Entre exilés... [FB - PV Malvina]

La vie de mercenaire, c'est une vie tellement vaste, tellement de choses à faire, de choses à voir, à entendre. En un sens, cette vie plaît à un très haut point au bâtard des Rus, pourtant, il aspire toujours à la même chose : récupérer ce que le droit du sang lui a offert. Mais aujourd'hui l'une des nombreuses choses à faire était à l'actualité. Peu sollicité aujourd'hui Edric c'était retrouvé à faire les convoyeurs.

Il avançait au pas sur son cheval, profitant pour une fois depuis tant de temps du paysage de sa région natale. Le Nord était la seule qu'il avait jamais vue, pourtant, il était certain de la préférer aux autres. Snow, son nom voulait tout dire, aucun autre nom ne symbolisait le nord autant que celui-ci, hormis peut-être Stark, néanmoins, il n'était pas aussi rependu que Snow.

Étrangement même s'il n'aimait pas sa condition de bâtard, il aimait bien le nom de Snow. Il voulait devenir un Ryswell et réclamait son droit du sang, mais abandonner le Snow lui ferait un peu mal. Pour beaucoup, le nom représentait le trait de bâtard de ses porteurs. Pour Edric c'était la preuve qu'il était bien un nordien pur et dur, plus que de porter le nom d'une des grandes familles.

La route de terre qu'Edric empruntait ce jour n'avait rien d'une voix fréquentée, comme la plupart des endroits par où passait le bâtard en exil, il était recherché pour meurtre et hors de question que les hommes de son père ne le trouvent, ici, il était plus difficile à trouver et plus simple de semer d'éventuels poursuivants... Ou d'enterrer d'éventuels cadavres.

Égaré dans ses pensées Edric revint rapidement à la réalité en voyant au sol devant lui quelque chose d'inhabtiuel dans les endroits comme ceux-ci. Des traces, quelqu'un était passé par ici il n'y a sans doute pas longtemps, vu l'état des empreintes, même si le temps et l'absence de circulation ici pouvait les faire durer plus longtemps. Elles avaient l'air fraiche. Edric s'arrêta un instant et porta la main à son arme à la ceinture, scrutant les arbres autour de la forêt.

Plus simple de se faire semer en forêt, mais plus simple de tendre une embuscade également. La méfiant du nordien pouvait parfois tourner à la paranoïa, il le savait. Pourtant, il continuait et préférait mille fois se moquer de sa propre paranoïa quelques heures après plutôt que de se retrouver pendu à l'entrée des Rus. Après une minute avec pour seul bruit, les respirations de son destrier et la sienne Edric reprit la route, se détendant un peu, les yeux fixés sur le sol.

Loin d'être un traqueur hors pair le nordien ne savait que suivre une piste et vaguement reconnaître des empreintes. Une personne, voilà tout ce dont il était certain. Un voyageur isolé sans doute, mais le risque perdurait et, méfiant, Edric avançait la main non loin de son arme. Plus il suivait la piste plus il se disait que la personne en question devait être proche, les empreintes se faisaient de plus en plus récentes pour ce qu'il en savait.

Après un certain temps à suivre les traces, il prit l'initiative de s'assurer de la présence – ou non – de quelqu'un dans les environs. Prenant une vive voix Edric décida d'y aller franchement.

« Salutation. Suis-je fou où est-ce bien des traces de pas que je vois ici ? »

Sa main glissa jusqu'à son arme qu'il attrapa tout en surveillant autour de lui. Son ton ne semblait pas menaçant, mais le sarcasme qu'il affichait pouvait en faire se méfier certains.

Le regard d'Edric surveillait les alentours, cherchant un signe de mouvement. Peut-être avait-il fait une erreur de donner si rapidement sa position. Mais si embuscade, il y avait, il préférait que cela arrive tant qu'il se méfiait plutôt qu'une fois qu'il aurait repris sa route et replongé dans ses pensées. Une voix finit tout de même par lui répondre, une voix féminine. Il sembla s’apaiser un peu, il doutait que son père ait embauché une femme pour le chasser.

