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Sur les traces du passé et de la peur (ft. Addam Marpheux)

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Sur les traces du passé et de la peur


     

«Quand la passion emporte l'homme, la raison le suit en pleurant et en l'avertissant du danger.»




An 300: lune 4, semaine 4

     
     
A la lueur d'une bougie, Merlon scrutait attentivement quelques petits papiers ouvragés.  Une fine pluie froide s'abattait sur sa tente au milieu de la cour de Fort-Nox. La rudesse de sa température passait à travers le tissu et faisait frissonner le jeune chevalier malgré la grosse pelisse de fourrure qu'il portait au-dessus de son imposant manteau. Les tentes comme la sienne s'agglutinaient dans la cour et à l'entrée du fort, d'autres hommes dormaient dans les quelques pièces habitables – ou rénovées rudimentairement – du premier château abandonné par la Garde de Nuit. Une partie dormait dans la grande salle commune qui était dotée d'un feu salvateur pour ces hommes. Merlon avait organisé des tours pour que ce ne soit pas toujours les-mêmes dehors. Les appartements historiques du mestre avaient été réaménagés justement pour le mestre qui les avaient suivi jusqu'ici, cela lui permettait de s'occuper des malades et blessés de manière plus confortable. L'atmosphère y était particulière, souvent effrayante, mais le calme intérieur pouvait la rendre inspirante. Marcher dans ce château, jadis forteresse orgueilleuse d'un ordre autrefois prestigieux, maintenant en pleine décrépitude. Au détour d'un mur effondré, Merlon pouvait sentir, voir les hommes qui avaient vécu ici. Il se les imaginait dans des scènes quotidiennes, d'entraînement, de sermon du lord commandant, d'un grand repas partagé entre frères. La vérité était peut-être éloignée de sa vision romantique, sûrement même au vu de l’âpreté de sa vie ici, mais les rêves restaient les meilleurs remèdes aux maux de l'âme. Penché sur des vieux papiers, le jeune sanglier se sentait libre, si son père n'avait pas vu en lui un guerrier potentiel, il aurait accepté avec joie de faire mestre, peut-être pas un illustre mestre, mais un mestre heureux. Le bureau en bois usé par le temps et le climat était recouvert de parchemins, de feuilles, ses quelques écrits, sa correspondance avec son frère, celle avec sa bien-aimée femme : tout y était. Penser à elle le réchauffait, il ne pouvait s'en vouloir de ne pas être avec elle au moment de sa grossesse, mais tout était allé si vite depuis son retour dans l'Ouest. Ses fiançailles, son mariage, son départ à la tête d'une grande troupe volontaire, tout avait été orchestré à une vitesse folle. Pour calmer la colère qu'il éprouvait contre lui-même Merlon se disait qu'elle n'était pas réellement seule grâce à l'enfant qu'elle portait. Mais le temps commençait à être long pour lui aussi, les combats s'étaient calmés ces-derniers jours, et il se mettait à songer à leur retour. Les hommes ne s'en étaient pas retournés chez eux, alors qu'ils n'étaient tenus par aucun vœux, si ce n'est celui, tacite, de l'honneur. Voilà plusieurs mois qu'ils logeaient et combattaient ici, les volontaires avaient largement rempli leur rôle. Ils n'avaient même pas demandé paiement, juste du combat et de la gloire, ils avaient été servis, mais leur demeure commençait à les appeler.

