces femmes vendant leur corps pour quelques cerfs d’argent. Je ne voyais pas ceci comme un moyen de subsister et je me demandais pourquoi les hommes aimaient se rendre dans ce genre d’établissement. Quel plaisir prenait-il à payer le corps d’une femme ? J’étais bien ignorante à ce sujet, n’ayant jamais embrassé un garçon et ne connaissant le contact que par la danse. Bien sûr, j’avais déjà ressenti de drôle de sensation, comme une chaleur à un endroit bien particulier, vous donnant envie de plus, sans pour autant en comprendre l’origine, ni le but. Je n’étais pas spécialement à l’aise sur le sujet et ce lieu me rappelait mon malaise. Difficile d’ignorer les bruits venant des chambres, semblables à des sons bestiaux et suivant un rythme bien particulier. Je ne pouvais nier que la curiosité me donnait envie d’ouvrir cette porte et d’apercevoir l’interdit. Une part de moi détestait l’ignorance et n’avait pas peur d’être confronté à l’inconnu. Pourtant, étais-je prête à affronter ce nouvel univers ? Avais-je réellement les cartes en main pour ne pas tomber des nus ? Je n’avais pas l’étoffe d’être cette charmante brune, craignant par-dessus tout le jugement des Sept et d’être contrainte à subir une existence horrible face à mes péchés. Je n’avais pas besoin d’alourdir le tableau, puis, j’avais eu une opportunité en or d’être une dame de compagnie d’une princesse royale, je ne pouvais l’ignorer et ne pas évaluer cette chance. Or, j’étais sûre que d’une manière ou d’une autre, cette vision me hanterait et que je rêverais sûrement d’ouvrir cette fameuse porte menant vers l’inconnu et des plaisirs dont j’ignorais tout.

Ayant ouvert une tout autre porte, j’avais pénétré dans la salle réservée par l’héritier du Conflans et il est vrai que je mis quelques secondes à retrouver mes esprits. J’étais encore bouleversée par les récents évènements, visualisant encore les mots dictés par la jeune femme dénudée. Je pourrais en rire, mais je doutais que ça soit la bonne attitude à avoir. Je fus accueillie par un Brynden légèrement amer, du moins, le ton employait signifier que mes propos ne lui avaient pas plu. En soi, je n’étais pas ici pour lui plaire, seulement, pour lui apprendre à danser et qu’en retour, il m’apprenne son art. Certes, j’essayais d’entretenir une relation saine et pouvant nous apporter quelque chose. J’allais être menée à vivre avec lui quand lui et la princesse seraient mariés et il me semblait normal qu’une certaine entente soit possible. Peut-être avais-je trop d’espoir sur le sujet ? Brynden ne ressemblait en rien à son frère, Lucas et je me retrouvais quelque peu déstabiliser par son comportement. Je voyais bien qu’il n’était pas là pour le plaisir, il devait entrevoir nos échanges comme un devoir et non comme un divertissement. De mon côté, je n’avais pas vraiment choisi, si c’était agréable ou non d’être professeur de danse. J’avais l’impression d’être lamentable, du moins, n’être pas réellement à la hauteur pour lui enseigner un tel art. Je craignais m’y prendre mal et qu’au final, il n’en soit que dégoûté par la danse. Ce n’était pas le but, certes, il devait s’améliorer, mais j’espérais au fond qu’il puisse prendre goût à gesticuler. Ce n’était que des pas de danse et il y avait une certaine ressemblance entre ça et le combat. Seulement, le but n’était pas de blesser, mais de se mouvoir d’une manière à se coordonner parfaitement avec sa partenaire.

Enfin, il posa son verre alors que je faisais part de ses piètres talents de danseur. Il ne prit pas tout de suite la parole quand j’eus fini ma tirade, préférant m’observer de son regard voulant être intimidant, je suppose. J’eus un sourire en quoi, quand il exprima une question rhétorique, s’il pouvait ou non-placer un mot maintenant. Sans me laisser le temps de répliquer, il me prit des mains mon verre et le déposa sur la table sans me demander mon avis. Si c’était une manière de prouver qui avait l’autorité, c’était bel et bien pathétique. Il aurait pu se montrer bien plus intimidant en usant de sa force ou en me remettant à ma place par des propos brusques. J’affichais simplement un sourire espiègle, tout en l’écoutant attentivement, car lui non plus ne me laissait pas le temps de placer un mot. Il pensait son lieu comme étant le meilleur, car personne n’irait nous chercher à un tel endroit. Il n’avait pas tort, je doutais que des gens puissent penser qu’il y avait la moindre chose entre nous, en dehors de ce compromis. Puis, il est vrai que je voyais mal une personne se vanter d’être venue en ces lieux. Pour autant, je n’étais pas prête à accepter bêtement son argumentation. J’avais pris un risque et j’en prendrais un à nouveau quand je sortirais de ces lieux. Il oubliait une chose, personne ne me demanderait la raison de ma venue, car on ne vient pas à un bordel pour donner des cours de danse. J’avais beau être ignorante sur le sujet, je n’étais pas complètement sotte et ces bruits bestiaux indiquaient très clairement que ces personnes dans cette chambre ne jouaient pas aux cartes.

