Tell me | ft. Margaery [flashback]

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Loras & Margaery
Peu importe où il logeait,  sa chambre sentait l'encens. Une odeur un peu fleurie, un peu dure. Il aimait sentir ses sens chatouillés, dérangés. Si à Hautjardin il pouvait se passer de cette fragrance importée - les jardins suffisaient à remplir leur fonction de parfum naturel - , c'était tout autre à Port-Réal. Il avait eu du mal à s'habituer à cette odeur qu'il ne savait décrire. Un mélange d'un peu n'importe quoi, une salade macédoine tout comme les gens qui y habitaient. Il était déjà passé à Port-Réal, avant. Ce n'était pas nouveau. Il y avait fait des duels, avait été amené en visite par son père et sa mère avec toute sa fratrie, mais il n'y avait jamais logé bien longtemps. Tant que sa sœur aurait affaire ici, il resterait ici. Sauf s'il lui fallait retourner pour une telle ou telle raison dans le Bief.  S'il devait protéger sa sœur comme il le pouvait, il devait également honorer son père. Ce dernier refusait catégoriquement que sa fille reste seule trop longtemps, uniquement avec sa grand-mère et quelques cousines (il n'était pas particulièrement sécuritaire pour deux ladies de voyager seules, de plus le pauvre homme  se montrait craintif depuis l'attaque des Baratheon sur Port-Réal. Il n'y avait probablement rien à craindre d'autres gens pour l'instant, mais il ne fallait faire confiance à rien ) et, de toute façon, elle nécessitait un chevalier. Il l'avait choisi, lui, et non Garlan ( la compétition n'était pas bien forte, Willos étant éliminé d'office ).  C'était un honneur.

Sa sœur, apparemment, était là pour un type nommé Viserys. Il savait de nom qui il était, mais il ne l'avait jamais rencontré ( il n'en avait pas encore eu l'occasion ) et il ne savait même pas encore ce que sa sœur pouvait ressentir à son propos. D'ailleurs, ça le rendit un peu nerveux. Il se mordilla délicatement le petit doigt, ; la joue appuyée sur son poing fermé, le coude déposé sur la table en bois . Il ne savait même pas si cet homme était bon envers les demoiselles. Il savait les hommes et leurs ruses. Il n'avait qu'un an de plus que Margaery, mais il en avait vécu des choses, le jeune homme. Margaery aussi, probablement, mais il s'entêtait à penser « brother knows best ». Le chevalier passa une main dans ses bouclettes blondes, entortillant l'une d'elles autour de son index. À la main droite, il tenait un stylo plume comme il s'attardait à l'écriture d'une lettre adressée à son père. Sa grand-mère l'avait probablement déjà fait ( surtout qu'il s'y prenait particulièrement en retard ), mais ce n'était pas si grave ; il avait probablement des choses différentes à raconter à son père. Le voyage s'était bien déroulé. Deux semaines à dos de cheval, des arrêts à certains moments pour éviter l'épuisement ( ils étaient généralement bien accueillis ) et ils étaient finalement arrivés à Port-Réal en un morceau, lui et les autres envoyés des Tyrell. Il tapota la pointe de sa plume sur la table, d'une façon particulièrement rythmique. Il fini par rouler le parchemin et le sceller rapidement dû sceau en cire  des Tyrell. Il  s'empressa de se lever, sans pousser sa chaise ( habitude qu'on lui reprochait toujours à Hautjardin ).

Il alla s'accouder à la fenêtre, observant attentivement la vie qui suivait son cours. Les gens étaient beaux. Le ciel bleu clair en était probablement pour quelque chose. Il aimait toujours l'accueil qu'il recevait ici. « Chevalier des fleurs », qu'on l'appelait. Parfois admiratif, parfois en moquerie car il n'avait clairement pas l'air d'un chevalier digne de ce nom. Sans l'avoir vu se battre, on lui disait souvent de retourner à ses fleurs et son thé, mais il s'en moquait. Il aimait se retourner et sourire à ces filles dont le respect échappait lorsqu'elles lançaient un « Ser Loras ! » enthousiaste. Il leur tenait compagnie, les couvrait de compliments, s'enthousiasmait à son tour lorsqu'elles complimentaient ses habits, ses boucles d'or ou son maniement de l'épée. Qu'elles soient de jeunes filles du peuple ou de jeunes nobles, il s'en fichait. Il était comme ça, Loras , avec sa personnalité acidulée. Il avait tout ça dans le Bief, mais ailleurs ce n'était pas pareil.  

Son regard vert se posa sur une chevelure de couleur semblable à la sienne. Il n'avait pas à voir son visage que son cœur encore jeune s'emballait. Elle était jolie sa petite sœur, elle était un diamant.  Il aurait voulu crier son nom par la fenêtre, lui faire signe, comme il le faisait quand il était plus jeune, mais il fallait bien se tenir. En haute société, on ne pouvait pas tout faire. C'était les inconvénients. Il espérait qu'elle vienne le voir, mais il se doutait bien qu'elle avait des choses probablement plus importantes. Il ne pouvait pas le lui reprocher, il profitait également de ce passage à Port-Réal. Essentiellement pour socialiser, mais tout de même.  

Il soupira doucement, un petit sourire doux aux lèvres.
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Assise dans les jardins de Port-Réal, la jeune rose regardait le peuple se masser en contrebas. Ils étaient si insouciants, comme si rien ne changeaient dans le monde. Ils n’avaient aucune idée de la violence, des jeux qui le trône de fer faisaient naitre. L’espace d’une seconde, Margaery les jalousa. Comme toujours, comme à chaque fois que certain avait ce qu’elle désirait. La tranquillité, l’assurance que tout irait bien. Ils avaient peut-être à lutter mais une fois leurs assiettes remplies, les difficultés de leurs vies étaient bégnines. Et pourtant… N’avait-elle tout ce qu’elle avait toujours désiré ? Presque. Il ne manquait qu’une pierre à l’édifice qu’elle avait bâti, aidée des Tyrell qui pourtant ne pouvaient maintenant plus rien pour elle. L’amour ne s’inventait pas. L’amour ne s’obligeait pas. La richesse créait les alliances. Mais ce n’était ce qu’elle désirait. Le roi pouvait avoir celle qu’il voulait. Le roi pouvait faire ce qu’il voulait. Elle le refusait. Il ne devait voir qu’elle.

Elinor parlait, un blabla incessant qui n’avait de fin et qu’elle n’écoutait déjà plus. Un troubadour lui comptait fleurette depuis bien des jours et elle se laissait petit à petit tomber dans ses bras. La rose du Bief posa ses yeux sur elle, le regard vide avant de porter à ses lèvres un gâteau aux fleurs, importé spécialement pour elle par les siens. Elle savoura les goûts, l’explosion sur ses papilles, si agréable. La blonde continuait de parler et Margaery leva les yeux au ciel, signe que sa cousine ne comprit pas immédiatement. Mais devant le silence de sa confidente, elle finit par se taire, levant un sourcil parfaitement tracé.

Tu es distante aujourd’hui cousine. Je sens bien trop de tracas dans ton petit cœur. Viserys encore ?

La question resta sans réponse. Viserys. Un nom qui voulait tant dire. Le pouvoir, la puissance, le rêve de toute une vie. Pendant une seconde, la rose se demanda si c’était la meilleure des idées. Beaucoup la disait déjà manipulant le roi, étant à l’origine de sa prise de pouvoir. Elle chuchotait dans son oreille, c’était certain. Mais elle n’était pas tout. Elle ne le contrôlait pas autant que les rumeurs le glissaient. Elle aurait tant aimé. Ce n’était pour l’instant que des brides. Le goût de ses lèvres fit naitre un sourire sur les siennes alors qu’elle portait ses doigts à ses dernières.

-Tu sais que ton frère est ici Margaery ? Loras. Il a déjà fait tourner bien des têtes. Margaery ? Tu m’écoutes ?

Le silence lui répondit. La rose détourna le visage avant de finalement se lever. Tu m’ennuie Elinor. Je sais encore ce que je fais, je sais parfaitement que Loras est ici. Et j’irais le voir quand j’en éprouverai le besoin. Dois-je te rappeler que tu n’es que ma dame de compagnie ? Elle tourna alors les talons, sans plus un seul regard, laissant la Tyrell en plan.

