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Dangereuse et aguichante nuit [Pv Naïa]

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Dangereuse et aguichante nuit

An 299 Lune 7  Jour 14


Le ciel arborait sa parure étoilée. J'étais là allongé de tout mon long au contact de l'herbe humide et fraîche. Je ne me rappelais pas où et comment j'avais réussis à me retrouver ici pourtant ce lieu me semblait bel et bien familier. La cimes des arbres surplombait la vue que je laissais vagabonder de part et d'autres sur les feuillages bruissant avec légèreté et offrant un de ces rares moments de quiétude et de sérénité. L'atmosphère fraîche et enivrante me semblait si propice dans ce genre de moment ou le calme reprend le dessus la colère. Mes yeux rivés sur la noirceur du baldaquin du monde je songeais au temps passé. Un craquement brusque m'interpella soudainement. Une nouvelle fois j'avais cette étrange et curieuse impression d'avoir déjà vécu cet instant dans ma vie. Ma tête se tourna dans la direction du bruit qui ne cessait de croître à une allure constante. Je plissais mes yeux apercevant une masse sombre se rapproché de plus en plus de la position où je me trouvais. Instinctivement mon corps se redressait et ma main droite cherchait l'épée dans son fourreau apposée à mes côtés. Rien. Comment ça rien ? Je fronçais mes sourcils ma main n'avais rien agripper d'autre qu'une poignée de terre et d'herbe. Je me relevais faisant face à un individu encapuchonné qui s'était subitement stoppé quelques pas seulement devant moi. Je le dévisageais scrupuleusement cherchant à découvrir qui il était sans comprendre ce qu'il se tramait tout autour de moi.

L'individu releva son capuchon dévoilant à mes yeux incrédule le visage de mon père. À nouveau je ressentais mes jambes trembler, se dérober sous mon corps à en manquer de tomber. J'étais pétrifié face au visage de mon père qui me regardais à son tour sans dire mot. Très vite mes mains devinrent moites, je ressentais un frisson parcourir le long de mon dos me faisant ressentir une sensation malsaine et froide. Les pulsations de mon cœur retentissaient et battaient comme des tambours à en rompre mes côtes, à en déchirer ma chair et exploser mes poumons. Cela n'était pas possible. Rien de rationnel, rien qu'un mauvais rêve, un traquenard un piège se refermant sur moi. Ce sentiment de tristesse et d'émotion que je m'efforçais à garder emprisonner au plus profond de moi arrivait pourtant à détruire tout ce que j'avais pu construire depuis l'instant fatidique ou j'avais appris qu'il était mort. Je n'osais m'approcher, le toucher et comprendre si il était réel ou le seul fruit de mon imagination déjà lourdement éprouvée.

Je revenais à moi, le bruissement des arbres avait laissé place au ricanements et discussions bruyantes autour de moi. Mes yeux cernés et fatigués tombaient nez à nez avec la chope que j'avais laissé avant de m’effondrer contre la paroi rugueuse du mur contre lequel j'avais visiblement prit pour m'assoupir quelques instants.  Encore ce foutu rêve. Pensais-je affichant mon aigreur derrière ce regard et cette moue maussade alors que j'émergeais d'une sieste improvisée par la fatigue du trajet, de la chaleur et de l'alcool tout en un. La Tombe du Roy avait un don presque naturel pour les établissements à l'ambiance tamisée. La taverne arborait des jolies femmes parées de tissus de couleurs divers et variées se mariant à leur peau dorée. Les allures lubriques et fantaisistes amusait mon œil perçant à la pigmentation céruléenne laissant ce petit monde se former et tourner dans un si petit espace. Assis contre ce banc improvisé contre un muret faisant office de dossier, j'émergeais de ce rêve ou plutôt cauchemar qui hantait mes pensées depuis mon départ de Lancehélion. J'avais laissé derrière moi un roi qui n'était plus que l'ombre de lui même. Mon poste de garde-royal qui n'existait plus désormais réduit en un simple souvenir d'années à mettre mon épée au service d'une noble et honorable cause révolue. Et Merlon, mon jeune frère qui m'était toujours resté fidèle et proche depuis ces dernières années.

