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"L'amour est égoiste" | Loras Tyrell & Daemon Sand

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An 300, Lune 8, Semaine 3


Loras Tyrell


Très cher Loras. Je ne sais quels mots devraient être couchés sur le parchemin que j'ai entre mes mains. Je ne sais s'il est nécessaire ou sage que je poursuive ce pli, ou que j'envisage seulement de te l'envoyer. J'ignore même si ces mots atteindront jamais tes yeux, mon aimé, puisque je devine déjà de l'autre côté de cette page la colère qui sera tienne lorsque tu liras ces lignes et que tu me reconnaîtra à travers elles.
Ma plume hésite, mais pas mon cœur, qui me dit de continuer et d'espérer que tes mains déplieront ce papier à défaut de recevoir une réponse, que j'attendrais, malgré tout.
Alors je prie, envers et contre tout, contre toi aussi, sans doute. Je prie pour que tu sois en vie. Je prie pour cela, et seulement pour cela.
Je ne prierais pas pour ton pardon qui m'est d'autant plus inaccessible que je ne te le demanderais pas, pas dans cette lettre en tout cas. Pourtant j'aurais l'impression, non, la certitude de mentir si je te disais que j'avais été triste lorsque ce matin mes yeux ont lu ces quelques lignes qui m'annonçaient la fin tragique de celui que vous appeliez Elijah. Je ne prétendrais pas non plus ignorer à quels risques j'ai exposé ta douce soeur. Je les connaissais déjà lorsque j'atteignais la demeure des Ferboys il y a quelques semaines de cela. A peine quelques semaines. Il me semble que c'était la veille que mon cheval passait le pas de la forteresse, une éternité pourtant alors que je demeurais, aveugle et sourd, privé de tes nouvelles. Finalement, la certitude d'avoir agi pour le bien de Dorne en livrant le fantôme de ce roi fou me pousse à 'écrire ce que je n'osais te dire plus tôt. Je ne demanderais jamais ton pardon. Parce que je ne le mérite pas, parce que je n'en ai que faire; ou tout simplement parce que peu importe désormais ce que nous déciderions de faire, aussi bas pourrais-je m'incliner pour l'implorer et aussi indulgent pourrais-tu jamais te montrer à mon égard; tout cela ne changerait rien à ce que j'ai fait.
Tout ce qui m'importe c'est que je ne saurais faire autrement désormais que de t'envoyer ces quelques mots, et prier pour que tu les lise, prier encore pour que tu ailles bien puisqu'il n'y a que cela qui compte. Comme je pense à toi.  Je veux que cette lettre te le dise. C'est tout ce que je souhaite; que ces mots te disent tout ce qu'il y a dans mes yeux et sur mes lèvres, dans mon être, qui se satisfait égoïstement du simple fait de te parler, de t'écrire, de m'adresser à toi. J'avais tant besoin de reposer mon esprit sur ton image et mes yeux sur un parchemin que tu verras. Si tu ne me pardonnes pas moi, pardonne au moins ce caprice

Ou que je sois tu m'accompagneras, malgré toi sans doute, malgré ta haine, ton indifférence ou ta rancune.


Daemon Sand
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Loras & Daemon
Correspondance Fief des Orme / Grâcedieu


An 300. Lune 8

Daemon,

Ne va jamais croire que je te déteste. Ce n'est pas le cas, loin de là. Aussi déplorable que cela puisse être, je te porte toujours dans mon cœur au point où ton absence pèse lourd sur mes épaules, où ta présence me manque plus que jamais. Je t'en veux énormément, certes, mais il y a des choses qu'on ne peut nier et tenter de mentir serait non seulement absurde, mais rendrait faux le ton de cette réponse que tu espérais tant. Quand mon oncle a déposé ta lettre au creux de mes mains, mon cœur a manqué un battement. Je ne savais à quoi m'attendre ; j'espérais au moins que ce papier porterait de bonnes nouvelles.  

