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Some saw the sun, Some saw the smoke...[FlashB](Pv Elyane)
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Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road....
Elyane & Garrel.
An 300, Lune 4.
Un pâle soleil d'hiver venait réchauffer de ses rayons les épaules des braves travailleurs. Au bord des falaises, au Sud de l'île de la Sorcière, des hommes acheminaient de lourdes pierres à l'aide d'une machine de levage, bravant les hauteurs sur les échafaudages. La tour de surveillance, encore en cours de construction dans cette partie de l'île, serait la plus haute de toutes, dominant l'horizon sur des milles. Dans son ombre, Garrel Stone coordonnait les manœuvres et n'hésitait pas à escalader les armatures de bois pour ne laisser passer aucun détail qui puisse faire obstacle à la pérennité de son ouvrage. Les yeux plissés, irrités par la poussière et la lumière, le bâtard Descarpe se retirait parfois une heure ou deux, à l'écart, sur des tables de fortune disposées tout prés, pour redessiner ses plans et s'entretenir avec les hommes d'expériences, charpentier, maçon, vannier, qui l'aidaient dans son entreprise. Les chantiers s'étaient accélérés suite à l'arrivée de l'hiver et à la nuit qui s'installait de plus en plus tôt au fil des jours. De son côté, le seigneur de l'île, aidé de son mestre, tentait de réunir assez de vivres et de ressources pour nourrir et tenir au chaud la population sur plusieurs mois. Malheureusement, la mauvaise gestion de l'héritage Descarpe par feu son époux, empêchait Elyane d’espérer affronter les prochaines années à l'abri du besoin. Ainsi, des alliances devaient être conclues, la jeune femme et son bras droit s'étaient déjà accordés là-dessus. Encore fallait-il posséder les bons arguments !
Les deux mains de chaque côté de son visage, Garrel se massa énergiquement les tempes avant de laisser échapper un grognement roque. Éreinté, l'homme grimaça et bascula en arrière, avachi contre le dossier de sa chaise, chassant d'un geste les multiples parchemins étalés sur le bois de sa table dont certains, enroulés sur eux-même, étaient tenus uniquement par quelques pierres grossières servant de poids. Garrel ne dormait pas, ou peu, il passait ses nuits à penser, dessiner, s'améliorer sans jamais arriver à apaiser son âme, éternelle insatisfaite, comme une soif impossible à étancher. Il y avait cette tour à finir, une autre à construire, des remparts à aménager, le petit port à fortifier, et puis...il y avait ces bâtisses sorties tout droit de son imagination, ces sculptures, cette architecture différente, rare et raffinée, ces inventions possibles ou non, toutes ces idées qui ne verraient jamais le jour, faute de moyen, faute de temps et d'espace, mais qu'il couchait quand même sur le papier pour ne pas encombrer davantage son esprit. L'ancien mercenaire ferma les yeux quelques secondes et soupira bruyamment sans dissimuler la mauvaise humeur et l'abattement qui l'habitaient depuis le petit matin. En effet, malgré le bon avancement des travaux, il fallait se rendre à l'évidence, tout ne serait pas terminé dans les temps et, bientôt, la neige serait malheureusement un élément de plus à prendre en compte pour la continuité de ses projets.
- Garrel ! Le vieux Jorv n'est toujours pas arrivé ! Il devait revenir avec les nouveaux outils ! Gueula l'un des ouvriers en entrant brusquement dans la petite tente improvisée disposée là pour protéger les parchemins du vent et de la pluie.
- Cet ivrogne ! Grommela Garrel les dents serrés sans modifier un temps soit peu sa position. Il doit être passé par la taverne ! Va le chercher et dis lui que je l'attend de pied ferme ! L'homme jura à l'encontre du forgeron le moins sobre de Westeros et s’exécuta sur le champ. L'architecte eut à peine le temps de souffler qu'à nouveau on requérait son attention.
- Garrel !
- Quoi encore ? Répondit-il lasse, en observant d'un œil agacé l'intrus faire de grands gestes devant lui.
- Elle arrive....J'veux dire...le...Le seigneur Descarpe approche !
Le bâtard arqua un sourcil surpris avant de se redresser lentement en position assise et non plus avachie comme il l'était. Que faisait Elyane par ici ? Lorsque sa présence lui était nécessaire, elle ne se privait pas pour envoyer un messager le quérir sur le champ et ne prenait donc jamais la peine de traverser l'île. Avait-elle subitement décidé de venir inspecter le chantier ? Garrel chassa son interlocuteur d'un geste empressé de la main et profita des dernières minutes de calme avant d'aller à la rencontre de son seigneur.
Il s'avança jusqu'au bord de la voie, aménagée pour que les charriots puissent acheminer le matériel jusqu'aux falaises et guetta, les mains sur les hanches, l'arrivée d'Elyane et sa suite. Lancé au galop, les chevaux soulevaient un épais nuage de poussière sur leur passage, il était donc impossible de les manquer. Sur le visage du bâtard, l'étonnement se mêlait à l'inquiétude. Il avait le pressentiment que sa journée était loin de s'achever.
Les ouvriers qui le pouvaient abandonnèrent leurs travaux et vinrent se joindre à Garrel, ôtant leurs couvre-chefs pour certains en témoignage de leur respect envers leur seigneur. La délégation ralentit l'allure et Elyane descendit de cheval quelques mètres avant le petit attroupement de travailleurs.
- Lady Descarpe, que nous vaut cet honneur ? Ronfla Garrel non sans hocher la tête en signe de révérence. Ses yeux noirs détaillèrent rapidement la jeune femme. Vous m'avez l'air...pressé mon seigneur ! Rajouta-t'il en s'avançant assez prés pour qu'elle seule puisse profiter du ton ironique qui colorait ses propos extrêmement perspicaces. Il arqua néanmoins un sourcil, un questionnement silencieux sur l'attitude d'Elyane que cette dernière saurait immédiatement interpréter.
Un pâle soleil d'hiver venait réchauffer de ses rayons les épaules des braves travailleurs. Au bord des falaises, au Sud de l'île de la Sorcière, des hommes acheminaient de lourdes pierres à l'aide d'une machine de levage, bravant les hauteurs sur les échafaudages. La tour de surveillance, encore en cours de construction dans cette partie de l'île, serait la plus haute de toutes, dominant l'horizon sur des milles. Dans son ombre, Garrel Stone coordonnait les manœuvres et n'hésitait pas à escalader les armatures de bois pour ne laisser passer aucun détail qui puisse faire obstacle à la pérennité de son ouvrage. Les yeux plissés, irrités par la poussière et la lumière, le bâtard Descarpe se retirait parfois une heure ou deux, à l'écart, sur des tables de fortune disposées tout prés, pour redessiner ses plans et s'entretenir avec les hommes d'expériences, charpentier, maçon, vannier, qui l'aidaient dans son entreprise. Les chantiers s'étaient accélérés suite à l'arrivée de l'hiver et à la nuit qui s'installait de plus en plus tôt au fil des jours. De son côté, le seigneur de l'île, aidé de son mestre, tentait de réunir assez de vivres et de ressources pour nourrir et tenir au chaud la population sur plusieurs mois. Malheureusement, la mauvaise gestion de l'héritage Descarpe par feu son époux, empêchait Elyane d’espérer affronter les prochaines années à l'abri du besoin. Ainsi, des alliances devaient être conclues, la jeune femme et son bras droit s'étaient déjà accordés là-dessus. Encore fallait-il posséder les bons arguments !