Ses jambes la menèrent d'elle-même jusqu'au Donjon Rouge, où son frère devait surement se trouver et peut-être l'attendre. La rose ne pouvait mentir, Loras lui avait terriblement manqué. Elle voulait le voir, se blottir dans ses bras, lui raconter tout ce qui l'obsédait en ce moment. Lui parler de Viserys, des peurs qui la consumaient quant au roi. Elle tombait sous son charme, elle qui s'était pourtant jurée de ne plus jamais tomber amoureuse. On lui avait suffisamment brisé le coeur. Et pourtant voilà qu'elle sombrait dans les yeux d’améthyste qui la hantaient. Voilà qu'elle se laissait de nouveau happer.

Elle trouva la chambre de son frère sans difficulté, se laissant guider par les gardes. Sa robe verte glissait sur le sol, découpant sa silhouette fine et mettant en avant ses formes déjà bien généreuses. Ses lèvres s'étirèrent sur un sourire qui n'était pas apparu depuis longtemps. Port Réal avait beau être magnifique, il lui manquait la beauté de HautJardin. Sa main se referma en poing et elle toqua, emplissant ses poumons d'un bonheur pur et de l'odeur d'encens qui s'échappait de la chambre de Loras. Il était là, ce frère qui aurait pu être son jumeau. Il était si proche.

Elle entra et couru dans ses bras, sans la moindre retenue, comme si elle était redevenue enfant. Ici, personne ne les voyaient. Ici, les murs avaient beau avoir des oreilles, elle se sentait en sécurité. Elle pouvait abandonner son masque de givre et ses sourires faux. Simplement être entière avec ce frère qu'elle aimait tant.

[color=#66cc99]Tu m’as manqué Loras. Tellement. Tu dois avoir des centaines de choses à me raconter. Comment se porte notre mère, comment va père ? Et nos cousins ? Et Hautjardin ? [color]
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Loras & Margaery
Loras appréciait la vue qu'il avait. Il aimait les hauteurs, il aimait voir les gens grouiller et vaguer à leurs occupations quotidiennes, pas plus grands que des fourmis. Avoir une vue d'ensemble sur ce qu'il se passait, voir la vie même lorsqu'il ne pouvait pas en faire partie dans l'immédiat. Mais le soleil de l'après-midi commençait à lui taper trop fort dans les yeux ; observer ne servait plus à rien s'il ne voyait que l'éclat du soleil. Il adorait le soleil, tel une bonne rose le ferait, mais celui du midi était plus agressant qu'appréciable. Il se poussa de la fenêtre, tirant au passage les tissus épais qui dormaient aux côtés de celle-ci. Le Tyrell se compta tout de même heureux  de loger dans une chambre et non dans une grande tente comme lors des festivités qui rassemblaient tout Westeros ; il détestait ça jusqu'au plus profond de ses tripes. Le manque d'intimité, le fait qu'on rentrait sans frapper avant... Lorsqu'on frappa à la porte, le chevalier sentit son cœur s'emballer. En temps normal, il aurait crié d'entrer, mais comme il pensa qu'il s'agissait de sa petite sœur, il voulu ouvrir la porte lui-même, l'accueillir avec le plus fort câlin du monde. Son sourire grandit sur son visage, mais il hésita toujours. Il n'avait pas spécialement envie d'avoir de la compagnie autre que Margaery, présentement, et s'il s'agissait plutôt de l'écuyer que son père lui avait « offert » il y avait quelques mois,  il devrait endurer des tonnes de questions qu'il n'avait pas spécialement envie de gérer tout de suite. La porte s'ouvrit avant qu'il n'eut le temps de s'y rendre et une tornade de brun et de vert se dirigea vers lui, envahissant son espace personnel. Loras n'eut pas besoin d'analyser quoi que ce soit, il serra immédiatement dans ses bras si fort qu'elle aurait pu croire qu'il tentait fusionner avec elle. Sa sœur lui avait tant manquée. Tout le monde à Hautjardin trouvait bizarre, inhabituel, de voir Loras sans Margaery. Le contraire était arrivé quelques temps durant sa formation de futur chevalier, mais tout de même.

Le jeune homme s'écarta un peu pour l'observer. Elle était si jolie, sa petite sœur. Ces cheveux bruns rappelant les siens, ces yeux brillant de la même couleur. Il se souvint de cette époque, pas si lointaine, où si on les avait vêtus avec les vêtements de l'un et de l'autre, on aurait pu les confondre. Cette époque qui s'était terminée lorsque Margaery avait commencé à avoir des formes féminines, quand il avait arrêté de porter ses cheveux aussi longs qu'avant et que ses traits s'étaient légèrement durcis. Heureusement, ils étaient toujours aussi proches. « Cette robe te va à merveille. » La complimenta-t-il au moment même où elle commença à parler. Le vert était définitivement leur couleur, qu'il pensa avant de la reprendre dans ses bras fins. « Tu m'as terriblement manquée aussi, petite sœur. Hautjardin perd de sa couleur lorsque tu n'y es pas, tu es sa plus belle fleur. J'ai tenté de me confier à Lyonell en ton absence, mais ce garçon ne parle pas beaucoup. C'est dommage. » Il était songeur. Lyonell, son écuyer, était plutôt jeune, probablement onze ans. Ou treize ans. Il ne savait plus trop, à vrai dire. Mais peu importe, c'était probablement pour ça qu'il ne pouvait pas le comprendre.  Le garçon passa ses doigts dans les cheveux de Margaery, laissant glisser ses boucles entre ses doigts. Il caressa la chevelure tout doucement.« Mère ne cessait de parler de toi. Elle espèrait te revoir bientôt. Lui as-tu écrit dernièrement ? Si tu ne l'as pas fait, elle serait si heureuse de recevoir de tes nouvelles. Lorsque je suis parti, elle m'a fait jurer de prendre soin de toi, mais entre toi et moi, elle n'avait pas besoin de me le demander. » Il était tout souriant, le garçon. Tout content de retrouver sa seule et unique princesse, la seule femme qui prendrait autant de place dans son cœur. Le jeune homme posa un petit baiser sur sa chevelure brune, dans laquelle il avait encore ses doigts emmêlés.

« Père se montrait toujours un peu inquiet depuis ton départ. Il ne voulait pas que tu restes à Port-Réal trop longtemps sans un de tes frères. Mais il était toujours aussi jovial et bon vivant la dernière fois que je l'ai vu, ne t'inquiètes pas pour cela. » Il rit doucement, se détachant lentement de la rose pour lui prendre la main et la guider vers son lit, où il se posa. Il supposa qu'elle serait mieux assise que debout au milieu de la pièce, coincée dans des bras qui la serraient presque trop fort. « Garde plutôt ton inquiétude pour Garlan qui, ma foi, semble s'être fait voler son cœur. Leonnette, de la maison Fossovoie — pomme-rouge ou pomme-verte je ne sais pas — est la coupable,  il paraît. Je ne sais pas s'ils vont se marier ou quoi que ce soit, mais si cela arrive, ce sera une raison de retourner un instant à Hautjardin. » Ça lui avait manqué de pouvoir rapporter à Margaery ce qu'il avait entendu ou vu, les rumeurs ou les faits compromettants. Évidemment, il avait pu lui envoyer des lettres, mais ce n'était pas pareil. En plus d'être sa soeur, elle était sa meilleure amie, son absence lui avait donc laissé un gros trou au cœur qui s'était heureusement scellé dès lors qu'il avait pu la serrer dans ses bras. Il retrouvait sa moitié, son tout, et ça lui permettait de se sentir mieux, plus fort. Il avait le rose aux joues, apporté par sa joie trop sincère. « Tu as probablement plus intéressant à me raconter. » Ajouta-t-il avec une curiosité apparente.
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Elle se perdait dans ce visage qui lui ressemblait tant, dans ces prunelles qu'elle croisait tout les jours dans son miroir. Loras et elle se ressemblait tant qu'il était impossible de remettre en question les liens de leur sang. Elle se blottie un peu plus contre le jeune homme, retrouvant son odeur et ses bras, comme dans ses souvenirs, comme si rien n'avait changé et qu'elle redevenait une enfant. Alors qu'elle releva la tête, elle s'attendait à voir la beauté des jardins de Hautjardin. La ville lui manquait, les roses lui manquaient. Rien n'était pareil à port-réal. Margaery avait beau aimer les intrigues, elle savait qu'un rien pouvait se retourner contre elle. Viserys était peut-être roi et elle dans ses petits papiers, un seul grain de sable pouvait faire dérailler tous les plans qui s'étaient crées dans son esprit. Elle deviendrait reine. Ou elle perdrait tout ce qu'elle était. Il n'y avait pas de milieu, pas d'alternative. Viserys était le cheval sur lequel elle avait misé. pour l'heure tout se déroulait sans encombre. Mais le temps rendait le destin capricieux.