Il y a un moment que j'ai arrêté d'essayer de comprendre les motivations de ton geste. Il y a longtemps que j'ai cessé de vouloir savoir pourquoi, assumant finalement que tu ne m'aimais peut-être pas autant que moi je le pouvais – et le peux toujours. Je ne t'en veux pas pour la mort d'Elijah : à vrai dire, elle m'importe tout autant que s'il n'avait été qu'un simple étranger. S'il était réellement qui il prétendait être, il est bien mieux mort que vivant. Je comprends que tu ais cru qu'il s'agissait de la bonne chose  à faire pour Dorne, j'aurais probablement fait de même pour le Bief, mais je continue de croire qu'il y existait probablement d'autres façons de se débarrasser de cet individu sans nécessairement mettre la vie de ma sœur en danger. Si Viserion n'avait pas été là, si l'homme de la ferme n'avait pas accompagné ma sœur, elle ne serait probablement plus de ce monde. Margaery est un des êtres les plus précieux que je porte dans mon cœur et je ne peux accepter ce qui aurait pu lui arriver. Lorsqu'elle m'est revenue, son regard n'était plus le même, secoué par la colère et sec d'avoir trop pleuré.  La véritable cause de ma colère – et non pas de ma haine, considérant que cela impliquerait de te détester – est toute autre, cependant : tu as fichu en l'air toute la confiance que je t'accordais. Auparavant, si tu m'avais demandé le monde, j'aurais tout fait pour te le donner. Maintenant, je ne sais plus. Tu étais un des seuls à posséder entre tes mains une telle confiance de ma part et je te croyais digne de l'avoir. J'espérais. Je ne suis pas du genre à accorder une seconde chance, mais je n'ai pas envie de te perdre. Je sais bien que tu ne demandes pas mon pardon, mais rien ne m'empêche de te le proposer. Si nous nous revoyons un jour, j'aimerais pouvoir voir que je peux à nouveau te faire confiance. Cela sera compliqué et long, certes, mais je doute que ce soit impossible ; je ne sais pas.  

Cela n'a pas réellement rapport avec le sujet, mais un ami à moi m'a informé de ce qui s'est passé à Harrenhal. Cette femme est folle et terriblement faible. Je regrette sincèrement de ne pas avoir été là : non seulement pour t'entendre déclamer cette glorieuse insulte, mais également pour lui faire comprendre que personne n'a le droit de te blesser ainsi. Je t'en veux certainement, mais cela ne m'empêche pas d'en vouloir bien plus aux gens qui lèvent la main sur toi. Je ne te demande qu'une chose : n'arrête pas d'être ce que tu étais ( mis à part un casseur de confiance, s'il te plaît ) à cause de cet handicap. Je comprends que ton orgueil puisse en avoir été frappé, mais essaie d'en tirer de nouvelles forces. S'il y a quelque chose que je dois bien à mon oncle, c'est de m'avoir appris à être résilient.

Malgré tous ces mots, ne va cependant pas croire que je ne suis pas en colère. Écrire ces phrases m'a demandé beaucoup de patience et un contrôle inhabituel de moi-même. Mes doigts tremblants ne savaient tenir la plume, à la constatation de cette vérité qui me fait mal, non sans me dégoûter, d'avouer.

Toujours tien malgré tout,
Loras Tyrell
electric bird.

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An 300, Lune 8, Semaine 3


Loras Tyrell




Loras.
Chacun de nous a sa blessure. J'ai la mienne. Mon orgueil la cache, en vain. Toujours vive, elle est là, sur ta dernière lettre au papier jaunissant où j'ai pu voir que ta main avait tremblé, où chaque goutte d'encre semble t'avoir coûté autant que si tu avait tracé ces mots avec ton propre sang.
Je relis ta lettre, me bornant à constater ce que je savais déjà, et à relire encore ta déception comme un assoiffé. Le sentiment m'est hélas tristement familier. De décevoir, j'en ai pris l'habitude. Toutes ces années j'ai cru que tu étais le seul être protégé de ce fléau qui a constamment su frappé mon entourage. Même avec toi, je peux dire désormais que je ne déroge pas à ma propre règle, la seule, sans doute, que j'ai jamais suivi.
Mieux que personne tu sais que la ruse m'est étrangère. La force, voilà tout ce que mon coeur connait pour s'exprimer, pour agir, pour être. Le temps n'était pas ce qui m'aurait manqué pour réfléchir et trouver, sans doute, une meilleure manière d'agir que la seule que mon esprit attrapa au vol alors que je n'écoutais que la peur farouche que m'inspirait cette créature contre nature et l'idée de sa présence à tes côtés. Ce qu'il m'aurait fallu, ce sont toutes ces qualités qui m'échappent et qui font les grands hommes que je vois autour de moi. La miséricorde, la patience, la tempérance, pour ne citer qu'elles. Ta soeur, ta chère soeur...Si tu pouvais être à mes côtés pour voir comme le poids de ma faute affaibli la poigne de ma main sur la plume. Vous trahir, la trahir, te trahir plutôt que de me trahir.  Je mesure mon égoisme, le reconnait avec amertume mais sans détresse. Ton ressentiment je le comprends, je le ressens sur ces quelques lignes et dans mon coeur de frère. Je ne peux t'en vouloir de renoncer à me croire ou à m'accorder ta confiance. Tu as raison. Accorde la plutôt à ceux dont l'âme, moins fière et moins instable que la mienne, sauront te protéger et te soutenir mieux que je ne le saurais jamais. Pourtant, crois cela si cela t'es encore possible, mon sang me brûle lorsque je tente de trouver comment te venir en aide. La nuit, le sommeil m'abandonne souvent. Mais jamais rien ne me vient.