Qu'étais-je entrain de faire ? Que pouvais-je bien faire d'autres ? Mes dents se serraient machinalement sous le poids de ces décisions et de ces choix qui étaient si lourdement pesés et incertains. Pourtant j'avais fais un choix, le mien pour une fois. En cela je trouvais une certaine forme de quiétude et d'apaisement mais, parsemés de remords, de mécontentement et de chagrin. Tristesse que je tentais vainement de feinté à travers l'excès d'alcool imbiber et brouiller mon esprit. Ma gorge asséchée quémandait à  boire et je n'avais rien d'autre à faire que de sustenter cette soif qui dévorait mon insatiable envie et désir d'enivrement à en perdre connaissance. Je faisais signe à une jeune femme au loin de m'apporter une de ces carafes au vin si subtilement dosé que je ne m'étais pas rendu compte d'avoir terminé la première apposée à mes côtés. Je lui lançais un sourire taquin du moins aussi taquin qu'un homme éprit par la boisson puisse donner en échange d'un peu plus de gnôle et quelques pièces tout ça en charmante compagnie.


   

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Lyle & Naïa
“Qui que nous soyons au fond de nous, nous ne sommes jugés que par nos actes.”

L
e monde offrait des plaisirs que les dieux pouvaient envier. Du moins, voilà ce à quoi une courtisane devait encourager comme crédo tout au long de son existence. Amener de l’argent, susciter la convoitise, dévoiler quelques talents pour les moins osés, dégager un charisme déroutant afin que la clientèle n’en finisse par en perdre la tête et de ce fait dépenser plus. Voici donc ce à quoi les dieux aspiraient tant ? Une croyance qui ne présentait que des réalités moins aguichantes dès lors que l’éternité veillait à s’immiscer dans la partie. Tout n’était qu’éphémère, tout n’était que des parties remises, mais surtout tout était voué à s’effondrer du jour au lendemain. Comment attiser la convoitise, alors même que cette dernière était prompte à sa propre personnalité ? Que faire dans un monde empli de désirs et autres envies dont les limites n’avaient aucune retenue ? Qu’est ce que l’acquis dans une ivresse d’inné ? Naïa se présentait comme l’exemple même d’un monde en peine. Orpheline ou du moins captive de son état, elle n’était que le pale reflet d’une société en proie des inégalités bien marquées. Le plus riche avait tout alors que le plus pauvre mourait seul. L’injustice régnait en maître sur une petite péninsule avide de liberté. Le noir affrontait le blanc. Tout comme la lumière osait croire qu’elle pourfendrait enfin l’ombre. Que de belles paroles entendues, que de beaux discours prononcés. Tous allaient de paires avec des comportements mielleux et d’autant plus faux qu’ils s’apparentaient à de véritables mascarades. Indépendance. Le terme s’entendait à tue tête, comme si il apportait avec lui des changements radicaux dans la province dornienne. Peut être en porterait-il quelques aspects ? Bien sûr, qu’il en amènerait, mais pour qui ? Le fossé des richesses se creuserait davantage entre les riches et les très riches. Les recettes deviendraient beaucoup plus prolifiques au grand ravissement de la mère de ses lieux. Mais qu’en serait-il des conditions que toutes disposaient dans cet endroit ? Rien ne changerait pour elle, ou plutôt si, leurs droits n’en deviendraient que moindres à mesure que ceux des autres s’étendraient dans des limites improbables. Seraient-elles battues ? Seraient-elles violées ? Bien sûr, toutes avaient connu une expérience similaire au moins une fois dans leur vie, Naïa n’avait malheureusement plus être épargné de cette règle. Mais elles avaient des défenses, défenses qui peut être se verraient décimé au profit d’un plus grand chiffre à ramener. Et les enfants dans tout cela. Qu’adviendrait-il de ces pauvres victimes, qui n’avaient jamais rien demandé à personne ? Probablement que ce fossé les tirerait un peu plus vers le bas eux aussi, à moins que chaque principauté régionale ne décide du sort de son propre peuple ? Bien souvent, le haut de la hiérarchie pensait à tort que le plus bas était incapable de penser et de réfléchir aux conséquences. Pourtant, une taverne était bien la verve principale de toute information, un lieu dans lequel les interdis bravaient les idéaux de tout un chacun afin d’en dégager quelques unes des meilleures idées pour changer la donne. N’y donnions pas souvent ici, le lieu principal de négociations politiques ? La jeune femme avait compris de ce rôle dès l’instant où quelques unes des conversations lui avaient apprise l’arrivée saugrenue d’un invité inattendu sur les terres de Lancéhélion. Le grand monarque, dragon qui plus est, ici sur les terres dorniennes. Naïa n’avait pu que sourire, amusée par cette blague dès lors qu’elle avait pu l’entendre, mais pourtant, la vérité s’en était dégageait au fil des jours. Vérité qu’elle avait fini par rapporter à sa maîtresse, Livia Forrest, qui lui permis ainsi de gagner un peu plus ses faveurs. La confiance s’installait et savait résider de manière durable entre les deux jeunes filles, ce qui laissait entrevoir une porte d’espoir dans l’esprit de la courtisane. Décimant son service pour les soins de sa maîtresse, elle pouvait gagner des instants de liberté sans que sa mère ne l’en punisse. Quoi qu’il en soit, depuis lors le monde du soleil paraissait entrer dans des tensions de plus en plus palpables. Les abnégations se mêlaient doucement à ses désirs de vengeance, tant est si bien que les regards qu’elle croisait donnaient l’impression de renfermer des ombres passées. Qu’est ce que ce roi avait bien pu faire pour susciter de tels émois ? La réponse était pourtant bien simple, et consistait à rappeler à la jeune fille quelle était sa situation. Peut être un jour le saurait-elle, mais pas encore.

