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Who is in Control? (pv Fer-nés)

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WHO  IS  IN
CONTROL?



Iron Borns



299, 9ème lune, semaine deux




Quand Euron entra, la grande salle sombre était déjà noire de monde. Seigneurs, héritiers, familles, ils étaient tous là autour de la table tandis qu'il s'enfonçait dans leur masse et qu'ils s'écartaient sur son passage. Ses bottes claquaient sur le dallage humide , le son de ses talons remplaçant le brouhaha qui avaient précédé son arrivé et qui s'étouffait peu à peu en sa présence, comme une vague qui se retire. Des têtes se tournaient vers lui et ceux qui lui emboîtaient le pas. C'était le milieu de l'après-midi, les vagues grondaient en contrebas des fondations et les nuages gris qui asphyxiaient le ciel avaient plongé la forteresse dans de précoces ténèbres. Dans l'âtre, les bûches craquaient et les flammes des candélabres disposés dans la pièce découpaient des ombres qui coulaient sur les mines des fer-nés. Le lumière du feu ciselait encore davantage les traits du Choucas, imperturbable en dépit de l'inquiétante animosité qui suintait de quelques uns des insulaires.
Pâle et froid, son oeil jaugeait les personnes agglutinées et distinguait sans difficulté les visages amis et ennemis car, dans l'affluence, ces deux factions s'étaient instinctivement regroupées, comme prédisposées à s'affronter lors de la réunion qui prenait place ce jour. Harloi, Noirmarées, Lasenne, Timbal, ils étaient là et tous étaient entourés de gens de leurs maisons respectives. La silhouette du pirate se mouvait malgré tout dans une apparente sérénité et sa veste bleue cachait aux regards qui le mesuraient les bandages qu'il portait sur son torse. Celle qui lui avait fait cette blessure le suivait et la foule qui s'était ouverte pour lui se refermait derrière elle, circonspecte et hostile. Certains s'interrogeaient entre eux d'un coup d'oeil évocateur quant à sa présence ici, tandis que d'autres posaient sur elle des yeux sombres mais loin d'être étonnés. Laissant le peuple des îles apprivoiser à sa manière la  présence de la Mormont comme des bêtes sauvages accueillant un intrus, il s'avançait entouré de toutes ces faces dont la plupart désapprouvait jusqu'au moindre souffle qu'il prenait en leur présence; il le savait.
Il s'assit à sa place, à l'extrémité de la tablée et, dans un bruit de chaises que l'on trainait, fut aussitôt imités par quelques chefs de famille qui n'avaient pas manqué de choisir leur siège en fonction de leur avis. Plus ils se trouvaient loin de lui, moins ils approuvaient sa légitimité. Ceux qui ne l'avaient jamais admis, quand à eux, se tenaient toujours debout comme pour mieux signifier leur libre arbitre. Leurs revendications n'étaient que des caprices d'égo pour le pirate car  silencieuses dans le regard de ceux qui à défaut d'avoir ployé le genou n'en avaient pas moins courbé l'échine lorsqu'il leur avait donné l'ordre de rassembler leur flotte pour partir vers le Sud. Si certains étaient des guerriers respectés, d'autres n'étaient que des suiveurs qui jouaient leur fierté en imitant des plus grands qu'eux, sous l'étincelle méprisante qui ornait l'oeil du Choucas. Lui n'avait pas de temps à perdre avec ces quelques marins qui voulaient jouer de leurs muscles, grisés par l'optique de tenir tête au célèbre Greyjoy, mais qui n'avaient jamais vu que les côtes de l'Ouest et la basse mer. Il ne relèverait même pas les moues provocatrices que quelques immatures lui adressèrent et qui moururent quelque peu lorsque la chaise à sa droite fut proposée à la Nordienne de façon un peu rustre mais pas dénuée d'une certaine forme de respect par un des muets du pirate.

Le Greyjoy posa son regard sur la foule de seigneurs, les reconnaissant tous et en dévisageant certains. Derrière les lords assis, tapi dans l'ombre, Aeron se tenait dans un coin de la pièce, le plus écarté de son ainé qu'il était possible de l'être entre ces murs. Sa puanteur d'algues pourries qui le suivait partout emplissait la pièce réchauffée par la forte présence des corps. Ceux qui le flanquaient malgré eux prenaient visiblement sur eux pour ne pas s'éloigner du Grand Prêtre. Plutôt souffrir d'être un fidèle du Dieu Noyé que de le fuir sous le regard du Suzerain, frère athée du plus fervent des suppôts. Les yeux fiévreux de ce dernier  jaugeaient l'épouse de son frère. La cérémonie, c'était lui qui l'avait menée dans le plus grand secret, à contrecœur évidemment, mais sans d'autres choix que d'accomplir lui-même le rituel pour cet hérétique. Il craignait sa menace, mais il craignait plus encore celle du Dieu qu'il servait. A ce titre, il n'avait pas tardé à délier sa langue au devant de ses fidèles sur les plages et, quelques jours plus tard, la rumeur avait atteint les oreilles des grands seigneurs des Iles. Le Choucas, épouser une Mormont? La plupart n'y croyaient pas lorsqu'ils étaient entrés dans la pièce, mais leur circonspection se muait désormais en surprise outragée ou en pure incompréhension. Mais si leur regard allait de la brune au capitaine du Silence, ce dernier n'était pas venu pour discuter mariage.
Le dos enfoncé dans le dossier de son fauteuil, il se tenait nonchalamment, ses longues jambes croisées et sa main droite posée sur la surface polie du bois de la table. Il la tapotait doucement de son index et dans un soupir à peine déguisé, il souffla sans les regarder:

"Bien. Je vous écoute, j'imagine." Son ton légèrement exaspéré n'indiquait que mieux à son auditoire de bien peser leurs mots devant un capitaine qui n'avait guère l'habitude d'écouter les revendications de ses hommes.






   
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Le Timbal attendait et Denys n'aimait pas attendre. Il vivait ce moment comme une corvée, une corvée nécessaire. Un mal pour un bien sans doute. Il y avait pas mal de monde réunis ici. Du beau monde comme du moins reluisant mais cela n'était pas son problème. La maison Timbal étaient une des maisons les plus prestigieuses des îles de Fer si bien qu'ils avaient jouis d'une place assez avantageuse. Malgré tout, ils demeuraient debout, lui comme son cadet et leur père qui malgré sa blessure à la jambe s'efforçait de se tenir debout, droit comme un « I », ne montrant aucun signe de faiblesse. Quand on connaissait cet homme, on comprenait parfaitement que le Capitaine de la Phalange avait hérité de la force de caractère de son père et qu'une partie de celle-ci s'était sans doute transformée en force physique. Longmât était là aussi, quelques un de ses hommes et la Bonfrère. Denys n'appréciait pas d'être renfermé ici avec tous ces gens. Il avait l'impression d'être dans une porcherie remplie de porcs qui gueulaient où se roulaient dans la boue en attendant l'arrivée de la nourriture. Le Choucas fit enfin son entrée. Avec à sa suite une de ses catins. Ce n'était pas trop tôt. Denys en avait marre d'attendre. Il sentait que la conversation allait sans doute être monopoliser par les chefs de famille. Lui n'était qu'un héritier mais il avait assez de couilles pour pouvoir intervenir et manifester sa propre opinion qui ne différerait probablement pas de celle de son paternel, si de celle de son cadet. Les Timbal étaient des hommes d'honneur de père en fils.

En posant les yeux sur la femme qui suivait le Choucas, il comprit que c'était sans doute la Mormont, celles dont le Tif-Trempes avaient maintes fois prononcés le nom aux oreilles des fidèles du Dieu Noyé. Pas désagréable à l’œil. Cela ne devait sans doute être amusant de sauter une ourse comme elle. Cette simple réflexion mentale lui rappela la Gud et il lâcha un petit rire personnel. Le  Greyjoy finit par prendre place à la table, invitant les gens à parler. Ce n'était pas à lui d'ouvrir le bal, le Timbal le savait parfaitement. Ce n'était pas non plus à son père. Le Timbal était peut-être bien placé mais celui qui possédait le plus de droit d'ouvrir la discussion était un membre de la famille de l'Oeil de Choucas. Son frère cadet, Victarion de la maison Greyjoy. Ensuite viendrait sûrement l'heure du prêtre et puis celles de tous les dirigeants de maison. Denys posa une main sur l'épaule de son père pour manifester sa présence. Le geste fut bref. L'homme souffrait d'une vilaine blessure à la jambe et son fils souhaitait lui rappeler qu'il serait la béquille sur laquelle il pouvait s'appuyer jusqu'à avoir retrouver la santé. Reculant de quelques pas, le Timbal s'adressa à la Bonfrère et à Longmât.


«Je n'aime pas la façon dont nous sommes tous rassemblés ici. Il fait chaud, il y a un relent de transpiration. Leur débat risque houleux et je ne suis pas convaincu qu'ils s'en tiendront tous à l'Antique Voie. Restez sur vos garde. Au moindre signe de violence, nous encerclerons mon père et le ferons sortir d'ici.»
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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Who is in control ?




J’avais déjà vidé des poissons. Des dizaines et des dizaines. Des centaines même. La démarche était toujours la même. Une fois le saumon ou le maquereau tiré hors de l’eau, alors que sa queue frétillait encore, que ses yeux s’exorbitaient à mesure que leurs branchies s’agitaient comme de petits éventails, l’on commençait par attraper sa tête fermement. Puis, lorsque la pauvre bête ne faisait plus que sursauter faiblement, le couteau pouvait commencer à glisser sur ses écailles lisses et irisées de la queue vers les branchies. Le rythme se devait d’être régulier et les mouvements rapides et précis. La pression exercée sur le poisson était également importante si l’on ne voulait pas abîmer sa chair. Une fois les deux côtés complètement nus, il était important de rincer l’animal pour ôter les résidus restant. Ensuite, avec une lame effilée, le ventre devait être ouvert de la queue aux branchies pour laisser accès à la cavité abdominale qui devait être vidée à la main des boyaux. Enfin, l’on pouvait couper la tête, mais Alysane préférait manger ses truites cuites avec, alors je les laissais généralement. Il ne restait plus alors qu’à prélever les filets en retirant méticuleusement chaque arrête. Ce n’était pas sorcier. Les ours prenaient également une attention particulière lorsqu’ils pêchaient le saumon. Se plaçant en amont des petites chutes d’eau ou des cascades, ils attendaient, en alerte que le poisson remonte le courant et se jette dans leurs gueules. Avec soin, les ursidés ramenaient ensuite leur proie gigotante sur la berge où leurs longues griffes et crocs acérées servaient d’ustensiles pour dévorer leur repas.

