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[Flashback] L’eau n’oublie pas son chemin. | Gysella & Lyarra
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L'eau n'oublie pas son chemin
An 299, milieu de la lune 12 | Castel Cerwyn
Gysella & Lyarra
Cela faisait que quelques jours que Lyarra était revenue de son voyage dans le Val et à Dorne. L’annonce de la mort de Ned Stark l’avait obligée à revenir. Elle était encore toute bouleversée par cette nouvelle, refusant de croire que c’était vrai. Celui qui avait été comme un deuxième père à ses yeux avait disparu. Plus rien n’était plus pareil dans le Nord depuis qu’elle était rentrée. Déjà lors de son premier retour, elle avait constaté de nombreux changements, mais ce départ dans le Sud avait visiblement été de trop. Même si elle avait eu l’accord de son père pour cette fois-là, il gardait bien en mémoire la fuite et la désobéissance de sa fille. Elle était donc consignée au château familial, les moindres sorties devaient être encadrées pour éviter qu’elle ne s’en aille encore une fois. La fuite de Winterfell près de quatre ans auparavant été arrivée pour une raison précisé. Lyarra n’était pas malade, elle n’allait pas s’enfuir comme cela. Elle était bien consciente qu’elle ne pouvait plus faire ce qu’elle voulait, malgré les apparences, elle respectait énormément sa famille et ne voulait pas bafouer son honneur.
Ce jour-là, elle décida de sortir dans aux abords de la rivière près de Castel-Cerwyn pour aller cueillir des plantes pour le Mestre. Ce dernier était un des rares qui n’avait pas fait de sermons trop sévères à la petite Cerwyn. Bien entendu, il l’avait blâmée pour le danger de son voyage, qu’elle aurait dû être patiente et s’entourer de bien plus de personnes. Surtout, il l’avait blâmée pour avoir entraîné son frère dans cette aventure. Même si elle avait tout fait pour que son frère ne vienne pas, elle en prenait la responsabilité. Mais elle avait passé des heures, suite à son retour, à conter ses aventures à Mestre Rhodry. Il avait beaucoup apprécié de voir qu’elle avait beaucoup appris et lorsqu’elle lui fit savoir qu’elle avait tenté de visiter la Citadelle, il ne put s’empêcher de rire. Tout autre Mestre aurait crié au scandale ou au blasphème. Mais Mestre Rhodry la connaissait depuis sa naissance et la connaissait par cœur. En voyant la façon dont sa famille lui avait tourné le dos alors qu’elle ne demandait qu’un peu d’amour de leur part, ce dernier avait joué le rôle du père en la réconfortant lorsqu’elle avait le mal du pays ou lorsqu’elle faisait des mauvais rêves, choses normales après un si long voyage. Lorsqu’elle était partie une nouvelle fois, il avait été un peu inquiet, se demandant si ce n’était pas un peu trop pour son jeune âge, mais il n’avait su la raisonner, elle voulait en profiter tant que son père était d’accord. Il s’agissait de rendre hommage aux Arryn de la part des Cerwyn et Lyarra était la seule apte à le faire, à son plus grand regret.
Jonelle, la grande sœur de Lyarra avait donc dû l’accompagner. Loin d’enchanter la cadette, elle cherchait un moyen de la perdre. Elle savait que si elle la faisait passer par les docks de Castel-Cerwyn, elle arriverait à la semer, connaissant Jonelle, elle n’appréciait pas la foule et encore moins lorsqu’elle était remplie de pêcheurs et marins et autres petites gens. Lyarra aurait bien imaginé Jonelle à Port-Réal, elle aurait été parfaite pour vivre là-bas. D’un côté les grands, de l’autres le petit peuple. Une conception qu’elle avait du mal à accepter. Dans le Nord, ses habitants n’étaient que très peu comme ça, mais Jonelle s’était toujours sentie supérieure. Lyarra appréhendait le jour où elle prendrait les rennes du fief des Cerwyn. Mais pour le moment, son seul objectif était de la perdre. Elle n’aura qu’à dire à son père que sa sœur n’était juste pas assez rapide et qu’elle s’est rapidement trouvée mal dans la foule et que par la suite, Lyarra ne serait pas parvenue à la retrouver et aurait dû tout de même accomplir son devoir : trouver les plantes que Mestre Rhodry lui avait demandées.
