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Le Fils Prodige et la Chaste Fiancée
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Le fils prodige et la chaste fiancée
An 300, Lune 7 - Semaine 1 ; Vieux Wyck
Mordane Pindepierre & Denys Timbal
« Tu es là... Je serai à toi... Et tu seras à moi... ! » Dehors, sur les berges de Vieux Wyck, du monde s'activait. C'était comme si le retour du fils héritier avait sorti la demeure des Timbal de la torpeur qui semblait l'habiter depuis que Mordane en avait foulé le sol. Même pour un fief fer-né, qui par définition n'était jamais bien longtemps occupé de ses hommes, les murs de pierre résonnaient d'un silence de plomb que seul le bruissement des vagues depuis la côte pouvait troubler. Les soupers autour de la grande table près de l'imposante cheminée flanquée du blason familial, les promenades dans les landes, et même certaines parties de Danse du Doigt se faisaient dans un calme olympien qui avait fortement pris au dépourvu la nouvelle arrivée. Malgré ses manières à combler une cour royale, Mordane n'était pas réputée pour une langue peu tendue. Aussi, elle avait eu toutes les peines du monde à se tenir tranquille, et les rares fois où elle s'était permis de briser la loi du religieux mutisme, les regards de lord Timbal avaient su détruire les relents bavards de sa futur bru. Aussi, à voir combien la vie transcendait la forteresse à l'arrivée de Denys, Mordane ressentait l'excitation du retour jusque dans ses membres endoloris d'ennui. « C'est ton fiancé, Maîtresse ? » Lysa avait collé ses mains contre la vitre de la fenêtre, et jaugeait en connaisseuse la haute silhouette musclée qui à présent, prenait la direction de la demeure natale. « Oui... Il te plait ? » ajouta-t-elle, un sourire malin aux lèvres, pour tenter de réprimer les soudains furieux battements de son cœur. Elle avait tellement attendu ce moment que qu'à présent qu'il était arrivé, elle se trouvait face à la vérité : elle était désemparée. Elle ne pouvait plus se cacher derrière de bonnes résolutions, mettre au défi son entourage de séduire du premier regard celui auprès duquel elle passerait le restant de sa vie. Terminées les prières secrètes aux Dieux, les toilettes soignées pour son arrivée ; à présent, elle ne pouvait compter que sur elle-même. « Il est très joli garçon... Toi, il te plait ? » « Ce n'est pas la question ! » coupa-t-elle un peu sèchement, tournant des talons et traversant la pièce jusqu'aux portes. Voyant que Lysa restait près de la fenêtre, elle lança : « Tu viens ? On ne va pas rester enfermées, je dois aller l'accueillir dehors avec les autres ! »
Dans les couloirs régnaient une effervescence telle que certains ordres étaient aboyés depuis les tours pour être répertoriés jusqu'aux cuisines. Relevant ses jupes d'une main, Mordane pressa le pas, Lysa sur les talons. On passait à toute allure devant les portraits et autres armures lustrées pour l'occasion, devant les serviteurs dépoussiérant tapis et autres bibelots et enfin jusqu'aux maîtres corbeaux qui annonçaient le retour de l'héritier dans les villages avoisinant. Tandis que les deux jeunes filles passaient devant un imposant miroir où le sel et l'humidité avait creusé quelques rides dans la glace, Mordane s'arrêta et pris quelques minutes pour s'arranger. Elle passa une main dans sa longue chevelure brune dont Lysa brossa les pointes avec un petit peigne de nacre apparu comme par magie. « D'où sors-tu ça ? » « De ma poche, Maîtresse. Tu m'as dit qu'il fallait que tu sois parfaite au retour de ton fiancé. Je t'obéis... » Mordane eut alors un petit rire. S'il y avait bien une chose qu'elle ne regrettait pas d'avoir ramené dans ses bagages, c'était bien Lysa. Depuis leur rencontre cinq ans auparavant, la jeune suivante était devenue son ombre, sa protectrice, sa confidente. Elle l'avait ramassée dans les rues de Port-Lannis, alors qu'elle tentait en désespoir de voler la bourse accrochée à la ceinture de sa robe. Lorsqu'elle sortait en ville avec les enfants Lannister, il y avait toujours un ou deux gardes pour assurer leur sécurité. On avait menacé de couper la main de l'impertinente, et si Mordane ne s'était pas interposée, Lysa eut sans doute fini ses jours dans l'un des tripots en concubine manchot. Encore que cela n'aurait rien gâché à sa popularité : avec ses cheveux de jet tressés à la mode d'Essos, son teint de pêche et ses grand yeux turquoise, Lysa faisait tourner bien des têtes et Mordane lui connaissait déjà deux amants parmi les garçons de cuisine de Vieux Wyck. Des amourettes dont elle savait qu'elle les mettrait à profit, pour en apprendre le plus possible sur cette demeure étrangère ou même quelques potins en provenance de Pyk. Faute de réponse de la part de son futur beau-père, c'est ainsi que Mordane avait appris que son fiancé rentrait d'une mission en Essos pour la Reine de Grès, Asha Greyjoy. Et tandis qu'elle passait un doigt sur les tissus de sa robe aux couleurs rose et gris, et replaçait le petit bijoux de tête qui lui servait de seul ornement, Mordane respira lentement. « Et s'il me rejette ? S'il me déteste tant qu'ils me renvoient croupir aux Arbres de Fer ? Je ne le supporterai pas... Je crois que je sauterai du haut des falaises avant qu'ils ne me prennent et me fassent retourner là-bas... ! » La main de Lysa lui empoigna alors fermement le bras et elle la força à se retourner. Elle vit alors un éclair de colère passer dans les yeux de sa suivante. « Reprens-toi, Maîtresse. Tu es la fille de Dagon Pindepierre, tu es la noble demoiselle des Arbres de Fer. Tu as la grâce et le goût, tu sais te tenir et tu rendrais fier le plus rustre des hommes. Si celui-ci te rejette, alors c'est un abruti ! »
Sur ces paroles réconfortantes, Mordane lâcha en un soupir toutes ses derniers doutes, fit apparaitre son plus délicieux sourire sur ses lèvres et se dirigea vers la grande porte cochère qui la séparait de sa première rencontre avec son fiancé. Là, elle vit que la famille Timbal s'était réunie au grand complet autour de son seigneur et patriarche. Lord Dunstan dépassait les siens d'une bonne tête et toisait désormais la silhouette de son fils ainé qui s'approchait sur le sentier battu depuis les plages. Très droite à ses côtés, lady Timbal décocha un regard en sa direction lorsque Mordane se plaça un peu en retrait mais néanmoins dans les rangs de sa famille. C'est lorsque Denys fut suffisamment proche qu'elle pu le détailler de toute pièce et constater les profondes différences avec son frère, Donnel. Il était le seul à lui avoir adressé plus de deux mots depuis son arrivée, et elle pensait qu'il était un bon modèle pour son fiancé. Mais à présent, elle distinguait le corps entrainé au combat et à la navigation, le regard dur et les traits tirés par le vent du large. Auprès de lui, Mordane ressemblait à une fleur des champs ; elle ne s'était jamais considérée particulièrement jolie, mais dans ses habits de couleur, dans ce méandre de gris et de noir, elle irradiait littéralement. Alors, lorsqu'il fut à leur hauteur, elle plongea dans une profonde révérence, le regard à terre comme on le lui avait appris. C'était à lui de lui adresser la parole, après que son père et seigneur de sa maison, les ai présentés officiellement.
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LE FILS PRODIGE ET LA CHASTE FIANCÉE
An 300, Lune 7, Semaine 1 - Vieux Wyck
Mordane Pindepierre & Denys Timbal
Cela faisait une journée que le Timbal attendait. La veille au soir, il s'était approché de l'île natale et avait débarqué Longmât dans une petite barque pour qu'il rejoigne le rivage et parte à la pêche aux informations sur ce que préparait le Timbal à son fils. Une simple mesure de précaution. Longmât savait rester discret quand on lui demandait. Avec le nombre de fille qu'il avait troussé dans les environs, il ne lui était pas difficile de se cacher et de recueillir des informations. La Phalange fendait à présent les flots en direction de Vieux-Wyk pour y accoster. L'arrivée se passa sans accroc majeur.
«Vous savez ce que vous avez à faire ! Vous m’amasser toutes mes prises et vous les remonter dans ma demeure. Vous reviendrez chercher les vôtres ensuite et vous pourrez profiter du repos du guerrier pour quelques temps. Allez magnez vous le fion !»
Il fut le premier à mettre pied à terre. Longmât les attendait là, croquant une pomme dans son attitude nonchalante contrastant toujours avec celle bien plus austère de Denys. Le Capitaine plaça une bourrade dans l'épaule de son second et rugit d'une voix forte.
«Alors qu'est ce que t'as découvert Longmât ? Les projets de mon père ont-ils filtrés jusqu'ici ?