Cher ange, je ne mérite pas ta compassion. Ces chaines et ce martyre sont le cadeau empoisonné de cette même fierté qui aurait pu tant coûter à Maergery et à toi-même. Comme tu me compliques la tâche de t'écrire. Cela aurait été si simple si tu t'en étais réjouis pour ce que cela représente à mes yeux, un juste retour des choses. Un revers du destin pour avoir tronqué ta confiance dans l'espoir vil que l'on m'attribua jamais la capture de ce monstre Targaryen. Je n'y ai gagné que la plus cuisante des défaites, la mort et la seule oeuvre que je laisse derrière ma gloire est l'opprobre qui touche ma famille.
Pour la première fois de ma vie je suis fatigué. Epuisé par ce sort qui s'acharne contre moi, contre ceux que j'aime. J'ai l'impression d'avoir vécu toute mon existence cette seule dernière année et, lorsque je regarde derrière moi, je ne vois rien. Tout s'est effondré. Que de choses qui sont mortes! A présent je me sens vieux.
Voilà que je me plains. Comme je me sens bête maintenant. Ces dernières lignes, j'ai l'envie de les raturer pour que jamais tu ne les lise. Mais ma fierté est trop blessée pour que je renonce à te faire part de cela, à toi qui, je le sais, mieux que personne le comprendra.

Je souffre moins en pensant à ma langue qu'en contemplant la désolation que cette femme a laissé dans nos vies. Le destin ne nous a pas épargné en la plaçant sur notre chemin. Elle et tous ceux qui se joignirent à elle. Si elle n'avait pas été, si seulement...J'ai parfois l'impression de lui avoir rendu la tâche facile dans cette sombre forteresse. Malgré tout, je n'arrive plus à la hair. On ne hait pas les monstres, on les occis. Peu à peu j'ai apprivoisé ce sentiment étrange qui me ronge et qui a remplacé la colère dans mon esprit, pour planter une pitié comme celle qui serre le coeur lorsque l'on doit abattre une bête enragée. Les Dieux pardonnent, peut-être, mais moi pas.
Tu me demandes d'être résilient. Je tâcherais de l'être. Au moins puis-je te faire cette mince promesse à défaut de pouvoir jurer qu'un jour tu pourras à nouveau me faire confiance.   
Cela fait des semaines maintenant que plus aucun mot ne passe la porte de mes lèvres. Par ces mots que je t'écris, j'ai enfin l'impression d'ouvrir mon coeur que la frustration, que l'emprisonnement menaçait d'empoisonner. J'ai l'impression de hurler tout ce que supportait mon âme lourde. Enfin, je respire.
T'aimer, c'est vivre.

Daemon Sand
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Loras & Daemon
Correspondance Fief des Orme / Grâcedieu


