We were like moths drawn to the flame and burned Δ Andar/Sydän

Lune 9, semaine 2,
L'orpheline de la sang-verte avait profité de cette fin d'après-midi, qui se trouvait être peu ensoleillé, pour se promener en dehors du château. Le vent y était glacial, peu habitué à l’hiver, elle souffrait davantage de ce mauvais temps, mais cette dernière préférait être dehors. La vagabonde étouffait dans cet édifice, elle ne pouvait pas être agir à sa guise, elle devait sourire et obéir. Voilà qu'était son rôle. Être une potiche sans cervelle qui devait nettoyer les sols, servir les repas et encore bien d'autres choses. Parfois, quand sa charge de travail devenait trop importante, elle regrettait sa décision et dans ces rares occasions, elle se dit qu'elle aurait aimé fuir ce jour-là. Le jour où l'accord fut scellé entre ce jeune seigneur et cette voleuse expérimentée. Assise sur un rocher humide, elle regardait le soleil se refléter sur les fenêtres de la forteresse et tandis qu'elle s'abritait sous sa cape, elle rêvait de la chaleur de Dorne. C'est lorsque la lune commença sa course que Sydän prit la décision de rentrer. Frigorifiée, elle longeait les longs couloirs qui la menaient à sa chambre et y déposer sa cape mouillée, pour ensuite remonter les grands escaliers. Cela faisait des semaines que les autres servantes ne la dévisageaient plus, dorénavant, elle était réellement une ombre. Elle pouvait se fondre dans la masse et effectuer la véritable mission qui était la sienne. Personne ne prêtait attention à la dornienne. Encore moins lorsqu'elle faisait des aller-retours avec des sceaux remplit d'eau. En apparence, elle préparait un bain pour son maître, mais dans les faits, ce bain était pour elle. Ce n'était pas la première fois qu'elle volait sa baignoire personnelle, ni la première fois qu'elle s'y baignait dans la pièce qui lui était réservée.

L'ensemble de son corps, endolori et courbaturé, protestait ouvertement contre le froid qui envahissait de plus en plus les terres du Val. Si quelques heures plus tôt, elle observait le soleil se coucher, au chaud, elle regardait le feu dans l'âtre se refléter sur l'onde de son bain et elle se laissait bercer par le clapotement de l'eau. Dans cette ambiance relaxante, le temps ne semblait plus défilé de la même manière pour l'orpheline de la sang-verte. Et si c'était ça le bonheur ? Pas un rêve, ni une promesse. Juste l'instant présent. Syd sortit une jambe de l'eau pour passer le savon sur sa cuisse. L'heure hebdomadaire qu'elle passait dans son bain était un vrai bonheur. Être dans l'eau la rassurait et lui rappelait de bons souvenirs... Comme des mauvais. Cette petite pièce richement décorée était devenu son sanctuaire. Un endroit où personne ne pouvait la trouver. Un lieu où elle pouvait être une enfant des Rhoynars, une voleuse, une menteuse. Elle pouvait être tout ce qu'elle voulait. Protégé des regards indiscrets. La tête renversée en arrière, les yeux clos et une expression de bonheur intense sur son visage.

Sans réellement le vouloir, elle se sentit glisser, non pas dans son bain, mais dans un sommeil profond. Ce soir-là, elle rêva de beaucoup de choses, des souvenirs agréables qui se transformaient en cauchemars. Sydän se revoyait enfant, elle marchait le long des berges de la Sang-verte, émerveillé par les couleurs de ce coucher de soleil, mais lorsqu'elle se coupa le pied avec un coquillage, la mer devint rouge. Son goût autrefois sallé était devenu aussi âpre que le sang. La vagabonde gémissait dans son sommeil, se débattant contre des bulles d'eaux qui s'élevaient au-dessus de sa tête et qui maintenait ses bras contre la paroi chaude du métal. C'est lorsqu'elle rouvrit les yeux que le liquide reprit violemment la place qui était la sienne. Son visage en fut éclaboussé, mais elle ne fut pas la seule. Andar Royce, son maître était dans la pièce et à son expression, il avait tout vu. Son sanctuaire venait d'être violé, mais ce n'était pas ça le plus important, il avait vu ce qu'elle venait de faire et il lui serait difficile de cacher la vérité.

