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Ainsi, l'ours viens se dorer la pilule chez l'abeille [Pv Ellyn]

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Suite à cette conversation enrichissante, comme toujours avec mon cher ami Brynden, j’ai pris sur moi de trouver une occupation intéressante, histoire de passer le temps  En fait, c’est typiquement ce genre de période que j’aime, mais que je déteste en même temps. Il faut dire que je ne suis pas particulièrement un grand amoureux du calme et que de savoir que je n’ai plus qu’à errer quelques temps avant d’avoir un peu d’action m’amuse sans m’amuser. Je suis un homme simples, aux mœurs et passions toutes aussi simples. Vous savez, j’ai toujours passé la grande majorité de ces temps libre à courir après divers trous du cul en tout genre afin de leur affiner le portrait au nom de celui qu’à ma façon, je sers. L’autre partie, qui peut elle-même s’avérer majoritaire, quand les temps sont trop calmes pour pouvoir en parler, c’est de me savoir dans un coin miteux, d’une quelconque taverne miteuse, en train de picoler comme un simple sac. Finalement, les choses ne sont jamais aussi simples qu’on le souhaiterait mais en tout cas, cette fois, j’ai une tâche toute choisie qui m’attend. Lorsque je suis revenu de Salvemer, j’ai donc croisé un groupe de bandits qui s’amusaient à faire payer toutes sortes de taxes inexistantes… Autant dire une poignée de fous qui n’ont visiblement jamais tenu à la vie. Après avoir attaqué leur petit campement, j’ai eu le temps d’en voir chevaucher vers le sud, vers le Bief. Je vais donc retourner là ou je les ai attaqués, sais-t-on ma fois jamais, pour finalement suivre leur trace et tenter de le mettre la main dessus. Je garde assez bien en mémoire la sale trogne de l’un d’eux. Assez petit, chauve, une sale balafre tracée au fil de mon épée sur l’œil gauche. Le genre qu’on peut difficilement rater et encore moins oublier. S’il n’est pas mort de sa blessure, il saura sans doute servir d’affiche à ma petite recherche. Je n’aime pas laisser un boulot à moitié fini. Une fois sur place, j’ai eu le loisir de constater que leur campement ne témoignait d’aucun signe de vie récent et par chance, les récentes humidités ont rendue la terre propice aux traces. Ainsi, de cet endroit et sur cette idée est née cette traque, traque qui ne finira que lorsque mon épée, viendra par pur loisir et afin de titiller ma satisfaction personnelle, arracher la tête dégarnie de ce pleutre de sur ses épaules. Un bon moment en perspective, donc.

Mon voyage s’est encastré dans la ligne du temps de façon simple, mon cheval est robuste, il n’est pas des plus rapides mais il peut chevaucher plus longtemps et n’est pas franchement concerné par beaucoup d’intempéries si ce n’est, sans doutes au même titre que son propriétaire, les canicules. Putain, les anciens dieux m’en soient témoins, je décrocherais bien ce fichu soleil de son trône. M’enfin, le tout ce fit donc en trois étapes distinctes. Questionnements et renseignements en tout genre, histoire de voir si quelqu’un aurait une piètre idée d’où se trouve mon gus et ses compagnons. Par chance, une fois encore, ils ne s’attendaient visiblement pas à être suivis et bien que la distance et les journées commencent à s’accumuler, je parviens à garder leur trace. La seconde phase, se résume à mes haltes boisson. Sans doutes est-ce là la raison principale au temps que je prends pour les rattraper. M’enfin, Brynden m’as filé un bon moment de repos, ce n’est donc pas ce qui dérange particulièrement et sur tout l’argent que je touche de mes travaux pour celui-ci, j’en utilise dans la vie de tous les jours finalement que très peu. Je ne suis pas un chevalier, mon emploi du temps n’est ni à suivre ni géré de quelconque façon que ce soit. Lui comme moi savons très bien que si il à besoin de moi, il trouvera toujours moyen de me le faire savoir. L’on sous estime souvent beaucoup des animaux qui servent communément nos maisons, ils sont déjà un bon moyen de retrouver quelqu’un. M’enfin, je ne vais pas m’égarer sur le sujet, je présume que vous attendez que je vous parle de cette troisième phase, hmm ? Et bien, tout bêtement, il s’agit de mon temps de chevauchée.

