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Passing by | ft. Ellyn

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An 300. Lune 8. Semaine 2.
There were so many of us who would have to live with things done and things left undone that day. Things that did not go right, things that seemed okay at the time because we could not see the future. If only we could see the endless string of consequences that result from our smallest actions. But we can't know better until knowing better is useless.

Apportant dans sa danse subtile l'odeur des champs et de l'herbe humide du matin, la légère brise biefoise lui chatouilla le nez et les joues, lui rappelant qu'il était bel et bien à la maison. Un fin sourire sur les lèvres, Loras appréciait tous ces petits détails, sons et odeurs qui nourrissaient à nouveau son amour pur pour sa terre-mère. La lueur dorée du soleil d'avant-midi agaça ses yeux comme un fin rayon d'espoir, lui rappelant cette vue qu'il avait à partir de cette pièce qui fut sa chambre à Hautjardin. Le trot rythmé de son cheval sur le sol tendre et plat le rassurait comme les bras de sa mère lors d'une tristesse, lui posant dans les mains une liberté nouvelle loin du malheur et de l'incertitude que portaient désormais, à ses yeux, le sol rocheux et accidenté des montagnes de Dorne. L'adolescent commençait à comprendre la haine que vouait son père aux dorniens. À cause de ce bâtard qui portait toujours – ironiquement – son cœur dans ses mains, il avait faillit perdre sa sœur, sa princesse. Lorsque la pensée frôla son esprit, un goût amer s'imposa au fond de sa gorge. Ses prunelles fixées sur le vert horizon de sa terre d'amour, il repéra quelque chose qui le rendit certain de suivre le bon chemin. Il n'avait, de mémoire, jamais été à Froide-Douve auparavant (du moins, par lui-même) , mais il s'était aidé d'une carte et de quelques précisions soufflées par des gens du peuple. La Rose Dorée aurait souhaité suivre les anciens pas de sa sœur et offrir un peu d'aide à ces gens avant de repartir, mais il n'avait presque rien sur lui et il ne pouvait pas prendre le risque de s'identifier comme étant Loras Tyrell, même s'il battait en lui l'envie de montrer aux peuple que la famille Tyrell était la meilleure pour leurs intérêts. L'avantage des gens du peuple, cependant, c'est que la plupart ne vous connaissaient que de nom et qu'il n'avait pas trop à craindre que l'on reconnaisse ses traits.

Bien qu'il pourrait en prétendre autrement, quitter l'île n'avait pas été simple. Paxter Redwyne campait sur sa position: sous prétexte de la « gaffe » de son neveu qui aurait pu coûter la vie de sa nièce, il comptait bien le garder encore un moment entre les quatre murs de la demeure des Redwyne. Or, Loras insistait. Il savait, lorsqu'il le fallait, se faire persuasif. La Rose Dorée ne cessait de mettre sur la table le fait que si on ne le laissait pas parler, rencontrer des gens, il ne pourrait pas avancer. Certes, d'autres pourraient le faire à sa place, mais c'était son combat et non celui d'un autre. Il avait été naïf, il ne le niait pas, mais il savait apprendre de ses erreurs.  Il savait les risques qu'il lui faudrait prendre, l'incertitude de ce qu'il voulait entreprendre. Cependant, le jeune homme n'était pas de ceux qui se laissaient arrêter par le mot danger et il ne craignait pas réellement la mort – amplifiant sans aucun doute l'impulsivité de ses actions. Malgré toutes les hésitations, on l'avait laissé partir. Sur un bateau, jusqu'aux Boucliers. Puis sur un autre, jusqu'à la rive du Bief continental. Quelques jours de transport maritime, ce que Loras n'appréciait pas réellement. Il aurait préféré être déposé dans les environs de Sunhouse, mais il savait bien que sa proximité avec Villevieille ne serait qu'une épine de plus dans ses pieds. Heureusement, le reste du chemin s'était fait à cheval ; toujours sur le dos de ce même étalon dornien dont il avait fait l'acquisition durant ces longues lunes là-bas. Loras ne voyageait pas seul ; son oncle ne l'aurait pas laissé partir avec comme seule défense sa propre épée. Paxter ne doutait pas des habilités de son neveu – même qu'il était celui qui l'avait formé – mais un seul homme ne faisait que très rarement peur à un groupe et la situation dans laquelle il se trouvait était plutôt délicate. Aucun d'entre eux, incluant Loras, ne portait ni l'armure ni le blason d'une quelconque maison. Vêtu de simples habits ressemblant à ceux des gens du peuple, le Tyrell portait sur ses épaules un chaperon qui, de son capuchon, cachait ses longues boucles et le côté de son visage. Ce n'était pas grand-chose, ça n'empêchait à personne de remarquer ses traits d'anges qui n'avaient pas disparus malgré la maturité qui s'était subtilement posée sur ceux-ci, mais c'était mieux que rien.