Ma situation actuelle ne différait pas grandement des ours chassant les poissons remontant les cours d’eau. À l’exception prête que j’étais le plantigrade au milieu des saumons. Pire, je cheminais dans l’ombre du kraken qui voyait la petite friture s’écarter sur son chemin. Derrière moi, je les sentais grouiller, observer, murmurer, s’indigner. Trainée au bout d’une chaîne comme une moins que rien. Un vulgaire trophée que l’on ramenait de voyage. Les odeurs d’algues, de marée, de transpiration et de renfermé empestaient la pièce. Que des senteurs étrangères que j’avais dès mon plus jeune âge associé au danger. Au danger et à la mort. Les yeux rivés sur mes mains, je n’osais lever le nez, la tête baissée, de crainte de croiser le regard d’un fer-né se tenant trop prêt de moi. Je les reniflais, tout autour, avec leurs vêtements poisseux et humides. Sur la peau de ma nuque, je pouvais presque sentir leur souffle. Je n’avais rien d’autre que mes bras pour me protéger aussi, je les tenais fermement ramenés contre mon corps gourd, de peur d’effleurer le torse ou l’épaule d’un de ceux que je considérais comme mes ennemis héréditaires. J’étais prise au piège. Et pourtant, je ne pensais qu’à une chose. Mes mains, calmes et tranquilles, découpant le ventre de poissons avant de sortir leurs entrailles et de les jeter au sol sans un regard de plus. L’ursidé avait toujours été le prédateur. Et même si j’étais terrorisée, j’imaginais les crocs du plantigrade déchirer la chair rose des saumons ridicules et stupides s’étant jetés dans la gueule de l’ours.

Raconter des histoires. J’en étais la grande spécialiste, sur l’Île aux Ours. J’adorer narrer de jolis contes à Lyanna et à Marthe. L’on me disait douée pour cela. Je mettais le ton, je laissais mes spectateurs dans l’illusion jusqu’au dernier mot. Cependant, je ne me rendais pas forcement compte que la chimère me laissait également prisonnière de ses images fantasmagoriques. L’aveuglement était rassurant. Aussi, j’avais conscience de me laisser aller au rêve, à m’imaginer ainsi, avec mes petits poings, venir à bout de l’assemblée de fer-nés, armés jusqu’aux dents, qui attendaient dans un chahut propre aux pillards les mots de leur chef. La plus sensée des réactions était le silence. Se faire oublier. Faire profil bas. Pourtant, au fond de moi, derrière la frayeur et l’incertitude, se terrait l’ombre de la révolte et de la colère. L’incompréhension, quant à elle, était reine en mon cœur. Comment les choses en étaient-elles arrivées là ? Il y avait quelques jours à peine, je choisissais un cadeau pour ma sœur ainée en compagnie de Selane et voilà que je me retrouvais encerclée d’ennemis, épouse forcée d’un monstre dont les mots et les promesses passaient aussi vite que les souffles de vent dans les pins. Qu’avais-je donc fait ? Les Anciens Dieux m’avaient-ils abandonnée en territoire hostile ? Ma gorge se serra soudainement et je crus éclater en sanglots.

Le raclement des pieds d’une chaise sur les dalles trempées me ramena à moi. Un pauvre hère me désignait la chaise à la droite du Greyjoy alors que les autres chefs de maison trouvaient leur chemin autour de la table. Je restais un moment interdite. Non, je resterai debout. Ces mots avaient une signification toute particulière pour moi. Ici, nous nous tenons debout. C’était ce que nous disions tous, sur l’île, à l’approche d’une nouvelle attaque. Nous y croyions. Nous y croyions réellement. Et j’étais celle qui avait ployé le genou. Pour la sécurité de l’Île aux Ours. Pour protéger ma famille. Cela en valait la peine, j’essayais de m’en persuader. Pourtant, je n’osais imaginer les visages de ma mère et de mes sœurs, craignant de défaillir. Je ne voulais définitivement pas m’asseoir. C’était probablement ridicule, mais ce simple acte, ce simple geste signait l’acceptance de ma situation. Aussi, je toisais ce fauteuil comme s’il était le mal incarné. Faire profil bas, me rappelais-je. Dédaigneuse, je fusillais le Greyjoy du regard alors qu’il me semblait que mes mains brûlaient encore de son sang, lors du massacre de la Baie des Glaces.

Je pris finalement place, osant à peine m'appuyer contre le dossier. Immobile, respirant à peine tant l’atmosphère m’était insoutenable, je croyais étouffer. Comment réagissait une souris que l’on jetait au milieu d’une fosse au serpent ? Je n’en savais rien, mais cela ne devait guère être différent de ma propre situation. Non loin de moi, Aeron Greyjoy m’observait, à la fois curieux et haineux. Je frissonnais malgré la moite tiédeur de l’air, sans m’aventurer à croiser son regard. Il me terrorisait. Depuis que je l’avais vu, fiévreux et habité par ses répugnantes croyances, ses yeux sombres comme des lacs et son odeur rance me hantaient. Je n’aurais pu, à cet instant, être plus mal à l’aise. Je pinçais les lèvres et serrais les poings.

Dans un souffle, je repris mes pérégrinations mentales du début. Dans mon esprit, un couteau invisible ne déchirait plus le ventre coloré d’un poisson, mais celui blanc d’un fer-né.
 


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Pyke



   
299, 9ème lune, semaine deux


Rarement la Grande Salle s'était trouvée aussi emplie de seigneurs fernés et autres enfants du Dieu Noyé. Dans la semi-obscurité imposée par les étroites ouvertures qui faisaient office de fenêtres, seules quelques bougies éclairaient les silhouettes sombres et rudes des hommes présents. Les ombres semblaient grouiller, tant elles étaient entassée autours de la longue table dont les chaises étaient vides, à l'exception faite de celle qu'occupait le cadet du Suzerain. Au milieu du vacarme ambiant alimenté par les discussions tendues et bruyantes des fernés autours de lui, le Capitaine du Fer Vainqueur était parfaitement immobile, et silencieux comme le kraken de pierre qui entourait de ses tentacules l'âtre où brûlait un feu. Ses bras posés sur les accoudoirs abimés, il attendait, son regard bleu fixait un point qui n'existait pas, loin du présent et de la foule qui l'encerclait.

Le son grinçant des portes de bois qui s'ouvraient le sorti de ses pensées, et alors que le brouhaha s'éteignait lentement pour laisser la place à un silence qui était à la fois empreint de respect, de crainte, et de mépris pour l'homme à l'oeil unique qui venait d'entrer. Sans quitter son immobilisme, Victarion posa ses yeux sur son frère et suzerain, alors que ce dernier prenait place. Debout à ses côtés, la présence de sa jeune épouse avait provoqué une grande curiosité mêlée d'hostilité chez ceux qui prétendaient seulement tolérer un homme dont ils n'avaient pourtant jamais défié l'autorité. Dévisageant un instant la nouvelle Greyjoy, son visage aussi indéchiffrable et vide d'émotion qu'à l'accoutumée, le guerrier ne savait que penser ce cette union au parfum de scandale. Il connaissait mieux que quiconque l'importance accordée par Euron aux règles concernant les femmes sur les Iles de Fer, aussi la gravité et la légitimité politique de ce mariage était toute relative aux yeux du Kraken, qui ne pouvait que se sentir désolé pour la jeune femme résignée. Si le désordre semblait régner dans la grande salle de la forteresse de Pyke, la place de chacun avait pourtant était soigneusement choisie, en fonction de s'il voulait, ou non, signifier au Choucas leur désaccord, ou au contraire, leur approbation. Ce placement, digne d'une tablée de noces, était cependant loin de ne représenter que l'avis des seigneurs quand au mariage récent, mais bien un ensemble de non-dit qui pesaient sur les esprits des satisfaits et des frustrés du titre porté par l'Ainé des Greyjoy. Assis non loin de son frère, Victarion n'était séparé de lui que par la chaise vide que venait de refuser la jeune mariée, à l'angle de la table. Si le même sang de fer et de sel courait dans leurs veines, il n'y avait guère qu'une faible ressemblance, que d'ailleurs ne partageait pas leur cadet, pour lier les deux frères. Tout dans l'attitude du Suzerain des Iles, de sa nonchalance provocante à ses mimiques et son attitude impertinentes, n'étaient que l'exact opposé de la rigueur et du sérieux militaire du Capitaine du Fer Vainqueur.
Affichant son exaspération, le Choucas donna la parole aux présents. Des murmures sourds de conversations que l'on ne souhaitait visiblement pas partager furent la seule réaction des fernés, dont la hargne et l'indignation semblaient s'être évaporées. C'était pourtant bien la première fois que le Suzerain controversé des Iles de Fer offrait aux lords l'occasion de lui exposer leur avis, leurs questionnement, leurs revendications. Pourtant, parmi tous ces hommes, dans la salle empli de l'odeur du sel et de la mer, aucun ne semblait vouloir mouiller la chemise face à celui que la plupart d'entre eux méprisaient. Des reniflements, le murmure des confidences, et le bruit étouffés des pas de ceux qui n'avaient pas encore trouvé l'endroit idéal pour assister à la scène devinrent vite insupportables aux oreilles du Capitaine, dont le tempérament aussi dangereux que rigoureux ne pouvait tolérer une telle perte de temps, qui n'avait pour excuse que la crainte inassumée de tous de celui qui les gouvernait.
"Nous avons attaqué beaumarché. Villevieille. Le Conflans et le Bief ne sont dépourvues ni de flotte ni d'armées, bien que nous ne les ayons pas vu. Tôt ou tard, nous pouvons nous attendre à des représailles. A Villevielle, nous n'avons guère détruit que des navires marchands et des barques de pécheurs, de même qu'a Beaumarché."Son visage dur tourné vers son ainé, Victarion savait qu'il n'avait guère besoin d'étoffer ses paroles pour que le Choucas comprenne le fond de sa pensée. Les deux victoires des fernés avaient laissé un goût amère dans la bouche du Capitaine du Fer Vainqueur, qui n'avait trouvé ni gloire ni richesse dans ce qui s'était révélé n'être de son point de vue qu'un saccage de deux villes sans défenses, où sa hache avait tué plus d'enfants et de vieillards que de soldats en armure. Et si l'Antique Voie paraissait si barbare aux continentaux, pour le cadet du Suzerain, elle trouvait toute sa noblesse dans le combat et la suprématie de la puissance brute des fernés, quand à la force de leurs bras et à la sueurs de leur front, ils venaient à bout des armées qui se prétendaient supérieures à eux. Insatisfait, c'était ainsi que Victarion était revenu de ses deux attaques, dont son frère semblait pourtant pleinement content. Que diable avait-il trouvé dans les parchemins vieillis de la Citadelle? Toute la flotte de fer s'était rendue au Bief, tous les lords, tous les fernés étaient venus, qui avaient offert la scène ridiculement démesurée de l'armada pénétrant le port de la cité sans qu'aucun obstacle ne se présenta à eux. Le Capitaine le savait, cela n'avait été qu'un test, un test insultant et humiliant pour tous ceux qui questionnaient l'autorité du Choucas, et où tous avaient échoué.