«Ouais ! Ton paternel s'est démené et à mené sa barque pour que t'ai enfin une femme roc ! La reine s'était pas trompée ! J'ai même un nom si tu veux tout savoir. Mordane Pindepierre. Ça te dit pas grand chose hein ? Normal ! Ils l'ont envoyé servir d'otage dans les contrées vertes. Me demande pas où ! Je n'ai pas réussi à trouver d'informations précises. Quand à savoir si elle est baisable, j'en sais foutrement rien ha ha ha !
Les Pindepierre n'était pas une maison de renom désagréable si on exceptait ce fieffé coquin de capitaine qui avait soutenu le Choucas. Un faux insulaire qui méritait qu'on lui tranche la tête, ni plus, ni moins. Le Timbal cracha par terre à l'évocation des contrées vertes. Son père lui avait joué un sale tour. Que lui avait-il ramené là comme épouse ? Une femme élevée par des étrangers aux coutumes blasphématoires ! Cela ne lui disait rien de bon !
«Par le Dieu Noyé ! Le vieux s'est surpassé sur ce coup. Il a décidé de me l'enfoncer jusqu'à la garde et jusqu'à l'os !»
Longmât éclata de rire tout en ouvrant la marche en compagnie de son ami et capitaine, une vingtaine de mètres derrière eux, les hommes d'équipages entassaient les prises de Denys sur des charrettes pour les acheminer vers le château. Le Timbal était loin d'être heureux. Avant même de pénétrer dans le château, il s'était déjà fait une idée du merdier dans lequel il allait mettre les pieds. Il passa les portes avec Longmât et fit son entrée sans prononcer un seul mot avant d'avoir examiner toutes les personnes présentes. Outre les gardes, son père et sa mère était présent, tout comme son frère. Il y avait une femme en retrait de ce beau monde, vêtue de rose et de gris. Une femme quelconque qui devait être une invitée de mère ou alors sa promise au choix. Intérieurement, il préférait opter pour la première possibilité.
«Père, mère, Donnel ! J'ignorai que vous me réserviez un tel accueil. Êtes vous pressé de voir ce que je vous ramène ? Des gens pour travailler, des parures pour mers, des décorations pour le château et même quelques armes particulières. J'ai même trouvé un lettré mais il parle difficilement notre langue. »
Arrivé à hauteur de l'étrangère, celle-ci lui fit une révérence et Denys passa son chemin sans lui accorder la moindre attention. Donnel le gratifia d'une étreinte virile là où sa mère profita pour enlacer tendrement son premier né. Son père posa alors sa main sur son épaule et parla de sa voix rugueuse et forte. En plus rythmée et en plus âgée, ce timbre était fort proche de celui du fils héritier.
«On se doute bien que t'as mission a été couronné de succès. On nous a narré tes exploits mais je pense qu'ils nous seront plus doux sortant de ta bouche. Nous sommes là pour ton retour et pour te présenter ta promise. Jeune pucelle, viens donc ici. Fils, voilà la fille que tu épouseras. Mordane Pindepierre née sur Harloi. Mordane, voici mon fils, le valeureux Denys.»
Denys maudit son père mentalement. Née sur Harloi ? Élevée dans les contrées vertes. Voilà la vérité. C'était une étrangère peu digne de son rang. Elle était comme Theon Greyjoy. Quelqu'un dont il tolérait malgré lui la présence mais dont il ne se souciait pas du sort.
«Z'avez pas traîner père. M'a pas l'air bien épaisse. Elle risque de pas passer l'hiver votre brindille.»
«Ta mère a fait préparer ta chambre et celle de Longmât. Monte avec ta promise et faîtes connaissance. Après un long voyage en mer, poser son cul sur une chaise, ça te feras le plus grand bien !»