Combien de jours s’étaient écoulés depuis ? Combien d’heures avaient eu raison de ses questionnements ? L’incertitude quant à tout ceci résidait intacte, pourtant le départ de Dickon Forrest n’avait pu qu’encourager un peu plus sa curiosité. Qui était cette famille qu’elle servait depuis toujours ? Livia ne lui avait répondu que ce qu’elle était autorisée à rapporter à tous, à savoir que son départ était en rapport avec des affaires à la capitale. Quelles affaires ? Là encore, la frustration de la jeune fille était à son plus haut point et pourtant, elle devait la taire pour continuer à réaliser à bien ce qu’elle faisait. La taverne affichait de nouveaux arrivants. Quelques uns pourtant connus, d’autres dont les visages rappelaient sans conteste les traits brunis des gens du sud, mais il en restait un dont la peau, la démarche, l’attitude de manière générale leur paraissait à toutes comme étant étrangère. Ses accoutrements rappelaient sans équivoque ceux tenus par les gens du Nord. Dès lors que la frontière Dornienne était dépassée, le Nord emplissait tout Westeros. Et celui là, jamais il n’avait été vu ici. Tapis dans l’ombre, Naïa admirait sa démarche, étudiait chacun de ses gestes, comme si elle y voyait là le fantôme d’un passé qu’elle ne connaissait pas. Intriguée par les attitudes qu’il affichait, elle reconnaissait bien là les manières de tout homme en proie à la désinvolture, mais pourtant autre chose persistait en lui. Ce n’était pas les filles qu’il était venu chercher, mais plutôt l’alcool dans lequel il semblait se noyer. Etait-ce de l’or qui ornait sa cuirasse chevaleresque ? Le linceul devait-il être immaculé selon ses origines ? Nul doute que cet étranger, comme elle se plaisait à le dénommer dans sa tête, devait provenir d’une province bien reculée, et riche. Certaines filles en avaient d’ailleurs déjà fais le parallèle puisqu’elles tournaient autour de lui comme des abeilles en pleines quête de breuvage. Un sourire en coin naissait sur les lèvres de Naïa alors qu’elle laissait tout ceci de côté, d’autres affaires l’attendaient. Les minutes devinrent de nouvelles heures et les occupations s’amenuisaient au rythme des départs. Un rapide coup d’œil en direction de sa mère, rappela à la jeune fille qu’elle n’avait pas finit son service et qu’il fallait qu’elle lui ramène de l’argent. Encore et toujours cette question d’argent. Un soupir s’échappa de ses lèvres alors que ses yeux se portaient en direction d’une masse difforme affalait contre un mur. Certains avaient trop abusés de la bouteille, encore un qu’il faudrait traîner jusqu’à l’extérieur quand le moment serait venu. Mais à bien y regarder, Naïa reconnut les dorures de toute à l’heure et le linceul cramoisi qui se tâchait encore plus. Telle un faon, la jeune fille inclina sa tête d’un côté, alors que ses yeux cherchaient des réponses à ces questions passées. Et ce fut à cet instant là que ces derniers croisèrent le regard argenté qui lui donnait l’impression de la dévisager. Elle ou la cruche devant elle ? Elle n’en savait rien, mais quoi qu’il en soit, son regard entreprit de devenir plus aguicheur après que sa mère lui ait confirmé son approbation d’un signe de tête. Naïa déambula jusqu’à la table et se saisit fermement du pichet contenant ce liquide tant convoité par l’étranger, de sa main libre, elle prit en plus trois gobelets. Elle déposa tout ceci sur la table la plus proche de cet homme et s’y installa tout en dégageant de manière délicate et charismatique les trois gobelets qu’elle lui présentait vide. « Les remords ou la déception ? » Un sourire en coin s’étirait doucement sur ses lèvres alors qu’elle se saisissait du pichet afin de verser du vin dans le premier gobelet. « Le passé ou le présent ? » Cette fois sa main dévia pour remplir le second gobelet alors que son regard accentuait bien ses dires tout en arquant un sourcil de manière amusée. « L’habitué ou l’étranger ? » Elle remplissait le dernier verre et déposa le pichet à côté d’elle avant de placer une de ses mains sous son menton pour inviter l’étranger à la rejoindre. Nombreux étaient les hommes qui appréciaient le silence et Naïa voulait lui prouver qu’elle savait se distinguer de ses sœurs pour être à la fois présente et absente, tout dépendait de son bon vouloir.