 
     

         
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Les bras croisés contre son torse, la Bonfrère épiait de son regard sombre les divers mouvements enclin à définir chaque posture des soupirants de ce conseil. Ses jambes fixes, quant à elles, donnaient l’impression d’être figées dans un temps pour le moins arrêté. Les odeurs spécifiaient un peu plus chacune des révoltes, tantôt aigres, tantôt iodées, elles exprimaient bien là les trempes de chacun des protagonistes, comme si la menace d’une nouvelle aube venait à les bousculer. Silencieuse, la jeune fille gardait sa posture, loin d’être aussi imposante et charismatique que celle de son capitaine, il n’en restait pas moins que sa présence était bien réelle. Aux côtés de Longmât, Gysella avait laissé l’ombre lécher ses pieds pour ainsi remonter jusqu’au niveau de ses cuisses. La situation ne prévalait rien qui vaille, aussi bien pour les Greyjoy que pour les Fer-Nés en règle générale. Quelque chose se tramait et elle était prête à croire que cette ombre finirait par l’engloutir totalement d’ici la fin de cette entrevue. Depuis le pillage de ces contrées verdoyantes, l’atmosphère sur les îles avait changé. Le vent avait ramené avec lui quelques unes de ses incertitudes qui grondaient et montaient en puissance et ce dans le silence. Un paradoxe qui s’avérait bien réel alors que les regards hagards se toisaient les uns aux autres, que les odeurs se mélangeaient pour imposer des effluves pour le moins écœurantes à tout étranger. La blonde cherchait à devenir le roc de la falaise, sur lequel s’abat les remous houleux chargés d’embrun. Elle désirait devenir un socle permanent, témoin d’une scène qui resterait à jamais graver dans son esprit. Plus encore, elle resterait pour toujours cet appui à ce capitaine qui émanait de l’ombre et apportait un réel soutien à son ancêtre. Cette scène la touchait et ce même si elle était une Fer-Née, tant elle représentait une réalité qu’elle ne pourrait jamais connaître avec ceux qui s’étaient installés de l’autre côté de la pièce. Gérold Bonfrère, lord de la maison de Cormartel, restait lui aussi de marbre face à tout ceci. Son regard sévère témoignait de son impatience alors que le cors noir qui ornait son torse s’élevait et s’affaissait aux rythmes de ses inspirations. A sa droite, le regard maniaque et plus vil tenait un point fixe devant lui, Norne Bonfrère, lord de Shatterstone, essayait tant bien que mal de capter le regard de celle qu’il avait élevé. Sa jalousie transparaissait directement dans ses prunelles, animant ainsi une flamme qui ne s’éteindrait probablement que le jour de sa mort. Néanmoins, Gysella ne pouvait se résoudre à croiser ses iris, tant le combat serait inutile et vain. Derrière ses deux masses imposantes à mi ombrés par le clair obscur de ce climax, les triplés mâles de la maison tenaient une place bien protocolaire. Greydon à la droite de son père, Gran et Gormont en retrait. Depuis quand ne s’étaient-ils pas croisés ? La jeune femme avait tant espéré les entrevoir au cours du dernier sac… en vain. Et voilà qu’ils se tenaient tous là devant elle, à attendre les déboires d’un seul et même homme. Euron Greyjoy. Rien que sa vision rappela à la Bonfrère le souvenir passé, la colère qu’il avait su éveiller en elle alors que le constat désolant résultait de ses aspirations les plus égoïstes. Les poings contre son torse se serrèrent doucement au moment où l’assemblée sembla retenir son souffle à son arrivée. Pourquoi ? Tous le critiquaient, tous trouvaient que ses intentions étaient semblables à celle d’un homme emprunt d’une culture des contrées vertes, et pourtant tous se taisaient à son passage. Un seul homme face à une armée entière et il inspirait le respect. Les expériences de la Bonfrère ne lui permettaient pas de comprendre de tels comportements, néanmoins, elle préférait bien évidemment garder le silence. Son capitaine lui avait donné un conseil : celui de faire attention à ses adresses, ce conseil resterait pour toujours ancrer dans son esprit.

Son attention se déporta doucement de cet homme, de ce Choucas à l’œil avide de pouvoir, dont la moquerie ne cessait de se lire sur son visage, pour se poser vers un mouvement à la fois frêle et chargé de détermination. L’idée même que le Greyjoy avait enfin choisi sa femme roc n’avait jamais interpellé la jeune femme, néanmoins ses traits là commençaient à peine à attiser sa curiosité. Cheveux sombres, démarche droite et bien fière, regard à la fois apeuré et quelque peu déterminé, ces traits ramenaient la Bonfrère à un temps plus reculé. Mais qui était-elle ? Pour l’heure, cette brume qui planait au dessus de sa tête ne trouvait nulle réponse, tant la colère l’éveillait doucement en même temps que l’agitation éveillait quelques murmures. Ces derniers se turent au moment où le ‘chef’ s’installa à son siège de cette manière si désinvolte. Mais bientôt son regard se détourna complètement de cette mascarade pour suivre les mouvements de Denys. Rapprochant son visage de ceux du capitaine et de Longmât, la jeune femme acquiesça d’un signe de tête à ses ordres avant de laisser sa main descendre jusqu’au pommeau de son épée. Serrant son emprise, ses iris bleutés croisèrent ceux du Timbal à l’instant où il laissait sous entendre les règles à tenir. Mais silencieuse, elle lui laissa l’opportunité de lire dans son regard qu’elle répondrait toujours de ses ordres et qu’elle ferait de son mieux. Cependant ce contact fut vite rompu au moment où la voix bien connue du cadet des deux frères s’éleva dans les airs pour ainsi fendre de sa superbe sur le courroux de l’aîné. Ainsi les hostilités allaient débuter et voilà que Victarion donnait le ton. Les yeux de la blonde cherchèrent l’origine de cette clameur et bien vite furent-ils attisés par une autre voix qui lui était familière. « Votre frère dit vrai, nous vous avons suivi pour notre gloire, nous avons payés le Fer-Prix pour vos ordres et qu’en est-il de notre victoire ? Pour quelles raisons avons-nous combattu ? Pour quelles raisons avons-nous perdus fils, frères et courageux ? » La fierté de Gérold s’exposait à la vue de tous alors que ses fils clamaient derrière lui leur approbation quant à ce questionnement. A ses côtés Norne semblait plus enclin à faire tournoyer une pièce entre ses doigts, attentif aux moindres esclandres qui allaient probablement s’éveiller d’ici peu. « Où sont nos richesses ? Où sont nos glorieuses chansons censées inspirer la peur à nos ennemis ? » Le sourire en coin de Norne en disait long sur ce qu’il pensait des idées de son aîné. Les Bonfrères étaient entendus peut être à tort peut être bien. Néanmoins, le cors venait de souffler un message qui ravivait les tensions de la salle. Gysella resta de marbre à ceci se demandant si le Greyjoy en question agirait à nouveau comme il l’avait fait pour elle durant le siège où si cette fois-ci, il prendrait le temps de répondre à l’un de ses sujets les plus influents. A cet instant précis, l’oncle et la nièce avaient exactement le même sourire sur les lèvres, même les raisons en étaient différentes.
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Pyk
entre Fer-Nés


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Année 299, 9e lune, 2e semaine

La lutte avait été compliquée mais pas vaine. A force d'arguments et de supplications, Asha avait finalement réussi à convaincre Rodrik Harloi de l'accompagner à Pyk pour assister à ce mystérieux rassemblement dont il lui avait parlé. Avec un peu de conviction, il n'y avait rien qu'il n'arrivait à lui refuser, la seiche le savait parfaitement et elle en jouait constamment. Oncle et nièce avaient cependant fait route séparée, chacun sur leur boutre avec leurs propres hommes d'équipage. Le Bouquineur avait accepté de venir à la condition qu'Asha accoste ses navires à l'arrière de l'île, de là où elle pourrait partir tranquillement si les choses venaient à se gâter. En se faisant, la capitaine du Vent Noir avait pris plus de retard que tout le monde et en arrivant au pied de son ancienne demeure, où tout était très calme, on lui apprit que tous les gens importants étaient déjà rassemblés dans la grande salle du château. Elle intima alors à Qarl de rester en bas avec quelques hommes et elle monterait accompagnée d'un petit groupe dont Halys faisait partie. Parcourir les couloirs et les passerelles de la forteresse ne lui rappelait rien de bon, elle ne s'était jamais totalement sentie à l'aise ici, préférant de loin la demeure sur Harloi, et le fait qu'elle ne puise pas exercer son droit sur son héritage n’arrangeait rien à son sentiment de malaise.