Un mince sourire se porta sur les lèvres du nordien tandis que la femme cachée lui affirmait qu'il y avait des traces, mais également qu'il était fou. Pour le coup, voilà quelque chose loin d'être impossible, mais bon. Qui vaut le plus, un fou en vie ou un homme sain d'esprit mort ? Chacun sa vision, pour Edric la vie était trop précieuse pour faire une croix dessus si aisément. D'un ton plus serein, il répondit, ou tenta de répondre.

« Et b... »

Il ne finit jamais sa phrase, la commença à peine pour dire vrai. Tandis que la jeune femme apparaissait, elle lança vers Edric un poignard, surpris le nordien ne bougea que par réflexe tandis que le couteau se plantait derrière lui. Elle ne l'avait pas visé, sinon il serait déjà tombé de cheval, un couteau entre les yeux. Son bras se crispa de nouveau, empoignant le manche de son épée qu'il commença à dégainer, sortant de quelque vingt bons centimètres la lame de son fourreau.

La situation n'était pas bonne, la jeune femme en face semblait plutôt bien viser. Ainsi que lancer suffisamment fort pour que l'impact soit mortel. Le visage d'Edric se réduit, dans la situation présente, il était trop loin pour que son épée ne lui serve et n'aurait pas le temps de dégainer dague ou arc. La personne en face de lui avait déjà son arme à la main et était prête à s'en servir. Edric se fixa sur place, attendant un mouvement ou une parole.

La parole vint en première, la jeune femme voulait lui poser une question dont dépendrait son action à suivre. Edric ne dit rien, restant figé la main sur son arme, réfléchissant plutôt à une manière de bouger rapidement. De sortir de ce mauvais pas. Pour l'instant, il n'y en avait pas qui lui venait rapidement. Autant gagner du temps. Sans dire un mot Edric attendit la suite. Voir cette fameuse question.

Celle-ci arriva et surprit Edric, la jeune femme lui demandait s'il avait essayé de la tuer il y a quelques jours. La surprise put se lire quelques instants sur le visage du nordien. La jeune femme le prenait pour un assassin ? Au moins, cela avait le mérite de confirmer qu'elle n'en avait pas après lui. Le soulagement fut de très courte durée, rapidement le visage d'Edric se raidit de nouveau tandis qu'il fixait la jeune femme. »

« J'en doute. Je n'essaye pas. Je dois en déduire que vous n'en avez pas après ma tête non plus. Dans tous les cas... Je vous conseille de ranger ça. Il serait dommage de finir dans un bain de sang. »

Tandis qu'il parlait, il tirait un peu plus son épée du fourreau. Il était encore trop loin pour s'en servir, mais s'il pouvait ne serait-ce qu'éviter la prochaine attaque si elle venait à venir, il aurait une ouverture. Il avait un cheval, elle non.

Certains preux chevaliers disaient que tuer une femme était un acte déshonorant, que seul le pire des couards pourrait lever la main sur une femme. Edric n'était pas un preux chevalier. Par tous les dieux, il aurait aimé en être un. Mais il n'en était pas un et il était bien trop tard pour le devenir. Ses armes avaient déjà goutté au sang d'une lady qui le fuyait, qui lui tournait le dos pour rejoindre les bras protecteurs de son mari. Elle ne les vit plus jamais.

Malgré cela, le fils bâtard de Rodrik Ryswell ne tuait pas pour le plaisir, alors encore moins des femmes. Celle-ci n'était pas sans défense visiblement et le combat risquerait d'être acharné. Mais à moins qu'elle ne tente bien de lui enlever la tête, il n'allait pas entamer un combat futile contre quelqu'un qui, visiblement, partageait sa condition de personne recherchée. Malgré tout cela, il n'était plus le jeune homme naïf et prêt à croire et aider sans raison. Il avait déjà fait un trait sur l'idée d'être ce genre de personnage, il avait trop de problèmes pour devenir un sauveur de la veuve et de l'orphelin.