Lune 9, semaine 2,
Dehors, la nuit était tombée, le froid régnait en maître, mais dans une pièce, des bruits s'intensifiaient. Des lames s'entrechoquaient, les mouvements des deux guerriers semblaient n'être qu'une danse, geste précis fait d'une grande souplesse. Malgré leurs années de combat, les deux frères passaient encore du temps à s'entraîner, à se prouver à l'un et à l'autre leurs valeurs, mais surtout s'était un bon moyen de décompresser. Là, ils n'étaient que des chevaliers parmi tant d'autres, nul titre, rien ne comptait hormis suivre et éviter les coups d'épée de l'autre. Andar appréciait réellement ce genre de moment où il pouvait se complaire à d'autres tâches que celle de seigneur ou de main du roi. Bien sûr, cela ne durait jamais longtemps, le Royce restait un acharné de travail et son devoir était d'être là pour le peuple d'Elbert Arryn. L'entraînement dura encore quelques minutes, avant que Robar arrive à lui dérober son épée tout en ayant un grand sourire. Des gouttes de sueur dégoulinaient sur le front d'Andar, tandis qu'il répondit au sourire de son frère. 

Reprenant son souffle, il alla boire un verre d'eau et décida de se rendre dans ses appartements, là en croisant une des servantes, celle-ci vint à lui dire que Sydän lui avait préparé un bain. Remerciant la jeune femme pour cette information, il ne montra pas sa surprise face à cette nouvelle, depuis quand son espionne lui préparait son bain ? Elle l'étonnait vraiment de jour en jour. Dans le fond, il appréciait vraiment la Dornienne, pas de faux-semblant, il savait à quoi s'en tenir et surtout ne lui tenait que très rarement rigueur d'oublier certaines convenances en vue de son statut. Le Valois avait toujours ainsi, derrière sa froideur et surtout son air qui semble dire qu'il ne ressentait rien, il avait sauvé une jeune Freux, prit soin d'elle, alors que lui-même était encore bien jeune et à présent, il faisait de même avec Sydän.

Rentrant dans la pièce, il ne fut pas étonné de réaliser que le bain était pour elle. Là, tapi dans l'ombre, il se laissa même à sourire face à cette scène. Il retrouvait bien sa voleuse dans cette action, étant prêt à la laisser vaquer à son sommeil, étant prêt à ne jamais dévoiler qu'il l'avait pris en faute, son regard son stoppa d'un coup face à la scène qui se déroulait. Le seigneur n'en croyait pas ses yeux, des gouttelettes d'eau volaient dans les airs, s'approchant plus près. Son regard se fit plus sévère face à l'incompréhension, à ce moment-là la Rhoynar ouvrit les yeux et parut aussi déconcerter que lui. Oubliant toute la gêne qu'aurait pu poser la nudité de la jeune femme, il ne pensait qu'à la magie qu'il avait vue s'opérer. Comment était-ce possible ? Mais surtout qu'est-ce que cela voulait dire ? Sans lui laisser le temps de lui expliquer, il lui demanda d'un ton sec :

- Qu'est-ce que c'est passé ?

Bien sûr, elle lui avait parlé de son peuple lors de leur entrevue quand il avait décidé de la garder près de lui à sa demande, mais jamais, il n'aurait pu imaginer que ça soit si peuple qui détienne ce pouvoir. Si quelqu'un du château l'apprenait, Andar craignait pour la vie de la servante. Il était plus simple d'accepter la présence de dragons que d'une personne qui avait des pouvoirs.