Froide-Douve se présenta au regard du jeune homme, le rassurant après tous ces jours de transport. Coinçant sa lèvre inférieure entre ses dents, il réalisa qu'il ne savait pas vraiment comment il comptait entrer dans l'enceinte du château. Oui, l'option la plus logique semblait être de demander aux gardes à voir lady Ellyn des Essaims, mais il était convaincu que ça ne fonctionnerait pas. Dans sa lettre, il n'avait pas précisé la date de son arrivée : il n'avait pu être assez précis sur ce point. Loras soupira lourdement. Il n'aurait pas d'autres choix. L'air naturellement confiant, il ordonna à son cheval et à sa minuscule escorte de le suivre en direction des portes. Le pire qu'il pourrait arriver s'il restait calme était qu'on ne demande non pas à Ellyn de descendre, mais bien à Owen. La pensée seule suffit à le faire doucement sourire. Il  y avait longtemps qu'il n'avait pu revoir son ami. Le Tyrell se souvenait bien qu'une des dernières choses qu'il lui avait jurée était qu'il reviendrait un jour. Et il revenait. Loras Tyrell avait bien des défauts, mais il tenait ses promesses. Le regard balayant discrètement les environs, il tira soudainement sur les rênes pour forcer son cheval à s'arrêter. Ses prunelles se posèrent sur une silhouette qu'il reconnaissait bien ; sa Garçonne. Légèrement, son sourire s'étendit. Elle était accompagnée de ce qui semblait être un garde ou il ne savait quoi, mais il n'y voyait pas spécialement d'inconvénient. Le Tyrell fit signe aux trois membres de son escorte de rester en place et il descendit de son cheval pour être à la hauteur de lady des Essaims et de son accompagnateur. Calmement, il avança vers eux en tenant l'animal par la courroie de cuir. Il posa son regard vif sur l'homme, zyeutant subtilement pour s'assurer qu'il ne pose pas la main sur son arme – vieux réflexe. « Je ne suis pas là avec de mauvaises intentions, ne vous inquiétez pas. Elle sait très bien qui je suis. » Le sourire toujours sur son visage, bien qu'un air un peu plus poli et sérieux orna désormais celui-ci, il laissa tomber le capuchon de son vêtement. « N'est-ce pas, Ellyn ? » Lui demanda-t-il, le regard profond posé sur elle. Il ne pouvait camoufler la pointe de joie qui s'était sagement imposée à sa voix vaguement fatiguée par le voyage.



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An 300, Lune 8 Semaine 2- Froide-Douve - Bief



Loras Tyrell

Froide-Douve était très nouveau pour Ellyn, elle s’y faisait certes, petit à petit, mais elle ne pouvait clairement pas le nier : Mielbois lui manquer terriblement. Mielbois et ses bois environnants, bois composé de multiples espèces, tant animales que végétales. Des troncs d’or surmontés de feuilles émeraudes resplendissant sous le doux soleil bieffois. Des fleurs en pagaille, savant mélange de verdure, de pétales rouges, bleus, roses ou jaunes, le tout dans une harmonie qui faisaient furieusement penser aux Paradis des Sept tel que décrit dans le Livre du Père. Ellyn avait beau avoir été une jeune femme toujours teès volontaire, indépendante et autonome, elle était une femme avant tout, et plus silplement une créature de la nature qui appréciait cette dernière et qui aimait s’y promener pour se détendre. Ce qui manquait peut-être le plus à Ellyn ici à Froidedouves, c’était assurément les champs de fleur avec les ruches en bois clair qui les encerclaient. Le travail quotidien dans ces champs et au contact des apiculteurs manquait à Ellyn, mais elle se dit qu’en devenant l’épouse d’Owen, alors elle pourrait modifier quelque peu les alentours de Froidedouves pour en faire un domaine plus attrayant à la vue. Fort heureusement, le petit château des Tyssier était entouré d’une forêt riche, aux arbres clairsemés permettant ainsi aux curieux de s’y promener. Et déjà Ellyn avait prit l’habitude de s’y promener, pour cueillir des fleurs, des champignons, ou tout simplement profiter de la beauté de la nature, tombant de temps à autre sur un minuscule écureuil roux en train de grignoter une noisette.

S’il y a une chose que l’on ne pouvait retirer à Owen, c’était bel et bien l’attention qu’il portait à sa future épouse, il lui accordait une telle attention qu’il veillait à ce que ses désirs soient dans la mesure du possible sustentés et surtout, il la surprotégeait. Ellyn, qui avait l’habitude de se débrouiller seule depuis la maladie de son père, fut un peu désorioenté au début d’être constamment suivi d’un garde pour se balader à l’extérieur du château, et par une servante à l’intérieur, notamment au lever, pour qu’elle l’habille et la coiffe. Tant de soins et de préciosité qu’appréciait Ellyn bien qu’elle n’en ait point l’habitude. Mais peu à peu, elle s’y faisait, et elle s’appliquait à suivre les pas de sa mère, pour être digne d’être l’épouse de l’Araignée. Cet homme était vraiment merveilleux, respectant sa pudeur, sa piété et ne la brusquant jamais même si de temps à autre ses prunelles brpulaient d’un feu qu’Ellyn devinait comme tout sauf chaste. Elle s’en amusait, et cela lui faisait énormément plaisir, il lui tardait de pouvoir répondre aux attentes de son futur époux.

