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Une promotion qui tombe à point nommé (feat. Aegon Targaryen)

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Une promotion qui tombe à point nommé

An 300, Lune 9, Fin de semaine 2



Aegon Targaryen & Tywin Lannister

Port-Réal…Ses grandes rues et ses ruelles sinueuses… Ses portes, ses murailles, sa vie qui, de jour comme de nuit, ne connaît guère de répit… Son odeur également, partagée entre les effluves délicieuses des fleurs et des parfums des grandes dames et Seigneurs, et les relents nauséabonds des quartiers les plus pauvres et misérables… Son Grand Septuaire et enfin, la Citadelle et le Donjon Rouge… Les séjours de Lord Tywin Lannister dans la capitale étaient nombreux et aucun ne se ressemblaient. La dernière fois qu’il était venu à Port-Réal avait été pour se voir attribuer ses nouvelles fonctions de Grand Argentier de la Reine Rhaenys Targaryen. Bien entendu, cette fonction n’était guère suffisante pour le Vieux Lion, qui briguait un tout autre poste, poste qu’il occupa jadis aux heures les plus sombres du règne du Roi Fou. Néanmoins avait-il remercié la jeune Reine comme il se doit avant de rencontrer l’ancien Grand Argentier, Lord Petyr Baelish, dans son propre bordel, ce qui l’avait passablement irrité. Puis il s’en était retourné à Castral-Roc afin de régler les affaires les plus pressantes et d’organiser la gérance de l’Ouest en son absence. A présent que cela était chose faite, il était parti sur la Route d’Or, emmenant avec lui plusieurs de ses affaires personnelles et une trentaine de chevaliers de sa propre garde, la moitié munie d’une grande lance terminée par le fameux fanion représentant le Lion d’Or rugissant sur champ rouge pourpre.

Le voyage s’était bien passé, même si, en chemin, de biens étranges nouvelles lui parvinrent. A ce que les rumeurs disaient, la Reine Rhaenys avait subi une tentative d’assassinat. Ceci, combiné certainement à d’autres raisons que Tywin ne soupçonnait pas encore, l’avait poussé à abdiquer et à, disait-on, passer sa couronne à son jeune frère, Aegon. Autrement dit, il était en chemin pour normalement prendre ses fonctions de Grand Argentier de la Reine du Sud, mais avec ces nouveaux éléments, Tywin était en proie au doute sur son avenir à Port-Réal. Le jeune Roi allait-il le garder à ses côtés, dans son Conseil Restreint ? Ou allait-il en nommer un nouveau, composé de personnes de son propre choix ? Il est vrai que le Vieux Lion et le Jeune Dragon ne s’étaient jamais réellement rencontrés ni même adressés la parole. Le Seigneur de Castral-Roc aurait compris que le nouveau Roi tienne à s’entourer de personnes de sa propre connaissance…mais peut-être sa sœur lui avait-elle laissé quelques recommandations avant de prendre exil dans les ruines de Lestival, sur les Terres de l’Orage, qu’elle faisait reconstruire ? Aussi Tywin choisit de poursuivre sa route et d’aller se rendre compte par lui-même de la situation.

C’est par la Porte du Lion, au Sud-Ouest de Port-Réal, que Tywin et son escorte montée firent leur entrée. Une entrée fort remarquée, le trot régulier des chevaux résonnant sur les pavés et contre les habitations, se chargeant d’ameuter les habitants pour voir quelle était donc la raison de tout ce bruit. Tywin ouvrait la route, monté sur son grand cheval blanc, son armure d’acier et d’or estampillée du Lion Lannister brillant au soleil, tandis que sa cape d’un rouge profond se chargeait de contraster merveilleusement entre l’or de l’armure et la blancheur de la robe de son cheval. Derrière lui, les chevaliers montaient des chevaux bruns pour la plupart, leur armure flanquée du même Lion que celui de leur Seigneur était peut-être juste faite d’acier, mais celle-ci avait été tant astiquée qu’elle brillait tout autant que celle, mélangée d’or, du Vieux Lion. Des murmures se levèrent sur le passage de Lord Tywin et de ses chevaliers et de nombreux doigts se levèrent en direction des lances portant fièrement l’emblème de la maison Lannister et de celui qui était à la tête de cette délégation ouestrienne. Si la plupart gardaient le silence, silence mêlée de crainte et de respect envers celui qui traversait, droit, fier et la tête haute, la rue de la Porte du Lion, certains se sentaient suffisamment téméraires pour lancer des acclamations joyeuses à l’encontre de Lord Tywin et de la maison Lannister. Aussi les « Lord Tywin !! », « Castral-Roc !! » ou encore « Je rugis !! » s’élevèrent de plus en plus à mesure qu’il traversait la cité et s’approchait du Donjon Rouge. Tywin ne répondit guère aux acclamations du peuple, car après tout, cette cité était la capitale de Westeros et du Royaume du Sud, territoires dominés par le Dragon tricéphale rouge sur champ noir des Targaryen, mais il salua tout de même la foule de temps à autre, pour ne pas paraître trop indifférent ni hautain à leur égard, même si au fond de lui, ils lui étaient tous indifférents.