Ainsi, après environ deux semaines, ou peut être bien deux et demi, je me retrouve arrivé aux alentours de mielbois ou divers paysans alentours m’ont juré avoir repéré mon affreux récemment, sans doutes même qu’il y est encore. Sans doutes pense t-il avoir couru assez loin pour m’échapper. Je sais ce que vous vous dites, pourquoi puis-je encore vouloir m’en mêler ? Sans doutes, dans un sens, car je n’ai rien de bien mieux à faire pour occuper mes journées et qu’il fait parfois bon de voyager goûter aux saveurs locales. Dans le cas présent, il en va aussi de ma fierté. Ce n’est pas tant ses compagnons, mais surtout lui, en fait. De toute façon, ils ne sont pas nombreux à être parvenus à s’en tirer, mais lui… lui… il est le seul de ce petit groupe que j’ai eu loisir de marquer du fil de mon arme et ça, je ne peux cautionner de le laisser s’en tirer avec une simple balafre sans au moins une petite commotion cérébrale pour combler le tableau. Non, je ne peux pas. Surtout que le fourbe est en pleine ville, et que je n’aurais pas spécifiquement la patience de le laisser prendre son voyage. Je me suis déjà assez éloigné du bercail, sans doute échappera t-il donc à la mort, le veinard. Comme à mon habitude, je sélectionne donc la taverne la plus miteuse de la ville, si tant est qu’il y en ai plusieurs et j’entre dedans, venant questionné ou tout du moins, c’était dans mon intention, avant que je ne remarque l’un de ses petits copains en train de cajoler sa putain et se faire sucer par une bière. Ou sans doute étais-ce l’inverse. Je me suis donc paisiblement installé dans un coin sombre, profitant du fait qu’il ne m’ait pas remarqué, me disant que son copain le chauve devait bien trainer dans le coin et malheureusement, je dois dire que plusieurs verres plus tard, j’avais d’autres idées en tête comme par exemple, m’offrir une petite sieste. De toute façon l’ahuri semblait bien assez occupé avec ses deux boissons pour bouger avant un moment et puis, faut dire que les filatures, ce n’est pas forcément mon point fort. Mon domaine de prédilection dans le domaine s’arrête à la chasse, et je chasse plus souvent le sanglier que la gazelle, il faut le dire comme c’est. En tout cas, quoi que soit ce profond abruti, il ne broutera plus très longtemps. J’ouvre donc les yeux une petite heure plus loin, lorsque le tavernier viens gentiment me faire comprendre que ça fait trop longtemps que je n’ai rien consommé, bien entendu, j’ai déjà assez bu pour sentir une vilaine gueule de bois arriver, ce qui me pousse à payer pour sortir ensuite. S’en viens donc une scène vieille comme le monde, un jeune homme, particulièrement bien bâti, pas musculairement, mais au nez de gazelle, si vous voyez ce que je veux dire, tirant par la main une de ces dites brebis bien fraiches. Je ne relève pas la scène pour le ridicule apparent de celle-ci, non, je sais déjà que les femmes du sud préfèrent les filles manqués aux hommes. Non, c’est surtout que notre couple protagoniste se voit suivi de près par mon ami le chauve et ses deux copains. Je rentre à nouveau dans la taverne, histoire de me commander une bouteille, pour la route, que j’aurais bien entendu parfaitement à loisir de vider sur le chemin. J’ai assez d’expérience de la vie pour savoir que ce genre d’images n’amène pas à batifoler en pleine rue publique, mais surtout à se trouver un coin tranquille, que ce soit dans une ruelle ou encore dans un champ, histoire de s’échanger des mots doux au calme et nos trois truffes connaissent bien leur travail, ils savent sans aucun doutes cela aussi bien que moi.

