I don't like winter - sansa

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I don't like winter
SANSA & ARYA



Elle avançait lentement, avec prudence, contrôlant chacun de ses pas. L’échine à demi courbée, elle posait ses pieds l’un après l’autre, en prenant garde d’éviter la moindre brindille, la moindre feuille sèche, qui, d’un seul craquement, l’aurait faite repérer.  Sa progression était lente et mesurée. Elle respirait à peine pour ne pas être entendue, mais son cœur cognait si fort dans sa poitrine, qu’elle avait, à chaque seconde, l’impression qu’il allait trahir sa présence. Il n’en fût rien cependant, et sa proie continuait de grignoter tranquillement les feuilles d’un petit buisson clairsemé, sans se méfier du danger qui rôdait. Elle avança encore. Au même instant, une légère brise se leva dans son dos, ce qui mit aussitôt l’animal en alerte. La petite créature se leva alors sur ses pattes pour mieux renifler cette odeur étrangère que l’air avait charrié jusqu’à son  museau. Avec sa vivacité coutumière, elle se plaqua contre le large tronc d’un immense cèdre et retint quelques secondes sa respiration, comme si ce simple geste avait pu permettre de dissimuler sa présence. Par chance, la brise se calma.  Elle inspira doucement et se risqua à jeter un œil derrière l’arbre. L’animal était toujours là. Alors elle se mit en position, comme on le lui avait toujours appris. Surtout, ne pas trop réfléchir, se répéta-t-elle dans sa tête. Sa main gauche empoigna fermement l’arc tandis que la droite recula doucement pour bander la corde. Son regard quant à lui, était entièrement fixé sur sa proie. Sa main arriva alors contre son menton et d’un geste précis, ses doigts desserrèrent la corde, pour laisser partir la flèche.

Mais avant que celle-ci n’est pu atteindre sa cible, une énorme touffe bondis de derrière les fourrées, pour fondre  à la vitesse de l’éclair sur l’animal. Surprise, elle sursauta, faisant dévier la flèche de sa trajectoire, et qui alla se planter plus loin dans un tronc. Pleine de souplesse, la touffe de poil rattrapa en deux foulées l’animal et referma ses crocs dessus, tandis qu’une petite voix brisait enfin le silence solennel des lieux. « Nymeria ! C’était MON lièvre, va-t’en trouver un autre ! ». Elle avait posé son arc à terre et tentait à présent de s’emparer de l’animal que sa voleuse de louve lui avait fait manquer, tandis que Nymeria de son côté, bondissait gaiement autour d’elle et esquivait, espiègle, chaque tentative de sa maitresse, qui ne put s’empêcher au d'un moment de sourire en rendant les armes. « C’est bon tu as gagné, tu peux le garder ton petit déjeuner ! » Finit-elle par dire en levant les yeux au ciel. Nymeria s’approcha aussitôt. Arya l’encercla de ses bras et enfouit son visage dans l’épaisse fourrure. « Comment tu veux que je progresse si tu me voles toutes mes proies, hm… » . Elle profita encore un moment de ces instants d’intimité avec sa louve, avant de récupérer son arme et de prendre le chemin de la maison. « Aller viens, il commence à se faire tard et je n’ai absolument pas envie de subir les remontrances de septa Mordane ».