Un rire traversa les lèvres de la jeune rose. Voilà que son frère tentait de se confier à ses écuyers. Ce n'était dans ses habitudes, du moins dans ses souvenirs. Elle le voyait bien plus se confier d'une autre manière qui se passait de mot. Le sourire moqueur sur les lèvres de la jeune femme ne pouvait pas passer inaperçue alors qu'elle le regardait droit dans les yeux. Mutine, comme toujours. Dans ses instants, Margaery pouvait être celle qu'elle était vraiment, sans le moindre masque. Jamais Loras ne la jugerait. Le frère et la soeur s'étaient construits ensembles. Et lorsque l'un était sans l'autre... La rose avait l'impression de dépérir sans ce jumeau qui n'en était pas un. Il manquait en permanence quelque chose, un vide en elle que seul le chevalier pouvait combler.

Elle le répondit pas tout de suite, suivant son ainé, s'asseyant à ses côtés. Elle se revoyait si bien sur le lit de Loras dans sa chambre de Hautjardin, assise en tailleur à l'écouter avant de parler à son tour. Son frère était la seule personne qu'elle traitait comme un égal. Lui et Olena. peut-être étaient-ils aussi les seuls personnes qu'elle n'aimerait jamais. Mais sa grand mère lui avait dit. pour survivre ici, il lui fallait un coeur fait de la glace la plus dur. Un coeur qui avait malheureusement sombré. Mais de cela, Margaery n'en parlerait pas. pas tout de suite.

Voilà longtemps que je n'ai pris une plume. Mère me manque, bien plus que père. Heureusement grand mère est là, pour m'aider de ses conseils avisés. Et je peux prendre soin de moi seule. Crois-tu qu'un jour mère comprendra que je ne suis plus sa petite fille qu'il faut protéger ? Je joue dans la même cour que les autres aujourd'hui.

Le rire de la rose sonnait presque faux. Au plus profond d'elle-même, elle avait peur. Les armes ne la protégeraient pas si elle faisait le moindre pas de travers. Non, elle était désespérément seule. Si on la voyait si bien accompagnée, elle savait pourtant parfaitement qu'elle devait se méfier de tous. Sauf peut-être Elinor. Mais qui savait ce que sa cousine avait en tête. pire encore, ce n'était pour sa vie qu'elle craignait. C'était bel et bien pour le nom des Tyrell, qui reposait aujourd'hui sur elle. Si elle fautait... Non, mieux valait ne pas y penser. Le visage un instant assombrit de la rose reprit des couleurs alors qu'elle souriait à son frère, quittant ses pensées obscures. Garlan amoureux. Willos doit être heureux de la voir ainsi. D'ailleurs, qu'en est-il de notre frère ? A-t-il enfin trouvé une demoiselle à présenter à père ? Ou bien est-il toujours autant plongé dans ses ouvrages à découvrir de nouvelles étoiles ? Il y avait quelque chose de moqueur dans la voix de Margaery. Si elle adorait l'ainé des Tyrell, elle ne pouvait s'empêcher de rire à la voir si érudit et si peut charmeur en comparaison de Loras et d'elle. Willos était un élément à part, comme presque tout les siens. Chacun, avec son caractère si particulier lui manquait.

Des choses intéressantes. Il s'en passait tous les jours à la cour de Viserys. port-réal grouillait de vie et d'intrigues. Quelques petites oreilles venaient lui rapporter mais un réseau ne s'improvisait pas. Il lui manquait du temps. Il se passe tant de choses ici. Les temps changent bien vite. Et ils ont emprisonné le coeur de ta soeur. Le sourire mutin de la jeune femme grandit un peu plus. Elle mesurait parfaitement l'impact de ses paroles. Mais Loras pouvait le savoir. Oui, le temps avait changé bien des choses chez les roses. Il lui avait enfin permit d'oublier l'amour fou qu'elle portait à un homme aujourd'hui marié. pour l'attacher à quelqu'un de si différent. Et de si royal.
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Loras glissa à nouveau une main dans les cheveux de sa sœur. Il adorait ces longs cheveux bruns, leur douceur qui n'avait rien à envier à celle de la chevelure d'autres demoiselles, ni même à celle d'autres jeunes hommes, et dieux savaient à quel point il en avait touchées, des chevelures différentes. Mais que ce soit ses yeux ou ses cheveux, la Rose dorée était convaincue que sa petite sœur était la plus belle femme de tout Westeros. Si parfaite. Le chevalier aux fleurs hocha doucement la tête aux propos de sa sœur. Il comprenait ce qu'elle voulait dire. Il savait exactement ce qu'elle vivait vis-à-vis de sa mère trop protectrice. Lorsqu'elle rit, il sentit  le malaise de sa sœur et  ne pu s'empêcher d'essayer de la rendre un peu mieux en lui caressant les cheveux comme il le faisait à chaque fois qu'elle allait mal, plutôt qu'en y laissant ses doigts immobiles. Loras et Margaery étaient tellement proches qu'ils avaient littéralement appris à communiquer sans utiliser un seul mot. Lorsque l'un allait mal, l'autre le savait rapidement Il en allait de même pour à peu près tous les sentiments possibles. « Tu sais, ma jolie rose, mère t'as mise au monde. C'est normal qu'elle s'inquiète. Elle comprend que tu es grande, que tu te marieras probablement bientôt. Je pense que c'est cela qui blesse son cœur. Elle a vécu tout cela, elle aussi. Elle ne veut pas que tu te fasses du mal. » Un petit sourire tendre se dessina sur son visage. Si Loras ne subissait pas cette inquiétude de sa mère, il la subissait parfois de son père ou même de Willos. Tyrell le père portait un énorme amour à son plus jeune fils, son préféré, mais lui aussi avait été un jeune homme, même si Loras avait parfois du mal à l'imaginer. Il avait été arrogant et impudent comme lui, il savait très bien ce que ce genre de choses engendraient ; d'autant plus que même s'il avait eu les mêmes caractéristiques que son fils lorsqu'il était plus jeune, Loras les possédait en version plus intense que son papa.  Tout doucement, il continua de caresser les cheveux de sa petite soeur d'amour. Loras rit franchement lorsque Margaery retomba sur le sujet de Willos. Oh, Willos. Loras ne le détestait pas, mais il était tellement moins proche de lui que de Garlan. Le jeune Tyrell n'avait jamais réellement été capable de tenir une conversation longue et sérieuse avec Willos, surtout parce qu'il ne savait pas grand-chose des sujets que celui-ci lui proposait, et voulant préserver son orgueil, il fallait mieux faire ça vite et bien plutôt que de s'emporter. « Je ne crois pas que Willos mariera un jour autre chose qu'un livre. Il devrait songer à devenir mestre. Bien qu'il soit trop tard pour lui, cependant...» Son propos n'avait rien de moqueur, il croyait réellement que l'aîné des Tyrell aurait eu du succès s'il avait choisi cette voie.