Ce matin encore, alors qu’Ellyn avait exprimé le souhait au petit-déjeuner de sortir se promener dans les bois, Owen lui demanda d’y aller en compagnie d’Andrew, un des gardes de Froidedouves. Ellyn avait alors acquiescer, sachant qu’elle ne pourrait le convaincre, les deux jeunes gens étant fort têtus. La jeune abeille avait proposé à Gwynesse de l’accompagner, mais depuis son retour de captivité, la jeune sœur d’Owen n’aimait plus trop sortir, elle restait traumatisée de son séjour dans les Îles de Fer et préférait rester dans la bibliothèque ou près du feu dans la journée. C’est pour cela qu’en général, Ellyn sortait surtout le matin, ainsi elle tenait compagnie à sa future belle-sœur l’après-midi, discutant avec elle pour apprendre les petits secrets d’Owen, mais sa sœur les gardait farouchement, ce qui les faisait bien rire. Nullement décourager, Ellyn avait donc vêtu des vêtements plus chauds pour sortir, en compagnie du garde Andrew. Elle portait comme elle le faisait à Mielbois un foulard pastel autour du visage, pour la protéger du vent et surtout des insectes qui pourraient lui tomber dessus en passant sous les arbres. L’atmosphère boisée lui plaisait vraiment beaucoup, et le fait que ses pas étaient rendus muets par la mousse l’émerveillait. Comme quoi, il lui en fallait peu pour être heureuse. Elle avait emporté avec elle un panier en osier dans lequel elle entreposait des fleurs pour en faire un bouquet, mais aussi quelques baies et champignons, qu’elle confierait aux cuisines de Froidedouves pour les incorporer dans le repas du midi ou du soir. Elle n’était pas la seule à se balader dans ces bois, même si elle était la seule à être accompagnée d’un garde. Elle profitait de ces occasions pour échanger avec les villageois, de sorte à être acceptée plus facilement.

C’est dans ce contexte que la jeune femme ne fit pas attention que des étrangers s’avançaient vers elle, le bruit de leur pas étouffé par la mousse des bois. Elle sursauta quand elle entendit une voix masculine qu’elle connaissait si bien. Une voix qui lui rappelait de lointains souvenirs, d’elle enfant, à Hautjardin, s’amusant avec son ami Loras Tyrell, riant aux éclats. Oui, cette voix ne pouvait être que la sienne. Le choc de l’entendre l’avait fait lâcher son panier et quand elle se retourna, elle eut la confirmation de ce qu’elle pensait, oui il s’agissait bel et bien de Loras, et bien que son visage fasse désormais preuve de davantage de fatigue et de maturité, elle reconnut son petit sourire malicieux et ses yeux rieurs, entourés de ses boucles si reconnaissable. Ellyn était tellement ravie de le voir là, alors qu’il lui avait promis par corbeau de venir la voir sans lui indiquer de date, qu’elle se jetta dans ses bras, se fiant à sa réactivité pour ne pas la laisser tomber, et lui avec. Elle était tellement heureuse de le voir ici avec elle qu’elle aurait pu penser être en plein rêve, et pourtant tout cela semblait bien réel. Mais que faisait-il ici, si loin dans le Bief, n’avait-il pas peur que les Hightower et leurs alliés ne cherchent à s’emparer de lui ? Avant de se perdre dans de multiples inquiétudes, Ellyn rassura d’un geste son garde.

- Vous pouvez être rassuré Andrew, c’est un vieil ami, il ne me fera aucun mal. Vous pouvez nous laisser, je suis en sécurité auprès de lui, et puis j’aimerai discuter tranquillement avec mon ami, cela fait si longtemps que nous ne nous sommes pas vus.

Ellyn attendit que le garde soit parti suffisamment loin pour se retourner vers Loras :

- Alors que fais-tu ici ma Brodeuse ? Raconte-moi tout, je veux tout savoir !



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An 300. Lune 8. Semaine 2.
There were so many of us who would have to live with things done and things left undone that day. Things that did not go right, things that seemed okay at the time because we could not see the future. If only we could see the endless string of consequences that result from our smallest actions. But we can't know better until knowing better is useless.

Son regard tremblait sous la curiosité tachée d'une joie riante, d'une joie qu'il n'avait pas connue depuis longtemps. Cette âme qui se tenait devant lui, dans toute sa splendeur, était la première depuis des lunes et des lunes qu'il rencontrait sans craindre quoi que ce soit, sans risquer grand-chose, sans avoir à s'asseoir à une table dans une salle trop vide pour écouter les mots de son oncle en silence, comme un fantôme qui cherchait encore à faire sa place. Le bruit subtil du panier tissé qui tomba au sol ne manqua pas de tirer sur ses pâles et fines lèvres un doux sourire amusé qui portait en lui toute la joie de retrouver cette personne qui, au-delà des apparences, lui avait toujours été si chère. L'instinct à l'affut, la Rose Dorée entoura de ses bras la jeune Abeille qui s'était jetée sur lui. Il la serra si fort contre lui qu'on aurait pu croire qu'il risquait de la briser en deux – bien qu'il n'ait pas l'apparence qui donnait l'impression que – , mais sentir son cœur battre contre celui de sa Petite Garçonne lui fit du bien, tel une berceuse aux oreilles d'un enfant anxieux. Si à cet instant il n'avait eu aucun contrôle de lui-même, il aurait soulevée son amie du sol et il l'aurait probablement fait tourner sur elle-même comme il lui arrivait parfois de le faire à sa petite sœur, légère comme une plume. Si Loras semblait calme en extérieur, au creux de sa tête il n'en restait pas moins frétillant comme un enfant le jour de son anniversaire. Le jeune homme resta silencieux un instant, profitant de la chaleur naturelle de son amie, de la texture qu'avait le tissu de son vêtement sous ses doigts qui la serraient tendrement. Lorsque la bouche de cette dernière s'ouvrit pour laisser entendre quelques mots à l'intention de son accompagnateur, le Tyrell détacha son corps de celui de la jeune femme, reculant d'un pas pour ne plus empiéter dans sa bulle. Poliment, l'adolescent souriait au garde pour le remercier d'obéir à Ellyn ; il n'avait pas l'intention de la blesser, mais il comprenait la méfiance qu'on pouvait éprouver à son égard. Ses prunelles se reposèrent sur son amie, ne la lâchant cette fois plus du regard.  