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Dangereuse et aguichante nuit

An 299 Lune 7  Jour 14


Ça démarche était subtile,  ses hanches se mouvant de gauche à droite dans un élan maîtrisé qui allèche et captive inexorablement le regard des hommes. Une gestuelle plaisante paraissant la parfaite illusion d'une parade amoureuse aguichante et provocante. Sa silhouette parfaitement dessinée laissait mes yeux et mon esprit se balader de ses pieds aux petites chevilles délicates et fragiles. L'extension de ses jambes scintillantes au contact des reflets lumineux des chandelles vacillantes dans une danse incertaine. Ses cuisses généreuses insufflant une inspiration soudaine aux plus téméraires sur son passage frôlaient avec assurance les bancs et les tables avoisinantes. Se rapprochant dangereusement j'observais cette prestance habituelle qu'elle avait acquise en ce lieu ou dépravation et luxure se côtoient telle de vieilles connaissances. Utiliser ses charmes, ses atouts, sa beauté telle une lame, une dague, un poignard longuement aiguisé et finir le creux de la main tendu délester quelques pièces sonnantes et trébuchantes les clients contentés. Je redressais l'ossature de ma colonne vertébrale dans un craquement brusque mais, soulageant. J'échauffais mon corps tout entier étirant chaque parcelles de cette colossale musculature que j'arborais avec fierté. Je suscitais bien des regards auprès des prédatrices, harpies et croqueuses qui séjournaient et tournoyaient tout autour de moi.  La seule qui suscitait mon intérêt portait entre ses mains le pichet d'un vin dornien aux saveurs âpres et embaumant mes lèvres violâtres d'un dangereux breuvage qui faisait plus de mal que de bien. Devais-je rendre plus misérable le garde-royal qui n'en était plus un ? Me fourvoyer et déshonorer les miens ? Que les sept aillent se faire voir, se soir je ne suis plus d'humeur à protéger qui que se soit.

Nouer le contact entre ma personne et celle qui serait peut être quelques minutes, quelques heures la libératrice des maux et des mœurs tourmentant cet esprit étroit et déçu de vivre et servir autre que sois. La brune sulfureuse aux yeux de biche éprouvés de simuler et miroiter une illusion quotidienne et monotone déposa trois gobelets. Laissant glisser les formes sphériques des verres de ses phalanges chétifs presque squelettiques sur l'armature en bois de la table. Je laissais mon bras gauche  repousser les avances des vierges effarouchées provoquant bien un soupir de déception dans la maigre foule s'étant intéressé au pauvre petit moi que j'étais en ces lieux. Bien sur elles n'étaient pas pures, leur innocente vertu n'était plus. Je plaignais les quelques clients ayant pour habitude de se laisser naïvement tenter et penser obtenir l'affection d'une véritable épouse, femme au foyer qui elle reste sagement et fidèlement accrochée à l'espoir de les voir rentrer tôt ou tard dans la soirée. Je me laissais retomber sur le banc me séparant de cette jolie et insignifiante créature de la nuit. C'était bien naïf de ma part de penser qu'une telle fille si jolie et légèrement parée allait me laisser m'enivrer dans ce parfum de girofle, de cannelle et de miel épicé  titillant l'odorat des soiffards et des ivrognes boire et siroter tranquillement sans broncher. Je m'étais attablé posant mes coudes contre la paroi rugueuse et abrupte du bois laissant mon ouïe l'écouter. Une rose à la peau halée semblable à celle arborant les crevasses et les dunes escarpées. J'inspirais profondément laissant un léger rire agrémenter l'attention qu'elle me portait soudainement sur un jeu auquel je n'avais pas pour habitude de jouer. Mes lèvres se plissèrent légèrement laissant mes yeux se baisser sur mes doigts tapotant instinctivement le bois ciselé d'une des planches composant la tablée. Je riais systématiquement quand j'étais quelque peu enjoué par le trop plein d'alcool qui avait du mal à se dissiper. Pourtant ce qu'elle portait à mon oreille me rendait plus nostalgique même si je n'en laissais rien paraître du moins c'est ce que je croyais stupidement. Attentif, je laissais ma langue humidifié le rebord de ma lèvre inférieure avant de fixer les gobelets se remplir un à un. Ma curiosité était accaparée par cette étrange manière d'aborder un début de conversation propre aux doriennes dénudées présumais-je en plissant mon regard sur le premier verre emplit du liquide que j'avais récemment commandé.

