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Help me my friend (Aëla & Asha) [danger de mort]
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Danger de mort - Aëla & Asha Greyjoy
Asha Greyjoy
Pyk - An 300, lune 6, semaine 3
Un nouveau spasme secoua violemment le corps de la reine des Îles de Fer, la réveillant et lui tirant une complainte de douleur par la même occasion. Le mestre qui se tenait à côté du lit tenta de la calmer et de la rassurer, les mains posées sur ses épaules pour l'inciter à se recoucher. Asha ouvrit un œil, grimaçant. Rodrik était installé dans un fauteuil au fond de la chambre, il y avait le mestre et c'était tout. La seiche avait droit a un moment de lucidité. Il lui semblait que ce mestre n'était pas le même que la dernière fois où son esprit avait eu un moment de répit... mais son esprit lui jouait sûrement des tours, elle sentait son front bouillant, comme tout le reste de son corps. Depuis combien de temps était-elle clouée au lit dans cet état ? Une journée ? Une semaine ? Elle avait l'impression que ça faisait une éternité. Elle sentait son corps affaibli par la fièvre et la douleur qui subsistait en son sein. On avait bien essayé de la nourrir avec des bouillons, mais elle n'avait pas vraiment d'appétit et de toute manière le mélange ne restait jamais bien longtemps en elle et finissait par terminer sa course dans la bassine qu'on avait laissé à côté d'elle. Quel jour était-on ? L'expédition avait-elle pu partir comme prévu ? Ou avaient-ils retardé leur départ tant qu'elle n'irait pas mieux ? Elle ne l'espérait pas. Malgré les mains du mestre qui tentaient de la maintenir en position allongée, elle prit appui sur ses coudes tremblants pour se redresser. Elle ouvrit la bouche, tentant d'entamer la discussion avec son oncle mais il ne lui laissa pas le temps de trouver ses mots, bondissant hors du fauteuil pour venir à sa rencontre. Il s'assit à côté d'elle sur le lit, saisissant sa main dans la sienne.
« Chut Asha... il ne faut pas que tu te fatigues plus encore. Tu as besoin de te reposer encore. »
La jeune Reine eu l'impression que le sourire qu'elle lui offrit lui demandait un effort surhumain. Elle se reposa contre son oreiller, laissant ses bras se reposer après l'exercice qu'elle venait de leur infliger. Elle fut prise d'un nouveau vertige et se tourna précipitamment vers le bord du lit où traînait la bassine, pour soulager sa nausée. Puis ce fut de nouveau le noir complet. Enfin pas vraiment malheureusement, ses sommeils ne lui apportaient que peu de répit, elle se sentait tremblante, le mal continuant de faire effet en elle, elle cauchemardait beaucoup. Elle revoyait son père et certaines de ses erreurs. Elle avait même revu ses frères aînés, comme s'ils n'étaient jamais tombés à cause de la rébellion, sa vie s'en était trouvée bien différente alors, elle avait beau hurler et crier qu'elle valait aussi bien qu'eux, ni Balon, ni ses frères ne voulaient l'entendre, l'obligeant à rester aux côtés d'Alannys pour se préparer à devenir une bonne épouse. Dans un autre rêve, elle assistait à sa propre exécution de la main d'Euron Greyjoy, recevant une épée dans son ventre avant d'être poussée par dessus le bastingage du Vent Noir, sans que personne ne lève le petit doigt. Pas même Victarion... après tout elle n'était qu'une femme, c'était bien ce qu'il lui avait dit lorsqu'elle lui avait proposé de rester à ses côtés pour l'aider à régner, il lui avait préféré l'exil. Theon Greyjoy habitait les autres rêves, cherchant chaque fois un nouveau moyen de lui prendre sa place, de nourrir son ambition dévorante. Elle espérait de tout son être que ses rêves ne soient que des cauchemars et que pendant qu'elle souffrait de la sorte son frère n'était pas en train d'en tirer un avantage sur le Trône de Grès. Elle voulait qu'il gère les Îles pour elle dans des cas comme ça, mais justement toute la subtilité était là, pour elle et les fer-nés, non pas pour lui-même.
Quand elle ouvrit les yeux une nouvelle fois, elle eu le plaisir de découvrir Qarl. Apparemment la présence de ce dernier n'était pas appréciée par le mestre qui se démenait pour le pousser hors de la chambre, encore une histoire de repos et de calme apparemment. Mais c'était mal connaître Qarl que de penser le repousser de la sorte, surtout si c'est le mestre qui s'en chargeait. L'idée lui tira un gloussement qu'elle regretta aussitôt à cause des tiraillements que cela provoquait en elle. Qarl écarta sèchement le mestre pour venir s'agenouiller devant son lit et Rodrik ne s'y opposa pas. Asha n'avait jamais vu son amant aussi inquiet, elle mourait d'envie de le taquiner, de lui dire que s'il continuait à faire cette tête, elle allait croire qu'il l'aimait vraiment, malheureusement elle n'en avait même pas la force. Elle se contenta de lui offrir un rictus en gage de sourire. Qarl était inquiet, mais elle le sentait en colère également. Savait-il quelque chose qu'elle ne savait pas pour qu'il soit dans cet état ? Ou était-ce simplement parce qu'il se sentait impuissant face à son état ? Il y avait peut-être un peu des deux. Asha ferma les yeux un moment, pendant qu'il passait un linge humide sur son visage.
« Theon ? » finit-elle par réussir à prononcer.
Elle l'entendit grogner. Il l'avait à l’œil, elle le savait bien. Elle se rendit compte qu'elle ne savait même pas s'il était venu la voir... peut-être à un moment où elle était perdue dans ses cauchemars.
« Ça va... il reste sage, il sait qu'on l'surveille de toute façon ! »
Il grogna une nouvelle fois. Elle l'entendait gigoter. Elle le connaissait, elle savait qu'il voulait lui dire quelque chose mais il se retenait... ou on le retenait... Mais il n'y tint plus, puisqu'elle l'entendit reprendre la parole.