« Ta Brodeuse est ici pour te voir, ma Garçonne. Ces lettres que je t'ai écrites ne sont pas suffisantes, n'est-ce pas ?  Du moins, elles ne le sont pas lorsqu'il y a tant à dire... Tu es une de mes plus précieuse amie, Ellyn. »  Le ton sincère de Loras portait en lui cette douceur typique de lorsqu'il parlait aux dames. Il ne parlait peut-être plus aussi fort qu'avant, par soucis de discrétion, mais sa voix n'avait rien perdu de son impression de satin.  Heureux, il observa la des Essaims de haut en bas ; ce petit foulard couleur pastel, cette douceur naturelle... Au cœur de l'aspect plus sévère que prenait le Bief à l'orée des terres de l'Ouest, la jeune Abeille donnait l'impression d'être une fleur tout juste éclose. Au fond de lui, il était rassuré de la savoir dans les bras d'Owen. Cet homme ne lui ferait jamais aucun mal, cet homme à qui il aurait pu laisser sa sœur sans aucun soucis si tel en avait décidé le sort. « Je dois parler à ton fiancé, plus tard. Il y a bien longtemps que je n'ai pas eu l'occasion d'avoir une discussion avec lui. J'ai beaucoup à lui dire, également. » Doucement, il prit les mains de son amie entre les siennes. Cependant, il ne tarda pas à les lâcher : si Owen était conscient du fait qu'il n'éprouvait d'attirance que pour les hommes – et uniquement les hommes – , il n'en allait probablement pas de même pour les habitants de Froide-Douve et si la première impression qu'il risquait de faire était celle d'un homme « inconnu » qui touchait la fiancée d'un autre, non merci. Ces choses qu'il devait dire à Owen, ce n'était pas qu'il ne voulait pas les dire à Ellyn, mais il préférait parler avec elle de futilités, lui raconter sa fuite – de façon insouciante, comme s'il ne s'agissait que d'un récit qu'il avait lu quelque part, comme il ne l'avait pas fait depuis si longtemps ; une lueur d'espoir à travers le danger qu'il courrait en venant jusqu'ici.

La tête dénudée de tissu, le vent pouvait désormais caresser pleinement sa nuque et ses boucles, les faisant doucement virevolter. Il constatait comment la température avait changée depuis son départ. Il ne faisait probablement pas encore aussi froid que dans les régions frôlant le nord de Westeros, mais on pouvait facilement constater le changement.  « Ma venue s'est très bien passée, si  cela peut te rassurer. Je suis étonné, cependant, de constater à quel point arriver jusqu'à vous fut si simple. Me concernant, ce n'est pas un mal... » Un petit rire s'évada de ses lèvres, mais ça ne l'empêcha pas de sembler vaguement inquiet. L'heure ne devait pas aider à réchauffer l'air ; il sentait la chair de poule s'emparer de ses bras et soulever légèrement ses poils blonds et presque invisibles. Ce climat n'était pas la mer à boire, mais Loras avait passé douze lunes dans des régions à la température relativement chaude. Dorne et son soleil brûlant, La Treille et son vent chaud ainsi que son humidité pesante. Le regard vif du Tyrell balaya rapidement l'endroit. Se posant sur la demeure des Tyssier, il supposa qu'y entrer risquait d'être une tâche minutieuse, même s'il supposait que la jeune femme l'accompagnerait. Pour l'instant, ce n'était pas important. « Y a-t'il un endroit où nous pourrions discuter sans être dérangés ? Tu me demanderas tout ce que tu voudras savoir ; je n'ai rien à te cacher. J'ai tant à te dire que je ne sais même pas par où commencer. » Un rire discret et sincère fusa d'entre ses lèvres roses. Il zyeuta la silhouette désormais loin de l'homme qui accompagnait Ellyn. Le Tyrell se sentirait probablement un peu insulté si son amie sentait le besoin de l'amener avec eux, mais il supposait qu'il s'agirait d'une action tout à fait normale. Ses yeux retournèrent sur son amie à qui il adressa un large sourire. « D'ailleurs, je ne savais pas que tu connaissais Owen. C'est une agréable surprise ! Comment se porte sa sœur, si je peux le demander ? » Un peu d'inquiétude brillait au fond de ses yeux.  Le jeune homme avait eu vent que Gwynesse avait enfin été remise à son frère ( un peu avant son départ, un peu après ? Il ne savait pas trop. Le cours de plusieurs événements était encore pêle-mêle dans sa tête ), Dieux merci pour la jeune femme.  