An 300. Lune 8

Daemon,

Je n'ai pas besoin d'être à tes côtés pour comprendre – pour voir – ce qui te motive à m'écrire ces lettres, la faiblesse de ta main serrant ta plume. Je te connais suffisamment pour le sentir à travers tes mots, pour m'imaginer. Certains me trouveraient certainement idiot, mais je crois aux mots que je lis. Parce que je sais que tu n'est pas hypocrite, Daemon, du moins pas avec moi. Enfin, j'ose le croire. Je pourrais pourtant me servir de « l'incident » pour me persuader du contraire, mais, entre toi et moi, tu ne m'as jamais dit que je pouvais t'accorder ma confiance. J'ai décidé de le faire, j'ai décidé d'y croire. Tu n'as jamais dit les mots « je ne te trahirai point » ou « tu peux me faire confiance ». Est-ce correct de qualifier quelqu'un d'hypocrite, voire de traître, pour une chose qu'il n'a pas exprimé vouloir se montrer fidèle à ? Pour avoir prétendu toujours aimé mon père et mon frère Garlan et pouvoir rendre honneur aux Tyrell, mon frère Willos s'est fait traitre et hypocrite en se liant d'amitié avec Gunthor Hightower et en se fiançant à une dame offerte par Rhaenys Targaryen ; en tout exemple ; les circonstances et l'ampleur ne sont pas les mêmes. Si je peux te pardonner, les Dieux savent que ce sera plus difficile pour moi d'offrir mon pardon à mon frère. Pourtant, Willos possède ces qualités qu'ont les grands hommes dont tu fais mention. Mon frère est calme, patient, réfléchit. Je ne pourrais jamais nier son intelligence et ses bonnes valeurs,  ce serait me montrer aveugle. Pourtant, cela ne l'a pas empêché de se plier, d'accepter tout ce qu'on lui tendait comme un oisillon qui ne sait se nourrir seul. Les qualités ne font pas d'un homme un grand homme. Ce qui fait d'un homme un grand homme est la façon dont il exploite ces dernières, celle dont il transforme ses défauts en forces. Pour être un artiste il ne suffit pas d'étaler des couleurs sur une toile, encore faut-il savoir les manier. Je t'aime pour tes qualités autant que pour tes défauts, pour tous ces détails qui font que tu es  toi.

Quand je lis que tu ne te sens pas digne de me protéger, je me vois lorsque j'ai dit la même chose à ma sœur. Lorsque j'ai cru qu'elle serait mieux ailleurs, aux côtés de Willos, qu'avec moi. Ces paroles qu'elle pensait débiles ne trouvaient leur fondement que dans mes insécurités. Je ne ressens pas le besoin d'être protégé – et je ne l'ai jamais ressenti –, mais je me suis toujours senti en sécurité dans tes bras. Non pas une sécurité physique, mais une sécurité morale. Quelque chose qui me raccrochait à une quelconque stabilité et qui me laissait comme un vide lorsque tu partais. Ce que tu as fait n'aurait pas pu me tuer – je n'étais pas là et tu le savais ! D'autant plus que les autorités dorniennes n'en n'ont probablement rien à faire du jeune Loras Tyrell normalement mort et supposément, selon ce que tu as dû leur dire, quelque part dans le Bief ; vous êtes bien trop à part pour vous soucier d'un détail aussi futile – , tu en avais contre ce monstre. Je sais que le jour où je retrouverai tes bras, je retrouverai cette bulle de sécurité également. Garlan tendait à me dire souvent que j'accordais mon pardon trop facilement. C'est honteux, mais il n'avait pas tord. Même si je pouvais me fâcher contre toi ou contre Margaery, je ne pourrais en vouloir assez longtemps à un ou à l'autre sans plier et me briser. Enfin, sauf si l'un de vous causait la mort d'un être cher. Je pense qu'il s'agit de la seule chose que je ne pourrais jamais pardonner ni à l'un ni à l'autre. J'ai toujours prétendu être fort, mais ces dernières lunes, plus que jamais, je crois que je me mentais. J'étais un enfant désillusionné qui croyait que le monde tournait autour de lui. Pourtant, je n'étais qu'une poussière parmi tant d'autres. Nous le sommes tous, n'est-ce pas ?