Elles passèrent par la cour du château. En passant à côté de la forge, le forgeron salua Lyarra, visiblement heureux de la revoir après toutes ces années et lui demandant si la dague qu’il lui avait forgée avait servi. Elle tenta de le rassurer en lui disant qu’il ne lui était rien arrivé et que sa dague était encore intacte. Il l’aurait vendue à un homme, il aurait probablement été déçu, mais il semblait heureux de savoir qu’elle n’avait pas eu de complications durant son voyage. Peu après, toujours accompagnée de sa sœur, elle arriva vers les docks. Elle vit le visage de son aînée se décomposer avant de relever la tête, fière d’accomplir son devoir. Ça faisait rire la plus jeune en son for intérieur, mais elle tenta de rester de marbre. Le brouhaha de la foule était agréable, elle se souvenait de Blanc Port mais aussi des ports de Villevieille ou encore à Port-Réal. L’ambiance était bien différente ici, mais ça lui faisait du bien de se mêler à ce genre de personnes. Puis elle aperçut le maître d’armes à quelques pas, elle savait que ce dernier avait depuis toujours tapé dans l’œil de son aînée. Elle s’approcha donc de lui et le salua, ce qui engagea une conversation entre Jonelle et l’homme. Lyarra profita de cette occasion pour s’éclipser et fausser compagnie à sa sœur bien aimée. Elle se retint pour ne pas courir et éviter de provoquer une catastrophe, puis une fois éloignée des docks, elle se longea la rivière pour s’éloigner suffisamment pour avoir un moment à elle.
Après quelques minutes à s’éloigner, elle considéra qu’elle avait atteint une distance raisonnable pour que sa sœur ou peut-être le maître d’armes la retrouve, et qu’elle ne se fasse pas plus sermonner car la distance n’est pas suffisante pour penser à une nouvelle fugue. Son plan avait réussi, et ça n’aurait pas été le cas si elle n’avait pas eu la chance de croiser le maître d’armes. Les imprévus étaient beaucoup plus bénéfiques visiblement. Elle s’approcha du rebord tout en se baissant, elle trempa sa main dans la rivière comme dans son enfance. Elle avait toujours eu l’habitude de venir là et ce n’est pas faute d’avoir failli tomber à plusieurs reprises tant elle était maladroite. Heureusement, elle avait toujours pu compter sur son petit frère les dernières années, ou Jon les rares fois où il était venu ici. Cette fois-là, elle n’avait ni l’un ni l’autre, si elle venait à tomber, elle pourrait simplement compter sur sa chance et espérer se faire repêcher un peu plus loin. Elle sortit de ses pensées ridicules pour revenir à ses plantes. Elle avait un parchemin sur lequel Mestre Rhodry avait noté sa petite liste. Elle devait d’abord trouver de la Surelle. Elle en avait déjà vu auparavant et en avait déjà pris une fois où elle s’était blessée. Elle enroula le parchemin avant de relever la tête. C’est là qu’elle aperçut une jeune femme blonde qu’elle ne connaissait pas. Elle s’approcha d’elle, tout en vérifiant derrière elle qu’elle n’était pas encore suivie. Plus elle s’approchait de la jeune femme, plus elle pouvait voir qu’elle n’était pas de la région. Sa chevelure blonde d’une part était peu commune, mais c’était principalement son accoutrement. Il n’était pas semblable à une tenue de nordienne, ni d’autres régions qu’elle avait pu visiter. Elle ne pensait pas non plus qu'elle soit une simple roturière, et puis si c'était le cas, elle pourrait l'aider aussi bien qu'une autre personne. Elle vint à sa hauteur avec un grand sourire. « Êtes-vous perdue ? Vous ne semblez pas être de la Région. Si vous comptez vous rendre à Castel-Cerwyn, je pense que ce chemin n’est pas le plus facile. » L’entrée principale du château était à l’Est, alors qu’elles se trouvaient actuellement au Sud-ouest de la demeure. « Puis-je vous demander d’où vous venez ? Je suis Lyarra Cerwyn, fille du seigneur de ce château, je connais bien les lieux et je peux vous guider jusqu’à mon père si vous le désirez. » La jeune femme était seule, elle ne semblait pas représenter un danger à prime abord. Alors Lyarra décida de jouer la carte de l’accueil chaleureux, contrairement à beaucoup de ses semblables.
