C'est pas l'homme qui prend la mer ! [Pv Norne Bonfrère]

Assis sur le ponton du port de son île, Denys réfléchissait à l'avenir. Il cherchait dans les mouvements de la mer, des signes du Dieu Noyé qui lui indiquerait la marche à suivre, le chemin à emprunter. Il se posait de nombreuses questions. L'ultimatum de son père allait bientôt tomber. La Reine Asha semblait concentrer son attention un peu trop vers l'Ouest à son goût et lui même était rongé par l'inaction et l'attente. Il savait qu'il partirait bientôt. La Reine lui en avait donné l'ordre mais sa patience était mise à rude épreuve. Il y avait trop longtemps à ses yeux qu'il n'avait plus prit la mer.  L'homme qu'il était se sentait toujours plus à l’aise sur le pont d'un navire que sur la terre ferme. Il partirait bientôt pour un long voyage vers la Baie des Serfs avec une flotte assez conséquente pour piller les cités esclavagistes mais de taille assez réduite pour pouvoir fuir rapidement. Les futures cibles ne s'attendaient de toute façon pas à voir débarquer sur leur terre une flotte de pillard fer-né, avide de richesses et de biens. Ils ne verraient pas le coup venir et ne seraient pas préparés à recevoir un raid éclair. Denys était convaincu que sa mission serait couronnée de succès même si il aurait préférer continuer à piller les côtes des contrées vertes. Se rendre à Essos était un voyage lointain et il espérait que le jeu en valait la chandelle. Même s'ils possédaient une nouvelle reine et de nouveaux projets, l'avenir ne lui semblait pas forcément aussi prospère que certains l'imaginaient.

Qui sait quelle surprise le Dieu Noyé lui réserverait pour son retour ? La présence de la Bonfrère lui manquait sur son navire. Il regrettait son départ et sa prise d'indépendance. Cette petite avait de l'eau salée dans le sang et la rage d'une vraie guerrière. Contemplant la mer calme, le Timbal était perdu dans ses réflexion, assit sur le ponton du port de son île. Il était seul, cherchant des réponses qu'il ne trouverait peut-être qu'en s'immergeant complètement dans l'eau de la mer nourricière, à la façon d'un prêtre du Dieu Noyé. Même Longmât, son fidèle second n'était pas invité à partager ce moment. Il y avait des questions qu'un homme se devait d'affronter seul, comme un combat. Prendre ses interrogations à bras le corps et les secouer comme des pruniers jusqu'à ce que les réponses en sorte, quitte à en extraire le jus précieux en l'écrabouillant. Il détestait ce sentiment d'inaction et de ne pas trouver ce qu'il cherchait. Il honorait pourtant son dieu de la meilleure des façons en continuant d'appliquer l'Antique Voie. A moins que le Dieu des Tornades ne cherchait à embrouiller son esprit, trop jaloux de l'attention que lui témoignait son homologue noyé. Le problème quand vous êtes seule, c'est que vous ne pouvez jamais le rester longtemps. Quelqu'un allait le déranger très certainement. Qui serait-ce ? Longmât impatient ? Un pêcheur ou un charpentier ? Qui que ce soit, Denys n'avait point envie de discuter à moins que cette discussion ne lui apporte les réponses qu'il cherchait tant.