Le sort qui t'épuise m'épuise aussi. Si tu savais comment je suis fatigué de courir, comment il m'arrive souvent d'avoir envie de tout laisser tomber. J'ai parfois l'impression de porter le monde sur mes épaules, d'entreprendre des tâches trop ardues pour moi. Je  voudrais seulement fermer les yeux et dormir sans rêver. Sans repenser à la mort de mon frère et de mon père, au cri terrible de ma mère au moment où ils lui arrachèrent deux morceaux de son âme, sans penser à la tristesse dans laquelle elle doit se noyer présentement. Arrêter de me dire que j'aurais pu agir différement, que j'aurais pu faire de mon mieux pour que tout se passe autrement. Parfois, j'aimerais pouvoir être ailleurs sans m'inquiéter, sans croire que ma soeur est peut-être en danger. Être ailleurs, tout simplement. Loin d'ici. Je souhaite simplement un peu de paix. Un moment pour me dire que tout va bien.  Je ne dois être qu'un enfant capricieux, mais je souhaite plus que tout rentrer chez moi. Retrouver ma chambre, mes jardins, mes cousines ; me réveiller le matin, le cœur réchauffé par le soleil et un thé. Entendre ma sœur frapper à ma porte pour venir me raconter ses états d'âme comme elle le faisait avant. Même entendre ma grand-mère me rappeler à quel point je suis stupide me manque.  Savoir tout ce qui t'arrive m'épuise encore plus. Car j'aimerais être là pour te défendre, pour te rassurer. Car parfois il m'arrive de croire que j'ai fait quelque chose de mal pour que le sort semble me détester autant, pour qu'il semble détester l'homme qui a pris mon cœur. C'est injuste. Les circonstances sont injustes.  

Je ne veux jamais que tu te sentes honteux de me raconter quoi que ce soit. Toutes ces parcelles de toi je les accueille sans les juger. Aimer c'est comprendre l'autre. Accepter ses défaites et ses hontes. Je suis là et tout ce que tu souhaites me dire, je le lirai sans m'en plaindre. Je suis là pour que tu puisses ouvrir ton cœur, pour que tu te sentes un peu moins oppressé par toutes ces choses qui rongent ton cœur et ton esprit.  Si tu souhaites m'aider, pense à moi comme je pense à toi. Je n'ai jamais oublié comment tes bras me serraient, la douceur à la fois l'ardeur de tes lèvres sur ma peau, la chaleur de ton souffle contre mon cou ni même la sensation de tes doigts dans mes cheveux. Pas même après tout ce temps. Ces souvenirs de chaque minute en ta présence, de toutes ces promesses que j'ai pu te faire et que je tiendrai toujours, restent avec moi comme des fantômes veillant à ce je n'oublie jamais. Maintenant plus que jamais,  je ressens le besoin d'être près de toi et de te serrer contre moi, coller mon oreille contre ton torse et écouter ton cœur battre ; peut-être m'endormir, bercé par son écho.

Je t'aime tellement,
Loras Tyrell
electric bird.

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An 300, Lune 8


Loras Tyrell




Loras,

Une voix plus mesurée devrait certainement chercher à te rassurer quant aux motivations de ton ainé. Mais ce serait tenter d'expliquer l'inexplicable. Tu sais déjà mon sentiment pour les gens qui ploient le genou, ton frère ne fait pas exception à mes yeux. La volonté de survivre n'excuse pas tout et si l'on dit Willos intelligent, je doute sérieusement de son discernement ainsi que de son sens de l'honneur. Pourtant je me souviens comme le Prince Oberyn m'avait vanté les mérites de cet adversaire blessé et,malgré tout, digne dans la défaite. J'ai vu mille fois plus de noblesse dans la misère que tu supportais que dans sa prosternation et je ne reconnais plus cet homme qui semblait cher au coeur du Prince. Les années auront sans doute tronqué ce jugement qu'il fit lors de ce tournoi. En ces temps difficiles, j'aime à penser qu'il ne fait que garder Hautjardin pour ta soeur ainsi que pour toi. Maergery n'a probablement que faire de mon avis mais je crois, non, je sais que vous méritez cent fois de retrouver votre foyer pour ce que la médiocrité d'esprit de votre ainé a réussi à en conserver avec son menton qui acquiesce trop facilement, et ses pantalons qui au niveau du genou doivent déjà s'user et se salir.
Se maintenir péniblement par la ruse ainsi qu'il le fait...Je n'ose imaginer geste plus avilissant. Votre frère me semble bien pauvre de là où je regarde, empêtré dans ses lettres et cet esprit que l'on loue à tord comme un cheval qui soudain dépourvu de cavalier, emmêlé dans ses brides et sans avoir l'intelligence de s’échapper, va rejoindre docilement le premier badaud qui passe et le suivre sans une ruade.