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L'eau n'oublie pas son chemin
An 299, milieu de la lune 12 | Castel Cerwyn
Gysella & Lyarra
Le froid mordait un peu plus sa peau, ravivant par ce biais la douleur de quelques unes de ses crevasses résultats de l’air iodé et de l’humidité environnante. Ses lèvres en étaient les premières victimes, alors que ses yeux clairs payaient encore les frais de l’amertume de ce continent. A moins qu’ils n’en soient ainsi suite à cette déception qu’elle avait vécu lors de l’expédition précédente ? Touchée en plein orgueil, la fer-née n’avait eu d’autres solutions que de se renfermer sur elle. Laisse de côté ce qu’elle avait pu entendre ou même vivre pour n’en venir qu’aux desseins de ses croyances. Que le Dieu Noyé l’emporte plutôt que lui faire l’affront de tels évènements… Son sang lui donnait l’impression de bouillir littéralement dans ses veines alors que ses songes nocturnes la ramenaient à cette entrevue, à ce sentiment de soumission complète, alors qu’elle n’avait aspiré à rien de tel. Les ambitions des autres n’étaient visiblement pas pour elle… Cette pensée ne cessait de lui revenir en mémoire et s’imposer d’une manière durable dans son esprit alors que son regard se renfrognait à la moindre occasion. Autant l’avouer, elle était d’une humeur exécrable aussi bien avec son équipage qu’avec les personne qu’elle pouvait rencontrer. Le Nord lui témoignait d’un certain dégoût, de part ce qu’elle avait pu vivre jusqu’alors. Pourtant, les ambitions de son oncle lui avait peint un tout autre tableau, sur lequel les paysages et peut être même les tempéraments les plus difficiles auraient pu s’apprivoiser pour ainsi s’entendre avec eux. Encore un foutu mensonge. Tout n’était que mensonge et seule la Mer lui apportait réconfort et paix intérieure. Peut être même finirait-elle par lui accorder sa plus grande place, ne posant pied sur la terre ferme que pour récupérer quelques vivres et seulement pour que ses hommes puissent assouvir leurs besoins bestiaux. Cette idée germait de plus en plus, lui laissant ainsi entrevoir des horizons à perte de vue et des aventures auxquelles elle voulait croire dur comme fer. Elle avait payé le fer-prix pour son navire, à présent elle se devait de lui faire honneur. Sauvage, Gysella gardait de cette âme impétueuse que la tempête révélait aux plus courageux. Pensaient-ils réellement la prendre ? L’eau était imprenable et la Bonfrère osait croire qu’il en était de même pour elle. A vrai dire, cette expérience lui avait ouvert les yeux sur le fait que plus jamais elle ne croirait un homme et ce même si ce dernier appartenait à sa famille. Les liens du sang résideraient intacts, certes, mais ils n’en n’exprimeraient pas pour autant ses ambitions qui lui resteraient propres. Ses conséquences seraient le résultat de ses agissements et non plus celles d’un autre. Par le Dieu Noyé, la fer-née se promettait ce cantique pour l’éternité, alors qu’elle marchait depuis quelques jours parmi les forets nordiennes. Les espaces étaient froids, enclin à la décadence et lui rappelait l’appel de la mort. Les vivres n’en devenaient que plus restreints alors que la neige s’abattait un peu plus sur la fourrure qui surplombait ses épaules. Depuis quelques temps déjà, elle ne sentait plus ses orteils, victimes d’engelures mais pourtant sa volonté restait de fer et l’obligeait à avancer. Vers ou ? Vers quoi ? Gysella n’avait aucune réponse à donner quant à cette question tant elle désirait simplement mettre son corps à rude épreuve pour se prouver de son courage. La rudesse était un ennemi pour soi mais un allié pour l’expérience et elle se devait d’en gagner plus encore afin de ne plus se laisser berner par d’autres. Très certainement à tort d’ailleurs, mais il n’en restait pas moins que sa colère s’amenuisait à mesure que les volutes échaudées de ses expirations s’échappaient d’entre ses lèvres gercées pour se perdre au dessus de son visage.