Comme je m’y attendais, le cul bronzé amène la petite bourgeoise dans une de ces ruelles peu fréquentées, surement habitait-il dans un coin de celle-ci et se pense t-il en sécurité ainsi. Je vois le chauve distribuer quelques instructions, alors qu’un de ses compères s’éloigne des deux autres pour faire le tour de la dite ruelle rapidement afin qu’ils puissent venir attraper en sandwich le jeune couple. J’attends donc que l’instant se prête à l’action, vidant le contenu de la bouteille que je citais précédemment, nous en somme là, sur la ligne du temps. Le cul bronzé tente de faire le beau devant sa donzelle, mais celui-ci s’échappe la queue entre les jambes à la première paire de torgnoles, abandonnant la bourgeoise aux mains de nos bandits. Sans doute ont-ils des plans plus juteux que de courir après l’imbécile dragueur comme par exemple, témoigner de leur expérience d’hommes virils à la jeune femme. Pour être précis, j’attends que la première claque soit distribuée pour entrer en action. Je ne suis pas particulièrement pour ce genre de pratique, si ça ne tenait qu’à moi, je me serais sans doute mêlé à la bagarre dès la première seconde, tranchant net dans le vif chauve du sujet. Mais  je ne suis pas idiot, et bien que Brynden n’ai pas besoin de moi avant un moment, je ne compte pas me laisser moisir dans un cachot. J’ai simplement donc attendu de pouvoir certifier aux gardes d’une argumentation de fer le bien fondé de mon intervention et maintenant que j’en avais une preuve, hérissée d’une fine gouttelette de sang coulant sur la joue rougie de notre belle bourgeoise, je vais pouvoir rendre au centuple à notre ami le chauve le poids de son erreur. Je m’approche donc, paisible, avant de lancer, un sourire témoignant de la présence de toutes mes dents :


-Tiens, mais c’est que ce monde est petit ! Je vous ai manqué ?

Le chauve, pris d’une sueur froide, se tournes vers moi avant de pâlir, sa main venant dans un mouvement se voulant machinal effleurer le souvenir que je lui ai laissé sur l’œil gauche. Il se met donc à distribuer quelques instructions très claires à ses compagnons dans l’espoir de profiter de leur avantage palliatif pour venir tenter de « m’ôter la vie ». Effectivement, ils semblent témoigner bien moins de scrupules à tirer leurs épées en pleine ville pour me faire taire et sans doutes profiter du fait que je sois loin de mes terres pour ne pas s’attirer les foudres de Brynden. Les idiots. Ils viennent simplement de m’offrir ce que je souhaite depuis le début. Je viens alors, d’un geste machinal tirer l’espadon reposant jusque là dans mon dos, la lame de mon arme n’est pas beaucoup plus longue que la grande moyenne générale (1m70 lame nue) mais elle est forgée plus large et est donc plus lourde. Celle-ci à souvent poussé la légende suivant l’homme au sang de géant vers des taux de véracité bien appréciés et le plus drôle restera toujours de constater la peur à la simple vue d’un homme pouvant soulever un tel jouet. L’homme qui fais face comprends souvent la ténacité de son erreur bien trop tard et c’est ainsi que je prends soin d’embrocher le premier des trois, lâchant mon arme, bien trop encastrée pour le coup dans le corps de cet abruti pour me permettre de la retirer assez vite, je viens donc, au coup du suivant, interposer ma propre main afin de venir attraper son avant bras et, bien entendu, profiter de sa surprise et de mon avantage de force pour le placer entre le chauve et moi, celui-ci venant donc de tuer son compatriote à ma place. Vous me direz, le premier n’est pas mort. Mal en point, certes, mais pas mort. Je me serais senti mal d’offrir trop de brutalité inutile à une jeune femme bien éduquée. Le chauve, recules de quelques pas. Après tout, rien de bien surprenant, je viens de mettre hors de combat ses deux copains de voyage sans vraiment avoir eu à sourciller. Par pur soin personnel, je viendrais assommer l’empalé d’un massif coup de poing avant de retirer ma lame de sa carcasse respirant elle-même encore de trop à mon goût. Le chauve, lui, finit par prendre la parole.