Il ralentit l’allure, passant du trot au pas lorsqu’ils commencèrent à gravir la colline d’Aegon, menant au Donjon Rouge. Lorsqu’ils arrivèrent finalement dans la cour de celui-ci par la Barbacane, les gardes, prévenus de son arrivée soit par le bruit des sabots des chevaux soit par les acclamations de la foule, s’étaient rassemblés dans la cour et les attendaient. L’un d’eux, un chevalier vu son apparence, s’avança, quelque peu impressionné et hésitant, vers Lord Tywin qui descendait de son cheval.

Lord Tywin, soyez le bienvenu à Port-Réal et au Donjon Rouge. Les appartements de vos chevaliers sont prêts et nos écuyers soigneront bien vos montures. Puis-je vous escorter jusqu’à vos appartements privés ?

Faîte donc Ser, répondit Tywin en donnant les rênes de son cheval à un jeune garçon d’écurie tout à la joie de pouvoir s’occuper du cheval du Lion de Castral-Roc. Tywin flatta encore l’encolure de son destrier, puis suivi le chevalier à travers la cour extérieur, jetant un bref regard vers la Tour de la Main au passage.

Arrivé dans ses appartements, somme toute grands et luxueux, Lord Tywin enleva ses gants, se rinça les mains et fit appeler son échanson pour qu’il l’aide à enlever son armure. Autour de lui, quelques-uns de ses chevaliers aidaient les domestiques du Donjon Rouge à porter les nombreuses malles du Vieux Lion dans ses nouveaux quartiers, mais il n’y prêta guère d’attention. Quelques minutes plus tard, son échanson arriva mais au lieu de s’atteler de suite à lui retirer son armure, il lui tendit un rouleau de parchemin :

Un message pour vous, Lord Tywin.

Le Vieux Lion prit le rouleau tout en observant le sceau qui s’y trouvait. « Le sceau du Roi », se dit-il, « il ne perd pas de temps ». A peine arrivé et à peine installé, le voilà déjà convié au Conseil Restreint sur ordre du Roi. Alors que son échanson voulu commencer à lui enlever son armure, Tywin leva une main :

Non pas maintenant, le Roi m’attend, dit-il. Veilles à ce que mes affaires soient rangées jusqu’à mon retour.

Bien Lord Tywin.

Puis le Vieux Lion quitta ses appartements et se dirigea vers le Conseil Restreint, accompagné de deux gardes du Donjon Rouge, auquel il lança :

Merci Messieurs, mais je connais le chemin.

Ces derniers inclinèrent la tête et firent demi-tour, laissant Tywin rejoindre le Donjon Rouge de son pas militaire et cadencé, ses bottes de cuir et les cliquetis de son armure résonnant dans les couloirs sur son passage. Lorsqu’il fut devant les portes de la Salle du Conseil, les deux gardes qui s’y trouvaient lui ouvrirent la porte, le saluant d’un respectueux « Lord Tywin » sur son passage. Le Vieux Lion fit un bref signe de tête en guise de remerciements et de salutation à leur encontre puis entra dans la pièce. Le Roi n’était pas encore là, aussi pu-t-il à nouveau admirer les riches meubles et décorations de la pièce. Des tapis de Myr au sol, un paravent sculpté des Îles d’Eté décoré de bêtes légendaires aux vives couleurs, des tapisseries de Norvos, de Qohor et de Lys aux murs, sans oublier les deux sphinx valyriens de marbre noir avec des yeux de grenat rouge sombre de part et d’autre de la porte qu’il venait de franchir.

Soudain, des bruits de pas se firent entendre. Les mains jointes derrière le dos, Lord Tywin Lannister se tenait droit et se sentait tout sauf impressionné face au jeune homme qui venait de faire son apparition dans la pièce. Au contraire, il était plus intrigué tant par sa présence si rapide en ces lieux que par la découverte de ce jeune Roi. Grand, le visage agréable, des cheveux et des yeux aux couleurs très représentatives de la maison Targaryen, le jeune homme s’avança vers lui. Tywin s’inclina devant le Roi tout en disant de sa voix toujours posée et mesurée :

Votre Majesté, dit-il en se redressant, veuillez pardonner mon habillement qui ne sied guère à cet endroit ni à votre compagnie, mais j’ai reçu votre message et il est fort impoli de faire attendre son Roi.

Tywin le jaugea discrètement du regard, impatient de connaître la personnalité de ce jeune dirigeant. Il n’avait pas pris la peine de se présenter ; de toute façon, sa réputation le précède partout où il se rend et tous, de Dorne jusqu’aux confins du Nord, connaissent son nom et sa renommée. Restant debout, toujours droit et fier, les mains toujours jointes dans son dos, il questionna le Roi :

En quoi puis-je vous être utile, votre Majesté ?


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