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[FB] Wear your heart on your skin in this life | ft. Daemon

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Wear your heart on your skin in this life × Loras & Daemon

An 294.

Les yeux fermés, les mains appuyées sur le bord du banc, Loras inspirait tout doucement, laissant l’odeur des fruits et des fleurs chatouiller son nez. Le vent léger apportant avec lui de nouvelles effluves, il s’amusait à poser un nom sur chacune d’entre elles. Il n’était peut-être pas aussi malin que Willos, mais il savait coller un nom sur chacune des fleurs qu’il voyait dans les jardins. Depuis quelques temps, il semblait avoir une fascination pour la rose églantine. Pourtant, il ne s'agissait pas d'une fleur majestueuse et tape à l'œil comme on pouvait le considérer lui, malgré son si jeune âge. Non, l'églantine était discrète, légèrement rose mais pas trop, se noyant dans une mer de feuilles vertes. La rose églantine était différente des autres roses. Parfois, il lui arrivait de vouloir être comme elle. Certes, il adorait l'attention qu'on lui offrait et tout l'amour qu'il recevait, mais il souhaitait si souvent passer ne serait-ce qu'un peu inaperçu comme les enfants du petit peuple qu'il voyait parfois jouer ( pourtant, dès ses sept ans, Loras Tyrell s'irritait facilement lorsqu'on l'appelait « enfant » ). Être si talentueux à un si jeune âge n'offrait pas que des bonnes choses. Loras n'avait plus de temps pour toutes les futilités auxquelles se consacraient les adolescents de son âge. Dès qu'il avait manifesté son intérêt pour la chevalerie, son père l'avait expédié chez son oncle Paxter Redwyne comme une vulgaire marchandise. Depuis l'âge de six ans il occupait ce stupide poste de page, puis d'écuyer – il souhaitait être chevalier, combattant, pas servant avec un nom moins dégradant ! Depuis près de six ans maintenant, il était forcé de vivre à La Treille avec pour seule compagnie les deux débiles qui lui servaient de cousins et la charmante Desmera Redwyne. Il passait ses journées en bateau ou sur terre, apprenant à se battre ainsi que toutes autres choses tirées du même registre. Ses entraînements étaient extrêmement fatigants et exigeants, mais ce n'était pas ce qui l'embêtait. Ce qui l'irritait, c'était de revenir à Hautjardin occasionnellement comme si ce n'était pas sa maison, le château qui l'avait vu grandir jusqu'à la première moitié de sa jeune vie. Heureusement, son oncle avait affirmé que si tout se passait comme il le fallait, Loras serait fait chevalier lors de sa treizième année – qui, d'ailleurs, ne tardait pas à arriver. Le jeune Tyrell faisait partie de ces garçons prodiges et minoritaires qui obtenaient le titre avant leurs quinze ans et qui brillaient déjà lors des tournois ; simplement y penser le fit sourire, la joie au ventre ; toutes ces années d'efforts n'auraient pas servies à rien. D'ici un peu moins d'une année, il pourrait revenir à Hautjardin pour « toujours ».

L'odeur d'Hautjardin tendait à lui rappeler sa mère et Margaery, les deux femmes les plus importantes de sa vie et les deux personnes qui lui manquaient le plus, lorsqu'il était à La Treille. Revenu ici, il s'était empressé d'aller voir sa sœur, de la serrer contre lui sans vouloir la lâcher. Certes, il lui écrivait des lettres, mais ce n'était pas suffisant. Margaery était son tout, un peu comme une jumelle qui était arrivée en retard à la maison. Du haut de leur onze et douze ans respectifs, les gens les confondaient encore un peu. Hormis les habits masculins de Loras et le corps de Margaery qui devenait de plus en plus féminin, les deux se ressemblaient beaucoup. Les mêmes traits fins et angéliques, les mêmes yeux vifs et le même regard moqueur. Évidemment, ils s'en amusaient plus qu'autre chose. Loras appréciait ça, il adorait tous les compliments qu'il recevait. Il était jeune, mais il savait qu'on commençait déjà à parler de lui à travers Westeros, qu'on lui attribuait un certain potentiel. D'autres s'en moquaient ouvertement et, il fallait l'admettre, ça le blessait un peu. Il était fier et arrogant, mais il était surtout encore jeune, encore un peu perdu.

Le garçon ouvrit les yeux, le soleil n'attendant pas pour agresser ses prunelles heureuses. Comme l'obscurité temporaire semblait avoir donné un aspect un peu étrange, verdâtre, aux éléments clairs qui envahissaient maintenant son regard, il se frotta doucement les yeux à l'aide de ses deux mains pour récupérer une vision normale. Le Tyrell n'avait pas l'habitude de s'isoler durant ces événements. Il aimait faire le beau devant les lords et les ladies, accepter sans retenue les compliments qu'on lui faisait, piquer aux tables de buffet. Si habituellement il collait aux fesses de Garlan comme un chiot derrière un troupeau de moutons, il avait jugé cette opération particulièrement risquée, aujourd'hui. Depuis le début des festivités qui avaient suivies le tournoi, il y avait cette fille qui n'arrêtait pas d'envahir sa bulle, de vouloir lui parler. Elle avait à peu près son âge, peut-être plus vieille d'une année ou deux. Il ne savait pas de quelle maison elle venait, mais comme il l'avait déjà croisée lors de festivités exclusives au Bief, il savait qu'elle venait d'une famille de la région. Enfin, elle n'était ni très jolie, ni très brillante. Elle ne lui donnait pas spécialement l'envie d'essayer d'être son ami. Il avait préféré s'isoler ici, le temps qu'elle s'embête à le chercher et qu'elle trouve un groupe de jeunes filles avec qui discuter. Dans tous les cas, il s'avait qu'un moment ou l'autre, Margaery viendrait le retrouver. Si ce n'était pas elle, ce serait une de ses cousines. Peut-être qu'il pourrait essayer de chercher Ellyn, tout à l'heure ? Il ne savait pas si elle était présente, mais ça ne lui coûtait rien d'essayer.