Asha ouvrit les portes brusquement et bruyamment, non sans un certain plaisir de devenir le centre de l'attention le temps d'un instant. L'odeur et la chaleur du lieu la saisirent à la gorge, il y avait un mélange de sueur et de fumée qui n'était pas des plus agréables, l'ambiance était lourde. Après quelques secondes d'accoutumances, elle s'avança dans la salle, sûre d'elle, un sourire moqueur au coin des lèvres. Néanmoins, elle scrutait tout le monde, faisant de son mieux pour cerner la situation au plus vite. Il ne lui fallut pas longtemps pour repérer son oncle Le Choucas, trônant au bout de la table. A ma place. Mais elle ne laissa rien transparaître de sa frustration, même s'il fallait être un sacré idiot pour penser qu'elle s'en réjouissait.

« Mais où sont donc passées vos bonnes manières M'n Onc' ? »

Encore aurait-il fallu qu'il en ait eu un jour.

« On n'attend plus sa nièce favorite ? »

Alors qu'elle lançait ses piques à Euron, sont regard fut interpellé par la jeune femme brune qui se tenait à ses côtés. Ainsi Rodrik avait dit vrai. Il avait bel et bien épousé une ourse. Asha ne put retenir un petit mouvement de tête, surprise. Le Choucas ne cesserait donc jamais de surprendre, ça, la seiche voulait bien le lui reconnaître. Elle se doutait que beaucoup de fer-nés autour d'elle devaient s'offusquer de cette union, mais elle n'y arrivait pas, elle trouvait même cela drôle et plutôt bienvenue pour elle. Elle se mit à faire une courbette exagérée.

« Quel honneur de rencontrer votre nouvelle femme. Elle a l'air tellement... épanouie ! Presque autant que les anciennes femmes de votre frère ! »

Le ton était donné. Elle espérait que l'égo de Victarion ne se trouverait pas trop froissé par sa remarque, même si elle en doutait fortement, mais cela avait été plus fort qu'elle. Avec air satisfait, elle continua son avancée dans la grande salle pour venir trouver sa place, debout, entre son oncle favori et Harras Harloi, posant une main sur chacune de leur épaule. Ils s'étaient installés en face d'Euron, à l'opposé de la table, comme beaucoup de famille qui ne reconnaissait pas son règne. Son petit groupe pris place derrière elle.

« Tu aurais mieux fait de te taire Asha. » lui souffla Rodrik.

Elle se doutait qu'il n'approuvait pas sa témérité, mais depuis le temps, il la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle n'en faisait qu'à sa tête et que ça n'était pas prêt de changer. Elle regarda rapidement autour d'elle et salua d'un sourire et d'un hochement de tête Gysella Bonfrère et Denys Timbal qui se tenaient à quelques mètres d'elle. Elle trouva ensuite Victarion Greyjoy a qui elle offrit un sourire éclatant, comme si cela  pouvait effacer l'affront qu'elle venait de lui faire. Peut-être y était-il habitué aussi après tout et qu'il ne lui en tiendrait pas rigueur. Mais encore une fois, elle en doutait sérieusement.

« Bon, qu'est-ce que j'ai eu le malheur de rater ? »

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WHO IS IN
CONTROL?



Iron Borns



299, 9ème lune, semaine deux

"How does one come to know the unknowable?
What faculties must a man possess?
It has pushed man to venture further and further into the deep blue unknwon.
We know not its depths, nor the host of creatures that live there.
Monster. Are they real?
Or do the stories exist only to make us respect the sea's dark secrets?"




Sous son regard froid et souriant, qu'il avait enfin consenti à lever vers eux, la foule de visages s'anima. Des coups d'oeil s'échangeaient, des gorges étaient raclées, des chuchotements se faisaient entendre comme des pas de souris sur le plancher humide. Mais dans l'écho des froissements des corps, soudain distinct dans le silence, aucune voix ne s'éleva. Pendant cet instant de flottement qui suivit ses mots, un souffle lugubre venu de la mer caressa les candélabres et en fit trembler les flammes. Il sentit la présence de son épouse à ses côtés et dont l'arrivée avait suscité une curiosité malsaine et défiante. La plupart des regards se voulaient outrés, méprisants. Mais au dedans de leurs iris mécontents l'on pouvait clairement lire la déception  de certaines des plus éminentes familles qui avaient visiblement espéré que le Choucas choisirait son épouse parmi leurs filles, comme l'avait fait Balon.  
S'il ne lui accorda pas un regard, le refus qu'elle imposa au muet fit briller son œil unique d'une étrange lueur mutine, presque satisfaite, malgré l'aura sombre de la jeune mariée qu'il devinait aisément dirigée vers sa personne. Même si elle finit par s’asseoir, elle était d'une autre trempe que la fragile Harloi dont s'était affublé feu son frère. Sous son épaisse veste sombre, sa poitrine qui portait encore les stigmates de ce caractère se soulevait au rythme tranquille de sa respiration et sa main, toujours posée sur la table, caressait le bois dans un geste doux et distrait. Les fer-nés jouaient un jeu dangereux en testant ainsi sa bonne volonté... Le mutisme se poursuivait, dans une étrange retenue observée par les guerriers qui l'entouraient. Plus le temps passait, plus l'amusement du capitaine s'assombrissait.

Enfin, dans l'air chargé de sel, le silence qui avait imposé son joug pendant de longues secondes finit par être brisé par la voix autoritaire de son cadet. Instinctivement, son regard se porta vers les solides Timbal, Noirmarées et autres familles de renom dont la répugnance à son égard était un secret de polichinelle,  et qui, pourtant, avaient sagement gardé leurs bouches fermées, tout à coup timides et protocolaires. Il les jaugea l'espace d'une seconde. Le Suzerain n'avait pas besoin de s'exprimer plus que cela pour leur communiquer son mépris, ainsi drapé dans son élégante insolence.  Ils avaient donc souhaité attendre les mots de Victarion, certainement pour savoir à quel point ils pouvaient se risquer à assumer leur propre avis sans se retrouver seul contre l'orgueil d'Euron. Pour de grands guerriers, il les trouvait bien pâles...Un souffle de soulagement sembla passer au dessus de la table lorsque les questions de son cadet résonnèrent dans la pièce, libérant au passage les poitrines serrées par l'appréhension.
Sous l'impulsion de l'intervention de l'amiral, l'atmosphère pesante se chargea d'électricité et s'habilla de vibrations véhémentes. Son frère n'avait pas fini de parler que déjà résonnait à un autre coin de la table la voix du patriarche Bonfrère auquel Euron accorda une attention plus relative qu'à son frère. Ils avaient le même âge, et pourtant, un monde se tenait entre les deux vétérans qu'ils étaient pour les séparer. Euron était loin de partager les valeurs traditionalistes et la ferveur religieuse de Gorold, qui, sur ce plan, rejoignait plutôt Victarion. Il y avait à parier que l'attitude conformiste du Bonfrère inspirait autant de dégout à Euron que sa propre nonchalance et imprévisibilité devait en inspirer au vieil homme. Après les invectives de ce dernier, plus personne ne sembla vouloir prendre la parole et seuls les échos sourds et approbateurs demeurèrent en bruit de fond. L'entourage proche d'Euron, quand à lui, se crispait et grinça des dents, fusillant d'un regard noir ceux qui osaient remettre en question le commandement de celui qu'ils soutenaient. Certains marins soufflèrent, désabusés, et les plus jeunes d'entre eux adressèrent des remarques moqueuses en réponse aux autres mousses qui s'étaient rangés derrière le Bonfrère et le capitaine du Fer Vainqueur. Cependant, ce n'était là qu'un bruit de fond auquel Euron n'accorda pas la moindre importance, car le véritable échange était suspendu devant lui dans le silence, au dessus de la table, entre ses deux sujets et lui, le suzerain des îles.
Même si l'avidité du Bonfrère suintait des propos de ce dernier et contrastait avec l'avis purement militaire du cadet Greyjoy, un sourire en coin du Choucas leur répondit à tous deux, dans une égalité parfaite.  Beaucoup de choses se dissimulaient dans le pli de ses lèvres. Parmi elles, il y avait une once de moquerie, mais surtout bien des secrets qu'il n'entendait pas vraiment révéler lors de ce rassemblement  exceptionnel. Il choisit dans un premier temps de répondre à Gorold, dont la remarque avait  su toucher plus profondément sa fierté. Son oeil à la lueur canaille et pourtant glaçante resta un instant vissé sur la face ridée de Gorold.

"Vous vous battez pour des chansons?...Je ne vous savez pas si romantique." Souffla sa voix chaude d'un ton traînant, feignant l'étonnement pour mieux appuyer son mépris. Sa pique était facile, mais elle n'en engendra pas moins un rire franc, presque agressif, de ses troupes, libérant leur propre hargne par le biais des paroles du capitaine qui marqua sciemment un nouveau silence.

