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Honor lies in honest toil | ft. Stannis

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Honor lies in honest toil
Alesander & Stannis | Lune 6 de l'an 300
Il n'était pas encore réveillé alors que la journée touchait pratiquement à sa moitié. Hewlett traînait devant sa porte, tambourinant contre le bois lourd. Lorsqu'il réalisa que son frère ne répondrait probablement jamais, il entra en coup de vent. Lord Staedmon sursauta, ne comprenant pas trop le chaos soudain. Il n'eut pas le temps de se frotter les yeux ni même de bailler que son frère lui fichait déjà un parchemin sous les yeux. Le mestre lui avait donné, sachant très bien que s'il réveillait Alesander, celui-ci ferait passer une mauvaise journée à tout le monde. Hewlett n'avait pas la même retenue que le vieille homme à la robe noire, heureusement. L'homme jeta un regard noir à son frère qui avait osé le tirer d'un glorieux rêve.  Il posa tout de même ses prunelles sur le parchemin ; si le jeune homme prenait la peine de le réveiller pour ça, ça devait valoir la peine.

Il remarqua le cerf sur le sceau en cire ; il manqua s'étouffer. Rapidement, il arracha le parchemin des mains d'Hewlett Staedmon. Les Baratheon ? Sérieusement ? Il ne savait pas ce que c'était, mais il espérait sincèrement que ce soit positif ; ses efforts auraient portés fruits. Il brisa le sceau et s'empressa de lire l'écrit, en diagonal. Il en comprit le propos, regarda son frère avec les yeux brillants de celui qui voyait le monde s'ouvrir devant lui. «Tu iras demander à Aubry de préparer mon cheval et mon armure pour le surlendemain matin, ce serait bien s'il pouvait la faire briller, aussi. Je n'amène pas le gamin avec moi, tu t'arrangeras pour qu'il suive bien ses leçons du matin; il est pas facile à vivre. Va voir ser Durand et demande-lui de  me réunir quelques de ses hommes d'ici demain soir. Après-demain, il y a audience. Tu t'en chargeras.» Hewlett croisa les bras sur son torse, dévisageant son grand-frère. «Fais-le toi même ? Je ne suis pas ta bonne.» Alesander fronça les sourcils, l'air vaguement irrité. Il fallait toujours qu'il gâche son bonheur, ce gosse. «Il n'y a pas de ''mais''. Tu le fais, un point c'est tout. D'ailleurs, tu demanderas au mestre d'envoyer une lettre à notre suzerain lui signifiant ma présence d'après-demain.»

*

Alesander n'avait pas spécialement bien dormi. En effet, il était secoué par l'angoisse que lui causait sa future visite à Accalmie. Ce n'était pas rien. Stannis Baratheon, le vrai en chaire et en os, voulait le voir – le voir, lui. Il n'en revenait pas – pour discuter de choses importantes. Bon, il y aurait probablement d'autres seigneurs, il cru, mais l'honneur était tout de même là. Il n'avait eu aucune considération pour sa maisonnée qui avait dû passer la veille à l'entendre se vanter et parler du fait qu'il se rendait demain, à la première heure, à Accalmie. S'y rendre à partir de Broad Arch prenait  une demie journée, mais il ne souhaitait pas arriver en pleine nuit, alors le plus tôt il partait le mieux ce serait. Lorsqu'il se rendit chez le maître d'armes, où attendaient son armure fraîchement nettoyée par Aubry le petit écuyer, son cheval – le plus beau de l'étable, qu'il se tuait à répéter chaque fois – et trois ou quatre hommes qui l'accompagneraient dans sa route, le soleil n'était même pas encore timide et les rouges-gorges chantaient l'aube qui allait venir. Comme il n'y avait aucune route officielle reliant Broad Arch à Accalmie, ils durent cavaler à travers les montagnes, reliques des Marches de Dorne. En croisant la Griffonnière, Alesander et ses hommes, dont celui qui tenait haut la bannière tatouée d'un cœur transpercé d'une dague sur fond sanglant qui indiquait une visite officielle, s'arrêtèrent un instant dans une auberge histoire de se ravitailler. Alesander y prit du vin pour se réveiller un peu mieux.

Le reste de la route s'était fait assez rapidement. Les hommes que ser Durand avait rassemblés étaient plutôt joviaux, du coup ils passèrent la route à chanter des chansons paillardes et à se raconter des histoires douteuses. Ça calma lord Staedmon qui, plus ils s'approchaient d'Accalmie, commençait à stresser. Serait-il à la hauteur des attentes du Baratheon ? S'il lui avait envoyé cette missive, c'était forcément qu'il lui faisait confiance... Sa maison avait beau ne pas être aussi importante que d'autres, Staedmon tenait une bonne réputation de gestionnaire ; on l'en complimentait assez souvent. Ses hommes le sentirent et essayèrent de lui remonter le moral tant bien que mal. Le brun improvisa quelques rires et quelques sourires trop grands, mais il ne se calma réellement que lorsqu'ils arrivèrent à l'entrée d'Accalmie. « Qui va là ? » Lui lança un des gardes. L'homme et sa petite bande avancèrent vers le petit groupes de gardes. « Lord Alesander Staedmon de Broad Arch. J'ai reçu une missive de la part de votre lord, Stannis Baratheon. »Il descendit de son cheval, fit signe à ses hommes d'en faire de même. Il sortit du sac accroché à un des chevaux le parchemin que lui avait envoyé l’aîné des deux cerfs. Il la tendit au garde qui ne savait pas lire, mais qui reconnu les reliques de ce qui fut un sceau entier. Ce dernier demanda à un autre garde d'aller chercher un membre de la maisonnée Baratheon. Pendant ce temps, on se chargea d'amener les chevaux des hommes Staedmon à l'étable et de débarrasser Alesander de son épée, par principe. Les hommes qu'il avait traînés avec lui partirent de leur côté.

Le garde qu'on avait envoyé revenu avec un type quelconque qui salua Alesander en bonne et due forme. Il ne remarqua pas immédiatement, trop occupé à observer tous les détails d'Accalmie, avec les yeux d'un grand enfant. « Suivez-moi.» Exigea l'homme,  tout de même un peu hésitant, croyant que le Staedmon ne lui donnait absolument pas d'attention. Le lord sursauta subtilement et il suivit l'homme qui n'avait pas attendu son accord. Alesander se considéra chanceux d'être arrivé avant que le soleil ne commence à se coucher ; chose qui commençait à arriver de plus en plus tôt plus l'hiver approchait. Les deux hommes marchèrent rapidement dans les couloirs du château, jusqu'à finir par s'arrêter devant une pièce dont la porte était ouverte. L'homme du château entra, précisa au suzerain l'arrivée de son invité. Il était suivi par l'homme de Broad Arch qui commença de plus en plus à réaliser l'ampleur de la situation. Il regarda partir l'homme qui l'avait guidé.

