Le temps d'une Ballade [Pv Jeyne]
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An 300 Lune 5 Jour 14
Assis sur le rebord de pierre j'observais le monde qui était le mien tourner. C'est étrange de voir prendre vie un espace aussi vaste et fortifié qu'une forteresse habitée. Mes pupilles s'affolement et vont de part et d'autres de tout les côtés. J'observais sans un mot mes sujets contribuer à la vie de cette citée. Mon regard perçant s'attardait soudainement sur des enfants entrain de jouer. Instinctivement je me relevais cherchant à m'approcher d'un peu plus près sans me faire repérer. Je descendais les degrés de pierre entreposés formant l'escalier menant jusqu'aux remparts ou j'étais jusqu'ici resté. J'étais à bonne distance laissant mes yeux entrevoir ces deux jeunes garçons se chamailler et se confronter dans un duel enfantin et empreint d'une certaine rivalité. Je me figeais contre une colonne à la paroi froide et rugueuse d'un œil amusé de voir ces gamins jouer et rigoler. L’insouciance des enfants relevait aujourd'hui d'un doux rêve auquel je pensais aiguisant mon esprit pour me rappeler les maintes reprises ou Merlon et moi nous nous amusions ensemble dans des combats confrontant de vaillants et preux chevaliers. L'enceinte de la forteresse abritait une vaste court ou serviteurs et servantes allaient et venaient par une seule et unique entrée dont la herse était relevée à des heures bien définies de la journée. Marchands et négociants se retrouvaient ici même et aux alentours extérieures près des marchés pour y vendre et acheter leurs marchandises et procurer de quoi nourrir et loger convives, invités, famille, amies et autres personnalités. Je pouvais entendre les hennissements des juments et autres montures dont quelques jeunes hongres provenant des écuries. J'écoutais le son de l'eau s'extrayant du puits par l'apprenti du forgeron trop occupé à tambouriner sur l'enclume quelques pièces de métal faisant sonner celle-ci dans un tintement succinct, régulier et précis.
Beaucoup pouvaient trouver tout ce monde bruyant et fatiguant. Moi il me paraissait rassurant et fascinant. Je détournais mes yeux un court instant suivant du coin de l’œil habillement les courtisans me reconnaissant. J'observais leurs sourires, leurs souhaits d'attirer l'attention du maître de ses lieux mais il n'en fut rien. Tout ces yeux me rendaient plus nerveux si bien que je préférais m’éclipser traversant la vaste enceinte rapidement tant je me sentais observer. La vie de lord était ainsi faites mais je n'y trouvais parfois rien de déplaisant à être solliciter et rendre mon jugement plus que nécessaire malheureusement. En cela être garde me semblait aujourd'hui quelques peu reposant. Les bras ballant le long du corps par ma carrure imposante je traversais le corridor me menant à la court intérieure. Un bref signe de main sur mon passage face aux gardes gardant le vestibule et me voici enfin dans un endroit bien plus calme et tranquille.
Mes pas raisonnaient lourdement sur les dalles marbrées et immaculées de blanc. Là encore des silhouettes se faufilaient à travers les couloirs menant aux logis et autres salles de vie ou les escaliers menaient au cellier, caves à vin, cuisine au rez de chaussé. Je pouvais déjà sentir l'heure du déjeuner s'y préparer si bien que je ne préférais pas m'attarder de crainte de ne pouvoir me détacher de l'odeur subtile du miel et des divers sauces mijoter à travers l'âtre de la cheminée grillant et rôtissant un pourceau bien en chair auquel j'allais assurément faire qu'une bouchée. Encore une fois l'alimentation d'un noble en son foyer laissait celui-ci apte à s'engraisser surtout quand il passe son temps le cul assis sur une chaise à écouter des doléances à longueur de journée. Je soupirais m'éloignant lentement mais sûrement entrevoyant la lumière du soleil surplombé le péristyle et illuminer la colonnade extérieure. D'apparence l'on avait du mal à croire que la forteresse vu de l'extérieure pouvait receler de pareils espaces et sites dégageant une certaine forme de beauté architecturale brute mais maîtrisée. De ses vieux jours feu Roland Crakehall avait fait de cette forteresse défensive un lieu de calme et de tranquillité passant des murs d'enceintes, meurtrières et courtines défensives à des vastes jardins estivales entourées de colonnes de marbre ioniques. Des lieux propices à quelques instants de calme. Hors c'est tout ce que je demandais aujourd'hui du calme. C'était sans compter mes quelques loyaux conseillers essayant tant bien que mal à me rattraper pour exiger de moi des discussions longues, interminables et profondément barbantes du matin jusqu'au couché. Voilà toute la raison de ma profonde envie de ne pas me retrouver nez à nez avec l'un d'entre eux plus de quelques secondes encore après tant d'heures à répondre, décider, ordonner et écouter en cette sublime matinée.
Pour dire purement et simplement les choses telles qu'elles étaient et replacées dans leurs contexte je n'étais pas un homme taillé pour diriger ou orchestrer un quelconque bal ou autres joyeuseté, banquets et festivités. Non je n'en avais rien à foutre de tout ce merdier auquel j'avais pris un malin plaisir par le passé de me vanter au combien j'avais de la chance de n'y être qu'invité. Hors désormais j'avais obtenu le statut et les responsabilités de ce genre d'emmerdement alors que j'aurais tout donné pour partir chasser, superviser mes hommes, ou encore guerroyer dans une autre contrée. Je décidais finalement de m'arrêter j'avais pris assez de distance avec mes servants et serviteurs pour leur faire comprendre sans gueuler que je ne voulais pas être dérangé. Je me posais contre le rebord sculpté en pierre passant une main sur mon visage éprouvé et fatigué cachant à moitié ce visage et ma barbe naturellement taillée. Fermant une fraction de seconde mes yeux à la pigmentation céruléenne. je laissais un râle profond remonter de l'intérieur de mon être tout en dessinant un arc de cercle avec mon cou le faisant craquer pour soulager quelques vertèbres. J'inspirais profondément ne pensant strictement à rien ou presque. J'avais envie de rejoindre Malvina dans notre chambre seigneuriale et y passé un moment ensemble. Hors elle n'était pas disposée à se lever préférant se prélasser dans nos draps jusqu'à la fin de la matinée. Je songeais à Addam et Merlon parcourant les terres du Nord à se geler les burnes sur leurs montures et emmitouflés dans leurs épaisses fourrures. Cette image me fit rire et sourire quelques instants imaginant leurs têtes bourrues et sales à dos de cheval rentrant ardemment en leur foyer. Ce que je ne remarquais pas s'était quelque chose, ou plutôt quelqu'un qui s'approchait en ayant aperçu ma présence.