« Asha ça fait quatre jours que t'es dans cet état ! On peut pas rester sans rien faire ! »
« On ne fait pas rien Qarl ! » intervint Rodrik Harloi, d'une voix calme mais ferme.
« Tes pauv' mestres n'y connaissent rien ! Ça fait quatre jours et elle ne va pas mieux ! » s'énerva Qarl en se tournant vers l'oncle Harloi.
« C'est une maladie qu'ils ne connaissaient pas, et c'est faux ils ont stabilisé son état... rappelle toi de la première nuit... on a cru la perdre... » Rodrik avait à peine souffler ces dernières paroles, comme s'il pouvait éviter qu'Asha ne les entende.
« Merde, ça me suffit pas ! Ça lui suffira pas ! Et y a d'autres marins dans le même état qu'elle ! On peut pas se contenter de ça ! »
Il soupira, puis se tourna à nouveau vers elle.
« Autorise-moi à foncer dans l'Orage Asha, autorise-moi à demander de l'aide à Aëla et à la ramener ici pour te soigner ! Je suis sûr qu'elle aura déjà vu quelque chose de similaire et au moins on aura essayé... au moins j'aurais essayé qu'que chose Asha ! »
La jeune femme en question ouvrit un œil, l'air soudainement contrariée et pas à cause de la maladie cette fois-ci. Effectivement ils connaissaient une bonne guérisseuse, qui avait déjà remis Asha sur pieds par le passé. Cette femme avait fini par devenir son amie. Sûrement aussi parce qu'elle était aveugle et ne s'était pas rendu compte qu'Asha et ses hommes étaient des fer-nés. Elle lui avait bien proposé de venir avec elle une fois, sachant pertinemment qu'avoir une personne telle qu'Aëla ne pouvait qu'être un avantage pour elle, sans oublier bien entendu qu'elle appréciait évidemment la compagnie. Elle avait espéré que l'orageoise ait envie de voir du monde, d'une certaine façon. Elle aurait été prête alors à lui avouer qui elle était vraiment. Mais elle n'avait pas voulu quitter ses terres, alors Asha avait continué la supercherie sur son identité. Si Qarl allait la trouver à présent il serait obligé de tout lui dire et qui savait si Aëla aurait envie de lui venir en aide ensuite ? Et surtout, Asha craignait que son amant n'accepte aucune réponse négative si cela signifiait pour lui la perdre. Prendrait-il le risque forcer une personne à qui il voulait ensuite confier une vie qui lui était chère ? La reine ne savait pas si Qarl aurait la présence d'esprit d'y songer une fois face à la soigneuse, elle connaissait son impulsivité, elle en venait même à craindre pour la vie de son amie. Elle lui saisit alors la main, espérant pouvoir calmer ses ardeurs.
« Promets-moi de... lui laisser le choix... » parvint-elle à articuler. « Promets-moi de ne pas la blesser Qarl ! »
« Je te le jure Asha, sur ma vie, sur le Dieu Noyé. »
Il avait répondu avec un tel empressement et une telle fougue qu'Asha ne pouvait que douter de la véracité de ses propos. Elle était persuadée qu'il lui aurait dit n'importe quoi, tout ce qu'elle voulait entendre si cela lui permettait d'obtenir son autorisation. D'ailleurs elle ne doutait pas que si elle la lui refusait, il finirait par y aller tout seul, sans l'accord de personne. Il valait mieux que les choses se passent avec un minimum d'encadrement.
« Qarl, raconte lui... Rodrik écrira... »
Elle n'était certainement pas en état de dicter quoi que ce soit, chaque phrase qu'elle prononçait puisait dans ses ressources et ne ferait qu'augmenter la fièvre et ses hallucinations par la suite. Mais Qarl savait tout du lien qui unissait les deux femmes, il avait été là presque à chaque fois et ce qu'il n'avait pas vu, elle avait finit par le lui raconter. Rodrik saurait rédiger une lettre en son nom avec les éléments que lui aurait donné l'amant de la reine. Cette dernière quitta sa main pour lui caresser la joue.
« Reviens-moi... »
« Et toi t'as intérêt de rester en vie jusqu'à ce que je revienne avec Aëla ! » répliqua-t-il aussitôt, non sans lancer un regard lourd en sous-entendus à Rodrik, ses mestres allaient encore avoir du travail sur la planche. « Sinon, je te retrouverais quand même, ici ou au fond de la mer... »
Asha ne sut pas s'il avait ajouté quelque chose ensuite, elle avait déjà sombré dans un nouveau sommeil agité.
Qarl Pucelle
Orage - 12 jours plus tard
Qarl se tenait à l'avant du navire, les côtes orageoises étaient enfin en vue ! Les fer-nés n'avaient jamais parcouru une telle distance en aussi peu de temps, ils avaient deux jours d'avance sur le programme, en soit c'était une victoire, mais le capitaine en aurait voulu plus encore. Il savait que chaque heure, chaque jour qui l'éloignait de son retour à Pyk, était un moment où Asha pouvait finalement succomber à son mal. Rodrik lui avait assuré que les mestres, à défaut de l'avoir guérie, avaient réussi à stabiliser son état et à traiter ses symptômes indépendamment les uns des autres, ce qui devrait lui offrir le temps nécessaire pour son aller-retour à toute vitesse dans l'Orage. Le choix du boutre avait été stratégique. Il l'avait fallut suffisamment grand pour pouvoir faire face aux épreuves de la mer, puissant et solide pour assurer le voyage, mais sans qu'il soit trop grand et trop lourd, pour optimiser sa vitesse. Et puis le but n'était pas d'être pris pour des ennemis de la couronne, il fallait qu'ils passent plutôt inaperçus. Rodrik avait donc accepté de lui confier le commandement du Chant de la mer, puisque c'était le seul bateau disponible qui remplissait au mieux les critères. Ils avaient donc fait rapidement le stock de nourriture pour une vingtaine de jours et Qarl avait pris la mer aussitôt, il n'y avait pas eu une minute à perdre. Par chance les vents leur avaient été plutôt favorables et la météo assez clémente. Ils ne s'étaient arrêtés que lorsque c'était réellement nécessaire et dès que les vents baissaient et que les courants n'étaient plus suffisants, les hommes s'étaient mis à ramer, se relayant à tour de rôle. Qarl savait que cette dévotion de ces volontaires toucherait sincèrement Asha lorsqu'elle l'apprendrait à son retour.