De ses doigts fins, la Rose Dorée prit doucement la petite fleur rouge qui reposait sur ses genoux. Lorsqu'il était venu s'installer sur le banc de pierres, elle était déjà là. Tombée de l'arbuste derrière le banc , elle l'attendait sagement. Délicatement, le garçon commença à en défaire les pétales. Non, il ne s'adonnait pas à cette activité que faisaient les jeunes filles émues pour prédire de quelconques états émotionnels. Au contraire, il appréciait débarrasser les fleurs de leurs pétales, les laissant tomber au sol autour de lui, car il trouvait que faire ainsi permettait à la beauté des fleurs de se répandre et non pas de rester fixée à un seul et unique endroit. D'autant plus que cette activité le calmait, l'apésait. S'il se sentait souvent plein d'une colère qu'il n'arrivait pas à expliquer, toutes ces sensations désagréables s'évaporaient lorsqu'il tenait une fleur en main, jetant des morceaux de cette dernière dans l'air doux d'Hautjardin. Ses yeux se levèrent un instant, le regard balayant la foule. Soudainement, son coeur manqua un battement lorsqu'il remarqua plus loin une silhouette qu'il observait discrètement depuis le début. Les joues légèrement roses, l'adolescent retourna son attention à ce qu'il restait de la petite fleur rouge.
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An 294.



Loras&Daemon

J'ai gagné, se répétait-il inlassablement. Un sourire fin étirait ses lèvres. Il pouvait sentir son coeur déborder d'orgueil. De tous les hasards qui auraient pu éclore lors de ce tournoi, les dieux l'avaient favorisé au delà de ses espérances en le mesurant au seul adversaire qu'il espérait combattre ce jour. Le tirage au sort  lui avait jeté en pâture  Garlan Tyrell; redoutable cadet de la maison à la rose à la réputation déjà faite, tout comme la sienne, et dont la technique parfaite s'était mesurée au style flamboyant du Sand. Et c'était le second qui l'avait emporté. Le combat avait été beau, et d'une grande justesse d'exécution, mais la férocité ainsi que certaines passes d'arme sournoises du bâtard semblaient, au delà de sa victoire pourtant méritée, avoir marqué les spectateurs Bieffois. Le contraire l'eut étonné. Bien que plusieurs années se soient écoulées depuis, personne n'avait oublié comment la jambe de l'héritier s'était mise à boiter. Lorsqu'on l'avait annoncé sur la lice comme opposant du frère de ce dernier, Daemon avait entendu les tribunes retenir leur souffle. Il avait entendu les soupirs inquiets chuchoter qu'il s'agissait de l'ancien écuyer d'Oberyn Martell, comme certains soupçonnaient déjà que sa lame fut enduite de poison et qu'il ne fut lui-même un peu trop digne de la réputation de son professeur.

La victoire s'inscrivait jusque dans son attitude déjà fière d'ordinaire, mais dont le succès encore frais renforçait de plus belle la ligne arrogante de sa silhouette. Sa nonchalance naturelle, quant à elle, ne manquait pas de provoquer, et seul son port altier répondait  aux regards biaiseux qui croisaient régulièrement le sien. Il avait gagné, lui, le bâtard de la Grâcedieu. Ces chevaliers proprets feraient mieux de se faire à l'idée. Malgré sa vanité, un gout amer demeurait lové dans sa bouche, et il n'arrivait que trop bien à en retracer l'origine.
Passant un regard vaguement intéressé sur les jardins, il ne cherchait ni un buffet ni un visage connu en particulier et s'avançait d'un pas félin et détaché dans la foule. Il ne marchait pas seul. Autour de lui gravitaient quelques jeunes dorniens, certains chevaliers comme lui désormais, d'autres qui étaient les écuyers de ces derniers n'étaient encore que de jeunes garçons aux yeux noirs et à la peau de cuivre. Tous  l'enrobaient d'un bourdonnement joyeux, semblables à des abeilles. Leurs regards fiévreux et leurs mines réjouies étaient autant dues à la victoire de leur compagnon qu'à la hâte de voir le soir venir. A la nuit tombée, les dorniens fêteraient cette victoire ainsi qu'ils la ressentaient: avec passion et fierté. Les réjouissances seraient néanmoins restreintes aux quartiers du Prince, et aux tentes dorniennes. Trop de sang avait coulé entre les deux pays, des enfants du désert un peu trop imbibés ne devaient en aucun cas troubler la maigre paix que maintenait l'amitié entre la Vipère Rouge et Willos.
Bien loin des quelques recommandations qui leur avaient été suggérées plus qu'ordonnées à cet effet, ses camarades chahutaient autour de lui qui avançait droit. Tous avaient revêtu le safran des Martell tandis que le Sand, qui n'était plus sous la coupe de l'enseignement d'Oberyn, se démarquait par une longue veste au rouge profond qui faisait paraître ses yeux bleus plus pâles et plus mauves qu'ils ne l'étaient. Certains de ses amis jetaient des regards envieux à la chemise d'or pâle qu'il arborait en dessous et dont ils connaissaient tous le véritable propriétaire pour lui avoir vue de nombreuses fois. C'était une étoffe digne d'un Prince. Leur silence poli, presque respectueux, lorsqu'ils l'avaient remarqué avait fait luire les yeux du bâtard.