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An 300, Lune 8 Semaine 2- Froide-Douve - Bief



Loras Tyrell

La vie vous réservait parfois de merveilleuses surprises, et bien que la situation politique du Bief ait perdu de sa superbe au fur et à mesure que le vert des arbres se muait en or, rouge et orange, voilà que les Sept envoyaient à Ellyn de plus en plus de bons présages. Bon certes elle était passée par des phases très difficiles, perdre son père avait été une épreuve très dure à supporter, et elle n’avait dû qu’au soutien d’Owen pour ne pas plonger dans une profonde dépression. A Owen et à sa foi. Maintenant qu’elle était officiellement fiancée au Lord Araignée, et depuis l’indépendance du Bief sous le règne de Gunthor Hightower, la jeune femme s’était installée à Froide-Douve, un de ces châteaux de taille moyenne mais tout de même très beau, dans le Nord du Bief, où l’on sentait arriver l’Hiver bien plus vite qu’à Mielbois ou même à Hautjardin. Elle sentait ce froid arriver et elle n’y était pas habitué, ce qui l’avait plus d’une fois surpris au petit matin alors qu’elle sortait se promener aux alentours du château avec sa future belle-sœur. Fort heureusement, Ellyn avait vite pris le pli et se promenait toujours avec un châle brodé sur les épaules, brodé d’abeilles dorées sur un fond vert clair, pour se protéger des premiers vents frais de l’Hiver. Mais alors que l’Hiver arrivait et alors qu’elle avait dû affronter la mort de son paternel, les bonnes nouvelles se multipliaient. Première, la sœur d’Owen avait retrouvé son foyer, découvrant ainsi que son frère était fiancé. Et le moins qu’on puisse dire c’est que le courant était tout de suite bien passé entre les deux femmes, n’étant ni l’une ni l’autre de jeunes femmes coquètes et superficielles. Mais ce matin-là, la surprise était encore plus, car la Pieuse Abeille retrouvait la Rose Dorée, Loras Tyrell, son ami d’enfance avec qui elle avait passé tant de merveilleux moments. Elle n’avait pu s’empêcher de lui sauter au cou en le voyant, elle avait été très inquiète pour son sort suite au renversement des Tyrell de la suzeraineté du Bief. Elle n’avait pas compris ce retournement de situation, et encore moins la fuite de Loras et de Margaery. Néanmoins elle avait gardé un bon contact avec Loras, et voilà qu’aujourd’hui les deux jeunes gens se retrouvaient.

Quand elle sauta dans les bras de sa Brodeuse, ce fut comme si un regain de vie animait le cœur de la belle Abeille, comme si elle avait perdu plusieurs années et se trouvait jeune fille en train de jouer avec son lointain cousin, le jeune Loras. Elle riait aux éclats de ces retrouvailles, elle sentait son propre cœur battre fort dans sa poitrine, ce cœur qui battait désormais pour Owen, ce coeu qui pulsait de vie et qui hoquetait devant de si tendres retrouvailles. Son corps tout entier était transporté, comme si ce n’était pas un homme qu’elle serrait dans ses bras mais un soleil, un de ces soleils de début de matinée, qui vous réchauffe doucement, car c’était cela qu’elle ressentait, une douce chaleur l’envahir, rendant cette étreinte confortable et porteuse de joie. Elle était si heureuse qu’elle sentait le bout de ses oreilles lui piquait d’excitation, sa coiffure se défaisant quelques peu, laissant de menues mèches entraver son front. Loras la serrait si fort qu’elle en avait le souffle coupé, mais elle ne lui en voulait pas, elle en aurait sûrement fait de même si elle avait eu autant de force que lui. Au bout de quelques instants néanmoins, elle se résolut à quitter les bras de son ami, sans doute par pudeur. Elle l’oubliait des fois, mais il est vrai que voir la fiancée de son seigneur dans les bras d’un autre homme pouvait troubler certains habitants de Froide-Douve, et ce qu’elle voulait par-dessus tout, c’était bel et bien être accepté. Oh, elle savait, tout comme Owen, que Loras était bien plus attiré par les bourdons que par les abeilles, qu’il préférait la gente masculine, et ce depuis le plus jeune âge, mais tout le monde ne le savait pas, et certainement pas le peuple de Froide-Douve. Par pudeur donc, et par retenue, les deux amis cessèrent leur étreinte.

- «  Ma Brodeuse m’a manqué, tes lettres m’ont beaucoup inquiété ! Je devrais t’en vouloir de m’avoir causé du mauvais sang comme ça, a-t-on idée d’inquiéter ainsi une jeune femme comme moi ! Mais je suis aujourd’hui rassurée, ton départ avait été si précipité, avec ta sœur enceinte et toi-même devant assurer votre survie à vous trois. Comme j’ai eu peur pour toi Loras, tu n’imagines pas.  Tes lettres ne me suffiront jamais, si cela ne tenait qu’à moi je t’enfermerai pour te protéger et pour que tu puisses tout me raconter fifrelin ! »

Oh oui, pour s’inquiète, Ellyn s’était inquiéter. Imaginer sa fine Rose à la merci des bandits sur les chemins égarés, à travers des régions qu’elle ne connaissait que de nom, pour fuir une région qui n’était ce qu’elle était que grâce à la grande famille de Tyrell, non elle ne comprenait pas, et elle espérait sincèrement ne plus le revoir partir, et qu’il retrouve la sécurité sur les terres verdoyantes du Bief. La région était bien assez grande pour eux, ils n’avaient jamais causé le moindre mal, et au fond Ellyn n’aimait pas ce nouveau Roi, Gunthor. Il ne lui plaisait pas, rien que par le fait que Loras ne soit pas le bienvenu sur ces terres. Et dire que tant de gens le croyaient mort, la Pieuse Abeille était bien contente de constater que ce n’était point le cas.