La jeune femme commença à s'approcher de lui tandis qu'il restait immobile, perché sur son cheval. Ses armes avaient déjà goutté au sang d'une lady qui le fuyait, qui lui tournait le dos pour rejoindre les bras protecteurs de son mari. Poussé par sa paranoïa Edric resta stoïque, main sur le manche de son arme, prêt à finir de dégainer en cas de besoin. Ses yeux restaient bloqués sur la jeune femme qui se faisait moins agressive. Elle rangea son poignard et le bras d'Edric se détendit un peu, sans pour autant rengainer.

Elle lui passa à côté se dirigeant vers l'arbre sur lequel reposait le premier poignard. Étrangement, il la croyait facilement, elle n'avait pas l'air de poursuivre quelqu'un. Malgré tout cela, il n'était plus le jeune homme naïf et prêt à croire et aider sans raison. Et puis quel fou chasserait un cavalier à pied, surtout qu'elle semblait blessée. Elle atteignit le second poignard qu'elle retira. Edric avait légèrement tourné son destrier, l'observant de profil alors qu'elle rangeait l'arme qui avait manqué de tuer le bâtard des Rus'.

Une fois ceci fait, elle s'approcha, se positionnant tout prêt d'Edric, lui promettant qu'il ne risquait plus rien. Lui oui, mais et l'inverse ? Et si jamais Edric avait été un meurtrier sans aucune hésitation. Il n'était toujours pas réellement sur des intentions de la jeune blonde. Il pourrait dégainer et frapper rapidement. À cette distance, il ne doutait pas de sa capacité à toucher, voir à tuer. Elle semblait plus détendue et n'avait plus d'armes à la main.

Le bâtard du Nord soupira. Il repoussa son épée dans son fourreau et fixa la jeune femme sans dire plus de mots. Elle s'en retourna, se posant sur une vieille souche non loin de là. Visiblement, sa blessure la faisait souffrir à en juger par le mouvement qu'elle effectuait. Edric fit quelques pas avec son cheval et s'arrêta non loin d'un arbre proche. Mettant le pied-à-terre, il attacha son cheval à l'arbre, s'assurant qu'il ne se sauve pas au moindre bruit ou à la moindre action.

Le fils de Rodrik Ryswell contourna alors son canasson, posant une main sur la croupe de ce dernier en passant derrière. Sa seconde main était posée sur le pommeau de son épée, son regard lui était posé sur cette étrange jeune femme qu'il venait de croiser. Il s'immobilisa à quelques mètres d'elle et l'observa quelques instants. Elle ne ressemblait pas vraiment à une nordienne, rares sont les femmes sachant se battre et il se demandait bien d'où venait celle-ci. Au fond, il se disait que si elle l'avait voulu le poignard de plus tôt serait maintenant entre ses deux yeux.

Elle se présenta alors sous le nom de Malvina Sparr. Sparr... Il avait beau fouiller au plus profond de son esprit pour trouver une éventuelle maison portant ce nom rien ne lui venait à l'esprit. Il n'avait pas une très grande connaissance en les familles noble en même temps, hormis celles du Nord. Par la suite, elle s'excusa de la tentative de meurtre, s'excusant en blâmant une paranoïa venant du fait de se faire chasser, avançant qu'Edric devait connaître cet état. Un mince sourire vint se coller sur les lèvres du Nordien.

« Je vous comprends Lady Sparr. L'on a tendance à se méfier de toutes les ombres, pensant y voir un loup à chaque coin d'arbre dans ce genre de situation. Moi c'est Edric. »

Lapsus ou non, Edric craignait de voir les hommes des Stark, le loup était le premier prédateur qui lui était venu en tête, il réalisa quelques secondes après qu'il venait plus ou moins d'admettre que les Stark ne le voyaient pas d'un très bon œil. Il se maudit lui-même l'espace d'un instant pour avoir admis cela. Il quitta ses pensées en voyant la jeune femme s'approcher de lui. Il prit quelques secondes pour l'observer avec attention, que voilà une belle vision que celle-ci.

