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[Roches-aux-Runes] We need to talk about Ysilla (Andar & Creighton)

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We need to talk about Ysilla

Roches-aux-Runes - An 300, lune 8, fin de la 1ère semaine



Andar Royce & Creighton Rougefort

Creighton avait demandé à ce qu'on lui envoie un corbeau dès que les Royce seraient rentrés des festivités d'Harrenhal. Avec le mariage d'Elbert Arryn et Sansa Stark dans quelques jours, il n'avait pas beaucoup de temps pour pouvoir discuter calmement avec son ami, sans quoi ses chances seraient très certainement noyées lors du grand rassemblement qui se préparait. Son père avait déjà abordé le sujet avec Andar mais pour Mychel, s'il n'allait pas lui parler maintenant, les choses se concrétiseraient sûrement entre les deux jeunes gens, le laissant encore une fois à l'écart. L'ambiance avait été quelque peu étrange à Rougefort depuis son intervention. Seul Jasper avait semblé le comprendre, ou du moins faire l'effort d'essayer. Son père ne comprenait pas sa soudaine lubie, mais elle le distrayait, il ne s'en cachait pas. Jon n'avait pas manqué de le chercher sur le sujet, le faisant bouillonner de rage intérieurement. Son petit frère pouvait être d'un maladroit socialement, cela en était même exaspérant. D'autres fois, Creighton s'en serait très certainement amusé, lui retournant les moqueries, mais l'état d'esprit du deuxième Rougefort n'avait pas changé depuis l'annonce de son père. Et tant qu'il ne serait pas fixé avec Andar, il resterait dans cet état, cela ne faisait pas de doute. Mychel de son côté ne semblait pas fixé, s'il devait en vouloir à son frère de tenter de lui dérober une jolie lady, ou au contraire, le remercier de lui accorder encore quelques années de liberté et d'amusement. Bien sûr, il aurait pu s'amuser en étant marié à Ysilla, mais pas dès le début, pas s'il ne voulait pas compromettre le rapprochement des deux familles. Alors son humeur et ses remarques à l'encontre de Creighton alternaient selon la réflexion que son esprit privilégiait sur le moment. Mais cela ne touchait pas le jeune homme. Même Jeyne avait été surprise par ce qu'on lui avait rapporté de l'échange et n'avait pu s'empêcher de le questionner. Elle avait d'abord râlé et protesté évidemment puisqu'on lui hotait peut-être une bonne alliance pour son fils. Mais elle savait que les choses n'étaient pas encore gagnées pour son beau-fils. Et puis au fil des jours, elle s'était rassurée en se disant qu'elle trouverait forcément une alliance digne de ce nom pour son trésor de fils.

Une fois le corbeau reçu, Creighton n'avait pas hésité à deux fois. Bien que cette rencontre ne le réjouissait pas, puisqu'il craignait à présent d'assister à l'incompréhension de son ami et peut-être même son refus. Mais il avait besoin d'en avoir le cœur net, il en avait marre de subir les courants que la vie choisissait pour lui. Son père lui avait offert l'opportunité de défendre son propre choix et il n'allait pas le laisser filer. Enfourchant son étalon, il s'était mis en route vers Roches aux Runes à toute vitesse, ne laissant guère de repos à son cheval. A cette vitesse, le soir-même il arrivait sur les côtes valoises qui hébergeaient la famille Royce. Il se doutait qu'à cette heure là, la famille avait déjà dîner et qu'une partie de la demeure dormait peut-être même déjà. Mais connaissant Andar, il ne l'imaginait pas dormir à poings fermés de sitôt, plutôt en train de revoir des parchemins et encore plus de parchemins à la lueur de la bougie dans son bureau. En tout cas, il percevait encore des lumières des ouvertures de la grande tour. Il s'arrêta lorsqu'un garde l’interpella, lui demandant de décliner son identité et la raison de sa présence si tardive en ces lieux. Creighton lui offrit un immense sourire, même si dans le noir, il doutait que cela ne soit très utile. Mais il avait toujours entendu dire que cela s'entendait quand quelqu'un parlait avec le sourire. « Bonsoir ser, merci d'annoncer à votre seigneur Lord Royce que Creighton Rougefort est à sa porte. Il est bien entendu navré d'arriver si tard, mais c'est une affaire plutôt pressante. »