Apprendre des autres, se forger sa propre expérience, gagner de la vie pour ainsi mieux la conquérir, voici donc les diverses formes sous lesquelles la fer-née se perdaient un peu plus encore alors que ses pas la guidaient vers une forteresse éloignée. Etait-ce ce que tous désignaient chez elle comme étant Winterfell ? Ce château dans lequel le frère de sa reine avait passé le plus clair de son existence ? A cette pensée, la Bonfrère songea à l’éducation du jeune homme. Il devait très probablement avoir le caractère d’un de ces petits lords des contrées vertes et certainement pas celui d’un fer-né. Le Stark avait du l’apprivoiser à sa manière et faire naître chez lui cette aversion pour son propre peuple. Mais qui était son peuple ? A l’heure actuelle et ce même si il se prétendait comme un fier fer-né, il n’en restait pas moins que Theon Greyjoy n’en était un qu’aux yeux de sa sœur aîné mais pas de son peuple. Comment pouvait-il l’être ? Il ne connaissait ni le Dieu Noyé, ni ce qu’il en ressortait tant son retour n’était même pas à placer sous le signe du fer-prix… La paix se dégageait ici telle une plaie… une belle entrave face à des croyances ancestrales qui animaient tout fer-nés. Un soupir las venait de s’échapper de ses lèvres alors que le son régulier de clapotis fluviaux attisait sa curiosité. Les cours d’eau lui semblaient rares par ici, ce qui présageait une source et donc une mer à quelque lieu d’ici. Ce fut d’ailleurs cet élément qui lui permit de comprendre qu’elle n’était pas à Winterfell mais ailleurs, peut être plus au Nord encore. Certainement. Son regard n’en devenait que plus prompt à la découverte alors qu’ils tentaient de percer par delà les brumes pour figer davantage les alentours et prendre une considération certaine à ces dernières. La forêt gisait de-ci de-là irrégulière, mais surtout victime de stigmates dûs à l’homme. Apparemment beaucoup coupaient le bois afin de satisfaire le feu de la maisonnée. L’odeur de cette activité indiquait également que cette dernière était fructueuse et vivement active pourtant personne n’était présent par ici. Peut être en rapport avec un évènement ? Gysella continua sa route plus avant encore, et s’enquit d’aller vers le court d’eau de manière à peut être y trouver là de l’eau à même de remplir sa gourde. Elle déambula vers ce rebord et détacha la sangle de sa ceinture qui maintenait son épée avant de détacher celle qui retenait fermement ses vêtements et sa gourde. L’eau ruisselait de manière abondante ce qui lui indiqua que le renouvellement de cette dernière était à même d’éliminer les maladies des eaux stagnantes. Une première gorgée déshydrata la jeune femme, ce qui l’informa également que le liquide n’était pas iodé. Une nouvelle gorgée lui donna l’impression de brûler ses poumons à cause du froid, lui rappelant ainsi d’arrêter sous peine d’attraper mal. Elle remplit ensuite sa gourd et s’attacha à remettre ses effets aussi prestement que consciencieusement avant de se redresser et d’ajuster à nouveau cette fourrure sur ses épaules et sur sa tête. C’est en se retournant qu’elle tomba nez à nez devant une jeune fille brune. La mâchoire serrée, Gysella fixa de son regard austère cette Nordienne. Que lui voulait-elle ? Certainement la même chose que les autres : la rabaisser parce qu’elle n’était qu’une fer-née. Son silence traduisait de son mécontentement alors qu’elle remarquait une différence entre cette jeune fille et celles face auxquelles elle s’était heurtée dans le passé. Peut être même qu’elle pouvait y déceler de la gentillesse… Balivernes, la gentillesse n’existait pas dans ce monde et n’était ni du côté des fer-nés ni de celui des nordiens. « Castel-Cerwyn. » répéta la Bonfrère tout en dégageant sa vision des yeux noirs de son interlocutrice pour les figer vers les hauteurs du domaine. « Tu m’penses perdue la p’tite lady ? Tu crois qu’j’veux aller là bas ? » Ses yeux se détachèrent de l’édifice pour venir croiser ceux de la jeune fille avant qu’un sourire amusé n’en vienne à se mêler à son visage fermé. « De nous deux, j’crois qu’tu l’es plus que moi. Tu cherches un trésor avec ton parchemin p’tite lady ? » rajouta t-elle tout en haussant ses épaules et en appuyant son idée à l’aide de son regard en direction du parchemin qu’elle tenait. D’ordinaire, les Nordiens adoptaient un dédain bien marqué pour les étrangers de leur région, pourtant celle-ci faisait preuve d’une innocence qui déroute quelque peu la fer-née. Surtout lorsqu’elle lui apprit qu’elle était la fille du Seigneur de cet endroit. « Ton père t’as pas appris à te m’fier des étrangers p’tite lady ? » Gysella arqua ses sourcils pour lui prouver de cette idée et en profita pour se dégager un peu de cette entrevue pour remonter le fossé. « T’pourrais risquer gros en disant qui t’es comme ça. On n’sait pas c’qui rôde par là ! P’têtre même qu’j’suis un assassin et que j’vais t’utiliser pour d’mander de l’argent à ton père ! Ou t’être que je suis qu’une fille qui passe par là et qui fera son ch’min.» Visiblement, cette fille Cerwyn amusait beaucoup la Bonfrère, si bien qu’elle s’arrêta en plein chemin pour la fixer une nouvelle fois et se mit à sourire tout en hochant négativement la tête. « Z’êtes pas croyables les Nordiens. » commenta t-elle avant de lui tourner le dos une nouvelle fois et d’aller s’adosser contre le tronc d’un arbre. « Alors, t’as trouvé qui j’suis p’tite lady Cerwyn ou j’te donne des indices ? » Amusée, Gysella regarda la silhouette frêle de la jeune fille, peut être qu’elle serait celle qui lui changerait sa vision des Nordiens. A moins qu’elle ne soit qu’une leurre auquel cas, la fer-née n’aurait aucun scrupule a sortir sa lame et ce malgré les engelures de ses orteils.