Lentement, il éloigna sa main des cheveux de Margaery. Il l'avait entendue parler de cœur. Loras se sentit drôlement appelé par le sujet. L'adolescent se tourna un peu mieux vers sa sœur, ramena une de ses jambes contre lui pour être plus confortable. Il prit doucement les mains de sa sœur entre ses longs doigts fins qui semblaient pratiquement aussi féminins que ceux de sa petite soeur. Il la regarda dans les yeux, non sans laisser sentir une certaine affection inquiète. « Tu veux dire que ma petite sœur est amoureuse ? » Son sourire omniprésent lorsqu'il était en compagnie de la Rose rouge s'agrandit, laissant voir un peu  ses dents toutes droites même lorsqu'il ne parlait pas. Il aimait ce sentiment qu'était l'amour, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se montrer relativement inquiet. Il savait à quel point c'était facile de se blesser lorsqu'on était amoureux, à quel point s'abandonner à l'être aimé pouvait résulter en une fatale noyade. « Oh, Margaery... Tu as au fond de ton estomac de petits papillons qui se battent pour sortir ? Ta gorge se noue lorsque tu regardes l'élu de ton cœur, alors que tu enfermes au fond de cette même gorge tous les mots d'amour que tu voudrais lui raconter ? Tes jambes deviennent aussi peu solides que celles d'une marionnette alors que naît en toi l'envie de te donner toute entière ? » La jeune rose se montrait bien trop enthousiaste, mais on n'y pouvait rien: il s'agissait d'un sentiment que la fleur adorait éprouver. Il avait un plus gros penchant pour les passions éphémères, qui ne duraient que l'instant d'une nuit ou deux,  mais les passions qu'il pouvait entretenir longuement vivaient avec lui, même lorsqu'elles se terminaient. « C'est beau n'est-ce pas ? Autant que cela peut blesser... Il n'y a pire poignard que celui de  la passion amoureuse. » Il enviait sa sœur. Oh, oui, il l'enviait. De pouvoir vivre publiquement ce genre d'émois, d'avoir la possibilité de marier un de ces voleurs de cœur si père le permettait. Lui, il devait se contenter de la chambre à coucher et d'embrassades subtiles,  loin des regards. Même qu'un jour, il devrait probablement épouser une femme pour qui il n'éprouverait jamais ni amour ni désir. Il était jaloux, oui. Il trouvait ça injuste, mais il ne pouvait rien y faire et il devait vivre avec ce fait. « Dis-moi tout, ma princesse. Ton grand-frère saura t'aider et te guider. » Il s'approcha doucement pour poser un baiser sur la joue à la peau pâle de sa petite sœur. Tout doucement, comme si elle était une fragile fleur en dépit des épines, il serra ses mains qu'il caressait du bout de ses pouces.
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Les mains de Loras dans sa chevelure étaient un baume sur un coeur qui vivait loin de sa famille et que en souffrait. Elle avait besoin de Tyrell à côté d'elle. Elle avait besoin de Hautjardin. Mais c'était à la cour que tout ce faisait, à la cour qu'elle devait être. Après tout, Margaery n'était plus une enfant. Il était temps que la plus belle des roses se montre au monde, dévoile ce qu'était les Tyrell, de leurs visages splendides aux épines qui entouraient leurs fleurs. Elle s'était faite une place ici, quand bien même elle haïssait une fille de roi. Elle n'était pas n'importe qui et déjà les Hommes savaient que la Tyrell pouvait peut-être changer une face du monde. Les langues se déliaient déjà et savaient qu'elle passait bien trop de temps en compagnie de sa majesté. Une femme si belle avec un homme si charmeur, les rumeurs allaient bon train. Et Margaery ne se gênait pas pour les alimenter, avec l'aide de sa cousine. Le roi devait apprendre que certain attendrait cela avec le sourire aux  lèvres. Les Tyrell étaient riches, très riches. Et un mariage avec eux lui offrirait le Bief sur un plateau d'argent.

Un sourire appuya les paroles de Loras. Leur mère, cette maman qui protégeait ses poussins comme si elle avait mit au monde des créatures faibles. Mais aucun d'eux ne l'étaient et encore moi Margaery. La rose avait conscience de tout le pouvoir qu'elle avait, aussi bien sur les hommes que par son rang. Et si pour tous elle était d'une douceur sans nom, la vérité était bien différente. La rose brillait encore plus fort sur son blason. père n'aurait jamais voulu. Il est bien trop fier de l'intelligence de son héritier. Un rire vient renforcer le ton moqueur de Margaery. pourtant, l'un comme l'autre savait qu'ils se moquaient de leur frère mais que la rose le portait haut dans son coeur. Willos lui contait milles et unes histoires alors qu'elle n'était qu'une enfant. Et lui seul parvenait à la calmer lorsqu'elle pleurait ou qu'elle offrait un caprice terrible.

Le sourire de Margaery perdit son air moqueur pour redevenir mutin. Les mots de Loras la remplissent de bonheur. Oui, elle sait ce qu'est l'amour. Elle connait parfaitement ce sentiment. Voilà peu, alors qu'il aurait décrit tout les affres de l'amour, elle aurait pensé à son Higthower, revu ses cheveux blonds et ses prunelles de saphir. Mais c'était un autre visage qui s'offrait à elle maintenant alors que ses prunelles se fermaient. C'était d'autres iris, d'une couleur si particulière. Une couleur unique, comme l'était l'homme qui avait capturé la rose dans ses filets. promet moi de ne pas rire. promet moi de ne pas maudire cet homme. Un instant, les tripes de Margaery se serrèrent. Viserys n'avait pas bonne réputation. On le disait aussi fou que feu son père. On le disait porter bien haut la tare des Targaryen. Il n'en était rien. C'était un homme différent qu'elle côtoyait, un homme qui devait régner. Un homme prêt à tout. Un homme qui devait faire face à bien des horreurs. Un homme qui avait prit le pouvoir contre un monstre qui n'avait jamais rien fait. Qui s'était contenté de lutter contre une rébellion mais qui n'avait plus jamais levé le petit doigt. Viserys n'était pas comme cette raclure de Rhaegar. Viserys était un véritable roi.

Il est aussi dangereux que le sentiment qu'il fait naitre en moi. Il est beau, portant le dragon dans le moindre de ses traits. On le dit monstre mais il n'en est rien. Il est attentionné, doux, attentif. Il me regarde comme jamais personne ne m'a jamais regardé. Il est le rêve de toute enfant, roi, beau, jeune. Il est le pouvoir qu'on m'a toujours apprit à aimer. Et il n'est pas celui que les rumeurs hurlent. C'est un autre homme, si différent.

Margaery baissa les yeux à ses paroles. Oui, elle s'était laissée piéger. Mais elle ne regrettait rien. pourtant, elle ne savait comment réagirait son frère. Il la soutiendrait, c'était certain. Mais les mots qui pouvaient s'échapper de sa bouche pouvaient blesser la rose. Elle le savait. Et pourtant, elle se sentait enfin libérée de mots qu'elle n'avait pu coucher sur le papier. Loras savait, enfin, ce qui l’oppressait depuis l'instant où elle avait croisé le regard d’améthyste du roi alors prince. Et se confier à son frère avait tant manqué à la rose.
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Loras & Margaery
Loras écoutait sa sœur avec une attention qui lui était particulièrement rare. Il l'aimait, Margaery, mais il avait toujours eu l'attention volage. Elle le comprenait ; cela ne signifiait pas qu'il n'écoutait pas ce qu'elle avait à dire, simplement qu'il ne prenait pas toujours la peine d'analyser mot par mot ce qu'elle avait à dire, qu'il les buvait comme ils étaient sans les remettre en question. Maintenant, il n'avait pas le choix. Sa petite sœur aimait un homme et il devait savoir. Il devait savoir pour mieux la protéger. Certes, ce n'était pas la première fois. Elle avait aimé Rowen Hightower. Oh, Loras n'oublierait jamais la haine, la colère, qu'il avait pu éprouvée envers le jeune homme de Villevieille. Margaery était si jeune. Une fleur en éclosion, seulement. Il avait fallu qu'elle le retienne pour ne pas que la Rose Dorée aille dire sa façon de penser à leur cousin, leur aîné de quelques années. Loras, bien qu'âgé de seulement un an de plus que sa sœur, avait trouvé indignant que celle-ci puisse laisser sa fleur si jeune. À qui que ce soit. Il n'avait rien à lui reprocher à elle, mais plutôt à Rowen. Enfin, il ne pouvait pas non plus juger, lui-même ayant découvert assez tôt ce qu'il pouvait faire de ses beaux yeux. Ce n'était pourtant pas pareil, il était un garçon. Il savait mieux. À vrai dire, présentement, Loras aurait presque préféré que l'on reste sur le cas de Willos. Ainsi, ils auraient moins été en terrain glissant. Il avait peur de sa réaction, de décevoir sa sœur, et il avait raison. Le jeune homme entendit les mots qu'elle lançait en trouvant que ceux-ci ne concordaient pas spécialement avec ceux qu'il avait entendus au sujet de Vyseris. Il voulait lui faire un peu confiance, pour le bien de sa petite sœur, espérer au moins qu'il saurait traiter la fleur qu'elle était avec délicatesse, mais il n'avait pas envie qu'elle se retrouve entre les griffes d'un fou. Son visage se fendit sous une expression inquiète, voire un peu triste. L'inquiétude ne pouvait surpasser la tristesse causée par le fait qu'elle allait bientôt voler de ses propres ailes. Si elle se mariait, il n'aurait probablement plus la même relation avec elle. S'il devait retourner à Hautjardin, elle serait si loin. Il pourrait tenter d'entrer dans la garde royale, mais il était si jeune. Si doué, mais si jeune.