Il est bien terne ce frère prodige comparé à toi, le chevalier des Fleurs. Et ce jour radieux et sombre où je te retrouvais dans les Montagnes Rouges, je me souviens t'avoir vu embrasser la misère comme tu embrassais autrefois la gloire d'être mille fois ce que d'autres ne seraient jamais.  Cela m'a même rappelé la première fois où je te vis et a ravivé la jalousie que je ressentis alors, à te voir être cette flamme que tout le monde regardait malgré mes efforts pour égaler ce que les Dieux t'avaient offert. Il t'avait suffit de sourire pour effacer la victoire que je venais d'arracher à ton frère, Garlan, t'en souviens-tu? Je t'ai tant hai à cet instant, j'ai même, je crois, eu un instant le désir de te tuer, pour effacer ce sourire solaire qui m'avait volé ma victoire. J'étais envieux, et je le suis toujours, de cette vitalité qui est tienne.

Pourtant j'aime revisiter en rêve cette vie que nous ne retrouverons jamais, tout comme j'aime croire, poussé par l'impatience et la certitude, qu'à nouveau tu vaincras. Il était facile d'être ce que nous étions. Nos noms nous devançaient dans chaque pays où nous nous rendions avec la certitude d'y être accueilli sans surprise, si ce n'était par la joie à chaque fois renouvelée d'être encouragé ou applaudi. Mais rien ne nous a jamais préparé à ce que seul le silence accompagne nos pas. Même le mutisme du désert ne m'a jamais semblé aussi lourd que celui qui nous entoure désormais. Notre façon d'agir  déplaît, on nous désapprouve. Avons-nous si tord de vouloir accomplir l’ascension de cette montagne, jusqu'à nous en faire saigner les mains et les pieds, plutôt que de suivre docilement la pente?
Tes doutes sont légitimes. On ne nous a appris qu'à être le centre d'une attention factice, nos coeurs se sont habitués à voir le moindre de nos gestes observé, admiré, acclamé ou non. On ne nous a pas préparé à ce que la foule nous ignore, à ce que la lumière de ces regards se détourne en notre présence, à ce que la chaleur de l'adoration nous quitte pour ne nous laisser que des cendres froides. Mais après tout, qu'importe!
Nous n'avons pas eu besoin de l'approbation du commun pour affronter une reine couronnée, pour essuyer son courroux et pour nous relever. Ils ont beau essayer d'humilier ma famille-ils veulent nous affamer maintenant, le savais-tu?- et d'enterrer la tienne nous sommes toujours là. Nous ne sommes pas bien brillants, et moins flamboyants qu'autrefois, cependant être ces cailloux sous leurs pieds me plait. C'est une victoire dérisoire, mais savoir que notre existence les effraie me conforte dans notre entêtement. C'est que nous devons leur paraître bien féroces pour qu'ils tiennent à nous écraser si fort!

N'abandonne pas si facilement ce que tu as gagné. Viserys a été tué mais ton secret est demeuré sauf. Pour ce que je sais, ta soeur et toi êtes  morts aux yeux de Dorne et, jusqu'à présent, le Prince n'a jamais fait mention de cet homme et de son dragon que les hommes de Ferboys combattirent dans les Montagnes. Mais Doran tait tant de secrets. On appelle Oberyn la Vipère Rouge mais parfois, je pense que le véritable serpent c'est lui. Tapis dans l'ombre il attend pour frapper, lui et ses espions que je sais nombreux. Seule Dorne semble l’intéresser et je prie les Sept pour que cela continue ainsi.  Cependant, son silence m'inquiète. Je n'ai jamais été proche de lui, mais j'ai appris à l'observer auprès de son frère. J'ai vu sa manière d'agir, sournoise et sage. Nous sommes devenus de tels parias que j'ai parfois l'impression que chaque geste esquissé à la Grâcedieu lui est rapporté et je m'attends à être suivi si jamais je venais à quitter la demeure de mes ancêtres.   Comme j'aimerais le faire, si tu savais. Les semaines ici se passent et se ressemblent. Malgré la disgrâce, les sujets de ma soeur semblent témoigner une loyauté renouvelée, fortifiée à leur Lady, et je sais que le peuple du Bief attend d'être gouverné par un homme qui n'aura pas abandonné devant la reine qu'ils ont banni de leurs terres. Ici, l'Hiver s'est installé, et les jardins de la Grâcedieu me rappellent les vergers de Hautjardin. J'aide aux récoltes, elles sont prodigieuses, mais la joie relative n'arrive pas à étouffer le désir de mon coeur de m'éclipser. Depuis mes douze ans je n'ai fait que voyager et chacune de tes lettres ravive en moi le désir de prendre la mer pour te rejoindre, où que tu sois. Si je pouvais partir avec la garantie qu'aucun fléau ne surgirait derrière moi, je le ferais sans hésiter. Je hais ces chaines qu'ils ont refermé sur les poignets de ma famille, en enfermant mon frère à Port Réal, en sanglant la Grâcedieu, en muselant notre Nom. Mais ma soeur a su trouver des alliés là où je nous pensais condamnés à l'isolement en épousant un le Voi, en fiançant mon frère à la petite Noirmont. Son mariage m'a semblé irréel, une bulle de paix comme tu en désires tant, incongrue et pourtant bienvenue. Son époux est d'ailleurs déplaisant, fort de malice et d'avidité, il a plusieurs fois tenté de se moquer de moi mais mon indifférence semble l'avoir fait se raviser. Quoiqu'il en soit, j'ai la certitude que le jour où tu me demanderas de te rejoindre ces clans seront un rempart suffisant pour protéger la Grâcedieu même si, je n'en doute pas, la férocité seule de ma soeur suffirait à abriter notre demeure et ses habitants en mon absence.