Il souriait, mais il n'avait pas l'air moins sérieux pour autant. Il avait d'ailleurs l'air très sérieux. Il devait honorer son devoir et il tiendrait parole à sa promesse mentale et à celle qu'il avait fait à son père sur son lit de mort – qu'il réussirait à hisser leur famille le plus haut possible.«Lord Staedmon comme vous l'avez demandé.» Il s'inclina en une révérence selon les règles de l'art. «Mon lord.» Il se redressa, impatient qu'on lui annonce l'ordre du jour.
electric bird.

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La pluie venait enfin de cesser de tomber du ciel, en grosses gouttes explosives. Certes, les Orageois étaient habitués à un climat maussade. Mais après deux semaines continues d'averses, les habitants les plus patients en avaient bien assez de ce temps de chien. Enfin le soleil faisait une apparition, tandis que les gros nuages gris gorgés d'eau laissaient la place à de petits nuages blancs, d'aspect inoffensif. La forteresse d'Accalmie continuait de suinter, l'eau accumulée dégoulinant des toits, le long des murs, pour venir abreuver une terre déjà bien spongieuse. Les forêts du territoire luisaient de verdure, de ce vert foncé, touchant au gris, propre à la région. 

    « Tu penses sérieusement à te marier alors? »

Stannis regarda son frère cadet, Renly, dont le visage se fendait d'un sourire ironique. Ils se trouvaient tous deux dans le bureau du Lord d'Accalmie. 

    « C'est une possibilité à laquelle je dois bien me résoudre. »
    « Allons bon, tu présentes ça comme si c'était une corvée... choisis la plus jolie des pucelles de l'Orage, n'importe quel père sera content de te la donner! Tu auras un joli minois pour s'occuper de toi dans tes vieux... » 

Stannis soupira de dépit. Renly ne pouvait s'empêcher de projeter sur' les autres ses propres désirs, tout en y comprenant jamais rien.

    « Ce n'est pas d'une jouvencelle de l'orage dont j'ai besoin, Renly. Si je voulais une Orageoise, elle serait mienne depuis longtemps. Mais quel intérêt pour notre Maison? Je suis le suzerain de nos terres, ma fille pourra me succéder et tu es là pour veiller à ce que les Baratheon restent les maîtres. Non, ce dont nous avons besoin c'est d'une alliance avec une autre région, nous assurant des alliés et une position solide dans le royaume de la Reine Rhaenys. » 
    « Si tu espères épouser une Targaryen, je crois devoir dire que tu vises un peu haut... » 
    « Je ne suis pas totalement idiot, la maison Baratheon n'est pas suffisamment forte que pour offrir une union intéressante avec la famille royale. Mais avec les Nerbosc du Conflans par contre... Ce sont nos voisins et nous partageons des intérêts convergents. Les Lannister pourraient être intéressants mais la morgue de Tywin m'insupporte. » 
    « Il y a Dorne aussi, non? Ou le Bief... y a tellement de monde là-bas, et vu Margaery Tyrell on y trouve de belles plantes. » 
    « Alors qu'il s'agit de régions indépendantes? Ce serait un affront fait à Port-Réal. »

Le frère cadet haussa les épaules, ennuyé par cette conversation. Les projets politiques ne passionnaient guère le plus jeune des deux cerfs. Il ne manquait pas d'ambition, pourtant. Seulement d'intérêt. Une idée lui vint toutefois à l'esprit...

    « Et Shôren? » 
    « Hé bien quoi? » 
    « Il faudra bien que tu la maries. Et vu les merveilleuses règles édictées par nos belles Targaryen, elle te succédera normalement. Ça en fait plutôt un bon parti... » 
    « Je n'évoquerai pas ce sujet pour l'instant. Shôren a encore bien des années devant elle avant de se marier, et je ne désire pas la forcer à vivre avec un bonhomme de l'étranger... » 
    « Bon bon, comme tu veux... Je vais profiter du beau temps, tant qu'on en a. Je vais chasser. »

Stannis opina du chef, laissant son frère le quitter en silence. Il n'avait pas tout dit à Renly... À vrai dire, il avait réfléchi bien des fois à marier Shôren, du moins à la fiancée. Mais ses projets risquaient de ne guère plaire à son impétueux de frère. Car le Suzerain envisageait sérieusement un union avec les Connington. Si pour lui-même il recherchait une alliance avec l'extérieur, Stannis entrevoyait bien des avantages à unir Shôren avec un rejeton de la Griffonière. Le mariage permettrait d'éteindre partiellement la vieille rivalité entre les deux maisons et de renforcer l'unité des Terres de l'Orage. Cela dit, de nombreux obstacles se présentaient face à ce projet. Stannis n'avait guère d'affection pour les Connington, que du contraire. Ces derniers avaient pris la place des Baratheon et il avait fallu les en déloger par la force des armes. Tout cela ne facilitait guère l'entente et des réflexions apaisées, rendant fort improbable toute union entre les deux maisons...

Pour l'heure, peu importait de toute manière. Shôren était encore jeune, le mariage ne pressait pas. Il y avait bien des choses à traiter en priorité dans l'Orage. Le Suzerain quitta son bureau et prit la direction de la salle de réception de la forteresse d’Accalmie. Il vint s’installer sur un trône, d’où il recevait ses sujets. Les portes s’ouvrirent, laissant entrer toute une série de roturiers portant leurs doléances. Plusieurs fois par semaine, le Lord d’Accalmie recevait, tôt le matin, les habitants de son fief venant demander la Justice de la Reine. La tâche était souvent fastidieuse mais Stannis Baratheon refusait de s’y soustraire en déléguant. Il estimait qu’après lutté tant d’années pour revenir dans l’Orage la moindre des choses était de faire son devoir. De plus, il sanctionnait par de sévères amendes les individus portant devant lui des requêtes sans fondement, de sorte que les litiges étaient amenés prudemment devant lui. Stannis était parfois fatigué d’entendre souvent les mêmes problèmes revenir dans des bouches différentes mais il veillait à rester toujours attentif, afin de rendre le jugement le plus juste possible. C’était une des qualités qu’on lui reconnaissait que de s’acquitter avec exactitude de sa mission de juge. La matinée fut cependant assez faible en requêtes cette fois-ci, de sorte qu’après une heure le Suzerain estima que la séance du jour pouvait se clore. 