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Le temps d'une balade
An 300, lune 5
Crakehall était bien différente de Falaise. Si Jeyne y retrouvait la Mer du Crépuscule et les reflets dorés du soleil jouant dans la vague, vision qu’elle avait eue si peur de perdre en épousant un Fléaufort pour disparaître à l’intérieur dans terres de l’Ouest, c’était bien la seule et unique chose qui rapprochait les deux fiefs. La forteresse de son enfance était vide et délabrée. Froide et grise. Encerclé d’apiques abrupts, serré entre les montagnes rocailleuses du nord de la région et les falaises plongeant dans l’écume, le château n’était qu’un fantôme, une apparition soudaine entre deux escarpements meurtriers et stériles de tout or. Il y régnait toujours un climat humide aux vents mouillés et pleins de brume qui vous faisaient grelotter, même lorsque vous vous teniez près du feu. La jeune femme avait appris à les apprivoiser. À les aimer, même. Avait-elle eu le choix ? Non. Elle ne s’était d’ailleurs jamais posée la question. Les choses étaient ainsi et elle les avait acceptées.
Or, aujourd’hui, alors que le soleil pâle de l’hiver à venir s’élevait sur les terres fertiles et encore verte de la demeure de son époux, la Ouestrelin se demandait comment elle avait pu rester cachée à Falaise si longtemps. Malgré l’heure matinale, déjà les jardins s’emplissaient petit à petit d’hommes et de femmes richement vêtus, profitant des premières lueurs pour une promenade à la fraîche. Malgré la saison funeste et menaçante qui tous attendaient, l’air était encore doux et clément dans le sud de l’Ouest. Les choses auraient été différentes à Falaise. Elle s’imaginait encore, tremblante sous ses fourrures malgré le feu brûlant dans la cheminée à ses pieds, le visage pincé par les quelques sifflements de vents froids s’infiltrant entre les pierres et les tuiles tombées du toit.
C’est avec l’ombre d’un frisson que dans un geste maternel qui était devenu un réflexe, Jeyne effleura son ventre. Les mestres lui avaient prédit une naissance dans une lune. Elle ne s’était pas attendue à ce que les choses aillent si vite. Pourtant, depuis sa visite à Castral Roc et le banquet donné par les Lannister, les événements s’étaient enchainés si vite qu’elle avait à peine eut le temps de poser les pieds sur terre. Le mariage avec Merlon, l’enfant à naitre, le départ de époux pour le Nord… Un sourire doux-amer fendit son visage d’un triste sourire alors que ses yeux se baissaient vers la bosse rebondie formée par sa robe de grossesse. Elle connaissait le cadet Crakehall depuis des années. Jamais elle ne s’était imaginée devenir sa femme. Pas même une seconde. Depuis son départ pour Port-Réal dans le but de devenir Garde Royal jusqu’aux fiançailles de Jeyne et de Staffon Fléaufort, tout semblait les séparer. Le célibat pour l’un et une union future pour l’autre. Et pourtant, il l’avait demandé en mariage. Son père avait accepté, sans se soucier une seconde des problèmes que cela généreraient pour les Fléaufort. Ce fut Sybille Lépicier, sa mère, qui promit sa jeune sœur Elenya de quelques années sa cadette au Fléaufort pendant qu’un premier mariage était célébré à Crakehall. Jeyne avait toujours craint sa génitrice. Or, aujourd’hui, elle la remerciait. Car grâce à elle, elle avait pu épouser et porter l’enfant d’un homme qu’elle savait loyal et dévoué. S’il l’aimait ? Elle n’en savait rien. Depuis lors union sous les yeux des Sept, ils n’avaient guère eut le temps de faire plus amplement connaissance. Dès l’annonce du Nord attaqué par les sauvageons, il avait pris son cheval et s’en était allé combattre dans la neige, les laissant, elle et lors enfant, seuls à Crakehall.
Avec un soupir las, elle se redressa avec difficulté pour quitter le rebord de la fenêtre. Son ventre l’encombrait la jeune femme se mouvait avec grande difficulté, chaloupant plus que ne marchant. Il lui arrivait également de perdre l’équilibre et de s’essouffler très rapidement, ce dont elle n’avait guère l’habitude. Les domestiques et ses suivantes lui conseillaient souvent de se ménager et le plus souvent, elle obéissait docilement. Mais ce matin, elle avait besoin de se dégourdir les jambes pour oublier ce qu’affrontait son époux dans le Nord. Ce qu’il affrontait et ce qu’il risquait également.
La brise encore fraîche ébouriffa les quelques mèches brunes qui s’échappaient de son chignon tressé. Les jardins de l’imposante demeure étaient, étonnamment, pleins de grâce et d’élégance. Lors de sa première venue à Crakehall, Jeyne avait contemplé la forteresse robuste et brute, pensée avant tout comme une place forte défensive plutôt que comme un lieu agréable et esthétique. Puis, elle avait découvert avec un émerveillement modeste les trésors dissimulés derrière ces murs de pierres, en particulier les longues allées pavées des jardins verdoyants et la forêt lumineuse entourant le château.
Du coin de l’œil, elle aperçut alors un visage familier cheminer non loin d’elle. Elle reconnut sans mal Lyle Crakehall, l’actuel lord du domaine et frère ainé de son époux. Elle avait appris le malheur qui l’avait propulsé en chef de famille, titre qui aurait dû revenir à leur frère ainé décédé, Tybolt. Frère ainé qui les avait trahis et cherchés à les faire assassiner. Jeyne fronça les sourcils à cette pensé. Il lui était impossible d’imaginer que ces lieux si paisibles et si serein aient pu être témoins de tant de violence et de jets de sang fraternels.
