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Ekishae ✵ Une rencontre inattendue

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THEY WILL NOT CONTROL US
Tout ce qui bouleverse la vie advient fortuitement. Le destin ressemble à ces seaux d'eau posés en équilibre sur la tranche de la porte. On entre dans la pièce, on est trempé. Ainsi va l'existence.

   « L'hiver vient ». La jeune fille ne cessait d'entendre cette phrase depuis quelques années maintenant. D'abord, elle avait cru voir là qu'une simple mise en garde vis-à-vis d'un courroux à venir. D'une éventuelle attaque de la part de ces rebelles du nord, qui ne cessaient de prétendre en une justice qui leur était propre. Un droit qu'ils défendaient envers et contre tout mais qui était bien loin de ce que représentait la vraie justice. Ou était-elle alors même que le peuple se mourait de faim ? Ou était t-elle encore alors que le fief de chacun se devait de tenir face à des menaces envahissantes ? Le monde voulait les qualifier de rebelles, leur accorder ainsi une importance bien certaine, alors qu'ils n'étaient que de simples seigneurs en quête d'un pouvoir qu'ils n'auraient probablement jamais. La justice était dérisoire. Lady Harlton avait compris ce concept depuis près de dix ans maintenant. Depuis qu'elle avait pu lire dans le regard de ce traître à quel point, elle ne pouvait être équitable. Les grands mestres ne cessaient de médire et d'argumenter maintes réflexions à ce sujet. Eux même trop vieux pour s'apercevoir qu'il n'y aurait très certainement aucune justice sur Westeros. Du moins, tant que le monde tel qu'ils le côtoyaient gardait ses œillères pour ainsi prétendre à garder une politique visant à ne donner le pouvoir qu'au plus fort. Néanmoins, Marianne voulait bien admettre que depuis lors, depuis cette bataille, le monde se voulait en une pseudo préiode de paix. Bien évidemment, ce nouvel usurpateur en la personne de Stannis Baratheon commençait à faire parler de lui, désirer simplement appliquer une politique de terreur, dans le but d'assouvir son objet de convoitise. Mais les Targaryens continuaient à garder leur assise. A placer ainsi les régions de la carte, dans une sorte de quiétude éternelle. Même si le calme n'était qu'un présage d'une tempête à venir. Et puis, au delà de ces querelles, il y avait cette menace grandissante d'au delà des frontières. « L'hiver vient » et amène avec lui une nuit noire et sans précédant. La jeune fille était de ceux qui avaient eu la chance ou plutôt la mégarde de ne pas connaître l'hiver. Sa naissance s'était déroulée en été et son enfance ainsi que son adolescence n'avaient connu que cette saison. Certes, certaines lunes présageaient des jours beaucoup plus frais que d'autres, certains nuages menaçaient de plus en plus dans le ciel, alors que la pluie s'abattait encore et encore sur le Conflans. Mais il n'en restait pas moins que ce qu'elle considérait comme n'étant qu'une mauvaise période allait probablement s'étendre de plus en plus dans le temps. Le fléau arrivait dans le même temps que les intrusions de plus en plus rapprochées des sauvageons.  Là encore, on pouvait se poser la question de savoir comment rendre justice. Quelle justice y avait t-il à exécuter une personne qui désirait survivre et qui s'échappait d'une mort lente et douloureuse ? Quelle justice pouvait t-on prétendre rendre alors même que des femmes, des enfants et des pauvres gens pliaient sous le joug d'un froid glacial ? Certains répondront qu'il est de leur devoir d'affronter leur destin, ceux-là même qui ne cessaient de clamer haut et fort que l'honneur était une vertu qu'ils se plaisaient à entretenir au sein même de leur famille. Ceux là qui n'avaient pas hésité à dévoiler devant les yeux d'une petite fille ce que cette justice représentait : la mort et le chagrin. Ainsi voilà comment Westeros ou du moins la rudesse des nordiens se plaisaient à montrer le monde qu'ils désiraient fonder. Un monde semé de dédain, de froid, de terreur, mais surtout parsemé d'injustice les unes plus grandes que les autres en fonction de la manière dont leur orgueil serait touché. Voici donc le monde dans lequel Marianne ne vivrait jamais. « Plutôt rompre que ployer », plutôt mourir que de voir tant de désespoir dans les regards des gens qu'elle pourrait croiser, plutôt rejoindre les Sept dans cet autre monde plutôt que perdre cette once de bonté qu'elle se plaisait à garder dans le fond de son cœur, plutôt éteindre sa lignée plutôt que la voir perdre les valeurs pour lesquelles son feu père s'était battu.