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Le fils prodige et la chaste fiancée
An 300, Lune 7 - Semaine 1 ; Vieux Wyck
Mordane Pindepierre & Denys Timbal
Tout alla très vite. Une accolade paternelle, un florilège d'adjectifs et d'appellations à couper au couteau et déjà, l'affaire était close. Il n'y avait eu aucune énumération de titres aucun vin servi aux jeunes fiancées, aucun instrument égrené par un ménestrel dépêché spécialement pour l'évènement. On l'avait tirée sa révérence devenue inconfortable à défaut d'être notée, tandis qu'elle avait encore et toujours le nez rivé au sol. Alors, elle avait relevé la tête et croisé pour la première fois le regard mi moqueur mi dégoûté de son fiancé. De près, il lui semblait encore plus grand et plus imposant de ce qu'elle avait pu distinguer de loin. Elle s'interdit de bouger, car elle savait qu'elle allait déglutir péniblement : elle avait l'impression d'être un fruit mur et coloré sur le point d'être dévoré par un affamé de trois jours. Elle le dévisagea un instant dans un parfait mutisme, rêvant de pouvoir chercher le regard encourageant d'une Lysa qu'elle devinait prête à bondir sur la paire de rustres que composaient le beau-père et son fils. Même au sein de la petite bourgeoisie de Port-Lannis, on traitait les filles avec plus de respect ! La jeune suivante se garda pourtant de tout geste, sachant pertinemment qu'on la ferait jeter aux geôles desquelles elle ne serait d'aucune utilité à sa jeune maîtresse. Celle-ci retrouvait d'ailleurs l'usage de la parole, et articula à l'aide d'un sourire de premier choix : « C'est un honneur pour moi de faire enfin votre connaissance, mon Seigneur » fit-elle à l'attention de Denys. Elle agrémenta ses paroles d'une génuflexion rapide et d'une grâce infinie, après quoi elle se tourna vers son futur beau-père. « Si Monseigneur me le permet, je nous ferai précéder de ma suivante qui donnera des ordres en cuisine, afin que mon fiancé puisse prendre une collation digne de son retour ! » Elle n'avait pas besoin d'en dire d'avantage pour que Lysa s'éclipse en la direction indiquée.
De son côté, Mordane se tourna de nouveau vers Denys qu'elle gratifia d'un sourire appliqué. Ses manières contrastaient si fort avec l'ambiance générale que pour un peu, elle pouvait paraitre ridicule. Mais une lueur déterminée s'était allumée dans ses yeux, et défiait l'assistance d'une quelconque remarque. Elle avait parfaitement conscience de dénoter mais elle n'en avait cure : Dunstan Timbal avait répondu à l'offre de mariage de Dagon Pindepierre sans se soucier outre mesure de ce que sa future bru avait passé la plus grande partie de sa vie en contrées vertes. Elle avait même ouïe dire que le seigneur Timbal eut choisi n'importe quelle demoiselle, pour peu qu'elle fasse prononcer les paroles religieuses à son héritier. Il pouvait donc toiser sa taille de guêpe et sa silhouette gracile avec tout le mépris dont il était capable : ils étaient pieds et poings liés ! Elle sentait un flot de paroles monter le long de sa gorge, mais elle se retint. Tout au plus, elle se tint soigneusement à ses côtés, à une distance tout à fait respectable, tandis qu'il les guidait vers ses appartements privés. Elle regardait bien droit devant elle, les deux mains croisées à la commissure de sa taille, refusant tout contact avec la grande silhouette qui sentait la mer, la sueur et le cuir en début de décomposition. Elle pria intérieurement pour que là haut, Lysa ait installé les encens et autres sens bons qui avaient constitué une part de son impressionnante dot. Malgré son statut d'otage, les Lannister n'avaient pas lésiné sur les moyens devant accommoder une fille élevée auprès d'eux, et c'est non sans une certaine fierté que Mordane était partie pour Vieux Wyck. Derrière leurs piques et autres médisances, elle avait vu les yeux plein d'envie des fer-nées restées sur Harloi, et elle s'était octroyé le luxe du plaisir tout féminin de leur décocher un sourire d'une hypocrisie sans nom. Mais alors qu'elle se trouvait à quelques centimètres à peine de son fiancé, elle pouvait sentir la fierté de ce départ s'estomper quelque peu. Et si, faisant fi de toute bienséance, il la prenait là, tout de suite, sans cérémonie, comme on prend une fille dans une ville conquise ? Bien sûr, il y avait Lysa ; mais il la chasserait de la pièce sur un claquement de doigt et alors... ? Mordane s'humecta quelque peu les lèvres : si telle était la coutume, elle s'y plierait. Mais ce ne serait pas sans livrer résistance d'abord. Elle ne s'était pas préservée pour finir offerte, nue et les jambes écartées dès le premier regard !
Lorsqu'on pénétra enfin dans la chambre, Mordane vit tout de suite que Lysa s'était occupée de l'ambiance : les bougies et les encens étaient allumées, et sur une table trônaient le vin, les fruits et un plat de poisson encore fumant de ses aromates. « Si tu as besoin de moi, Maîtresse, je ne suis pas loin » fit-elle alors, sous le regard quelque peu effaré de Mordane. Elle la laissait seule ? Avec lui ? Un regard échangé lui assurait le soutien de sa suivante, qui tentait par la même d'insuffler un peu de bagou à sa jeune maîtresse. Elles en avaient discuté, elle lui avait enseigné quelques gestes. Pour le reste, elle la savait suffisamment entreprenante pour survivre à cette première entrevue en tête à tête. Aussi, elle s'inclina légèrement, et disparu derrière une porte dérobée. Ils étaient seuls. Mordane le regardait, immobile et muette. Une fois de plus, elle n'agirait ni ne parlerait la première. Elle n'était peut-être pas épaisse, mais au moins, elle était bien élevée.