Ils accostèrent le navire dans une petite crique, plutôt discrète, pas trop en vue et surtout pas très loin du dernier endroit où ils avaient rencontrés Aëla. Qarl n'avait aucune envie de tomber sur des troupes du Cerf ou de qui que ce soit d'autre. Leurs contrées étaient en paix, mais ça ne changeait pas les a priori que la plupart des habitants de Westeros avaient sur eux, les fer-nés. Ils pouvaient trop facilement considérer leur présence comme la preuve même d'une attaque. Qarl avait donc pris seulement trois hommes avec lui, laissant les autres sur le bateau le temps qu'ils ramènent la soigneuse. Le jeune capitaine crut pendant un moment que leur mission allait tomber à l'eau puisqu'ils tombèrent sur un campement militaire. Il était persuadé qu'ils seraient pris et que le contourner prendrait trop de temps. Mais la chance sembla leur sourire à nouveau puisqu'il se rendit compte qu'ils étaient tous en train de célébrer une fête d'un Dieu dont il ne connaissait pas grand chose, ils étaient donc tous occupés et distraits. Et puis le climat politique n'était plus le même que lors de l'année passée, avec la paix, ils étaient moins sur la défensive, c'était juste de la surveillance. Le petit groupe n'eut pas besoin de faire de détour énorme pour contourner l'attroupement sans se faire remarquer et ils arrivèrent enfin jusqu'à l'habitation de la soigneuse.
Qarl n'avait qu'une envie, la jeter sur son épaule et repartir aussi vite qu'il était arrivé, sans plus de cérémonial, mais il savait que ça n'était pas possible. Il n'oubliait pas non plus sa promesse faite à Asha même s'il aurait préféré le contraire. Avec son handicap, la jeune femme était méfiante, il voulait bien le comprendre, mais il irait tout de même au plus vite, ça n'était pas son genre de faire dans la dentelle !
« Aëla ? » dit-il le plus doucement possible pour ne pas l'effrayer, mais sa propre appréhension s'entendait dans sa voix. Il espérait qu'elle reconnaîtrait sa voix. « C'est Qarl... je viens de la part d'Alannys... »
Asha avait utilisé le nom de sa mère lors de leurs précédentes rencontres, ce dernier étant plus passe partout et moins connoté.
« J'ai une lettre à ton intention, de sa part... »
Qarl ne pu réprimer une grimace. Depuis qu'il connaissait Asha, elle l'avait incité à apprendre à lire et l'exercice l'avait toujours exaspéré, pourtant il avait bien la preuve de l'utilité de la chose aujourd'hui. Il se racla donc la gorge et fit de son mieux pour lire de la manière la plus fluide possible.
« Ma chère Aëla,
T'écrire ce message aujourd'hui n'est pas facile pour moi. Je me retrouve dans une position où je dois te faire des révélations que j'aurais préféré te raconter de vive voix, le bon moment venu. Mais voilà que j'ai besoin de ton aide, une nouvelle fois et que je ne peux pas te la demander si tu ne sais pas toute la vérité me concernant. Il n'y a certainement pas de bonnes façons de le dire et le temps presse, alors je n'irais pas par quatre chemins. Tu as toujours dû t'en douter, surtout avec mon comportement des premiers jours qui ont suivit notre rencontre, mais je ne suis pas celle que je prétends être et mon identité peut me jouer des mauvais tours à certains endroits de Westeros. Je ne m'appelle pas Alannys, c'est ma mère qui porte ce prénom. Je ne suis autre qu'Asha, fille de Balon Greyjoy, l'actuelle Reine des Îles de Fer. Voilà c'est dit. Je ne doute pas de toutes les sordides histoires que tu as entendu sur mon peuple et je ne remets pas en cause que la plupart doivent être criantes de vérités, pourtant tu as toi même eu l'occasion de le voir, nous ne sommes pas que des pilleurs barbares sans cœur. Et j'ai toujours voulu la paix avec Westeros, ce qui est à présent le cas et ce depuis plusieurs mois, aussi bien avec le Royaume du Nord, qu'avec le Royaume du Sud et les régions indépendantes. Et si je ne peux te dire tout ça en face aujourd'hui, c'est que nos récentes expéditions en Essos ont ramené avec elles une maladie qui me ronge actuellement, moi et d'autres fer-nés. Différents mestres ont tenté de me soigner mais en vain, ils répètent que c'est une maladie qu'ils ne connaissaient pas jusqu'alors. C'est pourquoi j'ose me tourner vers toi aujourd'hui pour te demander ton aide une nouvelle fois, espérant que tu l'auras peut-être déjà croisée ou que tu es simplement plus débrouillarde que ces mestres. Je comprendrais que tu ne veuilles pas suivre Qarl, tu en as d'ailleurs tout à fait le droit, il m'a promis qu'il accepterait ta réponse, même si elle doit-être négative. J'ai besoin de toi mon amie, je ne te le cacherais pas, mais je te laisse prendre ta décision en connaissance de cause.
J'espère que quoi qu'il arrive, nos routes se croiseront à nouveau, sous un meilleur jour cette fois-ci. Prends soin de toi douce Aëla.
Ton amie,
Asha Greyjoy,
Reine des Îles de Fer. »
Qarl replia le parchemin bruyamment et soupira.