Les lignes qui défilaient sous ses yeux le captivaient, elles étaient signées par l'intendant Symeon, au service du lord commandant de l'époque de Jaehaerys le Conciliateur, voilà plusieurs siècles. Les écrits de cet homme qu'il avait trouvé se trouvaient dans une partie des archives qui résidaient à Châteaunoir et qu'il avait été autorisé à approcher et à prendre car elles avaient été jugées inintéressantes. Inintéressantes au point qu'on les avait oublié. Tout ce qui lui restait des notes dudit Symeon traitait des derniers moments où Fort-Nox était occupé. De ce qu'il lisait, le style était factuel, à cette époque : « Les esprits semblent aussi froids que l'air chargé de blanc qui règne autour du Mur. Ce froid est maître au-dessus et dans nous. Maussades, nous quittons un château déjà mort pour continuer de vivre. Nous portons un fardeau, une fierté, et si nous n'avons pas été défaits sur le champ de bataille, cet abandon – nécessaire – semble une défaite que chacun de nous encaisse durement. Notre vieux lord commandant est de ceux-là, c'est peut-être le pire. » Les Gardes de cette époque semblaient résignés à partir de cette mythique forteresse, symbole de leur puissance. Leur temps semblait révolu. Ce qui intriguait l'ancien Manteau Blanc, c'était pourtant le lord commandant. L'intendant l'évoquait sous les traits d'un homme assez ancien et sage, que l'annonce du départ avait rendu triste. Symeon semblait connaître quelques bribes de sa vie comme le sanglier pouvait le voir, mais le lord commandant devait être un homme discret à ce niveau. « Le lord commandant Quentyn est de basse extraction de ce que je sais, il était forgeron dans le Conflans, quelque chose près de Darry il me semble. Il s'est retrouvé à prendre le noir après avoir tué quelqu'un. Certains disent qu'il a tué sa femme, personne n'a pu me le confirmer mais après tout qui peut juger des individus que rejoignent la Garde ou se porter garants d'eux, si nous sommes là c'est que nous avons un passé. Je sais qu'il marche toujours malgré l'âge avançant avec son épée à la paume noire sublime, qui a tranché des ennemis avec plus d'aisance que j'enfonce mon couteau dans ma mie de pain et son bouclier poli, sombre qui semble invincible et dans lequel notre regard se perd. C'est lui qui les a forgé, je doutais qu'on pouvait faire ça avec du métal. Le long de son cou, on voit les chaînes d'un collier, mais il se garde toujours de le montrer c'est intrigant, il veut nous le cacher. » Le temps avait effacé quelques paragraphes et il ne restait que quelques lignes sur le bas de la page qui n'avaient pas subies son ouvrage. Elles relataient les tout-derniers instants, jusqu'au moment où le dernier homme quitta le fort, cet homme, c'était le lord commandant. C'était les dernières notes de Symeon sur cette époque. Il restait quelques bribes de lui à Châteaunoir, mais traitant d'événements tout à fait différents. Ce qui lui restait, c'était : « La veille nous avons eu un émissaire royal muni d'un petit coffre ; au moment de partir, les gars le harcelèrent de questions pour qu'il crache le morceau. De ce qu'il se consentit à dire, c'est que la bonne reine Alysanne avait payé la construction d'un fort plus à notre taille avec ses propres joyaux. Mais émue et charitable comme on la connaissait, elle avait pris connaissance de la profonde tristesse de notre lord commandant. Ce vieil homme qui avait servi toute sa vie durant dans l'ordre, était devenu un homme pleins de vertus grâce à cette vie éprouvante. Partir d'ici, c'était abandonner toute une partie de lui, la meilleure à ses yeux. Il était humble, voulait continuer de lutter pour cette noble cause qui est le simple bien des Hommes. Et par cela, la reine Alysanne qui était généreuse et proche des hommes bons en fut touchée. Pour le remercier de sa bravoure et de son dévouement silencieux, mais aussi pour s'excuser de lui causer cette tristesse alors qu'il n'exigeait rien d'autre que de rester dans la demeure à laquelle il s'était ancrée pour continuer de servir le royaume, la bonne reine lui offrit le bijou auquel elle tenait le plus. On dit que c'est tantôt un diamant, tantôt un rubis taillé en forme de dragon, tantôt une perle. Peu importe sa forme, il est aujourd'hui perdu. Alors que la colonne d'hommes attendait devant le fort pour partir tête baissée vers sa nouvelle demeure. Les frères s'impatientaient, j'étais devant, le regard fixé vers les portes ouvertes, lorsque que le Lord Commandant surgit de l'espace ouvert entre les deux tours. Le vieil homme marchait impassible, tête haute et il remontait la file d'hommes au regard austère. Plus d'épée, plus de bouclier et quand il est passé à côté de moi, je vis qu'il n'y avait plus de chaîne, donc plus de collier, ni de pendentif. Je lui ai demandé :
Lord commandant, où sont vos effets personnels ?
Hmm perdus, donnés, qu'en sais-je, a-t-il réfléchi en commençant la marche sans me regarder, puis il a terminé, à l'ombre du repos du grand noir, armé du souvenir du foyer, plonge dans l'obscurité et si tu veux aller au-delà des frontières que nos vœux gardent, l'éclair de l'effroi t'y ramènera. 
»