Les deux mains de chaque côté de son visage, Garrel se massa énergiquement les tempes avant de laisser échapper un grognement roque. Éreinté, l'homme grimaça et bascula en arrière, avachi contre le dossier de sa chaise, chassant d'un geste les multiples parchemins étalés sur le bois de sa table dont certains, enroulés sur eux-même, étaient tenus uniquement par quelques pierres grossières servant de poids. Garrel ne dormait pas, ou peu, il passait ses nuits à penser, dessiner, s'améliorer sans jamais arriver à apaiser son âme, éternelle insatisfaite, comme une soif impossible à étancher. Il y avait cette tour à finir, une autre à construire, des remparts à aménager, le petit port à fortifier, et puis...il y avait ces bâtisses sorties tout droit de son imagination, ces sculptures, cette architecture différente, rare et raffinée, ces inventions possibles ou non, toutes ces idées qui ne verraient jamais le jour, faute de moyen, faute de temps et d'espace, mais qu'il couchait quand même sur le papier pour ne pas encombrer davantage son esprit. L'ancien mercenaire ferma les yeux quelques secondes et soupira bruyamment sans dissimuler la mauvaise humeur et l'abattement qui l'habitaient depuis le petit matin. En effet, malgré le bon avancement des travaux, il fallait se rendre à l'évidence, tout ne serait pas terminé dans les temps et, bientôt, la neige serait malheureusement un élément de plus à prendre en compte pour la continuité de ses projets.
- Garrel ! Le vieux Jorv n'est toujours pas arrivé ! Il devait revenir avec les nouveaux outils ! Gueula l'un des ouvriers en entrant brusquement dans la petite tente improvisée disposée là pour protéger les parchemins du vent et de la pluie.
- Cet ivrogne ! Grommela Garrel les dents serrés sans modifier un temps soit peu sa position. Il doit être passé par la taverne ! Va le chercher et dis lui que je l'attend de pied ferme ! L'homme jura à l'encontre du forgeron le moins sobre de Westeros et s’exécuta sur le champ. L'architecte eut à peine le temps de souffler qu'à nouveau on requérait son attention.
- Garrel !
- Quoi encore ? Répondit-il lasse, en observant d'un œil agacé l'intrus faire de grands gestes devant lui.
- Elle arrive....J'veux dire...le...Le seigneur Descarpe approche !
Le bâtard arqua un sourcil surpris avant de se redresser lentement en position assise et non plus avachie comme il l'était. Que faisait Elyane par ici ? Lorsque sa présence lui était nécessaire, elle ne se privait pas pour envoyer un messager le quérir sur le champ et ne prenait donc jamais la peine de traverser l'île. Avait-elle subitement décidé de venir inspecter le chantier ? Garrel chassa son interlocuteur d'un geste empressé de la main et profita des dernières minutes de calme avant d'aller à la rencontre de son seigneur.
Il s'avança jusqu'au bord de la voie, aménagée pour que les charriots puissent acheminer le matériel jusqu'aux falaises et guetta, les mains sur les hanches, l'arrivée d'Elyane et sa suite. Lancé au galop, les chevaux soulevaient un épais nuage de poussière sur leur passage, il était donc impossible de les manquer. Sur le visage du bâtard, l'étonnement se mêlait à l'inquiétude. Il avait le pressentiment que sa journée était loin de s'achever.
Les ouvriers qui le pouvaient abandonnèrent leurs travaux et vinrent se joindre à Garrel, ôtant leurs couvre-chefs pour certains en témoignage de leur respect envers leur seigneur. La délégation ralentit l'allure et Elyane descendit de cheval quelques mètres avant le petit attroupement de travailleurs.
- Lady Descarpe, que nous vaut cet honneur ? Ronfla Garrel non sans hocher la tête en signe de révérence. Ses yeux noirs détaillèrent rapidement la jeune femme. Vous m'avez l'air...pressé mon seigneur ! Rajouta-t'il en s'avançant assez prés pour qu'elle seule puisse profiter du ton ironique qui colorait ses propos extrêmement perspicaces. Il arqua néanmoins un sourcil, un questionnement silencieux sur l'attitude d'Elyane que cette dernière saurait immédiatement interpréter.
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Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road....
Elyane & Garrel.
An 300, Lune 4.
Elyane rentrait à peine de sa tournée d'inspection. Les infrastructures nécessaires à la survie de l'hiver à travers les différents villages de l'île étaient presque toutes achevées, ou du moins bine entamées, il leur faudrait ensuite s'assurer de pouvoir les remplir suffisamment... Pourtant, aussi préoccupant que cette question était, l'esprit du seigneur était accaparé par un tout autre sujet. La journée avait pris un tournant inattendu pour la jeune veuve, un nouvel élément était désormais à prendre en compte dans son quotidien et elle avait besoin de Garrel en cet instant pour envisager l'avenir qui se profilait à présent. Un dragon. Sur l'île de la Sorcière. Et Elyane était parvenue à l'apprivoiser, ou du moins à se lier avec l'animal. Rougeoyante était exceptionnellement intelligente et semblait lire en elle comme dans un livre ouvert, ce n'avait donc pas été trop difficile de la faire sortir de la forêt où elle s'était cachée. Quelle n'avait pas été la surprise de ses gens, paysans, serviteurs et soldats confondus, lorsque le seigneur Descarpe avait rallié sa demeure avec, sur les talons, le dragon ! Bien sûr, elle avait aussitôt ordonné à ce qu'aucun mal ne lui soit fait et à ce que la bête, de la taille d'un gros chien, soit reconnue comme étant liée à elle. La perfide rouquine se refusait à dire que l'animal lui appartenait, ce n'était pas un objet dont on pouvait disposer à sa guise et elle venait à peine de croiser son chemin... Pourtant, au plus profond d'elle, elle savait que leurs âmes étaient désormais unies par un lien unique. Rougeoyante dépendait d'elle, il en allait de sa responsabilité de prendre soin du dragon et de s'assurer de sa survie. Qui pouvait dire depuis combien de temps la bête n'avait pas mangé à sa faim ou ne s'était pas entièrement reposée ? Ce retour précipité au château était motivé par ces préoccupations. Elle veilla donc à ce que Rougeoyante prenne un repas digne de ce nom, la nourrissant elle-même dans un premier temps car le dragon demeurait naturellement méfiant à l'égard des autres humains. Puis, elle demanda à ce que Garrel vînt. Lorsqu'on lui apprit qu'il ne se trouvait pas là mais au sud de l'île, elle soupira d'agacement.
Elle réfléchit aux options qui s'offraient à elle. Devait-elle envoyer un messager convoquer le bâtard de son défunt mari ? Ses terres n'étaient pas très étendues, il ne lui faudrait pas très longtemps pour rallier elle-même le chantier... Son regard croisa celui de la dragonne qui était venue se blottir près d'elle après avoir englouti son repas. Elle ne semblait pas décidée à s'éloigner de l'humaine et la nourriture lui avait redonné des forces. Sa décision était prise. Elle fit atteler un cheval, celui qu'elle avait chevauché durant la matinée ayant bien mérité de se reposer un peu et, une fois que tout fut prêt, elle se mit en route vers le chantier.
Rougeoyante marchait à ses côtés, tandis que Jon, le capitaine de ses gardes, et trois autres soldats accompagnaient le curieux duo. La lady fit stopper le convoi à quelque distance de leur destination, aux abords d'un ruisseau. Elle laissa le dragon se désaltérer et l'observa alors qu'il s'étendait sur l'herbe. Le pâle soleil hivernal se reflétait sur les écailles couleur vermeille, une observation qui fit naître un sourire sur les lèvres d'Elyane. Elle s'approcha de Rougeoyante en s'assurant que cette dernière l'avait vue arriver et qu'elle ne risquait pas de la surprendre, ce qui aurait pu provoquer un accès de panique chez l'animal. ❝Repose toi, ma toute belle, je serai de retour d'ici quelques minutes.❞ lui dit-elle doucement. Leurs regards se croisèrent de nouveau, puis la dragonne souffla par ses naseaux et reposa la tête dans l'herbe. Les yeux fermés, l'animal semblait prêt à s'assoupir. Elyane revint vers les soldats qui se tenaient à distance respectueuse de la bête légendaire. ❝Jon, Seldan, vous restez ici et veillez sur Rougeoyante. Elle ne vous fera aucun mal si vous la laissez se reposer tranquillement.❞ Elle appuya ses paroles d'un regard qui ne souffrait aucune protestation. Elle sentait bien le malaise parmi ses hommes, elle-même n'était pas tout à fait certaine de la meilleure attitude à adopter avec la jeune dragonne, mais il fallait qu'ils s'habituent à se présence dès aujourd'hui car elle n'avait aucune intension de l'abandonner. ❝Carsen, Lerris, avec moi.❞ Elle remonta en selle, imitée par les deux soldats, puis élança sa monture en direction du chantier. Elle ne savait pas où Garrel se trouvait exactement ni à quoi il était occupé mais il devrait la suivre sans discuter, toutes affaires cessantes. L'ancien mercenaire pouvait se montrer particulièrement têtu lorsqu'il se laisser emporter par ses folies créatrices mais le seigneur Descarpe n'hésiterait pas à se montrer ferme si besoin était.