Loras inclina légèrement la tête, se mordillant la lèvre inférieure. Il observa silencieusement sa sœur avant de se décider à dire quoi que ce soit. « Es-tu sûre, jolie rose, que tu n'es pas simplement aveuglée par l'amour ? » La Rose Dorée ramena ses longs cheveux bouclés au dessus de son épaule droite. Il délicatement ses doigts à travers sa douce chevelure. Ça le calmait un peu, tout en nourrissant son amour propre. Loras se tortilla pour s'asseoir autrement, pliant plutôt ses jambes sous lui. « Tu ne sembles pas voir ses défauts. Je veux bien le croire doux et attentionné, beaucoup d'hommes le sont, mais il doit bien en avoir un peu, non ? » Loras sourit à sa sœur. Il ne lui faisait aucun reproche, il tentait simplement de lui ouvrir les yeux sur d'autres facettes de ce genre d'affection. Par chance, elle constaterait peut-être à temps si les rumeurs étaient véritables ou inventées dans le but de continuer à tacher la famille des dragons. Ainsi, elle pourrait probablement fuir juste à temps avant de se retrouver coincée dans une énorme roue tournant trop vite pour elle. Les Tyrell avaient beaucoup à gagner en donnant leur fille à un roi. Cela le rendit un peu triste de réaliser à nouveau que sa sœur n'était presque uniquement qu'une pièce sur l'échiquier comme l'avaient été les autres femmes Tyrell avant elle. « Tu dois apprendre à aimer autant ses défauts que ses qualités pour mieux apprendre à l'apprivoiser. » Pendant un instant, le jeune Tyrell semblait un peu dans la lune, un peu rêveur. « J'aime mes hommes jaloux. J'adore leur faire comprendre que je suis d'or et qu'ils peuvent me perdre n'importe quand s'ils ne me traitent pas comme je le mérite. Entêtés, aussi. Il y a quelque chose d'amusant au fait de faire changer d'avis un homme boudeur ou obstiné. » Il soupira doucement à l'idée. Loras était moqueur, amusé à la simple domination émotionnelle qu'il invoquait. Il avait presque oublié que la conversation devait tourner autour de sa petite sœur et non autour de lui, mais ils étaient tellement pareils qu'elle le comprendrait probablement. « Prend un peu de recul et regarde comment il agit avec ceux qui ne sont pas toi. Comment il traite les gens qui ne sont pas ne son niveau et qui ne le seront jamais. C'est la meilleure façon de réellement connaître quelqu'un. Je n'ai pas envie que tu te rendes compte de la mauvaise façon qu'il ne faisait que se jouer de toi. Je ne veux pas qu'on te brûle les ailes. » Loras avait baissé les yeux, un instant. Toujours jouant dans ses propres cheveux, il fini par relever ses prunelles et les déposer dans celles de sa sœur.  Il espérait sincèrement que toutes les rumeurs qu'il avait pu entendre au sujet de Viserys ne soient que poussières. Il avait beau manier l'épée et quelconques autres armes d'une façon exceptionnelle pour son âge, il ne pourrait tuer un roi si facilement et sans conséquence s'il transformait mentalement et émotionnellement sa petite sœur en poupée de paille.
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Margaery s'accrochait au regard de son frère, tentant de lire dans ses yeux des réponses avant même qu'il ne les souffle. Elle avait peur, le coeur serré par l'appréhension. Loras avait toujours sut regarder réellement, voir ce qui clochait, voir si elle fonçait dans une mauvaise direction. Elle ne l'avait pas écouté et elle avait perdu sa virginité avec un homme dont elle rêvait la mort. Elle ne l'avait pas écouté et voilà qu'aujourd'hui, elle gardait un secret au plus profond de son âme qui la mangeait avec violence. Beaucoup avaient vu la haine qu'elle portait à l'époux de la princesse. Mais aucun ne pouvait comprendre pourquoi. Aucun ne pouvait imaginer ce qu'il avait fait. pire encore. Elle s'était offerte comme une catin et savait parfaitement qu'un époux pouvait avoir une réaction étrange s'il s'en rendait compte. Tout comme elle savait qu'elle avait tout intérêt à faire tomber fou amoureux celui qui l'épouserait. Tout comme elle essayait de le faire du roi, avec des sourires des plus charmants. Elle y parvenait, doucement, surement. Mais qui pouvait se venter de prévoir les réactions de Viserys ? pas elle, c'était certain. Il était aussi imprévisible qu'un cheval sauvage et c'était peut-être ce qu'elle aimait le plus chez lui. Il lui faisait tant penser aux fiers montures de Dorne.

Les questions de Loras lui firent baisser les yeux. Aveuglée par l'amour, elle pouvait l'être. Elle l'avait été avec Rowen. L'était-elle avec le dragon ? Comment pouvait-elle le savoir ?  Mais ses défauts, elle les voyait. Ils lui sautaient au visage. parfois, Viserys pouvait se montrer violent. Jamais avec elle. Mais dans les échos de ses paroles, dans le feu qui brillait par instant au fond de ses prunelles. Ce même feu qui lui faisait autant peur qu'il l'attirait. Elle n'était qu'un insecte qui se rapprochait des flammes pour se bruler les ailes. pourtant, contrairement à ces papillons, elle était consciente du feu qui léchait lentement son corps. Mais elle en avait envie, horriblement envie. Comme un désir qui la consumait de l'intérieur.

Je mentirais en disant que c'est un homme profondément bon. Il est capable de commettre des choses horribles et j'en suis tout à fait conscience. Margaery baissa un instant les yeux, cherchant ses mots. Oui, elle savait qui était le monstre. Mais elle l'aimait d'un amour aussi pur que sincère. Mais il est surtout perdu et hanté par des démons qu'il doit apprendre à combattre. La folie des Targaeryen coule dans ses veines comme dans celles de tout ceux de son sang. Il suffit juste qu'il parvienne à lutter. Je sais que je le calme. Que je fais taire le dragon qui rugit en lui. Jusqu'à ce que le reptile se retourne et la mort avec violence. Choses qu'elle ne dirait jamais à son frère.

La rose releva son visage, plongeant ses yeux dans ceux de Loras, tentant de lui faire comprendre la véracité de ses propos. Il avait peur pour elle, elle le sentait, elle ne le connaissait que trop bien. Il avait peur qu'elle soit emportée par la tempête. Son frère était une part d'elle comme elle était une part de lui. Les sentiments qu'elle lui portait être bien trop fort. Loras n'était pas que l'un de ses frères. Il était celui qu'elle mettait sur un piestale sans même qu'il ne le demande, celui contre qui elle se blottissait dès que la douleur des sentiments dans sa poitrine se faisait trop forte. Celui qu'elle aimait plus que personne. plus encore que Viserys ou même Rowen avant lui.
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Loras & Margaery
Rares étaient les moments où il voyait sa sœur baisser les yeux, détourner son regard. Instinctivement, il savait que tout ça la tracassait bien plus qu'elle ne pouvait le laisser paraître, mais une partie de lui se rassura lorsque ses jolis yeux retournèrent à la rencontre des siens. Loras avait conscience que sa ribambelle de questions l'avait peut-être brusquée, ce n'était pas la première fois ni la dernière fois qu'il agissait ainsi avec elle, mais elle devait le connaître assez pour avoir prévu le coup et pour comprendre qu'il ne la laisserait jamais partir sans avoir posé de questions, sans savoir au fond de lui que tout était sous le contrôle de Margaery, qu'elle savait ce qu'elle faisait. Ils étaient si jeunes, tous les deux. Une expérience de vie minime influencée par les draps de soies qui les avaient entourés, par les cuillères dorées qui avaient orné leur table ; on leur avait toujours tout donné. On leur devait le monde ; ils étaient beaux, ils savaient se jouer du monde qui les entourait, on les avait élevés en pions pour l'échiquier du jeu des trônes. Margaery savait user de son charme comme lui savait user de l'épée, Loras savait trop bien être hypocrite et manipulable au gré de sa famille comme sa sœur savait battre ses cils de biche ; et un jour, ce qu'ils crachaient en l'air finirait bien par leur tomber sur le nez. Margaery était une pièce maîtresse, il n'était que l'acolyte, mais non le moins complice. Il faisait ce qu'on lui disait de faire, portant l'honneur de sa famille avant tout, mais il n'était pas stupide. Il entendait ce qu'ils disaient, il savait qu'il fallait être prudents.  Ça n'aurait fait aucun mal aux deux jeunes Tyrell de ressembler un peu plus à leurs deux aînés : Willos l'érudit et Garlan le parfait chevalier. Si Loras se forçait à ignorer tous ces faits, il n'en restait pas moins plus conscient envers sa sœur qu'il devait protéger. Ça n'atténuait en rien l'idéalisation qu'il se faisait d'elle, mais ça lui permettait probablement de mieux la protéger, de mieux surveiller ses pas pour ne pas qu'elle tombe dans le ravin. C'était son devoir, à lui et à lui seul, de protéger sa princesse. Il tuerait pour elle, et ce n'était pas qu'une expression.  Ses pupilles dorées vibraient d'une peur évidente, d'une crainte qu'il ne cacherait pas pour tout l'or du monde, mais il ne détourna pas le regard. La Rose Dorée avait tout écouté, se mordillant la lèvre pour ne rien dire avant de pouvoir réfléchir un peu ; il avait toujours été direct avec la prunelle de ses yeux, mais elle était la personne envers qui il faisait le plus preuve de prudence, pour ne pas la blesser.