« Je sais qui t’es, t’es Gudbjoern. L’ours fou des nerbosc. J’vais mettre fin à ta… »

Oui, il n’a pas pu finir sa phrase et non… il était déjà demeuré avant. Pour tout vous dire, c’est mon poing solidement encastré dans son crâne qui à mis fin à son monologue, alors que je me penche quelque peu pour venir échanger quelques « brutales » politesses avec son crâne. Bah voilà, il l’aura, sa commotion cérébrale. Je m’apprête donc à me retourner afin de m’en aller quand je vois, bien entendu, deux gardes de celle belle citée courir vers moi, visiblement rameutés par le cul bronzé. Ma foi, le geste et saluable, bien qu’elle aurait largement eu le temps d’être souillée sans mon intervention. J’ai cru remarquer que la petite avait voulu me dire quelque chose, mais les gardes se sont montrés particulièrement zélés à la vue du cadavre et ne m’ont pas franchement, ni à moi, ni à la petite, laissé le temps d’expliquer la situation et le morveux, dans un élan sans doutes d’Héroïsme, à jugé bon de me décocher une torgnole en me mettant la faute dessus. Quelle faute, je n’en sais rien. Sans doute espérait-il arriver en héros pour sauver la belle damoiselle souillée par un chauve éborgné. Dans tous les cas, ça me complais bien dans mon idée fugace des hommes du sud. Par chance, l’odeur prononcée d’alcool sur mon cuir et dans mon haleine semble jouer à ma faveur et pour l’instant, l’on décide simplement de me jeter aux cachots, en attendant que l’on décide de mon cas. Je n’ai plus qu’à espérer que la petite possède assez de cran pour montrer qu’elle vise plus droit que son idiot de copain. Pour l’instant, je vois le bon côté des choses : J’vais pouvoir m’offrir une nouvelle sieste. Non car franchement, j’ai une de ces putains de gueules de bois…
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Ainsi, l'ours vient se dorer la pilule chez l'abeille
La gestion d’un domaine tel que Mielbois était bien plus compliquée que ce qu’avait pensé Ellyn pendant sa jeunesse et son adolescence. Elle avait toujours voulu prendre un jour le flambeau transmis par son père, le plus tard possible bien entendu, mais elle n’imaginait pas à quel point les gens sont demandeurs auprès de leur seigneur. C’était une partie du poste que son père le lui avait caché, bien qu’il n’ait jamais hésité à dire que parfois les journées étaient longues et fatigantes. Mais Ellyn tenait bon, elle voulait montrer à tous que même une femme pouvait s’occuper d’un château et des besoins d’une maisonnée. Après tout, elle avait toujours souhaité ces responsabilités, et ce n’est pas un peu de fatigue qui allait la décourager aussi vite. Bon il fallait avouer que ce n’était pas tant la gestion en elle-même qui lui demandait du temps, mais plutôt les leçons du mestre de Mielbois. Ce dernier ne cessait pas de la poursuivre à travers les couloirs de pierre du château, et pourtant malgré son âge avancé il conservait une aisance et une rapidité singulière.  Plus de 70 ans maintenant, les épaules voûtées par le poids des années et des responsabilités, la lourde chaine symbole de son rang de mestre autour du coup sur un habit de bure sombre, chaque maillon cliquetant au rythme de ses petits pas rapides, elle n’avait même plus besoin de se retourner pour voir qui la suivait, elle savait que c’était lui, avec souvent un ou deux livres en main, très souvent les livres de compte. La gestion financière et économique de Mielbois, une charge migraineuse, bien plus complexe que la plupart des maisons du Nord par exemple. Mielbois était un domaine apicole, grâce à des dizaines et des dizaines de ruches produisant miel et cire à foison. Les échanges commerciaux et les bénéfices étaient donc au cœur de la gestion du domaine, et ils n’étaient pas simples, surtout depuis la mise à sac de Villevieille de la Citadelle des Mestres par ces saletés de fer-nés. Cette attaque et le massacre des mestres auraient un effet catastrophique sur les échanges commerciaux avec Mielbois, et la maisonnée se devait de réagir. Heureusement, Ellyn avait reçu Lord Owen Tyssier récemment et il lui avait fait une offre qu’elle ne pouvait pas refuser au nom de l’intérêt général.

