Truths and roses have thorns about them | Rosemary

Rosemary,

Je suppose que vous ne vous attendiez pas à ces mots, n'est-ce pas ? On m'a raconté nombre de rumeurs prétendant que moi et ma sœur n'étions plus de ce monde. Vu l'ampleur évoquée par mon oncle, j'ose douter qu'il ne s'agisse que de petites rumeurs comme ma propre mère ( comment se porte-t-elle, d'ailleurs ? Dites-moi, s'il vous plaît, qu'elle ne s'est pas laissée ronger par le désespoir. Je m'en voudrais terriblement... ) et mon cher frère semblent croire de même. Ceci étant dit, les gens qui ont commencé à prétendre notre mort sont plutôt naïfs : jamais nous ne serions allés mourir, sans espoir, loin de notre terre-mère. C'est mal nous connaître. Ils sauront, tôt ou tard, que les Roses sont aussi difficiles à détruire que les mauvaises herbes. Nous ne ferons, de cette chute, qu'en renaître plus forts. Mon oncle m'a appris, récemment, que ma grand-mère était également au courant du fait que nous soyons toujours en vie. S'il vous plaît, ne lui en voulez pas de ne rien vous avoir dit si tel est le cas : elle ne le pouvait pas, car les murs ont des oreilles, surtout auprès de mon frère. Si cette chienne qui dirige le Sud nous retrouve, moi et ma sœur, elle souhaitera avoir notre tête sur un plateau d'argent. Vous savez bien, cependant, que je n'ai jamais eu l'intention de la laisser gagner. Elle m'a pris mon père et mon frère, mais c'est tout ce qu'elle me prendra de sa triste existence. Pour ce fait, nous ne pouvons rentrer à Hautjardin tant que ces oreilles y sont toujours.  

Je pourrais me prononcer sur l'état de ma sœur, mais je pense qu'il vaudrait mieux qu'elle vous en parle elle-même plutôt que de m'aventurer sur le sujet. Par respect pour elle, je n'ai pas réellement envie de déformer ses émotions et de supposer des choses dont je ne suis pas totalement certain.  Je crois que vous pouvez comprendre, n'est-ce pas ? Si cela peut vous rassurer, elle se porte physiquement bien et sa vie n'est pas du tout en danger, en dehors de notre situation. Tout comme moi, elle a un peu changée. Je ne crois cependant que ce soit pour le mal. Nous avons simplement compris que la vie n'était pas toujours facile, mais cela n'a fait que jeter de l'huile sur le feu de nos ambitions.  Le Bief est nôtre et, peu importe combien de temps nous avons passé dans ce misérable endroit où nous étions, Margaery et moi ne l'avons pas oublié. Au moment même où je vous écris cette lettre, nos rêves et nos ambitions sont sur le point de prendre des tournures beaucoup plus concrètes. Nous avons encore beaucoup de travail à faire, mais cela n'enlève aucune valeur aux petits pas que nous avons déjà faits. Normalement, je devrais aller voir dame des Essaims, bientôt. Si vous le souhaitez, nous pourrons, toi et moi, avoir une petite entrevue quelque part entre Hautjardin et Froide-Douve.  

Vous m'avez manquée, Rosemary. Comme Hautjardin, comme le reste de ma famille. Je n'ai jamais arrêté de penser à vous tous. Vous étiez dans ma mémoire, à me rattacher à la réalité. Je n'ai non plus jamais arrêté de travailler et d'essayer pour qu'un jour nous puissions retourner dans le Bief. Or, ce ne sont pas mes efforts qui nous ont permis de revenir. Non. J'ai été stupide, je ne peux le nier. J'ai cru que j'aurais pu faire confiance à quelqu'un que j'aimais ( « j'aime » serait la formulation juste, mais je ne peux l'assumer ), naturellement. Il croyait en moi, pourtant. Il y a presque deux lunes de cela, mais je n'arrive toujours pas à comprendre. Y'a t-il réellement quelque chose à comprendre ?
 
Rosemary, j'espère recevoir bientôt de vos nouvelles. Si vous ne savez pas où envoyer votre réponse, demandez à ma grand-mère, elle saura vous guider.