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L'eau n'oublie pas son chemin
An 299, milieu de la lune 12 | Castel Cerwyn
Gysella & Lyarra
Le vent avait décidé de mettre la chevelure de Lyarra en désordre, elle qui avait pourtant fait un effort pour arranger ses cheveux ébènes à l’occasion de cette rare sortie. Elle n’était sortie que pour aller cueillir des plantes et sa sœur était censée être sa seule compagnie, mais elle s’était beaucoup trop négligée depuis quelques temps. Même si elle n’avait plus l’habitude de porter ses robes, elle avait fait l’effort ce jour-là. Une robe toute simple, gris foncé et légère afin de ne pas être trop embêtée en marchant hors de sentiers. Elle tenta de ne pas faire attention à cette mèche qui voulait se remettre devant ses yeux à chaque fois qu’elle tentait de la remettre en place. Elle jeta un bref regard par-dessus son épaule pour vérifier que Jonelle n’était pas encore à ses trousses et reporta son attention sur l’inconnue, un léger sourire, chaleureux. Cette inconnue, blonde et le regard presque froid. Mais elle ne jugea pas ce regard qui pouvait – peut-être – être naturel ou signe de méfiance. Si elle ne venait pas d’ici, elle était en droit d’être méfiante. Mais pour le coup, Lyarra aurait dû l’être plus qu’elle. Ce n’était pas Lyarra qui se promenait sur des terres qui ne lui appartiennent pas, mais bien cette étrangère. Elle pouvait s’estimer heureuse de tomber sur la jeune Cerwyn, elle aurait probablement reçu un accueil différent avec Jonelle.
Elle lui avait donc posé tout un tas de questions sans se soucier de savoir si la jeune femme voulait parler. Elle pourrait bien tomber sur quelqu’un d’impulsif, de dangereux, recherché ou n’importe quel autre statut, mais ça ne lui traversait pas l’esprit. La seule chose qui l’intéressait, c’était le mystère de l’inconnu. Elle n’arrivait pas à déceler d’où elle pouvait venir simplement en la regardant, même si elle pensait apercevoir ce qui s’apparente à un blason, de là où elle était, elle n’arrivait pas à le reconnaître et à mettre un nom dessus. La jeune femme se mit donc à répondre et remarqua sa façon de parler assez particulière. Contrairement à toutes ces personnes qui l’entourent au quotidien, l’étrangère ne se souciait guère des manières et des formules de politesse, ce qui ne dérangeait pas particulièrement la brune en premier lieu. Mais sa réponse blessa un peu la Cerwyn. Le ton qu’elle avait employé n’était pas très avenant. Elle semblait se moquer en niant le fait d’être perdue ou de vouloir se rendre à Castel-Cerwyn. Si Lyarra lui avait demandé ça, c’était par simple mesure de politesse, pour ne pas l’importuner. Mais visiblement, le simple fait de lui avoir parlé semblait être une erreur. Lyarra fronça les sourcils. Elle lui répondit que c’était plutôt Lyarra qui était perdu tout en demandant si elle cherchait un trésor, en mentionnant le parchemin. Elle se garda de réagir et tenta de se rassurer, pensant que c’était simplement la façon de parler de la blonde qui était maladroite. Elle tenta de redonner à son visage un air neutre, écoutant la jeune femme parler jusqu’au bout. Elle lui fit la morale sur le fait de donner son identité aussi facilement à une inconnue. On lui a répété suffisamment de fois dans sa vie pour qu’elle sache que c’est un soi-disant danger. Mais si la jeune femme voulait lui faire du mal, elle n’aurait pas besoin de savoir qu’elle était la fille du seigneur de Castel-Cerwyn ou de n’importe quel autre fief. « Mon père me l’a répété une bonne centaine de fois, mais malheureusement pour lui, il a engendré une fille trop têtue et surtout trop curieuse pour respecter ses mises en garde. »