Ellyn avait été tellement concentrée sur ces problèmes de gestion et de nouveaux traités commerciaux à rédiger et organiser qu’elle n’avait pas remarqué que sa jeune sœur était de plus en plus absente du château, jusqu’à ce que la Septa au service de la maison lui fasse part de ses inquiétudes suite au retour un peu mouvementé d’Iren. La jeune femme était rentrée en larmes d’après les dires de la Septa, qui ne cessait de couper ses phrases de prières silencieuses envers la Jouvencelle, le visage blessé. Affolée, Ellyn avait laissé le mestre en plan pour courir aussi vite que le lui permettait sa robe du jour pour rejoindre sa jeune sœur. S’il lui était arrivé le moindre mal jamais elle ne se le serait pardonnée. Elle arriva dans la chambre sans frapper et trouver sa jeune sœur allongé sur son lit, la tête cachée par une auréole de cheveux dorés dans les oreillers de lin blanc. Sa robe bleu ciel était déchirée dans le bas, sûrement due à une course effrénée, et était pleine de poussières. Ellyn sut d’instinct comment réagir, comme sa mère le faisait quand elles étaient petites et qu’elles avaient fait un cauchemar. Elle s’assit sur le bord du lit de sa sœur et plutôt que de parler, elle caressa doucement les cheveux d’Iren, jusqu’à ce que ses sanglots ne cessent et qu’elle daigne parler d’elle-même.

- Pardon Ellyn …. Je suis désolée…
- Mais de quoi Iren, que s’est-il passé ? Où étais-tu ?  Dis-moi tout, père n’en saura rien…
- J’étais en ville… Avec un jeune homme rencontré lors de la dernière fête des moissons, et nous sommes allés dans une taverne. Sauf qu’en sortant, un groupe de bandits nous a attaqué, et il m’a laissé seul. Heureusement, un homme m’a défendu et m’a permis de m’échapper…
- Quel pleutre, les hommes ne sont vraiment plus ce qu’ils étaient… Tu connaissais celui qui t’a sauvé ?
- Non, pas du tout, mais la garde l’a arrêté quand je suis parti, mon rendez-vous ayant été les chercher.
- Tu veux dire qu’il serait dans nos cachots ?
- Oui, je pense…
- Eh bien, je vais aller lui parler dans ce cas… Je pense qu’il mérite nos remerciements. Repose-toi pendant ce temps.

Ellyn était bouleversée, sans l’intervention de cet inconnu, sa sœur aurait pu se faire voler son innocence voire pire. Comment était-ce possible ? Mielbois ne souffrait d’aucune violence d’ordinaire. Il faudrait qu’elle fasse doubler les tours de garde la nuit dans les rues du domaine ; En attendant, elle prit à peine le temps de boire une coupe de vin doux et de manquer quelques baies. Il était très tard, et aller questionner l’homme en question à cette heure-ci serait inconvenant. De plus, le chef de sa garde, qui était présent lors de l’arrestation, avait précisé que l’individu empestait l’alcool. Ellyn attendrait le lendemain matin à la première heure pour aller questionner l’homme, le remercier et le libérer.

Comme elle avait prévu de le faire, dès le lever du soleil, la Dame de Mielbois prit son petit-déjeuner, composé essentiellement de pains au miel et de fruits, avant de se rendre dans les cachots accompagnés du chef de la garde et d’une servante qui avait emmené un plateau de victuailles : pain blanc, miel, fruits du verger, et lait frais. De quoi restaurer le sauveur d’Iren. En entrant dans les cachots, la jeune dame, qui avait mis une robe simple mais efficace de soie verte, porta sa main au visage devant la puanteur des cachots, cela empestait le mauvais vin et la saleté. Elle prit néanmoins sur elle et se dirigea vers le cachot le plus au fond, là où se trouvait le détenu. Arrivée devant les barreaux grossiers, elle s’adressa à lui, de façon assez forte pour le réveiller.

- Prisonnier ? Réveillez-vous je vous prie. Savez-vous pourquoi vous êtes ici ?