Arya s’était éclipsée peu avant l’aube de sa chambre, après avoir réussi, comme à l’accoutumé, à tromper la vigilance des gardes qui effectuaient leur ronde autour du château. Elle ne dormait pas beaucoup ces derniers temps, et ses sorties en douce se faisaient plus nombreuses, plus fréquentes, plus rapprochées. L’hiver arrivait. Il n’était pas encore là, mais elle ressentait chaque jour à quel point les temps étaient en train de changer. Et par les temps, elle n’entendait pas seulement le ciel qui devenait plus bas, la lumière qui devenait plus faible, ou encore le fond de l’air, qui devenait chaque jour un peu plus froid. La terreur est chose d’hiver, elle vient par cents pieds de neige et lorsqu’en hurlant, se rue la bise glacée du nord, avait dit un jour vieille Nan à Bran quand celui-ci réclamait des histoires effrayantes. Etait-ce à cela qu’elle devait s’attendre ? Une longue nuit sans fin et pleine de cauchemar, dont il ne serait possible de sortir qu’après de longs mois ? La nuit était sombre et pleine de terreurs, oui. Et Arya ressentait progressivement son ombre en train d’avancer. Jon était parti. Jon l’avait laissé. Bien sûr, elle avait gagné un autre frère en contrepartie, mais Robb ne remplaçait pas Jon, jamais il ne le pourrait. Et son absence pesait chaque jour un peu plus sur ses petites épaules, constituant un manque qu’elle s’efforçait tant bien que mal de combler. Sa grande sœur aussi avait changé, depuis son retour. Depuis que son père et son frère l’avait arraché à l’horrible Ramsay. Sansa ne lui parlait pas vraiment de ce qu’elle avait vécu là-bas, mais elle n’était pas idiote, elle le voyait bien, à quel point elle était perturbée. Et malgré leurs éternelles disputes, Arya n’aimait pas la voir ainsi, Arya n'aimait pas qu'elle soit différente. Arya n'aimait pas que les choses changent. L’hiver arrivait. Elle n’avait pas peur de l’hiver, quoi qu’en dise les grandes personnes. Mais l’hiver était en train de changer son monde et ça, elle n’arrivait tout simplement pas à l’accepter.

Sur le chemin du retour, Nymeria galopait joyeusement autour de sa jeune maîtresse. Elle s’éloignait, la rattrapait ensuite d’un bond, la devançait, lui coupait la route. D’habitude, Arya se prêtait volontiers à son jeu en la coursant à son tour, ce qui se terminait souvent avec elle, le derrière par terre à tenter de maitriser son fou rire et Nymeria sur elle, à lui lécher affectueusement la figure. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, Arya peinait à se sentir le cœur léger. Elle leva les yeux vers le ciel, gris et bas. Quelques flocons se remettaient déjà à tomber. Arya n’était pas du genre à parler haut et fort de ce qui la perturbait ou la rendait triste, c’était même le contraire. S'il avait été là, Jon aurait bien sur remarqué qu'elle n'était pas vraiment dans son assiette, et l'aurait faite parler coûte que coûte. Mais à présent qu'il était parti, sa trop grande fierté la poussait à tout enfouir et à tout garder pour elle, d'autant plus qu'elle n'était pas la plus à plaindre dans l'histoire. Mais ces derniers temps, tout cela commençait à constituer un poids qu’elle avait du mal à contenir. Elle voulait se montrer forte, mais la vérité, c’est qu’elle n’arrivait pas à l’oublier.

Quand elle franchit la grande porte qui donnait accès sur la cours intérieure, les gardes ne lui jetèrent un regard qu’à demi surpris. Elle avait certes, l’allure d’une petite sauvageonne avec ses cheveux en bataille, ses vêtements tout crotté et son joli visage griffé par quelques buissons épineux, mais les hommes du Nord avait depuis longtemps appris à la différencier d’une souillon ou d’un véritable sauvage. Elle n’eut donc aucun mal à pénétrer l’enceinte du château et à rejoindre la salle dans laquelle les servantes s’affairaient déjà pour servir le petit déjeuner. Elle n’y trouva personne d’autre, ce qui la surpris un peu. Ni ses frères, ni ses parents, ni Sansa. Elle surveilla tout de même les alentours du coin de l’œil, juste au cas où Septa Mordane ferait son apparition, puis après quelques minutes, abandonna, bien trop affamée. Contrairement à sa sœur, son estomac n'était pas relié à ses émotions, et ses promenades dans les bois lui ouvrait toujours l'appétit. Elle remplit donc son assiette d’une belle cuisse de poulet et de tranches de pain grillé qu’elle tartina de miel, avant de mordre à pleines dents dans le tout.
       
base acidbrain, modification zuz'