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La gérance de l'Ouest (Lyle Crakehall)

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Les premiers rayons du soleil, qui venaient s’écraser sur l’imposante forteresse des Lannister donnaient aux pierres du Roc une chaude couleur dorée qui miroitaient sur la mer, conférant au lieu une aura d’une beauté que les gens de Castral Roc n’étaient guère habitués à voir. La journée allait être belle et agréable…du moins pour ceux qui n’allaient pas devoir assister à une audience privée dans la Salle des Héros, juste au-dessus de la mer, avec le Seigneur des lieux en personne. Ce n’était plus un secret pour aucun des habitants de l’Ouest ; leur Lord Suzerain avait eu l’honneur d’être nommé Grand Argentier de la Reine Rhaenys Targaryen, une place au plus proche du pouvoir pour le Vieux Lion. On raconte qu’il accueillit la nouvelle sans une grande manifestation de sentiments (le contraire, venant de lui, aurait été étonnant), répondant seulement qu’il acceptait le poste et prodiguant les remerciements de rigueur à la Reine du Sud. Personne ne savait réellement ce qui se passait dans la tête du Lion Lannister, mais ceux qui étaient conviés à l’audience du jour espéraient en apprendre plus sur ce nouveau poste et sur ce que cela signifiait pour l’Ouest.

Suivant ce message, Tywin fit rédiger l’annonce de sa nomination et l’envoya à tous ses bannerets et autres maisons nobles de l’Ouest. Tous reçurent le même message, à quelques exceptions près. Sa fille, Cersei Hightower, reçut une missive l’informant de la réunion de ce jour, dont l’issue lui sera communiquée ultérieurement. Ser Kevan Lannister de Port-Lannis et Lord Lyle Crakehall reçurent eux une invitation à l’audience, leur présence étant dûment requise par Lord Tywin aux premières heures de ce jour. Enfin, une quatrième personne allait assister à l’audience. Pour cette personne, il n’y eut nulle invitation. L’on dépêcha un simple garde aux appartements de Tyrion Lannister, l’informant que son père requérait sa présence à l’audience qu’il avait convoqué en ce jour. A peine le message lui fut-il délivré qu’il tourna les talons et s’en retourna à son poste, laissant le Mi-Homme interloqué par cette réunion soudaine. Il s’habilla, prit une dernière (et longue) gorgée de vin, et se dandina jusqu’à la Salle des Héros.

En passant par la Galerie d’Or, Tyrion perçut un grand bruit de sabots dans la cour pavée de la forteresse. S’approchant des fenêtres, il parvint à se hisser suffisamment haut pour voir par la fenêtre qui arrivait donc à une heure si matinale. Il vit quelques chevaliers, moins de dix, dont deux portaient une lance terminée par un fanion à l’emblème du lion rugissant. Comme il ne vit aucun autre emblème aux côtés de celui-ci, la réponse quant à l’identité de ce nouvel arrivant lui était claire. « Cette audience va être des plus captivantes », se dit-il. Et effectivement, au détour d’un couloir, il tomba sur Ser Kevan Lannister. Ce dernier le regarda de ce même regard dont il le gratifiait à chaque fois qu’il le voyait ; de la pitié mêlée à une certaine honte. Mais Kevan restait toujours moins cassant et froid que son propre père à son égard…du moins lorsque les deux frères n’étaient pas ensemble.

Bonjour Tyrion.

Oncle Kevan, répondit Tyrion. Je ne vous demande pas la raison de votre présence et suppose que nous prenons tous deux le même chemin.

En effet. Ne faisons pas attendre ton père plus longtemps.

Et ils poursuivirent leur chemin vers la Salle des Héros, Kevan le devançant de plusieurs pas mais espérer que son oncle l’attendrait pour marcher avec lui et arriver devant le Lord de Castral Roc ensemble, côte-à-côte, était purement utopique. Soupirant et maugréant pour lui-même, Tyrion fit de son mieux pour suivre et ne pas se faire trop distancer. « Une autre journée à subir les foudres du père… » se dit-il.

***


Tywin, comme à son habitude, s’était levé bien avant que le soleil ne fit sa première apparition. Il s’habilla de façon simple et revêtit un pantalon noir, un surcot noir brodé d’un petit motif rouge au lion sur la poitrine et des bottes de cuir noir qui lui montaient jusqu’aux genoux. Fermant son col jusqu’au dernier bouton, il prit un rapide et léger petit-déjeuner et se dirigea vers la Salle des Héros de son pas militaire et déterminé. Un pincement de lèvres de contrariété accueillit son entrée dans le lieu du rendez-vous, lorsqu’il constata qu’il était le premier arrivé. Sa contrariété était légèrement atténuée lorsqu’il vit que la table, elle, était prête. S’y trouvaient quatre sièges de bois vernis (un plus imposant pour le Seigneur des lieux) rembourrés sur le siège et le dossier d’un coussin rouge brodé de fils d’or du Lion Lannister. Sur la table étaient disposés, devant chaque siège, un gobelet d’or ciselé et gravé de l’emblème de la maison suzeraine de l’Ouest et une grande carafe de vin faite pour moitié d’or et pour moitié de verre trônait au centre de la table. Enfin, devant son propre siège se trouvaient une plume, de l’encre et quelques feuilles de parchemin au cas où il aurait à poser certaines choses par écrit.

Lord Tywin perçut soudain des bruits de pas dans le couloir. Quelques instants plus tard, la porte s’ouvrit sur son frère. Aussi grand que lui, ses cheveux et sa légère barbe commençaient à blanchir mais il paraissait toujours en pleine forme, comme son frère aîné. Tywin accueillit son frère comme n’importe lequel de ses chevaliers ; d’une manière rude et solennelle :

Tu es en retard.

