Once upon.... the Riverlands ! [Patrek Mallister]

Ce n'était pas parfait, mais sa vie ressemblait peu à peu à ce qu'il avait escompté.

Possédant le seul port valide du Conflans, il avait pu renflouer les caisses de Salvemer depuis la précédente guerre. Il ne pourrait pas remplacer les vies perdues ni espérer avoir tout autant de bateaux qu'avant mais tout était en reconstruction, beaucoup de choses étaient refaites et son peuple commençait enfin à oublier ce qu'il s'était passé il y presque une année. La neige s'installait et la pêche devenait compliquée mais les marins ne voulaient pas baisser les bras maintenant. La baie pourrait être glacée qu'ils essaieraient d'aller plus loin encore dans l'espoir d'amener au peuple de quoi se nourrir. Ils étaient costauds, les marins vivant à Salvemer. Ils avaient ça dans le sang et rien ne leur enlèveraient, pas même l'hiver le plus rugueux.

Le Mallister enchaînait, entre être chez lui, être au Val d'Arryn pour remplir son rôle, mais n'étant pas en temps de guerre et de conflit, on n'avait pas besoin de ses services en ce moment. Grâce à son suzerain Tytos Nerbosc, le Mallister était Maître des Navires et il prenait très à coeur cette tâche. Vraiment très à coeur, c'était plus que ce qu'il avait espéré un jour. Il y a deux années encore il parcourait Westeros, il errait sans but, sinon celui de s'éloigner de ses responsabilités, comme un gamin immature. Et maintenant, il était seigneur, conseiller, maître des navires. Les dieux avaient été clément avec lui, mais ils lui avaient montrés avec la perte de son combat aux Îles de Fer et la perte de son épouse qu'il ne fallait pas être trop gourmand et qu'ils pouvaient aussi lui reprendre ce qu'ils lui avaient donnés, il ne fallait pas se croire intouchable ou plus chanceux qu'un autre. Ce que les dieux donnaient, ils pouvaient le reprendre. Il fallait rester humble.

D'ailleurs, son suzerain l'avait aujourd'hui fait appeler, Patrek devait se rendre à Cornellia pour affaire. Lorsqu'il n'était pas à Salvemer, c'était son oncle Edric qui gérait les lieux, c'était aussi Lysandra qui gardait l'oeil sur Edric, parfois même Arthur Rivers, son bâtard. Ce dernier pouvait être un bon espion, il était si niais et semblait si naïf qu'on avait envie de tout lui raconter. C'est avec ses hommes de main, ce jour-ci, qu'il se rendait à Cornellia. Ils étaient cinq, ses hommes de main. Ils n'avaient pas forcément de noms, ils étaient juste des hommes de confiance qui voyageaient avec Patrek, il avait beau être bon combattant, il n'était pas complètement stupide au point d'aller dans le Conflans seul.

Arrivé devant Cornellia, on les faisait vite entrer, l'emblème de l'aigle sur fond indigo trônait fièrement sur les plastrons et ils étaient attendus, il fût tout de même satisfait de ne pas avoir à attendre. Arrivé à l'intérieur, les palefreniers s'occupaient déjà de prendre leur montures.

" Vous pouvez disposer. "

Ils savaient tous quoi faire de toutes manières et pendant ce temps, Patrek Mallister irait rejoindre son suzerain. On l'y conduisait, les formes le voulaient, mais il connaissait parfaitement le chemin, tandis qu'il ôtait ses gants fourrés ; c'est qu'il faisait froid désormais. On le conduisait jusqu'à l'endroit où il était attendu, l'on sentait déjà le feu de bois en avançant, les lieux étaient déjà plus chaleureux de l'intérieur.

¤  ¤  ¤  Tytos se tenait debout face à la grande cheminée. L'une de ses mains était posée sur le dossier du fauteuil le plus proche de lui, l'autre tenait le vin. Son regard se perdait dans la profondeur des flammes qui crépitaient joyeusement, réchauffant petit à petit la pièce. L'hiver était arrivé, comme pour confirmer la devise des Stark du Nord. Et avec lui, les vents froids s'étaient levés. Il fallait prendre garde en sortant dehors, car une mauvaise bourrasque emportait tout ou presque. Tytos tenait dans ses mains une lettre arrivée il y a quelques jours. C'était une des raisons pour lesquelles il avait demandé au Mallister de venir auprès de lui. Depuis qu'il était devenu son ami et conseiller, Patrek ne l'avait déçu qu'à une seule reprise. Et si Tytos était trop intransigeant pour accepter de l'oublier, il préférait ne pas en parler. Cela faisait désormais partit du passé. Et il savait que le Mallister faisait tout ce qu'il pouvait pour se racheter, ce que le Nerbosc appréciait grandement.