Après avoir défendu au mieux notre lieu de rendez-vous, il s’attaquait à mon absence de proposition. J’avais envie de rire, ces derniers temps, je n’avais pas eu le temps de penser à ma petite personne, préférant largement, m’intéresser aux besoins de la princesse. Il acheva sa phrase avec un sourire moqueur et son regard indiquait une prise de force. Etant donné qu’il était à cœur de parler, je le laissais poursuivre, sans le couper. Apparemment, il ne me voyait pas comme une fille facile. Encore heureux, qu’avais-je fait pour qu’il puisse douter de toute façon ? Je me mis à rire quand il mentionna qu’il ne pensait pas à moi pour ce genre de chose. Là encore, j’étais soulagée de l’apprendre, je n’avais pas spécialement envie qu’il pense à moi dans ce genre de lieu. Avoir plus de respect, est-ce que ces propos étaient là pour me faire rire ? Il pouvait me sortir tous les prétextes du monde, je n’allais pas changer d’avis, du jour au lendemain. Après tout, c’était la première fois que je me rendais dans un bordel et j’espérais que ça soit la dernière fois. Seulement, je fus surprise par ses derniers mots. Venait-il de faire référence à mon corps et mes formes de femme ? Avais-je rêvé ? Je suivais son regard et je constatais qu’il observait bel et bien mon buste. « Vous ne manquez pas de toupet, Brynden ! Enfin, je constate que si vous vous abaissez à faire d’aussi piètres comparaisons, c’est que mes mots vous ont atteint. » Je me mis à rire, tout en poursuivant d’une voix se voulant moqueuse. « Vous attendez à ce que je vous applaudisse pour ce choix d’endroit ? J’ai l’impression que vous défendez un bordel, comme s’il s’agissait d’un commerce tout à fait normal ! Peut-être parce que vous acceptez d’acheter le corps de ces femmes pour votre plaisir, n’est-ce pas ? » Pour accompagner mes propos, je posais mon index sur son torse, tout en le fixant d’un regard enflammé. « Et pour votre gouverne, je n’ai pas proposé d’idée, car je n’avais pas prévu une rencontre. Voyez-vous, je suis inquiète concernant l’état de la princesse… Je suis ici pour la servir, non pour me préoccuper de ma petite personne, vous comprenez ? » Je soupirais, levant au passage mes yeux au ciel, signe d’insolence, je suppose.