Je suis heureux de te revoir aussi mon frère, répondit Kevan, lui lançant un léger sourire dans l’objectif d’essayer de détendre l’atmosphère.

Que Lord Lyle soit en retard, je peux encore le comprendre mais Port Lannis est attenante à Castral Roc. Il n’y a pas dix lieues entre ici et ta cité.

Kevan savait qu’il était inutile de discuter avec son frère car cela ne ferait qu’empirer les choses et ce n’était pas le but de cette réunion matinale.

Je te prie de m’excuser dans ce cas.

Tywin lui lança un dernier regard contrarié avant de lui indiquer la table de la main :

Sers-toi.

Oh non merci… Il est encore trop tôt pour moi.

Ce n’est pas mon cas et je prendrais volontiers un verre pour me réveiller.

Tyrion venait d’arriver à son tour dans la Salle des Héros. Tywin se tourna vers lui :

Bonjour Père, lui lança Tyrion.

Mais Tywin ne répondit rien, le regardant durement comme de coutume. S’il avait convié Tyrion à cette entrevue, c’était uniquement parce qu’il jouissait – malheureusement – de son nom. Envers et contre tout, Tyrion était son fils, même si Tywin le voyait plus comme une malédiction, une monstruosité qui nuisait à sa famille. Tywin s’avança vers la table, prit la carafe de vin et entreprit de s’en servir, puis de remplir la coupe de Kevan – bien qu’il n’en voulait pas – celle de Tyrion et la dernière coupe.

Qui est l’heureux quatrième invité à cette réunion ? s’enquérit Tyrion.

Lord Lyle Crakehall, répondit le Vieux Lion en prenant place dans son fauteuil, imité de suite par Kevan, qui prit place à sa droite.

Tyrion alla se dandiner jusqu’au siège le plus éloigné de son père, laissant le dernier siège à la gauche de Tywin vacant :

Depuis quand Lion et Sanglier sont-ils si bons amis que le Lion n’hésite pas à le convier à sa table de réunion secrète ? lança Tyrion d’un air ironique.

Depuis toujours si je ne m’abuse. Tu le saurais si tu passais plus de temps à t’informer sur ce qu’il se passe sur nos terres plutôt que sur les morphologies de toutes les catins de l’Ouest et d’ailleurs, répondit froidement Tywin après avoir bu une gorgée de vin, là encore imité par Kevan. Au regard plein de haine de Tywin se mêla celui plein de honte de Kevan, ce qui ne calma nullement Tyrion, qui aurait bien objecté quelque chose à son père, mais la porte de la salle s’ouvrit brusquement et laissa entrer un homme jeune qui manifestement venait juste d’arriver d’une rapide chevauchée.

Kevan se leva pour saluer le nouvel arrivant tandis que Tyrion se contenta de rester assis, la main posée sur sa coupe de vin qu’il leva dans sa direction en guise de salut. Quant au maître des lieux, il se tourna vers l’homme qui venait d’entrer et, à demi accoudé sur son fauteuil :

Lord Crakehall, nous n’attendions plus que vous. Bienvenue à Castral Roc.

Kevan et Tyrion purent tous deux voir que Lord Tywin Lannister tenait manifestement Lord Lyle Crakehall en haute estime car non seulement avait-il eu droit à un « bienvenue » de la part du Vieux Lion, mais ils purent y lire quelque chose de nouveau : une certaine fierté, chose que seul Jaime y avait eu droit en son temps. Tywin indiqua le dernier fauteuil libre et attendit qu’il y prenne place pour commencer.
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La gérance de l'Ouest

   
« Le dévouement et la loyauté que je vous dois trouvent en eux mêmes leur salaire. »

   


   
Castral-Roc

   Il y a quelques temps encore je n'aurais jamais pris le temps de songer à ce que l'avenir me réservait  que cela soit bon ou mauvais. La vérité était celle d'un jeune homme qui avait passé la majeur partie de sa vie à faire ce qu'on attendait de lui. Castral-Roc me paraissait être un souvenir lointain et pourtant en plusieurs mois j'y retournais pour la deuxième fois. Le soleil devait apprécié une telle région pour l'envelopper d'une chaleur douce contrastant avec la parure automnale et l'hiver glaçant que l'on avait annoncé depuis plusieurs jours maintenant. Le voyage à travers ces contrées familières laissait apparaître sur mon faciès inexpressif de barbu ronchon et têtu des souvenirs resurgissant un instant puis un autre sans que mes yeux ne défaillent de la magnifique vision que la demeure, la tanière du vieux lion me prodiguait en de pareilles circonstances. Des pensées qui ravivaient en moi le quotidien de journées, interminables, éprouvantes, enrichissantes et bénéfiques à l'homme que j'étais devenu aujourd'hui. Je me remémorais silencieusement arpentant sur le dos de ma monture cette terre qui m'avait élevée. Accompagné d'une escorte d'usage à laquelle je n'avais pas encore l'habitude de m'être fait à l'idée qu'elle serait requise, utile et nécessaire selon les événements, tenants et aboutissants de mon tout récent statut de Lord obtenu.

