East of the Sun and West of the Moon • Lyarra & Asher.

Ça lui faisait tout drôle d’être de retour à Ironrath. Même si elle ne s’y était rendue seulement quelques fois dans le passé, elle y avait de très bons souvenirs dans l’ensemble. Et puis, c’était sa première vraie sortie depuis son retour de Dorne, elle ne pouvait qu’apprécier fouler la terre et la neige de ses pieds plutôt qu’errer dans la bibliothèque de Castel-Cerwyn. Non pas qu’elle n’apprécie pas la compagnie des livres et du mestre, mais ce n’était pas pareil que de partir à l’aventure, que d’explorer, et puis elle ne voyait que les mêmes visages chaque jour, dont celui de son père. Cley, quant à lui, il avait fait le choix de partir pour Port-Réal, elle n’a pas pu lui en vouloir, car lui au moins, il était libre de ses actes. Mais elle aurait tant aimé qu’il l’emmène avec lui et qu’ils échappent à la mauvaise humeur de Medger ensemble. Mais elle comprenait le choix d’être parti seul. Il lui en voulait encore pour l’avoir emmené avec elle et d’avoir obtenu en récompense d’être déshérité. Elle occupait tout de même une partie de ses journées à écrire des lettres à Cley, pour la plupart sans réponse. Mais elle tâcherait d’envoyer un corbeau pour lui faire savoir qu’elle a pu retourner à Ironrath et lui demander s’il compte se rendre au tournoi d’Harrenhal, ainsi qu’au mariage royal. Elle espérait s’y rendre aussi et avoir la chance de revoir son frère.

Mais l’heure était au vagabondage dans le bois-aux-loups. Edwin avait des choses à faire et lui avait demandé de trouver une occupation pour l’après-midi, avant de se retrouver pour le repas. Ils avaient partagé tellement de choses de leurs voyages respectifs, mais elle ne pouvait s’empêcher de rêver qu’elle partirait un jour en Essos, comme lui, les petits objets qu’il avait ramenés lui avaient tant donné envie. Mais pour le moment ce n’était qu’un rêve, en attendant, elle allait devoir se contenter du Nord et d’Ironrath, ce qui était déjà pas mal. Elle avait toujours admiré leur façon de travailler le ferrugier, son père lui avait d’ailleurs demandé de voir avec le seigneur des lieux – donc Edwin, s’il était possible de se rencontrer dans un avenir prochain, probablement pour discuter échange et commerce. Il n’avait bien entendu pas demandé à Lyarra de s’en charger, il ne lui faisait pas confiance pour cela, et c’était une bonne chose, parce que ce n’était pas du tout son domaine. Autant l’histoire, les légendes ou encore les stratégies martiales, ça la connaissait, mais pour le commerce, elle se perdait au moindre chiffre.

Elle était donc sortie de l’enceinte d’Ironrath, on avait tenté de l’en empêcher, prétextant que c’était dangereux, mais elle avait promis qu’elle ne s’éloignerait pas trop. Elle avait traversé tout le continent uniquement accompagnée de Cley et elle était encore en vie, même si elle savait le bois-aux-loups très dangereux, elle savait qu’en restant pas trop loin de la demeure des Forestier, elle ne risquait rien, elle courait vite quand il fallait et elle avait une dague avec elle, juste au cas où. Elle avait juste besoin de prendre un peu l’air et surtout d’échapper aux sœurs d’Edwin, elle ne voulait pas encore être assaillie de questions pour savoir qui elle allait épouser alors que la réponse était claire, elle ne voulait épouser personne. Même si les jumelles sont adorables, elles sont trop curieuses, tout comme Lyarra à vrai dire, mais en pire. Elle se rend compte de ce que certaines personnes subissent quand elle pose des questions sans prendre le temps de respirer. Elle savait donc que les jumelles ne la suivraient pas jusque dans le bois, elle allait pouvoir prendre le temps de réfléchir et de rêver à un futur voyage, même si théoriquement ça paraissait compliqué.