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Roches-aux-Runes - An 300, lune 8, fin de la 1ère semaine



Andar Royce & Creighton Rougefort

Le château de Roche-aux-runes venait de retrouver sa famille, les serviteurs s'étaient activés pour accueillir les maîtres de la maison convenablement. Tout se devait d'être parfait. La main du roi avait décidé qu'il serait bon pour eux tous de se retrouver un peu chez eux, avant de repartir pour le grand mariage aux portes de la lune. Le dernier mariage d'Elbert avait mal fini, le Royce en avait d'ailleurs payé le prix fort en perdant leur seigneur. Yohn avait souffert durant des semaines, des suites de sa blessure, avant d'aller enfin rejoindre les sept et cela ne pouvait quitter l'esprit d'Andar, car telle la citation de la famille, il se souvenait. À peine eut-il posé le pied-à-terre que le Mestre Helliweg vint à sa rencontre, comme toujours Andar n'avait que peu l'occasion de prendre une pause. Ordonnant aux serviteurs de s'occuper de leurs bagages, il promit à son épouse d'être là pour le dîner. Malheureusement, il ne put tenir sa promesse, trop de travail l'attendait, Andar ne vit les heures passées, ni même la nuit tombée.

Perdu dans ses pensées, plume à la main, face à une lettre importante. Il repensait au Conflans, au grand tournoi d'Harrenhal. À l'image du précèdent tournoi, celui-ci avait tourné mal. Si ce Dornien ne s'était pas montré grossier, si Elbert n'avait pas voulu un procès, si Valena Allyrion n'avait pas parlé sans réfléchir et encore biens d'autres si, qui restait en suspens dans son esprit. Il ne pouvait plus revenir sur ce qui s'était passé, mais au moins il pouvait essayer de voir s'il était possible d'améliorer la diplomatie entre les différents royaumes. Près de lui était reposé un plateau d'un repas dont il n'avait même pas touché, à l'extérieur, il pouvait entendre les cris d'une chouette, mais rien ne le faisait lever le nez de cette lettre, cherchant les mots et une formulation adéquate. Puis d'un coup, il sursauta, ne s'attendant pas à entendre toquer contre sa porte. Un de ces serviteurs vint le prévenir que Ser Creighton Rougefort tenait à le voir pour une affaire pressante. Intrigué par la situation, il rangea sa plume et se leva, voulant aller accueillir le chevalier.

Horton Rougefort, le père de Creighton, était venu le trouver, peu avant son départ pour le tournoi. Celui-ci voulait allier leurs deux familles par le mariage en mariant Mychel à Ysilla, fait surprenant vu que quelques jours plus tard, Elbert proposait de marier sa soeur au Conflans. La main avait donc précisé vouloir réfléchir. Cette discussion fut suivie par d'autres et petit à petit, l'idée vint à séduire Andar. Par ce mariage, deux grandes maisons du Val allaient s'allier et surtout sa soeur ne se retrouverait pas à vivre dans une région étrangère. Il était décidé à ne pas confier l'avenir de sa soeur à n'importe qui, certes cela restait un mariage diplomatique, mais la main comptait aussi lui trouver un mari qui lui s'occuperait bien d'elle. Descendant les marches de Roche-aux runes, il vit le chevalier passé la porte du château et alla donc le rejoindre.

- Creighton, je suis étonné par ta visite tardive. Lui tendant la main. On m'a dit que tu voulais parler d'une histoire urgente avec moi.

Comme souvent, il parlait avec calme malgré le fait qu'il soit soucieux de sa présence. Le chevalier ne s'était pas rendu au tournoi, peut-être avait-il appris une nouvelle alarmante pour le royaume. Loin d'imaginer qu'il s'agissait au final du mariage de sa soeur, vu que c'était Mychel, la personne concernée. Lui montrant la direction à prendre, Andar avança près de lui. 

- As-tu pris le temps de te restaurer ?