La bruine matinale sur les terres de l'Ouest touchaient de part et d'autres les versants et les montagnes avoisinantes. Un temps aux allures rarissime qui laisserait place à la chaleur et la tiédeur coutumière de cette région. La nuit n'avait pas été des plus plaisantes surtout que le sommeil avait tardé à montrer le bout de son nez auprès du jeune-homme en devenir qui épiait d'un œil hagard l'horizon d'une fenêtre creusée à même la roche. Ses yeux céruléens semblaient songeur, une rêverie passagère qui l'habitait depuis quelques temps maintenant. Plusieurs jours, semaines et même mois s'étaient écoulés et rien ne semblait présager un quelconque changement dans cette nouvelle vie qu'était la sienne. S'accoudant sur la paroi rocheuse, rêvassant et espérant encore naïvement pouvoir retourner dormir tranquillement sur le la litière moelleuse et confortable de sa chambre. Lyle n'était pas d'humeur aujourd'hui à effectuer les tâches quotidiennes qui étaient les siennes habituellement.

Après quelques instants il décida de lever son imposante carcasse qu'il traînait avec nonchalance en direction de la vaste cour intérieure de Castral-Roc. Il descendait les escaliers promptement manquant de percuter plusieurs serviteurs et servantes allant en sens contraire de sa marche. Se mouvant et réajustant son gambison, il passa à travers un long couloir puis un autre à sa droite, chapardant un morceau de pain des bras chargés d'un commis de cuisine semblant aussi réveillé que lui à cette heure matutinal. La première destination de la journée était les écuries de lord Tywin Lannister. En effet si Lyle était un simple écuyer en provenance d'une famille noble et respectée il était surtout celui de seigneur et maître de Castral-Roc. Rien qu'a la prononciation de son nom le jeune-garçon faisait monter en pression son allure et ses gestes quotidiens. Hors de question de décevoir le seigneur du Roc se répétait-il sans relâche, conscient de l'importance de son devoir envers l'un des plus prestigieux seigneurs de l'Ouest. Après s'être frayé un chemin à travers la forteresse et essuyé une bourrasque de vent mêlant fraîcheur et averse il arrivait finalement à destination. Il régnait au sein des grandes écuries un calme apaisant et rassurant. Les chevaux ne semblaient pas plus pétulant cas l’accoutumée. Peut être une habitude prise par les vas et viens des nombreux serviteurs de la maison Lannister. Le temps n'était pas à la réflexion sur le pourquoi du comment de je ne sais plus quel autre foutue question existentielle de la vie de Lyle l'écuyer mais, belle et bien à la préparation de la fidèle et glorieuse monture de Lord Tywin.

Un travail colossale auquel il se passerait bien volontiers en échange d'une mission un tant sois peu plus comment dit-on déjà ?  Plaisante ? Oui sans l'ombre d'un doute. L'écuyer se demandait comment ses prédécesseurs avant lui avaient pu se plier à une tâche aussi loyale et chiante en même temps. La réponse était pourtant la même que la veille et les jours précédents, devenir chevalier. Tout les grands de ce monde qui avaient prouvés leur dévotion, leur loyauté, fidélité, allégeance et servitude la plus honorable avaient été un jour à sa place. C'est à dire les pieds dans le crottin le matin et à courir de gauche à droite et de droite à gauche auprès de son suzerain l'après-midi. Bien sur il n'y avait pas que des mauvais côtés quoique... Non, mieux valait ne pas y penser finalement. Lyle s'occupa de brosser la monture, remplir son auge et veiller à ce qu'elle ne manque pas de nourriture pour être prête de toute heure et à tout moment pour lord Tywin. Une inspection générale de l'ensemble de l'écurie et voilà enfin un moment rien que pour lui. Ou pas...

Ayant à peine le temps de reposer son noble fessier, le Crakehall était déjà demandé pour s'occuper du nettoyage de quelques armes et pièces d'armures.  Passant une main derrière sa nuque et la massant avec une vigueur digne d'un vieillard il se dirigea vers les forges ou il s'apposa sur un tabouret et commença à frotter. Une, deux, puis trois, puis quatre et ainsi de suite. Son sang frémissait rien cas l'idée de voir débarquer quelques malandrins à rosser pour se dégourdir les bras et les muscles courbaturés par la répétition de ses gestes jour après jour. Si la patience est une vertu pour lui elle est surtout source d'ennuis mais, tôt ou tard il savait qu'il prendrait part à un conflit et avec de la chance à une guerre. Le vent se fige, la pluie cesse peu à peu de tomber et notre comparse se laisse tomber dans les bras de Morphée pour une micro-sieste de quelques minutes. La tête en l'air et la bouche entrouverte tenant fermement un heaume après un nettoyage quelque peu excessif celui-ci tombe à la renverse dans un fracas de pièce métalliques et d'armes diverses à la fois strident et à la rythmique chaotique. Un réveil brutal pour Lyle et quelques douleurs de part et d'autres du corps qui le font se relever avec une fougue  des plus surprenantes. Quelques regards curieux se posent sur lui et quelques rires incontrôlés le font se sentir aussi stupide et énerver. Si bien qu'il  leur beugle dessus et projette une ou deux pièces d'armures sur les chineurs qui s'enfuient avec hâte.