Les mots choisis par celle-ci me causaient bien des soucis. L'indécision entre de simples mots qu'elle avait lâchée sans savoir et pourtant touchaient ici des fragments et parcelles de souvenirs que je tentais vainement d'enfouir. Je portais ma main gauche vers le premier gobelet pendant que l'autre  laissait une pièce virevolter d’entre mes doigts et retomber en sa direction sur la table. Je soupirais écarquillant mes yeux face à un dilemme que je ne pouvais résoudre de toute évidence qu'en me prêtant au jeu qu'elle m'offrait.  Je laissais mes lèvres soupirer et vibrer l'une contre l'autre avant de répondre de la manière qui me semblait la plus évidente possible.

« Les remords... » Déclarais-je avant d'empoigner la chope et laisser l'alcool couler un moment le long de ma gorge puis me stoppant un court moment laissant mes yeux hagard se focaliser sur la généreuse poitrine qu'elle dévoilait et reprendre aussitôt. « Et la déception, les deux à la fois. » Terminais-je avant de reposer le gobelet et me saisir du deuxième pour continuer d’assouvir ce désir d'alcool non dissimuler. « Passé, présent, on ne peut avoir l'un sans l'autre... » Déclarais-je continuant d’étancher ma soif et dévoiler l'agréable surprise face au goût d'épice que je commençais à affectionner. « Aie-je besoin de répondre face à l'évidence qu'ici je suis l'étranger et en quelque sorte l'attraction de la soirée ? » Répondais-je sur un ton ironique, riant légèrement face à ma propre bêtise et poser mon regard perçant sur le sien en cherchant à poursuivre notre discussion étrangement entamée.

« Et cette mystérieuse et séduisante jeune femme a un nom ? »


   

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Lyle & Naïa
“Qui que nous soyons au fond de nous, nous ne sommes jugés que par nos actes.”