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Roches-aux-Runes - An 300, lune 8, fin de la 1ère semaine



Andar Royce & Creighton Rougefort

Le sourire qu'avait affiché Creighton en s'annonçant ne l'avait quitté. Il était descendu tranquillement de cheval, laissant le message suivre sa course jusqu'aux oreilles du seigneur des lieux. Il s'était redressé, attendant patiemment, du moins, c'était l'air qu'il donnait. Il avait croisé ses bras derrière son dos, accentuant sa posture assurée. Il se mit même à siffler en rythme la première mélodie qui lui passa par l'esprit. S'il donnait l'impression d'être confiant, s'il jouait à l'homme assuré, il finirait certainement par le devenir, voilà ce qu'il pensait. Il avait l'habitude depuis le temps, afficher ce masque de certitude, avoir ce discours facile et agréable avec le premier venu, c'était d'ailleurs pour ça qu'autant de gens appréciaient sa compagnie. Alors même si dans le fond il craignait de faire face au rejet de son ami, de devoir assumer un nouvel échec dans sa vie, il n'allait pas montrer cette faiblesse, cette facette de sa personnalité qu'il avait tant d'aisance à dissimuler. « Ahhhh ! » dit-il joyeusement, arrêtant de siffler, lorsqu'il aperçu la silhouette d'Andar Royce. Il avança de quelques pas pour aller à la rencontre du valois, prenant sa main dans la sienne pour le saluer. Il posa son autre main sur l'épaule d'Andar, faisant de cette poignée de main, une accolade un peu plus chaleureuse. Le message était bien passé puisque le seigneur de Roches-aux-Runes semblait curieux de l'histoire urgente qui les concernait. Creighton continua de sourire, jetant un regard amusé aux gardes qui les entouraient. « Oh tu sais, les gardes, les servants, toujours en train d'exagérer ! » dit-il d'un ton amusé. Creighton ne voulait pas sembler désespéré, il n'était pas là pour supplier Andar, pour qu'il ait pitié de lui et accepte de lui donner la main d'Ysilla. Non, il voulait qu'Andar convienne presque de lui même qu'il était le meilleur choix, pas Mychel. Évidemment, son arrivée impromptue jouait en sa défaveur de ce côté là, c'est pourquoi il avait besoin d'équilibrer la balance de part son attitude détendue. Les deux hommes se mirent finalement en route et Creighton laissa son destrier entre de bonnes mains. Il suivit alors Andar dans les couloirs. Ce dernier venait de lui demandait s'il avait eu le temps de dîner. Le sourire de Creighton s'effaça un instant et ses sourcils se froncèrent. Avec tout cette précipitation et cette préoccupation, il n'avait pas vraiment eu le temps ou l'envie de manger, mais maintenant qu'il était un peu plus détendu et en bonne compagnie, l'idée d'un bon dîner arrosé justement lui faisait vraiment envie. « Les règles de politesses m'obligent évidemment à accepter cette proposition de repas Andar, tu le sais, mais je dois t'avouer que je suis confus par la gêne occasionnée. Voilà que j'arrive de manière inopinée et maintenant je vais manger ton pain et boire ton vin... » Creighton avait parlé d'un air amusé, retrouvant son sourire. Il se dit alors, qu'il était aussi là pour prendre sa sœur, mais le bon sens l'obligeait à tenir sa langue pour cette fois. Bien qu'il aurait pu rire de cette allusion dans d'autres circonstances, il n'avait aucune intention de manquer de respect aux Royce, que ça soit les frères ou la sœur. « Alors, Harrenhal ? Comment c'était ? J'ai entendu dire que vous en avez eu pour votre argent niveau distraction... et que tu étais aux premières loges ? » Même s'il était là pour une affaire précise, cela ne l'empêchait pas d'être poli, et puis ça lui permettait de gagner un peu de temps, d'établir une atmosphère détendue, sereine et amicale entre eux deux. Il avait eu pas mal de détails sur ce rassemblement de part son père et deux de ses frères, heureusement pour lui, il avait pu y échapper. Cette ville, ce château, non, il n'avait eu aucune envie d'y remettre les pieds, son dernier séjour là-bas en 283 lui avait largement suffit et Horton l'avait compris, même s'il avait surtout prétexté qu'il fallait bien qu'un Rougefort reste tenir leur demeure et le Val en leur absence. Outre le banquet et le tournoi, il avait entendu parler d'un jugement auquel Andar avait assisté en tant que main du Roi, la nouvelle faisait plutôt jaser apparemment, il avait entendu des rumeurs d'une fragilisation de la paix entre le Royaume du Nord et celui du Sud, même si aux dernières nouvelles, la Reine Targaryen, venait toujours pour assister au mariage royal de la semaine suivante.