Ce fut à cet instant qu’on vint lui annoncer la venue de Lord Alesander Staedmon, de Broad Arch, qu’il avait effectivement convoqué pour ce jour, sans l’attendre si tôt dans la journée. Le Lord d’Accalmie apprécia ce souci de la ponctualité et le seigneur fit son entrée, venant présenter ses respects à son suzerain. Lord Staedmon était plus bel homme, il fallait le reconnaître. Un visage aux traits réguliers, agrémenté d’une belle barbe bien taillée et de cheveux soignés. Stannis n’avait que quatre ans de plus que l’individu qui lui faisait face, mais paraissait nettement plus âgé. Sans doute était-ce dû à tout ce qu’il avait vécu. Quinze ans d’exil, quinze années passées à transbahuter de cité en cité, cela avait forcément des conséquences. D’un regard, le Lord d’Accalmie fit comprendre à son mestre qu’il était temps de faire déguerpir le petit monde restant dans la salle d’audience. On annonça qu’il n’y aurait plus de requêtes prises en charge cette journée. Stannis se leva et vint rejoindre le seigneur de Broad Arch.

    « Bienvenu à Accalmie. Suivez-moi, nous serons plus à l’aise dans mes appartements. »

C’était sans doute tout ce dont Stannis était capable en matière de politesse. Il fallait bien avouer qu’il était un peu rustaud, brut de décoffrage, ce qui le rendait parfois assez antipathique. L’après-midi était déjà assez avancée mais le Suzerain n’avait pas encore le temps de manger, préférant d’abord remplir son devoir envers la populace. Les deux hommes pénétrèrent dans une large pièce, bien chauffée, située dans un des premiers étages de la tour principale du château, située le long des remparts faisant face à la mer. C’était là que le Suzerain dînait en famille. Pour l’heure, il n’y avait que lui et son invité. Le maître des lieux l’invita à s’asseoir avec lui à la table, tandis que des serviteurs amenaient le premier service. Celui-ci était composé d’un potage fumant, dans lequel tourbillonnaient morceaux de viandes, navets, carottes, oignon, et d’une assiette présentant du lard fumé, du pâté, un morceau de boudin, de la compote de pommes et de grosses tranches d’un pain encore chaud. La cuisine dans l’Orage était rustique, mais bonne et roborative. Une domestique vint servir un vin rouge de Pentos. 

    « J’ai rencontré un vigneron de Pentos, lors de mon exil. Il me fait provenir ses meilleurs crus. Ca me coûte bien moins cher que de La Treille, et ça en vaut bien le goût. »


Une bonne affaire, en somme, le genre de choses qui devait plaire à Alesander Staedmon, surnommé le Grippe-Sou dans la région… Stannis lança les hostilités sur le pâté, l’étalant rudement sur une tranche de pain et mordant à pleines dents. Tout en mangeant, il s’adressa à son invité.

    « J’ai entendu que vous taxiez fort vos gens, Staedmon. Mais que vous vous débrouilliez bien avec eux… que vous avez relevé votre fief, passé d’une situation économique déplorable à une des plus confortables de l’Orage. »


Le Suzerain trancha un morceau de boudin noir, le trempa dans la compote puis l’avala avec appétit. Délaissant la charcuterie, il avança vers lui un bol de potage, qu’il commença à boire. De temps à autre, il prenait une gorgée du vin rouge, tandis que dans les cuisines on préparait la suite du repas. 

    « Sans doute pourriez-vous me présenter les mesures que vous avez prises pour rendre votre fief prospère? »

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Alesander & Stannis | Lune 6 de l'an 300

Alesander regarda les gens décamper de la salle. Les gens d'Accalmie n'étaient pas tant différents de ceux de  Broad Arch,  en fait. Il se demanda, sur le coup, si Hewlett n'avait pas négligé leur propre audience. Il savait que son petit frère avait tendance à agir en imbécile lorsqu'il était frustré et les dieux comprenaient comment Alesander avait irrité ses nerfs avant de partir. Sur le coup, il avait envié Stannis lorsqu'il avait eu l'occasion de saluer Renly, sur le chemin de la salle. Il avait combattu avec ce type du même âge que son propre frère lors du siège de la Griffonnière et il s'avérait fort plus sympathique que l'air bête sur pattes répondant au nom d'Hewlett Staedmon. Il n'avait beau pas connaître le petit peuple qui sortait de la salle, on le salua quand même. Il avait l'allure d'un lord,  son armure - qui n'était pas celle qu'il utilisait pour les combats, évidemment -  était marquée du coeur poignardé des Staedmon, il venait clairement d'ailleurs. Staedmon n'aimait pas ces attitudes du peuple ; lorsqu'il n'était pas à Broad Arch il aimait se sentir comme un humain normal et ces manières l'en empêchaient. Un sourire fendu tout de même encore son visage lorsque son regard balaya les murs humides d'Accalmie ; la pluie des derniers jours n'avait pas été clémente. Broad Arch en avait subit les conséquences, d'ailleurs. La production de pots avait dû être mise en pause quelques temps... Il devrait trouver des solutions pour lorsque l'hiver viendrait. Avec patience, il attendit que Stannis termine ses obligations et lorsqu'il lui demanda de le suivre à ses appartements, l'homme ne refusa pas. Il avait tellement de questions à poser, mais il était l'invité donc bon. Il répondrait à celles qu'on lui poserait en fermant sagement sa gueule sur les siennes.

Le lord de Broad Arch était un homme fort sympathique. S'il semblait froid avec sa famille, il n'en était tout autrement avec les gens du peuple et les inconnus. Le temps de se rendre aux appartements de Stannis, l'homme avait salué à peu près tous les employés de château qu'il avait croisés  en chemin et s'il avait eu le temps, il se serait arrêté pour faire la conversation, mais il continua plutôt de suivre. Lorsqu'il entra dans la pièce habitée par une table, des chaises, et les normalités que l'on trouvait dans à peu près toutes les salles à manger de l'univers, son nez fut chatouillé par l'odeur des plats qui commençaient à faire acte de présence. Sans chigner, il s'installa à la place qu'on lui avait indiquée. Lorsque lui et ses hommes s'étaient arrêtés à l'auberge, il avait à peine mangé ; son estomac s'était serré sous le coup de l'angoisse. Chaque bouchée avait eu l'effet d'un feu grégeois sur ses entrailles. Lors de ses voyages, il avait su ce qu'était d'avoir réellement faim ; il aurait donc pu attendre encore plus longtemps avant de manger, mais lorsque qu'on posa sa part de potage devant lui, il ne résista pas avant d'en boire un peu. Il déposa doucement le bol, jetant son dévolu sur le vin qui venait d'être servi. Il prit la coupe entre ses doigts, renifla subtilement son contenu. Le vin de Pentos avait une odeur beaucoup plus épicée que le vin de La Treille,  ça lui plaisait. Il goutta, prit un instant pour comprendre le goût. Il haussa les sourcils, agréablement surpris. Il devrait demander à Stannis s'il était  possible de le mettre en contact avec ce vigneron. « Le Redwyne demande, en effet, un gros prix pour les vins produits sur ses terres. Il profite du fait d'avoir pratiquement le monopole de la production de vin  de Westeros. J'ai essayé de marchander avec lui, une fois. Pathétique échec. » Moqueur, il haussa les épaules, se replongeant tout sourire dans sa coupe qu'il fini par redéposer.