Le récit s'arrêtait là. Il manquait certainement la suite, peut-être que l'intendant n'avait pas jugé bon de relater la suite de leur discussion, ou que le temps l'avait perdu, car il avait du mal à saisir la fin du récit. La réponse du lord commandant Quentyn semblait totalement déphasée, sans rapport avec la question, comme une phrase énigmatique lancée dans le vent. L'homme qui la prononçait semblait être habité de son sens, sans chercher à ce que les autres la comprennent. Pourtant elle semblait si simple ; Merlon priait pour que la retranscription de Symeon soit juste au mot près car ses raisonnements fusaient, la pointe acérée de sa plume agressait le papier vierge à la vitesse où ses idées le parcouraient. Nerveusement, sa main soulignait des mots, les entourait, traçait des barres pour séparer les parties de la phrase, puis il raturait, la feuille se crispait de douleur sous ces assauts répétés. Lorsqu'il croyait tenir quelque chose, le jeune homme revenait sur ses précédentes conclusions. Merlon se sentait idiot, un homme avec plus de jugeote aurait trouvé la solution en lisant la phrase, lui il peinait. L'humilité l'habitait à ce moment, autant que la colère contre lui-même, lui qui d'habitude aimait réfléchir, lire, écrire se trouvait rabaissé, s'il avait réellement été un homme d'esprit, il aurait trouvé. Même sans l'être d'ailleurs, il suffisait de ne pas être un crétin congénital. A nouveau, sa plume délimita plusieurs parties de la phrase qui semblaient pouvoir être lues à part, son esprit pensa à des sortes d'étapes, un trajet découpé en plusieurs mouvements distincts. Ses yeux s'arrêtèrent sur la première d'entre-elles : « à l'ombre du repos du grand noir, armé du souvenir du foyer, plonge dans l'obscurité... », une intuition le prit. Merlon fourra le papier dans la poche de son manteau et se leva, l'épée au fourreau. D'une main sèche il ouvrit l’entrée en toile mouillée de sa tente. Sur un socle en ferraille protégé de la pluie par un morceau de tissu tendu au-dessus, étaient disposées des torches baignant dans l'huile. Il en tira une et l'alluma en la passant dans le brasier à côté. A portée de lui marchait sur le sol légèrement boueux un homme en noir, Merlon le connaissait, il faisait partie de la petite poignée de Gardes qu'on leur avait assigné pour les guider en territoire inconnu. Sa barbe hirsute noire parsemée de poils blancs et de trous dévoilant sa peau rêche lui donnait un aspect sale et bougon. Emmitouflé dans son épaisse tenue toute noire, il patrouillait. A voir cet homme, Merlon pensa qu'il ne devait guère avoir meilleure allure ; ses cheveux avaient poussé, sa barbe si bien taillé d'habitude avait pris en en volume. Peut-être que s'il s'était retrouvé de l'autre côté de l'édifice blanc millénaire, on l'aurait pris pour un sauvageon. Merlon se racla la gorge car depuis longtemps aucun souffle n'en était remonté pour exprimer des paroles.
- Devon, excuse-moi d'interrompre ta patrouille, commença Merlon, suis moi, je dois aller voir quelque chose à l'intérieur des ruines et j'aurai besoin de ton aide.
- Sûr'ment j'vous suiverai, j'ai rien d'aut' à fout' et les aut' y ronflent tous à en faire réveiller les soixante-dix-neuf sentinelles, c'est pas encore aujourd'hui qu'on y viendra m'faire chier, rétorqua la voix rauque du dénommé Devon.

