Un nobliau nordien demanda à voir le roi. Sa majesté était assez sollicitée en cette période de trouble qui avait suivi le siège sanglant de Port-Réal. Les audiences où il présidait dans le Trône de Fer étaient interminables et n’en finissaient plus. Il arrivait à Rhaegar de somnoler. Aussi il n’hésitait pas à recevoir les doléances, les invités et les visiteurs dans toutes les occasions de la journée. Ça tomba mal pour Harrion Karstark, il fut reçu par le souverain Targaryen alors qu’il s’apprêtait à manger. On introduisit le nordien dans une salle d’apparat assez modeste, comparé à celles qu’on pouvait trouver ailleurs dans le Donjon Rouge. Un crétin en toge qui jouait l’échanson fit entrer Karstark. La suite comportait des colonnes impressionnantes. On avait dressé un buffet. Le crétin fit assoir Harrion à une table laquée. Deux bannières des Targaryen flanquaient la pièce. Rhaegar entra. Il portait une tunique en ratine de soie. Il se disait que le noble Kartsark allait se lever aussitôt comme les autres pour faire des courbettes et autres. Mais le roi qui commençait à en avoir marre du cérémonial pointa un doigt inquisiteur sur le nordien et lui fit :
« Ne bougez pas ! »
Le roi s’affala sur sa chaise qui avait tout du trône. Le crétin remplit 2 assiettes et disparut. Le roi commença à manger et avant même que Karstark n’ouvre la bouche pour prononcer des paroles, le roi lança :
« Ne faîtes pas comme si je ne vous connaissais pas encore, on va gagner du temps. Vous êtes le nouveau maître de Karhold, vous en savez plus long sur ces maudits nordiens que moi. Je ne connais pas votre histoire, mais on m’a dit que c’est une sacrée histoire comparée à celles des autres sous-doués que j’ai entendues ces derniers temps. »
Le roi bailla et s’étira. Rien à faire du protocole. Le roi mâcha la bouche ouverte.
« Vous êtes venus chercher des faveurs n’est-ce pas ? Vous n’êtes pas venu pour que je vous donne une tape amicale dans le dos et que je vous remercie en vous promettant de visiter Karhold ? »
Le roi but une gorgée de vin et reposa bruyamment sa chope. Le roi éperonna un anchois, sa fourchette glissa, un jet d’huile d’olive atterrit sur la tunique d’Harrion.
« Allez avouez… Je suis sûr que vous n’avez pas traversé tout le Nord et tout le Conflans pour venir à Port-Réal juste pour me présenter vos hommages. »
Le roi se cura les ongles avec son couteau. Le roi fit un clin d’œil à Harrion style : mets-moi-dans-la-confidence. Effet manqué.
« D’ailleurs si vous êtes venus pour demander la main de ma fille, c’est trop tard, je lui ai déjà trouvé un gentil petit époux bien docile que j’aurais à ma botte : le commandant du guet de Port-Réal. Et de toute façon, à part lui je doute que quelqu’un d’autre aurait voulut l’épouser. Elle aime combattre à la lance et sait se défendre contre les assauts des hommes. Oui on l’entraine depuis qu’elle est jeune. Une idée de sa défunte mère pour que ma fille arrive vierge jusqu’au mariage. Je me demande si c’est réussit d’ailleurs. »
Le roi s’esclaffa et frappa la table du plat de la main. Son verre de vin se renversa. Des morceaux de poivrons s’envolèrent, de l’huile gicla sur la tunique d’Harrion. Le crétin en toge entra. Il apportait une éponge et il nettoya les dégâts fissa. Le roi fit claquer ses doigts. Le crétin en toge disparut.
« Bien, assez mangé, marchons un peu. »
Le roi leva un doigt en l’air pour faire signe à Harrion de se lever. Il marcha à travers la pièce pour la quitter, en gardant croisé ses mains derrière son dos. Le crétin n’arrêtait pas de suivre Harrion au trot avec son éponge pour essayer de nettoyer les dégâts sur sa tunique.
« Et sinon dans le Nord ? Il fait toujours aussi froid ? »