L’héritier du Conflans s’éloigna, comme s’il prenait des distances et semblait retarder l’évidence : le cours de danse. Il me lança naturellement que pour un colis, je parlais beaucoup. Ses mots eurent l’effet de me faire rougir, sentant à nouveau, les doigts de la jeune femme sur mon bras et son souffle chaud contre mon cou tandis qu’elle mentionnait ce fameux mot : colis. Comment pouvait-il être au courant ? Etait-il responsable de ça ? M’avait-il décrit comme un potentiel colis ? J’eus l’envie folle de le faire taire en lui décrochant une jolie droite comme il me l’avait appris. Je fermais simplement mon poing, n’allant pas au bout de mes pensées et affichant un sourire amusé, sans forcément lui montrer que ses propos m’avaient atteintes. Brynden remonta pendant ce même moment les manches de sa chemise et je pris l’initiative d’enlever ma cape. J’en profitais pour remettre en place les tissus de ma robe et de relever légèrement mes cheveux pour ne pas être embêtée. Il se rapprocha et je visualisais bien qu’il avait ravalé sa langue au passage. Il se redressa, me dépassant largement d’une ou deux têtes. Je dus relever ma tête pour affronter son regard tandis qu’il mit une main sur ma hanche et que sa seconde main se positionna sur la mienne. Il jeta un coup d’œil à ses pieds et je ne pus m’empêcher d’afficher un léger sourire moqueur. Puis, ses yeux se posèrent sur moi et il s’exclama sur le fait de ne pas écraser mes pieds cette fois-ci. J’allais le remercier sur le moment, mais il poursuivit en mentionnant qu’il n’allait pas abîmer la nouvelle dame de Chattaya. Pour toute réponse, je lui écrasais son pied-droit avec mon talon, tandis que j’exprimais au même moment. « Une… Deux ? Alors, Brynden, vous ne suivez pas le tempo ? » J’émis un petit rire, avant de reprendre une mine un peu plus sérieuse et de m’exprimer. « Pouvons-nous commencer ? » Pour toute réponse, je commençais à compter les pas plus doucement pour qu’il puisse suivre et j’exerçais une légèrement pression sur son épaule avec ma main pour donner la direction à son mouvement. Je savais que c’était à lui de guider normalement, mais à l’heure actuelle, je préférais qu’il reproduise correctement les pas, avant d’avoir la main mise sur cette danse. Étrangement, la tension semblait redescendre et j’étais concentrée sur nos pas de danse plutôt qu’à ses remarques inutiles.
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Brynden… venait-elle de m’appeler par mon prénom ? Peu de gens osaient le faire, dans les mœurs de Westeros c’était bel et bien un manque de respect dû à mon rang, celui d’héritier du Conflans, l’un des titres les plus avantageux sur le continent. Ne pensait-elle pas un instant, qu’un jour, ce serait moi qui exercerais la suzeraineté sur les terres sur lesquelles se trouvaient le fief de son père, lord Cox. Rancunier je l’étais, je l’étais même beaucoup, par exemple l’affront fait par Viserys Targaryen et Arianne Martelle lors der leur mariage je ne l’oublierai jamais, et j’espère bien un jour pouvoir leur rendre ce mépris et leur faire payer cette humiliation envers ma famille et le Conflans. Elle prenait un risque, surtout si elle se basait sur mon frère pour en évaluer les conséquences. Lucas et moi étions très différents sur notre manière de voir certaines choses, et laver un affront en faisait parti… celui-ci arrivait encore à parler de paix concernant les Bracken, moi je ne voulais même pas y penser une seule seconde, de toute façon c’est en temps de paix qu’on prépare une guerre. Paix ou non, j’aurais aucune confiance envers cette famille, la détruire était ce qui pouvait être le mieux pour la nôtre. Bref, tout ça pour dire que je trouvais la jeune femme bien audacieuse de m’appeler par mon prénom et encore plus sur ce ton… était-elle réellement du genre audacieuse ou était-ce un manque de respect volontaire à mon égard ? Si c’était bien ce dernier point, gare à elle car je saurais y répondre et de manière forte.  

Je préférais ne rien dire sur l’instant même, laissant parler la jeune femme, celle-ci s’emportait toute seule, ponctuant ses propos de petites touches insolentes, voir ainsi une jeune femme menue me faisait bien rire intérieurement. Pour réponse à ses propos elle eut de ma part un simple “Si vous le dîtes…”, quelques mots qui produisaient généralement son effet. Insolent, je l’avais été. Quand j’étais plus jeune qu’elle, si je ne me trompais pas sur son âge, et en présence de mon maître d’armes je l’avais souvent été. De nombreuses fois j’avais provoqué ce dernier, bien sur, les conséquences ne furent pas les mêmes. Je me rappelais encore les punitions qui en découlaient, et pourtant ça ne m’avait pas empêché de continuer… mais mon côté insolent s’endormit d’un coup, bien sûr il apparaît encore, j’étais arrogant et je le savais, mais je l’étais bien moins que dans ma jeunesse. Ce changement se produisit lors de la bataille du trident, après avoir assisté à une telle boucherie, autant de cadavres à perte de vue, ça m’avait refroidi l’esprit.

Aujourd’hui ce n’était pas des ennemis prêt à me tuer pour sauver leur vie que j’allais affronter, c’était une jeune Lady insolente dans le cadre d’une danse. Et sincèrement, j’aurai préféré revivre de loin cette horrible bataille plutôt de vivre ça, mais je devais le faire afin de faire plaisir à cette princesse, c’était pour son bien et pour le bien de ma famille qui attendait tant de ce mariage. Je repris mes esprits et fis une remarque à la jeune femme. “Ce n’est pas le lieu que je défends mais les femmes qui y travaillent. Vous devriez avoir plus de respect à leur égard. Et pour votre gouverne... je n’ai pas besoin de payer pour me rendre attirant aux yeux d’une femme ou pour m’attirer ses faveurs. ” lui dis-je avant de me concentrer pour l’épreuve qui m’attendait. L’une des pires de ma vie, tenter de danser sans blesser ma partenaire, même si, pour une fois, je devais avouer que le faire ne me dérangerait absolument pas.