Les deux hommes déambulèrent dans les allées de tentes, ils passèrent devant le puits désaffecté qui absorbait la lumière des étoiles pour s'en repaître cruellement. Leurs bottes foulaient une fine boue qui se tassait sous elles. Elles avaient parcouru les champs de bataille, les escarmouches contre les sauvageons ; rien ne pouvaient les surprendre désormais, du moins on pouvait l'espérer. Les deux hommes partirent du côté du fort qui n'avait pas été un tant soit peu rénovée. Ils longèrent la roukerie qui était encore en état et montèrent les escaliers. Ces-derniers n'étaient pas sûrs, les escaliers en bois rongés par le temps, s'effritaient en fins morceaux si les pieds se posaient trop lourdement sur les marches ; les deux soldats étaient obligés de se tenir prudemment à la rambarde rouillée. Ils continuèrent de marcher après être montés, ils étaient toujours dehors jusqu'au moment de se retrouver face à une porte obstruée par des gravats. Des petites poutres, des pierres taillées qui s'étaient effondrées devant : le tout fut déblayé rapidement par les deux hommes, qui durent forcer à deux pour l'ouvrir. La porte en bois lourde racla contre l’entrebâillement en pierre de la porte, et elle grinça. L'air était plus que froid à l'intérieur : glaçant. Chaque pas fait donnait l'impression que quelqu'un embusqué attendait le moment propice pour sortir de sa tanière et fondre sur sa proie. Même le vent sifflant et lugubre qui passait entre les pierres sonnait comme une voix perdue au loin. Quelque chose se rapprochait, des claquements d'air secs et vifs venaient bientôt frapper aux oreilles de Merlon, derrière lui. Le chevalier pivota rapidement pour se retourner, sa torche effectuant un arc de arc de cercle de gauche à droite pour faciliter la vue et faire reculer ce qui approchait. Le cœur de Merlon se tempéra, lorsqu'une simple chauve-souris passa au-dessus de lui. Et les deux hommes reprirent leur avancée dans les couloirs en partie écroulés. Une pénombre inquiétante s'était installée et la vue de la porte que Merlon cherchait fut la bienvenue. Il y était allé sans carte car pour tout dire, l'homme de l'ouest n'avait pas pour projet de s'éterniser. Il avait eu une fulgurance, qu'il cherchait à contredire pour n'avoir aucun regret. En arrivant les Gardes lui avaient expliqué quelles pièces on trouvait dans le fort et c'est ainsi que cette nuit il se lança dans une exploration sur un coup de tête. La porte désignait la chambre du lord commandant, celle-ci aussi était dure, mais un coup de pied permit de l'ouvrir. Les siècles avaient rempli leur office dans la pièce, la poussière avait recouvert un mobilier délabré. Des chaises sur lesquelles il valait mieux ne pas s'asseoir, une armoire massive rongée par les thermites comme le plancher qui couinait à chaque pas. L'armoire ne contenait rien, si ce n'est les cadavres de charançons laissés par les araignées. Rien hormis dans un placard ouvert du meuble – en réalité les petites portes étaient tombées au sol – une toute petite clé. Merlon l'attrapa, la petite chose se perdait dans son gant en fourrure, elle était trop petite pour ouvrir quoique ce soit. Dans le doute il la prit, ce n'est pas pour l'espace que ça prenait. Dans toute la pièce, seul le lit adossé à un pan de mur et faisant face à la fenêtre – ou du moins ce qui avait été une fenêtre jadis – tenait encore solidement debout. Du chêne massif traité, difficilement transportable dans le dédale étroit de couloirs, trop gros également pour passer par la fenêtre. L'ancien garde royal leva sa main et indiqua à son compagnon de le rejoindre au pied du lit, pour le soulever unilatéralement et le mettre debout contre le mur. Leurs muscles se tendirent sur chaque parcelle, c'était le moment de vérité, est-ce que son intuition avait été bonne ? Il était persuadé que non, mais il fallait se donner bonne conscience. Lentement la masse se soulevait, le dessous était encore dans l'ombre. Il fallut que le lit soit bien debout contre le mur et qu'ils récupèrent leurs torches pour éclairer le sol pour que Merlon vit à sa plus grande surprise, une trappe. « A l'ombre du repos du grand noir, armé du souvenir du foyer, plonge dans l'obscurité... » pensa Merlon avec un sourire en coin. Il se baissa, attrapa la poignée et ouvrit la trappe qui donnait sur une nuit complète, un passage à la torche ne lui permit pas de voir le fond.
- Va trouver Ser Marpheux tout de suite, ordonna Merlon, demande lui de prendre une torche et son arme, et profites-en pour prendre un sac, le plus dur commence maintenant.

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La morsure d'albâtre

Du blanc, encore du blanc et toujours du blanc. Tout le paysage – si on peut appeler ça un paysage... - avait revêtu son manteau d'albâtre. Les cendres immaculés dansait au dessus de nos têtes depuis des jours et les rayons du soleil pénétrait à peine le ciel vaporeux. La neige rendait nos déplacements difficiles empêtrant nos chausses d'une coudée et l'humidité n'arrangeait rien. Une fumée vaporeuse s’échappait de mes lèvres gercée, tremblantes par moment, couleur parme. Mes yeux plissés fouettés par le vent glacé affrontait ce glas givré. Chaque inspiration me brûlait l'intérieur du nez et de ma gorge. Je commence à me demander si ma présence ici était réellement nécessaire et je me rappelais tout à coup d'où tout ça était partit.

Parfois le temps file si rapide qu'on en a le vertige et c'était peu de le dire. Peu après notre habile manœuvre, Lyle s'est marié à Malvina, je me demande d'ailleurs encore aujourd'hui si Tywin avait volontairement fermé les yeux ou si la duperie avait réellement fonctionné. Je le soupçonnes d'être bon comédien et comme cela ne doit déranger en rien ses desseins... Ho et puis comme je l'avais pressentis lors du banquet donné par le vieux lion, Merlon et Jeyne se sont mariés. Un mariage équivalent de rang mais il est sur que ces deux là jouisse d'une complicité que je ne connaîtrai certainement jamais. Reconnaissez une pointe d'amertume face à ces deux frères dont la vie a tant changé en si peu de temps. Un jour banni de leur terre, le lendemain héritier et gardien de celles-ci. Un jour damelot forniquant la première venue, le lendemain époux fidèle éperdument amoureux. Et moi ? Je soupire rien que d'y penser. J'étais partis de Cendremarc pour me geler les bourses ici afin d'assurer la promesse que j'avais faites à l'homme que je considère comme mon frère. Qu'est- qui m'a prit de le prendre par l'avant bras avec un regard perçant « Je te créant Lyle, il n'arrivera rien à ton frère tant que je serai à ses côtés. » ? L'alcool sans doute...