« Alors, tu viens ? Elle est vraiment mal en point Aëla, le temps presse ! Les mestres ont réussi à stabiliser son état, mais la maladie est toujours là. Elle a trop maigri en quelques jours, jveux même pas imaginer depuis que jsuis parti ! Aide-la ! »
© DRACARYS
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Asha & Aëla
Erwan était parti depuis quelques jours et son absence était déjà pesante. Il lui manquait. Jamais elle n'aurait pu penser que ce fut à un tel point. Même si elle avait eu de quoi s'occuper ces jours-ci, le jeune noble ne quittait que rarement ses pensées, pour ne pas dire jamais. A mesure que le temps passait, Aëla se rendait de plus en plus compte des sentiments qu'elle développait pour lui, même si elle essayait de le chasser de son esprit, elle ne pouvait pas se mentir éternellement.
Ceci dit elle avait eu de quoi tenir le manque du jeune homme à distance, un jeune voyageur d'Essos avait réclamé son attention, ses compagnons étaient venus la chercher afin qu'elle soigne l'homme, aux prises avec un étrange maladie, qu'Aëla ne connaissait pas. Il lui avait fallut du temps avant de trouver la plante à utiliser pour guérir le malade. La fabrication du remède s'était avérée longue et difficile, la jeune guérisseuse avait mis plus de temps que prévu pour en trouver la composition exacte et quasi parfaite. Le traitement avait de nombreux effets secondaires indésirables, mais le jeune homme se remettait petit à petit et avait meilleure mine. La jeune femme lui avait alors donné le flacon de remède avec ses instructions. Tout en en gardant pour elle, si la maladie s'avérait contagieuse et touchait gens de sa connaissance. Peut-être aurait-elle à s'en servir de nouveau.
Et bien entendu cela arriva plus rapidement qu'elle n'avait pensé.
Elle était en train d'écraser des herbes pour une de ses mixtures lorsqu'elle entendit qu'on approchait de chez elle. Le pas ne semblait pas agressif mais déterminé, ils étaient nombreux ou bien en tous les cas plus de trois. Aëla n'avait pas peur, il arrivait souvent que les gens du coin viennent lui demander de l'aide ou simplement des conseils. Mais elle restait méfiante et elle entendit aux sons que faisait la troupe en s'approchant qu'elle était armée... ce n'était peut-être pas bon signe.
Quelqu'un entra, seul. Elle l'entendit prononcer son nom. La guérisseuse reconnut instantanément la voix de Qarl. Elle l'avait assez entendue auparavant pour pouvoir mettre un nom sur ce son là. Aëla ne s'était pas attendue à une telle visite et elle fronça les sourcils. L'inquiétude dans la voix de l'homme était perceptible, même s'il semblait essayer de le cacher.
« Que se passe t-il ? » Demanda t-elle soucieuse sentant justement que l'homme n'était pas là pour une visite de courtoisie.
Une lettre ? Cela intrigua la guérisseuse. Elle posa son couteau avec lequel elle découpait les herbes pour écouter le contenu de la missive que lui lisait Quarl.
Ce fut un choc, même si au fond elle avait toujours su, qu'Alannys n'était pas vraiment celle qu'elle avait prétendu être lors de leur première rencontre, mais de là à imaginer qu'elle était en réalité Reine des Iles de Fer...
Aëla avait du mal à se faire à l'idée.
Mais il y avait plus urgent, Asha (puisque c'était son nom) était en danger, et en danger de mort. La guérisseuse ne pouvait la laisser ainsi, qu'elle lui ait menti sur son identité ne changeait rien à leur relation et la jeune femme comprenait la raison qui avait poussé son amie à lui cacher tout ceci. Aussi quand Qarl lui demanda si elle comptait venir, Aëla répondit sans une once d'hésitation dans la voix
« Je viens ! Laisse moi le temps de rassembler ce dont j'ai besoin. »
Elle prit un bocal à sa droite où elle avait ranger les plantes qu'elle avait utilisées pour préparer le remède afin de guérir le jeune voyageur d'Essos. Elle savait que c'était celui-ci... elle connaissait ses rangements par coeur et son odorat ne la trompait pas. La guérisseuse le tendit à Qarl.
«Il y'a quelques jours je me suis occupé d'un homme venant d'Essos et souffrant d'une maladie étrange, je pense qu'il s'agit de la même, ces plantes m'ont aidée à éloigner le mal de son esprit. Peux-tu aller m'en procurer le plus possible s'il te plaît ? Tu en trouveras au marcher, si jamais tu n'es pas sûr de pouvoir les identifier dans la nature. C'est très important ! Il va me falloir quelque chose contre la fièvre également, mais cela je peux en trouver partout, même dans les Iles de Fer. »
Elle se dépêcha de prendre un sac pour y mettre tous les flacons, ingrédients et remèdes qu'elles ne pourrait se procurer là bas. Il lui restait une journée de traitement contre cette fameuse maladie dans une fiole, qu'elle rangea précieusement dans son paquetage. Il lui faudrait réaliser d'autres fioles sur place, mais au moins celle-ci permettrait à Aëla d'en administrer à son amie directement à son arrivée.
« Je dois te prévenir » Dit-elle à Qarl avant qu'il sorte « Que cela peut ne pas fonctionner. L'homme que j'ai soigné, n'était pas encore complètement guéri, ceci dit il était sur la bonne voie et la fièvre ne le rongeait plus. Mais il était venu me voir au début des symptômes... j'espère qu'il ne sera pas trop tard pour Asha et que le remède fonctionnera sur elle... en tous les cas je te le promets je ferai tout pour la guérir, je n'abandonnerai pas ! »
Elle préférait être sincère. La guérisseuse ne voulait pas donner trop d'espoir au jeune homme, après tout l'état d'Asha était plus qu'alarmant et il était possible qu'il s'aggrave... elle ne pouvait le savoir, n'ayant été que très peu confrontée à ce mal étrange. Mais elle comptait bien faire tout son possible pour aider la jeune femme !
12 jours plus tard – Iles de Fer
Le voyage n'avait pas été des plus plaisants. La mer avait été quelque peu agitée et cela avait rendu Aëla nauséeuse. Aussi fut-elle soulagée d'entendre les matelots hurler : Terre !