Elle n'eut aucun mal à le repérer : il se tenait là, sur le bord de la route, à l'attendre. Bien. Un petit sourire vint étirer les lèvres de la jeune veuve. A mesure qu'elle approchait, les ouvriers vinrent se masser autour du bâtard de son défunt mari afin de présenter leurs hommages à Elyane, des petits gestes déférents qui lui étaient dus en vertu de sa position. La jeune femme mit pied à terre et vint se poster face à son conseiller qui semblait particulièrement perplexe de la trouver là. ❝Lady Descarpe, que nous vaut cet honneur ?❞ débuta-t-il avant d'ajouter sur un ton insolent : ❝Vous m'avez l'air... Pressée, mon seigneur !❞ Elyane leva les yeux au ciel, elle connaissait le caractère de son interlocuteur mais n'avait pas le temps de sermonner son impertinence. Rougeoyante était sa priorité, et Garrel serait bien forcé de se plier à la volonté de son seigneur, que ce fût de bonne grâce ou non. ❝Votre présence est requise... Immédiatement.❞ Le ton aimable qu'elle avait employé ne servait qu'à faire passer l'ordre de manière plus délicate mais ses propos ne laissaient pas la place à la tergiversation. Elle l'imaginait déjà en train de protester et bredouiller des excuses pour demeurer sur son chantier, le fait que leur conversation se passe en public limitait cependant la liberté d'action et de parole du Stone : défier son seigneur devant témoins serait particulièrement malvenu. ❝Quoi que vous étiez en train de faire, cessez. Nos vaillants et compétents ouvriers sauront se débrouiller sans vous, je ne doute pas un seul instant de leurs aptitudes.❞ Elle avait adressé un sourire bien calculé aux artisans qui les entouraient lorsqu'elle avait flatté leur savoir-faire. Ainsi, ils ne considéreront pas Garrel comme indispensable.
Elle se rapprocha davantage de l'inventeur pour qu'il fût le seul à entendre la suite de ses paroles. ❝Libre à vous de revenir demain mais, pour l'heure, il vous faut me suivre.❞ Un éclat d'impatience traversa ses yeux. La native du Nord savait qu'il lui fallait éveiller la curiosité de son conseiller pour qu'il obéît avec promptitude. ❝Croyez moi, ce que j'ai à vous montrer va beaucoup vous intéresser.❞ murmura-t-elle dans un souffle avant de laisser un sourire énigmatique planer sur ses lèvres. Voilà qui devrait suffire. Elle s'éclaircit alors la gorge et reporta son attention sur les gens alentour. Avec prestance, elle adressait des signes de tête et des sourires bienveillants aux travailleurs, distribuant des compliments quant aux avancées qu'ils avaient effectuées. Garrel lui détaillait régulièrement l'étendue du chantier et sa progression, aussi pouvait-elle faire bonne figure alors que c'était la première fois qu'elle se rendait sur les lieux. Elle attendait que le bâtard de son défunt mari fût prêt à repartir avec elle. Même s'il traînait des pieds, elle était persuadée que la surprise qu'elle lui réservait suffirait à lui faire oublier tout cet amas de pierre et de poussière en un clin d'œil.
Elyane rentrait à peine de sa tournée d'inspection. Les infrastructures nécessaires à la survie de l'hiver à travers les différents villages de l'île étaient presque toutes achevées, ou du moins bine entamées, il leur faudrait ensuite s'assurer de pouvoir les remplir suffisamment... Pourtant, aussi préoccupant que cette question était, l'esprit du seigneur était accaparé par un tout autre sujet. La journée avait pris un tournant inattendu pour la jeune veuve, un nouvel élément était désormais à prendre en compte dans son quotidien et elle avait besoin de Garrel en cet instant pour envisager l'avenir qui se profilait à présent. Un dragon. Sur l'île de la Sorcière. Et Elyane était parvenue à l'apprivoiser, ou du moins à se lier avec l'animal. Rougeoyante était exceptionnellement intelligente et semblait lire en elle comme dans un livre ouvert, ce n'avait donc pas été trop difficile de la faire sortir de la forêt où elle s'était cachée. Quelle n'avait pas été la surprise de ses gens, paysans, serviteurs et soldats confondus, lorsque le seigneur Descarpe avait rallié sa demeure avec, sur les talons, le dragon ! Bien sûr, elle avait aussitôt ordonné à ce qu'aucun mal ne lui soit fait et à ce que la bête, de la taille d'un gros chien, soit reconnue comme étant liée à elle. La perfide rouquine se refusait à dire que l'animal lui appartenait, ce n'était pas un objet dont on pouvait disposer à sa guise et elle venait à peine de croiser son chemin... Pourtant, au plus profond d'elle, elle savait que leurs âmes étaient désormais unies par un lien unique. Rougeoyante dépendait d'elle, il en allait de sa responsabilité de prendre soin du dragon et de s'assurer de sa survie. Qui pouvait dire depuis combien de temps la bête n'avait pas mangé à sa faim ou ne s'était pas entièrement reposée ? Ce retour précipité au château était motivé par ces préoccupations. Elle veilla donc à ce que Rougeoyante prenne un repas digne de ce nom, la nourrissant elle-même dans un premier temps car le dragon demeurait naturellement méfiant à l'égard des autres humains. Puis, elle demanda à ce que Garrel vînt. Lorsqu'on lui apprit qu'il ne se trouvait pas là mais au sud de l'île, elle soupira d'agacement.
Elle réfléchit aux options qui s'offraient à elle. Devait-elle envoyer un messager convoquer le bâtard de son défunt mari ? Ses terres n'étaient pas très étendues, il ne lui faudrait pas très longtemps pour rallier elle-même le chantier... Son regard croisa celui de la dragonne qui était venue se blottir près d'elle après avoir englouti son repas. Elle ne semblait pas décidée à s'éloigner de l'humaine et la nourriture lui avait redonné des forces. Sa décision était prise. Elle fit atteler un cheval, celui qu'elle avait chevauché durant la matinée ayant bien mérité de se reposer un peu et, une fois que tout fut prêt, elle se mit en route vers le chantier.