S
on regard attisé vers ces yeux enivrés, la jeune fille n’avait pu que répondre à l’appel de cette curiosité piquée à vif. Qui était cet étranger ? Que dissimulait-il ? Quelles histoires serait-il à même de lui offrir tant et si bien que son esprit en demeure clément et propice à la discussion ? Les questionnements reprenaient de leur droit à mesure que de sa démarche féline, Naïa perçait les atmosphères félines et voluptueuses pour répondre ainsi l’appel d’une soif à étancher. Le pourrait-elle seulement ? L’alcool prodiguait bien souvent dans les ardeurs des hommes quelques effets insatiables à mesure que les fermentations se mêlaient dans un sang trop furibond. Ce regard  céruléen ne lui donnait guère l’impression de se détacher de ses habitudes. A la manière d’un faon intrigué, voilà que l’étranger lançait des appels impatients quant à ce breuvage qu’elle serait à même de lui offrir. Le monde devait probablement lui donner l’impression de s’être arrêté, ou du moins que les mouvements alentours étaient dans un état de dormance bien apprêtés alors que sa fougue se rabattait sur les effets que la jeune femme tenaient entre ses mains. Sa convoitise était là, à sa portée, si seulement il daigner s’y approcher. A la manière de deux animaux qui se toisaient, qui veillaient à prendre connaissance de la sauvagerie de l’autre, voilà dans quel état d’esprit la courtisane s’installait d’une manière délicate sur le banc de cette table. Proie ou victime ? Pour l’heure nul ne pouvait décider du rôle de l’autre, tant le jugement était de mise. Et la stupeur non dissimulée veillait à s’installer délicatement sur les diverses mimiques faciales de Naïa à mesure que le mouvement était sans pour lui rappeler une sorte d’avidité de savoir la concernant. Quelques unes de ses sœurs tentèrent un énième rapprochement avec cet homme à la prestance non dérisoire, se heurtant à une détermination qui décria leur propre moue de déception. Au grand plaisir de la jeune femme cependant, qui souriait derechef à ce spectacle. Les hyènes avaient faillis, restait à savoir à quel genre d’espèce tous deux appartenaient. Et de cette même manière habituelle, rappelant sans conteste ses années passées à de tels services, la naïade déversa de ce nectar tant désiré dans un premier gobelet. Jaugeant à nouveau de l’étranger, veillant à satisfaire peut être quelques uns de ses fantasmes les plus secrets, la jeune femme avait beaucoup appris sur les hommes et comptait bien le démontrer. Elle savait qu’une conversation devait se faire que si l’opportun en montrait une once de désir, le faisait-il ? Peut être. Ce sourire ne trahissait en rien l’amusement qu’elle semblait lui offrir, un jeu qui donnait d’autant plus l’impression de le surprendre à mesure que les mots trouvaient refuge dans l’esprit embrumé du soldat. A moins que cela n’en fusse du doute ? La tête d la jeune femme s’inclinait inexorablement, laissant entrevoir ainsi de cette quête de compréhension qu’elle tenait à soulager. Cette dernière n’en devint que plus claire au moment où les places se retrouvaient et à l’instar de cette pièce qui s’abattait sur la table dans sa direction, Naïa arqua légèrement un sourcil avant de continuer son déversoir. Impatiente quant aux réponses que le jeune homme serait à même de lui donner, ses yeux finirent par se poser en direction de la pièce avant de retrouver l’origine même de tout ceci. Ses comportements ne la trahissaient pas, l’étranger était en pleine quête d’un renouveau ou du moins lui en donnait-il l’impression alors qu’il soupirait de cette manière. L’avenir pourrait peut être lui être clément, à moins que ce dernier ne se joue d la triste vie des vivants. De son bras maintenant libre,  Naïa appuya son coude sur la solidité boisée avant de déposer délicatement son menton sur sa main. Son regard n’en resta que fixe, désireux de connaître un peu plus quels ébats internes ce haut soldat était en train de mener. Lorsque le ballet débuta, c’est avec une attention toute particulière que la jeune femme écouta les réponses. Des remords. Voici donc le poison qui rongeait cet homme de l’intérieur. Restait à savoir de quels genres se jouaient-ils de sa besogne. A en juger par son âge, la naïade était prête à parier que femme et enfants étaient de la revue, néanmoins son silence ne s’en fit que quelque peu plus étendu à mesure qu’elle constatait de son regard plus désinvolte. Y prêtait-il réellement attention ou n’était-ce là que le fruit de sa propre réflexion qui l’amenait à poser ses yeux sur sa poitrine ? Quoi qu’en soit la réponse, la jeune femme s’amusa de cette situation et dégagea un peu plus son bras devant pour lui permettre une meilleure vue si cela lui en disait. Mais la déception pointa le bout de son nez. Cette fameuse et ô combien tare qui assombrissait bien des cœurs. Profitant de cet intermède incongru, Naïa laissa ses doigts se hasarder de-ci de-là sur sa clavicule, à mesure que le passé et le présent éveillaient un peu plus le sourire sur ses lèvres. La vie paraissait prendre à mal l’étranger. Envers qui était-elle réellement clémente ? Visiblement, toutes les strates de la société semblaient touchées par cette belle mascarade.

« Je suis ce que tu veux que je sois étranger. » Sa langue vint à passer doucement sur sa lèvre inférieure alors que son regard restait hypnotisé par celui du soldat. « Beaucoup m’appellent putain, d’autres ma jolie, certains osent même me donner le nom de Khamsin. Mais pour toi… » La main qui gardait encore la hanse du pichet en son sein se rapprocha de sa propre posture, ce qui l’incita à rapprocher les doigts de son autre main libre à l’intérieur de ce dernier pour les plonger dans ce vin épicé si cher à leur région. « Je serai Mirage, celui dans lequel tes tourments trouveront repos pour une nuit… » Ses doigts se relevèrent du récipient amenant la naïade à incliner sa tête vers l’arrière afin de cette perle rouge puisse venir s’écraser d’une manière drue contre ses lèvres qu’elle s’humecta. « N’est-il pas vrai que le mirage étanche la soif, l’étranger ? » Cette même main se dégagea pour venir récupérer l’un des gobelets qu’elle remplit à nouveau. « Quant à toi, resteras-tu l’étranger ou désires-tu me donner un nom ? » Le son à mi sourd du gobelet rempli se déporta jusqu’au devant de la musculature imposante du jeune homme. Ce geste incita la jeune femme à reprendre son ancienne posture alors que sa tête inclinait sur sa gauche tout en maintenant ce regard équivoque quant à la situation. Les présentations étaient faites, restait à savoir si cela les amènerait à mieux discuter ou plutôt à rendre cette distraction plus adaptée à ses désirs. Néanmoins, il n’en restait pas moins que la curiosité restait palpable, inassouvie et d’autant plus frustrante à mesure que les innombrables questions s’installaient dans l’esprit peut être trop étroit d’une courtisane. « Le blanc est-il pur ou au contraire maculé de tes remords ? »  Ses sourcils se froncèrent à mesure que les mots sortaient de sa bouche et que les questions en amenaient d’autres. Une chose était certaine, elle ne laisserait pas une autre prendre sa place à présent. Le jeu en était bien trop alléchant et d’autant plus enivrant. Se saisissant d’un autre des gobelets qu’elle lui avait servi, la jeune femme le remplit juste dans le fond avant de se relever délicatement et de continuer sa danse séductrice tout en veillant à laisser les doigts de sa main libre effleurer de cette même habitude ce que d’autres lui instruire comme étant des épaulettes. Ainsi la naissance de cette cape fut son refuge pour quelques caresses au moment où ses lèvres se rapprochaient dangereusement du lobe d’oreille du soldat. « Est-ce un tout ? » Son souffle se perdait dans cette sensualité alors qu’elle se relevait pour ainsi accompagner l’échine de l’étranger à suivre la légère pression qu’elle exerçait pour qu’ainsi il puisse se pencher et reposer son crâne juste sur son ventre tout en relevant son menton. La main qui contenait le gobelet se leva doucement dans les airs afin que l’embrasure de ce dernier puisse toucher doucement les lèvres de l’étranger. Naïa en inclina l’angle permettant ainsi au liquide de poursuivre sa course ruisselante en direction de la bouche du jeune homme. « Ou rien ? » Le ton qu’elle employait poursuivait lui aussi de cette audace et confiance en elle qu’elle avait pu établir jusqu’alors.  Elle espérait avoir des réponses, bien plus encore peut être même des récits que nul ne lui avait contés.