- crooner curves
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Ainsi, le jour succède indéniablement à la nuit. Ainsi, j’ouvre les yeux mais cette fois, je ne suis pas dans ma chambre, dans la demeure des Nerbosc, ni affalé sur une table dans une quelconque taverne miteuse. Je ne suis pas dans un coin reculé et perdu, dans les bois ou la montagne, non… Je me trouve dans une geôle froide et franchement peu accueillante en plein Bief. J’ouvre donc les yeux, lentement, réveillé par une voix visiblement féminine, elle ne semble pas appartenir à l’enfant que j’ai vu la veille, mais l’odeur bourgeoise qui vient m’envahir les narines me trahit sans doute une appartenance directe. Je soupire lentement, me redressant avant de porter machinalement une main au sommet de mon crâne, pas besoin de sortir d’une grande école pour savoir quel mal m’assaillit. On appelle ça la « gueule de bois », dans le jargon connu. Bref, je ne vais pas vous faire un cours magistral. Je craque lentement les os de ma nuque avant de m’étirer, avant de me redresser et de venir faire face à la porte qui me sert de cage. La question qui m’a été posée est simple mais la réponse peut être plus compliquée. J’aurais tendance à dire que je suis là car j’ai empêché une gamine de se faire ravager. J’avancerais aussi que ce fait est directement lié à celui qui m’as amené ici, je chassais les imbéciles qui se sont fourrés cette idée en tête. Maintenant, dans le fond, je ne fais que tergiverser. Le garde derrière la demoiselle avancerait bien d’autres arguments. Je vais d’ailleurs, dans un sens, jouer sur cette carte. Simple et pourtant si précise.

-Et bien, tout dépends sans doutes du point de vue. L’homme derrière vous m’a retrouvé devant un macchabée et il semble enclin à s’arrêter là, sans doutes car j’ai fini dernier debout. La gosse que j’ai sauvée hier vous dirait que je ne l’ai pas tué, mais que c’est son imbécile de compagnon miteux qui l’a fait et que si je n’étais pas intervenu, elle ne pourrait sans doutes pas en parler à quiconque. Je finirais en répétant ce que j’ai appris. La parole d’un prisonnier n’as pas de valeur. C’est pour ça que vous payez les gardes si chers, non ? Pour trouver la vérité.

Je ne me montre ni particulièrement agressif, ni particulièrement invasif. Je n’exprime les choses que de façon simple, en m’efforçant de faire comprendre de part ma coopération bourrée de charmes en tout genre que franchement, c’pas moi le mauvais bougre de l’histoire. Les nobles n’aiment pas particulièrement qu’on la ferme, ils trouvent ça louche. Personnellement, j’aurais simplement préféré fermer ma gueule et continuer ma sieste jusqu’à ce qu’on me libère. Mais elle semble vouloir parler, alors je parle. C’est là un effet secondaire sans doute négatif à la promesse qu’on m’a poussé à faire. Celle de me montrer gentil et courtois quand je suis hors des terres ou je vis. En même temps, demandez d’être gentil et courtois à un gaillard qui se traine une belle gueule de bois, qu’on se marre. Enfin, dans le fond, ce n’est que franchise. Une franchise un peu brute et directe, mais franchise tout de même. Comme je pouvais sans mal m’y attendre, le garde en question ne manqua pas de tiquer sur mon commentaire et surtout, de mal prendre mon allusion. Après tout, je venais simplement de relever son incompétence de façon assez brutale, donc ça peux se comprendre. Mais je doute qu’il veuille s’entacher le plastron face à la noble dame. Faut dire que ça serait assez ironique, non pas que je sois sûr de gagner, dans un sens, j’attends le jour ou je prendrais une raclée, mais je ne suis pas prêt à le laisser arriver pour autant.

-Mais si vous êtes là, à me poser cette question plutôt qu’à me pousser dans un quelconque interrogatoire à grand coups de gantelets, j’en déduis que c’est que vous connaissez déjà la réponse de l’énigme, je me trompe ?