- « Me ferais-tu des cachotteries ma Garçonne ? Tu sais que tu peux tout me dire ! Owen et moi sommes devenus très proches, et une des règles primordiales de notre alliance future est la confiance que nous nous accordons, nous sommes à la fois fiancés mais aussi partenaires, ensemble nous sommes plus forts. Il sera tellement heureux – surpris certes – mais heureux de te voir j’en suis sûr. J’ai su que vous étiez de proches amis du temps où tu étais encore à Hautjardin, pécheur comme tu es ! »

Revoir ces boucles blondes chantaient au rythme du vent dans ce bois rappelait  bien des souvenirs à Ellyn, comme toutes ces fois où elle se rendait à Hautjardin voir sa tante mariée à un Tyrell, et où elle passait son temps avec Loras, bavardant de tant de choses qu’il passait des heures rien qu’à parler. Oh que de bons souvenirs. Revoir sa bouille de faux innocent lui faisait réellement plaisir, et c’est à peine si elle ne devait pas se pincer pour se convaincre qu’il était bel et bien là, avec elle, dans ces bois. Le soldat qui accompagnait Ellyn ce matin-là s’éloignait, ne voulant pas déranger ce moment d’intimité, mais elle sentait, à en voir la barre qui lui marquait le front, qu’il ne comprenait pas ce qui se passait. Il devait sûrement se demander s’il devait en parler à son seigneur. Ellyn le rassurerait en lui disant qu’Owen le connaissait, sans s’étendre à ce sujet, mais qu’il devait parler de cette entrevue à personne. Non pas qu’elle ait peur des rumeurs, non ce qu’elle voulait surtout éviter c’est que certains apprennent le retour de Loras dans le Bief, ce qui était dangereux pour celui qui passait pour mort.

- « Bien entendu, si tu veux, nous pouvons soit nous asseoir sur un tronc dans une clairière près d’ici, même si certains villageois risquent de passer, beaucoup y viennent pour récolter des champignons, des baies et des noisettes pour l’hiver à venir.  Si tu veux plus de tranquillité, nous pouvons nous rendre au Septuaire, il n’y a pas d’office avant une paire d’heure, je dirais au garde de rester à l’entrée et de ne laisser entrer personne, sous prétexte que la Dame de Lord Owen a besoin de prier seule. Au moins nous serons vraiment seuls, et seuls les Sept entendront nos paroles, mais crois-moi, ils ne répèteront rien à personne. Je sais que tu n’es pas des plus pieux, mais c’est un lieu très calme, de sérénité où nous pourrons vraiment nous poser sans crainte d’être entendu. Qu’en dis-tu ? »

Le Septuaire de Froide-Douve datait déjà du temps où la Veuve Rouge régnait sur le domaine, mais il n’avait cessé de s’embellir, chacun des sept murs étant percé par un vitrail représentant l’une des faces de leur dieu. Ellyn était très pieuse, surtout depuis le décès de sa mère et encore plus de son père, elle savait que pour Loras, était plutôt une formalité, une obligation du temps où il résidait à Hautjardin, pour sûr qu’il n’avait jamais dû se rendre dans un tel lieu pour prier depuis sa fuite. Pourtant, un septuaire restait le lieu le plus calme et le plus serein qui existait aux yeux de la Jeune Abeille, qui allait bientôt revêtir le manteau noir brodé d’argent, avec une araignée rouge en son centre.

- «  A vrai dire, je ne connaissais Owen que de vue pour l’avoir croisé à quelques reprises à Hautjardin et Villevieille, mais lorsque j’ai repris en main la gestion de Mielbois, j’ai eu à traiter avec lui directement, et de fil en aiguille nous nous sommes rapprochés… Pour tout t’avouer, sa sœur est encore traumatisée de sa captivité sur les Îles de Fer… Ces barbares, si j’en avais un devant moi crois-moi qu’il sentirait passer ma colère ! Elle ne sort que très peu, comme si elle avait peur d’être de nouveau prise en otage… Elle et moi nous entendons bien, j’essaie de la divertir et de lui redonner goût à la vie avec Owen. Ca commence à aller un peu mieux, mais encore ce matin elle a refusé de sortir se promener en ma compagnie… Je la comprends et ne la brusque pas…

Mais et toi dis-moi, d’où viens-tu comme ça ? D’où nous arrives-tu ? Dis-moi tout, je veux tout savoir, de ta fuite à ton arrivée ici, tu sais à quel point je suis friande de détails, encore une preuve que je suis curieuse semble-t-il. »



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An 300. Lune 8. Semaine 2.
There were so many of us who would have to live with things done and things left undone that day. Things that did not go right, things that seemed okay at the time because we could not see the future. If only we could see the endless string of consequences that result from our smallest actions. But we can't know better until knowing better is useless.