Ma tête était embrumée, je dormais très peu tant j'étais meurtris par le froid qui arrivait à pénétrer mes fourrures. Assis sur le sol, dont je ne ressentais même plus la fraîcheur, les mains sur mes genoux, je scrutais l'édifice gelé. J'avais le regard vif, aucune peur ne me tourmentait, pas même l'obscurité la plus totale. Je me relevais à l'appel de mon nom et pris directement mon épée. Je laissais ma main crispé sur le métal froid de mon pommeau. Mes pas étaient lents et assurés. J'étais tel un fantôme qui errait dans les couloirs du Fort Nox. Passant le bout du couloir j'arrivais dans la chambre. Merlon était dos à moi, un sourire se dessinait sur mes lèvres. Lui tapotant sur l'épaule pour manifester mon arrivée, je l'outrepassais de mon épée d'un coup sec. Je le regardais dans les yeux, je le regardais mourir lentement sans aucun bruit, sans aucune lamentation et sans aucune injure.

La voix forte d'un des hommes de Merlon m'éveilla de mon songe funeste. Il semblerait que je m'étais endormis face au feu, les coudes sur les genoux, et ce, malgré la pluie battante . J'avais cette sensation désagréable d'avoir commis l'acte rêvé, des sueurs froides me remontait dans le dos et il me fallu quelques secondes pour reprendre mes esprits. Le brave m'indiquait que Merlon voulait que je le rejoigne de ce pas avec mon épée et un sac. Me relevant complètement trempé, je gagnais ma tente silencieusement, pourquoi ce songe maintenant ? Le désirai-je au fond de mon être ? Étais-je à ce point désireux de ce qu'il possédait ? Je préfère passer outre ces pensées assaillantes mais rien n'y fait. La pluie ricochant sur la toile formait une mélodie incessante qui transparaissait a complainte. Elle pénétrait dans le tissu de ma tente, la rendant aussi froid que la mortaille. Posant mes main sur siège où se trouvait mon épée, je regardais mon reflet déformé par le métal. J'avais le teint blafard, les yeux exacerbé et las. J'identifiais difficilement ce qui me servait de lèvres. Tirant de mes doigts sur mes joues, je défigurai mon visage tout en soupirant. Je passais nerveusement ma main dans mes cheveux mouillé, si bien qu'ils furent en bataille. Ré-ajustant mon épée à ma taille, j'empoignais un giberne dans lequel j'enfournais mon arroi et quelques vivres rudimentaire.

L'eau battait sur mes épaules et coulait le long de mes tempes. Je n'entendais que la pluie s'écrasant sur le sol, le bruit entêtant de mes bottes et quelques plaintes vociféré par des hommes las. Je m'arrêtais un instant torche à la main devant la bâtisse abandonnée, elle était imposante et si froide. Je ne croyais en aucune malédiction, marcheurs blancs ou d'ombres de défunts et pourtant je ressentais un poids à l'abdomen. Je n'avais pas peur de ce que je pouvais trouver à l'intérieur mais plutôt de ce que je pouvais y devenir. Après tout je risquais ma vie pour Merlon, lui qui était marié, lui qui serait bientôt père, lui dont la famille ne s'inquiète en rien de sa perdissions. Et moi j'étais l'unique héritier de ma famille, qui n'avait ni dame, ni descendance... Raison de plus pour ne pas mourir si loin de Cendremarc.

Gravissant les marches de bois marquée par le temps, je passais cette porte emprunt d'histoire par son aspect pourri. Je fus saisi par l'odeur du lieu qui rejetait des années d'humidités scellées par cette porte, bien que l'air était glaciale. J'avançais dans ce que je considérais comme le cadavre exquis de Fort Nox, je vis à quelques pieds une lumière faible dansante qui marquait l'entrée d'une pièce. Je m'y dirigeais, ne regardant pas réellement ce qui m'entourait tant j'étais dans mes pensées, tout m'avait semblé si réel. J'entrais dans la chambre où je retrouvais Merlon.


"Alors qu'as-tu découverts mon ami ?"

Codage par Psyko Joke