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LE FILS PRODIGE ET LA CHASTE FIANCÉE
An 300, Lune 7, Semaine 1 - Vieux Wyck
Mordane Pindepierre & Denys Timbal
Il reposa son regard sur la jeune femme qui semblait donner dans la courbette. Si elle souhaitait se rompre le dos ce n'était pas son problème. Pour toute réponse à sa proposition, il haussa les épaules manifestant qu'il n'avait strictement aucun avis sur ses intentions. Après un nouvel échange de coups complices avec son frère, le jeune homme prit la direction des châteaux et de ses nombreux couloirs pour rejoindre ses appartements. Sur le chemin, nul mot ne fut adressé à la brindille. Ce fut plutôt à son second qu'il parla.
«Veille à ce que la catin rouge sois logée et nourrie et descend aux cuisines demander à ce qu'ils me montent de l'eau chaude.»
Denys ignorait ce qui était le plus désagréable dans cette promenade. Le fait de sentir la présence de cette femme qu'on lui imposait ou Longmât qui s'était retenu de rire tout du long et qui venait d'éclater au détour d'un couloir. Lorsqu'il pénétra dans sa chambre, plusieurs choses retint son attention. Des vêtements propres étaient posés sur son lit et il y avait tous un tas de bougies répandu dans la pièce. Au moins cela donnait un peu de luminosité à l'endroit.
«Il y a une odeur bizarre. Ça pue ici.
Se dirigeant vers la nourriture, il huma l'odeur du poisson mais son fumet était agréable. Ce n'était pas la nourriture qui manquait de fraîcheur. Il y avait cet odeur qu'il avait déjà sentie auparavant quand il fallait aller rechercher un homme qui s'éternisait au bordel. Une odeur qui vous prenait au nez et qui était loin d'être agréable. Rien avoir avec les senteurs iodées et salées qu'il appréciait tant. La femme qui semblait suivre sa future épouse s'éclipsa, les laissant seuls. Il voulu se verser une coupe mais constata qu'il s'agissait de vin.
«Qui est l'abruti qui m'a préparé du vin. Par le Dieu Noyé ! Je ne bois jamais d'alcool !»
Il tapa du poing sur la table rageur en terminant sa phrase. Ses mains se posèrent ensuite sur sa taille et il retira les deux haches accrochées à son ceinturon. Il se dirigea vers son bureau et les planta dans le bois. Le meuble était marqué de nombreuses encoches, traces de ce rituel maintes et maintes fois accomplis. Il accrocha son ceinturon à un harnais et en sorti un couteau. Avec l'objet il entreprit de découper son poisson et s'installa pour manger sa pitance. Il mastiqua calmement et avala le premier morceau avant de reprendre la parole.
«Tu vas rester plantée là comme un mât à me regard avec tes yeux de merlans frit toute la soirée ? T'as quel âge dis moi ? Treize ... peut-être quatorze ans ? »
La nourriture était bonne. Meilleure que la plupart des plats qu'il mangeait à bord de la Phalange. C'était une des choses qui vous manquait le plus une fois que vous preniez la mer. Avalant son repas rapidement, le Timbal reprit la parole.
«C'était qui celle que t'as renvoyé ? Ta servante ? Pas ta sœur ou alors pas du même père ou de la même mère ? Vous êtes pas faîtes pareil toutes les deux. Je lui passerai bien dessus oui-da !»
Son repas fut rapidement achevé, sans plus de considération pour celle qu'on lui avait collé dans les pattes. Il était en train de mastiquer le dernier morceau de poisson en observant la mer par la fenêtre lorsque des hommes pénétrèrent pour amener une grosse bassine et plusieurs chaudrons d'eau chaude qu'ils versèrent dans le récipient. Pas une seule femme. Apparemment son père avait veillé à ce qu'aucune servante ne viennent lui tenir compagnie pour son retour. Sans aucune gêne ni pudeur, le Timbal commença à se dévêtir. Se retrouvant nu comme un ver, il s'immergea dans l'eau chaude, ses épaules, son cou et son visage haut dessus de la surface.
«Plus je te regarde et plus je me demande pourquoi mon père t'as choisis. T'as le bassin étroit. Pas bon pour enfanter ça. Qu'est ce que t'as de particulier la Pindepierre, hein ? Dis moi ? Ton père a promis des terres au mien ? T'as le con fait en or ? »
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