Je n’ajoute rien de plus, en restant là pour l’instant, alors que je me recules tranquillement, comme pour attraper un meilleur point de vue, constater de la suite, de ses réactions et bien sûr, réponses.
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Ainsi, l'ours vient se dorer la pilule chez l'abeille
L’odeur rance de l’alcool empestait dans ces cahots qui manquaient déjà ordinairement d’aération. La présence d’un homme alcoolisé et visiblement sale et crotté n’avait pas arrangé la situation, et pour Ellyn, comme toute noble qui se respectait, n’avait pas l’habitude d’une atmosphère aussi repoussante. Elle préférait de loin les parfums, l’odeur des bougies et des fleurs. Et encore, cela parce qu’elle était une dame. Il était quasiment certain qu’un homme aurait été moins choqué par ces odeurs, ayant l’habitude du combat, de la sueur et de l’alcool à excès. Mais Ellyn devait faire bonne figure et elle luttait intensément contre l’envie irrépressible de lever son mouchoir plein de parfum à son nez. Elle faisait déjà assez bourgeoise comme cela pour ne pas paraître complètement déconnecté de la plus simple des conditions. Le pire de tout était encore l’odeur de l’alcool au petit matin, la saleté, elle aurait pu s’y faire, mais l’alcool, pour une femme pieuse comme elle certainement pas. Elle profita des quelques instants pris par le prisonnier pour lui faire face pour s’habituer à ces effluves. L’homme semblait encore pétri de sommeil, et il s’étira dans la cellule avant de s’approcher de la grille pour répondre à la Dame de Mielbois. L’odeur était encore plus forte quand il parlait.

Son ton était plutôt tranchant, dur, rugueux. Non pas agressif, mais on sentait chez lui un parler assez franc et tumultueux. Il n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait, mais ne savait pas du tout mettre les formes à ce qu’il disait, ce qui pouvait être très mal interprété par l’interlocuteur. Dans l’armée, un soldat qui parlerait de la sorte serait sanctionné pour insubordination ou insolence envers son chef de camp. Mais Ellyn voyait au-delà de ce ton rugueux et de la gueule de bois de l’homme devant elle, elle voyait le sauveur de l’innocence de sa jeune sœur. Elle ne pouvait néanmoins le laisser dénigrer sa garde ainsi, sans quoi elle serait mal vue par cette dernière pour ne pas les avoir défendus. La loyauté était très importante pour elle.

- Je ne peux pas vous laisser incriminer mes hommes de la sorte. Vous pouvez très bien trouver leur réaction injuste, mais sachez que leur rôle est d’assurer l’ordre dans ma ville, et d’empêcher tout trouble à l’ordre public. La première des choses  faire dans vos cas était donc de vous faire dessaouler avant de vous interroger, ce que nous faisons actuellement. Ils ont donc parfaitement fait leur travail. Et sachez qu’à Mielbois, la parole des prisonniers a de la valeur, nous sommes justes. Surtout quand la gosse en question est la fille du Seigneur du domaine, mon père.

Ellyn connaissait la garde pour les côtoyer depuis de nombreuses années, et le mestre l’avait mis en garde, il fallait bien traiter ses soldats surtout lorsque l’on est une femme, tout en faisant preuve d’autorité il fallait les respecter sans quoi ils ne vous respecteraient pas. Ce en quoi Ellyn s’appliquait. Elle se devait d’être juste, et de montrer ainsi qu’elle serait une digne héritière de son père. Le capitaine de la garde derrière elle montrait quelques signes d’impatience, et Ellyn se doutait que si elle n’avait pas été là il ne se serait pas gêné pour gifler le prisonnier et lui faire passer l’envie de le provoquer de la sorte. Mais heureusement, il se retenait, devant elle en tout cas. Le prisonnier ne démordait pourtant pas et continuait sur le même ton provocateur, pour faire son dur à cuire.

- Je souhaitais entendre votre version en effet. J’aime assez entendre ce qu’a à dire pour sa défense un homme avant de décider quoi faire à son égard.  Vous avez blessé et tué des hommes cette nuit, dans ma cité. Il est donc normal que je vous interroge, et comme dit précédemment, nous ne violentons pas nos prisonniers. Nous ne sommes pas des fer-nés voyons, nous sommes civilisés dans le Bief. Nous savons donc le pourquoi. Mais dites-moi, connaissiez-vous ces hommes ? Et si oui, êtes-vous à Mielbois par hasard ?

Le hasard fait bien les choses dit-on, loués soient les Sept d’avoir envoyé cet homme défendre sa jeune sœur. Même s’ils n’avaient pas choisi le plus galant ni le plus délicat… Elle voulait tout savoir avant de le remercier en le graciant de ces crimes pour légitime défense.



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