"Te rêverais-tu chevalier, Gorold?" Lança soudain d'une voix plus forte un chef de famille que tous reconnurent rapidement comme étant un Valleuse avec un rire gras qui trouva son écho. Etre comparé à un chevalier des contrées vertes n'était pas vraiment un compliment ainsi proféré sur les rochers escarpés des îles de fer. Une légère cohue naquit de cette moquerie dévoilée alors que le ton était enfin donné. Les seigneurs pouvaient présenter leurs armes sous son nez, Euron n'abaisserait pas les siennes.
Les voix s'étouffèrent lorsqu'il reprit la parole, un voile de sérieux s'était posé sur son visage, comme un avertissement mêlé de reproches. Sa main s'était refermée en un poing serré et, malgré l'ombre de sourire qui flottait encore sur ses lèvres, des regards inquiets se posèrent sur ce dernier.
"Vous voulez une chanson, Bonfrère? Chantez-la." Asséna-t-il soudain d'un ton plus grave en ancrant son regard dans celui de l'ainé de la maison aux cors noirs. Alors qu'il sous-entendait clairement que personne ne se donnerait la peine de vanter les exploits du Bonfrère, mais aussi des fer-nés de manière globale, les moues moqueuses ou frustrées se tintèrent d'interrogations.
Le Greyjoy les jaugea, passant son regard sur la foule et échangea enfin un regard avec son cadet. Victarion était un des plus purs spécimens de la race fer-née dans ce que l'on trouvait de plus brutal et pieux sur les îles, mais comme ses compatriotes, il semblait croire encore aux histoires que leur racontaient leurs pères, leurs frères, alors qu'ils étaient enfants. On chante plus facilement pour les morts... songea l'Oeil-de-Choucas en posant à nouveau son regard sur Gorold, rêvant de voir le si conventionnel Bonfrère remplir cette condition pour obtenir les chants qu'ils souhaitait tant entendre.
Des guerriers terribles et redoutables que l'on contait autrefois, il ne restait plus que des exploits presque oubliés et les siècles les avaient réduit à l'état de menace fantôme qui refaisait surface une fois tous les dix ans. C'était peu. Trop peu. Ils se gargarisaient d'être craints, et que la terreur qu'ils inspiraient était chantée aux quatre coins de Westeros. Mensonges. On ne les chantait pas, on en parlait à peine. Souvent, même, on s'en moquait. De ce peuple si terrible et qui tournait en rond sur son amoncellement d'îles, comme un molosse se mordant la queue.
Tandis que son sourire s'évanouissait enfin des traits de son visage, Euron se demanda comment Balon avait réussi à les convaincre tous qu'ils pourraient se reposer sur leur réputation d'antan. Pendant les trois années qu'il avait passé loin de Pyke, et même bien avant son départ,  les hommes de sel et de roc n'avaient fait que somnoler. Et maintenant ils osaient lui reprocher d'agir?
Même si l'apparence qu'il offrait était aussi flegmatique qu'à l'accoutumée, le Greyjoy commençait à regretter sérieusement ce bureau des plaintes qui semblait parti pour durer. Que ne leur avait-il pas déjà coupé la langue à tous! Songea-t-il en laissant s'échapper un léger soupir.
Mais le peuple qu'il avait choisi de gouverner lui donnerait du fil à retordre, car, comme les bêtes sauvages, leur fureur  et leurs airs redoutables n’avaient d’égal que la crainte farouche qu’ils opposaient à tous ce qui évoquaient l’étranger à leurs yeux. Dans cette pièce, malgré la présence de la Mormont, il lui semblait  être alors  le plus allochtone de tous.

"Quant à vos pertes..."Il laissa échapper un soupir léger, en plantant son regard dans celui qui voulait se présenter comme étant son adversaire. Son oeil se plissa, faisant luire un éclat vicieux dans le bleu de sa pupille." Je vous ai mené au plus grand port de Westeros armés jusqu'aux dents, alors que tout  laissait croire que l'armée Hightower n'y serait pas." Son regard quitta l'homme pour caresser de son ombre malfaisante le reste de ceux qui semblaient lui reprocher la mort de leurs frères, tombés contre une poignée de soldats." Si vous avez essuyé tant de pertes que vous le dites, ne me blâmez pas, Bonfrère. Blâmez vos hommes, blâmez les bleus qui vous servent de quartier-maîtres, et, par dessus-tout, blâmez votre commandement. Mais pas moi, ser." Acheva-t-il en plantant à nouveau son oeil sur le père Bonfrère.

Cette dernière petite pique qui rappelait les moqueries précédentes fit ricaner quelques hommes, même si l'accusation du Choucas, qui avait laissé transparaitre l'intransigeance que tous redoutaient, avait grandement refroidi l'ambiance dans les deux camps. Euron était, malgré les apparences, un homme à l'esprit grand ouvert, la curiosité était pour lui une qualité, tout comme l'audace elle esquissait un esprit vif et intelligent. S’interroger sur les ordres était à ses yeux une bonne chose. Les remettre en question comme l'avait fait le vieil homme, en revanche, était inacceptable. Les coeurs orgueilleux ne s'attendrissaient pas et la critique, souvent, était malvenue pour les hommes de sa trempe. D'un geste négligeant de sa main, il désigna à nouveau le Bonfrère.

"Eussiez-vous pris le contrôle de cette manoeuvre que vous auriez amené avec vous quelques pauvres navires. Mais que vous aurait apporté cette avarice? Auriez-vous eu si peur de fatiguer vos hommes que vous leur auriez épargné le voyage par simple désir d'économie?" Se moqua-t-il d'un ton serein.   "Amenez donc vos rares navires attaquer un tel port, et voyons ce qui vous acceuillera, des cris ou des rires. Avec ou sans armée pour la défendre, Villevieille méritait une attaque d'une autre envergure que celle que vous reservez à ces terribles villages de pécheurs que vous vous gaussez de piller depuis des années."

Il inspira profondément pour calmer l'ire qu'il ne laissait habituellement pas s'exprimer autrement que par une effusion de sang et de chairs éparpillées. Le Greyjoy n'aimait guère avoir à expliquer ses stratégies qui lui venaient de façon si évidente qu'il lui semblait devoir réapprendre à respirer au vieux marin. Mais puisqu'il fallait les rassurer, ou du moins, leur répondre... Fermant un instant les yeux il les rouvrit, fixant un point dans le vide devant lui avant de parler à nouveau d'un ton pensif.
"La plèbe ne sait pas compter les armées, mais l'armada qu'ils ont vu ce jour hantera leurs nuits jusqu'à leur mort, tant qu'ils entendront le ressac derrière la porte de leur chambre. Vous aurez vos chansons."

"Et pour les richesses? s'exclama alors un jeune homme aux cheveux bouclés.

Euron sourit à sa remarque, et le garçon déglutit, regrettant cet élan qui lui était venu du coeur. Pourtant, l'amusement du capitaine du Silence pointait de façon presque chaleureuse dans sa voix.
"Villevieille avait le ventre plein. Récoltes, bijoux, femmes. Si vous ne les avez pas trouvé, demandez à vos capitaines pourquoi. J'ai vu trop de vos bâteaux revenir avec leurs câles pleines et débordantes pour répondre de cela. Je ne suis pas votre mère, alors, à l'avenir, ne me demandez plus de vous tenir la main."finit-il par les prévenir d'un ton un peu plus menaçant. Son ton suave ne trompait personne.

Il s’apprêtait désormais à répondre à la question plus pertinente par bien des aspects de son cadet, qui attendait, aussi solide ainsi installé dans son fauteuil qu'il pouvait l'être à l'attendre sur le champs de bataille. Mais il ne put résister à la tentation de bafouer celui dont les remarques lui avait tant déplu.

"Vous prétendez vous battre pour l'honneur et la gloire, et vous dites que je me bats pour l'or et les richesses et vous m'en avez souvent fait la critique...derrière mon dos, tout du moins. Mais je ne vous en veux pas. Après tout un homme se bat pour ce dont il manque le plus..."

Alors que ces sujets les plus fidèles partaient d'un nouvel éclat de rire et de regards agressifs et fiers, les deux grands battants de bois s'ouvrirent mais ne réussirent pas de suite à les faire taire. Il fallut que la silhouette de la nouvelle venue s'avança de quelques pas pour que les rires s'étouffent, remplacés par des sourires amusés et condescendants au devant de celle qui prétendait à la place de leur chef. Euron leva vers elle un regard malicieux et patient. Il ne lui fallut pourtant guère de patience avant que la fille de Balon ne le défia avec un sourire candide sur ses lèvres rosées. A la surprise de certains, il la laissa s'exprimer. Mais dans son sourire planait l'ombre complaisante de celui qui attend qu'un roquet finisse d'aboyer avant de pouvoir parler à nouveau. Il ne fut guère étonné de la voir prendre place auprès des Harloi, maison de son oncle, et laissa flotter un silence lorsqu'elle eut fini de parler.

 "Tu es restée trop longtemps dans le Bief, je m'attendais à ce que tu aies du mal à retrouver cette pièce après tout ce temps passé loin d'ici. " S'amusant ainsi de son retard en apparence, et qui fit sourire, à tord, bien des gens autour d'eux, Euron lui reprochait pourtant subtilement la façon dont elle avait détourné ses ordres, profitant du commandement qu'il lui avait donné pour occuper les îles qu'il lui avait seulement demandé de piller. Un reproche que seules de rares personnes autour de la table pourraient entendre sous les paroles moqueuses. Il aurait pu la punir sur le champs, mais il était trop content de voir tant de gens témoin du grand retour de sa nièce, qui s'était tenu si longtemps éloignée de son oncle que la rumeur de la peur qu'il lui inspirait avait eut le temps d'être murmuré sur l'ensemble des îles. Elle revenait, mais non pas seule pour confronter le Choucas. Entourée de ses alliés et de ceux de son autre oncle, le commandant en chef de la flotte de fer, elle avait certainement vu dans cette réunion l'occasion rêvée de venir à nouveau tenir la dragée haute à celui qu'elle avait tant de mal à faire plier.
Il tourna doucement la tête vers sa jeune épouse, qui se tenait depuis le début à ses côtés. Il l'observa un instant, elle, ses cheveux noirs comme la nuit et ses bras crispés. Il pouvait voir en elle l'ourse sauvage, trop sonnée par sa nouvelle captivité pour  gronder ainsi qu'elle aurait du le faire comme son instinct l'exigeait bien avant qu'il ne l'amena dans cette pièce remplie d'ennemis. La courbette d'Asha était une insulte, une tentative de dézinguer l'autorité qui revenait pourtant à sa jeune mariée. Mais contrairement à ce qu'Asha entendait faire croire aux autres hommes présents avec ses bouffonneries, la Mormont était loin d'être une blague.