Rougeoyante marchait à ses côtés, tandis que Jon, le capitaine de ses gardes, et trois autres soldats accompagnaient le curieux duo. La lady fit stopper le convoi à quelque distance de leur destination, aux abords d'un ruisseau. Elle laissa le dragon se désaltérer et l'observa alors qu'il s'étendait sur l'herbe. Le pâle soleil hivernal se reflétait sur les écailles couleur vermeille, une observation qui fit naître un sourire sur les lèvres d'Elyane. Elle s'approcha de Rougeoyante en s'assurant que cette dernière l'avait vue arriver et qu'elle ne risquait pas de la surprendre, ce qui aurait pu provoquer un accès de panique chez l'animal. ❝Repose toi, ma toute belle, je serai de retour d'ici quelques minutes.❞ lui dit-elle doucement. Leurs regards se croisèrent de nouveau, puis la dragonne souffla par ses naseaux et reposa la tête dans l'herbe. Les yeux fermés, l'animal semblait prêt à s'assoupir. Elyane revint vers les soldats qui se tenaient à distance respectueuse de la bête légendaire. ❝Jon, Seldan, vous restez ici et veillez sur Rougeoyante. Elle ne vous fera aucun mal si vous la laissez se reposer tranquillement.❞ Elle appuya ses paroles d'un regard qui ne souffrait aucune protestation. Elle sentait bien le malaise parmi ses hommes, elle-même n'était pas tout à fait certaine de la meilleure attitude à adopter avec la jeune dragonne, mais il fallait qu'ils s'habituent à se présence dès aujourd'hui car elle n'avait aucune intension de l'abandonner. ❝Carsen, Lerris, avec moi.❞ Elle remonta en selle, imitée par les deux soldats, puis élança sa monture en direction du chantier. Elle ne savait pas où Garrel se trouvait exactement ni à quoi il était occupé mais il devrait la suivre sans discuter, toutes affaires cessantes. L'ancien mercenaire pouvait se montrer particulièrement têtu lorsqu'il se laisser emporter par ses folies créatrices mais le seigneur Descarpe n'hésiterait pas à se montrer ferme si besoin était.
Elle n'eut aucun mal à le repérer : il se tenait là, sur le bord de la route, à l'attendre. Bien. Un petit sourire vint étirer les lèvres de la jeune veuve. A mesure qu'elle approchait, les ouvriers vinrent se masser autour du bâtard de son défunt mari afin de présenter leurs hommages à Elyane, des petits gestes déférents qui lui étaient dus en vertu de sa position. La jeune femme mit pied à terre et vint se poster face à son conseiller qui semblait particulièrement perplexe de la trouver là. ❝Lady Descarpe, que nous vaut cet honneur ?❞ débuta-t-il avant d'ajouter sur un ton insolent : ❝Vous m'avez l'air... Pressée, mon seigneur !❞ Elyane leva les yeux au ciel, elle connaissait le caractère de son interlocuteur mais n'avait pas le temps de sermonner son impertinence. Rougeoyante était sa priorité, et Garrel serait bien forcé de se plier à la volonté de son seigneur, que ce fût de bonne grâce ou non. ❝Votre présence est requise... Immédiatement.❞ Le ton aimable qu'elle avait employé ne servait qu'à faire passer l'ordre de manière plus délicate mais ses propos ne laissaient pas la place à la tergiversation. Elle l'imaginait déjà en train de protester et bredouiller des excuses pour demeurer sur son chantier, le fait que leur conversation se passe en public limitait cependant la liberté d'action et de parole du Stone : défier son seigneur devant témoins serait particulièrement malvenu. ❝Quoi que vous étiez en train de faire, cessez. Nos vaillants et compétents ouvriers sauront se débrouiller sans vous, je ne doute pas un seul instant de leurs aptitudes.❞ Elle avait adressé un sourire bien calculé aux artisans qui les entouraient lorsqu'elle avait flatté leur savoir-faire. Ainsi, ils ne considéreront pas Garrel comme indispensable.
Elle se rapprocha davantage de l'inventeur pour qu'il fût le seul à entendre la suite de ses paroles. ❝Libre à vous de revenir demain mais, pour l'heure, il vous faut me suivre.❞ Un éclat d'impatience traversa ses yeux. La native du Nord savait qu'il lui fallait éveiller la curiosité de son conseiller pour qu'il obéît avec promptitude. ❝Croyez moi, ce que j'ai à vous montrer va beaucoup vous intéresser.❞ murmura-t-elle dans un souffle avant de laisser un sourire énigmatique planer sur ses lèvres. Voilà qui devrait suffire. Elle s'éclaircit alors la gorge et reporta son attention sur les gens alentour. Avec prestance, elle adressait des signes de tête et des sourires bienveillants aux travailleurs, distribuant des compliments quant aux avancées qu'ils avaient effectuées. Garrel lui détaillait régulièrement l'étendue du chantier et sa progression, aussi pouvait-elle faire bonne figure alors que c'était la première fois qu'elle se rendait sur les lieux. Elle attendait que le bâtard de son défunt mari fût prêt à repartir avec elle. Même s'il traînait des pieds, elle était persuadée que la surprise qu'elle lui réservait suffirait à lui faire oublier tout cet amas de pierre et de poussière en un clin d'œil.
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Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road....
Elyane & Garrel.
An 300, Lune 4.
Sa visite était une surprise pour tout le monde. Et même si les ouvriers se réjouissaient de la venue de leur seigneur sur le chantier, Garrel Stone était presque certain qu'Elyane n'avait pas fait tout ce chemin uniquement pour vérifier les installations et commenter la progression des travaux. Les rapports qu'il transmettait à la jeune femme concernant leurs projets communs avait toujours semblé la satisfaire. Leur complicité, la confiance qui s'était instaurée avec les années, permettaient à Garrel d’œuvrer librement, sans œillère pour l'opprimer et dompter sa créativité. C'était même l'unique condition qu'il exigeait de la part de la belle rousse. Ainsi, la question demeurait en suspend : "fichtre, que venait-elle faire ici ?".
Un léger murmure vint se répandre dans les rangs des honnêtes travailleurs lorsque le seigneur de l'île prit la parole.
❝Votre présence est requise... Immédiatement.❞ dit-elle à l'architecte lorsque ce dernier la questionna du regard. Derrière son beau sourire et son ton cordiale se cachait une froideur et une exigence que peu de gens percevaient. Le bâtisseur connaissait cependant assez bien la sorcière du Val pour comprendre que ses paroles étaient sans équivoque. Il haussa un sourcil dubitatif. Que se passait-il de si important sur cette île pour qu'elle le convoque de la sorte ? Était-ce une affaire si urgente qu'il doive abandonner sur le champ son travail et les efforts d'une journée ? Garrel en doutait. Il n'arrivait jamais rien de trépidant sur l'île de la Sorcière. La vie était rythmée par l'ordre et la routine, ponctuée parfois par des naissances ou des décès. Les insulaires du Val était un peuple de braves, des pêcheurs pour la plupart, qui cherchaient rarement querelles et qui ne s'occupaient pas des terres de leurs voisins. Un coin paisible mais qui manquait un peu de mordant pour le fantasque bras droit d'Elyane.
Garrel Stone réprima une légère grimace. Ses vêtements poussiéreux et les traces de terres et de cendre qui marbraient par endroit la peau halée de son visage faisaient ressortir l'extrême lassitude qu'il ressentait à cet instant précis. Le bâtard ne souhaitait vraiment pas quitter ses hommes. Des manœuvres étaient encore à prévoir avant la nuit, les repousser au lendemain repoussait également la date d'achèvement des travaux et avec l'hiver qui s'installait toujours plus chaque jour, c'était un luxe qu'ils ne pouvaient s'octroyer. Sans doute Lady Descarpe s'attendait-elle à un refus de se part puisqu'elle ajouta sournoisement :
❝Quoi que vous étiez en train de faire, cessez. Nos vaillants et compétents ouvriers sauront se débrouiller sans vous, je ne doute pas un seul instant de leurs aptitudes.❞ Ces propos mirent fin brutalement aux contestations dont Garrel était sur le point de lui faire part. Nom d'un chien ! Le bâtard se passa une main sur le visage, à la fois agacé et admiratif de l'aisance avec laquelle Elyane savait manipuler la foule. Il entendit les hommes derrière lui s’enorgueillir et confirmer à leur seigneur, par de petits chuchotements d'approbations, qu'ils étaient effectivement capables de se débrouiller sans Garrel pour les guider. Bande d'ingrats ! Sans lui jamais ces murs n'auraient atteint une telle hauteur ! Ses techniques de constructions étaient innovantes, ingénieuses, loin de leurs pratiques archaïques ! Sans lui les remparts seraient restés à l'abandon en proie au ravage du temps et des intempéries ! L'hiver allait rameuter tous les hommes désespérés des côtes, des pillards en quête de nourriture et d'or, et sans murs pour les défendre, sans tours pour les alerter qu'adviendra-t'il de l'île et de ses habitants ? L'architecte de génie ronchonna dans sa barbe, le manque de sommeil n'aidait pas à le rendre plus conciliant, et seule la curiosité qu'éveilla la lady en se rapprochant de lui l'obligea à ravaler les quelques paroles fort peu sympathiques qu'il aurait été tenté de proférer à l'encontre de ses ouvriers.