Il n'y avait pas à dire, cette vaste cour avait été durant longtemps son foyer. Rien n'avait changé, tout était à sa place comme au bon vieux temps. Tous ces détails, chacune des pierres façonnant ces vastes fondations et murs de la prestigieuse maison Lannister étaient restées là figé à jamais et perdurant à travers les années. Une deuxième invitation en un laps de temps aussi court faisait transparaître les choix et prises de positions du seigneur et maître de sa maison. Beaucoup seraient étonnés des revirements de situations qui pouvaient se conclure dans pareils événements. L'importance de ma présence m'honorait et me rendait plus sérieux cas l’accoutumé. Hors de question de décevoir le seigneur qui m'avait tout autant élevé comme un maître, un modèle, un père. Pas de repos pour les vrais grands de ce monde pensais-je intiment alors que je glissais du haut de ma monture éprouvée par un si long voyage. Je m'étais empresser de partir car la route était longue de Crakehall à Castral-Roc. Les sujets du seigneur du Roc se tenaient à l’affût de mon arrivée et s’attelaient déjà à prendre en charge mes effets personnels et la garde que j'avais dépêché pour m'accompagner. Je me dirigeais promptement vers l'entrée principale, ne pas perdre de temps, allé de l'avant et surtout ne pas le faire attendre. Là une nouvelle escorte aux armures teintées de rouge et d'or m'entourèrent et m’emboîtèrent le pas. La puissante forteresse resplendissait et incarnait le joyau des Terres de l'Ouest à l'aplomb de la mer. Je parcourais les nombreuses allées et les couloirs avec une aisance déconcertante. Que voulez vous ? J'ai traversé ces vastes et somptueuses salles tellement de fois qu'elles n'avaient pas de secret pour moi. À l’exception près de certaines qui ne m'étaient aucunement réservée jusqu'à maintenant et dont j'avais jusqu'ici entendu parlé. Je réajustais les pans de ce pourpoint de cuir que j'arborais fermement saillant mon ossature et cette musculature imposante qui avait fait d'un jeune écuyer l'un des plus farouches guerriers de son temps. Je me stoppais subitement devant l'immense porte à l'armature en bois qui me séparait de la pièce où Lord Tywin devait forcément m'attendre. La ponctualité était l'un des principes les plus rigoureux et entretenu auprès du vieux lion comme beaucoup le surnommait contenu de son âge. Méfiez vous des apparences insolentes langues médisantes et farouchement tendues derrière vos mâchoires et rangées de dents pensais-je alors que la porte s'ouvrait sur mon passage inspirant un grand coup l'air qui gonflait mes poumons prenant désormais compte de l'importance d'une telle entrevue.

Mes yeux céruléens traversèrent la grande salle se posant sur la table à laquelle j'étais convié. Je pouvais distingué aisément le seigneur et maître en son domaine assis et trônant dans ce fauteuil se détachant des autres par sa prestance et sa grandeur. Je percevais sur la droite le frère cadet de Lord Tywin qui me saluait et enfin une silhouette plus petite restant assise dans son siège confortablement installé. Le petit seigneur, le petit lion Tyrion Lannister, le nain qui ne faisait guère la fierté de son père mais dont j'avais entendu maintes fois parlé pour ses innombrables frasques perpétrés à l'encontre de son père. Je gratifiais d'un sourire s'étirant de tous son long l'assemblée et saluait respectueusement Lord Tywin aussi sobrement paré que moi pour l'occasion. Je devais tenir ça de lui, peut être que Roland mon père et Lord Tywin avait cette habitude, cette façon d'être qui caractérisent certaines gens. Je n'avais pas coutume comme les Lefford à crouler sous le poids de somptueux vêtements et je n'avais pas l'intention de devenir l'un de ces matérialistes ruinés par un ego et un orgueil trop prononcés. « Lord Tywin je vous remercie de votre accueil. » Déclarais-je m'attelant à me déplacer auprès de celui-ci et m'asseoir à ses côtés. Je ne pouvais contenir un geste quasi-habituel crissant ma barbe et non des moindres pour faire preuve d'un sérieux plus que nécessaire dans ce genre de circonstances. La respiration forte mais maîtrisé je percevais le verre de vin remplit qui m'attendait. Je songeais à ne pas trop y toucher directement. Plaçant mes mains joint  sur le devant de la table. « C'est un plaisir et un honneur de remplir mon devoir auprès de votre personne autour de cette table. » Lançais-je subtilement laissant mes yeux perçants briller telle le jeune adolescent et écuyer que j'avais été auparavant. Mon regard se posait tour à tour sur les seigneurs Kevan et Tyrion avant de contempler la deventure de la table et attendre les sages paroles du Lord et gouverneur des Terres de l'Ouest.  

   

   
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Tywin inclina légèrement la tête tout en fermant une fraction de seconde ses yeux bleux perçants en guise de réponse aux remerciements de Lord Lyle. A présent que tous étaient là, il pouvait commencer :

Vous n’êtes pas sans ignorer ma nouvelle condition auprès de la Reine du Sud. Sa Grâce exige ma présence sans délai à Port Réal et je ne peux guère la faire attendre plus longtemps. Dès cette entrevue terminée, je prendrais la Route de l’Or car pendant que nous discutons ici, mes gens terminent de préparer mes affaires pour le départ. J’emmène avec moi cinquante chevaliers ; pas d’autres changements quant à la disposition du reste de notre ost… Pas d’autres changements si ce n’est un…et non des moindres. [Il fit une pause et regarda tour-à-tour chacun des trois participants] La régence de l’Ouest.

Là encore son regard s’attarda sur chacun des invités. Kevan le regardait gravement tandis que Lord Lyle Crakehall, assis comme à son habitude, écoutait avec attention. Seul Tyrion fuyait son regard, ses yeux plantés dans son verre de vin à moitié vide. Il reprit :

Je ne pourrais assurer pleinement mon rôle de suzerain de l’Ouest depuis Port Réal. Il me faut une personne de confiance ici, à Castral-Roc, pour gouverner en mon nom et autorité, et me tenir informer de tout ce qu’il se passe sur mes terres.