La gorge débordante de rires, le groupe de dorniens papillonnait librement parmi les convives. Leur amusement était au détriment de cette cours bien trop convenable à leur goût et non aux jongleurs et autres fioritures qui avaient été déployées pour l'occasion. La vérité était qu'ils s'ennuyaient et que tous n'avaient qu'un seul désir: celui de sortir de l'enceinte du château et d'aller à l'aventure, dans les champs et les villages alentours, aussi. Leur promenade forcée commençait à les lasser, Daemon le premier. Ainsi entouré de purs représentants de la principauté, le bâtard à la peau pâle aurait vite eut fait de paraître étranger et seuls ses cheveux sombres rappelaient les crinières noires qu'arboraient ses amis. Soudain, il sentit une main chaude tenter de saisir la sienne. Il se dégagea et un sourire mutin vint craqueler l'expression solennelle de son visage. Son regard croisa les iris de nuit de l'écuyer qui partit d'un éclat de rire avec un autre jeune garçon qui marchait près de lui. C'était un jeu pour eux, de titiller ainsi le Sand, de le pousser dans les retranchements de ses manières austères qu'il avait hérité de son père et -peut-être- aussi espérer que ces jeux iraient un jour un peu plus loin.
Daemon avait depuis longtemps maitrisé l'art de se dérober à ses prétendants presque malgré lui. Il n'aimait guère qu'on le courtise, d'ailleurs. Etre la proie, il détestait cela plus que tout au monde. Seulement sa réputation était trop brillante, et sa parole trop rare et venimeuse pour qu'il n'attisa pas la curiosité puis l’intérêt de certains hommes en dépit de son désir de les fuir qui, lui, était sincère. Il se rêvait insaisissable, comme ce Prince après lequel il avait tant couru. Mais il ne pouvait échapper au piège de son propre orgueil, et chaque filet de sensualité qu'il percevait à son égard flattait sa vanité. La flamme brillante qui illuminait son regard trahissait trop son plaisir pour débouter ceux qui le désiraient.

"Ils s'amusent pas autant qu'ici, hein, à Lancehélion?" Lança soudain un chevalier affilié aux Noirmont. Sa pique narquoise eut pour écho quelques rires plus ou moins étouffés par la connivence d'un avis partagé. Les festivités étaient bien trop guindées à leur goût et deux heures de cet enfer c'était bien suffisant pour contenter le Prince qui les avait prier d'y apparaître pour honorer leurs hôtes. "Bordel, qu'est-ce qu'on s'ennuie!" S'exclama un écuyer à la carrure impressionnante pour son jeune âge en croisant ses mains derrière sa tête, s'arrogeant une bonne poignée de regards noirs. Sa remarque avait arraché un sourire de loup au bâtard qui se retourna pour échanger un regard complice.

Ce fut alors qu'il le vit. Seul. Assis sur un banc, isolé des invités dont il semblait se cacher, le jeune frère de Garlan était là. Et il le regardait. Leurs regards ne s'étaient pas croisés mais il avait baissé ses yeux un instant trop tard pour que le bâtard ne comprit pas instinctivement que c'était lui qu'il regardait. Le rictus du Sand se figea et il ralentit sa marche jusqu'à s'arrêter tandis que dans son esprit se dessiner déjà l'esquisse d'un jeu nouveau qui pourrait occuper ce trop long après-midi. Sans répondre aux questions des dorniens qui lui demandaient pourquoi il ne continuait pas à marcher avec eux, il changea de cap pour se diriger droit sur le banc. Alors qu'il s'avançait sans une once de timidité, ignorant les râles irrités et les rappels des hommes de la Principauté, il entendit néanmoins des pas derrière lui, lui indiquant ainsi que certains l'avaient tout de même suivi -quoique, d'assez mauvaise grâce s'il en jugeait par leur pas qui trainait dans l'herbe fraiche et humide.
Il ressemblait à s'y méprendre à une fille. A mesure qu'il s'approchait du Tyrell, cela lui apparaissait clairement. D'aussi loin qu'il put s'en souvenir, son propre minois n'avait jamais semblé si féminin. Ceci dit, cela ne l'avait pas empêché vers l'âge de ses onze ans de hurler à un marchand d'Essos un peu trop tactile  un vibrant " Je ne suis pas une fille!", juste avant de le forcer à sortir de la taverne avec force moqueries et à coups de sabre. Il s'en souvenait maintenant, et cela le fit sourire. Beau comme une fille, mieux qu'une fille, même. Comment un être aussi repoussant que Mace Tyrell avait pu engendrer un fils tel que lui?
Le Sand ne s'arrêta que lorsqu'il se trouva juste devant le jeune garçon. Il crut un instant que ce dernier fixait le bout de ses bottes lorsqu'il remarqua l'espèce d'herbe morte qu'il tenait entre ses doigts.
"Tu es là, toi."Déclara-t-il simplement, avec un naturel froid. Se penchant légèrement en avant et avançant son bras, il se saisit  de ce qui semblait avoir tant absorbé l'attention du Bieffois. Un rayon de soleil fit luire les manchettes d'argent sombre qui brillait à ses avant-bras. le brun examina la saleté un quart de seconde avant de la juger sans intérêt et de la jeter quelque part sur le sol à ses pieds puis de reporter son attention sur les boucles d'ambre fondu. A nouveau, il lui adressa un sourire fin. Sous son calme et son assurance se cachait une autre personnalité, pleine d’espièglerie et il n'y avait rien qu'il n'aimait plus que de se lancer défis.  Cela et , il devait bien se l'avouer, un désir puérile de choquer.
"Loras." Le Sand avait prononcé le nom avec une suavité insolente mais, aussi, une pointe de défiance alors qu'il observait de pied en cap celui qu'il semblait jauger comme on jauge un futur adversaire malgré l'étrange lueur qui se lovait dans son regard bleu. Il laissa couler un instant de silence, humant le parfum du buisson qui trônait dans le dos du garçon, prenant son temps pour observer celui qu'on lui avait dépeint comme une étoile montante.
"Ils disent que tu es aussi bon que ton frère, meilleur que ton frère. Est-ce vrai?" Demanda sa voix, à la fois douce et abrupte.
Du talent qu'on lui prêtait volontiers, il ne comprenait guère que le sens glorifiant du terme, rejetant silencieusement le don qu'on lui attribuait, à lui qui savait toutes les heures qu'il lui avait fallu pour parvenir à maitriser les techniques de son maître. Il n'y avait pas de grâce divine, ou d'habileté surnaturelle. Seulement un corps bien bâti, mais, surtout, un acharnement titanesque. Evidemment il ne s'en plaignait pas. Il était tellement plus beau de croire que c'était facile, limpide pour lui d'accomplir des prouesses qui n'étaient devenues naturelles qu'à force de ténacité. Cependant, il s'était réjoui plus d'une fois en constatant que s'il s’entraînait de semblable manière aux autres écuyers, il parvenait toujours à l'excellence et ce, bien mieux que tous les autres. Et ce garçon, était-il vraiment un prodige?