Elle ne reconnaissait aucune plante qu’elle aurait pu ramener au mestre d’ironrath, histoire de se rendre utile, la neige avait tout dévasté sur son passage. Rares sont les plantes qui poussent durant l’hiver et sous cette neige, en dehors des roses d’hiver, mais jusque-là, elle n’en avait jamais vues encore. Mais alors qu’elle marchait simplement, perdue dans ses pensées, elle entendit des aboiements. Elle se doutait qu’il s’agissait de chiens et pas de loups, mais elle ne savait pas s’il était mieux de courir pour s’enfuir ou plutôt de rester immobile et attendre qu’ils s’en aillent, quand ils auront compris qu’elle n’est pas bonne à manger – du moins pas à sa connaissance. Elle opta donc pour la deuxième option, avec un peu de chance, les chiens seraient gentils et elle pourrait les caresser pour leur dire gentiment de passer leur chemin par la suite. Elle n’aime pas trop ces bestioles, elle les tolère, mais préfère tout de même quand ils sont loin d’elle. Les gros chiens vinrent l’entourer tout en continuant d’aboyer. Elle ne savait pas s’ils lui disaient qu’ils allaient la manger ou s’ils voulaient tout simplement jouer, mais elle préférait ne pas faire de geste brusque, en attendant qu’ils se lassent et s’en aillent tout simplement.

Mais un bruit de craquement de branche se fit entendre et là, Lyarra se figea. La chose qui avait fait craquer la branche pouvait être une bête encore plus féroce, silencieuse du moins. Ça ne la mettait pas du tout à l’aise et elle décida même d’éviter de respirer. La silhouette sortit de la pénombre et elle remarqua alors qu’il s’agissait d’un homme. Celui-ci la pointait avec la flèche de son arc, elle ne se sentait pas vraiment plus rassurée à vrai dire. Elle n’arrivait pas à voir clairement son visage, caché derrière l’arc qu’il bandait. Elle ne disait rien, ne faisait rien, elle ne savait pas quelles issues s’offraient à elle dans cette situation, jusqu’à ce que l’homme se mette à rire. La voix lui disait quelque chose et l’homme semblait la connaître puisqu’il demandait ce qu’une Cerwyn faisait dans le bois. Elle se trouva bête de ne pas le reconnaître tout de suite. Mais l’homme baissa son arme et rappela ses chiens, et là elle reconnût Asher Forestier, le cousin d’Edwin. Elle l’avait rencontré de nombreuses années auparavant, même s’ils n’avaient jamais été particulièrement proches, il faisait partie de la famille, autrefois plus nombreuse. Il lui fit remarquer qu’elle avait changé et surtout qu’elle avait manqué de servir de dîner. Ça, elle l’avait bien vu, et elle était heureuse que ça ne soit pas arrivé. Son cousin n’aurait probablement pas apprécié, elle l’espère du moins. « Asher Forestier, je ne vous avais pas reconnu. Je ne comptais pas vous laisser me transformer en gibier, je vous rassure. » En réalité, elle n’a aucune idée de la manière dont elle se serait sortie de cette situation s’il ne s’agissait pas de cette personne. Il rajouta qu’il avait été prévenu de la visite de la Cerwyn mais qu’il ne s’attendait pas à la trouver là, évidemment. « En effet, je me doute que ce n’est pas le lieu habituel pour des retrouvailles, mais oui, j’ai vu Edwin ce matin. Il était occupé, alors j’avais du temps libre et entre nous, j’ai préféré échapper aux terreurs que sont les jumelles. Depuis hier, elles n’ont pas arrêté de me poser des questions. Je ne vous ai pas vu au dîner hier soir, c’est sûrement pour cette raison que je ne vous ai pas reconnu tout de suite. » Elle s’approcha de l’homme, tout en gardant ses distances avec les chiens, plus ils étaient loin d’elle, mieux elle se sentait. « Vous êtes donc en train de chasser ? Est-ce que ça porte ses fruits pour le moment ? L’hiver semble avoir poussé bon nombre d’animaux à se retrancher pour hiberner. » Elle n’avait pas vu beaucoup d’animaux depuis qu’elle était entrée dans le bois, mais c’était probablement parce qu’elle était bruyante dans sa démarche. « Voulez-vous que je vous accompagne chasser ? J’accompagnais mon frère chasser lorsque je voyageais à travers Westeros. Je l’aidais surtout à repérer les gibiers et à achever les bêtes. Je n’ai jamais été très douée pour le tir à l’arc… Mais si vous considérez que je serai plus une gêne qu’autre chose, je vous laisserai chasser tranquillement et je retournerai à Ironrath. » S’il préférait chasser seul, elle n’allait pas rester à traîner dans les bois, elle risquait de réellement être transformée en dîner.