Elle se posa devant lui et croisant les bras. Elle posa une question qui ramena Edric à une situation proche de celle de quelques instants auparavant. Qui voulait le tuer ? Pourquoi donc ? Que de questions délicates et dérangeantes pour Edric. Sa main se resserra autour du manche de son arme et son regard fuit quelques instants celui de la belle blonde face à lui. Lorsqu'il y revint, il semblait calme, plus sérieux que quelques secondes auparavant.

« Voilà une question bien personnelle et bien osée. L'on cherche à tuer certaine personne pour avoir posé ce genre de questions... Lady Sparr. Je me vois au regret de vous annoncer que ce genre d'informations ne sont pas données à des gens dont j'ignore tout. Hormis le nom. Quelqu'un veut vous tuez également, pourquoi donc ? Une réponse chacun ? »

Sa main se détendit quelques instants après, tandis que son regard parcourait le corps de la belle. Une question à laquelle il s'intéressait pour le moins, pour quelle raison une belle jeune femme se retrouverait à être chassée ainsi ? Ainsi qu'à savoir se battre comme ça...

Elle ne semblait plus agressive, le nordien lui se faisait toujours aussi méfiant, réticent à l'idée de révéler son crime et son identité. Depuis son départ des Rus' Edric n'avait plus donné son nom de famille, il n'avait aucune utilité. Snow. Dans tous les cas, il était un nordien vivant de son talent à l'épée, il vivait pour le nord. C'était ce que signifiait Snow pour lui. Si lors de sa jeunesse attaquer une femme lui paraissait impossible, aujourd'hui, il n'y voyait plus vraiment d'inconvénient.

S'il préférait affronter soldats et brigands, il avait déjà tué une lady, alors il n'hésitait plus. Lorsque la vie d'un homme est en jeu alors plus aucune limite ne le bride. Ce sont ces mots qui représentent sa façon de penser. Ce sont ces mots qui représentent également le credo des Ryswell pour lui. Chevaucher jusqu'à la fin. Ne jamais tomber de selle avant de mourir. Repousser la mort, servir encore qu'importe le prix.

Il se moquait d'être prix pour un homme sans honneur, la vérité était autre. Son image lui importait peu tant qu'il pouvait obtenir ce qu'il voulait. Et il obtiendrait ce qu'il voulait. Ou mourrait en essayant de l'obtenir. Un nom ne fait pas un homme. Il n'avait aucune raison d'avoir un nom pour le moment, il devait d'abord prouver qu'il pouvait porter le nom de la famille des Rus'. La belle blonde ne semblait néanmoins pas le croire, précisant qu'elle avait donné son nom. Un point pour elle. Soupirant, il daigna répondre brièvement.

« Mon nom est celui du nord. Celui que tout le nord a en commun. »

Snow, il préférait tout de même éviter de lier Edric à Snow, sait-on jamais qui pourrait avoir entendu parler de ce qui est offert à celui ramenant la tête d'Edric Snow. Visiblement, elle était consciente d'avoir touché un point sensible, proposant même au nordien d'essayer de la tuer pour avoir posé cette question. Un court sourire s'installa sur le bord de ses lèvres tandis qu'il commentait.

« Hélas madame, je vous l'ai dit. Je n'essaye jamais. »

Durant sa vie peu de personnes ne l'avaient vaincu épée à la main. À en juger par le lancé de couteau de plus tôt cette jeune femme savait se battre néanmoins, première fois qu'il affronterait une femme connaissant les arts guerriers. Sa main sur son pommeau se détendit, lâchant l'arme, ne reste sur place que pour trouver repos sur l'endroit où elle était le plus à l'aise. Elle ne semblait pas vouloir attaquer, mais la méfiance du nordien était toujours là.