Alesander croisa ses mains sur la table. Il aurait voulu manger un peu, mais comme il s'apprêtait  à répondre à Stannis, il ne pouvait pas se permettre de risquer de le faire la bouche pleine ( chose qu'il faisait chez lui, dans son château qui roulait selon ses propres règles ) et de faire mauvaise impression. Pas maintenant. « Mes gens sont taxés, oui, mais ils reçoivent tous les avantages possibles qui devraient venir avec un fort taux de taxes. Mon père a commis beaucoup d'erreurs, menant Broad Arch à sa quasi perte économique. C'aurait été une catastrophe en soi, considérant que nous monopolisons une grande partie de la production de parchemins  de Westeros. » Finalement, il ne résista pas : il s'attaqua cette fois au boudin et à la compote.   Il prit le temps de manger avant de se remettre à parler, s'étouffer n'aurait pas été glorieux non plus. « Repasser par-dessus n'aura pas été chose facile, mais je crois avoir fait de mon mieux ces dernières années. » L'homme s'étira légèrement pour se couper un peu de pâté qu'il étala  minutieusement sur un morceau de pain. Il mordit dedans et constata à quel point celui qu'on servait chez lui n'était pas aussi goûteux. Il aurait une conversation avec le cuisinier, en rentrant.

Le brun eut l'air songeur pendant quelques secondes, avant de lancer un sourire confiant au suzerain. « C'est drôle à dire, mais être à l'écoute de son peuple ne peut qu'aider l'économie. Répondre à ses demandes dans la mesure du possible, par exemple. Une population heureuse travaille mieux et la production ne peut qu'augmenter. Il y a un lien:  si le capital humain est malheureux, l'offre de ce dernier sera minime puisque le malheur entraîne l'épuisement et la démotivation. Au lieu de faire comme mon père et de conserver pour moi et ma famille les énormes quantité de denrées agricoles que nous recevons en guise de dû et qui ne serviront probablement jamais puisqu'il y en a trop et que ces produits ne se gardent pas éternellement, mon frère Hewlett, lors d'une de mes absences, a décidé de répartir ces denrées justement entre les habitants de mon fief qui ne bénéficiaient pas de telle ou de telle production. Savoir répartir ces richesses joue un rôle énorme, si je peux le dire ainsi. » Alesander se sentait un peu irrité juste à penser à cette fois-là, où lors de son retour il avait constaté la nouveauté imposée par son frère. Il avait faillit perdre le contrôle de sa colère avant que le plus jeune ne lui explique tous les avantages d'une répartition juste...  Il avait dû admettre que ce dernier savait tout aussi bien que lui ce qu'il faisait.

Il prit quelques instants pour se concentrer à nouveau sur le vin d'Essos. Il se passa une main dans les cheveux, s'adossant au dossier de sa chaise. « J'ai renouvelé la plupart des équipements qu'utilisent les paysans de Broad Arch. Les fours sont de meilleure qualité, le moulin a gagné en taille, ma main d'œuvre est beaucoup plus spécialisée dans leur production respective. Mon père avait aboli la banalité, du coup j'ai eu quelques problèmes après l'avoir imposée à nouveau, mais ça s'est calmé lorsqu'ils ont remarqué tout ce que je faisais pour eux.  » Il hocha un peu la tête. Lord Staedmon avait beau être radin et aimer l'argent avec une passion presque douteuse, il savait très bien que siens de son fief ne pouvaient rien produire, que ce soit par démotivation ou par manque de matériel, il n'y aurait jamais aucune entrée d'argent. Il n'était pas stupide, il avait fait le lien. « Nous avons une petite production de cidre, également. J'ai pu obtenir un partenariat économique avec les familles Fossovoie pomme-verte et pomme-rouge, également producteurs de cidre. Je connais Bryan Fossovoie pomme-rouge depuis ma tendre enfance, ce ne fut pas très compliqué à établir. Ce n'est pas grand-chose, mais ça permet de solidifier les cordes de mon fief. » L'homme croisa ses mains sur la table, fixant son interlocuteur. Ce qu'il avait énuméré là n'était qu'une infime partie de ce qu'il avait réglé sur son fief, les rouages étaient encore plus complexes, mais il fallait bien commencer quelque part. Il espérait sincèrement qu'il pourrait apporter quelque chose au suzerain de l'Orage. Après quelques secondes, il retourna achever la vie de son potage.
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Le Suzerain de l’Orage écoutait avec attention les explications que donnait le Lord de Broad Arch sur les mesures de politique économique récemment prises dans son fief. A l’évidence, cet homme semblait avoir le goût de la gestion, ce qui ne pouvait qu’augurer de bonnes choses pour ses terres, longtemps négligées par son prédécesseur et père. Rares étaient d’ailleurs les seigneurs aimant particulièrement s’attarder sur les questions de gérance. La plupart d’entre eux préféraient déléguer à des proches plus doués, voire à des mestres. Stannis n’avait jamais compris de tels individus, aussi peu soucieux de remplir leurs devoirs héréditaires. La question n’était pas ici d’aimer faire ceci ou cela, mais de le faire, tout simplement. Renly était d’ailleurs un peu de cette trempe… Ambitieux, oui, bon guerrier, certainement, mais piètre gestionnaire, inattentif aux problèmes de ses sujets, ennuyés par les requêtes ou leurs conflits, plus désireux de chasser et de jouter plutôt que de parcourir livres de compte ou d’échafauder des projets sur le long terme. Somme toute, il était assez logique que Robert ait toujours préféré le cadet… Renly n’avait pas le tempérament irascible de son aîné mort dans le Trident, mais sur la question de la gestion journalière d’un fief, il avait aussi peu d’intérêt que le Cerf abattu par le Dragon.

Stannis, lui, était bien différent de ses frères. Depuis toujours, il avait pris avec grand sérieux la suzeraineté de l’Orage, et toujours désirée. Voir son aîné à la tête de la région sans rien faire avait été un calvaire. Et lorsque Renly avait repris partiellement le territoire aux Connington, il s’en était fallu de peu que le cadet prétende avoir de quelconques droits sur celui-ci. Stannis avait eu la chance de pouvoir quitter Harrenhal et retourner à vive allure dans ses terres pour venir assurer la prise de La Griffonière, et voir les bannerets se rallier à lui. Enfin, l’héritier de la Maison Baratheon était revenu chez lui, après quinze ans d’exil. Et, désormais, il entendait bien exercer les prérogatives dont il n’avait été que trop longtemps dépouillé.