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Dangereuse et aguichante nuit

An 299 Lune 7  Jour 14


Je suivais du regard l'inclinaison de son corps sur la devanture de la table qui nous séparait elle et moi. La paroi circulaire du dernier verre entamé laissait ma main droite s'y apposée tapotant de mon index, solide phalange osseuse plusieurs fois sous la réflexion se faisant plus intrigué et attiré par la mystérieuse et aguichante femme que j'avais sous les yeux. Envoûtante créature aux charmes tant bien apprêtées qu'enviables. Sa pose lascive n'était pas déplaisante à regarder, il fallait être aveugle pour ne pas vouloir être tenté par cette poitrine généreuse auquel elle semblait accoutumée si bien qu'elle permettait à l'imprudence de mes pupilles de se rincer quelques instants encore et d'avantage mettant en avant ses atouts au combien désirable. J'étais bien trop têtu pour me dissuader d'une quelconque ouverture de ce genre mais, elle suscitait plus d'intérêt à mon sens dans le timbre de sa voix et ses allusions à vouloir connaître à quel genre d'homme elle avait à faire à cette heure tardive au beau milieu d'une terre aride et sèche. Région de westeros que je voulais quitter au plus vite, me débarrasser de ces fâcheuses pensées qui encombraient mon esprit et me rendaient aigre et empreint à la rancœur d'une vie qui peu à peu laissait place à l'incertitude.

J'avais décidé de reprendre en main ma vie qui m'avait jusqu'ici quasiment échappée et pourtant il est difficile de se résigner à laisser tombé tout ce que nous avions jusqu'ici connu. Le regard de braise et au fard à paupière semblable au charbon d'un âtre flamboyant brunis avec le temps continuait de me toiser de cette attraction si particulière qu'elle captait dès lors une toute autre attention chez moi. Toucher avec les yeux ne satisfait pas souvent les plus virulents des hommes. Dans cette situation quelques peu incongrue j'aspirais toutefois à aider mon esprit à ne pas trop réfléchir et me questionner. Seulement oublier, quelques heures, quelques instants tout du moins pour cesser de penser aux mauvais rêves aux allures cauchemardesques. En cela la jeune femme obtenait gain de cause car elle réussissait à me faire sentir un peu moins rude sous mes allures d'homme fier et de chevalier en armure. Mes yeux se plissaient essayant de percer à jour ce petit manège auquel je me laissais aisément tenté au fur et à mesure que la boisson s’agglutinait dans ma bouche et ruisselait à foison le long de ma gorge pour insufflé une certaine forme d'ignorance, de plénitude et insouciance dont le monde des adultes à du mal à s'extirper.