Installée confortablement sur sa monture d'un blanc écarlate, la jeune fille ne cessait de penser à toutes ces idées durant le voyage qui devait la conduire vers la capitale du Conflans. Elle ne s'y était pas rendue depuis que les Desdaings avaient élu domicile et les avaient sauvé des Tully. Sauvés, oui, c'était ce qu'elle pensait alors même qu'elle se souvenait devoir faire preuve de politesse devant les assassins de son père.  « Vous semblez soucieuse Milady. » Le regard émeraude de la jeune fille se détourna un instant des fantômes de son passé, avant de venir se poser de manière amicale sur le chevalier qui l'escortait.  « Certains souvenirs de notre dernière venue à la ville ressurgissaient... » Elle marqua un léger instant de pause, comme si quelques uns d'entre eux continuaient à s'évaporer encore devant ses yeux.  « … mais cela appartient au passé à présent. Nous devons nous réjouir d'y retourner la tête haute. » Un sourire bienveillant se dessinait sur ses lèvres, ce même sourire qu'elle donnait à chacun des résidents de sa maison. Ceux qu'elle parvenait à considérer comme sa propre famille et qui veillaient à remplir chacune des tâches qui leur incombaient à la perfection.  « Votre oncle apprécierait cette remarque. » Elle acquiesça d'un signe de tête. Son oncle. Elle aurait tant aimé qu'il soit présent lui aussi, car elle craignait ne pas rendre à la politique tout le panache qu'il parvenait à dégager dès lors qu'il se mettait à traiter d'affaires visant à  apporter quelques plus à leur domaine. La jeune fille ne pouvait prétendre à ce maniement d'art. Elle était beaucoup plus forte en ce qui concernait la protection de son fief, de son peuple, et de tout ce que représentait sa famille. Peut être un jour oserait t-elle prétendre à développer son esprit dans le domaine de cette stratégie. C'est ce que son oncle, Lord Arwood, s'entêtait à vouloir lui enseigner. La route devenait de plus en plus élargie, signe que les charrettes ou même les chars passaient de manière beaucoup plus fréquentes que lorsqu'ils se rendaient vers Castel-Bois. La terres n'en était plus que battue, fatiguée de voir défiler des passants ou des armées. L'air devenait également plus frais, signe que le nord n'était pas si loin. Du moins, Marianne avait l'impression d'avoir plus froid que le souvenir qu'elle gardait de sa dernière visite. Elle rebroussa chemin pour quelques foulées, désireuse de se rendre près de la carrioles vides, qui ne demandait qu'à être remplie. Profitant de cette occasion pour prendre nouvelles de quelques gens et s'assurer de leur bien être. Tous répondaient avec sourire et joie, ce regard même qu'elle se plaisait à retrouver chaque fois que ses démons venaient la hanter. Elle finit par arriver au niveau du chargement qui contenait des vivres pour le voyage et chercha elle même de quoi se vêtir plus chaudement. Combien de Lady agissait de la sorte ? Pas énormément. Car toutes se plaisaient à appeler une servante pour effectuer cette besogne. Mais Marianne n'était pas de celles-là.