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Roches-aux-Runes - An 300, lune 8, fin de la 1ère semaine



Andar Royce & Creighton Rougefort


Les deux Valois s'étaient connus durant leur enfance, le terme de grande amitié ne leur correspondait pas forcément, mais ils s'entendaient plutôt bien, ils restaient deux gosses de grands seigneurs dans les mêmes âges. C'était une époque lointaine, une époque qui n'était pas simplement un passé, mais surtout un idéal perdu. Des épreuves s'étaient entremêlées sur les routes dans la fleur de l'âge, ils n'eurent pas les belles années d'écuyers que beaucoup eurent vécus, la guerre leur avait tellement pris et cela restait encore gravé dans le coeur d'Andar Royce. Ils avaient tous les deux de chemin différent et pourtant même s'ils n'en parlaient jamais, ils partageaient bien des points communs. Ils étaient les écuyers de la rébellion du roi Robert, les survivants de bataille qu'ils n'avaient pas choisie. Rien que par ce fait, ils étaient liés.

Il était venu à la rencontre de Creighton quand un de ces serviteurs lui avait annoncé sa visite. La main du Roi s'était retrouvée surprise et espérait que rien ne grave ne l'emmenait jusqu'au Roche-aux-runes surtout en vue de l'heure tardive. Le voir sourire et annoncer que les serviteurs exagéraient toujours le rassuraient un minimum, au moins cela n'avait pas l'heure d'être une histoire qui l'empêcherait d'aller rejoindre son lit dans la nuit. L'invitant à le suivre, il le guida dans les couloirs et lui demanda s'il s'était restauré.

« Les règles de politesses m'obligent évidemment à accepter cette proposition de repas Andar, tu le sais, mais je dois t'avouer que je suis confus par la gêne occasionnée. Voilà que j'arrive de manière inopinée et maintenant je vais manger ton pain et boire ton vin... »

Le sourire de Creighton contrastait avec l'air sévère d'Andar, pour dire vrai, le chevalier ressemblait bien plus à Robar qu'à sa propre personne, mais cela ne l'empêchait pas de l'apprécier. Tandis qu'ils continuaient à avancer, Andar se laissa aller à un ton plutôt chaleureux.

- Tu vas surtout me permettre de ne pas me retrouver seul à ma table.

Il devait bien sûr toujours y avoir des serviteurs, malgré que la nuit soit tombée, même si pour le coup, ce n'était pas un grand festin qui leur serait servi, mais cela suffirait amplement. Croisant une des servantes du château, Andar lui demanda de venir leur servir un plat chaud dans la salle principale. Celle-ci s'inclina une nouvelle fois avant d'aller s'exécuter en cuisine. Se retrouvant de nouveaux seuls, le chevalier lui demanda :

« Alors, Harrenhal ? Comment c'était ? J'ai entendu dire que vous en avez eu pour votre argent niveau distraction... et que tu étais aux premières loges ? »

Le sujet de prédilection depuis la fin du grand tournoi, Andar réfléchissait encore à tout ce qui s'était passé durant le procès, d'ailleurs avant l'arrivée de Creighton, il écrivait même une missive à la main de la reine Rhaenys, voir si les tensions qui s'étaient ressenties entre leurs deux royaumes pouvaient s'apaiser. Tout en ouvrant les portes pour rentrer dans la grande salle, il annonça :

- Tu veux parler du bâtard Dornien !

L'action de ce crétin avait mis en péril la paix, déjà fragile, de Westeros. Une simple insulte avait tout fait dégringoler. Comment en était-il arrivé là ? Andar estimait qu'à chacun portait sa part de responsabilité, mais au final, jamais il n'aurait cru que cela en vienne à finir ainsi. S'installant en bout de table, il fit voir la place près de lui à son ami tout en disant.

- L'insulte ne méritait surement pas un procès, mais il faut dire que le comportement du Sand et de sa soeur durant celui-ci n'a guère arrangé la situation.

Aucune diplomatie de la part de ses deux Dorniens, chose encore plus surprenante en sachant que Valena Allyrion se retrouvait à être l'émissaire de Dorne. Après le procès, la main du Roi avait directement été échangée avec le conseil restreint du Roi régent pour se préparer à toute éventualité et surtout aux différends qui avaient apparu entre Rhaenys et Elbert.