 "Elle n'est pas seulement ma femme. Elle est aussi ta suzeraine, et pour cette raison, tu devrais t'incliner plus bas encore. " lui dit-il soudain, moins rieur, en se tournant à nouveau vers sa nièce tandis que des ricanements résonnaient discrètement dans la pièce sombre et humide.  "Elle n'est plus votre ennemie, et leurs côtes vous sont dès aujourd'hui interdites. Le premier qui  posera un pied  sur les plages de l'île aux Ours après cette réunion avalera ses propres entrailles de ma main." Fit-il en lui adressant un nouveau regard à sa femme roc. Il ne leur demandait pas leur avis, et la violence de cette annonce aussi peu diplomatique qu'il était possible de l'être n'était qu'une manière comme une autre pour lui de leur signifier qu'il ne négocierait pas là dessus.
Il ne souhaita pas cependant   faire à sa nièce le rapport ce qu'il s'était  passé avant qu'elle n'arriva, laissant le soin à l'un des Harloi le lui répéter sagement. Enfin, il se tourna vers son frère qu'il dévisagea un instant, un demi-sourire aux lèvres, attendant de voir à quel point la pique d'Asha l'avait affecté. Il avait été le premier à crever le silence apeuré qui avait marqué d'un mauvais présage le début de ce rassemblement et ses reproches étaient fondés, bien qu'ils n'en avaient pas été mieux accueillis que ceux du Bonfrère par le coeur orgueilleux du pirate qui le jaugea avant de lui répondre.

 "Mon cher frère, comme je comprends tes craintes..." Lui sourit-il. Il l'observa un temps, son ton mielleux occultant pourtant une compréhension sincère des questions de son cadet. Il avait l'esprit brut mais clair, et son pessimisme poussait son jugement vers une justesse qui ne cessait jamais de surprendre son ainé.
 " Nous avons attaqué Beaumarché, Villevieille. Ces prises étaient faciles, et nous sommes revenus victorieux."Malgré les soupirs mécontents à ses mots, le Choucas poursuivit. "Avec notre intervention dans le Conflans, les continentaux ont compris de quoi nous étions capables. A Villevieille, ils ont compris ce que nous voulions. Bientôt, ils sauront qui nous sommes." leur promit-il sans en dire plus. Les fer-nés n'étaient pas les créatures flasques rongés par l'inactivité. Ils étaient encore capables de faire tomber des suzerains, ils pouvaient s'emparer d'une ville comme bon leur semblait. Et pourtant ils étaient repartis, laissant derrière eux des ennemis perdus dans la confusion, se tortillant dans leur fauteuil habités par la crainte de ce peuple mené par l'imprévisible Greyjoy. Pourquoi étaient-ils partis? Etait-ce une preuve de leur faiblesse qui leur indiquait le moment idéal pour les attaquer? Etait-ce un stratagème, un piège? Les autres bégayeraient sur leurs sièges en attendant la prochaine action des îles de Fer.

 " La jeune reine du Sud semble l'avoir compris. Aussi, dès notre retour du Bief, elle a engagé des négociations avec moi". Déjà, la pièce s'agitait. On se regardait, étonnés, les bouches s'ouvraient, outrées de telles méthodes. L'Oeil de Choucas poursuivit, imperturbable dans le brouhaha naissant. Il se tenait, comme depuis le début,  avec la nonchalance d'un adolescent à l'allure féline et son arrogance physique, ajoutée à celle de ses propos, réveillaient peu à peu les bas instincts des marins qui commençaient à exprimer plus fort et plus haut leur désaccord et leur désapprobation. " Le Bief n'opérera pas de représailles contre nous. Dès que je leur aurais livré la personne qu'ils demandent, j'aurais l'assurance que la Flotte de la Treille se tiendra tranquille. "



     
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La catin du Choucas ne désirait pas s’asseoir. Cette chienne aurait bien mérité une grand coup de poing en plein de milieu de son visage pour lui rappeler son statut. Victarion lui aussi avait parlé. Le Timbal dégageait dans ses propos une chose qui lui plaisait et une autre qui ne lui convenait pas. Il comprenait que de façon déguisé l'aîné des Greyjoy parlait peut-être de leur fait d'arme qui manquait sans doute de grandeur. Cependant, il n'était pas du tout d'accord lorsqu'il l'entendit prononcer les mots représailles car cela pouvait sous-entendre que le petit frère du Choucas ressentait de la crainte à cette idée. Ils pouvaient venir par milliers, Biefois ou habitants du Conflans : jamais ils ne prendraient les îles de Fer ! Le père de Gysella parla ensuite. Encore une fois honneur et grandeur ne furent pas au rendez-vous pour lui. Il semblait lui plus interrogatif à l'égard des raisons des pillages et de la justification des pertes précieuses. Paroles de pleutre que d’évoquer ce sujet là ! Lorsque l'on se battait, on devait être prêt à perdre n'importe qui dans son équipage. C'était ainsi ! Longmât et Gysella n'étaient pas éternels et le capitaine de la Phalange s'attendait à en perdre un voir les deux au cours des prochaines batailles qu'il mènerait. A la différence du Bonfrère, il savait que ses hommes étaient des vrais guerriers qui festoieraient dans la Demeure du Dieu Noyé lorsqu'ils trépasseront. A cette simple évocation, il ressentit le besoin d'établir une connexion avec ses amis. Il tapa légèrement l'épaule de Longmât de sa main et posa une main ferme quelques secondes sur l'épaule de la Bonfrère pendant qu'Asha Greyjoy fit son entrée fracassante.

C'était parti pour le bal des railleries et des moqueries. Ses hommes se provoquaient ouvertement car ils n'étaient pas plus capable de se tenir qu'un enfant face à une friandise. Euron ne semblait avoir aucune pitié envers les Seigneurs qu'il prétendait diriger et particulièrement envers sa nièce. Le Timbal avait envie de cracher à la seule évocation qu'il se considérait comme le suzerains des îles. Un grand coup résonna dans la pièce lorsque lord Dunstan Timbal frappa la table de son poing rageur.


«Si vous ne savez pas poser les mains sur les richesses du lieu que vous pillez, vous n'avez rien à faire sur un boutre. Par le Dieu Noyé, vous vous plaignez d'hommes morts au combat alors qu'ils festoient à présent auprès de notre dieu. Auriez vous préférez qu'ils meurent avachis dans leur graisse à force de rester dans vos château à se durcir la couenne sans autre passe temps que d'engloutir de la nourriture et de courir la gueuse ? Nous sommes des Fer-nés bon sang ! Honorez la mémoire de vos morts ! Et que celui qui veuille poussez la chansonnette, le fasse quand nous mangerons. Des représailles ? C'est cela qui vous préoccupe ? Nous avons déjà survécut à bien de représailles. Ce qui est mort ne saurait mourir et se lève à nouveau plus dur à la peine et plus vigoureux.»

Denys adhérait aux propos de son père. Ils en avaient suffisamment discutés pour savoir qu'ils partageaient des réflexions et des idées similaires si ce n'était sur le genre d'épouse que devait prendre l'héritier de la maison Timbal.

«Vous nous avez fait servir un roi dragon. Vous nous allier maintenant à ces insulaires des contrées vertes. Vous voulez commercer avec cette nouvelle usurpatrice du sud ? Nous prenez vous pour des commerçants et des mercenaires ? Nous sommes des Fer-nés, des pilleurs. Nous prenons par le Fer-Prix et nous conquérons ! Lorsque Quellon Greyjoy, votre père à tous deux, prit une Piper comme épouse, il ne passa pas d'accord avec cette maison des contrées vertes. Vous bafouez nos croyances et notre culture et vous vous prétendez notre suzerain ? Mais de quel droit ? Vous n'êtes pas l'enfant de Balon Greyjoy et à ce que je sache il en demeure encore deux en vie. Vous êtes peut-être le frère aîné Victarion mais nous n'avons jamais eu la preuve que Lord Balon a levé votre exil  ce qui équivaut à dire que vous êtes toujours un exilé et que vous êtes sans aucun doute le Greyjoy ayant le moins le droit de revendiquer un quelconque titre au sein de nos îles ! »
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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
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Les quelques rares bougies qui tressautaient ondulaient également sous les souffles rauques des hommes entassés ça et là. La pièce était sombre, trop sombre pour mes yeux habitués aux grands espaces et à la lueur blanche de l’Île aux Ours. Ici, tout était confiné, entassé, engoncé. Et même la lumière, blafarde, était glaciale et laissait comme un goût de fer sur ma langue pâteuse. Je scrutais les corps et les visages sans réellement les voir, tas sans forme d’habits, de cheveux et d’épaules à moitié plongé dans l’ombre. Seuls les traits les plus proches des meurtrières et des flammèches pâles des cierges grisâtres voyaient la courbure de leur nez et le creux amère de leurs joues dessinées. Ils m’apparaissaient comme des fantômes, des esprits malades, répugnants et moribonds qui ne pouvaient inspirer que dégoût et peur profonde. Peut-être ne voyais-je chez eux que les barbares, les ennemis viscéraux qu’il me fallait éliminer, mais je pouvais discerner dans leurs yeux allumés d’une étincelle mauvaise et mesquine que je ne valais pas mieux. Il fallait être sourd ou bien aveugle pour ne pas entendre les langues se délier, comme des serpents persiflant, et les pupilles me toiser comme si j’étais la dernière des lépreuses. Pourtant et étonnamment, loin de m’inquiéter outre mesure, de les voir ainsi murmurer comme des fillettes mécontente aurait pu m’arracher un rire de moquerie bon enfant. Ainsi, c’était eux les fiers et cruels fer-nés qui venaient piller nos côtes ? Les guerriers redoutables qui tuaient femmes, vieillards et enfants pour une gloire et une richesse éphémère ? Est-ce réellement eux que j’avais combattu maintes et maintes fois maintenant ? Les avais-je réellement regardés auparavant ? J’avais l’impression de les découvrir, murmurant et tremblant comme des petits lapereaux ayant perdu leur mère. Pourquoi ne s’exprimaient-ils pas ? N’étaient-ils pas sensés hurler, s’écorcher et s’opposer comme les sauvages qu’ils étaient à l’imposition d’une autorité qu’ils refusaient ? Mais non, ils restaient tous plantés là, comme de beaux plans d’endives hivernales. Avaient-ils donc si peur du kraken ? Étaient-ils finalement des pleutres s’étant créer et gonfler une réputation qu’ils ne méritaient décidemment pas ? Tous restaient silencieux, attendant nerveusement que quelqu’un se décide à ouvrir la danse.