❝Croyez moi, ce que j'ai à vous montrer va beaucoup vous intéresser.❞
Le sourire mystérieux qu'afficha la Lady déconcerta totalement Garrel qui en perdit presque sa mauvaise humeur. Il se rendit soudain compte qu'il ne l'avait jamais vu sourire ainsi. Elle semblait heureuse, l'impatience se lisait dans son regard, comme une petite fille qui avait hâte de montrer ses nouveaux jouets à ses amis. Quelque chose dans son attitude avait changé sans que le bâtard puisse mettre un mot précis sur cette modification. La situation n'en devint que plus curieuse.
❝Si vous le dites ?❞ Lui murmura-t'il sur un ton peu assuré sans cesser de la scruter de ses prunelles brunes. Dés qu'Elyane se détourna du bâtisseur pour aller congratuler certains des habitants pour leur dur travail, Garrel lança un regard interrogateur aux deux gardes qui avaient escorté leur seigneur, en quête de réponses. Le premier des deux, un certain Nerris ou Berris, semblait en pleine contemplation des chariots de pierres extraites des falaises, ce qui obligea Garrel à reporter son attention sur le second garde, un dénommé Carsen. Ce dernier lui sourit brièvement. Lui aussi semblait étrangement nerveux et guilleret partageant la même émotion que Lady Descarpe. Hum...il y avait décidément anguille sous roche !
❝Bien !❞ Se décida enfin à dire Garrel devant tant de mystères. ❝Je suis évidemment tout disposé à vous suivre ma Lady !❞ L'homme se tourna vers le seigneur Descarpe et fit mine de n'avoir jamais été sur le point de contester ses ordres. L'air amusé de la rouquine avait eu l'effet escompté à savoir de titiller l'appétit de Garrel pour les énigmes. Elle le connaissait si bien. De toutes façons, si la surprise qu'Elyane lui réservait n'était pas à la hauteur de ses espérances, le bâtard saurait le lui rappeler chaque jour de chaque semaine jusqu'à la prochaine lune. Tandis qu'on attelait son cheval, Garrel s'entretint quelques minutes avec l'un des artisans. Il lui laissa la poursuite du chantier et donna rapidement certaines instructions avant de rejoindre Lady Descarpe qui l'attendait déjà un peu plus loin en selle, fière et déterminée flanquée de ses deux fidèles soldats.
Ils galopèrent ensemble à travers les terres. A hauteur de la lady, loin des oreilles indiscrètes des gardes, Garrel se permit de la questionner un peu plus, incapable de contenir sa curiosité et son inquiétude :
❝J'espère que ça vaut le coup d'oeil Elyane ! Si cela à un quelconque rapport avec vos robes, vos amis nordiens ou Mestre Bryce sachez que je fais demi-tour sur le champ !❞ Maugréa-t'il. Quelques secondes plus tard, devant eux, prés du ruisseau qui courrait sur leur droite, Carsen pointa du doigt deux silhouettes qui se hâtaient dans leur direction. Les deux hommes laissés là par Elyane agitèrent les bras et hurlèrent des mots incompréhensibles sans ralentir leur allure, ils semblaient pris en chasse par une sorte de gros chien rouge. Plus ils s'approchaient plus il était évident que la créature qui les traquait n'avait rien à voir avec un chien ou un ours. Intrigué, Garrel tira d'un coup sec sur les rennes de sa monture pour qu'elle s'immobilise et là devant ses yeux effarés, il crut voir se dessiner le profil d'une chimère, les contours d'un rêve, l'ombre d'un dragon.
❝C'est...c'est impossible.❞ Bredouilla-t'il sans arriver à croire ce qu'il voyait. Son coeur se mit à battre la chamade contre sa poitrine, ses yeux se remplirent de larmes. Tout en lui était bouleversé, ébranlé, renversé...Les certitudes que la vie lui avait imposé malgré lui, contre les rêves de son enfance. Il se rappelait les mots d'Helna, sa voix enraillée qui beuglait : ❝Il n'y a plus de dragons depuis longtemps ! Seuls les Dieux peuvent élever ton esprit à présent !❞ Non ! Ils existaient ! Ils existaient et Garrel avait la chance de pouvoir en voir un maintenant, là, devant lui, sur l'île de la Sorcière ! Sur la banale et piteuse île de son père ! C'était incroyable ! C'était inimaginable ! Ses jambes semblaient faites de coton, son regard transpirait la folie et la béatitude.
Il ne sut comment il était descendu de sa monture, ni comment il s'était retrouvé prés d'Elyane, à tenir sa main chaude dans la sienne devant la créature la plus merveilleuse qu'il lui était donné d'observer. Ce qu'il savait cependant c'était que plus jamais il ne mettrait en doute les paroles de son seigneur, c'était définitivement la plus belle surprise de son humble vie.
❝Il dormait dans les nuages et touchait du doigt les étoiles...❞ Murmura-t'il avant de laisser un petit rire dément s'échapper de ses lèvres. ❝Lady Descarpe, je suis à jamais votre obligé !❞ Finit-il par dire sans détacher son regard du petit dragon qui leur faisait face.
Sa visite était une surprise pour tout le monde. Et même si les ouvriers se réjouissaient de la venue de leur seigneur sur le chantier, Garrel Stone était presque certain qu'Elyane n'avait pas fait tout ce chemin uniquement pour vérifier les installations et commenter la progression des travaux. Les rapports qu'il transmettait à la jeune femme concernant leurs projets communs avait toujours semblé la satisfaire. Leur complicité, la confiance qui s'était instaurée avec les années, permettaient à Garrel d’œuvrer librement, sans œillère pour l'opprimer et dompter sa créativité. C'était même l'unique condition qu'il exigeait de la part de la belle rousse. Ainsi, la question demeurait en suspend : "fichtre, que venait-elle faire ici ?".
Un léger murmure vint se répandre dans les rangs des honnêtes travailleurs lorsque le seigneur de l'île prit la parole.
❝Votre présence est requise... Immédiatement.❞ dit-elle à l'architecte lorsque ce dernier la questionna du regard. Derrière son beau sourire et son ton cordiale se cachait une froideur et une exigence que peu de gens percevaient. Le bâtisseur connaissait cependant assez bien la sorcière du Val pour comprendre que ses paroles étaient sans équivoque. Il haussa un sourcil dubitatif. Que se passait-il de si important sur cette île pour qu'elle le convoque de la sorte ? Était-ce une affaire si urgente qu'il doive abandonner sur le champ son travail et les efforts d'une journée ? Garrel en doutait. Il n'arrivait jamais rien de trépidant sur l'île de la Sorcière. La vie était rythmée par l'ordre et la routine, ponctuée parfois par des naissances ou des décès. Les insulaires du Val était un peuple de braves, des pêcheurs pour la plupart, qui cherchaient rarement querelles et qui ne s'occupaient pas des terres de leurs voisins. Un coin paisible mais qui manquait un peu de mordant pour le fantasque bras droit d'Elyane.