Tu me manques cruellement,




Daemon Sand
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Loras & Daemon
Correspondance Fief des Orme / Grâcedieu


An 300. Lune 8

Daemon,

Peu importe, ne t’inquiètes pas, je n’abandonnerai pas si facilement. Oui, il m’arrive de douter, c’est normal, mais lorsque j’entreprends quelque chose je me rends au bout. J’ai toujours pensé ainsi et cela ne changera pas. Je ne crains pas la mort, c’est pourquoi j’arrive à tenir si longtemps. Les gens qui la craignent ne suivent pas longtemps leurs ambitions. D’ailleurs, il s’agit de la seule promesse que je n’ai pas pu faire à ma sœur : celle de ne pas mourir. Je ne peux promettre cela, sachant très bien que si mes entreprises ne portent pas fruits, je n’aurai d’autres choix que d’embrasser l’Étranger. Je suis tout à fait conscient que si les gens qui veulent ma tête me tombent dessus, je n’en aurai plus pour longtemps : je doute que la Targaryen me laisse avoir un duel judiciaire. Je fais de mon mieux, je te le promets, mais il y a tant de choses que je ne peux prévoir. Je ne veux pas que tu te fasses de soucis concernant tout ça, promets-le-moi. Encourage-moi, crois en moi, mais ne sois pas inquiet.

Tu sais, j’ai l’impression que la façon d’agir de Willos repose sur autre chose que sur l’instinct de survie. Au fond de moi, je crois qu’il cherche à récupérer cette « gloire » et ces regards qui lui ont été enlevés le jour où il a été blessé. Dès lors, l’attention de la foule se dirigea vers Garlan et, plus tard, moi. Il avait beau être l’héritier, il n’était pas le plus flamboyant et bien que nous tentassions de le marier, sans succès – tu serais peut-être surpris de savoir que Willos aurait pu épouser Rhaenys Targaryen, or le désamour de mon père envers tout ce qui est, ne serait-ce qu’un peu, dornien a pris le dessus. –, la plupart des pères semblaient préférer me présenter leur fille plutôt que de se tourner vers Willos. Toute mon enfance, je n’ai éprouvé que très peu de scrupules à voler l’attention qui aurait dû être dirigée vers d’autres. Bien qu’on m’aimât beaucoup, je comprends maintenant qu’on me détestât tout autant.  Je n’ai jamais été le petit frère exemplaire envers Willos. Plus je vieillissais, plus ma voix était arrogante lorsque je lui parlais, moins je montrais envers lui la considération qu’il méritait. Je n’ai jamais détesté Willos, mais je n’ai jamais agi convenablement envers lui. Pourtant, personne ne me faisait savoir que mon comportement était détestable (sauf peut-être Garlan ) et aujourd’hui j’en paie le prix.