Ils accostèrent une heure plus tard. On aida Aëla à descendre. Elle fut heureuse de sentir le sol stable sous ses pieds. L'air était frais et le vent soufflait fort, elle avait encore le goût du sel dans la bouche... et l'odeur de la mer lui emplissait les narines. Ces sensations étaient nouvelles pour elle, mais la jeune femme ne s'attarda pas dessus. Ils devaient faire vite.
Elle sentit que Qarl lui prenait le bras pour la guider, elle lui en fut reconnaissante car, après tout, elle ne connaissait pas du tout l'endroit et n'avait aucun point de repère ici. Il n'y avait que son bâton pour l'aider à contourner les obstacles mais elle avançait beaucoup plus lentement qu'à l’accoutumé. Combien de temps elle se laissa conduire ainsi ? Jusqu'à sentir l'air chaud provenant d'un hall qu'on ouvrait.
Elle entendit la porte se fermer et le bruit du vent se fit moins fort, devenant un simple écho lointain. On la débarrassa de la couverture qui la couvrait alors.
« J'ai besoin de mes affaires » murmura t-elle timidement, elle se trouvait dans un endroit inconnu et certainement rempli de gens de nobles naissances. Cela la mettait mal à l'aise, elle pauvre roturière. Quant à ses affaire, ne sachant pas où elles étaient exactement, elle espérait qu'on allait bien les lui apporter.
Puis elle se tourna vers Qarl qui ne l'avait pas lâchée.
« Conduis moi à Asha. »
Asha... elle commençait à se faire à ce nom. Même s'il lui avait fallut un peu de temps pour l'assimiler. Qarl et elle avaient eu le temps d'en parler durant le voyage. Mais elle lui avait surtout posé des questions sur l'état de son amie. Elle se doutait alors que le temps était compté et chaque minute qu'ils perdaient à discuter ainsi rapprochait Asha de la mort. Aëla devait faire vite.
Ils entrèrent dans une pièce, la guérisseuse entendit la porte grincer. Elle s'avança alors doucement, se laissant guider jusqu'au bord d'un lit, qu'elle devinait être celui de son amie... elle l'entendait à peine respirer et percevait à peine son souffle sur son bras. La guérisseuse leva alors la main pour prendre celle de la jeune femme... elle était brûlante et n'avait pas réagit au contact. Sa main gauche se posa alors sur le front d'Asha, c'était pire, puis elle descendit sur ses joues, elles étaient creuses. Aëla grimaça et sentit son cœur se serrer, cette maigreur là était inquiétante... alarmante même. Si elle ne guérissait pas rapidement, elle serait perdue... peut-être même l'était-elle déjà.
Sa main descendit à nouveau au dessus de sa bouche, la respiration de son amie était faible, trop faible. Sans doute était-elle inconsciente, c'était mauvais signe. La guérisseuse pouvait sentir contre ses doigts les traits du visages de son amie, tordus par la souffrance. Alors elle réfléchit, rapidement à la manière dont il fallait procéder. Si elle lui donnait le remède maintenant, Asha le rendrait... la fièvre était trop élevée pour qu'elle puisse avaler quoique ce soit. Il fallait la faire tomber immédiatement.
Aëla se releva légèrement, et se retourna vers les personnes qui se tenaient derrière elle. Elle savait qu'elles étaient là, elle avait ressenti leur présence, les avait entendues. L'une d'elle devait être Qarl, puisqu'il n'avait pas quitté la pièce depuis qu'il l'avait amenée jusqu'ici.
« Il faut lui faire baisser la fièvre immédiatement... sans ça je ne pourrai pas lui administrer le remède. Si vous n'avez pas ce qu'il faut, j'ai de quoi combattre une forte fièvre dans mes affaires, c'est puissant, cela ne la fera pas tomber entièrement... mais j'espère juste assez pour qu'on puisse lui faire avaler le remède sans que la nausée lui fasse tout rendre. »
On s’exécuta. Aëla n'avait pas lâché la main de son amie. On lui remit un flacon, elle ne savait pas s'il venait de ses propres médecines ou non, elle s'en fichait, l’essentiel était que ce fut efficace. Mais il fallait réveiller Asha, ou tout du moins faire en sorte qu'elle soit assez consciente pour avaler le liquide.
« Asha » Aëla la secoua légèrement. «Asha ! » Répéta t-elle plus fort. Dieux faîtes que ce ne soit pas trop tard ! Pensait-elle.
Mais la reine des Iles de Fer sembla remuer, le mouvement fut si faible qu'Aëla ne l'aurait pas perçu si elle ne lui avait pas tenu la main. C'était un signe qu'elle avait au moins entendu et qu'il lui restait au moins un peu de force et de volonté. C'était déjà ça.
« C'est moi Aëla » dit la guérisseuse. « Il faut que tu avales ce que je vais te donner d'accord ? »
De nouveau un léger mouvement. Avait-elle compris ? En tous les cas elle semblait percevoir qu'on lui parlait. Aëla lâcha alors la main de la jeune femme pour pouvoir lui soulever la tête, elle plaça le flacon à ses lèvres et fit descendre le liquide dans la bouche d'Asha. Elle soupira presque de soulagement, lorsqu'elle la sentit déglutir le remède. Elle reposa alors la fiole au sol. Et reprit la main de la jeune femme.
« Qarl » Dit-elle « Je vais veiller sur elle... dans moins d'une heure la fièvre aura baissé, je pourrais alors lui administrer le remède. Va te reposer... j'aurais besoin de toi en forme pour surveiller son état pendant que je fabriquerai d'autres potions »
On lui apporta un tabouret elle s'assit au chevet d'Asha pour veiller... et attendre que la fièvre tombe un peu.