Finalement, la blonde préféra rester sur une note de mystère, ne donnant pas de vraie réponse hormis des hypothèses. Mais Lyarra ne pouvait pas deviner à vue d’œil. Elle tenta de se fier à son instinct. Puisqu’elle ne ressemblait pas aux personnes qu’elle avait croisées dans les différentes régions qu’elle a visitées, elle préféra miser sur ce qu’elle ne connaissait pas. « Je n’aime pas avoir à juger sur les apparences, mais je vais essayer de deviner malgré tout. Je ne pense pas que vous soyez du Sud, j’aurais tendance à dire que vous venez des terres de l’Ouest, ou bien des Iles de Fer. Je n’ai jamais rencontré de Fer-né, je vous avoue que je serais bien curieuse d’en rencontrer. » Elle avait peut-être tout faux, étonnamment, elle n’arrivait pas à se faire une idée avec l’accent de la jeune femme. « Ou peut-être que je suis loin du compte, êtes-vous d’Essos ? » Ce qu’elle pouvait dire, en tout cas, c’est qu’elle ne semblait pas être le genre de Lady casanière ayant épousé sagement un homme. Elle dégageait quelque chose, une sorte de courage, mais malgré tout son visage cachait la vérité. Elle s’était trompée un bon nombre de fois sur le compte de certaines personnes qu’elle ne voulait plus avancer quoique ce soit, les apparences étant bien trop souvent trompeuses.
Lyarra repensa à la remarque sur le parchemin et sur le fait qu’elle semblait davantage perdue. « Et ce parchemin dont vous avez fait mention, c’est simplement une liste que mon Mestre m’a remise. S’il y avait un trésor par ici, je pense que je le saurais, malheureusement ce n’est pas le cas… » A vrai dire, l’idée lui avait traversé l’esprit de nombreuses fois étant plus jeune. Elle rêvait de trésor, pas pour devenir riche mais simplement pour le bonheur de le chercher et de le trouver. Elle a parfois joué à ce jeu avec Cley, lui faisant croire que sous les pierres de ce château se cachaient des merveilles. Même si ce n’était pas vrai, elle n’était pas obligé de lui avouer que ça n’existait pas, il suffisait de dire qu’ils étaient arrivés trop tard pour le trouver. Elle eut un petit sourire en repensant à ce souvenir. L’époque des bons moments passés avec Cley était bien loin, elle se demandait s’il allait lui pardonner un jour. Elle releva ses yeux vers la jeune femme. « Enfin, peu importe qui vous êtes, si vous voulez marcher avec moi le temps que je cueille les plantes que mon Mestre m’a demandées, vous êtes la bienvenue. Si, comme vous dites, vous n’êtes pas perdue, vous avez tout de même l’air un peu fatiguée. J’ignore depuis combien de temps vous marchez, mais vous avez besoin de faire une pause. » Lyarra tendit le parchemin à l’inconnue avant de reprendre la parole. « Tenez, vous n’avez qu’à me dire ce qui est marqué dessus et m’aider à trouver tout ça. On aura plus vite fait à deux. »
La Cerwyn entreprit sa cueillette lorsqu’elle aperçut au bord de l’eau la première plante qu’elle devait ramener : Surelle. Tout en s’abaissant pour en cueillir quelques brins, elle continua son interrogatoire. « Pourquoi voyagez-vous seule ? Ça fait longtemps que vous êtes partie de chez vous ? Vous aussi vous aimez voir le monde ou vous a-t-on obligée à faire ça ? » Elle espérait que l’étrangère accepte de répondre à ses questions. Elle allait peut-être la faire fuir, mais c’est plus fort qu’elle. Elle a toujours tendance à parler aux personnes qu’elle ne connaît pas et poser les questions souvent les plus indiscrètes. Elle a appris qu’elle ne risquait rien à demander ce qui lui passait par la tête, rien de plus qu’à simplement être là. Elle était consciente que certaines personnes n’avaient pas forcément de motifs pour faire du mal, alors à quoi bon se retenir de parler.
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