Dans sa réserve et sa timidité naturelle, la jeune femme avait encore de grandes difficultés à s’approcher des autres, mais ces neuf lunes passées à vivre avec Lyle et sa nouvelle épouse Malvina l’avaient peu à peu aidée à se laisser apprivoiser. Si au départ le caractère vif et emporté de la Kenning l’avait plongée dans un mutisme discret, craignant de prononcer quelques paroles de travers, elle se sentait de plus en plus à l’aise à ses côtés. Quant à l’actuel lord, son aura dure et austère la rendait difficile à approcher. Pourtant, ce matin là, elle clopinait jusqu’à Lyle, les paumes toujours pressées contre son ventre.
« Lord Crakehall ? » l’appela-t-elle d’une voix timide. « Bonjour… Je ne savais pas que vous étiez matinal. »
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An 300 Lune 5 Jour 14
L’enchevêtrement du lierre autour de certaines colonnes offraient à mon regard cette somptueuse ramure d'une plante grimpante et se profilant au travers de tout les obstacles sans jamais faillir et accroître sa croissance. L'extension poussée à son paroxysme je me laissais m'aventurer sur l'une de ces lianes cherchant à se faufiler et à tracer un chemin tout droit vers des hauteurs inatteignables. Peut être toucheraient elles le ciel de cette longue tige dont la feuille semble si proche d'un poinçon d'une flèche décochée prête à transpercer le firmament. La lumière du soleil illuminait ce lieu auquel je préférais l'ombre fraîchement et légèrement tamisée naturellement formée par les parois et les murs de cette forteresse abritant ma maisonnée.
Quelque chose me sortie de mon état contemplatif bien que l'ouïe fine et les sens aux aguets ne me trahissaient jamais celle-ci, cette présence aussi légère et délicate soit-elle n'avait pu apparaître qu'une fois qu'elle se soit manifestée d'elle même. J'allais de surprise en surprise, découvrant ce visage si jeune, si délicat et fin. Des traits timidement prononcée comme ceux d'une jeune enfant sortant peu à peu de l'enfance telle une jeune fleur s'épanouissant lentement mais sûrement. Mes yeux la contemplèrent elle et nulle autre quoique que mes pupilles s’illuminèrent à la vision de ce ventre rebondissant qui n'était hélas pas de moi. Non je n'avais pas encore cet heureux plaisir de me sentir l'âme d'un futur père bien que je n'aspirais cas agrandir l'arbre familiale moi aussi. Mes yeux passaient de son visage à ses mains apposées contre cette forme ovale et rebondie qui semblait par les sept dissimuler les mystères de la vie.
« Lady Jeyne. »
Déclarais-je lui offrant un sourire accueillant et me redressant plus volontairement et dans un rapide mouvement quelque peu brusque mais qui ne se voulait aucunement effrayant envers la jeune femme que je n’arrivais pas encore à me faire à l'idée qu'elle était belle et bien ma belle sœur.
« On se surprend parfois sois même si l'on ne fait pas attention ou nous mettons nos pieds. » Déclarais-je me penchant légèrement offrant une inclinaison quelque peu bancale pour saluer la jeune lady. Piètre lord que j'étais encore avec ces manières de soldatesque encore bien trop ancrée en moi pour être capable d'offrir une belle révérence à la femme de mon frère. Je laissais mes mains glisser le long de mon buste avant de tirer sur les pans de ce vêtement afin de mieux l'ajuster à ma carrure.
Mes yeux ne pouvaient s'empêcher de lorgner encore et toujours sur ce qu'elle portait en elle comme attirer inexorablement par ce désir que je dissimulais tant bien que mal d'être moi même parent.
« Ne devriez vous pas être entrain de vous reposer ? »
Répondais-je de manière plus taquine qu'autre chose car il ne devait pas être chose aisée que d'être accompagnée à longueur de journée et de supporter tout les serviteurs et servantes autour de sois pour s'assurer que la futur mère ne manque de rien. Mes yeux se plissèrent cherchant à savoir ce qu'elle allait me répondre. La curiosité m'animait à cette heure bien matinale en effet mais le temps dans les contrées de l'Ouest offrait les perspectives d'une belle journée ensoleillée.
« Puis-je ? »
Demandais-je laissant une main s'approcher à certaine distance de sa personne et de cet être qui se dissimulait derrière la robe comme le voile dissimulant un joyau très précieux.
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Le temps d'une balade
An 300, lune 5
Lorsque Jeyne avait la première fois rencontré lord Crakehall, il n’était alors que Lyle, le frère ainé de Merlon et cadet de Tybolt, l’hériter du fief des sangliers. Même s’il n’était pas destiné au statut de seigneur, mais plutôt à celui de soldat et de combattant, il avait toujours dégagé cette aura charismatique de puissance qui aurait pu faire baisser les yeux au plus sanguinaire et violent des hommes. Il avait une réputation dans l’Ouest et probablement dans Westeros. Celui de fine lame aussi brusque qu’implacable. Si la jeune fille était plutôt proche du benjamin des Crakehall et partageait son goût pour le silence et la discrétion, elle était apparue craintive et foncièrement intimidée par la stature du cadet de la fratrie. Plus d’une fois, lorsque ses yeux noisettes avaient croisé les siens, d’un azur pâle, elle avait détourné le regard, inquiète et gênée. Un peu effrayée également probablement. Jamais elle n’aurait imaginé qu’un jour elle puisse faire partie de sa famille et qu’elle pourrait l’appeler son beau-frère.
Son appel l’avait fait relever la tête. Il l’observa un instant. Le silence tranquille dans les jardins et le sifflement paisible du vent des les feuilles et entre les ramures des arbres remplissait le léger blanc qui flottait avant que Lyle ne lui rende son salut. Auparavant, l’ainée des Ouestrelin aurait été embarrassée de se trouver en tête à tête avec un homme, un particulier un qui l’avait tant décontenancée et désemparée. Pourtant aujourd’hui, c’est d’un air avenant et doux qu’elle approchait du lord.