© DRACARYS
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Danger de mort - Aëla & Asha Greyjoy
Asha Greyjoy
Pyk - An 300, lune 7, semaine 2
Pendant un moment, Asha cru que le pire était derrière elle. Après de longs jours à trembler à cause de la fièvre et à rejeter tout ce qu'elle tentait de manger, les choses s'étaient quelque peu calmées. Elle avait pu recommencer à s'alimenter un peu, bien que ça n'ait été que des bouillons sans saveurs, elle avait connu de nouveaux des nuits sans cauchemars et elle n'était plus secouée par autant de spasmes. Pourtant, elle était toujours aussi fatiguée et sentait toujours une douleur persister dans son abdomen. Mais avec les Mestres et Rodrik, ils avaient voulu croire que c'était fini, qu'il lui fallait simplement encore du temps pour récupérer, mais que les choses finiraient par rentrer dans l'ordre. Alors Asha avait pris son mal en patience, à nouveau. Elle avait passé des heures à fixer les poutres du plafond, d'autres à tenter de compter les pierres qui composaient le mur face à elle, d'autres encore à écouter son oncle favori lui faire la lecture. Elle avait continué de prendre les mélanges que les mestres lui préparaient. Mais rien ne changeait. Et puis la tempête avait fini par revenir, soudainement. Elle s'était remise à divaguer et à s'évanouir sans prévenir, non sans que son corps soient secoué de violents spasmes. La fièvre était revenue, aussi forte que lors des premiers jours. Elle avait tellement mal à la tête que même lorsqu'elle avait des moments de conscience, elle ne pouvait rien faire, si ça n'était gigoter en se plaignant, priant son Dieu pour que ça passe ou qu'elle se rendorme enfin. Elle préférait rêver des trahisons des Greyjoys plutôt que de subir une seconde de plus de cette douleur. Dans ces moments-là elle voulait hurler, hurler pour que ça s'arrête, mais la plupart du temps, elle n'avait même pas suffisamment de force pour que sa voix émette un quelconque son. Et au bout d'un moment, comme si son corps avait finalement compris qu'il ne pouvait plus supporter la douleur, elle ne se réveilla plus, plongée dans un profond sommeil inconscient. Asha ne rêvait plus vraiment dans cet état. Il y avait des moments de noir et d'autres beaucoup plus confus où elle entendait des voix au loin, où elle sentait des présences autour d'elle, mais elle ne comprenait rien, elle ne pouvait, ni ne voulait ouvrir les yeux. Non. Tout ce qu'elle entendait ou ressentait à présent, c'était le roulis des vagues. Il y avait ce bruit de fond constant qui lui rappelait celui de l'océan. Elle se sentait ballottée dans tous les sens, épuisée par ce que ces « vagues » lui faisaient vivre. Elle se laissait flotter, porter. Elle savait que son corps était à bout de force, mais finalement insensible à toutes nouvelles douleurs, elle était dans un état cotonneux. Elle trouva presque la chose agréable... mais ça, c'était avant qu'elle n'ait la sensation de couler. Le Dieu Noyé faisait peu à peu son œuvre, elle descendait pour le rejoindre. Elle n'en avait pas pleinement conscience, mais elle le comprenait à sa façon, elle n'arrivait plus à respirer correctement, chaque nouvelle inspiration était plus difficile que la précédente, plus faible, moins gorgée d'oxygène. Cela lui rappelait une fois où elle était tombée de bateau alors qu'elle n'était qu'une jeune adolescente. Elle avait cru mourir pendant un instant, n'arrivant pas à remonter à cause des courants contraires, rendant ses derniers souffle d'air. Il y avait eu presque quelque chose de paisible à cet instant-là précis, une fois passé l'angoisse de sa chute et la lutte vaine pour remonter. Elle avait fermé les yeux, acceptant son sort. Puis une main forte l'avait tirée de là. C'était Harras. Aujourd'hui, elle était tentée une nouvelle fois d'expirer sa dernière bulle une bonne fois pour toute, d'embrasser le calme des profondeurs. Après tout, on lui promettait un festin éternel une fois morte ! Elle aurait toute l'occasion de retrouver son père mais surtout ses frères, partis bien trop tôt. Tant pis pour les plans qu'elle avait pour ses Îles, tant pis pour Theon, tant pis pour sa mère... après tout, elle venait de retrouver son petit garçon, elle n'avait plus besoin d'elle. Comme les secousses de la mer se faisaient plus insistantes qu'habituellement, elle se dit que son heure était sûrement venue.
Et puis au loin elle entendit un cri. C'était une voix familière, une voix qu'elle n'avait pas entendue auprès d'elle depuis qu'elle était tombée malade, une voix qu'elle n'avait pas entendue depuis plusieurs lunes déjà. La curiosité de son esprit eut le dessus sur sa fatigue. Elle entendit le cri à nouveau. On appelait son prénom, on la secouait et ça n'était pas les vagues. Elle avait reconnu la voix, c'était son amie Aëla. Bien que l'idée que tout s'arrête enfin lui plaisait grandement, elle sentit un sursaut de force et de combativité l'envahir. Après tout, n'avait-elle pas toujours dit qu'elle voulait mourir debout, une hache à la main et un sourire aux lèvres ? Elle en était bien loin ! Asha s’agrippa à cette nouvelle main qu'on lui tendait pour sortir de l'eau. Dans son esprit, l'effort lui parut intense et pourtant, en vrai, la jeune reine se contenta de presser la main de son amie. Elle était là. Elle était revenue. Elle n'était toujours pas capable d'ouvrir les yeux, mais son esprit était revenu à la surface. La fièvre et la migraine lui tirèrent une grimace douloureuse. Elle essaya de hocher la tête quand elle entendit Aëla lui dire d'avaler ce qu'elle allait lui donner, mais elle n'était pas certaine que son mouvement soit perceptible, malgré la main qu'elle avait sur son visage. Elle pensa alors qu'en cet instant, finalement, elles étaient les mêmes, Asha était tout aussi aveugle qu'elle. Elle aurait rit en temps normal, mais encore une fois, elle était trop faible. Elle se contenta d'entrouvrir la bouche, non sans en profiter pour inspirer une nouvelle bouffée d'air, avant de déglutir ce que la guérisseuse lui faisait glisser dans la bouche. C'était infecte. Ou bien elle n'avait plus aucune sensibilité gustative, elle n'excluait pas cette possibilité. Elle sentait déjà son œsophage se serrer, prêt à retourner cette solution à l'envoyeur, mais Asha fit de son mieux et continua de déglutir.