J'écoutais cette voix qui se voulait plus mystérieuse à chaque parole prononcée. Plus taquine dans sa façon de se mouvoir ou de se comporter. Les dorniennes savaient inexorablement comment faire pour rendre un moment agréable à vivre. Havre du plaisir charnel et de l'exotisme voilà bien des choses que le nord n'avait pas le luxe de s'offrir. Dépaysement total et voici venir la prédatrice fondant sur sa proie. J'admettais qu'elle y m'était du cœur à l'ouvrage ou bien s'était tout simplement naturel chez ces gens là. Elle trouvait les mots justes pour  une clientèle qui se devait d'être exigeante et capricieuse. Mon regard s'amusait à voir cette forme de séduction à demi voilée, dissimulée sous des fins vêtements aussi transparent que l'eau et aussi rare qu'elle soit à dénichée dans une telle contrée. Je concédais dans un hochement de tête spontanément sans répondre stoppant mon gobelet dans un élan habituel et faisait un signe de tête qu'elle avait assurément raison. Après tout elle étanchait ma soif d'une manière amusante, appréciable et la légère moue que mes traits firent transparaître ne firent qu’approuver sans un mot ce qu'elle venait de me dire. Je levais mon verre un peu en avant verre elle montrant mon approbation face à la curieuse véracité de ces mots prenant quelques secondes à me répéter ce qu'elle venait de déclarer et d'un geste rapide vidait le verre d'une traite avant de le reposer sur le bois entrechoquant le culot de celui ci dans un bruit creux et brute. À qui le dis-tu ! Pensais-je silencieusement reniflant légèrement d'un coup sec laissant mes yeux dérivés sur sa poitrine inclinant légèrement mon cou sur la gauche sans un clignement ni me rendre compte de ce que j'étais entrain de faire sur l'instant.

Je sortais de cette étrange torpeur que l'alcool aidait volontairement à contribuer. Je l'observais s'amuser et prendre un malin plaisir de se rendre plus désirable encore dans cette suavité brûlante par ses nombreuses mimiques qu'une fille de joie a peu souvent l'habitude d'avoir.  Je me redressais légèrement apposant mes poignets contre la table laissant mes yeux dérivées sur ce corps se mouvant lentement vers moi frôlant de ses doigts mes épaulières épiant ses bras au teint hâle qui fait tant parler à la capitale. « Par chez moi l'on me nomme le sanglier. » Déclarais-je tout en me laissant faire face à cette farouche et audacieuse entreprise dont j'étais la cible. Je pouvais ressentir son souffle chaud titiller mon oreille dans un murmure des plus suave qu'elle avait eut à mon encontre. Je laissais naître instantanément un sourire sur mes lèvres laissant un léger rire s'étouffer dans un gobelet pour focaliser mon esprit et ce que j'avais sous le pantalon ailleurs qu'ici. Sans réelle conviction je devais l'admettre les femmes avaient ce genre d'effet sur beaucoup d'hommes et je ne dérogeais pas à la règle. Mon visage suivit son chemin par ce regard que nous partagions et auquel je ne me détachais pas. Finalement le contact fut établit par bien des manières auquel je n'étais peut être pas sur de me souvenir aussi distinctement qu'à cet instant précis. Elle abreuva et étancha un peu plus cette soif qui en faisait naître une autre, puis une autre, encore et encore sans jamais être complètement satisfait de ce que mes lèvres rougeâtre par le vin se laissaient tuméfier sous la quantité du breuvage absorber. Je n'en laissais pas échapper une seule goutte et je laissais mon corps s'articuler de façon à passer mon avant bras derrière la courbure intérieure de sa colonne vertébrale frôlant ses délicates et rebondies petites fesses quoique pas si petites finalement quand je l'invitais à suivre le mouvement de ma main s'apposer délicatement sur l'une de ses généreuses hanches et finir par s'asseoir sur l'une de mes puissantes cuisses. « Mais je préfère que tu m’appelles Lyle. » Déclarais-je sentant son poids aussi léger soit-il se poser sur moi faisant grimper d'un cran le contact visuel au touché de cette peau satinée à l'odeur particulièrement fruitée. « Le blanc ne peut être immaculé et pur là d’où je viens mais mes remords n'en font pas partie. » Déclarais-je la fixant de bas en haut gardant le lien de nos yeux se confronter dans un duel plus joueur désormais. Je laissais mes lèvres marqué à la commissure de mes lèvres un certain sourire taquin. « Je crains que cela ne soit un tout auquel seule une audacieuse et bien curieuse personne soit prête à vouloir connaître. » Terminais-je alors que réflexion faites je pouvais moi aussi jouer à ce petit jeu. « Que me vaut cet intérêt si particulier fille de Dorne ? Tu n'es à l'évidence pas comme les autres filles. » Déclarais-je cherchant à percer les quelques mystères qui tournaient autours d'elle.


   

© LYLOU


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