Son regard balaya la petite assemblée, mais il fit durer le suspense encore un peu, préférant étendre le bras vers la carafe de vin pour remplir son propre verre avant de la poser hors de portée de Tyrion, celui-ci ayant fait un mouvement vers elle pour remplir sa coupe. Hors de question que tu sois ivre dès l’aube et en leurs présences , pensa-t-il. Enfin, il se tourna vers son frère :

Kevan, [ce dernier leva des yeux brillants vers lui]tu seras mon Intendant, ma voix, mon épée s’il le faut, en mon absence. Mes gens te devront obéissance et les Seigneurs des maisons de l’Ouest te contacteront toi en premier si besoin est, moi uniquement s’il s’agit d’un cas d’une extrême importance. Je te charge également du commandement de notre flotte ; je conserve celui de notre infanterie et cavalerie.

Il va falloir que je m’installe à Castral Roc dans ce cas. Je ne peux exercer tes fonctions depuis Port-Lannis.

Non en effet. Prends mes appartements en mon absence.

Fort bien.

Un léger sourire de satisfaction se dessina sur les lèvres de Kevan Lannister. Lui qui était toujours dans l’ombre de son frère à la renommée si grande, le voilà propulsé sur les devants de la scène. Tywin ne le laissait jamais voir, ni même Kevan, mais il aimait beaucoup son frère cadet, même s’il le trouvait parfois faible de caractère comparé à l’image du Lion fort, dominant et intrinsigeant qu’il s’était lui-même créé et employé à véhiculer partout sur son passage. Néanmoins, il savait qu’il pouvait compter sur Kevan. Sa loyauté et sa fiabilité n’étaient plus à prouver ; tout ce qu’il fallait à Tywin pour s’assurer qu’il obéirait à ses directives en son absence.

Pendant un cours instant, Tywin laissa tomber son regard sur Tyion qui, en silence, finissait d’une traite son verre, le fixant depuis de ses yeux vairons comme s’il allait se remplir comme par quelque enchantement. Puis, sans plus de cérémonie, le Vieux Lion s’adressa à son ancien écuyer :

Lord Lyle, vous êtes ici non seulement en raison du glorieux passé qui nous lia autrefois, mais aussi car votre maison est sans nul doute celle qui a de tout temps démontré son implacable fidélité à la mienne. J’entends poursuivre cette bonne entente.

Tywin porta le verre d’or et de rubis à ses minces lèvres, en but une gorgée avant de poursuivre :

Port-Lannis va se retrouver pendant un temps indéterminé sans celui qui la gouverne et protège. En tant que fief des Lannister, je ne peux la laisser sans surveillance.

Du coin de l’œil, il vit que Tyrion s’était redressé sur son siège. Avant qu’il n’eut le temps de poursuivre, son Nain de fils s’exprima :

Père si je peux me permettre, il y aurait une solution bien plus simple que d’envisager de priver les terres et gens de la Maison Crakehall de son Seigneur… [Tour-à-tour, ses horribles yeux allaient de son père à son oncle]Nommez-moi Protecteur de Port-Lannis. Je saurais la défendre si besoin est…

Protecteur de Port-Lannis ? Dis-moi en quoi transformer cette cité en lieu de beuverie et de libertinage constitue une quelconque protection ? Il est hors de question que je te confère pareille responsabilité et que tu dilapides en quelques jours ce que ton oncle a bâti en plusieurs années. Cette tâche revient à quelqu’un de bien plus responsable et mature…

Père laissez-moi vous prouver qu……

IL SUFFIT !

La voix forte de Tywin s’était répercutée sur les murs de la Salle des Héros, allant jusqu’à l’amplifier. Kevan regarda son neveu de son regard coutumier rempli de pitié et de honte, tandis que son père n’était que colère et dégoût envers lui. Un silence de plomb plana un moment sur eux quatre, et ce fut le Maître des lieux qui le brisa en premier, d’une voix à nouveau calme et mesurée :

Lord Lyle, j’ai pu faire plus ample connaissance il y a peu votre jeune frère, Merlon, ainsi que son épouse. Mettez à présent vos sentiments de côté envers lui et répondez-moi en toute objectivité… Que pensez-vous de votre frère ? Quel genre d’homme est-il ?

HRP: je parle à la fin de Merlon et Jeyne. Ceci fait référence à un RP en léger flash-back (quelques jours avant ce RP-là) que j'aurais avec ton jeune frère et ta belle-soeur. Juste histoire que tu sois au courant Wink
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Castral-Roc

   L'écho de cette voix assurée et maîtrisée m'avait manquée. Les mots, les choix fait par l'auteur de ce discours pensé et amené sans détour ne laissait aucune place au doute. Lord Tywin avait toujours dirigé ses attentions et ce qu'il déclarait avec pragmatisme. Parler pour parler n'était qu'une perte de temps, futile de se justifier à tord et à travers derrière des belles phrases, inapte était l'enjolivement d'une pensée et ennuyante était l'enchevêtrement des tournures de phrases pour subjuguer un auditoire. L'oreille que je prêtais à ces mots était toute désignée pour répondre au moment opportun à mon suzerain du mieux qu'il m'avait été donné de le faire durant ces nombreuses années de service auprès de lui. Jeune et insouciant il m'avait cerné au premier regard et de cette barbe légèrement parsemée d'un gris pâle se confondant avec la couleur naturelle de ses cheveux m'avait inculqué le sens du devoir et la rugosité qui allait de paire. Mes yeux pourtant ne pouvaient se fixer inexorablement sur ce verre remplit qui n'attendait qu'un geste de ma part pour être saisit de ma main calleuse et rugueuse.