- Ton père t'en a surement informé ?



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Roches-aux-Runes - An 300, lune 8, fin de la 1ère semaine



Andar Royce & Creighton Rougefort

Creighton n'avait pas à se plaindre de la manière dont Andar le recevait. À peine l'avait-il accueilli aux Roches-aux-Runes qu'il lui avait proposé de partager son dîner. Si le Rougefort n'avait guère pensé à son estomac les heures précédentes, l'idée de ce repas sut le charmer en un instant et il plaisanta alors sur le dérangement qu'il causait à son ami en arrivant à l'improviste aussi tard. Mais Andar eut tôt fait de le rassurer en lui disant que cela lui permettrait surtout de ne pas souper seul. Le rire du chevalier raisonna alors dans le couloir. « Si c'est ça alors, je me sacrifie avec plaisir ! Alys ne t'a pas attendu ce soir ? » Il avait parlé d'une manière plus posée pour la deuxième partie de sa phrase. Il n'y avait aucun reproche sous-entendu, il voulait simplement savoir ce qu'il était du couple Royce à présent. Et il ne forcerait aucunement Andar à en parler s'il ne le désirait pas.

Ils croisèrent ensuite une servante à qui Andar donna les directives pour le dîner tardif qu'ils allaient partagés, puis ce fut l'occasion pour Creighton de prendre des nouvelles du tournoi d'Harrenhal, mais du point de vue de la main du Roi cette fois-ci, ayant déjà eu ce que sa famille avait bien voulu lui raconter. Bien qu'il soit resté assez évasif et parlait de l'événement dans sa globalité, il était difficile d'ignorer l'affaire du bâtard dornien qui se retrouvait à présent sur toutes les langues, sauf la sienne, ironie du sort. La politique pure et dure de la sorte ne faisait guère partie des intérêts de Creighton, il avait eu sa dose de politique et de guerre lors de la Rebellion des Baratheon, depuis il préférait s'en tenir loin, ne pas s'en mêler. Il n'était pas le genre à donner son avis, d'ailleurs il n'en avait pas vraiment, du moins un qui ne serait pas défendable aux yeux d'un véritable politicien, il n'en doutait pas. Il avait beau être l'émissaire de sa famille, ça n'était pas la même chose à ses yeux et puis être agréable avec la foule n'avait rien de dérangeant ou de problématique pour lui. Il se disait que si tout le monde était un peu plus comme lui, à mettre de l'eau dans son vin, être hypocrite quand nécessaire et surtout savoir se contenter de ce que l'on avait pour ne causer de tort à personne, le monde s'en porterait certainement mieux ! Viserys n'aurait jamais voulu prendre ce qui revenait à son frère et tout ce qui s'en est suivi ensuite ne serait jamais arrivé. Alors Creighton écouta le compte rendu du Royce. Il s'était avancé jusqu'à la grande table, laissant ses doigts parcourir les nervures de bois de celle-ci. « Hmm... » répondit-il dans un premier temps, l'air absent. « Oui, mon père m'a dit que Rhaenys et Elbert n'avaient pas parlé d'une seule et même voix et d'après lui, cela ne peut présager rien de bon, même si la venue de la Reine pour le mariage laisse penser que tout n'est pas joué d'avance, mais bon... » Non, il n'avait certainement pas envie de repartir en guerre, mais il le ferait sans hésiter s'il n'avait pas le choix, c'était son devoir, ce pourquoi il avait été entraîné. Il devrait très certainement protégé son frère et peut-être sa future femme également.

Creighton finit par tirer une chaise et s'installer dessus. Il fit un effort pour sourire et quitter l'air morose qui l'habitait à présent depuis plusieurs minutes. D'un geste de la main, il chassa le sujet de la table. « Mais assez parlé de choses tristement sérieuses ! Je suis venu te parler d'autre chose. Mon père m'a également informé d'un autre sujet que vous auriez abordé tous les deux justes avant le départ pour Harrenhal. » le Rougefort fut alors coupé par l'entrée de la servante dans la pièce, elle vint déposer une carafe de vin ainsi que deux verres, et le nécessaire pour le dîner qui serait prêt dans quelques minutes d'après ses dires. Creighton attrapa la carafe et se tourna vers Andar. « Je te sers ? » Il se servit une coupe en attendant que son ami ne lui donne sa réponse. « Il m'a en effet informé qu'il t'avait proposé d'unir nos deux familles et je voulais savoir si tu y avais réfléchis durant ces quelques semaines ? » Il avait reposé la carafe sur la table et avait plongé son regard dans celui du Lord des lieux, espérant y trouver des informations avant même qu'il ne les ait formulé.