Le vieux Cerf était connu pour son austérité et sa rudesse, souvent moquées par ses détracteurs. Sans doute, dans la même circonstance, Tywin Lannister aurait reçu tout autrement l’un de ses vassaux. Il y aurait mis des formes, de la distance… Stannis n’était tout simplement pas ainsi. Il exigeait le respect qu’il lui était dû, mais pour le rester il préférait se mettre à table face à ser Alesander plutôt que de perdre son temps en circonvolutions obséquieuses. Le potage fini, on vint débarrasser la table et on resservit les coupes. Le second service viendrait un peu plus tard. Le Lord d’Accalmie porta le verre à sa bouche et prit une petite gorgée de ce vin épicé. Il profita de la saveur de l’alcool, qui venait titiller ses papilles. Le noble orageois buvait peu mais, lorsque c’était le cas, en profitait. Jamais d’excès, bien sûr, pour cet homme détestant les ripailles et même les simples banquets. L’idée de se rendre au banquet organisé par les deux couronnes le faisait grimacer. Sans ajouter qu’il se déroulerait à Harrenhal, où il avait du se réfugier après son assaut manqué de Port-Réal, et où son épouse était décédée. C’était bien le dernier endroit où le Suzerain aurait voulu se rendre. En l’occurence, toutefois, il n’avait pas vraiment le choix. Ne pas se présenter à ce grand évènement aurait été vu comme un affront porté à sa Reine, Rhaenys Targaryen.

    « Je rejoins votre avis sur le peuple… Aussi peu instruit soit-il, mieux vaut l’écouter que le nier. Je n’irais pas jusqu’à donner, comme votre frère… Mais je vends toujours les surplus éventuels à un prix très abordable. »


La réputation de dureté du Lord Baratheon n’était pas usurpée, mais il n’était pas un mauvais seigneur pour autant. La population d’Accalmie était globalement satisfaite de son état. A maintes reprises, elle avait trouvé refuge dans les murs de la forteresse et savait ainsi que le devoir de protection assuré par la Maison Baratheon n’était pas un vain mot pour celle-ci. Les Orageois étaient, dans leur majorité, assez fidèles au Cerf.

    « Vous vous êtes plutôt bien débrouillé, apparemment. Vous avez amélioré le matériel utilisé par vos gens, établi une plus grande discipline et rétabli l’ancien monopole, tout en diversifiant les activités de votre fief. C’est sans doute ce dont l’Orage a partiellement besoin, après toutes ces années de conflits irréguliers… J’ai retrouvé ma terre natale dans un état pire que celui dans lequel je l’avais quittée. Visiblement, les Connington ont préféré détenir le pouvoir plutôt que l’exercer. »


Et une petite pique pour La Griffonière. Après tout, il n’allait pas se gêner. Stannis avait des qualités mais aussi des défauts, et parmi ceux-là se trouvait un caractère profondément rancunier. Il n’oubliait aucun affront lui ayant été fait, aucune insulte. En silence, le Suzerain remâchait les inconvenances dont il avait été victime, désirant vengeance ou, plutôt, Justice. Pour l’heure, Jon Connington, ancienne Main du Roi Rhaegar, était intouchable. La Reine avait souhaité un apaisement de la situation tendue entre les Baratheon et La Griffonière. Stannis lui-même ne désirait pas lancer une guerre inutile et stupide dans sa région, pour assouvir une simple rancune personnelle. Mais il n’oubliait pas pour autant, et ne comptait pas faire de cadeaux à cette maison remplie de traîtres. Stannis resta silencieux un long instant, réfléchissant. Ces moments de silence mettaient parfois mal à l’aise ses invités, qui pouvaient alors constater le caractère peu loquace du Suzerain. La plupart du temps, Renly était présent, ce qui permettait d’égayer un peu la situation. Cette fois-ci, on n’entendit que le bruit du bois craquant dans l’âtre. Le silence ne fut rompu qu’à l’arrivée des domestiques, apportant la suite du repas. Il s’agissait d’un marcassin cuit à la broche, présenté dans une sauce brune, au vin, oignons, crème et champignons. On servit le maître de maison et son hôte, tandis qu’un domestique apportait de petites bottes d’asperges en crème blanche, enroulées dans du lard. C’était Renly, qui avait choisi le cuisinier d’Accalmie, d’où cette attention culinaire. Le repas débuta, et Stannis reprit la parole.

    « Les routes de l’Orage sont dans un mauvais état. La Route royale, qui rejoint Accalmie à Port-Réal, n’est elle que restes de pierre et boue. Les finances régionales ne suffiront pas pour cela, je devrai m’adresser à la Reine… Mais les routes locales ne sont pas non plus bien terribles. L’hiver est là, les corbeaux blancs ont été envoyés de Vilevieille. Cela ne fera qu’empirer la situation. Il me semble même qu’entre Broad Arch et ici il n’y a tout simplement pas de route. Bref, il faut retaper les routes, voire même en construire sur certaines lignes. »


Stannis découpa un morceau de marcassin et le prit avec les doigts, le portant à sa bouche, puis s’essuya les doigts.

    « Des routes en bonne état permettent un commerce plus fluide, des armées avançant rapidement… je ne vois pas pourquoi je vous le dis, vous le savez. Il n’y a pas que ça, bien sûr… Les Dorniens et le Bief indépendants, nous avons maintenant des frontières avec des régions dont les intentions sont… incertaines. Je ne me méfie pas trop, surtout du Bief. Mais on n’est jamais certain de rien avec Dorne et tous les forts ne sont pas en bonne état. Chaque seigneur n’a pas forcément les moyens d’assurer seul la réfection de son fief. Au Suzerain de venir combler les manques de dragons. »


Lord Stannis continua de manger pendant un moment, se concentrant sur le repas. Lorsqu’il eut fini, il poussa son assiette sur le côté, prit une lippée de vin et fixa son regard sur le visage de Lord Staedmon. Il espérait avoir à faire à quelqu’un de loyal et de fidèle. D’un naturel soupçonneux, il ne pouvait encore être tout à fait sûr de l’individu, venant tout juste de le rencontrer, bien qu’il lui ait fait plutôt bonne impression.

    « Routes, forts… tout cela demandera de l’argent. Et j’ai d’autres projets encore. Avec l’hiver, impossible de profiter de nos terres fertiles. Oh, nous avons des réserves. Nous tiendrons. Il le faudra bien de toute manière. Mais nous avons une autre ressource : la mer. Si nous développons nos rares ports et y développons la pêche… même avec le temps difficile, nous y trouverons une ressource alimentaire jusqu’ici trop négligée. Et Tyrosh… Tyrosh est en face de l’Ile d’Estremont, et je connais bien le Lord de Vertepierre.

    Mais pour tout cela, il faudra de l’argent… il y en a, oui, mais il en faudra plus. Nous avons des taxes qui ne rapportent rien, d’autres totalement oubliées mais en vigueur, d’autres rapportant tout à fait… les meilleurs jurisconsultes n’y comprennent plus rien. Il faut de l’ordre, de la discipline. De l’argent, pas pour des banquets mais pour des routes, des forts et du commerce. Vous me comprenez, n’est-ce pas? »


Stannis regarda sa chevalière et la remit correctement à son doigt.