Finalement, celui que je connaissais désormais comme Victarion Greyjoy se lança. J’en fus un peu déçue. J’avais espéré voir jaillir un fou furieux, ivre de colère remettant en cause la suzeraineté du Choucas et provoquant un tollé général. Je me faisais des idées, j’en étais persuadée, mais cela aurait été une opportunité inespérée pour me soustraire à la présence de mon geôlier. Cependant, les paroles du frère d’Euron Greyjoy restèrent mesurées et n’étaient en rien l’ouverture d’une voie vers le pugilat. Toujours la tête baissée, je ruminais les attaques qu’il avait évoqué. Evidemment, j’avais eu vent des saccages de Beaumarché et Villevieille. La simple pensée de m’imaginer les hommes et les femmes ayant péri m’arracha un pincement au cœur. Ceux vivant dans leurs belles villes dorées du Sud ne s’y étaient probablement pas attendu. Les femmes ne savaient pas se battre dans ces régions. Quelle résistance avaient-ils donc pu tous offrir ? Cela avait dû être un bain de sang. J’en éprouvais un sentiment de malaise d’autant plus fort.

Pourtant, son intervention provoqua la réaction d’un autre homme dont le visage m’était parfaitement inconnu. Néanmoins, il répondit partiellement à mes prières et sa voix bourrue était nettement moins contenue que celle du frère Greyjoy. En un sens, je comprenais une partie de ses propos. Il se demandait pourquoi tous s’étaient donnés tant de mal à ravager les plages du Bief et du Conflans ? Moi aussi. Tous ressemblaient à des enfants capricieux qui, privés de leur jouet fétiche, mais inutile, allaient voler celui des voisins. Et voilà qu’ils rentraient tous bredouilles, la tête baissée, la queue entre les jambes. Oui, c’était bien cela. Des enfants capricieux. Atterrée, j’assistais à leurs quémandes ridicules. Mes yeux se posèrent finalement sur une tête blonde qui semblait jaillir comme un soleil dans toute cette triste et morne grisaille. Je l’observais un instant avant de reconnaître le visage de la jeune femme qui se tenait proche de l’homme s’étant exprimé. Je laissais ma bouche s’entrebâiller de surprise. Comme les choses étaient étranges ! Je l’avais trouvée dans de beaux draps sur l’Île aux Ours et voilà que les rôles étaient inversés. Mais les choses étaient tout de même différentes. Si je l’avais sauvée par ignorance de ses origines et de son nom, je savais qu’elle ne me rendrait pas la pareille. Et si je l’avais laissée sur mes terres, à se défendre en vain contre les guerriers du nord, une fois qu’ils l’auraient trouvée, à moitié gelée dans le forêt, les choses auraient-elles été les mêmes ? Serais-je devenue la pauvre ourse enchainée au milieu de la mer ?

Je sursautais lorsque les portes s’ouvrirent dans un grincement bruyant. Par réflexe, ma main droite se leva, comme pour attraper les flèches invisibles d’un carquois inexistant attaché sur mon dos. Une nouvelle fois, les larmes menacèrent de jaillir lorsque je constatais que j’étais bel et bien sans défense, jetée dans la fosse aux lions. Je le savais depuis le départ, mais à chaque nouvelle prise de conscience, j’avais l’impression que le sol se dérobait sous mes pieds, encore et encore.

Le nouvel arrivant était une femme. À peine plus âgée que moi. Elle débaroula dans la salle et se fraya un chemin sans mal jusqu’à la table où les seigneurs s’étaient pressés. Son ton mesquin et railleur déchirait l’air lourd et l’atmosphère pesante qui s’était accrochée à nos épaules tout ce temps. Pourtant loin de dissiper la gêne, elle ne fit qu’en rajouter une couche. Son petit numéro ne m’étonna pas et je restais de marbre, ne m’étant toujours pas tournée vers elle lorsqu’elle me salua sans cacher la moquerie de ses propos. Je ne connaissais pas l’anecdote à laquelle elle faisait référence et ce fut probablement ce qui m’intrigua le plus.

Pourtant, ma curiosité inopinée fut de courte durée. La voix glaciale et cynique du Choucas résonna à nouveau et tous les muscles de mon dos se tendirent. J’aurais voulu m’enfuir, mais comme les fer-nés présents, je restais immobile, vissée sur mon siège contre lequel je ne m’appuyais toujours pas. J’assistais à un combat d’égo. J’avais devant moi une basse-cour où tous coquetaient jusqu’à ce que les deux coqs les plus gros et gras se décident à faire entendre leurs voix. Les fidèles se rangeaient derrière leurs deux chefs et pouffaient comme des enfants lorsque l’un d’entre eux parvenaient à enfoncer les arguments de l’autre. Étaient-ils des poissons, des enfants, des poulets ou des moutons ? Je n’en savais rien. Mais ce dont j’étais persuadée, c’était que les guerriers fer-nés n’étaient finalement qu’un savant mélange des quatre. Que celui qui menait la danse était Euron Greyjoy, le plus vicieux de tous. Et que j’étais l’imbécile qui attendait à quelle sauce elle allait être mangée.

Lorsque son attention dévia sur moi et qu’il me fixa de son œil unique, je dus me faire violence pour ne pas lui sauter à la gorge. La colère était bien là, tenace, à me ronger les entrailles et à faire bouillir mon sang. J’avais l’impression que ma peau se craquelait de mes temps jusqu’à mes doigts tant le fait de le sentir m’observer me repoussait. N’étais-je plus leur ennemie ? Ne me voyait-il plus comme telle ? Croyait-il sincèrement que le fait de m’appeler sa femme me rendrait aussi docile que les agneaux qui lui servaient de chefs de famille ? Mes muscles bandés se contractèrent sous mon épiderme douloureux.

« Êtes-vous si naïf, mon époux, pour penser que vous êtes capable de domestiquer l’ours ? Vous pouvez l’acheter un instant avec des promesses, mais aucune chaîne ne sera assez solide pour le contenir lorsqu’il se rendra compte que vous avez osé lui passer le collier. »

J’avais sifflé ces paroles comme une menace à lui et à lui seul. Dans le brouahaha ambiant, ma voix étouffée ne pouvait guère atteindre que ses oreilles. J’avais jeté mes bonnes résolutions aux orties un instant. Mais ses paroles sur l’Île aux Ours me rappela à l’ordre et je ravalais ma langue. Derrière tout cela, il y avait une raison. Une raison pour moi, certes. Mais pas pour lui. Il fallait être idiot pour ne pas voir que sa suzeraineté était contestée. Et de m’afficher à ses côtes n’arrangeait définitivement pas l’opinion de ses vassaux. Pourquoi étais-je devenue une pièce entre ses mains avides ? Je n’y voyais aucune logique.

Incapable de cracher mon venin une nouvelle fois contre le kraken, je me rabattis sur la nièce Greyjoy que je fixais sans ciller. Elle me prenait à la légère. Qu’elle fasse ainsi. Un jour, nous verrions bien qui de nous deux se courbera le plus bas.

Je tournais mon visage vers le Greyjoy lorsqu’il fit comprendre que le Bief ne répondrait pas aux provocations. L’assemblée réagit également, offusquée et surprise.

Une voix s’éleva finalement avec fracas. Tous l’écoutèrent et je vis des visages s’assombrirent, acquiesçant gravement. Si la contestation s’était faite discrète jusque là, elle éclatait maintenant au grand jour. Mon cœur cessa de battre un instant. Enfant du Nord, coupée du monde sur l’Île aux Ours, je connaissais le nom Greyjoy et avais appris à craindre le kraken. Cependant, je n’avais aucune idée des rancœurs, des ententes et de l’opinion des autres hommes et femmes des Îles de Fer quant à la légitimité de leur suzerain. Euron Greyjoy était-il dans une situation si instable que certains se donnaient le droit de questionner son pouvoir sans ni se cacher ni rougir ? Personne dans le Nord n’aurait tenu de tels propos face à Eddard Stark. Personne.

Une pensée terrible oppressa ma poitrine et ceignit mon cœur.

Et si, finalement, tout cela n’avait servit à rien ?

 


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Pyk
entre Fer-Nés


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Année 299, 9e lune, 2e semaine

Finalement, Asha ne regrettait pas son choix, elle n'aurait raté cette audience pour rien au monde. C'était le moment rêvé pour enfin dire ce qu'elle avait sur le coeur et profiter du mécontentement des autres fer-nés pour ne pas risquer sa vie en le faisant. Jusqu'à présent, l'occasion ne s'était jamais présentée, depuis la mort de Balon et la prise de pouvoir inattendue du Choucas, aucun rassemblement d'une telle ampleur n'avait eu lieu. Alors forcément, quand elle était allée réclamer ce qui lui revenait de droit, seule, au milieu des hommes d'Euron, elle avait du vite se rendre à l'évidence et appliquer les méthodes de repli qu'elle avait apprises de son défunt père. Aujourd'hui se tenait peut-être sa chance de récupérer sa place. Ou au moins de s'en rapprocher plus encore. Elle avait fait certes une entrée fracassante et profité de la surprise de tout un chacun pour déblatérer quelques phrases qui ne manqueraient pas de faire réagir, mais cela ne l'avait pas empêché d'observer au mieux les visages qui l’entouraient. Ça n'était pas une réunion de célébration. Un nombre certain de fer-nés avaient des choses à redire au règne usurpé de son oncle. Ce dernier d'ailleurs ne put s'empêcher d'insister sur le fait de son absence de Pyk. Elle avait effectivement désobéi ses ordres en partie. Alors qu'il l'avait envoyé piller les Îles Boucliers, Asha, forte de son succès sur place, avait décidé d'y prolonger son séjour. Elle n'avait pas confiance en son oncle et craignait ce qu'il pourrait bien l'obliger à faire, pour s'assurer son règne. Et l'idée de se tenir sur les Îles de Fer, mais en tant que spectatrice, loin de ce qui lui revenait de droit la mettait trop en colère, voilà pourquoi elle était restée éloignée. Mais ça n'était plus le cas à présent.