Enfin, c’est avec un sourire qu’il appela son nom et qu’il s’approcha d’elle. Ses gestes légèrement brusques auraient pu la faire sursauter ou la faire reculer d’un pas, mais en neuf lunes, elle avait eu le temps d’observer les tics et les manières de chacun des habitants et des domestiques du château. Aussi, elle n’était plus ni effrayée ni étonnée de le voir avancer à grandes enjambées vers elle. Elle répondit à sa révérence maladroite par une semblable. Son ventre rebondi l’empêchait de faire des gestes plus amples et elle ne parviendrait de toute façon pas à être gracieuse, en particulier dans sa robe de grossesse. Elle se remit tant bien que mal droite avec un léger rictus sur les lèvres. Elle remarqua sans grande difficulté que le regard du lord tombait sans cesse sur les plis tendus de sa toilette par le bébé qui grandissait en son sein. Les mariages des frères Crakehall avaient été annoncés en même temps, lors du banquet de paix organisé à Castral Roc par Tywin Lannister. Les unions officielles s’étaient déroulées dans les semaines qui suivirent et peu de temps après, Merlon était parti pour le Nord, laissant Jeyne seule dans ces murs qu’elle ne connaissait pas. La grossesse avait été révélée une lune après le départ de son époux. Elle avait dû la lui annoncer dans une des nombreuses missives qu’ils s’étaient échangés. Les choses étaient allées si vite. Cependant, pour Lyle et Malvina la naissance de l’héritier ou de l’héritière de la famille n’était pas encore prévu et le ventre de la Kenning restait plat. Il ne faisait aucun doute que son époux se languissait d’un petit garçon ou d’une petite fille.
Jeyne aussi les sourcils au ton malicieux de son beau-frère avant de se fendre d’un petit rire à la fois joyeux et triste.
« Vous êtes vous mis d’accord avec votre frère pour garder un œil sur moi ? » lui demanda-t-elle doucement. « Je croirais entendre les mots qu’il m’a écrit… »
Sa voix mourut alors qu’elle s’imaginait sans mal son mari traçant à l’encre noire de ses doigts frigorifiés les phrases qu’elle lisait si confortablement installée dans leurs appartements de Crakehall. Plus d’une fois, il lui avait décrite les conditions extrêmes dans lesquels il survivait plus qu’il ne vivait. Le froid, la neige, l’obscurité, la peur, l’angoisse… Elle le voyait, tremblant, le visage éclairé par la lueur frémissante et faible d’une bougie, creusant les traits de son visage sale de sueur et de terre. Ses joues creuses se trouvaient alors dévorées par une barbe blonde tandis que ses cheveux tombaient en bataille sur son front blême. Sa paume droite crispée autour de la plume qu’il tenait fermement devait le faire souffrir. Plusieurs fois, Jeyne se réveillait en sueur, cauchemardant d’immensités blanches et infinies synonymes de mort.
« Je ne pense pas qu’une promenade matinale puisse nuire à ma santé et celle de mon enfant, n’est ce pas ? J’avais besoin de marcher un peu, » finit-elle en haussant légèrement les épaules, conservant le côté ingénu qui la caractérisait.
Sa dernière question la surprit. Lui qu’elle avait toujours considéré comme étant si rude et brutal, était-il capable d’une telle douceur et d’une telle délicatesse ? Elle craignit un instant que ses doigts ne laissent leurs marques sur sa peau sans qu’il le fasse même exprès. La jeune femme était si petite et chétive à côté de lui et son enfant à naître était encore si fragile, protégé par son ventre… Puis, elle s’imaginait cette même main tenant une lame rouge dont le sang venait se loger derrière ses ongles carrés avant de se laisser glisser le long de ses doigts. Cet homme avait tué son frère ainé et bon nombre d’ennemis. Lui laisserait-elle ne serait-ce qu’effleurer ce qu’elle avait aujourd’hui de plus précieux ?
Après un court moment d’hésitation, elle finit par écarter les mains qu’elle avait jusque là tenues comme des boucliers autour de son ventre. Jeyne hocha la tête, l’invitant à les toucher tous les deux. Elle fut surprise de la chaleur que sa main dégageait. Puis, elle sentit le bébé gesticuler, réagissant à cette paume étrangère qui le sortait de sa léthargie. Un grand sourire fendit ses lèvres rieuses.
« Le sentez-vous ? » lui demanda-t-elle, ravie.
C’était la première fois en huit lunes que quelqu’un autre qu’elle touchait son ventre. Merlon lui même n’en serait probablement pas capable. Jeyne doutait qu’il soit de retour avant la naissance. Il avait tant de chemin à faire depuis le Mur… Mais cette pensée ne réussit pourtant pas à tenir l’émotion soudaine que faisait à chaque fois naître en elle les mouvements de l’être qui grandissait en elle.
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An 300 Lune 5 Jour 14
La jeune fille était une femme à l'allure encore enfantine parfois mais, on pouvait y voir mûrir une certaine assurance dans son comportement, sa position et son regard. Je ne connaissais pas l’entièreté de son histoire, sa rencontre avec mon jeune frère puis la séparation qui avait entraîné Merlon à s'écarter de ce chemin qui semblait lui être tout désigné. Avait-il préféré suivre son aîné plutôt que de rester et fonder une famille avec lady Jeyne Ouestrelin ? Avais-je autant influencé mon frère dans ses choix et ses décisions de porter l’armure et et les éperons d'or plutôt que d'obtenir l'avale de notre père et obtenir l'étreinte d'une femme aimante chaque nuit ? Avait-il renoncé à la couverture confortable de sa couche pour le manteau blanc de la garde ? Assurément Merlon avait été plus courageux, plus sûr dans ses choix que je ne l'avais été à son âge. Alors que je ne faisais que suivre une voie qui me semblait destinée par ma place dans le cercle familial lui avait toujours choisit de suivre ce qu'il affectionnait le plus. Pourtant je me doutais bien que ma disparition des murs d'enceinte de Crakehall depuis mon enfance à Castral-Roc avait participé à cette façon de voir les choses. En épiant subtilement cette jeune femme qui devenait de plus en plus femme maintenant que j'observais ce ventre rebondis derrière ce large pan de tissu portant le fruit de cet union qui semblait aujourd'hui l'une des meilleures choses pouvant arriver à mon frère. Je l’espérais au fond de moi même. Nous vivons dans un monde dangereux et malgré tout il cherchait encore à prouver sa valeur pour une raison qui lui semblait bien plus propre désormais. Ma condition de lord faisait désormais de moi un acteur décisionnaire de l'avenir de notre maison et même si j'appréciais cet aspect de ma nouvelle vie à rester auprès ma famille il était hors de question que je m’encroûte faute de combat. Je trouvais pourtant que les responsabilités me sciaient bien mieux après quelques temps à tâtonner et à apprendre de mes conseillers bien qu'il manque l'avis de mes plus fidèles alliés aujourd'hui partie en mission au nom d'une reine qui avait encore besoin par les temps qui courent d'être plus que soutenue. Maintenir une cohésion de paix n'était pas chose aisée j'allais assurément l’apprendre à mes dépends.