© DRACARYS
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An 294.

Autour de lui, le soleil tombait comme un petit champ d'or, réchauffant doucement sa peau pâle. Tendrement, les rayons berçaient chacune des pétales de la petite fleur rouge, accompagnant fidèlement leur valse jusqu'à ses pieds qu'il fixait toujours ; un sourire qui portait en lui quelque chose de timide ornait son visage. Il sentait toujours son petit cœur battre violement contre son torse, si bien qu'il cru faire un malaise. Dans tous les cas, son sourire manqua parfois, durant quelques secondes, se transformer en un petit rire mal à l'aise. Il se sentait rarement ainsi et lorsque ça lui arrivait, il choisissait souvent d'ignorer ces émotions, les jugeant bien trop peu appropriées au chevalier en devenir qu'il était. Or, son esprit n'était pas bien tranquille, présentement. Sa tête éprise de pensées envahissantes, il ne savait plus trop où mettre sa tête, au point où lorsqu'il entendu des pas se rapprocher de lui, tout son petit corps se crispa, croyant au retour de la jeune femme embêtante qu'il tentait désespérément de fuir. Or, les pas étaient bien trop peu féminins – le bruit des bottes claquant au sol – pour laisser présager une venue féminine. Lorsque les pieds s'arrêtèrent face à lui et qu'il constata qu'il ne s'agissait pas vraiment d'une jeune femme, il se calma. Son sourire revint s'installer sur son visage, il pensa voir son frère Garlan lorsqu'il lèverait les yeux. Ça tombait bien, peut-être qu'il pourrait lui parler de son ennui ; Garlan, malgré sa popularité et sa force, était un garçon doux et attentif, l'image du grand-frère parfait que tout le monde souhaitait avoir.  

Pourtant, l'attitude de la personne devant lui n'avait rien de celle de Garlan. Son frère se serait posé à coté de lui, aurait passé son bras autour de ses épaules et lui aurait ébouriffé les cheveux. Ce n'était pas Garlan, alors il commença à se sentir agacé. L'irritation lui montant à la gorge, il serra plus fort son petit poing autour de la tige et fronça les sourcils. Il voulu lever la tête et demander à ce qu'on sorte de sa bulle et qu'on lui permette de profiter du soleil dans lequel il baignait. Or, la main qui s'approcha de la sienne pour s'emparer de sa fleur qui n'était plus, sa douce possession, le brusqua et interrompit son intention. Il leva la main avec la vive intention d'attraper le poignet de l'autre  et récupérer ce qu'on lui avait volé. L'air embêté, il leva finalement la tête avec l'envie de cracher ce qui l'embêtait. Sous l'image que ses yeux attrapèrent, son cœur ne fit qu'un tour et sa bouche resta entrouverte. Pourtant, il n'y avait sur son visage pas l'ombre d'un sourire ; il ne souhaitait pas qu'on puisse voir ses faiblesses si facilement. « Évidemment que je suis ici ; quelle constatation inutile ! » Lança-t-il brusquement, sans se soucier de sa voix tremblante et de la faiblesse de ses mots. Son regard dévia un instant, se posant sur les dorniens qui semblaient avoir discrètement suivi l'autre. Ses sourcils se froncèrent à nouveaux et son air se fit plus grave. Étaient-ils là pour se moquer de lui ?  