Un mince sourire se leva sur les joues du jeune homme. Pourtant, ce dessin que formaient ses lèvres ne portait pas en lui la précédente joie de leurs retrouvailles ; il était taché d’une inquiétude qu’il n’avait pas à exprimer – il n’était pas celui qui avait à être inquiet –, mais il respirait surtout d’une désolation qui savait le rendre si triste. L’inquiétude dont avait fait preuve Ellyn depuis son départ n’était probablement pas propre uniquement à elle. Ses cousines qui ne respiraient pratiquement que pour le bien de Margaery devaient être aujourd’hui meurtries et sombres, sa mère qui n’avait aucune idée de leur survie, et qui en plus devait assumer que sa propre famille de sang lui marche dessus, devait n’être plus rien qu’une âme en peine errant dans un monde qui n’avait que pour seul rempart un Willos soumis et faible. Il avait voulu sauver Margaery, il devait désormais en vivre avec les conséquences. S’il s’ennuyait de sa vie d’antan, il n’en restait pas moins que son plus grand souci fût les peines et les inquiétudes qu’il avait causées et qu’il ressentait aujourd’hui chacune comme un coup de poignard plus fort l’un que l’autre. En voulant bien faire, il avait été égoïste. Il n’avait jamais, que ce soit à Villevieille au moment de la libération de sa sœur, à Dorne ou présentement, qu’agit égoïstement. Tout ce qu’il avait fait, tout ce qu’il faisait, n’avait pour seul destinataire que sa propre personne. Il aurait voulu se fondre en excuses face à Ellyn, mais son orgueil prenait malgré tout le dessus.  Tout ce qu’il pouvait ressentir présentement ne passait que par ses yeux vibrants de honte et son sourire pincé et désolé.

Pourtant, les paroles de son amie ne manquèrent pas de lui arracher un petit rire. Chacune de ces petites vibrations de joie, Loras avait appris à les apprécier depuis son départ. Il avait compris qu’il devait les chérir et qu’elles n’étaient pas que futiles comme autrefois. Rire, dans le malheur, ne lui était désormais qu’un luxe. Il n’avait pas pu rire lorsqu’il avait vu sa sœur réduite au statut de paysanne, il n’avait pas pu rire lorsque sa sœur lui avait annoncé la mort d’Elijah. Désormais, son rire était plus honnête qu’il ne l’avait jamais été auparavant. « La confiance… » Marmonna-t-il dans un presque silence. « C’est une bonne chose. » Ponctua-t-il d’un petit signe de tête. Il inspira doucement, l’odeur des arbres et de l’herbe chatouillant son nez comme un tendre souvenir. Son regard effleura le sol pendant un court instant. « Je ne crois pas te faire de cachoteries. Simplement, je crois qu’il s’agit de choses ennuyantes et que je dois mettre au clair avec ton futur époux pour ne pas dire n’importe quoi. » Sa dextre se posa sur sa nuque, effleura ses boucles rendues plus pâles par le soleil de La Treille. Bien qu’un sourire étirât toujours ses minces lèvres, le jeune homme se sentait vaguement mal de ne pas aborder immédiatement le sujet avec son amie. Il la savait digne de tout ça, mais il n’avait pas envie de l’inclure sans réfléchir dans des entreprises qui pourraient lui porter préjudice. « Mais si tu le souhaites, je t’en parlerai. » Le vent frais du nord du Bief rendait ses joues rouges et son nez était légèrement engourdit. Enfant d’été, cette sensation lui était désagréable.  Pourtant, il ne s’en plaignit pas : la vue qu’il avait, la sensation d’être protégé par le pays qui l’avait vu grandir, lui était tellement chère que le vent frais qui faisait valser ses cheveux ne réussirait même pas à l’irriter plus que ça. « Va pour le Septuaire. »  Affirma-t-il, décidé. Même s’il était loin d’Hautjardin, le Bief terrestre ravivait en lui de doux souvenirs. Des mémoires tendres d’enfance, des moments où ces seules inquiétudes tournaient autour de la performance et de l’image qu’il dégageait auprès d’autrui. Sa gorge se serra soudainement.

Loras crut judicieux d’entamer le pas. La fraîcheur s’étendait désormais plus loin que ses pommettes et son nez et l’immobilité ne fit qu’empirer les sensations désagréables. Mais ce n’était pas que cela : l’immobilité n’était l’ami de personne lorsque venait le temps de passer inaperçu. C’était un miracle, il fallait dire, si lui et sa sœur n’avaient pas été repérés après neuf lunes dans une ferme dornienne. Cependant, au fond de lui, il avait envie de voir le Septuaire. De se rendre dans ce lieu qui, même s’il n’avait jamais visité celui de Froide-Douve, lui était si commun. Il n’était pas bien croyant et les Dieux n’étaient pour lui que des histoires que se racontaient les Hommes pour se sentir un peu mieux, pour se réguler de la même façon qu’avec les lois, mais il appréciait le calme de ces endroits. « Owen est bel homme et son esprit est fort bien aiguisé, tu es tombée sur un bon parti. Prends-en soin. » Lança-t-il, un sourire plus grand au visage et la voix heureuse.  Owen et Ellyn faisaient partie des gens qui comptaient probablement le plus pour lui. Il ne voulait même pas imaginer pouvoir les perdre et les savoir ainsi ensemble le rassurait d’une certaine façon. Honnêtement, il aurait souhaité que sa sœur trouve un aussi bon parti.  Certes, épouser Viserys Targaryen avait apporté à sa sœur une gloire éphémère, mais était-ce qu’il y avait eu de meilleur pour elle ? Il ne comprenait pas toutes ces nécessités, toute l’importance que les grandes familles accordaient aux mariages entre elles. Pour lui, un « bon parti » n’avait en rien rapport avec la fortune ni la renommée, mais plutôt avec la bonté de l’autre et toutes ces belles qualités. Sa sœur méritait bien mieux que Viserys Targaryen, que l’homme concerné soit un roi ou non. Lui qui jamais ne pourrait épouser quelqu’un qu’il aimait y voyait là un gaspillage. « Tu l’aimes, n’est-ce pas ? » Une pointe d’espoir dans sa voix, il souhaitait que ce soit le cas. Enfin, de la façon dont elle parlait de leur relation, il n’avait pas de raison d’en douter. « Si je ne me trompe pas, profites-en. Ce ne sont pas toutes les femmes qui ont cette chance. » Sur Ellyn, il posa le même genre de regard protecteur avec lequel il regardait sa petite sœur. Quant à lui, si sa sœur était tombée amoureuse du dragon déchu, c’était simplement parce qu’elle avait été manipulée. Pour lui, il n’y avait aucune autre explication qui puisse être logique.