J'observais sans dire mot le petit lion d’apparence seulement car il était homme et Lannister avant tout malgré cette condition de nanisme qui n'avait depuis sa naissance fait cesser de faire parler de lui. Qui ne connaissait Tyrion Lannister ? À dire vraie peu de gens n'avait pas une fois sur les Terres de l'Ouest entendu parlé de cet être vil et abject dont les gens se plaisaient tant à railler de part sa taille que son goût pour apporter la disgrâce  auprès des yeux de son père. Des histoires voilà tout ce que c'était aux premiers abords et bien que majoritairement fondée sur des faits appuyés et fondées il n'en restait pas moins le fils du grand seigneur et lord suzerain que j'avais encore l'honneur de servir. La vie est étrange et le destin bien curieux parfois songeais-je ruminant intérieurement raffermissant ma mâchoire et mes dents se rétractant si bien que l'on pouvait apparenter mon faciès à celui d'une véritable bête féroce. Néanmoins j'avais pour habitude à ne pas juger les gens par leurs apparences mais au contraire aux accoutumances et les travers que je pouvais entrevoir comme à cet instant. J'avais préférer me raviser en observant le petit jeu malingre de l'alcool sur le petit lion ce qui faisait monter en puissance l'indignation de lord Tywin et mes doigts effleurer vaguement le bout du gobelet ciselé en or. Quant à Kevan Lannister le contentement et la loyauté à l'égard de son frère aîné était telle que la loyauté avait peut être trouvée son représentant et une forme de respect envers celui-ci dans mon esprit. Il n'en restait pas moins un grand homme, peut être pas aussi grand et prestigieux que mon seigneur à  nos côtés mais, il répondait présent et apte à servir qu'importe la rétribution si il y en avait déjà une. En cela je me prenais à y percevoir des similitudes entre Merlon et moi même. Certes nos comportements différaient de bien des manières et que mon seul regard attentif et subtile pouvait percer une telle relation qui devait différer déjà par l'écart d'âge respectif et les positions que tout à chacun avait du choisir ou se résigner à accepter. Si l'on pouvait juger mon parcours d'ambitieux il n'en était aucunement raison pour ma part. Je n'avais jamais réellement choisis et décidé de ma propre destinée de part les choix de mon père jusqu'au manteau blanc que j'arborais avec fierté mais sans aucune vanité. Mes compétences, le destin m'avait placé ici et là au moment opportun si bien que la seule décision prise réellement dans ma vie avait été de laver l'honneur de ma famille et d'achever la vie de Tybolt mon aîné. Finalement le seul choix qui m'avait jusqu'ici combler et qui relevait d'une vraie initiative était dû au sentiment profondément ancrée que j'éprouvais pour elle. Malvina était bien la seule chose d'intéressé que j'avais provoquée un peu par hasard dans cette route me ramenant au sein de mon foyer. Je n'aimais guère être séparé d'elle, mon devoir que j’accomplissais avec force et dévotion n'atténuait que peu de temps le manque que la distance créait entre nous.

Je sortais de cet état songeur sous l'impulsion du jeune lion se dressant appuyé sur ses mains contre la table ornant la grande salle ou nous étions réunis. Je relevais l'envie de Tyrion Lannister de servir son père mais il n'en était pas question. La déception et le tempérament un peu trop portée sur la boisson rendait les choses plus compliquées qu'elles ne l'étaient déjà à son encontre. Comment ne pas l'être quand l'ombre d'un frère comme Jaime Lannister plane au dessus de votre tête ? Cela affectait autant Tyrion que ser Addam Marpheux qui avait été plus proche de lui que de moi à cette époque ou nous servions et apprenions de notre impétuosité les cinglantes leçons du vieux lion.
Mon tour fut alors venu, j'avais ouïe sans faillir ni juger quiconque dans cette assemblée. Ma tête légèrement rentrée dans mes larges épaules se redressait progressivement et cette fois ma main s'empara du verre de vin auquel je prenais une gorgée ni plus ni moins. Reposant celui-ci à l'endroit précis ou je l'avais pris je prenais le temps à la réflexion pesant chaque mots que mon seigneur me déclarait en attendant une réponse impartiale et sans fioriture. Passant allègrement mes doigts dans ma barbe je prenais quelques instants pour mûrir la réponse adéquate.

« Malgré son jeune âge c'est un chevalier loyal qui n'a jamais manqué une occasion pour prouver sa fidélité envers la couronne, envers son suzerain et sa maison. Il ne manque pas d'ambition, il en a toujours fait preuve et la témérité ne lui fait pas défaut. » Déclarais-je apposant mes poignets contre le rebord de la table me questionnant moi même intérieurement comme pour chercher si il y avait une autre réponse utile à porter auprès de lord Tywin mais non.  

   

   
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La Gérance de l’Ouest

Lord Crakehall, nous n’attendions plus que vous. Bienvenue à Castral Roc.



Lyle Crakehall & Tywin Lannister

Tywin pesa soigneusement les mots que venait de prononcer Lyle Crakehall. Ce dernier avait parlé de la façon la plus objective qu’il soit, même si Tywin restait persuadé que Ser Merlon avait forcément quelques défauts que Lord Lyle avait choisi de taire volontairement ou pas. Tout homme a sa part de faiblesse et Tywin n’échappait pas à la règle, et s’il y avait bien un homme qui pouvait connaître la part faible de Ser Merlon, cette personne ne pouvait être que son frère aîné. Quoi qu’il en soit, la réponse apportée par Lyle le confortait suffisamment pour poursuivre sur son idée de départ.