Ses paroles me firent élargir un sourire que je teintais d'une certaine satisfaction personnel. Après tout n'étions pas frères pour rien et nous avions vécu la majeur partie de notre vie l'un avec l'autre. Je jetais mon regard vers l'horizon fixant la masse rocheuse des pierres constituant l'un des nombreux mur de la forteresse. La plissure de mes lèvres restait intact et mes yeux balayaient les lieux apaisant et reposant qu'ils étaient entouré du mur d'enceinte tout paraissant si calme.
« Il y a sans doute un peu de lui en moi. » Déclarais-je subtilement en plissant mes yeux et lui jetant un vif regard de mes pupilles céruléennes avant de poursuivre. « Et inversement, bien sûr. Je lui est promis de veiller sur vous et mon futur neveu ou ma nièce. Vous faites partie de ma famille lady Jeyne y'at-il plus important en ce monde ? » Terminais-je alors qu'elle m'autorisait à apposer ma main sur elle et son enfant bien au chaud et à l'abri en son sein. C'était une sensation étrange, ma demande aussi devait lui paraître aux premiers abords curieuse. Hélas je n'avais pas encore la chance et elle devait s'en douter d'avoir moi même un enfant à naître. Bien entendu j'étais enthousiaste à voir celui de mon jeune frère naître et pouvoir aider ma belle sœur dans cet instant difficile qu'il y aura à traverser. Cela devait être angoissant de se sentir si entourée et ne pas pouvoir sentir la présence de la personne qui nous est la plus cher dans pareil événement. Je ressentais l'importance qu'elle portait à ce premier enfant quand je lui avais demandé si je pouvais toucher son ventre. Il y avait quelque chose d'intimidant et quelque peu osé car après tout je n'étais pas Merlon, son époux. Les mouvements de l'enfant se firent sentir plutôt lent au premier contact puis d'un seul coup bien plus virulent. Mes yeux et mon visage s’illuminèrent face à cette sensation unique qu'elle partageait peut être pour la première fois avec quelqu'un d'autre. « Oui, le bébé semble en pleine forme. » Lui répondais-je retirant ma main pour me délivrer de cette emprise magique à laquelle je n'avais pas droit, pas encore en tout cas. Je lui offrait mon bras l'invitant poliment à l'accompagner dans cette promenade matinale et prendre le temps d'en apprendre un peu plus sur elle et sur sa vie à Crakehall. « Laissez moi vous accompagner un moment lady Jeyne. » Déclarais-je me postant à son côté toujours le bras prêt à être saisit par celle-ci.
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An 300, lune 5
Les coups de pieds d’abord timides puis plus confiants remuant dans son ventre la ravissait. Jeyne ne cessait d’être émerveillée par l’enfant qui grandissait. La jeune fille était alors persuadée qu’il n’existerait pas de bébé plus robuste. Peut-être même l’était-il plus qu’elle. Plus d’une fois, elle s’était observée dans l’imposant miroir qui trônait sur sa coiffeuse que la famille Ouestrelin lui avait fait parvenir après son départ de falaise pour Crakehall. À chaque fois, le reflet qu’elle observait était celui d’une fille pas encore femme, mais n’était pas non plus une adolescente. Elle avait du mal à accepter ce visage encore enfantin qui lui donnait l’air d’être beaucoup trop jeune pour être mère. Sa propre génitrice paraissait-elle si jeune lorsqu’elle avait donné naissance à son frère ainé ? L’épouse de Merlon avait été encore trop jeune pour sa souvenir de l’état de Sybille Lépicier lorsqu’elle avait donné naissance à sa cadette, mais elle se rappelait nettement d’elle lors de sa grossesse pour Rollam. Elle avait été beaucoup plus âgée, plus confiante et plus distinguée. Déjà femme et participant activement à la gestion du fief de son mari, elle était une épouse et une mère confirmée. Elle imposait alors respect et honneur, son visage marqué par ses trois précédentes maternités parlant pour elle. Jeyne n’avait qu’elle comme modèle. Et elle était loin de l’atteindre, elle qui se voyait encore comme une fillette empotée et rougissante, malgré ses tentatives pour affirmer son caractère.
L’accouchement l’angoissait. Les cris de sa mère lors de la naissance de son plus jeune frère résonnait encore dans sa tête comme si l’événement n’était arrivé que la veille. Elle ne pouvait alors que s’imaginer la douleur et la souffrance qui déchirait ses entrailles. Bientôt, cela serait son tour. Lady Ouestrelin était une femme de constitution robuste, à la carrure imposante et bien bâtie. Elle se vantait d’ailleurs souvent de son aptitude physique à donner la vie, bénéficiant de hanches larges et de jambes puissantes. Sa fille aînée quant à elle était loin de lui ressembler. Frêle et délicate, elle avait parfois du mal à se tenir debout et le poids de son ventre la faisait se cambrer si violemment pour être droite qu’elle en éprouvait parfois les plus délicates douleurs. En ce qui concernait ses hanches, elle n’était malheureusement dotée que d’une paire étroite qui ne rendrait l’accouchement que plus difficile. Si sa mère avait tout de même souffert, malgré les bénéfices de son corps, qu’attendrait Jeyne lorsque le bébé déciderait de voir le jour ? Elle n’osait y penser maintenant.
Les traits de lord Crakehall se détendirent et un sourire s’invita même sur ses lèvres lorsqu’il sentit l’enfant bouger. Sa bonne humeur était communicative et la jeune fille en sourit également. Lui qui était d’ordinaire si sévère et si bourru, il était si rare de le voir s’éclairer ! Mais sa belle-sœur ne le connaissait en somme que très peu. Peut-être qu’une fois leurs deux présences habituées l’un à l’autre, chacun s’ouvrirait peu à peu ? Tout était toujours question de s’apprivoiser et de se comprendre.
« Aurait-il pu en être autrement ? Je suis si couvée… » sourit-elle sans aucun reproche.
Il était vrai que depuis le départ de Merlon, les domestiques et les servantes de Crakehall étaient aux petits soins avec elle. Elle soupçonnait même son époux d’avoir donné des ordres dès son départ et qu’il en avait instauré de nouveau après avoir reçu les nouvelles de sa grossesse. De cela, il n’avait rien dit, mais Jeyne s’en doutait.