« N'oublie jamais ce que tu viens d'admettre. C'est bien de comprendre qu'il n'est pas parfait et qu'il ne le sera jamais. Si tu venais un jour à oublier, cela ne sera pas bon signe du tout. Ce que tu risques de vivre, ce n'est pas qu'une amourette. Ce ne sont pas des lettres enflammées ou des baisers interdits. » Loras inspira un bon coup. Ce qu'il allait dire ne lui plairait probablement pas, pas plus que ça plairait à son père qui ne pensait probablement qu'à la renommée supplémentaire qu'un mariage aussi important apporterait à sa famille. Délicatement, il récupéra les mains de sa sœur, serrant tout doucement pour lui faire comprendre, sans les mots, à quel point il l'aimait ; c'était un geste naturel qu'il avait toujours eu avec elle, beaucoup plus subtil en public qu'une main dans les cheveux ou qu'un baiser sur le front. « Si tu parviens à tes fins, tu seras la Reine ; la seule et l'unique. Tu auras à tes pieds tous ces royaumes, tous  ces gens. Beaucoup ne voudront pas de toi, d'autres voudront de toi. Tant de gens parlent en mal de Viserys, tu risques d'en prendre les coups malgré toi. Mais peu importe, tu sais que je me mettrais le monde à dos juste pour te protéger. Si tu décides officiellement de jouer à ce jeu, tu n'auras pas d'autres choix que de le gagner. Dieux savent ce qui arrive aux perdants. » Ses yeux se levèrent au ciel – au plafond, pour être plus juste – pour exprimer à quel point il trouvait la chose absurde. Qui pourrait détester Margaery ? En son fond, elle était une bonne personne ; les Biefois ne le savaient que trop bien.

Le chevalier aux fleurs lâcha les mains de sa sœur, se levant de son lit, attiré par le panier de fruits qui avait été placé plus tôt sur une table près de son lit. Hésitant, il y piqua une pomme, non sans jeter un œil à sa sœur, lui indiquant d'un geste de menton le panier pour lui demander si elle souhaitait quelque chose. La Rose Dorée avait cette mauvaise habitude de manger lorsqu'elle était tracassée au point de sentir son estomac tout drôle. Posant son fessier contre la table, la main appuyée sur le bois de cette dernière, il fixa sa sœur. « Nous avons tous nos démons, oui. Mais certains en ont des plus lourds à porter. Viserys est un Targaryen, son nom à lui seul doit le ronger de l'intérieur. » Loras croqua dans sa pomme, marquant un silence pour laisser sa sœur réfléchir. Pas nécessairement à ce qu'il disait, mais à ce qui pouvait germer dans sa tête au fur et à mesure. « Tu sais comment je suis, n'est-ce pas ? Tu sais aussi comment je suis lorsque je peux voir Daemon ou lire une de ses lettres ; je suis beaucoup plus calme, moins à fleur de peau. C'est normal. Mais dès que tout passe, je redeviens comme je suis habituellement. Certes, je ne suis pas Viserys, mais le concept est un peu le même. Et mon passé, je n'en sais rien du tout, a dû être beaucoup moins lourd que le sien. Tu le calmes, mais probablement pas sur le long terme. Que ta présence l'attendrisse – qui ne le serait pas, devant tes beaux grands yeux – ou pas, il n'en reste pas moins ce qu'il est réellement. Nous ne changeons pas, Margaery. Je crois en toi, ma princesse, mais si les rumeurs sont vraies, tu auras beaucoup de travail à faire. » Faisant subir un nouvel assaut à sa pomme, il retourna vers sa petite sœur, se reposant à nouveau à côté d'elle. « Tu sais quoi ? Je ne juge que par des rumeurs. Je n'ai jamais pu le rencontrer. Tu penses qu'il acceptera de me voir ? Que je puisse le juger de mes yeux vus, de mes oreilles entendues, que je ne fasse aucun mal à tes espoirs, par méprise... »

Loras se mordit la lèvre inférieure, le goût de pomme qui y régnait encore attira brièvement sa langue. Il semblait ailleurs, un peu. Peu importe ce qu'il se passerait, Loras n'aurait pas le choix de tout accepter sans broncher. Pour sa sœur, pour son bien-être, il ne s'opposerait jamais concrètement à ce qu'elle ferait. Il lui parlerait de ses inquiétudes, mais l'empêcher de faire quelque chose si elle semblait maîtriser tous ses moyens ? Non. Parce que sa sœur était forte et douée. Il la protégerait, comme c'était tout ce qu'il pouvait faire, tout ce qu'Il s'était promis de faire. Son regard se posa à  nouveau sur la jeune fille à la chevelure brune, un petit sourire rassurant au visage.
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Le coeur de la rose se sera. Loras avait raison. Si ce qu'elle pensait était réel, Viserys serait son époux et elle serait reine des sept couronnes. Tout en haut de l'échelle, pour mieux sentir la chute si cette dernière arrivait. Margaery pouvait monter si haut. Mais elle savait qu'elle devait faire attention à ses gestes, à la moindre de ses paroles. Ne jamais être réelle et toujours conserver un masque parfait. Son coeur s'offrait aux pauvres sur le sourire hypocrite de la jeune femme. Devant les autres nobles, elle était la gentille fille des Tyrell, celle à la beauté qui inspirait bien des chants, celle qu'on ne pouvait s'empêcher de regarder. Mais est-ce que cela n'était pas plus dangereux encore que de jouer avec le feu. Un jour, elle se brulerait. Ne restait qu'à savoir si les meilleurs mestres seraient avec ou contre elle. Car si elle chutait... Elle perdrait tout et elle entrainerait sa famille dans sa chute. Le jeu en valait la chandelle, voilà ce qu'elle se répétait depuis qu'elle avait fait son ultime choix.

Margaery baissa à nouveau la tête, incapable de soutenir le regard de son frère. Qui savait ce dont Viserys était capable. Elle n'avait jamais eu peur à ses côtés, jamais réellement. Mais elle savait le dragon rongé par un poison bien plus violent que l'amour ne le serait jamais. Serait-elle capable de faire ce qu'on attendait d'elle ? Aurait-elle les épaules pour supporter la couronne ? Même elle ne le savait pas. Elle était si jeune. Elle aurait du continuer à rêver au prince charmant et à attendre que son père lui offre celui qu'elle voulait. Mais les choses n'étaient pas comme on lui avait expliquée lorsqu'elle était encore une petite lady qui faisait ses premiers pas dans le monde des grands. Non, les intrigues étaient bien plus grandes qu'un simple mariage. Ce n'était pour un homme et une femme mais bien pour des familles, des régions et des couronnes. Encore plus lorsque le mariage concernait un roi. Elle inspira, avant de sentir Loras la rejoindre. Les mots de son frère s’imprégnaient dans son esprit, déposant là leurs marques. Le Tyrell savait tout des affres de la passion et il ne pouvait que comprendre la plus jeune des roses.

Je n'en sais rien Loras. Tes mots sont beaux et pleins d'esprit mais... Qu'est ce que je peux vraiment faire ? père sait ce que j'attends, père sait qu'un jour bien plus proche que je ne veux vraiment l'admettre j'épouserai le roi. Viserys ne saurait résister plus longtemps je sais qu'il meurt d'un désir mal contenu. Je serais reine, soit. Mais si les reines murmurent aux oreilles des rois des conseils, ceux ci ne les écoutent pas toujours. Je ne suis et ne serait jamais maitresse de mon destin.

Une lueur de regret passa dans les yeux bleus de la Tyrell avant d'être remplacée par l'envie d'en découdre. Elle, contrairement à son frère, ne se battait pas sur les tournois. Mais dans l'art de la cour, elle était devenue une joueuse expérimentée. Et c'était dans ses combats qu'elle s'imposait avec brio.