Finalement, elle accepta de faire les choses selon les règles du bâtard des Rus'. Une question chacun. Dans les faits, il ne voulait ceci que pour s'assurer que son interlocutrice ne représentait pas un danger avant de lui révéler les précieuses informations à son sujet, la vie peut parfois dépendre de si peu. La bonne volonté de la belle le réconfortait un peu, en admettant que Lady Sparr ne mentirait pas.

Tandis qu'Edric acquiesça, plutôt satisfait de l'acceptation de la jeune femme celle-ci lui contait son histoire. Son frère, ou quelqu'un de sa famille dans tous les cas, tenta de la violer. Les îles de fers... Edric n'avait pas vraiment croisé de fer-nés, ou tout du moins rarement discuter avec, tout ce qu'il en savait était-ce que les nobles disaient. Des meurtriers, pilleurs et criminels. À quelque chose près, ils le traitaient pareil, donc lui de lui l'idée de s'en offusquer. Enfin, elle tua l'héritier des Sparr avant de fuir sa maison, son père envoya donc des assassins à ses trousses.

De nombreuses réactions étaient possible, Edric ne put vraiment se contrôler et laissa un rire de quelques secondes arriver après le récit de la fer-née. Il se détendit visiblement, applaudissant l'histoire de la fer-née avant de laisser ses bras ballants. Il fit un pas vers la jeune femme et reprit la parole, un sourire aux lèvres et un ton légèrement amusé.

« L'ironie. Nous nous retrouvons tous deux ici. Craignant que l'autre ne soit un assassin en ayant après notre tête. Tous deux, nous venons d'une famille noble. Tous deux sommes exilés pour meurtre. »

Sur ces derniers mots Edric soupira et son ton se fit plus sombre. Il fit quelques pas et s'assit au pied d'un arbre, fixant le sol quelques instants tandis qu'il se préparait à conter son histoire.

« Très bien. Vous avez été franche. Je le serais. Je m'appelle Edric Snow, fils de Lord Rodrik Ryswell, seigneur des Rus'. Mon père et sa défunte femme n'appréciaient pas vraiment que je sois un... Snow... Un beau jour, sa femme décida que ma vie avait assez duré. Je n'étais pas d'accord. Je l'ai tuée, elle et ses gardes. Avant de fuir les terres où je suis né. Mon père souhaite depuis voir ma tête dans son château. Moi pas. Deux meurtriers en exil se retrouvant ici, les dieux ont parfois un humour assez... Ridicule ne trouvez-vous pas, Lady Sparr ? »

Un mince sourire se plaça sur ses lèvres lors de ses derniers mots. Au moins savait-il d'où venait le talent au combat de la belle, les îles de fers... Voilà un endroit qui ne l'attirait pas.

Les fers-nés étaient des barbares, des monstres, des pilleurs. En face de lui pourtant la personne ressemblait plutôt à une belle jeune femme aux habitudes taquines. Un fin sourire se collait sur le visage du nordien lorsque la jeune femme semblait légèrement... Se moquer. Selon elle, il n'aurait pas eu le temps d'essayer de la tuer. Masquant comme possible son air amusé Edric répondit calmement.

« Vous seriez surprise de voir à quel point je suis vif lady Sparr. »

Le nordien se posait calmement, racontait son histoire. Les deux personnes, face à face, avaient une situation et une histoire relativement semblable. Meurtriers, exilés, recherchés. Apparemment, elle était satisfaite de ne pas avoir à la tuer. Edric était près à parier que cela n'aurait pas été aussi simple le combat aurait pu être intéressant, à la vue de la capacité de la jeune femme à lancer des couteaux. Fier de lui, il ne se pensait pas capable de perdre un combat. Surtout pas face à une femme, aussi douée soit-elle à lancer des couteaux.