Lyle lui proposa son bras qu’elle saisit bien volontiers. La cambrure de son dos en fut instantanément soulagée et elle ne prit même pas le temps de rougir ou d’être intimidée face à cette soudaine proximité.
« Je me suis mise en tête de me promener sans vraiment savoir où j’allais… » avoua-t-elle dans un sourire gênée. « En neuf lunes, je n’ai pas encore eu le temps de me faire aux jardins de Crakehall. Tout est beaucoup plus grand qu’à Falaise. »
Plus grand et plus beau également. Mais elle n’en dit rien, ne voulait porter préjudice à sa famille ni dire du mal d’elle dans son dos. Après tout, elle avait également appris à aimer ce château en ruines, les petits jardins modestes ainsi que les alentours nus à force d’être balayés par les vents marins.
Elle se laissa guider et apprécia silencieusement le fait que son beau-frère adapte sa démarche à la sienne. Il était évident que ses grandes jambes étaient forcées à piétiner pour éviter de la devancer ou de l’entraîner au petit trot. Dans tous les cas, Jeyne n’aurait pas pu suivre. Ses yeux admirèrent les arches de pierres grises ouvrant sur les sentiers de terre battue bien entretenus. Du lierre vert courrait sur les murets. Des roses encore en bourgeon, scintillantes de la rosée du matin ne tarderaient pas à éclore. Il lui était difficile d’imaginer que dans quelques temps, la neige de l’hiver ensevelirait tout. Elle qui n’avait encore jamais connu cette saison tant redoutée…
« Oh et vous avez raison à propos de la famille. Il n’y a rien de plus important, » acquiesça-t-elle.
Ses yeux noisettes se levèrent vers lord Crakehall.
« Je souhaitais vous remercier à ce propos. Vous m’avez si bien accueillie parmi vous, j’ai été traitée avec tant d’égards… Je suis ravie de faire désormais partie de la famille Crakehall. Il me semble que je n’aurais pu être plus heureuse. »
Même si les débuts avec Malvina avaient été délicats, sa belle-sœur étant si confiante, si vive et si brusque, elles avaient toutes les deux réussies à se connaître, malgré leurs personnalités si différentes. Jeyne était depuis toujours facilement intimidée et avait tendance à s’effacer lorsqu’un caractère plus fort venait à la supplanter. Pourtant, aujourd’hui, il lui semblait être parvenue à un équilibre harmonieux.
« Je voulais également vous remercier personnellement, lord Crakehall. Vous êtes toujours si prévenant et agréable envers moi… Même si Merlon ne m’a jamais rien avouée, vous venez de le faire et je suis contente que vous gardiez un œil sur moi. Je suis tellement maladroite que je me demande quelques fois comment je parviens à m’occuper de moi même. »
Elle étouffa un petit rire mêlant gêne et humour en baissant les yeux. Elle voulait faire part de sa gratitude auprès des Crakehall depuis longtemps sans avoir trouvée si la force ni le courage de la faire. Cette promenade matinale était le moment idéal. Jeyne n’avait d’ailleurs même pas cherché à faire tourner l’idée dans sa tête de crainte que sa timidité ne prenne le dessus.
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An 300 Lune 5 Jour 14
La nature est bien faite pensa t-il alors qu'il avait été aveugle pendant tant d'années de part et d'autres des contrées chevauchant et protégeant celui qu'il avait juré de servir au péril de sa vie. Le contraste de ce quotidien et de son passé était flagrant à ses yeux le frappant de part et d'autres durant des jours, des semaines et des mois entiers. Son esprit lui restait figé dans cette forme d'intemporalité flottante lui faisant penser encore par moment qu'il n'était pas à sa place. Malgré cela il restait assuré que ce sentiment n'était que passager et qu'il s'estomperait avec le temps comme la mémoire finalement. Son visage aux traits aussi singuliers que doux rendait cette journée plus duveteuse et apaisante bien que le petit être blottit bien au chaud dans son ventre s'attelait à démontrer le contraire. Lyle admirait silencieusement avec ce regard brillant qui ne le quittait pas. À dire vraie il y avait toujours cette forme d'étincelle, de curiosité qui imprégnait son œil face à toutes les choses que le monde avait à lui offrir. Derrière ses allures de combattant abrupt, sanguinaire et ce personnage grossier et râleur le sanglier devenu lord semblait plus apte à vivre la paix que de guerroyer pour la préserver. Il se doutait que la jeune ouestrelin de naissance en avait sans doute entendu parlé au travers de Merlon. En cela il ne pouvait changé l'avis des gens sur ce qu'il incarnait ni sur ses actes ni sur son passé. Cela faisait partie intégrante de lui et l'ancien garde-royal ne percevait pourtant pas d’animosité ni de peur auprès de lui ce qui était encourageant.
Ses paroles se voulaient rassurantes, leurs conversations allaient bon train. Elle accepta l'invitation et tout deux commencèrent à marcher à travers les jardins. « Je vous comprends Jeyne, il m'arrive encore moi aussi de m'égarer. » Confessais-je alors que je restais attentif à l'allure que nous impulsions tout deux pour avancer. Crakehall était mon foyer et en ma mémoire il était un lieu intemporel et profondément ancrée dans mon dos et figé attendant mon retour de Castral-Roc après ma formation d'écuyer. « J'ai passé mon temps à voyager et vivre éloigné de mon foyer ces trente dernières années. Vous vous y habituerez j'en suis sûr. » Déclarais-je laissant un léger sourire s'étendre sur mes lèvres légèrement abîmées. Après tout tout cela n'était qu'une forme d'habitude à laquelle nous serions tous confrontés et Malvina elle même devait parfois se sentir tout aussi perdue que Jeyne si se n'était pas plus encore. J'écoutais sans dire mot, mes yeux se plongeant et se braquant sur cette silhouette bien plus menue de poids et de taille à mes côtés. J'avais passé le plus clair de mon temps à entendre des ordres, les exécuter et à être entouré de décisionnaires et d’exécuteurs préservant la paix ou déversant la colère d'un roi sans jamais me préoccuper de ce qui était peut être juste ou non de faire. Agir de façon impartiale était une chose que je savais faire mais au fil du temps et des liens se tissant et s'entrelaçant la nature humaine se mêlant à notre jugement ne pouvait rendre un homme foncièrement bon ou mauvais. Aux côtés de Jeyne et des membres de ma famille cette impartialité n'existait plus, elle n'avait pas lieu d'être car je serais prêt à prendre les armes, à pourfendre de ma lame chaque obstacle me privant de mon frère, des femmes qui nous chérissaient et vivaient à nos côtés. « Je dois bien cela à la femme qui accapare depuis si longtemps l'esprit de mon jeune et têtu de frère. » Lançais-je riant légèrement en repensant à toutes ces fois ou Merlon rêvassait de cette lady inaccessible qu'il avait pourtant décidé d'aimer et un beau jour laisser dans son sillage pour venir revêtir le manteau immaculé d'un blanc tacheté du sang des ennemis de la couronne. Finalement le destin nous souriaient belle et bien à tous. Nous avions ce que nous voulions secrètement chacun de nous et peut être obtiendrions nous bien plus encore.