« Elle allait mieux jusqu'à il y a deux jours... on pensait que c'était bon et puis la fièvre est revenue d'un coup... »
Asha avait reconnu la voix de son oncle, inhabituellement tremblante. Il semblait exténué et surtout culpabiliser. Elle aurait aimé pouvoir ouvrir les yeux, lui confier un sourire rassurant, mais ça n'était pas en son pouvoir à cet instant. Si elle avait pu ouvrir les yeux à cet instant, elle se serait aussi rendue compte qu'il avait pris un coup de vieux, lui aussi avait maigri et le stress lui avait visiblement fait prendre des rides. A peine quelques secondes plus tard, elle entendit la voix d'Aëla s'adresser à Qarl, lui conseillant d'aller se reposer pendant qu'elle allait veiller sur elle dans un premier temps. Elle avait visiblement compris comment motiver le jeune homme puisqu'elle lui expliqua qu'elle aurait besoin de lui pour veiller Asha plus tard, lorsqu'elle serait occupée à préparer de nouvelles potions. La Seiche entendit un grognement contrarié, avant de sentir une main caresser son visage.
« Bats-toi ! »
Elle allait le faire. Elle comptait bien reprendre le combat. Puis elle entendit plusieurs personnes passer la porte, pendant qu'on approchait une chaise ou un tabouret du lit. Elle sentit sa main dans celle d'Aëla. Elle essaya d'ouvrir les yeux, elle voulait la voir, lui parler, mais elle était toujours trop faible, alors elle se rendormit un moment. Ou bien c'était simplement la potion qui faisait effet.
Elle émergea à nouveau un moment plus tard. Elle sentit tout de suite la présence d'Aëla toujours à ses côtés. Le calme régnait dans la chambre. Si elle s'en sortait vivante, elle se promit de changer de chambre et surtout de ne pas y rester plus que nécessaire pendant un long moment. Elle en avait plus qu'assez de devoir rester coucher. Asha parvint à entrouvrir un œil, tout en tournant légèrement la tête vers son amie. Sa seule présence était bien plus rassurante que celle de tous les mestres réunis de son Oncle. Depuis leur rencontre, elle avait fini par développer une confiance sans failles pour cette douce orageoise. Elle avait eu peur qu'elle refuse d'accompagner Qarl, une fois qu'elle aurait apprit la vérité sur son identité, mais non, elle était là. Elle entrouvrit la bouche pour parler, mais cette dernière était tellement sèche qu'elle dut s'y reprendre à plusieurs fois.
« T'es v'nue... Merci. »
Elle aurait voulu pouvoir parler normalement, lui demander directement le fond de sa pensée, sans tourner autour du pot, mais elle était incapable de faire de longues phrases et elle ne voyait pas vraiment comment formuler sa pensée en aussi peu de mots. Alors elle décida de tourner un peu au tour du pot finalement.
« Qarl ? T'as pas forcée hein ? »
Elle espérait de tout cœur que son amant avait respecté sa promesse.
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Asha & Aëla
Voilà quelques longues minutes qu'elle s'attelait à la préparation du remède. Vu l'état d'Asha il lui faudrait fabriquer le plus de fioles possible. Combien en aurait-elle besoin ? Aëla n'était pas certaine, tout dépendrait d'Asha et de la force qu'elle mettrait à se battre. Mais la maladie avait déjà presque totalement épuisé la jeune femme... la guérisseuse n'était même pas encore certaine de voir son amie revenir parmi les vivants, elle avait déjà un pied dans la tombe, si ce n'était la moitié du corps. C'était pour cela que l'orageoise espérait pouvoir lui administrer le remède le plus rapidement possible. Dès que la fièvre aurait un peu baissé car il ne fallait pas qu'Asha rende le remède ou tout du moins il lui fallait en ingurgiter assez pour qu'il fasse effet.
Aëla n'avait pas voulu attendre trop longtemps avant de se mettre à la préparation de ses remèdes. Elle avait demandé à ce qu'on amène une table et à ce qu'on mette ses affaires dans un ordre précis afin de lui permettre de reconnaître les ingrédients. Elle restait dans la même pièce qu'Asha et bien qu'elles ne fussent pas seules, la guérisseuse pouvait percevoir le son de sa respiration faible et irrégulière. L'endroit sentait encore la mort et la maladie et la jeune femme était tendue, parce qu'elle n'était pas certaine de réussir à guérir son amie. La fièvre devait avant tout baisser et ce n'était pas encore le cas. Aëla ressentait l'urgence de la situation, autant que les mestres qui l'entouraient : ce qu'elle lui avait donné pour faire tomber la fièvre pouvait ne pas faire son effet, si cette dernière était beaucoup trop forte... et cela signifierait que la guérisseuse et son escorte étaient arrivées trop tard.
Aussi mettait-elle du cœur à sa tâche actuelle : pour éviter de penser au pire. Qarl avait soufflé à Asha : "bats toi" avant d'aller lui même se reposer. Aëla espérait que le message serait écouté et ces instructions suivies à la lettre.
La guérisseuse avait mis tout de même un moment avant de se faire à l'idée que la jeune femme n'était pas tout à fait celle qu'elle avait connue il y avait quelques années de cela. Enfin si, elle se doutait bien qu'il s'agissait de la même personne avec le même caractère... mais son identité était toute autre. Lui en voulait-elle ? Non bien évidemment, même si l'orageoise avait d'abord été quelque peu vexée qu'Asha ne lui ait pas dit plus tôt son véritable nom et sa véritable condition, puis elle avait compris, durant le voyage jusqu'aux Iles de Fer où elle avait eu le temps de ressasser ses pensées, que la souveraine n'avait pas eu d'autres choix que de lui mentir. Alors non, Aëla ne lui en tenait pas rigueur.