Garrel Stone réprima une légère grimace. Ses vêtements poussiéreux et les traces de terres et de cendre qui marbraient par endroit la peau halée de son visage faisaient ressortir l'extrême lassitude qu'il ressentait à cet instant précis. Le bâtard ne souhaitait vraiment pas quitter ses hommes. Des manœuvres étaient encore à prévoir avant la nuit, les repousser au lendemain repoussait également la date d'achèvement des travaux et avec l'hiver qui s'installait toujours plus chaque jour, c'était un luxe qu'ils ne pouvaient s'octroyer. Sans doute Lady Descarpe s'attendait-elle à un refus de se part puisqu'elle ajouta sournoisement :
❝Quoi que vous étiez en train de faire, cessez. Nos vaillants et compétents ouvriers sauront se débrouiller sans vous, je ne doute pas un seul instant de leurs aptitudes.❞ Ces propos mirent fin brutalement aux contestations dont Garrel était sur le point de lui faire part. Nom d'un chien ! Le bâtard se passa une main sur le visage, à la fois agacé et admiratif de l'aisance avec laquelle Elyane savait manipuler la foule. Il entendit les hommes derrière lui s’enorgueillir et confirmer à leur seigneur, par de petits chuchotements d'approbations, qu'ils étaient effectivement capables de se débrouiller sans Garrel pour les guider. Bande d'ingrats ! Sans lui jamais ces murs n'auraient atteint une telle hauteur ! Ses techniques de constructions étaient innovantes, ingénieuses, loin de leurs pratiques archaïques ! Sans lui les remparts seraient restés à l'abandon en proie au ravage du temps et des intempéries ! L'hiver allait rameuter tous les hommes désespérés des côtes, des pillards en quête de nourriture et d'or, et sans murs pour les défendre, sans tours pour les alerter qu'adviendra-t'il de l'île et de ses habitants ? L'architecte de génie ronchonna dans sa barbe, le manque de sommeil n'aidait pas à le rendre plus conciliant, et seule la curiosité qu'éveilla la lady en se rapprochant de lui l'obligea à ravaler les quelques paroles fort peu sympathiques qu'il aurait été tenté de proférer à l'encontre de ses ouvriers.
❝Croyez moi, ce que j'ai à vous montrer va beaucoup vous intéresser.❞
Le sourire mystérieux qu'afficha la Lady déconcerta totalement Garrel qui en perdit presque sa mauvaise humeur. Il se rendit soudain compte qu'il ne l'avait jamais vu sourire ainsi. Elle semblait heureuse, l'impatience se lisait dans son regard, comme une petite fille qui avait hâte de montrer ses nouveaux jouets à ses amis. Quelque chose dans son attitude avait changé sans que le bâtard puisse mettre un mot précis sur cette modification. La situation n'en devint que plus curieuse.
❝Si vous le dites ?❞ Lui murmura-t'il sur un ton peu assuré sans cesser de la scruter de ses prunelles brunes. Dés qu'Elyane se détourna du bâtisseur pour aller congratuler certains des habitants pour leur dur travail, Garrel lança un regard interrogateur aux deux gardes qui avaient escorté leur seigneur, en quête de réponses. Le premier des deux, un certain Nerris ou Berris, semblait en pleine contemplation des chariots de pierres extraites des falaises, ce qui obligea Garrel à reporter son attention sur le second garde, un dénommé Carsen. Ce dernier lui sourit brièvement. Lui aussi semblait étrangement nerveux et guilleret partageant la même émotion que Lady Descarpe. Hum...il y avait décidément anguille sous roche !
❝Bien !❞ Se décida enfin à dire Garrel devant tant de mystères. ❝Je suis évidemment tout disposé à vous suivre ma Lady !❞ L'homme se tourna vers le seigneur Descarpe et fit mine de n'avoir jamais été sur le point de contester ses ordres. L'air amusé de la rouquine avait eu l'effet escompté à savoir de titiller l'appétit de Garrel pour les énigmes. Elle le connaissait si bien. De toutes façons, si la surprise qu'Elyane lui réservait n'était pas à la hauteur de ses espérances, le bâtard saurait le lui rappeler chaque jour de chaque semaine jusqu'à la prochaine lune. Tandis qu'on attelait son cheval, Garrel s'entretint quelques minutes avec l'un des artisans. Il lui laissa la poursuite du chantier et donna rapidement certaines instructions avant de rejoindre Lady Descarpe qui l'attendait déjà un peu plus loin en selle, fière et déterminée flanquée de ses deux fidèles soldats.
Ils galopèrent ensemble à travers les terres. A hauteur de la lady, loin des oreilles indiscrètes des gardes, Garrel se permit de la questionner un peu plus, incapable de contenir sa curiosité et son inquiétude :
❝J'espère que ça vaut le coup d'oeil Elyane ! Si cela à un quelconque rapport avec vos robes, vos amis nordiens ou Mestre Bryce sachez que je fais demi-tour sur le champ !❞ Maugréa-t'il. Quelques secondes plus tard, devant eux, prés du ruisseau qui courrait sur leur droite, Carsen pointa du doigt deux silhouettes qui se hâtaient dans leur direction. Les deux hommes laissés là par Elyane agitèrent les bras et hurlèrent des mots incompréhensibles sans ralentir leur allure, ils semblaient pris en chasse par une sorte de gros chien rouge. Plus ils s'approchaient plus il était évident que la créature qui les traquait n'avait rien à voir avec un chien ou un ours. Intrigué, Garrel tira d'un coup sec sur les rennes de sa monture pour qu'elle s'immobilise et là devant ses yeux effarés, il crut voir se dessiner le profil d'une chimère, les contours d'un rêve, l'ombre d'un dragon.
❝C'est...c'est impossible.❞ Bredouilla-t'il sans arriver à croire ce qu'il voyait. Son coeur se mit à battre la chamade contre sa poitrine, ses yeux se remplirent de larmes. Tout en lui était bouleversé, ébranlé, renversé...Les certitudes que la vie lui avait imposé malgré lui, contre les rêves de son enfance. Il se rappelait les mots d'Helna, sa voix enraillée qui beuglait : ❝Il n'y a plus de dragons depuis longtemps ! Seuls les Dieux peuvent élever ton esprit à présent !❞ Non ! Ils existaient ! Ils existaient et Garrel avait la chance de pouvoir en voir un maintenant, là, devant lui, sur l'île de la Sorcière ! Sur la banale et piteuse île de son père ! C'était incroyable ! C'était inimaginable ! Ses jambes semblaient faites de coton, son regard transpirait la folie et la béatitude.
Il ne sut comment il était descendu de sa monture, ni comment il s'était retrouvé prés d'Elyane, à tenir sa main chaude dans la sienne devant la créature la plus merveilleuse qu'il lui était donné d'observer. Ce qu'il savait cependant c'était que plus jamais il ne mettrait en doute les paroles de son seigneur, c'était définitivement la plus belle surprise de son humble vie.
❝Il dormait dans les nuages et touchait du doigt les étoiles...❞ Murmura-t'il avant de laisser un petit rire dément s'échapper de ses lèvres. ❝Lady Descarpe, je suis à jamais votre obligé !❞ Finit-il par dire sans détacher son regard du petit dragon qui leur faisait face.
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Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road....
Elyane & Garrel.
An 300, Lune 4.