« J'ai chargé Addam Marpheux d'accompagné votre époux. En l’occurrence il lui sert plutôt de garde rapproché mais c'est un ami fidèle et il veillera sur Merlon. » Poursuivais-je me voulant rassurant sur cette idée fantasque que le jeune frère Crakehall avait eut à participer à la répression des sauvageons envahissant le Nord de Westeros. Je savais que les corbeaux étaient souvent destinés à entretenir un lien entre ma belle sœur et mon frère et que chacune de ses réponses devaient entretenir l'apaisement en son cœur mais l'incertitude guette toujours l'esprit d'une jeune femme si rapidement mariée et portant l'enfant d'un père délibérément absent. Mes paroles participaient à garder la sérénité et le courage dont elle faisait preuve à cet instant à mes côtés. « Pour votre bien et celui de votre enfant essayé de ne pas trop y penser. » Terminais-je alors que je préférais taire les remerciements qu'elle m'offrait trop modeste, humble ou normal tout simplement à mes yeux. « Nous veillons les uns sur les autres c'est ce que nous faisons, c'est cela être une famille. » Terminais-je continuant de me promener en sa compagnie.
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An 300, lune 5
L’ancienne Ouestrelin laissa un petit sourire fendre son visage lorsque son beau-frère prétendit lui aussi se perdre dans sa propre forteresse. Il ne faisait aucun doute que l’homme tentait de se montrer agréable car Jeyne ne crut pas une seule seconde que ses pas puissent se perdre à travers ces jardins et ces allées ombragées qui l’avaient vu naître et grandir. Certes, Merlon lui avait parlé de son écuyage à Castral-Roc et les deux frères avaient quitté l’Ouest durant le temps où tous les deux arboraient la cape et l’armure blanche de Gardes Royaux de Rhaegar Targaryen, mais il était impossible d’oublier les couloirs et les méandres du château que ses jambes d’enfant avaient parcouru de long en large et en travers. La jeune femme n’oublierait jamais Falaise quand bien même n’y retournerait-elle pas durant vingt ou trente ans. Elle en était persuadée. De mémoire, elle se souviendrait de chaque virage, de chaque pièce, de chaque morceau de mur écroulé et sur quelles pierres il lui fallait poser les pieds ans les étages pour éviter de finir d’écrouler l’ancienne bâtisse. Elle se rappellerait de ses rires ainsi que ceux de ses frères et de sa sœur.
Le Crakehall la rassura et elle ne put qu’hocher la tête. Elle s’habituerait certainement. L’adaptation avait toujours été une qualité qui lui avait fait défaut. Comment devait-elle parler dace à des inconnus ? Comment devait-elle se comporter ? Incapable d’être naturelle et à l’aise, elle s’était de trop nombreuses fois trouvée à sourire sans vraiment trop savoir pourquoi et à rougir à chaque mention de sa présence. Mais aujourd’hui, il lui semblait déjà avoir changé. Elle n’était plus une petite fille bredouillante. Elle était mariée, elle attendait un enfant. Elle devait se montrer à la hauteur de ce que sa nouvelle famille, de ce que son époux attendait d’elle. Aurait-elle pu, il y a un ou ou bien deux, converser de la sorte avec le nouveau lord de Crakehall, pourtant intimidant et foncièrement imposant ? Certainement pas. Mais elle avait mûri, elle avait appris à le connaître et elle s’était laissée apprivoiser autant qu’elle l’avait apprivoisé. Il lui semblait avoir réussi le même tour de force avec Malvina, une personnalité pourtant bien plus affirmée que la sienne. Petit à petit, elle avait trouvé sa place dans ce fort si différent de Falaise.
Un léger hale rouge vint cependant colorer légèrement ses joues encore rondes d’enfance et ses tempes pâles. Merlon avait-il si longtemps pensé à elle comme le dévoilait aujourd’hui son frère ? Naïve et encore jeune, la brune n’avait jamais identifié ce sentiment si particulier qu’elle éprouvait à chaque fois que le cadet des Crakehall posait les yeux sur elle, persuadée que sa gêne naturelle parlait pour elle. Sa loyauté envers les Targaryen et sa volonté de célibat avait tué ses espoirs avant même qu’ils n’existent véritablement. Ce n’était que lors du buffet organisé par les Lannister et la proposition d’alliance de son époux qu’elle s’était enfin rendue compte de ce qu’elle éprouvait depuis des années déjà.
Le rire tonitruant de son beau-frère lui en arracha un, légèrement gêné, mais profondément heureux.
Il lui rappela la présence d’Addam Marpheux aux côtés de son mari, perdu dans la neige du Nord. S’il tenta de l’apaiser par cela, avançant les qualités aux combats du jeune homme, cela eut presque l’effet inverse sur la Ouestrelin. Le Marpheux était une de ses bonnes connaissances, qu’elle n’osait pas encore considérer comme un ami, à l’inverse des Crakehall, mais qu’elle avait assez côtoyé pour apprendre à le connaître et à l’apprécier. La simple idée qu’il puisse faire du Mur son cercueil la faisait se sentir faible. Elle ne laissa cependant rien transparaître, même si elle se sentit un peu plus peser contre le bras du blond.
« J’ai confiance en ser Addam, » affirma-t-elle. « J’ai confiance que lui et mon époux rentreront sains et saufs. »
Elle ne tentait pas de se convaincre en disant cela. Elle le pensait réellement, même si elle ne pouvait pas s’empêcher de se ronger les sangs. Les pires images venaient hanter son esprit lorsque, la nuit, son esprit se permettait de divaguer avant d’être emporté par le sommeil.