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Roches-aux-Runes - An 300, lune 8, fin de la 1ère semaine



Andar Royce & Creighton Rougefort


Le travail de la main du roi lui prenait beaucoup de temps, surtout qu'au final, il associait cela à la propre gérance de Roche-aux-runes, même si Alys le secondait beaucoup dans son domaine. Il se permettait ce doublon, pour simple raison de la proximité des lieux, même si Andar convenait très bien que sa place se trouvait plus auprès de son Roi qu'au Roche-aux-runes. En tout cas, se permettant un retour chez lui avec sa famille après le tournoi, il avait eu beaucoup de choses à rattraper, c'est pourquoi, il n'avait pas rejoint sa famille pour le repas et il l'expliqua à Creighton. Vu le voyage effectué et la fatigue engendrée, il n'allait pas en plus leur demander d'attendre de se restaurer.

Invitant le visiteur surprise de se joindre à lui pour le repas, malgré l'heure tardive, Andar conduisit son ami à travers son château jusqu'à la salle principale. Là, ils croisèrent une servante dont il demanda de venir leur apporter de quoi manger. S'installant à table, il invita Creighton et venir près de lui et répondit à ses questions par rapport à l'évènement du tournoi. Il fallait l'avouer que sans les Dorniens tout se serait mieux passé, mais ce qui était fait, était fait, plus personne ne pouvait revenir dessus, non à présent, il devait simplement faire en sorte de calmer les tensions qui étaient apparu, car telle était la mission de main du Roi.

« Hmm...Oui, mon père m'a dit que Rhaenys et Elbert n'avaient pas parlé d'une seule et même voix et d'après lui, cela ne peut présager rien de bon, même si la venue de la Reine pour le mariage laisse penser que tout n'est pas joué d'avance, mais bon... »

Tant que le mariage se passait mieux que le tournoi et le premier mariage d'Elbert, c'était tout ce que demandait Andar. Il était vrai que la présence de la reine Rhaenys prouvait d'un certain sens que le lien avec le sud n'était pas brisé, mais un moindre faux-pas et celui-ci pourrait bel et bien disparaitre.

« Mais assez parlé de choses tristement sérieuses ! Je suis venu te parler d'autre chose. Mon père m'a également informé d'un autre sujet que vous auriez abordé tous les deux justes avant le départ pour Harrenhal. Je te sers ? »

Tandis qu'il avait changé de sujet, la servante vint à emmener une carafe de vin avec deux verres, une preuve bien courtoise de la maison Royce, mais pour le coup, le seigneur des runes n'avait pas touché à une goutte de vin depuis l'évènement que s'était produit dans son bureau deux mois plus tôt. Andar connaissait très bien sa faiblesse et pour le coup, quand son ami lui proposa de le servir, il refusa d'un geste de la main. Ce n'était pas le moment de retrouver ses vieux démons.

« Il m'a en effet informé qu'il t'avait proposé d'unir nos deux familles et je voulais savoir si tu y avais réfléchis durant ces quelques semaines ? »

Pour le coup, il ne s'attendait pas à voir Creighton évoquer ce sujet, même s'il s'agissait au final, de sa famille. Comme, le chevalier l'avait bien souligné, son père était venu trouver Andar quelques jours avant le départ pour le tournoi, lui proposant d'allier leur famille par le mariage. La main du Roi avait demandé à réfléchir et finalement avait accepté son offre en vu de ce qui s'était passé au tournoi.

- Nous sommes tombés d'accord avec ton père pour une union entre Ysilla et ton jeune frère Mychel, même si je n'en ai pas encore parlé avec ma soeur. 

Andar n'avait pas encore pris le temps de l'annoncer à sa soeur, mais il comptait le faire dans les prochains jours. Cela sera plus simple de lui dire sur leurs terres, en tout cas, c'est ce qu'il imaginait.