    « Donnez-moi votre avis sur ces plans, Lord Staedmon. Et ne jouez pas avec les mots ou que sais-je. Je veux savoir ce que vous en pensez. Et je veux connaître vos éventuelles suggestions. »

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Alesander & Stannis | Lune 6 de l'an 300
Le lord de Broad Arch termina le vin qui dormait encore dans sa coupe. Lorsque celle-ci se trouva vide, l'homme demanda à ce qu'on le serve une nouvelle fois, chose qui s'avéra non-nécessaire puisque les employés de cuisine venaient d'entreprendre le remplissage. Il n'avait pas l'habitude de trop boire à table lorsqu'il était en compagnie d'un individu d'importance, mais il avait besoin de faire passer tout ce bon potage d'une façon ou d'une autre. Puis ce goût épicé, oh ses Dieux. Il était amoureux de ce vin. Mais il devait se contrôler, il avait l'alcool violent et si Hewlett et le château de Broad Arch en entier s'y était habitué, cela ne ferait pas bon ménage  vis-à-vis du lord d'Accalmie. Il prit une nouvelle gorgée, déposa la coupe à un bon bras de distance pour ne pas y porter top d'attention avant le repas principal. Alesander fronça les sourcils. Il se concentra sur les propos du suzerain. Ce type avait de l'ambition, pensa Staedmon. Il croyait fortement que les Baratheon feraient beaucoup plus de bien à l'Orage qu'avaient pu le faire les Connington qui, sa foi, n'étaient pas les suzerains dont le peuple de l'Orage avait de besoin. Stannis était astucieux et ambitieux. Renly était charismatique et aimé du peuple. Ces deux frères réussiraient forcément à élever l'Orage le plus haut possible. C'était cette confiance qui poussait l'homme à vouloir rendre le plus de services possibles aux suzerains. Il souhaitait sincèrement y voir des avantages au bout de la ligne. Il ne trouva pas fou le principe de faire payer pour des denrées et si ce n'était que de lui, il en ferait de même, mais les habitants de Broad Arch n'étaient pas riches, mais très taxés, du coup il ne pouvait pas se permettre de faire payer pour quelque chose qui, à la base de tout, assurait la survie de son peuple. « Les conflits sont choses courantes, par ici... Durant votre absence, beaucoup de familles se ruinaient entre elles pour des conflits de pacotilles. À mon grand retour, j'ai eu du mal à retourner au château, car les conflits aux abords des marches de Dorne et de Bois-la-pluie étaient omniprésents malgré l'hiver de l'époque. J'ose supposer que les divers conflits excessifs entre Dorne et le Bief, au niveau des marches, n'ont pu qu'inspirer nos chers combattants et que le calme qui règne présentement tire du miracle.»

L'homme se flatta subtilement la barbe, l'air de réfléchir. Au fur et à mesure que les paroles du Baratheon se perdirent dans ses oreilles, le cerveau du Staedmon roulait de plus en plus vite. Il n'avait pas l'air d'une lumière, mais il savait faire des liens, créer rapidement des ébauches. On ne savait pas trop s'il était un homme d'actions impulsives ou un homme de réflexions logiques, probablement parce qu'il était un peu des deux. Maintenant il fallait réfléchir et il le fit tellement qu'il fit pratiquement abstraction des domestiques lorsqu'ils arrivèrent pour mettre sur la table le second service. Il n'y avait que les mots de Stannis et son cerveau en roue de chariot qui comptaient. Lorsque le dernier plat fut posé sur la table en un léger tintement qui le sorti de la bulle qu'il s'était façonnée, il eut l'air un peu perdu, mais il remercia tout de même les employés. « Les routes principales du Royaume sont du relais de la plus haute instance. De la Reine, dans ce cas-ci. Donc si vous le demandez, elle n'aura pas réellement le choix de vous accorder les fonds nécessaires pour restaurer la partie orageoise de la route royale.» Alesander avait beaucoup plus de choses à dire au sujet des routes, mais il n'était pas convaincu de pouvoir les mentionner tout de suite, sans savoir si ce qu'il pensait était bien. Il y penserait probablement lorsqu'il aurait le ventre reposé ; en effet, l'odeur de la viande lui caressait le nez avec une indécence particulière. Cependant, son esprit guerrier s'arrêta sur un fait que Stannis négligeait à un point tel qu'il ne pouvait continuer à penser sans être titillé. « Il faut vous méfier du Bief et de Dorne autant que possible, mon seigneur. L'eau qui dort est toujours la pire. Comme moi vous savez les Dorniens plein de fougue et vous connaissez l'armée du Bief comme une des plus puissantes de Westeros. Les Biefois ont toujours été assez... Spontanés ? Spontannés et vicieux. Nous n'avons peut-être pas à nous inquiéter depuis que les Tyrell n'en sont plus suzerains, mais à votre place je ne baisserai pas la garde. Les gens du sud ont le sang chaud. » Comme il constata que Stannis se concentra sur sa nourriture, l'homme de Broad Arch se tut et en fit de même. D'ailleurs, comme le repas était assez copieux, il se demanda comment Stannis, fin comme il était, arrivait à caser ça dans le bout d'homme qu'il était. C'était curieux.