Bien sûr, tout comme un poisson échoué sur la plage qui continue de remuer malgré le fait qu’il se sait condamner. Je tirais une dernière salve à l’encontre de la jeune femme en évoquant le mot “colis” devant elle. Un sourire amusé se dessina sur son visage, mais au fond de moi je le savais bien que mes propos l’avaient atteint, elle était bien trop sanguine pour ne pas l’être. Cette fois-ci ce fut à mon tour de me sentir moins bien, l’heure était venue de bouger en suivant un certain rythme, dit comme ça cela paraissait si simple, et pourtant, pour moi ce n’était pas malheureusement pas le cas. Malgré la difficulté, malgré la honte, je ne perdis pas ma langue, et alors qu’elle affichait un sourire sincère au moment où je lui fis part de mon souhait d’éviter de lui faire mal aux pieds, je me permis une petite pique qui fit son effet. Malheureusement pour moi, je ne vis pas son pied venir s’écraser sur le mien, ce qui m’arracha une grimace. Celle-ci disparut et je lui répondis lorsqu’elle me demanda si on pouvait commencer. “J’aimerai vous répondre non mais parfois, et même souvent, on ne fait pas ce qu’on veut... allons-y, plus vite nous commencerons, plus vite nous en terminerons avec ce supplice.”. Je n’aimais pas particulièrement ce petit sourire espiègle qu’elle avait affichée en me disant qu’on pouvait commencer. De plus je ne pouvais pas ne pas répondre à cette agression physique que j’avais subi précédemment, ainsi mon pied vint s’écraser, volontairement, sur celui de la jeune femme. Un sourire vint se dessiner sur mon visage. « Désolé, comme vous l’avez dit j’ai encore dû mal à placer mes pieds pour éviter les vôtres. J’espère que ça n’arrivera pas trop souvent... ce serait dommage pour vous et vos pieds. » Ma vengeance prononcée, le cours pouvait enfin commencer.

Je tentais de suivre ses pas, changeant de direction lorsqu’elle le faisait, bien sûr en temps normal ce serait à moi de le faire et d’un pincement sur l’épaule, elle me prévenait lorsque je devais le faire. Je devais tellement me consacrer pour éviter de faire une fausse note dans les mouvements de pieds que j’oubliais totalement ce qui nous entourait, j’étais pleinement les yeux braqués sur nos pieds, ces derniers bougeaient les uns autour des autres. J’étais pleinement concentré pour éviter de faire un faux pas, puis soudain j’en fis un. Un grognement s’échappa de ma bouche puis nous reprîmes rapidement le mouvement, recommençant les mêmes mouvements. Cela me semblait si illogique, pourquoi aller dans cette direction et pas dans l’autre, pourquoi bouger son pied maintenant ? Les gestes mes paraissaient si improvisés que mon esprit s’embrouillait, ça allait trop vite pour moi, le temps que mon cerveau prenne une décision, il y avait déjà eu deux autres pas de fait, changeant la situation de base. Une nouvelle erreur, puis une autre… je sentais que ça bouillait en moi. Je détestais cette impression que j’avais, celle de penser que je n’y arriverai jamais, cette impression de ne pas progresser malgré mes efforts. Soudain mon pied écrasa puissamment celui de la jeune femme. Je le retirai tout de suite, espérant ne pas lui avoir fait trop mal. Un cri s’échappa de sa bouche et elle s’appuya sur moi « Désolé, et cette fois-ci c’est sincère ! Je ne voulais pas vous faire mal. Installez-vous sur le fauteuil quelques instants. » lui dis-je, réellement embête par la situation car, là, je n’avais vraiment pas voulu lui faire aussi mal. Je la tenais contre moi, ne me souciant pas du fait que ça pouvait la gêner ou non. Je n’aimais pas voir la douleur sur le visage des autres, surtout causée par moi, et c’était bien le cas là. Je l’installais sur le fauteuil puis me mis à genoux devant elle. J’enlevais sa ballerine et lui malaxais le pied délicatement. [/color=#6495ED]« Est-ce que ça va mieux ? Je suis vraiment désolé pour ça. Je suis un piètre danseur, et il semblerait que ça ne changera pas de ce côté-là… heureusement que les bals n’ont pas lieus tous les jours à Corneilla, sinon toutes les Lady de la région boiteraient. »[/color] Je malaxais délicatement son pied meurtri, avec un grand sourire sur les lèvres, amusé par la situation que je venais de décrire, l’imaginant dans ma tête. Mes mains s’arrêtèrent de masser le pied de la jeune femme. Je me relevai et me dirigeai vers la table pour nous servir un verre de vin à chacun. J’en tendis un à Orya. [/color=#6495ED]« Tenez, ça vous fera du bien, même si c’est loin d’être le meilleur vin que j’ai bu… au moins le colis est de qualité. »[/color] Je fis un clin d’oeil à la jeune femme et bu une gorgée de vin.
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