Presque immédiatement, ses yeux vifs se retrouvèrent à fixer encore le visage qui se tenait au dessus de lui. Les mains triturant le tissu vert eau de sa tunique, il ne pu s'empêcher de laisser son regard se promener sur le visage du garçon. Il l'avait si longtemps observé de loin, apprécié sa victoire contre son frère,  et il était surpris de pouvoir l'observer de si proche. Il aimait ses traits et ses yeux dans lesquels il posa son regard un bref instant étaient beaux. Un bleu que son petit être idiot qualifierait de similaire à celui du ciel un peu avant la tombée du jour. Il aimât étrangement l'insolence qui accompagnait son nom, mais surtout l'envie de provoquer qui  semblait animer ces syllabes. Dans son regard profond s'illumina une fierté, une volonté de défier le jeune homme. Loras était bien plus jeune que lui, mais il ne comptait pas se laisser marcher sur les pieds.  Il ne brisa pas le silence immédiatement, se laissant regarder ; la fierté lui montant rapidement au cerveau. « Et vous êtes le bâtard de la Grâcedieu, n'est-ce pas  ? Daemon Sand. Mon père parlait de vous tout à l'heure, lors du tournoi. Il suppose que les encouragements de Leonnette Fossovoie ont déconcentré mon frère et que c'est la seule raison pour laquelle vous avez gagné. » Lança-t-il, une arrogance velouté au fond de la voix, comme les petites épines d'une rose naissante. Sur son visage se dressa un sourire en coin. Son père lui avait en effet parlé de ce jeune homme, basant son propos uniquement sur la haine qu'il portait encore à Oberyn Martell. Loras Tyrell savait la tendance qu'avait Mace Tyrell avait à toujours tout exagérer, surtout lorsqu'il avait l'occasion de démoniser un Dornien.  

Ses mains se posèrent sur le banc, ses fins doigts s'agrippant au bord. Le jeune garçon se redressa un peu, s'avançant  sur le bord du banc. Instinctivement, il bomba le torse et un rictus léger s'évada de ses lèvres qui souriaient en coin. L'air trop fier, il leva une main et ramena le côté droit de ses cheveux dorés derrière son oreille. « C'est vrai. Mon frère Garlan a certainement plus d'expérience, mais je me débrouille bien mieux que lui. » Le fond de sa voix respirait l'assurance et la confiance. Déjà si jeune, il recevait tout de même les éloges du peuple. On avait hâte de le voir être fait chevalier, on avait hâte de le voir dans sa belle armure que son père aurait commandée pour l'occasion. On l'avait vu, il y avait une lune ou deux, défiler sur le terrain de joute lors d'une fête locale, sa cape faite de fleurs blanches volant derrière lui ; son cheval fier soulevant le sable sous ses sabots. Alors qu'à douze ans, on le trouvait bien trop frêle pour tenir une lance ou une épée, il déjouait les statistiques et laissait tout le monde bouche-bée. Il n'était pas encore chevalier qu'on le surnommait déjà «Chevalier aux fleurs». Il savait que le jour où il serait nommé chevalier, son père ferait une grande fête à laquelle même Garlan n'avait pas eu le droit et qui serait probablement une des plus festives qu'aura connu Hautjardin, le Bief, depuis un long moment. Mace Tyrelle était comme ça : il se sentait obligé d'étaler sa fierté devant Westeros en entier.  « J'ai participé à mon premier tournoi il n'y a pas si longtemps. Je n'ai pas gagné, mais je me suis rendu à la dernière joute. Je n'ai que douze ans, mais mon oncle affirme que je serai fait chevalier l'année prochaine. » S'il n'avait pas été en joute cette fois-ci, c'était car son père préférait garder la surprise pour le jour où son fils prodige serait chevalier, tout comme il souhaitait le protéger et éviter une autre surprise désagréable comme lors de la première joute de Willos. Un sourire arrogant aux lèvres, la voix de Loras s'éteignit sur un nouveau rire léger et fier. Se mordillant la lèvre inférieure, il jeta un oeil rapide à des jeunes filles qui l'interpelaient avant de les ignorer et de fixer à nouveau, le regard fier, le dornien qui se tenait devant lui.
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An 294.



Loras&Daemon


Loras Tyrell. Daemon ne parvenait pas à se souvenir d'un temps où ce nom lui était  étranger. Il n'était encore qu'un enfant jouant à des jeux puérils lui même que, déjà, nulle autre voix que celle du Prince Oberyn avait rapporté aux oreilles de Dorne  la beauté des deux derniers nés du Suzerain. Loras, et sa soeur. Le nom de cette dernière lui avait échappé, à l'époque et son esprit s'était focalisé uniquement sur le seul prénom de son frère. Il ignorait pourquoi. Il ne soupçonnerait que plus tard sa propre jalousie. De la blessure de leur ainé à tous deux, le bâtard ne retint que des bribes. C'était un récit ennuyeux, prévisible et arrangeant -presque drôle- pour toute jeune âme dornienne adulant la Vipère Rouge. Mais sa mémoire, en revanche, fut entachée, et drôlement contrariée par la manière dont le Prince décrivit les boucles dorés et les yeux d'ambre précieux des deux petits miracles. A ces flatteries qu'il avait jugé hâtives et exagérées, le jeune prodige de la Grâcedieu avait répondu ainsi qu'il le faisait souvent: par une bravade. "Il n'a que trois ans!" Avait alors clamé la voix venimeuse du futur écuyer Princier. "Tous les enfants sont jolis. D'ici quelques années il sera gras et laid comme son père, et aussi inutile que ses frères!" 
Il admettait, non sans peine, qu'il avait été jaloux. Et son ombrage avait survécu dans les mois, puis les années qui suivirent; Logé dans sa poitrine, quelque part entre son coeur et sa vanité, et régulièrement alimenté par les histoires qu'on lui racontait sur lui. Pas celles sur le brillant petit prodige, mais celles sur son père, qui le soutenait, bien décidé qu'il était à chérir ce fils dont il entendait faire connaitre le nom à travers le continent. C'était amèrement que le Sand comparait alors avec sa propre vie. Si brillant était son propre parcours, la désapprobation silencieuse et austère de Ryon avait été un écueil qu'il n'avait jamais su combler totalement jusqu'à présent.