Alesander mangeait vite. Le mestre lui répétait souvent que ce n'était pas une bonne idée et que son estomac finirait bien par se rebeller. Il s'en fichait éperdument : quand c'était bon dans la bouche, pourquoi perdre son temps ? Il tassa son assiette et comme sa panse était bien remplie, il se permit de reprendre un peu de vin. Avec patience, il attendit que son suzerain termine son assiette, ce qu'il fit peu de temps après lui. À nouveau, l'homme se remit à écouter Stannis. Cet homme n'était pas stupide. Il avait peut-être échoué son siège à Port-Réal, mais il n'était pas aussi inefficace que ce qu'on pouvait dire en dehors de l'Orage. « Premièrement, je vais vous parler d'une idée à laquelle j'ai pensée, entre deux morceaux d'asperge. Elle ne vous plaira peut-être pas, car tous les hommes n'ont pas la même notion de justice. » Il inspira un bon coup, il savait que certain trouverait ça stupide et que si on avait des prisons, ce n'était pas pour faire joli. « Que dites vous, pour économiser l'argent mis sur la réparation de nos routes, d'assigner cette tâche aux gens accusés de crimes mineurs ? Les prisons de certains fief débordent puisque certains seigneurs abusent de leur pouvoir et enferment des gens qui pourraient être pardonnés autrement. Je ne parle pas des meurtres et des trahisons qui sont passables de mort ou de prison, mais des vols, des arnaques, des batailles. Cela permettrait d'entretenir plus facilement l'état des prisons et de réduire les coups d'hébergement à long terme qui s'élèvent trop rapidement. On pourrait appliquer ceci aux gens qui ont des dettes monétaires envers un seigneur, mais aucun moyen de les payer, également - à la discrétion du seigneur. Évidemment, on aurait à les nourrir et à les héberger histoire de ne pas tomber dans l'esclavage, mais cela reviendrait moins cher sur le long terme que d'embaucher des travailleurs qui ne sont pas nécessairement plus qualifiés pour la construction de routes. »  Lord Staedmon s'accota au dossier de sa chaise, croisa les bras sur sa poitrine vêtue d'une plaque métallique aux jolies gravures. Il instaura un petit silence qui dura quelques instants. Ce n'était pas un silence malaisé, mais un silence nécessaire. Il avait tendance à les créer lorsqu'il avait besoin de réfléchir en paix. Lorsqu'il se senti prêt à reparler, il récupéra une posture adéquate et fixa ses prunelles brunes sur le suzerain de l'orage. « L'hiver sera dur cette année. Mais nous n'avons généralement jamais de neige plus nous descendons vers le sud du pays et j'ose espérer que cela ne changera pas. Du coup, il faudrait miser sur le commerce avec Dorne et le Bief comme il en est encore temps.  Cela nous permettrait d'accumuler des fonds avec les taxes sur l'import et l'export et avec les dus des marchands. Certains biens alimentaires peuvent aussi être produits même en hiver. Le cidre par exemple : le cidre de glace. Je sais certains légumes se cultivent en hiver si on commence assez tôt à les planter. Je ne sais pas grand-chose à propos de l'agriculture, il faudrait faire affaire avec un mestre et des petits gens d'expérience pour voir les solutions qui s'offrent à nous.» Staedmon se mordit la lèvre inférieure. Lorsqu'il avait voyagé à travers Westeros, ce fût durant les quatre dernières années du plus récent hiver. Il avait appris à se débrouiller en temps froid et il avait pu voir quelques peuples trouver des moyens de survivre, mais il n'avait pas retenu grand-chose. Il se demanda même si ce n'était pas une occasion pour mettre sur pied des correspondances avec des gens du nord pour obtenir de leurs précieux conseils. Un air un peu plus sérieux, un peu plus solide, s'empara de son visage lorsqu'il se jugea prêt à faire la grande proposition. « Si vous souhaitez m'accorder votre confiance - pas nécessairement tout de suite, je suis conscient que nous allons devoir collaborer avant, que je devrai faire mes preuves - je pourrais me charger de mettre de l'ordre dans vos finances.  Ce serait tout en mon honneur. »
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Le repas était achevé, le vin bu, l'heure était aux discussions sérieuses. Enfin... Stannis était rarement autre chose que sérieux, de toute manière. Ce n'était qu'avec Shôren que le Lord d'Accalmie était capable de sentiments doux et joyeux, et seulement modérément encore. A croire que les sourires étaient douloureux pour le vieux Cerf. Il était assez naturel que le peuple préfère Renly, beau, impétueux, galant, mondain... Mais Stannis ne désirait que le respect, qu'il avait, et ne s'était jamais soucié d'être aimé. C'était probablement une erreur, mais l'homme était ainsi et ne pouvait changer son humeur pour complaire aux envies des uns et des autres.

    « Hm... Ne vous y trompez pas, Lord Staedmon, la Reine a le choix. Elle pourrait très bien refuser d'accorder à l'Orage les fonds nécessaires pour la réfection de la Route Royale... après tout, nous ignorons l'état des finances royales, et avec la perte du Bief en plus de Dorne, je doute que le Royaume du Sud soit encore si fort qu'il le prétende. Mais la Reine Rhaenys veut le bien de son peuple, et ce projet va en ce sens. Elle y sera sans doute favorable. »


Le seigneur de Broad Arch n'avait pas eu tort de mentionner les deux régions indépendantes voisines de l'Orage... Il fallait s'en méfier, effectivement, et peut-être plus qu'il ne l'avait fait jusqu'ici. Pour être honnête, Stannis Baratheon n'aimait guère qu'on lui signale de telles choses, mais il devait biens s'avouer à lui-même que Staedmon n'avait pas tort. Et un bon conseiller n'était-il pas justement un individu capable de signaler à son suzerain ses déficiences?

    « Je me méfie des Dorniens comme de la peste. Ils nous ont pourri la vie que trop souvent au cours de l'histoire. Pour le Bief, oui, vous marquez un point... Je ne vois pas quel serait leur intérêt immédiat à déclencher une guerre, mais les Hightower ne sont pas moins vicieux que les autres... Raison de plus pour renforcer nos fortifications frontalières. »


Stannis réfléchit à la proposition de Staedmon... Oui, utiliser les prisonniers pouvait être une bonne chose. Cela ferait une main d'oeuvre facilement disponible et rémunérée à un coût relativement peu élevé. Ce serait certainement plus utile que de laisser ces pauvres diables enfermés.

    « Votre proposition a du sens... J'entrevois déjà plusieurs difficultés, cela dit. Il faudra assurer la discipline dans les rangs de ces prisonniers au travail, et veiller à ce qu'ils aient les qualifications nécessaires. Mais en soi, c'est parfaitement faisable, et j'y vois une façon efficace et rentable d'assurer la Justice royale. »


Un serviteur vint apporter une cruche d'eau et remplir les gobelets des deux nobles. Ceci fait, le Seigneur de Broad Arch crut bon de proposer solennellement ses services à son suzerain. Ce dernier sourit, de ce petit sourire en coin qui mettait souvent mal à l'aise ses interlocuteurs. Ils avaient trop souvent l'impression d'être l'objet de l'ironie mordante du maître de l'Orage.

    « Vous êtes ambitieux, Staedmon, et ce n'est pas une chose que je reproche à mes gens, lorsqu'ils se montrent à la hauteur de leurs désirs par leur travail et leur loyauté. Je vous vois bien Intendant des finances de l'Orage. Votre mission sera difficile... J'attends de vous que vous mettiez de l'ordre dans les milles et une taxes existantes. Il faut garder l'utile, évacuer le superfétatoire, créer le nécessaire. Je vous donnerai pleine autorité pour agir en la matière, et vous me ferez rapport régulier de vos activités. Pour ce qui est des routes, je me rendrai d'ici peu à Port-Réal pour demander des fonds pour la réfection de la Route Royale. Pour les autres, nous devrons nous débrouiller. Et concernant le domaine maritime, je m'en chargerai avec le Lord de Vertepierre.