Viserys est un homme compliqué. plus que tous ceux que j'ai croisé jusqu'ici. Mais je peux lire en lui et ce que j'y vois me touche. Il a peur de lui-même. Il sait être un roi dangereux et cruel. Mais ses ennemis le sont encore plus. Toutes ses excuses, Margaery sait que le dragon ne les méritent pas. Mais aveuglée par l'amour, elle ne peut s'empêcher d'illuminer le tableau. Il n'est pas un monstre. Tout n'est pas qu'ombre dans son coeur, de ça elle est certaine. Ne reste plus qu'à ouvrir les yeux des Hommes sur ce qu'est réellement le roi.
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Loras & Margaery
Le jeune homme soupira doucement. Ce n'était pas un soupir d'ennui comme rien de sa sœur ne l'embêtait présentement, mais de tendresse. La douceur des propos de sa sœur le touchait en plein cœur, mais seul ce fait arrivait à l'irriter intérieurement, exclusivement intérieurement. Le Tyrell savait bien qu'il n'y avait rien de doux aux propos de sa sœur, même si la nature de ses mots n'avait rien qui n'était pas tendre. Il savait, au fond de lui, que ces phrases tachées d'amour puaient la naïveté, une confiance presque aveugle qui pourrait jouer contre sa petite sœur adorée. Il avait dit, il y avait quelques minutes à peine, qu'il souhaitait rencontrer Viserys pour le juger autrement, mais il ne pu s'empêcher de laisser les rumeurs lui chatouiller les pensées. Si on vous apprenait bien quelque chose lorsque vous étiez de noble famille, encore plus si vous étiez d'une famille suzeraine, c'était de faire attention à ce qu'on disait sur vous : rares étaient les fois où on voyait de la fumée sans y trouver un feu au bout. De sa main libre de toute pomme, il passa ses doigts délicats sous le menton de sa petite sœur, lui levant doucement son visage vers lui pour qu'elle le regarde et qu'elle puisse voir ses prunelles qui ne la jugeaient pas du tout, qui ne la jugeraient jamais même s'il advenait un jour où tout s'écroulerait sous ses pieds. « C'est le propre de chaque homme, ma Princesse. C'est ce qui nous différencie des animaux. Mais j'ai bien peur que tu n'auras pas à assumer que la complexité de cet homme, mais aussi celle de sa famille qu'il traînera toujours derrière lui.  » Sa main quitta doucement le menton de la jeune femme, se glissant avec la tendresse naturelle d'un grand frère sur la joue de la plus jeune avant de s'enfouir dans ses cheveux, sur sa nuque, pour la rapprocher et la serrer tout contre lui, d'un bras. S'il pouvait agir contre cet homme si un jour le Dragon  blessait  la Rose directement, il ne pouvait pas faire grand-chose si elle se blessait elle-même à force de trop y penser. Ça, ça le rendait impuissant, comme tout ce qui n'était pas tangible.  

« Je dis cela, je ne dis rien, mais lorsqu'un homme a peur de lui-même, c'est qu'il y a une raison. Nous n'avons pas peur de ce que nous saisissons et encore moins de ce que nous contrôlons. » Son regard se fit dur et sévère, mais serrant sa sœur contre lui elle ne pourrait probablement  pas le voir. Il voulait faire des efforts pour mieux comprendre l'homme qu'elle aimait peut-être, mais plus elle avait parlé, plus son envie se faisait moins fixe. Après, ce n'était que la vision de sa sœur: il avait beau l'aimer plus qu'il ne s'aimait lui, il avait beau boire ses paroles et rarement les remettre en question, il ne pouvait nier que Margaery parlait présentement avec son cœur plus qu'avec sa tête. Étant quelqu'un privilégiant le cœur à la pensée, il savait instinctivement lorsque quelqu'un en faisait de même. Surtout lorsque cette personne était sa précieuse sœur. D'une main douce, la Rose Dorée frotta le dos de la jeune Tyrell ; geste qu'il avait tendance à faire lorsqu'il s'inquiétait pour elle, lorsqu'il avait envie de lui faire comprendre qu'il était là et que tout irait pour le mieux. Regarder celle qui aurait pu être sa jumelle, maintenant, lui imposait au fond de la gorge une nostalgie qu'il se sentait trop jeune pour éprouver ; celle des moments passés avec sa petite sœur à Hautjardin, alors que la vie était encore toute calme; lorsque le moindre faux pas risquait simplement d'attirer les réprimandes des adultes et non pas la haine d'un peuple. Il n'avait rien contre Port-Réal, il n'avait rien contre le fait que sa sœur soit peut-être amoureuse ; il en voulait au dérangement qu'on forçait à cette stabilité, à cette impossibilité de faire quoi que ce soit contre les décisions risquées qui viendraient et dont le simple fait d'y penser le hantait toujours depuis qu'il avait quitté Hautjardin pour Port-Réal. « Tu sais, j'ai insisté moi-même auprès de Père pour qu'il me laisse venir à tes côtés. Il aurait très bien pu envoyer Garlan, mais il m'a choisi, moi, pour te protéger. » Lança-t-il, la voix qu'on pouvait presque qualifier de souriante.

Il déposa la pomme sur son lit, du côté qui n'avait pas encore été croqué. S'écartant légèrement, il prit le visage de sa sœur à deux mains, le levant vers lui. « Tu te souviens, lorsqu'on était enfants et encore si innocents ? Je t'ai promis que je te protégerais toujours. Cette parole tient encore aujourd'hui, ma petite sœur. Si tu réalises un jour qu'il te fait du mal, tu viendras me voir immédiatement et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour le lui faire regretter. » Les iris du jeune Tyrell vibraient d'une sincérité étonnante, d'une amour pur qu'il portait depuis toujours à cette sœur qu'il chérissait tant depuis presque toujours. « N'essaie pas de lui tenir tête. Viens me voir. » Sa vie avait toujours valu plus que la sienne à ses yeux et, ça, c'était ce qui était probablement le plus dangereux pour la famille Tyrell. À Hautjardin, on aimait bien Loras. Mais on l'aimait, justement, à Hautjardin. Certains jugeaient négativement la décision de Mace, sachant très bien l'impulsivité et la violence de la Rose Dorée qui mettait à risque leur nom si le Dragon blessait la jeune Rose en mettant sa vie en jeu. Craignant au plus profond d'eux un second Régicide qui répondrait au patronyme Tyrell. Avec la douceur d'un frère inquiet, il vint poser un léger baiser sur le front pâle de sa sœur.
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La douceur de la main de son frère faisait battre le cœur de la jeune rose, qui ne put empêcher un sourire de naitre et mourir sur ses lèvres. Qu'aurait-elle fait sans Loras ? Qu'aurait-elle fait sans ce protecteur qu'elle ne pouvait quitter et qui lui avait tant manqué. Elle avait l'impression d'être séparé d'une partie de son coeur à chaque fois que celui qui aurait dû être son jumeau était éloigné d'elle. Son regard s'ancra dans celui du chevalier et ses paroles gonflèrent à nouveau son coeur. Il avait raison. Viserys, quand bien même il était Viserys, restait un Targaryen, plein de ce sang vicié et consanguin. plein de cette folie qui faisait naitre cette lueur particulière dans son regard, cette lueur qui la rendait aussi imprévisible que lui. Margaery changeait au contact de son dragon. La douce rose s'armait déjà de piquants plus violents encore qu'autrefois. Et pleines d'un poison qu'elle n'avait jamais possédé.

Si, dans les bras de Loras, Margaery ne voyait son visage, elle entend pourtant le ton de sa voix. Le chevalier semblait inquiet pour elle mais également plein d'une rage sourde à l'encontre de celui qu'il ne connaissait pas encore et qui lui plairait, c'était certain. Il confirma ses pensées, frottant son dos, comme il le faisait alors qu'elle venait pleurer dans ses bras, comme il l'avait fait pendant des heures alors qu'elle lui racontait Rowen, alors que son visage plein de larmes se blottissait contre son épaule. Loras avait toujours été là et, idiote qu'elle était, la rose n'avait jamais écouté ses paroles pleines de sagesses. Loras n'était peut-être pas Willos mais il était capable de bien plus de raisons lorsqu'il s'agissait du coeur de sa petite soeur. Margaery le savait, pourtant, une fois de plus, elle ne pouvait s'empêcher de refuser de voir la vérité. Elle se mettait les mêmes oeillères qu'on offrait aux faucons pour qu'ils ne bondissent loin. Et ce chaperon l'aveuglait sur le vrai visage de ses hommes qu'elle aimait alors qu'elle ne l'aurait pas du. Dans le jeu du trône, il ne fallait jamais laisser parler son coeur. et pourtant, la rose savait qu'elle avait le droit quand ce coeur battait pour un roi. Elle était une Tyrell, pas n'importe quelle gueuse. Elle était une Tyrell, capable de devenir reine des sept couronnes.