Une brise douce et tiède comme une caresse fit frémir sa chevelure, soulevant quelques mèches brunes dans sa course estivale. L’accueil de la Rose avait été d'une surprenante franchise. Une gronde exaspérée avait quelque peu assombri les mines des enfants de Dorne tandis que certains avaient haussé des sourcils défiants. Les manières directes du jeune garçon auront vite été confondues avec la condescendance que les gens d'ici offraient si facilement aux bâtards, à plus forte raison à ceux d'ascendance dornienne. On s'échangea des regards en biais, on questionna du regard le dos du dit-Sand, attendant la réaction de ce dernier. Mais rien. Daemon, remarquablement calme, était  demeuré de marbre. Droit comme un i, il n'avait de cesse de parcourir les traits du jeune Tyrell, inscrivant dans sa mémoire le dessin de ce visage qu'il n'avait fait qu'imaginer jusqu'à ce jour. En entrant sur la lice plus tôt dans la journée, il n'avait pas manqué de se lancer un petit jeu, embrassant la foule hostile de ses yeux en tentant de deviner: tant de talent, cela se voyait-il sur un visage?
Le brun ne prêtait guère d'attention au jeune écuyer qui avait sa préférence, et qui s'était approché plus que les autres pour observer lui aussi ce qui était la source d’intérêt du Sand. Ni les quelques mots qu'il lui chuchota à l'oreille, ni la sensation du bras de ce dernier venant étreindre  doucement sa taille ne compromirent cependant la concentration du métis. Bien qu'il s'efforça de ne rien dévoiler de son sentiment, la nonchalance du geste  contraria le fils de Ryon; plus que l'audacieuse familiarité que le dornien s'appliquait à afficher, plus que la sensualité que l'autre tentait de lui imposer et qui était devenue naturelle entre eux. Il n'était pas près de se l'avouer, mais ce qu'il voyait émut son coeur adolescent. Il avait eu la réponse à sa question. D'une simple fascination mêlée à de l'envie, naquirent quelques pensées qui déposèrent une légère brume au creux du bleu de son regard. Une brume rêveuse qui s'évanouit rapidement, effacée par le soleil brûlant de son orgueil. L'éclat mutin de ses iris ne fut qu'à peine soufflé cependant, il en devint même plus brillant, et son sourire se fit presque défiant par dessus sa rage qu'il gardait sourde.

"Alors, ton père est un idiot." Trancha soudain sa voix, sereine mais vibrante. Au bout de son bras droit qu'il avait ramené le long de son corps, ses doigts se refermèrent. "C'était un beau combat, prétendre le contraire par fierté ne fera que nuire à la réputation de ton frère. C'est stupide."  Répéta-t-il d'un ton dur et cassant, mais avec calme. Si calmement qu'il pouvait facilement donner l'impression d'avoir énuméré une quelconque vérité qui n'aurait pas été l'insulte qu'il venait en vérité de déclamer avec la plus grande nonchalance. Il ne laisserait pas ce laideron lui voler sa victoire. Cependant, celui qui avait menacé de la lui subtiliser réellement se trouvait à un souffle de lui, à le dévisager de ses grands yeux noisettes. La promesse qu'était Loras Tyrell semblait avoir laissé en suspens le succès du Sand, et tous dans les tribunes semblaient avoir quitté leur siège avec l'intention d'y revenir pour voir si ce dornien avait véritablement mérité sa victoire en contemplant le combat qui l'opposerait surement bientôt au chérubin de Mace.
Ce dernier, par ailleurs, ne semblait pas insensible à l'attention dont il était l'objet. Il s'en repaissait, s'en régalait jusque dans sa main charmeuse et fière qui vint ramener une boucle de ses cheveux derrière son oreille. Sa voix portait encore les stigmates de l'enfance. Un peu trop perchée, un peu trop douce. Mais son coeur vibrait déjà d'une manière singulière. Daemon savait reconnaître l'ambition lorsqu'on la lui montrait, et il la voyait tout entière se dessiner dans le regard doré du garçon. Amusé, il se demanda s'il avait un jour paru si présomptueux. Il ne jetterait cependant pas la première pierre à Loras. Comment pourrait-il le lui reprocher alors que tout et tous  autour de lui avaient vanté ses mérites bien avant qu'il ne le fit devant eux? Comment pourrait-il se moquer alors qu'il ne connaissait que trop bien l'ivresse que causait une gloire trop tôt acquise? A ses côtés, il pouvait sentir son compagnon se crisper et feindre lui aussi l'amusement alors même que toute l'amertume de son sourire le trahissait. Un tournoi, à douze ans. S'il n'avait pas été déjà renseigné sur les exploits du garçon, sans doute aurait-il eu inscrit sur son visage tanné par le soleil la même expression désarçonnée que ses camarades. Les dorniens étaient doués pour bien des choses mais camoufler leur jalousie n'avait jamais fait partie de leurs talents. La victoire considérée presque par défaut de leur ami, ajoutée à la fougue du Tyrell avaient eu vite raison de leur patience. Daemon en entendit deux chuchoter amèrement dans son dos.