Le seigneur Descarpe avait fait mouche. Elle avait vu Garrel changer d'attitude en un clin d'œil : du bâtisseur rechigneux, il était passé à l'érudit intrigué. Son fidèle bras droit comportait de nombreuses facettes, parfois contradictoires, et Elyane pouvait se vanter de les connaître toutes... Ou presque. ❝Bien ! Je suis évidemment tout disposé à vous suivre, ma Lady !❞ avait-il alors déclaré d'un ton affable. ❝Évidemment.❞ répliqua la perfide rouquine d'une voix qui laissait à la fois transparaître son amusement et la réaffirmation de son autorité : elle ne lui aurait jamais laissé le choix ! Elle retourna donc auprès des soldats et se remit en selle tandis que Garrel laissait ses instructions aux ouvriers. La jeune veuve ne manqua pas de féliciter à nouveau les travailleurs au moment de partir, histoire d'ancrer cette image affable d'elle-même dans leurs esprits, puis l'inventeur rejoignit le trio. Sans plus tarder, Elyane lança sa monture au galop en direction de la plaine, anxieuse de retrouver le dragon. Conformément à leur formation de voyage habituelle, Lerris chevauchait en tête, tandis que Carsen fermait la marche, ce qui faisait que Garrel et elle se trouvaient assez isolées des deux soldats pour pouvoir discuter plus librement, ce que le bâtard Descarpe ne se priva pas de faire. ❝J'espère que ça vaut le coup d'œil, Elyane ! Si cela à un quelconque rapport avec vos robes, vos amis nordiens ou Mestre Bryce sachez que je fais demi-tour sur le champ !❞
Si le seigneur de l'île de la sorcière s'était bien gardée de répondre à ce sarcasme, le regard noir qu'elle lança à son interlocuteur en disait long sur le fond de sa pensée. Elle n'eut cependant pas l'occasion de s'étendre sur les promesses de réprimandes qu'elle pourrait lui infliger qu'un curieux spectacle les interrompit. Jon et Seldan couraient vers eux en criant et en agitant les bras. Aussitôt, l'appréhension étreignit le cœur d'Elyane : qu'était-il arrivé ? Rougeoyante était-elle en mauvaise posture ? Le seigneur fronçait les sourcils, à sa crainte se mêlait sa fureur à l'encontre des soldats qui n'avaient pas su veiller sur l'animal. Il ne lui fallut pas longtemps pour remarquer que Rougeoyante se trouvait juste derrière les gardes, cela dit, ce qui fit soupirer Elyane de soulagement. La situation en devenait à présent presque comique, une fois la peur passée, et la native du nord eut toutes les peines du monde à retenir son sourire.
Elyane continua sa course en direction du dragon lorsque Garrel immobilisa son cheval. Une part d'elle aurait souhaité qu'il continuât avec elle mais elle ne pouvait décemment pas laisser la situation telle quelle en attendant qu'il eût repris ses esprits, la priorité pour le seigneur était Rougeoyante. Ainsi, elle descendit de sa monture en arrivant à la hauteur de Jon, à quelques mètres de distance du dragon qui s'était arrêté de courir lorsque le cheval s'était approché. La perfide rouquine confia les rênes de son destrier au capitaine de sa garde et avança prudemment en direction de l'animal. ❝Je suis là, ma toute belle, je suis là...❞ Le grognement que le dragon lui offrit en guise de réponse fit sourire la jeune femme. ❝Il a quelqu'un que je tiens à te présenter.❞ ajouta-t-elle doucement tandis que Rougeoyante était venue se blottir contre elle un peu brutalement pour réclamer de l'attention. Elyane lui caressa le sommet du crâne avant de regarder en arrière, à la recherche de Garrel.
Le jeune homme n'était plus sur son cheval, il fixait le dragon et semblait dans un état second. Ne mesurant pas encore la portée que cette rencontre avait sur l'esprit de son conseiller, la perfide rouquine poussa un soupir exaspéré en constatant la lenteur à laquelle il marchait vers eux. ❝Je reviens tout de suite, ma jolie.❞ dit-elle au dragon avant de partir à la rencontre de l'inventeur. En passant auprès des deux gardes qui avaient échoué dans leur mission de surveillance, elle leur lança un regard mi-réprimant mi-interrogateur. ❝Nous reparlerons de cet incident plus tard.❞ leur assura-t-elle, encore indécise quant à l'attitude qu'elle adopterait avec eux lorsque le moment viendrait. Après tout, ils avaient certes failli à leur tâche, mais qui savait comment se comporter face à un dragon ? Elyane repoussa cette réflexion à un moment ultérieur. Pour le moment, toute son attention devait se partager entre son dragon et son bras droit.
Lorsqu'elle parvint à la hauteur du bâtisseur, il divaguait en prononçant des phrases sans queue ni tête aux yeux du seigneur Descarpe. ❝Il dormait dans les nuages et touchait du doigt les étoiles...❞ murmurait-il, les larmes aux yeux, avant de se mettre à rire. ❝Mais oui, mais... Allez, venez.❞ répondit doucement Elyane pour l'enjoindre à s'approcher de la créature aux écailles vermeille. Constatant que de simples paroles ne suffisaient pas à le ramener à la réalité, la native du nord décida de lui prendre la main pour qu'il s'adapte à son allure. Ainsi, elle le guida jusqu'à Rougeoyante qui posait un regard curieux sur le nouveau venu. ❝Lady Descarpe, je suis à jamais votre obligé !❞ renchérit Garrel, tandis que le dragon et lui ne se quittaient pas des yeux. ❝Ravie de l'entendre ! Je ne manquerai pas de vous le rappeler de temps à autres...❞ se moqua gentiment la rousse incandescente en guise de réponse.
Elle n'osait pas lâcher la main de son conseiller, de peur qu'il se remît à divaguer ou qu'il ne fît un geste brusque en direction de Rougeoyante, aussi tenait-elle toujours ses doigts fermement entre les siens au moment où elle reprit la parole de façon plus sérieuse. ❝Vous vous souvenez sans doute des rumeurs qui couraient sur nos terres ces dernières semaines : celles qui évoquaient la présence d'un dragon sur l'île et que nous pensions inventées pour justifier des incendies involontaires ? Eh bien... Voici la preuve de notre erreur. Je l'ai rencontrée pendant ma tournée d'inspection. Elle s'appelle Rougeoyante.❞ Ces explications sommaires avaient été prononcées un peu précipitamment mais le ton employé était sans appel : elle ne l'avait pas énoncé clairement mais on ne pouvait douter du fait qu'Elyane refusait purement et simplement de se séparer du dragon... Ce qui soulevait désormais quelques problèmes. De quoi la nourriraient-ils ? Où Rougeoyante allait-elle dormir ? L'animal était encore jeune, sa croissance n'était pas terminée et la garder dans le château était impossible. Pourtant, Elyane voulait la garder au plus près, et il était hors de question de la relâcher dans la forêt, livrée à elle-même. Le seigneur avait besoin de Garrel pour régler ces questions mais, pour pouvoir y réfléchir sérieusement avec lui, elle avait besoin de le voir reprendre ses esprits.