La situation ne manquait pas d’amuser les deux exilés, si la jeune femme était heureuse de ne pas être la seule ainsi, Edric trouvait la situation cocasse en vérité. L'on croisait beaucoup de monde à force de voyager, mais jamais il n'aurait imaginé voir une autre exilée. Une exilée des îles de fers qui plus est. Son regard se reporta au sol lorsqu'il réalisa qu'il trouvait amusant de faire partie d'une réunion de criminels, car envers et contre tous, il en était bel et bien un.

La jeune femme comprenait ce qui avait poussé le bâtard des Rus à devenir un meurtrier. Son regard se planta de nouveau dans le sol. Le sujet était assez sensible, si bien que lui-même ne sût trop que pensait de ce qu'il avait fait. Sa volonté et ses sentiments étaient contraires les uns les autres. Néanmoins, elle avait raison sur un point, ils avaient tous les deux mis en colère leurs pères. Lorsqu'il répondit, il semblait un peu moins amusé, dénotant de la difficulté du sujet pour lui.

« C'est bien que vous le compreniez. Hélas, ceci n'est pas partagé par le nord. Pour le nord j'ai agi au contraire de ce que l'honneur voudrait. Je lui ai tiré une flèche dans le dos tandis qu'elle fuyait. Et j'ai bien aimé voir la flèche se planter dans son dos. Pour avoir obtenu cette satisfaction, je suis traité comme un criminel par tout le nord... Je rêvais d'une vie d'homme d'honneur, d'homme droit étant jeune. Pourtant, je ne regrette en rien ce qui est arrivé ce jour-là. Si c'était à refaire, je le referais... Seules les conséquences me déplaisent. »

Il ne voulait pas des conséquences, mais voulait l'action, voilà bien longtemps qu'il a compris que l'un ne pouvait être sans l'autre. Mais il faut toujours y croire, un jour, il parviendra peut-être à faire oublier ceci. La jeune femme des îles de fers se rapprocha d'Edric, se collant presque à lui. Edric releva la tête et fixa la fer-née dans les yeux tandis qu'un mince sourire revenait prendre sa place sur son visage. Le sujet de la religion fut brièvement abordé.

« Qu'importent les dieux alors ? En vérité, je ne m'intéresse pas aux différences qu'ils forment, mais aux rapprochements entre les gens qu'ils fondent. Mais je dois avouer que je ne crois vraiment qu'en un dieu aussi. »

À ces derniers mots, il fit un signe de tête vers son flanc, caressant son épée brièvement avant de revenir à la belle face à lui. Puis elle reprit, lui posant une nouvelle question dont il ne savait trop la réponse lui-même. Pourquoi reste dans le nord. Un sourire nostalgique aux lèvres, il répondit.

« Je suis né ici, c'est ma région. J'y tiens malgré tout. Et puis... Lord Ryswell est vieux, je suis son seul fils... Et vous Lady Sparr, où allez-vous donc ? D'où venez-vous donc ? »

Des îles de fers ? Elle en était bien loin pour en venir directement, surtout que de ce qu'il avait compris cela faisant longtemps.

Visiblement, elle avait autant confiance en sa capacité à combattre qu'Edric en la sienne. Tandis qu'elle lui répondait, il sourit en retour. Elle semblait se plaire à venir embêter le nordien. Ce dernier ne semblait en revanche pas vraiment gêné par ce fait, le caractère assez moqueur et taquin de le fer né avait presque l'effet de lui coller un sourire sur les lèvres. Cela le changeait des femmes qu'il croisait dans les tavernes du Nord.

« S'allonger ne signifie pas perdre Malvina. »

Un sourire légèrement moqueur aux lèvres, il en profita pour se poser au sol, s'allongeant dans les feuilles et posant sa tête contre la souche sur laquelle il était auparavant. Son sourire disparut lorsque la jeune femme le qualifia d'homme d'honneur, d'homme droit. Il en avait rêvé, mais il doutait fort en être un, les grands héros dont son mentor lui avaient parlé ne ressemblaient en rien à ce qu'était devenu le bâtard des Rus'.