Sa préparation était presque prête pour remplir au moins un dizaine de fioles de plus. Cela lui en ferait une quinzaine. Un des flacons était d'ailleurs posé à sa droite, il n'attendait plus que la fièvre d'Asha baisse pour se rendre utile. Un bruit provenant du lit de son amie alerta d'ailleurs la jeune guérisseuse. Il lui semblait qu'elle était en train d'émerger de son inconscience.
Aëla eu un pauvre sourire en entendant la voix si faible de la souffrante. La température devait être encore très élevée, la jeune femme n'en doutait pas une seule seconde et savait que parler demandait un effort presque surhumain à son amie. Elle aurait voulu lui dire de se taire, mais ne pouvait s'y résoudre, après tout, ce serait peut-être l'un des seuls moments de conversation « normale » qu'elles auraient durant les heures qui allaient suivre.
« Je n'allais pas te laisser tomber » Répondit la guérisseuse. « Tu es mon amie et je ne peux pas te laisser dans cet état. »
Et ce n'était pas parce qu'elle était reine des Iles de Fer qu'Aëla avait accepté de l'aider. Elle se fichait royalement de ce titre. Ce qui comptait, c'était que son amie avait besoin de son aide.
La guérisseuse eut un sourire un peu plus amusé cette fois-ci. Qarl n'avait pas eu besoin de la forcer. Elle n'avait même pas hésité une seule seconde. Aëla avait beau être quelqu'un de prudent et de réfléchi, elle n'était pas du genre à abandonner ses amis, encore moins lorsque ceux-ci étaient à l'article de la mort. La jeune femme grimaça à cette pensée... peut-être serait-ce sa dernière conversation avec Asha. Non ! Elle ferait tout pour que ce ne soit pas le cas, la Reine des Iles de Fer guérirait, elle en faisait le serment.
« Non, il ne m'a pas forcée. Il n'a pas eu besoin. J'ai compris que le temps était compté et qu'il fallait qu'on arrive ici le plus vite possible. »
Elle n'ajouta pas : « avant qu'il ne soit trop tard », mais elle l'avait pensé.
« Comment tu te sens? »
Question qui pouvait paraître ridicule étant donné l'état de son amie. Mais cela lui permettrait de jauger si elle était assez consciente pour la suite du processus.
« Tu sembles revenir de loin Asha. Et je te promets de tout faire pour éviter que tu replonges dans les ténèbres. Bien entendu cela va prendre du temps. »
Combien ? Là était la question, cela dépendrait de beaucoup de choses. Aussi ne précisa t-elle pas. La guérisseuse se saisit de la fiole de remède à sa droite et s'approcha lentement de son amie. Elle marchait lentement afin d'éviter de choir lamentablement sur le sol. Elle ne connaissait pas l'endroit, ici depuis quelques heures elle n'avait pas eu le temps de se faire à la pièce, d'en mesurer l'espace. Tout était nouveau pour ses sens et Aëla restait prudente alors qu'elle avançait vers le lit de son amie, le flacon à la main. Elle sentit le bois du meuble heurter ses jambes, signe que la jeune femme avait atteint son but. Sa main passa sur le front d'Asha, il était encore brûlant, mais elle savait qu'elle ne pourrait faire baisser plus la fièvre, du moins pas avant que sa patiente n'ait pris le remède.
La sueur sur le visage de la jeune femme traduisait son état critique et l'orageoise se doutait de l'effort qu'elle devait fournir pour parler et rester consciente. Pourtant il allait lui falloir rester éveillée quelques instants encore. Le temps pour Aëla de lui faire ingérer le contenu de la fiole. Mais avant la guérisseuse souhaitait lui expliquer ce qu'elle comptait faire et la prévenir des effets... parfois indésirables du remède qui risquaient de faire leur apparition. Enfin la jeune femme n'en était pas totalement certaine, n'ayant essayé ce remède uniquement sur une seule personne jusqu'ici.
«Asha, j'ai peut-être... » Elle hésitait : devait-elle vraiment ajouter cette incertitude ? Oui elle ne souhaitait pas mentir à Asha, elle méritait de savoir ce qui l'attendait. « trouvé le moyen de te guérir. » Elle fit une pause, laissant l'information faire son chemin dans l'esprit certainement brumeux de la malade. « J'ai concocté ce remède pour un homme qui souffrait des mêmes symptômes que toi. Lorsque je suis partie il était presque totalement guéri, aussi j'espère que ça aura un effet aussi bénéfique sur toi, mais je dois te prévenir, il y a... certains effets secondaires enfin, ce n'est sans doute pas systématique mais je préfère que tu sois au courant : tu risques de souffrir de quelques hallucinations. Mais je pense que la fièvre a le même effet de toute façon. »
Il n'était pas obligatoire qu'Asha hallucine, mais c'était une possibilité à envisager et Aëla ne saurait pas quelles images traverseraient alors l'esprit de son amie. Elles pourraient être douloureuses à vivre ou au contraire réconfortantes. L'homme qu'elle avait soigné avait à un moment vu sa fille lui sourire et avait pris la guérisseuse pour son épouse, mais cela n'avait duré que quelques minutes, les hallucinations semblaient s'estomper ensuite. La jeune femme savait ce qui les provoquait dans sa mixture, mais ne pouvait en retirer l'ingrédient, il était cruciale pour combattre la maladie.
« Alors si tu veux bien, je veux de nouveau que tu consommes ce que je vais te donner. Désolée cela n'a pas vraiment bon goût. »
Elle passa sa main derrière la nuque trempée de sueur d'Asha pour lui relever légèrement la tête. Aëla posa le flacon contre ses lèvres et laissa le temps à son amie d'avaler le liquide à son rythme, ne voulant surtout pas qu'elle régurgite le remède.
Puis, une fois celle-ci vide, la guérisseuse posa la fiole sur la table de chevet. Elle s'assit sur le tabouret à côté d'Asha.
« Je vais restée à tes côtés jusqu'à ce que le remède fasse effet. »
Et surtout pour voir s'il ferait effet, mais cela elle ne le précisa pas. En revanche Aëla ajouta.
« Et n'oublies pas, Qarl t'a dit de te battre ! »
© DRACARYS