Fort bien ; j’ai rencontré votre jeune frère ainsi que son épouse il y a peu. Je voulais avoir l’avis de quelqu’un qui le connait mieux que moi avant de me prononcer sur ce que j’avais envisagé pour la maison Crakehall durant mon absence. Lord Lyle, je vous charge vous et votre frère de faire respecter l’ordre et la paix sur toutes les Terres de l’Ouest. Organisez-vous comme bon vous semble ; faîtes simplement en sorte que mon absence ne donne pas d’idées saugrenues à nos ennemis pour oser s’aventurer trop avant sur nos terres. Vous ferez vos rapports à mon frère qui lui-même se chargera de m’informer des affaires de l’Ouest les plus pressantes. Ne m’informez directement qu’en cas d’extrême nécessité.


Kevan acquiesça de la tête, avant de demander :

La question de Port-Lannis reste cependant ouverte ; l’un de nous doit en assurer la gestion si je dois venir m’établir pour quelques temps à Castral Roc. Lady Dorna restera à Port-Lannis avec nos quatre enfants, mais Lancel est encore trop jeune pour assurer une telle responsabilité, sans compter l’importance tant stratégique que commerciale de la cité…

Kevan regarda, durant une fraction de seconde, son neveu, puis reporta son attention tour-à-tour sur Lyle puis sur son frère. Ce dernier fixait sa coupe de vin d’un air dur, de l’air de quelqu’un en proie au doute et à l’hésitation. Le silence s’était soudain fait, dans la Salle des Héros, et ce fut Tyrion qui le brisa, prenant légèrement appui sur la table :

Père, Oncle, je ne suis peut-être pas le guerrier preux et courageux que vous êtes tous, mais j’ai d’autres aptitudes que je ne demande qu’à prouver. Vous m’avez bien envoyé au Val, pour les noces royales du Roi Régent et de Sansa Stark à votre place. Je vous représentais et ne vous ai guère fait défaut. En votre absence, Père, et au vu des lourdes responsabilités qui vous incombent désormais mon Oncle, ainsi qu’à vous, Lord Lyle, confiez-moi Port-Lannis. Je saurais la défendre et la protégerais au péril de ma vie s’il le faut…


A nouveau, le silence se fit, cette fois pesant, incommodant. Tywin avait toujours le regard braqué sur sa coupe en or, comme s’il n’avait pas entendu l’allocution de son fils, tandis que Kevan paraissait gêné plus qu’autre chose. Son regard passait d’une personne à l’autre et c’est après une profonde inspiration qu’il finit par dire :

Je ferais selon votre bon vouloir, mon frère. La tâche que vous déléguez à Lord Lyle est fort honorable et lui est toute indiquée… Néanmoins…


Là-dessus, les yeux bleus perçants de Tywin se levèrent sur son frère tandis que Kevan poursuivait :

Tyrion me semble être la personne la plus à même d’assurer l’intendance de Port-Lannis en mon absence. J’ai déjà pu remarquer son aptitude pour les négociations et les gestions financières, aptitudes qui lui seront fort utiles à Port-Lannis.


Tywin médita ces mots pendant un instant relativement long puis finir par répondre, d’abord à l’attention de Kevan, puis à celle de Tyrion :

Puisses-tu avoir raison. Tyrion, je te charge donc de la sécurité et de la gestion de Port-Lannis en l’absence de Kevan. Tout comme Lord Lyle, tu devras informer Kevan de la moindre chose qui te semblerait suspecte et moi-même en cas d’extrême nécessité.

Je le ferais…


Je n’ai pas terminé,le coupa Tywin. Tu seras aussi responsable de la sécurité de Lady Dorna et de ses quatre enfants. Que j’entende quoi que ce soit sur ta conduite ou pire encore, que cette cité tombe alors qu’elle était sous ta responsabilité et tu auras alors le privilège de choisir entre mon épée ou la Garde de Nuit. Me suis-je fait bien comprendre ?

Je vous l’ai dit ; je la défendrai au péril de ma vie s’il le faut, la cité et tous ses habitants, ce qui inclue ma chère belle-tante et mes chers neveux et nièce.

Le seul regard froid et dur que lui lança Tywin fut sa seule réponse. Prenant ensuite parchemin, plume et encre, Lord Tywin se mit à rédiger ses ordres de façon officielle :

Je, soussigné Tywin Lannister, Lord suzerain des Terres de l’Ouest, Seigneur de Castral-Roc, Bouclier de Port-Lannis et Grand Argentier de la Reine du Sud Rhaenys Targaryen, nomme Lord Kevan Lannister, Seigneur de Port-Lannis, à la gérance des Terres de l’Ouest et à la protection de Castral-Roc, Lord Tyrion Lannister, fils et héritier de Lord Tywin Lannister, à la gérance et à la protection de Port-Lannis durant l’exercice de mes fonctions à Port-Réal auprès de la Reine du Sud.

Lord Lyle Crakehall et son frère, Ser Merlon Crakehall, seront responsables du maintien de l’ordre, de la sécurité et de la paix sur les Terres de l’Ouest, en collaboration avec les troupes personnelles de Lord Tywin Lannister. Tout fait nécessitant d’être communiqué devra l’être auprès de Lord Tyrion Lannister s’il s’agit de Port-Lannis ou auprès de Lord Kevan Lannister, s’il s’agit de la totalité des Terres de l’Ouest.

Tout fait à caractère urgent devra être obligatoirement reporté à Lord Tywin Lannister, à Port-Réal.


Tywin y apposa ensuite sa signature et son sceau avant de le relire une dernière fois à haute voix à toute l’assemblée.

Chacun d’entre vous recevra une copie de ceci. A présent, à moins que vous n’ayez encore un point à évoquer avant mon départ ou une objection concernant cet ordre, parlez maintenant.


Tyrion et Kevan gardèrent le silence, signifiant leur accord. Tywin se tourna alors vers Lyle :

Lord Lyle ?