    Il entendit des bruits de pas, de l'autre côté de la double porte, avant qu'elle ne s'ouvre. Il resta cependant immobile, attendant que l'un des gardes prenne la parole :
 
- Messire Patrek Mallister de Salvemer, Monseigneur.

    Le Lord du Conflans fit alors volte face et regarda l'un de ses plus fidèles vassaux avancer vers lui. Une fois qu'ils furent face à face, le Nerbosc donna une accolade à l'autre en gage d'amitié. Il indiqua ensuite à un page de remplir du vin pour le Mallister, qui reçu rapidement une coupe.

- Patrek ! C'est toujours un plaisir et un honneur pour moi de vous recevoir ici, à Corneilla. Je vous remercie d'avoir répondu promptement à mon appel. En cela, comme en toute chose, je puis compter sur vous. Voudriez-vous manger quelque chose ? Installons-nous.

    Tytos s'installa au bout de la table et invita d'un signe poli de la main, son invité à prendre place à sa droite. Lui-même n'avait pas faim, pas lorsque d'importants sujets devaient être débattus. Mais après tout, certaines personnes réfléchissaient mieux le ventre plein. Et il aurait été inconvenant de faire venir un vassal en son château sans lui proposer de quoi se restaurer. Tytos attendit quelques instants avant de reprendre :

- J'espère que les bonnes routes du Conflans furent sans surprise pour vous, Patrek. Vous n'avez pas fait route seul au moins ? Lorsque vient l'hiver, certains se retrouvent à rapiner car ils n'ont pas engrangé pendant l'été. C'est triste d'en arriver à voler pour survivre... Mais enfin, vous n'êtes pas ici pour m'entendre geindre sur les hommes du Conflans. Je tiens d'abord à vous expliquer pourquoi nous sommes seuls. Habituellement, mon premier né Brynden, en tant qu'héritier de mon titre de Lord du Conflans assiste aux conseils que j'organise avec plus ou moins de conseillers. Mais en ce jour, il me fallait obtenir votre avis avant d'ébruiter mon plan.

    Tytos tourna la tête vers le page qui se tenait encore non loin et qui semblait ne pas entendre. Mais il semblait seulement, car il s'empressa de partir lorsqu'il vit que le Lord du Conflans le fixait avec insistance. Il tourna à nouveau son regard vers le Mallister et reprit d'une voix moins forte :

- Je ne vous ferais pas l'insulte de vous narrer l'histoire du Conflans en évoquant le conflit qui oppose les Nerbosc aux Bracken. Vous savez comme tout le monde que cela à commencé par leur faute. J'ai longuement réfléchis et j'ai finalement décidé d'y mettre un terme. Au conflit j'entend. Ne croyez pas que je souhaite profiter de ma position de Lord du Conflans pour cela. C'est simplement que j'ai trouvé un moyen rapide et efficace d'y parvenir.

   La vérité, c'est que Tytos avait passé presque toute sa vie à essayer de mettre un terme à ce conflit. Comme tout bon Nerbosc, il avait été élevé dans la haine des Bracken. Certains avaient essayé la manière douce pour les réconcilier par le passé, mais cela ne fonctionnait pas sur le long terme. A la moindre incartade, le conflit reprenait de plus belle. Aujourd'hui encore, lorsque Tytos se rendait auprès du barral de Corneilla pour prier, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un pincement au coeur en voyant l'arbre blanc et son état. Les Bracken l'avaient empoissonné des siècles auparavant. L'arbre ne s'en était jamais remis, mais il n'avait jamais pourri non plus. Car les Anciens Dieux veillaient sur Corneilla.
    Maintenant qu'il était devenu le Lord du Conflans, Tytos Nerbosc avait les moyens d'empêcher les Bracken de nuire encore. Et il espérait que Patrek Mallister approuverait son idée. Il se lança finalement :

- Pendant des générations, les Tully parvenaient à empêcher le conflit des Nerbosc et des Bracken de prendre trop d'ampleur. Mais les Tully ne sont plus. Je pense donc qu'il me faut intervenir. Je vais mettre au pas Jonos Bracken et prendre au moins une de ses filles en otage ici à Corneilla. Ma Bethany aurait bien besoin d'une ou plusieurs dames à son service.
Que pensez-vous de mon idée, Patrek ?