    Êtes-vous prêt à servir pleinement les Terres de l'Orage, Lord Staedmon? »

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Alesander & Stannis | Lune 6 de l'an 300
Momentanément, les sourcils d'Alesander se froncèrent. Il réfléchit un instant. « Je ne souhaite pas vous contredire, mais dans la situation actuelle, je crois qu'il serait plus judicieux pour la Reine de faire son possible pour accommoder cette demande. L'Orage est voisin direct de Dorne et du Bief, tous deux indépendants. Je ne pense pas que ce soit dans vos intentions, mais il est fort probable qu'ils pensent déjà à la possibilité que nous quêtions notre indépendance. »  L'air sérieux saturait toujours les traits naturellement joueurs de l'orageois et ses yeux pétillants, mais un sourire désolé redressa ses pommettes saillantes. Il ne ressentait pas spécialement le besoin de s'excuser pour quoi que ce soit, mais on lui avait simplement enseigné, dans sa tendre jeunesse, qu'il n'avait, dans sa position, aucun intérêt à reprendre  –  à corriger – quelqu'un de plus haut placé que lui et qui, par principe, savait mieux que lui. Une fois, d'accord. La seconde, un peu moins. Cette raison motiva son simple hochement de tête lorsque Stannis affirma se méfier des dorniens. Il ne pouvait pas dire grand-chose de mal, comme une de ses sœurs était mariée chez les Labriaux et qu'il appréciait quelques dorniens, la lady de la Grâcedieu en faisant partie. Or, toute personne sensée n'arrivait pas tout bonnement pour dire au suzerain qu'il vaudrait mieux nuancer ses idées. Et puis, son propre père lui avait appris que si la seule personne à qui on pouvait faire confiance sur le moment était un dornien, il valait mieux ne faire confiance à personne  et, malgré tout, ça restait un peu au fond de lui.  Une petit air peu convaincu décorait son visage. « J'ai un œil très attentif sur le Bief, pour des raisons familiales. Je peux vous assurer que, pour l'instant, rien ne laisse présager que les Hightower, le peuple, ou même les déchus Tyrell – l'espoir fait vivre, mon père disait souvent – tentent de se soulever d'ici tôt. » Alesander agita la main en un petit signe qui signifiait qu'il ne s'étendrait pas plus sur le sujet, puisque le suzerain de l'Orage devait, de toute façon, avoir des gens bien plus utiles et informatifs que lui en matière d'affaires extérieures. Il n'était qu'un frère inquiet de savoir une de ses sœurs dans une région dont, malgré ce qui échappait au regard de ceux qui n'y vivaient pas, la stabilité ne tenait peut-être qu'à un fil.

Bien qu'on vint leur verser de l'eau, Alesander ne détourna pas particulièrement son attention du lord d'Accalmie, remerciant l'employé de maison d'un petit « merci » et d'une signe de tête. Le barbu adressa un dernier sourire à l'homme qui partit presque aussitôt et, empoignant son gobelet, il but rapidement une bonne partie de ce qu'on venait de verser. Le vin et le repas lui avaient sans retenue asséché la bouche, le fond de la gorge, et étant un être qui parlait beaucoup trop, ça ne prit que très peu de temps avant de devenir particulièrement inconfortable. L'oreille toujours attentive, il fut heureux d'apprendre que l'idée qu'il avait proposée plus tôt n'était pas si mauvaise que ça. Une lueur de fierté éclaira le visage pâle du grippe-sous qui hocha la tête presque trop enthousiasment pour quelqu'un qui tentait de conserver son sérieux. Habituellement, beaucoup de gens étaient rassurés de voir en Alesander, si travaillant et au-dessus de ses affaires, un être aussi bon enfant et au cœur si jovial ; ça faisait changement. Son gobelet toujours en main, il tourna doucement pour en faire onduler le liquide ; habitude qu'il ne pouvait s'empêcher de ressortir lorsqu'il avait un verre dans les mains.  Une façon de calmer son hyperactivité naturelle, probablement. Sagement, il avalait les mots de Stannis comme beaucoup avalaient de l'alcool pour récupérer une certaine motivation. Le lord de Broad Arch avait quitté son fief, le matin même, avec au creux des oreilles, résonant encore, des pensées inquiètes qu'avaient balancés les membres de sa maisonnée qui ne pensaient pas tous qu'il s'agissait d'une bonne idée. Certains lui avaient même assuré que s'il se fichait les pieds dans les plats, la honte tomberait sur lui et que c'était Broad Arch en entier qui écoperait pour lui. Cette motivation, il en avait de besoin.  

Drôlement, Alesander comprenait naturellement où voulait en venir Stannis comme, évidement, il lui décrivait ses tâches. Cependant, il n'en capta la véracité et l'aspect sérieux que lorsque ce dernier lui demanda s'il était prêt à servir l'Orage. Un peu comme si son cerveau avait du mal à gérer l'aspect irréel de la proposition. L'homme qui s'en alla mener à nouveau son gobelet à ses lèvres s'arrêta à mi-chemin, les sourcils froncés et le regard vibrant d'une surprise particulière. Malgré tout, il tenta de conserver sa surprise et de ne pas entraver l'air sérieux et légèrement sévère qui dormait sur son visage. En son for intérieur, pourtant, il n'en revenait pas. Il s'était proposé simplement en suivant le principe du « qui ne tente rien n'a rien ». Honnêtement, il avait même pensé, en formulant son idée, que Stannis rirait probablement de lui – ce qu'il avait d'ailleurs cru plus concrètement en voyant le sourire qu'avait fait son interlocuteur.  Attendant quelques secondes avant de dire un mot – histoire que l'autre n'émette pas un soudain « je plaisante » pour se foutre de lui alors qu'il allait répondre positivement –, il but la gorgée d'eau qu'il convoitait avant que la surprise ne le secoue. Finalement, il redéposa son gobelet sur la table au même moment où ses prunelles brunes s'enfouirent dans celles du suzerain de l'Orage. « Je conçois parfaitement que ça ne sera pas chose facile, mais je suis prêt à me mettre au service de l'Orage et à faire ce qu'il y a de mieux pour elle et je m'engage à la remettre économiquement sur pieds. Je compte sur votre confiance, je n'y ferai pas défaut.  » Son ton était solennel et son regard fixe et sérieux. Alesander était un homme de promesses ; jamais il n'avait négligé une chose qu'il avait promise. Il offrait ses services à Stannis, il les exécuterait jusqu'au bout, que cela gruge son temps ou sa liberté au possible. C'était pour lui une porte ouverte pour dorER un peu le nom de sa famille et ça ne se refusait pas à moins d'être stupide. « Je dois vous demander, cependant, pour mieux m'organiser : est-ce une tâche que je pourrai exécuter à partir de mes terres ou devrai-je m'installer à Accalmie ? » Ça pouvait paraître stupide, comme question, mais il pensait, sur le coup, aux conseils restreints royaux qui imposaient à leurs membres de rester près de leur roi  ou de leur reine. Peu importe la réponse, ça n'entraverait pas sa tâche, mais si la seconde option était la bonne, il allait avoir du boulot à faire avant de quitter Broad Arch. Notamment au niveau de son petit frère qui assurerait la gouvernance de ses terres de façon prolongée, ce qui l'angoissait, il fallait se le dire, un peu.
electric bird.

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