❝Viens, ma toute belle, tu n'as rien à craindre de Garrel. Je te le promets.❞ dit-elle doucement au dragon pour l'inciter à établir un contact avec le bâtard de son défunt mari. Il était important pour Elyane que l'animal fût en mesure de choisir, qu'il ne se crût pas commandé ou brusqué. Après quelques temps d'hésitation et plusieurs regards lancés à la jeune veuve, Rougeoyante finit par avancer. Un sourire radieux fendit les lèvres de la lady, elle lâcha la main de son conseiller et s'accroupit à hauteur du dragon pour lui offrir un cocon protecteur dans lequel se réfugier. L'animal ne se fit pas prier et ce fut un peu brutalement que la créature vermeille se blottit contre elle. Le lien étrange qui les unissait sautait aux yeux, ce qui rendait le seigneur de l'île particulièrement fier. ❝C'est bien ! Comme tu es courageuse !❞ encourageait-elle le dragon qui regardait toujours Garrel avec curiosité. Elyane suivit son regard et adressa un sourire encourageant au jeune homme. ❝Je crois qu'elle ne vous fera rien... Elle a compris que vous ne lui vouliez aucun mal.❞
Le seigneur Descarpe avait fait mouche. Elle avait vu Garrel changer d'attitude en un clin d'œil : du bâtisseur rechigneux, il était passé à l'érudit intrigué. Son fidèle bras droit comportait de nombreuses facettes, parfois contradictoires, et Elyane pouvait se vanter de les connaître toutes... Ou presque. ❝Bien ! Je suis évidemment tout disposé à vous suivre, ma Lady !❞ avait-il alors déclaré d'un ton affable. ❝Évidemment.❞ répliqua la perfide rouquine d'une voix qui laissait à la fois transparaître son amusement et la réaffirmation de son autorité : elle ne lui aurait jamais laissé le choix ! Elle retourna donc auprès des soldats et se remit en selle tandis que Garrel laissait ses instructions aux ouvriers. La jeune veuve ne manqua pas de féliciter à nouveau les travailleurs au moment de partir, histoire d'ancrer cette image affable d'elle-même dans leurs esprits, puis l'inventeur rejoignit le trio. Sans plus tarder, Elyane lança sa monture au galop en direction de la plaine, anxieuse de retrouver le dragon. Conformément à leur formation de voyage habituelle, Lerris chevauchait en tête, tandis que Carsen fermait la marche, ce qui faisait que Garrel et elle se trouvaient assez isolées des deux soldats pour pouvoir discuter plus librement, ce que le bâtard Descarpe ne se priva pas de faire. ❝J'espère que ça vaut le coup d'œil, Elyane ! Si cela à un quelconque rapport avec vos robes, vos amis nordiens ou Mestre Bryce sachez que je fais demi-tour sur le champ !❞
Si le seigneur de l'île de la sorcière s'était bien gardée de répondre à ce sarcasme, le regard noir qu'elle lança à son interlocuteur en disait long sur le fond de sa pensée. Elle n'eut cependant pas l'occasion de s'étendre sur les promesses de réprimandes qu'elle pourrait lui infliger qu'un curieux spectacle les interrompit. Jon et Seldan couraient vers eux en criant et en agitant les bras. Aussitôt, l'appréhension étreignit le cœur d'Elyane : qu'était-il arrivé ? Rougeoyante était-elle en mauvaise posture ? Le seigneur fronçait les sourcils, à sa crainte se mêlait sa fureur à l'encontre des soldats qui n'avaient pas su veiller sur l'animal. Il ne lui fallut pas longtemps pour remarquer que Rougeoyante se trouvait juste derrière les gardes, cela dit, ce qui fit soupirer Elyane de soulagement. La situation en devenait à présent presque comique, une fois la peur passée, et la native du nord eut toutes les peines du monde à retenir son sourire.
Elyane continua sa course en direction du dragon lorsque Garrel immobilisa son cheval. Une part d'elle aurait souhaité qu'il continuât avec elle mais elle ne pouvait décemment pas laisser la situation telle quelle en attendant qu'il eût repris ses esprits, la priorité pour le seigneur était Rougeoyante. Ainsi, elle descendit de sa monture en arrivant à la hauteur de Jon, à quelques mètres de distance du dragon qui s'était arrêté de courir lorsque le cheval s'était approché. La perfide rouquine confia les rênes de son destrier au capitaine de sa garde et avança prudemment en direction de l'animal. ❝Je suis là, ma toute belle, je suis là...❞ Le grognement que le dragon lui offrit en guise de réponse fit sourire la jeune femme. ❝Il a quelqu'un que je tiens à te présenter.❞ ajouta-t-elle doucement tandis que Rougeoyante était venue se blottir contre elle un peu brutalement pour réclamer de l'attention. Elyane lui caressa le sommet du crâne avant de regarder en arrière, à la recherche de Garrel.
Le jeune homme n'était plus sur son cheval, il fixait le dragon et semblait dans un état second. Ne mesurant pas encore la portée que cette rencontre avait sur l'esprit de son conseiller, la perfide rouquine poussa un soupir exaspéré en constatant la lenteur à laquelle il marchait vers eux. ❝Je reviens tout de suite, ma jolie.❞ dit-elle au dragon avant de partir à la rencontre de l'inventeur. En passant auprès des deux gardes qui avaient échoué dans leur mission de surveillance, elle leur lança un regard mi-réprimant mi-interrogateur. ❝Nous reparlerons de cet incident plus tard.❞ leur assura-t-elle, encore indécise quant à l'attitude qu'elle adopterait avec eux lorsque le moment viendrait. Après tout, ils avaient certes failli à leur tâche, mais qui savait comment se comporter face à un dragon ? Elyane repoussa cette réflexion à un moment ultérieur. Pour le moment, toute son attention devait se partager entre son dragon et son bras droit.
Lorsqu'elle parvint à la hauteur du bâtisseur, il divaguait en prononçant des phrases sans queue ni tête aux yeux du seigneur Descarpe. ❝Il dormait dans les nuages et touchait du doigt les étoiles...❞ murmurait-il, les larmes aux yeux, avant de se mettre à rire. ❝Mais oui, mais... Allez, venez.❞ répondit doucement Elyane pour l'enjoindre à s'approcher de la créature aux écailles vermeille. Constatant que de simples paroles ne suffisaient pas à le ramener à la réalité, la native du nord décida de lui prendre la main pour qu'il s'adapte à son allure. Ainsi, elle le guida jusqu'à Rougeoyante qui posait un regard curieux sur le nouveau venu. ❝Lady Descarpe, je suis à jamais votre obligé !❞ renchérit Garrel, tandis que le dragon et lui ne se quittaient pas des yeux. ❝Ravie de l'entendre ! Je ne manquerai pas de vous le rappeler de temps à autres...❞ se moqua gentiment la rousse incandescente en guise de réponse.
Elle n'osait pas lâcher la main de son conseiller, de peur qu'il se remît à divaguer ou qu'il ne fît un geste brusque en direction de Rougeoyante, aussi tenait-elle toujours ses doigts fermement entre les siens au moment où elle reprit la parole de façon plus sérieuse. ❝Vous vous souvenez sans doute des rumeurs qui couraient sur nos terres ces dernières semaines : celles qui évoquaient la présence d'un dragon sur l'île et que nous pensions inventées pour justifier des incendies involontaires ? Eh bien... Voici la preuve de notre erreur. Je l'ai rencontrée pendant ma tournée d'inspection. Elle s'appelle Rougeoyante.❞ Ces explications sommaires avaient été prononcées un peu précipitamment mais le ton employé était sans appel : elle ne l'avait pas énoncé clairement mais on ne pouvait douter du fait qu'Elyane refusait purement et simplement de se séparer du dragon... Ce qui soulevait désormais quelques problèmes. De quoi la nourriraient-ils ? Où Rougeoyante allait-elle dormir ? L'animal était encore jeune, sa croissance n'était pas terminée et la garder dans le château était impossible. Pourtant, Elyane voulait la garder au plus près, et il était hors de question de la relâcher dans la forêt, livrée à elle-même. Le seigneur avait besoin de Garrel pour régler ces questions mais, pour pouvoir y réfléchir sérieusement avec lui, elle avait besoin de le voir reprendre ses esprits.
❝Viens, ma toute belle, tu n'as rien à craindre de Garrel. Je te le promets.❞ dit-elle doucement au dragon pour l'inciter à établir un contact avec le bâtard de son défunt mari. Il était important pour Elyane que l'animal fût en mesure de choisir, qu'il ne se crût pas commandé ou brusqué. Après quelques temps d'hésitation et plusieurs regards lancés à la jeune veuve, Rougeoyante finit par avancer. Un sourire radieux fendit les lèvres de la lady, elle lâcha la main de son conseiller et s'accroupit à hauteur du dragon pour lui offrir un cocon protecteur dans lequel se réfugier. L'animal ne se fit pas prier et ce fut un peu brutalement que la créature vermeille se blottit contre elle. Le lien étrange qui les unissait sautait aux yeux, ce qui rendait le seigneur de l'île particulièrement fier. ❝C'est bien ! Comme tu es courageuse !❞ encourageait-elle le dragon qui regardait toujours Garrel avec curiosité. Elyane suivit son regard et adressa un sourire encourageant au jeune homme. ❝Je crois qu'elle ne vous fera rien... Elle a compris que vous ne lui vouliez aucun mal.❞
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