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Thorn tree in the garden

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There's a thorn tree in the garden
If you know just what I mean

lune 8, an 300 - Hautjardin
Willos - Rosemary

Les échos de la musique délicate jouée à l'intérieur, ceux des rires et des conversations, lui parvenaient étouffée par la verdure qui l'entourait, celle où elle avait choisie de s'isoler finalement après quelques heures à faire comme si elle s'amusait vraiment. Bien sûr les fêtes de la cour de Hautjardin étaient toujours aussi splendides et fastueuses, mais elles n'étaient plus comme avant, quand la belle cité était le centre de son royaume à tous les égards. Quelque chose avait quitté le palais lorsque les Hightower avaient usurpé le pouvoir, aidés par cette foutue dragonne qu'elle aurait préféré savoir morte en couche, et elle ne faisait pas références aux deux plus jeunes Tyrell qui avaient disparu peu après et qui lui manquaient cruellement. Jetant un regard derrière pour s'assurer qu'on ne la suivait pas, elle aperçut les couples qui dansaient dans la grande salle dorée et ceux qui s'étaient formés près de l'entrée qui menait aux jardins, les belles robes qu'arboraient les dames et les tenues élégantes de leurs cavaliers ou soupirants, peut-être les deux selon la situation. Elle connaissait la plupart, et une certaine partie de leurs secrets qu'ils croyaient si bien cachés, plus assommants les uns que les autres. Les deux près du bosquet fleuri faisaient comme s'ils se haïssaient mais couchaient ensemble depuis quelques lunes, la demoiselle qui leur jetait des regards en coin mourrait de désir pour l'homme alors qu'un autre tentait vainement de la courtiser, les deux jouvencelles si bien habillées qui gloussaient comme des pintades sous l'influence du vin qui coulait à flots ce soir étaient aussi stupides quand elles étaient sobres, la dame d'un certain âge assise sur le banc un peu plus loin en compagnie de son chevalier de fils était au service des nouveaux maîtres du Bief et surveillait tout ce beau monde, quant à l'humble servante que tous ignoraient, elle était à son service et lui rapporterait les moindres faits et gestes des autres. Un léger soupir souleva à peine sa délicate gorge et elle s'avança plus avant dans le jardin, dépassant en silence les quelques autres couples qui se croyaient discrets dans les diverses alcôves végétales, la tête haute et le regard fixé sur son objectif.

Elle s'était installée sous le grand érable qui trônait dans l'une des percées, prenant soin de placer sa belle robe pour ne pas la froisser plus que nécessaire, et remit machinalement en place la longue mèche torsadée qui pendait sur son épaule avant de lever la tête vers la frondaison puis la voûte étoilée alors que de nouveaux rires lui parvenaient. Elle avait participé aux première heures de la fête, donnée pour elle ne savait même plus quelle raison, jusqu'à ce que lady Olenna se retire dans ses appartements et renvoie toutes les demoiselles à son service pour qu'elles puissent profiter des festivités. Elle était restée en arrière quelques instants, le temps de s'assurer que la Reine des Épines, la seule reine qu'elle reconnaissait, n'avait besoin de rien, avant de se retirer à son tour et rejoindre la grande salle. Tout était presque parfait, comme d'habitude, et elle aurait pu se plaire à savourer les mets délicats et le vin sucré, la musique et les danses, les attentions des hommes qui se retournaient sur son passage, comme elle le faisait d'habitude. Mais elle n'avait pas vraiment la tête à ça, et après un ou deux morceaux elle s'était finalement éclipsée pour retrouver l'air encore chaud des jardins, épargnés par l'hiver qui avait déjà pris ses marques dans les royaumes plus au nord. Combien de temps encore le Bief serait-il épargné du froid elle l'ignorait, mais elle espérait que ce serait le plus tard possible, peu pressée de voir les fleurs disparaître et emporter leurs merveilleux parfums avec elles, du moins tant que d'autres fleurs ne seraient pas revenues reprendre leurs places dans ce lieu qu'elle aimait tant. Un nouveau soupir lui échappa, les mots de la lettre qu'elle avait reçu quelques jours plus tôt tournoyant dans son esprit, les nombreuses inquiétudes qu'ils avaient fait naître pressant douloureusement sa gorge. Elle n'y avait pas encore répondu, les tremblements entre joie et peur empêchant sa plume d'être stable, les mille questions et l'agitation qu'amenaient ces nouvelles troublant son écriture, et de nombreux parchemins avaient terminés au feu.

Entendant des pas approcher, elle passa une main furtive sur son visage pour faire disparaître la légère humidité qui avait envahi ses yeux et se tourna pour voir de qui il pouvait bien s'agir.  Elle reconnaissait ses boucles pour les avoir vu sur ses cadets, sa démarche pour la connaître depuis quelques années maintenant, et alors qu'il se rapprochait, la beauté typique des Roses qui faisait chavirer plus d'une demoiselle. Elle n'y était pas insensible non plus, mais ce n'était plus juste un penchant strictement dicté par le désir. Se levant, elle ajusta les plis du tissu autour d'elle, reprenant cette attitude qu'elle arborait toujours à la cour, celle de la jeune demoiselle souriante et aimable, alors que dans son esprit elle calculait déjà quelle serait la meilleure manière d'utiliser l'homme pour permettre au Bief de redevenir ce qu'il était. Lord Tyrell. Un sourire discret parant son visage, elle s'inclina avec élégance devant celui qui était désormais le seigneur de Hautjardin, le même qui s'était si facilement plié devant les usurpateurs de Villevieille, qui avait forcé la fuite de ses deux chers amis. Vous ne profitez pas des festivités? Lady Staunton doit certainement être en train de vous chercher. Elle haïssait cette catin venue de la Couronne que la dragonne avait imposée à l'héritier, mais en apparences elles étaient bonnes amies et passaient du temps ensemble dans le palais, la bieffoise guidant la nouvelle venue dans le labyrinthe complexe qu'était la cour de Hautjardin pour les étrangers avec une diligence exemplaire. Je peux l'amener jusqu'à vous, si c'est ce que vous désirez bien sûr... Un nouveau sourire, qu'elle voulait compatissant et soucieux du bien-être de son seigneur, cachant à merveille ce qu'elle pensait réellement. Si seulement la demoiselle pouvait se rompre le cou dans des escaliers, avec ou sans aide, elle ne s'en porterait que mieux.