Le convoi de Castel-Bois finit par terminer son voyage, découvrant par la même occasion le nouveau domaine des Desdaings. Marianne déclina son identité dès leur entrée dans cette ville. Les petits oiseaux allaient probablement prendre leur envol pour délivrer des messages par-ci par-là dans les rues de la cité. Elle était même prête à parier que quelques gardes de la famille du Cygne Noir viendraient à sa rencontre d'ici la fin de cette journée pour l'inviter à ce rendre devant ses maîtres. Chose qu'elle ne manquerait pas de faire et qu'elle se plairait à remplir, tant elle désirait prêter allégeance devant le grand Alessander. Mais avant cela, la jeune Harlton voulait s'assurer de la bonne entente en ce qui concernait le commerce de grains et autres vivres pour sa maison, ainsi que la bonne installation de ses sujets. C'est ainsi qu'une fois sur la grand-place, la jeune fille mit pied à terre et fit un premier tour de ses sujets afin de connaître leur point de vue sur les situation.  « Milady, je ne pense pas que cela soit nécessaire. » Le chevalier qui n'avait jamais arrêté de la suivre, regardait déjà de part et d'autre de leur séant afin de s'assurer du calme environnant.  « Roanney, vous savez que cela soit nécessaire ou non, je ferai à ma guise quoi qu'il advienne. » Le chevalier s'inclina prestement et rétorqua sur un ton désolé.  « Il est vrai Milady, veuillez pardonner mon impertinence, je voulais seulement m'assurer de votre sécurité. » La jeune fille détourna son regard pour ainsi faire face à son protecteur.  « Laissons cela Chevalier. Je n'ai jamais douté de votre loyauté et ne souhaiterai vous inquiéter davantage de ma sécurité. Nous sommes dans une maison amie, aussi notre sécurité est assurée par nos maîtres. » Elle lui adressa un sourire des plus radieux avant de déporter son regard vers quelques marchands éloignés.  « Allons, accompagnez moi jusque vers ce marchand. Peut être pourriez-vous trouver un présent que vous offrirez à votre fille dès notre retour ? » D'un regard extérieur, l'on pouvait croire que Marianne était innocente et fragile avec le monde. On pouvait y voir là une naïveté tellement palpable qu'une personne mal avisée aurait très bien pu tenter de lui porter atteinte de la plus mauvaise des façons. Mais à y regarder de plus près, il persistait par delà cette bienveillance et cette gentillesse une petite lueur sombre dans le fond de son regard. Cette même lueur qui l'habitait dès lors qu'elle pensait au massacre de pauvres gens et qu'elle se plaisait à conserver dans l'intime fantasme de pouvoir s'en servir le moment venu. Leurs pas s'en allèrent ainsi vers le marchand qu'elle s'était plu à lui montrer. Leurs regards se portaient sur diverses choses, certaines plus jolies que d'autres. Leur curiosité était attisée, si bien que la jeune fille se plaisait à sourire des moindres découvertes qu'elle pouvait faire. Certains marchands ne manquaient pas de l'appeler, lui proposant des tissus qui iraient à ravir avec son teint, ou même des effets à la mode. Jusqu'à ce que son attention soit attiré par une masse difforme un peu plus loin. Jonchée sur le sol, elle paraissait inerte dans un premier temps. La jeune fille plissa des yeux, afin d'essayer de prêter plus ample attention à cette chose, jusqu'à ce que son caractère curieux ne prenne le dessus et l'incite à s'avancer plus en avant. Cette masse difforme devint de plus en plus claire, si bien qu'elle reconnut là la carrure avachie d'une veille dame. Roanney savait très bien ce que Marianne allait faire, voilà pourquoi il se contentait de la suivre sans dire mot, alors qu'elle commençait à se baisser afin de relever le regard de cette pauvre dame.  « Reçois ici mon hospitalité et mon respect. » De sa main libre, la jeune fille chercha à tirer quelques pièces de sa bourse et en tendit quelques unes vers cette ancienne.  « Pour le pain. » Déjà la vieille dame lui souriait, hochant maintes fois de la tête pour remercier la jeune fille, qui répondait à son sourire par le même geste. Mais alors qu'elle allait demander à son protecteur d'aider cette femme à se relever, une agitation sembla se rapprocher assez brutalement.  « Qu'est ce que tu fais là toi ! On t'a déjà dis de déguerpir de cet endroit, tu fais fuir les honnêtes gens ! » Marianne eut à peine le temps de relever le regard qu'un garde repoussait la malheureuse en arrière.  « Qu'êtes-vous en train de faire ? » S'interposa t-elle d'une façon colérique alors que son corps de mouvait de manière à recouvrir celui de la vieille femme pour ne pas qu'il lui fasse de mal. Roanney ne se fit pas prier et dégaina son épée à l'adresse de ce garde.  « Sache que ta tête finira sur une pique si tu oses toucher ma dame. » La jeune fille se releva furibond, d'une prestance seigneuriale, alors que ses poings joints trahissaient la colère qu'elle tentait de dissimuler. Le garde en question commença alors à changer de mine et à s'en trouver désorienté alors que la jeune fille ne dissimulait aucunement sa fierté.  « Ser Roanney, il n'est nullement nécessaire d'ensanglanter ce lieu. Ce garde va derechef présenter ses excuses à cette pauvre malheureuse qu'il vient d'offenser et par là même lui offrir son hospitalité à elle et à sa famille. » Le regard de la jeune fille paraissait fermé, dépourvu de toute once de bonté comme elle avait très bien pu le dévoiler il y avait de cela que quelques secondes à peine. Seule la justice comptait à présent, sa justice, celle qui lui paraissait équitable et qui se devait d'être défendue. Courbant l'échine, le garde n'osa soutenir son regard, très certainement par crainte de sa propre vie. Et c'est tel un petit agneau honteux de son geste mais d'autant plus faux dans sa démarche, qu'il s'inclina un peu plus.  « Je ne savais pas … Milles pardons madame... Si j'avais su... Si j'avais su... » Balbutiait t-il de plus belle, alors que Marianne ne désirait plus poser ses pupilles sur cet homme. Son regard s'était reporté sur son chevalier à qui elle adressa un simple signe de tête avant que ce dernier n'empoigne l'impudent et le jette plus loin.  « Allez, retourne à tes occupations et laisse nous. » L'homme s'exécuta, disparaissant dans la foule en quête d'une survie pour son rang.  « Je veillerai à ce que personne ne te fasse du mal. » Sa main allait un peu en avant vers la vielle dame, dans l'espoir qu'elle saisisse cette dernière et qu'elle lui accorde ainsi sa protection. Chose qu'elle fit bien volontiers, avant que cette même main ne soit transmise à Roanney afin qu'il accompagne la malheureuse dans un endroit plus calme. Seule, la jeune fille les regarda partir en direction d'un point de restauration le plus proche, certaine que maintenant qu'elle avait fait parler d'elle de cette façon, les gardes des Desdaings ne viennent la chercher plus tôt pour la présenter devant leurs maîtres.

   
crackle bones