"A la danse du sabre, je lui tranche la peau de son joli cul..." Assura l'un d'eux à un autre, faisant référence au dangereux équivalent du désert de la danse des doigts des îles de Fer. Seulement, la véritable danse qui se tissait doucement semblait exclure bien des jeunes gens autour du Sand qui n'avait de cesse de guetter avec avidité le moment où il pourrait remporter une autre victoire, sa victoire, puisque l'autre lui avait été refusée par la foule.

"Dans l'année? Beh voyons..."marmonna-t-il en levant son regard. Mi crédule, mi moqueur, le ton suave du Sand éteignit sa phrase dans l'ombre d'un demi sourire sans plus révéler son opinion véritable. Suivant le regard de Loras, ses yeux perçants rencontrèrent un banc de greluches qui ne semblait pas inconnu au futur chevalier. A la manière dont il avait détourné ostensiblement son attention de ses dernières, il ne fut guère compliqué pour le bâtard de juger rapidement de l'avis qu'il leur portait. A nouveau ses iris bleus croisèrent ceux de l'enfant. Un frisson de plaisir coula le long de son échine. L'enfant le fixait, plantant farouchement ses yeux brillants dans les siens. Sans ciller. Une moue mutine pinça ses lèvres qui s'éppanouirent ensuite en un sourire trop calme."Tant de jeunes filles honorables pour un si petit garçon. Je trouve cela presque inconvenant."Souffla sa voix, qui lui sembla un temps lointaine. D'un geste tranquille, il leva sa main- celle-là même qui avait arraché au Tyrell son misérable trésor- et fit signe aux demoiselles en fleur de les rejoindre. Presque aussi nonchalamment, il s'avança d'un ou deux pas, suffisamment près pour que le pan de sa veste vint frôler la jambe du cadet de Mace, assez proche aussi, pour parer toute fuite éventuelle du garçon. Sans plus regarder le jeune audacieux, il attendit, un air serein entourant son regard pâle et froid, que les demoiselles ne se décidèrent-entre deux gloussements- à accepter l'invitation, qui avait vite été appuyée par les sourires encourageants et fourbes de quelques dorniens.





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Wear your heart on your skin in this life × Loras & Daemon

Curieux, l’ambre de ses yeux détailla lentement, attentivement, les gestes du jeune homme qui enlaça la taille du dornien. Au fond de son regard brillait une fascination silencieuse qu’il ne se tarda pas à taire, les convenances reprenant le dessus plus que l’envie de poser des questions, d’observer. Sa bouche entrouverte se pinça soudainement, son visage paraissant quelque peu choqué. Non pas un choc de dégoût ou d’offense, mais plutôt le genre qui rendait les joues rouges et qui poussait à baisser les yeux. Il n’y avait rien à cacher : Loras enviait ces marques d’affection qui ne se couvraient pas, qui se dévoilaient aux regards. Il aurait souhaité pouvoir faire pareil, plutôt que de s’isoler, dans une écurie ou parfois en dehors des murs du château de La Treille ou d’Hautjardin, simplement pour sentir une main tendre et masculine se perdre dans ses boucles douces ou pour embêter de ses lèvres joueuses celles d’un autre. Le même sentiment amer qu’il ressentait lorsqu’il voyait Garlan serrer subtilement la main de Leonette ou son père poser un gros baiser sur la joue de sa mère. Sur le coup, il regretta d’être né biefois plutôt que dornien – son père lui laverait probablement la bouche avec du savon, trois fois même, s’il l’entendait déballer une telle aberration. Le goût de l’amertume s’enfonçant jusqu’au creux de sa gorge, il ravala sa salive et releva ses prunelles vers le garçon dont la seule vue du visage le rendait nerveux. Loras Tyrell ne put s’empêcher de glousser – comme toutes ces jeunes femmes qu’il trouvait pathétiques – lorsque l’autre fit la remarque sur son père. Daemon n’avait fait que dire ce que Loras pensait tout bas. Le jeune homme aimait son père, mais il ne l’admirait pas : l’amour d’un fils envers son père ne l’empêchait pas d’éprouver un certain dégoût, une honte, à l’idée d’être le fils de Mace Tyrell. Il s’était fixé l’objectif, qu’il comptait bien suivre, de ne jamais finir comme lui. « Je sai – N’êtes-vous pas gêné de parler ainsi en ma présence ? Rien ne m’empêche d’en avertir les gardes et mon père : ils ne seraient pas bien doux avec vous, j’en ai bien peur. » Alors qu’il inclina légèrement la tête sur le côté, le regard de Loras pétillait de plus belle, un amusement le chatouillant au creux du ventre. Bien qu’il tentât de paraître sérieux, sa voix vibrait sous l’espièglerie.