Sans répondre, il se redressa jusqu'à poser son dos contre la souche, écoutant le fer-née parler. Visiblement, elle louait le fait qu'il n'ait pas caché ses actes et que ceux-ci ne l'aient pas changé. Il avait changé, Edric en était quasiment certain. Idéaliste et presque altruiste, il y a encore quelques années, il était devenu plus austère, plus froid, plus renfermé, plus matérialiste. Sa condition de criminel en fuite ne devait pas jouer.

« J'aimerais. Mais je n'ai rien d'un homme d'honneur. Je dirais plus que je laisse l'honneur à ceux qui ont le courage de se laisser, insulter et battre afin de rester droit. Je ne suis pas droit. Je l'étais peut-être avant, mais je ne le suis plus et ne le serais plus jamais. Les histoires qu'on raconte dans le nord sur la bravoure et l'honneur des guerriers ne me concernent pas. Je ne suis pas le grand Eddard Stark. »

Il termina avec un sourire plutôt ironique aux lèvres. Il avait adulait le seigneur du Nord depuis le jour où il a entendu parler de sa droiture, tout comme il adulait son maître d'armes avant sa mort. Mais il ne pourrait jamais être comme eux. Enfin, il aimerait avoir la réputation du Lord de Winterfell, mais pas sa droiture pour autant. Il se souciait plus de ce que les autres pensaient de lui, car pour sa part, les codes moraux et éthiques qui tiennent le seigneur de Winterfell ne s'appliquent pas à lui.

S'il apprécie la loyauté, il ne la pense pas tout à fait compatible avec l'honneur que l'on compte dans les livres, celui que les bardes chantent et celui dont les gamins rêvent. La jeune femme termina sa part du dialogue, elle préférer qu'un homme se batte pour ses valeurs que pour le pouvoir, prenant soin de mettre le noble se battant pour le pouvoir. Un nouveau petit sourire se cala sur les lèvres du bâtard.

« Et un noble qui se bat pour ses valeurs ? Et si la rancune et le pouvoir sont les valeurs de l'homme ? »

Un point commun entre les deux exilés était leur foi en leur arme visiblement, la fer-née croyait en le fait que l'acier restait le meilleur moyen de survie. Ceux qui placent leur survie en un dieu sont des fous pour le nordien. Il doutait fort de sa survie s'il n'avait pas tué les gardes de lady Ryswell et plutôt prié. Suite à l'histoire du bâtard des Rus' le fer né raconta la sienne. Elle a logé dans le Bief avant de le fuir ensuite. Manque de chance.

Visiblement, cela ne la réjouissait pas, malgré ses mots son air s'assombrit un peu en contant sa fuite du Bief. Selon ses mots, cela ne la dérangeait pas de ne pas avoir de chez soit. Chose difficile pour le nordien. Il fut légèrement surpris d'entendre Malvina lui souhaiter d'un jour retourner chez soit.

« Chez moi ? Je suis chez moi Malvina. Chez soit ne signifie pas un château. Le Nord tout entier est chez moi, je ne suis encore jamais sorti de chez-moi. »

Il finit avec un maigre sourire aux lèvres en disant ces mots.

Un mince sourire s'afficha sur les lèvres du Snow tandis que la fer-née lui répondait. Cela dépendait qui était au-dessus. Une vision bien honorable des choses. Edric n'était pas un homme honorable, s'allonger ne voulait rien de plus pour lui, chuter et tomber n'était pas être défait. Tenace et quelque peu orgueilleux, le Snow ne se laissait pas faire ainsi, il reporta son attention sur elle avant de répondre.