Tu mentionnes mon sourire qui a éclipsé ta gloire lors de ta victoire contre Garlan. Je ne te l’ai certainement jamais dit, mon orgueil préférant parfois taire certaines choses, mais si je souriais, ce n’était pas pour attirer l’attention vers moi ni quoi que ce soit qui aurait pu te faire de l’ombre, non. Je souriais, car tu avais gagné. La première fois que mes yeux se sont posés sur toi, je t’ai trouvé beau, je voulais ton attention plus que celle de n’importe qui. Si j’avais eu le choix entre celle de ma sœur, de mon père ou la tienne, la décision n’aurait pas été difficile. Même si mon père passait son temps à déballer à quel point les Dorniens étaient des êtres horribles, à quel point le jeune écuyer d’Oberyn Martell devait probablement être comme lui – je n’avais jamais vu mon père aussi tendu lors d’un tournoi, bien qu’il ne s’agissait pas du premier tournoi de Garlan, je pense qu’il craignait qu’il se produise la même chose qu’avec Willos  – , je ne me souciais pas de tout cela ; je voulais ton regard posé sur moi. Les papillons que tu faisais naître au creux de mon ventre et mes jambes que tu rendais si molles me donnaient l’impression d’être stupide. C’était la première fois que je me sentais ainsi.

Ce sentiment que tu mentionnes à la fin de ta lettre, je le partage aussi. J’ai passé toutes ces années à espérer te garder près de moi plus longtemps que ces courtes visites que tu m’accordais parfois à Hautjardin. Pourtant, aucune de ces sensations n’a la prétention de s’affirmer aussi forte que celle que j’éprouve présentement. Je peux te sembler sentimental – ce n’est pas nouveau, cependant, je l’ai toujours été –, mais si je ne faisais qu’écouter mes envies impulsives et égoïstes, je te demanderais de venir me rejoindre immédiatement ; de calmer mon impatience en ne me laissant plus attendre, me permettre de te ravoir à mes côtés. Pourtant, je ne peux formuler cette demande pour le moment. Il s’agirait d’un acte stupide et insensé. Non pas que je ne le souhaite pas, encore moins car ma rancune prend le dessus, loin de là. Dans les faits, les événements sont simplement très frais dans les mémoires. Gunthor Hightower voue une telle amitié aveugle à la Reine – qui a été chassée des terres biefoises par le peuple lui-même ! et ce dernier se réduit à manger aux pieds de cet homme, oubliant pourtant la colère que cette femme avait fait naître en lui –  que je doute que les frontières séparant le Bief de Dorne voient leur surveillance diminuer aussi tôt. L’armée du Bief est nombreuse et forte, mieux vaut ne pas s’y frotter sans raisons valables. Je ne veux pas risquer de te perdre – ou que tu sois à nouveau blessé – pour un de mes caprices.  

En fait, je mens un peu : si les frontières continentales sont bien gardées (enfin, j’ai pu constater certaines failles au niveau de la côte ouest, vers le nord, considérant que j’y suis passé très – voire trop – facilement en début de lune. Cette région me semble très mal gardée. Il en va de même pour la route jusque dans les environs de Hautjardin. J’ai pu me rendre sur un fief allié sans trop d’accrochages. Je ne sais pas qui se charge désormais de l’armée et des gardes, mais cet homme aurait besoin de revoir ses techniques d’organisation), c’est une autre paire de manches lorsque nous parlons de sécurité maritime. Celle-ci est assurée par mon oncle et ses hommes. Bien qu’il suive généralement assez bien les recommandations du Roi – histoire de ne pas passer trop aperçu – certaines mesures sont allégées ou déviées dans le but de faciliter les déplacements des gens alliés à ma cause ainsi que les miens et ceux de ma sœur dans un avenir plus ou moins éloigné. Il en va de même pour les ports de La Treille. Si un jour j’en viens à te demander de me rejoindre, j’exige que cela se fasse par voie maritime et que le débarquement ait lieu à La Treille.

S’il te venait l’envie d’agir impulsivement, sache que je ne suis présentement pas sur les terres de mon oncle et que je n’ai aucune idée du moment où j’y retournerai. Bien que je ne me sente pas particulièrement menacé, je préfère ne pas avoir à faire trop de déplacements de grande envergure sur les terres biefoises. Je retournerai à La Treille lorsque j’aurai conclu tout ce que j’ai à conclure sur le Bief continental.

Même si tu n’es pas près de moi, je te porte toujours dans mon cœur,
Loras Tyrell

electric bird.

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