Amusé, Loras se délecta de la réaction des dorniens lorsqu’il fit mention de ses exploits. Il aimât l’air jaloux qui se marqua sur leur visage, l’incrédibilité qui planait dans l’air et, surtout, la façon dont se crispa le jeune homme qui se tenait aux côtés du Sand. Celle-ci lui plut particulièrement, comme s’il  voyait cette réaction comme une petite victoire face à leur relation qui semblait particulièrement intime. Loras Tyrell ne connaissait l’autre que par son allure qui ne le laissait pas indifférent, mais il sentait tout de même au fond de lui une envie, un semblant de jalousie de passage. En signe de victoire, il tira vaguement la langue, la mordillant du bout des dents, ne la laissant pourtant pas dépasser de beaucoup le bord de ses lèvres, comme une grimace enfantine avortée.  Le futur chevalier se délectait tellement des réactions qu’il avait pu percevoir qu’il ne porta que très peu d’attention aux propos de Daemon. Son regard vif se dégagea de celui de l’autre, glissant sur les dorniens dont il avait attrapé au vif une remarque qui retenu son attention, quelques mots d'un chuchotement indiscret. « J’ose me demander de quel sabre vous parlez si vous avez l’intention de le tenir si près de mes fesses. » Lâcha-t-il, le ton nonchalant. Son regard brillant resta fixé sur les dorniens, comme s’il attendait une certaine réaction. Loras se retourna juste à temps pour voir le Sand faire signe au groupe de perruches qui se tenait non-loin. Sur le coup, son cœur s’arrêta et toute trace de joie quitta son visage aussi rapidement qu’un pigeon lorsqu’on s’approchait de lui. Ses yeux ronds comme des pièces de monnaie ne cachaient pas sa stupeur désagréable et il fût tenté de frapper Daemon pour cette décision qui brisa une bonne fois pour toute la bulle de paix qu’il s’était forgée. Il tenta de dire quelque chose, mais tout ce qui sortit de sa gorge fût un couinement plaintif avant que cette dernière ne se plonge dans un mutisme. Il tenta de se lever, mais ses jambes s’heurtèrent à celle du dornien, adroitement placé pour lui bloquer la route s’il tentait de fuir par lâcheté. Presque grommelant, le garçon se laissa retomber sur le banc, jetant un regard mauvais à l’envahisseur. Son petit poing se tapa sèchement et furtivement sur la cuisse du dornien qui l’empêchait d’embrasser sa lâcheté en s’évadant.  Il n’avait sincèrement pas l’envie ni la force mentale de jouer à prétendre en compagnie de ces jeunes femmes. Si ce n’était que ça : le petit jeu auquel il souhaitait jouer semblait présentement être en train de tomber à l’eau et ça l’énerva. Il espérait que les jeunes femmes ne se déplacent pas vers eux, mais il soupira d’angoisse lorsqu’il les vit approcher. Il était habitué d’être la cible des curiosités et des intérêts des jeunes filles de son âge, mais ça ne signifiait pas qu’il appréciait ça. Il les aimait en amies, pas comme admiratrices.

Pourtant, Loras ne pouvait se mentir : il était curieux de voir ce que le jeune homme comptait faire. Quand il se mordit à nouveau les lèvres et que son regard en coin se posa sur Daemon, il sembla le questionner. Malgré son malaise apparent, il n’avait pas le choix de revêtir son masque habituel. Même s’il avait souhaité que les filles le laissent tranquille – elle ne lui servaient à rien d’autre, lorsqu’elles n’étaient pas de sa famille ou de ses amies qu’à flatter son égo – mais il s’était toujours laissé voir comme un garçon charmant et agréable qui couvrait les jeunes femmes de compliments. Inspirant subtilement, il retourna son regard vers le petit groupe, le sourire aux lèvres et l’expression ouverte, chaleureuse. Cependant, même si elles ne semblaient pas le voir, ses yeux étaient, à travers leur air rieur, froids. Traînant ses fesses et relevant les jambes sur le banc, il se décala à la droite de Daemon et se redressa. Il prit entre ses fins doigts la main d’une jeune femme aux longs cheveux bruns et aux yeux bleus profonds. Elle devait avoir son âge et elle n’était pas moche, même plutôt jolie. Malgré tout, son regard indiquait qu’elle ne lui faisait aucun effet. Il la porta délicatement à ses lèvres, y déposa un baiser sans la lâcher du regard. « Lady Rowan », soupira-t-il, enjôleur. Au moment où il prononça ce nom, son regard se fit plus froid et plus sévère, comme si un poids pesait soudain sur ses épaules. Il savait que son père essayait de faire en sorte qu’il épouse un jour la fille de son ami Mathis Rowan. Elle devait avoir deux ans de plus que lui, tout au plus. Le garçon craignait sincèrement que Mathis Rowan et Mace Tyrell officialisent un jour les choses. Car ce mariage n’en serait que malheureux, essentiellement pour cette jeune fille qui, il devait l’admettre, méritait un futur époux qui lui donnerait l’attention qu’elle nécessiterait. Bien vite, il abandonna la main de la jeune femme et en accueilli une autre dans ses bras. Coiffée de ses longs cheveux roux et le visage constellé de tache de rousseurs, les yeux de Desmera Redwyne vibrant de leur vert profond, elle semblait si heureuse de le voir. Tendrement, il serra sa cousine entre ses bras, appréciant d’une oreille attentive les gloussements et les murmures un peu jaloux des autres jeunes filles qui ne manquèrent pas de donner de leur attention à Daemon et aux quelques autres dorniens qui se trouvaient derrière lui. Comme sa cousine n’était pas bien lourde, il la souleva du sol. Alors qu’elle s’esclaffa, Loras jeta un œil au dornien. « C’est ma cousine. Elle est jolie, n’est-ce pas ? »  Moqueur, Loras appuya sur le mot « jolie », tentant le rendre le plus particulier possible pour faire en sorte que les autres filles réalisent d’elles-mêmes que seules les membres de la gente féminine faisant partie de sa famille et de ses amies proches auraient le droit à un commentaire aussi sincère de sa part.
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