« Qu'importe voyons Lady Sparr, même si l'on se trouve en dessous, l'on peut toujours se relever. »

Celons la jeune femme le nordien restait un homme droit et un homme d'honneur pour avoir fait ce qu'il fallait. Une fois de plus un sourire mince et légèrement naïf se montra sur le visage du bâtard. Les îles de fer avaient une vision si différente des choses ? Ou bien était-ce simplement la fer-née qu'il venait de croiser. Les personnes qui le disent bon sont souvent ceux traqués, ceux dans une condition loin de la noblesse, peut-être, était-ce là le monde qui le voyait droit.

Quelle ironie, le snow avait toujours voulu échapper à ce monde qui pourtant était le seul à le voir comme ce qu'il rêvait d'être. Comme si les légendes des livres et que content les mestres lui étaient définitivement inaccessibles. Le snow avait déjà oublié l'idée d'avoir son nom à côté de celui des plus grands, peut-être alors l'aurai-il avait les plus petits. Il remonta son regard jusqu'à la jeune femme qu'il fixa dans les yeux quelques instants.

« J'en suis flatté Lady Sparr. Néanmoins si vous et peut-être les fer-nés voyaient cela ainsi, les miens ne le voit pas comme cela. Ne vous en faite pas pour cela, je vis comme un paria depuis déjà quelque temps, j'y suis habitué. Je ne recherche plus l'honneur ou la droiture. La vie est déjà quelque chose que je m'efforce de conserver. »

Lorsqu'Edric soulevait la question du pouvoir et de la rancune la jeune femme lui répondit que de telles valeurs sonnaient le glas pour Westeros. Aucun sourire ne naquit cette fois sur le visage du Snow qui plongea son regard dans la terre à ses pieds. Il ne savait pas vraiment quelles étaient ses valeurs. Mais il avait une grande rancœur et souhaitait le pouvoir. Alors il participait sans doute à la chute de Westeros.

« Voilà bien des mots qui confirment donc ce que je disais Lady Sparr. J'ai de la rancune. Bien assez pour une dizaine d'hommes. Et je me vois bien hériter du domaine de mon père. J'ai donc pour valeur rancune et pouvoir. Cela n'a rien d'honorable... N'est-ce pas ?

Edric fit une pause tandis qu'un mince sourire s'installa quelques secondes sur son visage. Celui-ci disparut bien vite tandis qu'il reprenait la parole.

« Quand l'honneur et la droiture vous ont dégoûté la rancune et l'avidité sont sans doute la dernière voix qui vous parait possible. »

La discussion continua, le sujet de l'envie de rester dans le nord d'Edric semblait intriguer la belle blonde jusqu'à la faire poser plus de questions. Cette vie lui allait-elle tant qu'il ne quittait pas le nord ? Ce n'était pas celle qu'il voulait sans doute, mais au moins était-ce celle dont il se contentait. Est-ce maison, maîtresses, femme et enfants l'intéressaient ? Rester ici plutôt que de vivre mieux ailleurs ?

« Vous avez de très bonnes questions. Mais vous avez raison. Bien entendu que maîtresses, femme et enfants m'intéressent... Pour peu que je trouve cela dans le nord. »

Il termina sur un air un peu amusé, avant de reprendre son sérieux, et de reprendre la parole sur un ton un peu plus... Pragmatique.

« Cela vous étonne-t-il tant que ça ? Je suppose que cela est étrange alors. Ainsi que stupide. Mais... Je ne sais pas, j'ai le sentiment que s'il me reste encore quelque chose que je n'ai pas terni par mes actes, c'est la place du Nord chez moi. Je me dis que tant que j'y reste alors peut-être que je n'ai pas encore tout raté, sans doute quelques espoirs de gamins, encore et encore. Mais c'est là suffisant pour moi... C'est peut-être illogique, mais au moins c'est encore quelque chose qui compte pour moi. Il me reste encore quelque chose à défendre quelque part... J'ai le sentiment que j'ai encore un devoir à accomplir ici. C'est stupide... »

Il secoua la tête en refixant le sol tandis qu'un mince sourire moqueur envers lui-même envahissait son visage.