Un sourire étira ses lèvres et elle plongea à nouveau ses prunelles dans celles de son frère alors que le contact de ses mains la rassurait. Je te le promets Loras. La rose eut un nouveau sourire avant de faire disparaitre pour de bon la peur, le doute et tout ce qui avait brillé dans son regard. Elle devait parler d'autre chose si elle ne voulait sentir cette boule au ventre qui accompagnait les difficiles mouvements de pièces sur cette échiquier géant qu'était devenu sa vie. Elle s'approcha de la fenêtre, un léger souffle de vent venant déranger sa coiffure. Attachant un sourire à son visage et à son ton, elle se retourna pour poser son regard sur son frère, posant ses mains dans son dos contre le rebord de la fenêtre. Si je deviens reine, je ferais en sorte que les jardins ressemblent à ceux de HautJardin et que les enfants puissent y courir en toute sécurité. Je ferais pousser des centaines de fleur et les chevaliers viendront déclarer leurs flammes aux ladies, exactement comme à la maison. Au plus profond d'elle, la rose était toujours une enfant. Et elle avait besoin de rêver, au bras de ce frère qui la protégerait quoi qu'elle fasse. Loras avait et serait toujours à ses côtés. Il avait toute sa confiance, plus encore que jamais personne ne l'avait eu et jamais personne ne l'aurait. Il était là, beau, fort, représentant tout ce que les Tyrell devaient être. Avec lui à ses côtés, elle ne risquait plus rien. Elle pouvait affronter les plus puissants des dragons sans frémir. Loras était là.
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Loras & Margaery
Sa sœur lui promit ce qu'il voulait ; un poids désagréable quitta ses épaules. Bien qu'il ne puisse s'empêcher d'être inquiet – c'était une attitude naturelle face à sa petite sœur – , il ne pouvait remettre en doute la promesse de la jeune femme. Jamais, mais réellement jamais, Loras n'oserait douter de Margaery. Peu importe quelles étaient ses intentions, peu importe s'il sentait un jour une hypocrisie au fond de ses prunelles. Le grand-frère était à sa petite sœur ce qu'une mère admirative était à son enfant prodige. Cette attitude, beaucoup pouvaient la juger naïve et négligente, mais le Tyrell ne s'en souciait que très peu. S'il y avait bien quelqu'un qui connaissait mieux que quiconque la Jeune Rose, c'était bien lui. Le sourire qui trônait toujours sur ses fines lèvres se départit de l'inquiétude qui le saturait, ses pupilles suivant lentement la jolie biefoise. De loin, il apprécia le vent qui fit sagement valser les doux cheveux de celle qui aurait pu être sa jumelle. Elle était si jolie, pensa-t-il les yeux fixés et admiratifs. Margaery Tyrell avait le monde devant elle – que ce soit en tant que reine ou non –  et, silencieusement, il maudissait ceux et celles qui tenteraient de lui arracher. Il n'appréciait certes pas réellement la possibilité que sa sœur soit un jour reine aux côtés de Viserys, mais il savait au fond de lui que sa Rose était faite pour diriger. Après tout, les Tyrell n'étaient-ils pas tous destinés à faire de grandes choses ?  Certains faits coulaient dans les veines de tous les gens d'une même famille. Les paupières battant légèrement pour éviter de tomber dans la lune, le jeune homme écouta sa sœur, les yeux pleins de rêves. Dans sa tête renaissaient les images de leur terre-mère adorée, celle qui les avait vus grandir et devenir ce qu'ils étaient désormais. Il n'y avait pas si longtemps qu'ils l'avaient quittée, mais Loras croyait qu'il s'agissait en fait d'une éternité. Port-Réal était beau, mais il n'était qu'un pâle fantôme à côté de ses souvenirs d'Hautjardin. Tout ce qui lui manquait lui serrait vivement le cœur.

« Je suis sûr, Margaery, que tu seras une excellente reine. La meilleure de toutes. Tu as l'ambition, la bonté, l'amour... Le peuple qui sera le tien t'adoreras, je n'en doute pas un instant. »  Le jeune homme n'avait beau ne pas être entièrement d'accord avec les ambitions de sa petite sœur, il ne serait jamais celui qui lui mettrait des bâtons dans les roues. Il ne pourrait jamais penser, ne serait-ce qu'une seule fois, que Margaery puisse être mauvaise pour un peuple. Il avait foi et elle et ce qu'elle décidait d'entreprendre n'y changeait rien. Loras serait là pour elle, suivant ses pas en s'assurant de pouvoir la rattraper à chaque fois qu'elle tomberait. Son sourire qui décorait son visage se souleva un peu plus, ses prunelles s'illuminèrent. Le jeune homme abandonna son lit et rejoignit sa sœur sur le bord de la fenêtre. Ses mains prirent place sur le bord en pierres de la fenêtre et ses doigts y pianotèrent. Son regard qui avait rapidement frôlé celui de la Tyrell se perdit dans l'horizon. « Je ne suis pas contre ton idée, mais crois-moi, cela ne sera jamais aussi beau qu'Hautjardin. Je ne déteste pas Port-Réal, bien au contraire, mais les couleurs sont ternes et la vie n'y semble pas aussi joyeuse. Je n'y retrouve pas le charme biefois qui me plaît tant. » Un rire léger fila sans retenue d'entre ses lèvres. Il ne se déplaisait pas ici, même qu'il était particulièrement heureux d'y être. Simplement, il lui faudrait du temps pour s'adapter pleinement. Évidemment, au bout d'un moment, sa vie reprendrait un cours presque normal et le côté un peu moins coloré des terres  de la Couronne finirait bien, à ses yeux, par s'évaporer. Un petit silence s'imposa, quelques instants. Loras contemplait toujours la scène qui s'offrait à ses yeux ; la vie grouillant en bas, sous le ciel bleu. Du haut de sa chambre, ces murs de pierres le séparant de la vie, il se sentait un peu à part. Enfin, « à part » était le terme juste pour à peu près toutes les situations, lorsque nous étions enfant de suzerains.

Après un moment, Loras retourna ses iris sur sa petite sœur. Son sourire avait pris une teinte beaucoup plus nostalgique ; quelque chose d'un peu triste, peut-être. « Tu te souviens lorsque nous étions encore enfants et que nous jouions à la cachette dans les labyrinthes du château ? » La voix douce et calme, il repensait à ces moments d'innocence qui les avaient bercés, lui et Margaery. Ces moments où la vie n'était qu'un jeu où il n'y avait pas de perdants et encore moins de gagnants. Ils étaient encore jeunes et encore beaux, mais ils portaient désormais un monde entre leurs doigts. « La vie était plus simple. Nous n'avions pas à penser à nos actions, à nos mots, aussi prudemment que si nous manipulions de la porcelaine. Si j'avais eu le choix, je pense que j'aurais choisi de rester à cette époque. C'était si beau, presque qu'autant que les champs de fleurs du Bief. » S'il y avait bien quelque chose qu'on pouvait reprocher à Loras, c'était sa peur de grandir. Il n'était, aux yeux de plusieurs, qu'un gamin qui ne pensait qu'à se battre et à se pavaner. Pour plusieurs, il n'était qu'un gamin et c'était ce qu'il resterait certainement. On appréciait Loras, certes, mais il y avait dans ce monde des personnes sensées qui voyaient ce qui clochait chez ce garçon. « J'ai peur, parfois, que notre père m'annonce que je dois prendre épouse. Je sais bien que cela n'arrivera probablement pas d'ici tôt, mais cela ne réussit pas à m'empêcher de craindre. Alors que toi tu cours après ce but pour le bien de notre maison, pour ton cœur peut-être, je ne sais pas comment moi je ferais pour supporter un engagement de de type. Quand j'y pense, je suis heureux que Willos soit l'héritier et que Garlan soit celui qui prendra le titre lorsqu'il sera lord... » Son ton portait en lui une inquiétude légère et sa main, mal à l'aise, se posa momentanément à sa nuque. Le mariage n'avait jamais été une perspective envisageable aux yeux de Loras. Même s'il avait été permis entre deux hommes. Il n'aimait pas le principe d'être forcé à la fidélité et à la relation conjugale avec une femme qu'il n'aimerait jamais, ni physiquement ni mentalement, et à qui il serait probablement obligé de faire des enfants pour le bien de l'image. Même au niveau mariage où il y avait de l'amour :  où était la nécessité de jurer ça devant des Dieux ?  L'amour, le vrai, n'avait pas besoin de ces pacotilles.  Doucement, il soupira et son regard se posa à nouveau sur l'horizon.
electric bird.

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