- Vu ce qui se passe dans Westeros, mieux vaut consolider les maisons du Val, ainsi les Rougefort, les Grafton et les Royce seront tous liés par le mariage.

Comme le seigneur l'avait bien signifié à son cousin, il estimait qu'il était hors de question de vendre sa soeur au Conflans, simplement pour maintenir une alliance entre les régions. Certes, c'était le devoir des grandes familles, mais il ne voulait que le meilleur pour sa soeur et l'unir à une famille puissante du Val était une bien meilleure idée, rien que par le fait qu'elle vivrait toujours dans sa région natale et de plus, autant lui que son père, ils appréciaient les Rougefort.

- Je ne connais que très peu Mychel, mais ton père m'a vanté ses mérites. D'après lui, il serait le mari parfait pour ma soeur surtout en vu de leurs âges. J'imagine que tu partages son point de vue.



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Roches-aux-Runes - An 300, lune 8, fin de la 1ère semaine



Andar Royce & Creighton Rougefort

Finalement, Creighton se disait qu'il était plutôt bien tombé, même en débarquant aussi tard chez les Royce, au moins il représentait un bon prétexte pour que son ami cesse enfin de travailler pour penser à se ravitailler. Le Rougefort avait vaguement interrogé sur les raisons de l'absence d'Alys à ses côtés, mais il lui expliqua brièvement qu'avec son absence pour les dernières festivités, une certaine quantité de travail s'était accumulée, ne lui laissant guère le temps de faire autre chose que son activité de Main du Roi et Seigneur de Roches-Aux-Runes. Une fois installés pour dîner, ils continuèrent à échanger sur des sujets plutôt sérieux, Creighton était plutôt curieux d'avoir la version des faits d'Andar, après les histoires que son père lui avait rapportées. Peut-être qu'en ayant vu les choses de ses propres yeux, le Royce aurait une version plus rassurante à lui confier. Il savait comment les rumeurs pouvaient se propager et se transformer au fur et à mesure qu'elles progressaient sur les lèvres de tout un chacun. Il était facile avec un tel sujet d'en tirer des conclusions effrayantes et sensationnelles, le chevalier espérait intérieurement que son père n'ait eu que vent de l'emballement des esprits. Malheureusement Andar n'eut pas la réaction qu'il espérait. Il aurait aimé le voir en rire, vers un geste du bras au dessus de sa tête, comme si ça ne méritait même pas de se faire appeler « une affaire ». Non le visage d'Andar portait une expression sérieuse, même si cela ne changeait guère de d'habitude, certes, il y avait bien eu un problème, mais la Main du Roi ne semblait pour autant paniqué, Creighton voulait croire qu'il avait les choses en mains. L'évenement du mariage serait probablement décisif, ça serait l'occasion de raffermir le lien ou au contraire de le briser là où il avait été affaibli. Il ne pu retenir une légère grimace. Avait-il vraiment envie d'être témoin de tout ça ? Il n'en savait rien.

Le fils d'Horton se résolu finalement à changer de sujet, après tout il n'était pas venu en urgence pour parler de ça. La glace avait été brisée il allait pouvoir toucher au cœur du sujet. Mais s'ils continuaient à échanger sur des sujets aussi déprimants, Creighton ne pourrait jamais se défendre de manière convaincante. Il aborda donc le sujet d'alliance entre leur deux familles, cherchant à savoir si Andar avait eu le temps de réfléchir depuis que le Seigneur de Rougefort avait proposé de faire épouser son plus jeune fils à la belle Ysilla Royce. Evidemment le cadet des Rougefort s'était bien retenu de mentionner son frère Mychel, se contentant d'évoquer l'alliance entre eux. Malheureusement pour lui, Andar semblait avoir bien intégré le fait que c'était Mychel qui avait été mis en avant puisqu'il l'évoqua. Creighton grimaça à nouveau, fronçant son nez et tordant légèrement sa bouche. Le seul point positif qu'il y avait à ce que venait de dire son ami, était qu'il n'en avait pas encore parlé à Ysilla. Cela allait être sûrement plus compliqué que prévu, mais il avait encore une petite marge de manœuvre disponible pour obtenir ce qu'il voulait. Le visage de la jeune Lady lui apparut quelques secondes, le confortant dans son idée qu'il ne voulait pas laisser une telle perle entre les mains de son jeune frère, il ne saurait quoi en faire, il en était certain. Il hocha d'ailleurs la tête lorsqu'il entendit Andar parler de l'importance de consolider la région en unissant les maisons fortes du Val. Peut-être après tout que son ami ne verrait aucun problème à passer de Mychel à Creighton, il restait un Rougefort après tout, cela ne changeait rien. Mais comme ils étaient amis, il était persuadé que ce dernier serait étonné de le voir soudainement intéressé par une union avec Ysilla et cet étonnement pourrait jouer en sa défaveur s'il était trop prononcé. « Effectivement, nous avons besoin de ces alliances. » approuva simplement Creighton.