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La gérance de l'Ouest

   
« Le dévouement et la loyauté que je vous dois trouvent en eux mêmes leur salaire. »

   


   
Castral-Roc

   Minutieusement les instructions étaient transmises à l'ensemble de l'assemblée attablée autour du maître de maison qu'incarnait lord Tywin. L'intransigeance pouvait se lire sur son faciès, son regard brillant telle le soleil prêt à brûler jusqu'au nom de sa propre maison si elle devait ne jamais préserver la splendeur qu'il lui avait donné. Je me souviendrais de cette journée ou le cœur d'or s'accorda à la raison de rendre le monde plus grand, plus fort et puissant qu'il n'a jamais été et cela au sein même des Terres de l'Ouest. Je n'avais jusqu'ici que trop peu penché mon esprit aussi aiguisé soit-il sur l'importance d'une gestion restreinte centrée sur les qualités d'une famille souveraine et pérenne. Toutes ces choses étaient nouvelles pour moi mais, force de proposition et d'une adaptation à la hauteur des espérances qu'il accordait à ma personne et au travers de moi à ma maison je ne faillirai pas. Impensable, inimaginable, inconcevable était cette idée qui ne devait jamais effleurer et éreinter mes actions de part mes convictions les plus sincères. Aucun doute que je préférais être en exil plutôt que d'être une déception aux yeux du lion et pourtant je n'étais aucunement son fils alors imaginez-vous vous mettre à la place de son frère ou de son plus têtu de fils.

« Se sera fait monseigneur. » Lâchais-je reprenant une gorgée de la coupole qui déversait modestement le vin au travers d'un gosier qui ne se voulait pas trop avare dans pareil moment.

Je saluais le courage, l'acharnement que le petit lion malgré ces manières quelques peu négligées dont je n'allais sûrement pas lui porter moi préjudice par rapport à mon propre comportement qui laissait lui aussi à désirer. J’acquiesçais aux paroles sans sans broncher d'un hochement de tête ne coupant pas la parole de mon seigneur avant qu'il ne porte son attention à ce que nous pouvions dire ou apporter en plus à débattre ou à suggérer. L'on pouvait lire néanmoins l'étonnement de mes yeux se focaliser sur les paroles encourageantes et valorisantes que le seigneur Kevan portait à l'attention de son neveu. Surprenante déclaration et qui finalement ne tardait pas à apporter son lot de surprise en comparaison à ce que je pensais entendre naïvement peut être après ce début difficile et cette tension palpable malgré ma négligence à cerner l'ensemble du tableau familial et l'histoire qui les liaient les uns aux autres. Aucun doute à mon sens que le petit seigneur serait capable de grandes choses car son esprit même accaparer par les plus basses et vils désirs de l'homme qu'il incarnait possédait un esprit tout aussi aiguisé que celui de son père. L'on entendait si peu de bien de sa personne, le peu de choses que l'on pouvait ouïr des ragots et des dires faisaient l'objet de moqueries médiocres et d'un dédain si irrespectueux qu'il en faisait honte à sa maison. Lord Tywin n'était pas ainsi, il était imprévisible et à sa manière je l'imitais par son enseignement qu'il démontrait une nouvelle fois sous mes yeux. Le retournement de situation était là, bel et bien présent que je ne l'avais et ne pouvais le voir venir.

J'aime à croire que cette tâche est la première d'une ascension à laquelle je ne pouvais me soustraire d'une aucune façon. Il y a tout simplement des choses qui nous dépassent, des instants de notre vie que nous nous devons de saisir la gravité pour ne montrer que le meilleur de nous même. Je n'ai jamais demandé à avoir ce pouvoir, ces responsabilités. Il résulte des actions des personnes ayant croisés mon chemin et encore une fois, je n'avais pas le choix. Je saluais les paroles courageuses du petit lion quand mon nom fut cité le gratifiant d'un sourire étirant mes lèvres qu'il en était empreint d'une timide reconnaissance envers ceux qui m'accueillaient en cette pièce aujourd'hui. Le silence revint en maître et s'imposa quand Tywin nous questionna sur d'éventuelles objections aucun de nous n'éleva à nouveau la voix. Mes yeux et mon corps se tournèrent progressivement vers le Lord de Castral-Roc répondant d'un geste simple écartant mes mains devant moi et mon visage d'un hochement de tête négatif retroussant ma lèvre inférieure. Dans cette attitude et l'instant présent que nous partagions tous aucune question, remarque ou suggestion ne me venait à l'esprit. Les ordres étaient claires et précis et je n'avais pas d'objection ou de remarque plus constructive que la sienne. En aurait-il pu en être autrement ? Je ne pense pas, c'est alors que je répondais humblement à sa demande.

« Je crois que vous avez été on ne peut plus clair monseigneur. » Déclarais-je le gratifiant pour ce qu'il était et les responsabilités qu'il nous offrait à chacun de nous. Il était de mon devoir désormais de prouver au seigneur et désormais grand argentier de la couronne qu'il pouvait compter sur moi et ma maison encore plus qu'auparavant désormais. Je retenais de cette réunion que la collaboration de nos deux maisons au travers de Kevan et Tyrion Lannister mais aussi par mon jeune frère Merlon allaient s'intensifier et se rapprocher bien plus encore. Cette idée me réjouissait et soulageait l'esprit d'un frère toujours là à se tenir aux aguets d'une idée ou d'une autre qui pouvait l'éloigner de chez soi. Je savais que par cet ordre et ces directives que je pouvais maintenir celui-ci sur nos terres à ùes côtés.  

   

   
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