Le regard vif du Tyrell se perdit dans le feuillage des arbres et les épines de conifères, mais son attention n’en fut pas moins ancrée dans la réalité. Ses yeux ne fixaient pas son amie, mais sa pensée marchait à ses côtés. Cependant, il pensait un peu à Gwynesse Tyssier. Il ne savait pas ce qu’elle avait pu vivre là-bas, mais il ne faisait aucun doute que l’expérience avait dû être traumatisante. En y pensant, il pensa à nouveau à sa sœur. Malgré lui, il savait que la Tyrell avait probablement moins souffert que la Tyssier ; il se souvenait toujours des mots d’Owen qui l’assuraient que ce dernier faisait de son mieux pour que Margaery soit bien traîtée durant son séjour forcé chez les Hightower. Il voulut dire de bons mots rassurants à l’Abeille, mais il laissa le sujet mort pour le moment. Dans les faits, il craignait de s’aventurer sur un sentier sinueux et d’émettre de maladroits propos.  La lèvre inférieure coincée entre ses dents, le silence qui les enveloppait permettait à Loras de réfléchir.

« Je viens de La Treille. Mon oncle nous y héberge, moi et ma sœur. Les gens de l’île sont contents de nous y voir. Là-bas, le peuple est encore très fidèle aux Tyrell. J’ai pu revoir ma tante Mina et quelques autres membres des branches secondaires. Seulement ceux qui ne vivent pas à Hautjardin, histoire d’éviter que certaines langues fourchent. »  Loras Tyrell eut l’air songeur. Il n’y avait aucun doute que son oncle faisait probablement un peu de propagande pour éviter que son peuple ne se laisse marcher dessus par les Hightower, mais c’était nécessaire. Enfin, tous les gens qu’il avait croisés là-bas l’avaient accueilli avec joie et, parfois, avec pleurs qui pourtant n’étaient pas de tristesse. Comment se faisait-il que les propos ne sortissent pas de l’île ? Il ne savait pas, mais il aimait croire que les gens du peuple n’étaient pas aussi stupides que la noblesse aimait le croire (d’autant plus que beaucoup ne savaient pas écrire ...) . « Cependant, nous étions à Dorne bien avant. Lorsque j’ai secouru ma sœur, une femme qui accompagnait un paysan nous a guidés sur une ferme où nous sommes restés. Nous aidions les fermiers avec les tâches quotidiennes. Enfin, j’étais bien plus souvent parti qu’autrement, mais ce n’est que détail. Ma sœur a accouché de son fils là-bas. Tu seras heureuse d’apprendre qu’Aeryn se porte bien et qu’il semble bien grandir. Il est encore jeune, mais j’ai bon espoir pour lui. » Il sourit tendrement à son amie, la seule mention de son neveu lui plantant un doux sentiment au cœur. « Il y avait des chèvres aussi. Elles étaient fort… sympathiques, je suppose. » Un rire doux s’échappa de ses lèvres. À vrai dire, elles ne lui manquaient absolument pas. Encore moins leur odeur. Pourtant, ses propos restaient très vagues. Il ne pouvait parler du dragon et encore moins d’Elijah. Il ne voulait pas non plus mentionner la raison de leur départ de Dorne, car il savait très bien qu’Ellyn risquait de mal réagir en sachant qu’il avait mis la vie de sa propre sœur en danger.

L’adolescent leva les yeux vers le ciel bleu et clair typique des débuts de journées tranquilles. Regrettait-il son expérience ? Seulement pour les dangers qu’avait encourus sa sœur, oui. Pour le reste, non. Bien que la vie à Hautjardin lui manquât terriblement, il avait apprécié chaque morceau de cette nouvelle vie. Il avait aimé passer ses journées à se battre, à s’entraîner avec des gens du petit peuple. Loras n’avait jamais été un jeune homme adorant les convenances et les beaux habits autrement que pour l’image qu’il se devait de dégager et il l’avait ressenti encore plus lorsqu’il avait eu l’occasion de goûter à cette liberté. Distraitement, il tira un peu sur sa manche pour cacher la large brûlure qui s’étendait sur son poignet.  



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