« Il est difficile de ne pas se laisser happer lorsque je lis les mots alarmants que m’envoie Merlon… Mais vous avez raison. Je dois avant tout penser à lui. »
Ses yeux tombèrent sur son ventre proéminent et sa main gauche vint effleurer le tissu de sa robe.
« Nous veillons les uns sur les autres, » répéta-t-elle en levant le visage vers le frère de son mari.
Elle ne pensait pas être capable de veiller ni sur Lyle, ni sur Malvina qui étaient tout deux capables de se défendre, ils avaient fait leurs preuves. Cependant, ils pouvaient compter sur elle et sur sa famille pour honorer l’alliance avec les Ouestrelin. Quant à son fils ou à sa fille qui grandissait dans son ventre, elle ferait tout pour le ou la protéger. Elle était certaine d’être à la hauteur de cette nouvelle tâche qui lui incomberait désormais. Celle d’être mère.
Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Le temps d'une balade
An 300, lune 5
L’ancienne Ouestrelin laissa un petit sourire fendre son visage lorsque son beau-frère prétendit lui aussi se perdre dans sa propre forteresse. Il ne faisait aucun doute que l’homme tentait de se montrer agréable car Jeyne ne crut pas une seule seconde que ses pas puissent se perdre à travers ces jardins et ces allées ombragées qui l’avaient vu naître et grandir. Certes, Merlon lui avait parlé de son écuyage à Castral-Roc et les deux frères avaient quitté l’Ouest durant le temps où tous les deux arboraient la cape et l’armure blanche de Gardes Royaux de Rhaegar Targaryen, mais il était impossible d’oublier les couloirs et les méandres du château que ses jambes d’enfant avaient parcouru de long en large et en travers. La jeune femme n’oublierait jamais Falaise quand bien même n’y retournerait-elle pas durant vingt ou trente ans. Elle en était persuadée. De mémoire, elle se souviendrait de chaque virage, de chaque pièce, de chaque morceau de mur écroulé et sur quelles pierres il lui fallait poser les pieds ans les étages pour éviter de finir d’écrouler l’ancienne bâtisse. Elle se rappellerait de ses rires ainsi que ceux de ses frères et de sa sœur.
Le Crakehall la rassura et elle ne put qu’hocher la tête. Elle s’habituerait certainement. L’adaptation avait toujours été une qualité qui lui avait fait défaut. Comment devait-elle parler dace à des inconnus ? Comment devait-elle se comporter ? Incapable d’être naturelle et à l’aise, elle s’était de trop nombreuses fois trouvée à sourire sans vraiment trop savoir pourquoi et à rougir à chaque mention de sa présence. Mais aujourd’hui, il lui semblait déjà avoir changé. Elle n’était plus une petite fille bredouillante. Elle était mariée, elle attendait un enfant. Elle devait se montrer à la hauteur de ce que sa nouvelle famille, de ce que son époux attendait d’elle. Aurait-elle pu, il y a un ou ou bien deux, converser de la sorte avec le nouveau lord de Crakehall, pourtant intimidant et foncièrement imposant ? Certainement pas. Mais elle avait mûri, elle avait appris à le connaître et elle s’était laissée apprivoiser autant qu’elle l’avait apprivoisé. Il lui semblait avoir réussi le même tour de force avec Malvina, une personnalité pourtant bien plus affirmée que la sienne. Petit à petit, elle avait trouvé sa place dans ce fort si différent de Falaise.
Un léger hale rouge vint cependant colorer légèrement ses joues encore rondes d’enfance et ses tempes pâles. Merlon avait-il si longtemps pensé à elle comme le dévoilait aujourd’hui son frère ? Naïve et encore jeune, la brune n’avait jamais identifié ce sentiment si particulier qu’elle éprouvait à chaque fois que le cadet des Crakehall posait les yeux sur elle, persuadée que sa gêne naturelle parlait pour elle. Sa loyauté envers les Targaryen et sa volonté de célibat avait tué ses espoirs avant même qu’ils n’existent véritablement. Ce n’était que lors du buffet organisé par les Lannister et la proposition d’alliance de son époux qu’elle s’était enfin rendue compte de ce qu’elle éprouvait depuis des années déjà.
Le rire tonitruant de son beau-frère lui en arracha un, légèrement gêné, mais profondément heureux.
Il lui rappela la présence d’Addam Marpheux aux côtés de son mari, perdu dans la neige du Nord. S’il tenta de l’apaiser par cela, avançant les qualités aux combats du jeune homme, cela eut presque l’effet inverse sur la Ouestrelin. Le Marpheux était une de ses bonnes connaissances, qu’elle n’osait pas encore considérer comme un ami, à l’inverse des Crakehall, mais qu’elle avait assez côtoyé pour apprendre à le connaître et à l’apprécier. La simple idée qu’il puisse faire du Mur son cercueil la faisait se sentir faible. Elle ne laissa cependant rien transparaître, même si elle se sentit un peu plus peser contre le bras du blond.
« J’ai confiance en ser Addam, » affirma-t-elle. « J’ai confiance que lui et mon époux rentreront sains et saufs. »
Elle ne tentait pas de se convaincre en disant cela. Elle le pensait réellement, même si elle ne pouvait pas s’empêcher de se ronger les sangs. Les pires images venaient hanter son esprit lorsque, la nuit, son esprit se permettait de divaguer avant d’être emporté par le sommeil.
« Il est difficile de ne pas se laisser happer lorsque je lis les mots alarmants que m’envoie Merlon… Mais vous avez raison. Je dois avant tout penser à lui. »
Ses yeux tombèrent sur son ventre proéminent et sa main gauche vint effleurer le tissu de sa robe.
« Nous veillons les uns sur les autres, » répéta-t-elle en levant le visage vers le frère de son mari.
Elle ne pensait pas être capable de veiller ni sur Lyle, ni sur Malvina qui étaient tout deux capables de se défendre, ils avaient fait leurs preuves. Cependant, ils pouvaient compter sur elle et sur sa famille pour honorer l’alliance avec les Ouestrelin. Quant à son fils ou à sa fille qui grandissait dans son ventre, elle ferait tout pour le ou la protéger. Elle était certaine d’être à la hauteur de cette nouvelle tâche qui lui incomberait désormais. Celle d’être mère.
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