Le cadet Rougefort hésitait encore sur la marche à adopter pour aborder ce point précis qui le taraudait. Il avait évidemment envisagé l'idée de faire porter le chapeau à son père, comme quoi ce dernier venait de changer d'avis et avait préféré Creighton à Mychel si Andar n'y voyait aucune objection, cela aurait expliqué sa présence aussi directe, c'était leur façon de s'excuser pour changer les termes d'un arrangement d'une manière si inopinée. Malheureusement pour Creighton, encore une fois, ce ne sont pas les propos qu'il attendait qui sortirent de la bouche de son ami. Après avoir évoqué les arguments d'Horton, il pouvait difficilement les moduler en son sens à présent. Il était coincé, il allait devoir se débrouiller autrement et certainement se dévoiler un peu plus. Creighton bu une longue gorgée de vin avant de se racler la gorge. « C'est effectivement ce qu'on pourrait se dire au premier abord. Et c'est d'ailleurs ce qu'il s'est dit, puisqu'au premier abord, c'est rassurant d'imaginer une personne qui nous est chère, à l'aise et en confiance avec une personne de son âge. Alors oui il s'est dit que proposer Mychel était ce qu'il y avait de plus cohérent pour que tu acceptes l'union qu'il te proposait. » Creighton fit une légère pause, le temps de boire une nouvelle gorgée de vin. « Mais la vie n'est pas toujours logique et parfois même le bon sens de donne aucun résultats satisfaisants. J'aime mon frère, comme tu t'en doutes, comme tu le sais. Mais justement il est bien jeune. Tu te rappelles d'ailleurs peut-être comment on était à cet âge là... Les garçons ne reçoivent pas la même éducation que les lady. Elles sont des dames respectables très jeunes, alors que nous, au même âge on ne pense qu'à boire et qu'à se battre ! Encore, si Mychel avait été l'héritier, il aurait certainement été éduqué différemment, comme Jasper... ou même moi. Mais en étant le petit dernier de la sorte... Tu dois bien savoir de quoi je parle avec Robar par exemple. » Creighton fit jouer son doigt sur le bord de son verre, dessinant cercles après cercles. « Loin de moi l'idée de dire que Mychel n'est pas un garçon responsable qui ferait un jour un excellent parti... Mais justement, il est jeune. Mon père a finit par l'entrevoir également. » C'est là que débutait le mensonge. « Il a finalement décidé de me laisser venir t'en parler directement. Avec du recul, on se demandait si tu accepterais que Ysilla m'épouse moi, plutôt que Mychel. » Creighton avait fixé son regard dans celui d'Andar, l'air sérieux, imperceptible. Il ne voulait pas se dévoiler plus que ça. Ses mains lâchèrent le verre pour venir se poser devant lui, en gage d'innocence. « Évidemment, c'est toi qui détient l'ultime mot de la négociation, on tient extrêmement à cette union, qu'elle soit à travers Mychel ou à travers moi. Mais sache que je ne me sens pas contraint par ce possible mariage et que je ne manquerais jamais de respect à ta sœur, je lui voue une sincère sympathie et ne ferait jamais rien qui pourrait la rendre malheureuse, je te le promets. » Il pensa un instant aborder le sujet de ses conquêtes, loin d'être inconnu de tous, pour lui promettre que ce n'est pas cet homme là qui épouserait Ysilla, mais il voulait croire qu'Andar n'y pensait pas forcément et que ramener le thème sur la table ne serait pas alors des plus judicieux.

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