« J'avais besoin d'air Mon Onc', depuis quelque temps, il subsiste une certaine puanteur dans les Îles... allez savoir pourquoi ! Mais n'oubliez jamais que Pyk est ma maison, soyez certain que je retrouverais toujours ma route, toujours. »

C'était une certitude et une promesse qu'elle lui faisait. S'il en doutait encore, non elle ne comptait pas abandonner. Cela faisait treize ans que Balon la préparait à prendre sa suite et elle n'allait pas baisser les bras au premier obstacle. Ça n'était pas dans ses convictions d'abandonner et encore moins dans son caractère. Elle s'était ensuite amusée à faire remarquer sa nouvelle union, pour le moins étonnante pour un fer-né. Elle fut satisfaite de voir qu'elle avait touché un point sensible. Alors qu'Euron avait répondu avec malice à toutes ses autres remarques, celle-ci ne semblait guère l'amuser, c'était même plutôt tout le contraire. Elle retiendrait cette information. Cette Ourse ne serait jamais sa souveraine, mais elle y voyait du potentiel et des opportunités. Elle se contenta donc de lui répondre par un sourire provocateur, sans s'incliner à nouveau. Son sourire ne fit que s'agrandir, laissant entrevoir quelques dents, lorsqu'elle vit la brune répondre à Euron. Elle avait parlé très doucement, personne n'avait rien entendu, mais ses traits en disaient long, elle n'était clairement pas en train de lui conter des mots d'amour.

L'air amusé d'Asha disparut cependant quelques instants plus tard lorsqu'elle apprit que le Choucas avait passé un accord avec la Reine du Sud. S'il cherchait à se mettre tous les fer-nés fervents de l'Antique Voie à dos, il ne pouvait guère s'y prendre mieux. Il y avait de quoi la satisfaire dans cette nouvelle, pourtant, pendant plusieurs minutes, elle ne put s'empêcher d'avoir l'air soucieuse. Elle essayait de voir où il voulait en venir, dans quelle direction allaient les plans qu'il établissait ? Qu'avait-il donc vraiment de prévu pour les Îles. Comptait-il simplement sur la peur qu'il générait chez autrui pour asseoir son règne ? Pensant qu'il pouvait agir comme il le souhaitait sans que personne ne conteste ses choix et s'oppose à lui ? Cela semblait un peu pauvre et démesuré, même pour Euron... il devait y avoir quelque chose de plus, Asha en était persuadée. Elle le fixait, les yeux plissés, cherchant à pénétrer son esprit, même si elle savait l'action vaine. Elle remarqua alors la Mormont la darder de son regard noir. Elle avait l'air d'avoir un sacré tempérament, Asha commençait à entrapercevoir ce que son oncle avait pu lui trouver. Elle se contenta de lui répondre silencieusement avec un grand sourire. Elle allait adorer faire connaissance avec elle. Surtout si ça lui permettait de regagner son titre de Suzeraine des Îles.

Puis son attention fut attirée par la voix de Dustan Timbal. Il était fidèle aux croyances du Dieu Noyé, selon lui il n'y avait pas de quoi plaindre les fer-nés morts au combat, bien trop heureux d'avoir à présent rejoint le banquet de leur Dieu. Jusque là, la Seiche était d'accord, même si elle n'était pas particulièrement emballée par l'idée de gâcher des vies dans des combats inutiles. Elle retrouva bien l'orgueil des Îles dans ses paroles, se moquant de la crainte de certains de subir des représailles sanglantes. Il était vrai que ce qui était déjà mort ne saurait mourir à nouveau, mais d'après Asha, il fallait aussi être aveugle pour ignorer certaines menaces. S'ils se retrouvaient tous au fond de l'océan à festoyer avec le Dieu Noyé, qui occuperait les Îles en surface ? Non, Asha ne voulait pas voir son peuple disparaître à cause d'excès d'ambition et d'orgueil. Ils étaient forts, ils étaient redoutables, ils étaient sanguinaires et téméraires, mais ils n'étaient pas invincibles, son père l'avait appris à ses dépends une décennie plus tôt.

Mais la suite du discours du Timbal réchauffa le coeur de la capitaine du Vent Noir. Enfin, quelqu'un osait remettre en cause la prise de pouvoir d'Euron, non sans lui rappeler que son exil n'avait en aucun cas était levé à la disparition de Balon. Il n'osa cependant pas l'accuser de la mort de ce dernier. Mais Asha ne doutait pas qu'un jour, il paierait pour ce qu'il avait fait. Si ça n'était pas tout de suite, ça n'était pas grave, elle était prête à patienter. Dunstan avait évoqué les deux enfants de Balon encore en vie. Il n'avait pas reconnu Asha comme la véritable suzeraine, mais c'était déjà un début, il ne l'avait pas non plus exclus de la ligne de succession. Elle fit un sourire chaleureux au groupe qui entourait le Timbal. Elle sursauta légèrement quand elle sentit l'épaule de son oncle Rodrik s'agiter sous sa main. Il venait de prendre la parole, surprenant par la même occasion sa nièce.

« Vous savez que Dunstan dit vrai Euron. Ce trône n'est pas le votre. Il n'est pas la place pour un exilé et encore moins celle pour d'un moqueur du Dieu Noyé. Les habitants de Westeros savent déjà parfaitement qui nous sommes. Quelle preuve avons-nous de la bonne foi de cette Reine ? Il faut se méfier des Biefois, nous n'avons pas prouvé grand chose à Villevieille. Vous pensez qu'elle restera sage parce que vous comptez lui rendre votre femme sel ? Les fer-nés ne troquent pas les humains de la sorte, nous ne sommes pas de vulgaires pirates de l'est. Ou avez-vous tout oublié de nos coutumes et de nos valeurs durant votre exil et vos pérégrinations ? Vous n'êtes pas le Roi de ces Îles, Euron Greyjoy. »

Contrairement à Dunstan, Rodrik n'avait pas levé la voix, il avait tout juste parlé de manière audible, forçant les gens à se taire s'ils voulaient entendre ce que le bouquineur avait à dire, et bien entendu qu'ils le voulaient. Certains l'accusaient parfois d'avoir trop le nez dans ses livres et de ne pas se battre suffisamment, mais cela faisait aussi de lui un des esprits les plus précieux des Îles de Fer.

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WHO IS IN
CONTROL?



Iron Borns



299, 9ème lune, semaine deux

"Telle est la multitude; et sans frein et sans lois,
Injuste sans pudeur, et sans remords ingrate,
Elle hait qui la sert, et chérit qui la flatte."

Coriolan, Shakespeare




Soudain, la voix jusque là éteinte de la jeune mariée lui parvint, visiblement irritée par l'attitude provocante de son mari. Cette gronde qu'elle offrait -assez discrètement- aux yeux de l'assemblée de marins, lui plaisait. A n'en pas douter, la brune s'assombrirait  encore avec ce coup d'oeil langoureux que le borgne lui offrait malgré les rugissements qu'elle chuchotait à son oreille. Quel couple étrange ils devaient former au devant des yeux abasourdis des fer-nés, elle l'ourse implacable et muselée, lui le choucas audacieux et rieur. Pourquoi les hommes s'échinaient à chercher des épouses dociles, lorsqu'en trouver une qui mordait était si amusant, il se le demandait. Le grizzli qui se tenait à ses côtés était prêt à l'écharper. Euron le savait. Elle avait tout autour d'elle cette aura de noirceur et de rancune, glacée par le désespoir de se trouver ainsi entourée d'ennemis. L'ourse voulait sa mort, à lu qui avait osé brider l'animal sauvage.
A nouveau son oeil unique alla se promener sur les insulaires, aiguisé et pourtant l'on pouvait lire derrière sa pupille pâle l'esprit bouillonnant d'idées. Lorsque deux races se dressaient en ennemis naturels, c'était à qui domestiquerait l'autre en premier, l'un des d'eux devait se coucher avant qu'il ne fut trop tard et qu'il ne resta plus que les os de ceux qui avaient trouvés tant de fierté à s'égorger pendant des siècles. La colère de la Mormont était justifié car, tout comme ses frères, elle n'était pas née pour s'agenouiller. L'ourse criait vengeance. Encore fallait-il qu'elle bondisse assez haut pour entailler de ses griffes les ailes noires de l'oiseau.

Comme un coin de ses lèvres se relevait, témoin de l'agacement du capitaine du "Silence", voilà que la table sur laquelle il avait posé sa main vibrait sous le solide poing d'un fer-né, lui arrachant par là même un haussement de sourcil exaspéré. Relevant son oeil solitaire, il trouva dans la foule le poing fautif et ne fut guère surpris de remarquer l'identité de son propriétaire. Euron fixait sur lui un regard malicieux tandis que le Timbal parlait, tout en appuyant son menton dans la paume de sa main, y enfouissant presque la moitié de son visage. Cette attitude nonchalante, renforcée encore par ses jambes croisées sur la table, lui donnait définitivement l'air d'un enfant gaté et insolent. Entre ses doigts, son oeil pâle brillait d'une lueur maligne. "Auriez vous préférez qu'ils meurent avachis dans leur graisse".A ces mots, le Choucas ne put retenir le souffle moqueur qui s'échappa d'entre ses lèvres bleuies par l'ombre du soir et qui fit se tourner vers lui les mines sévères de quelques seigneurs. Qu'il parla ainsi alors que les dernières années du règne de Balon ne pouvait guère que se résumer à ces mêmes mots était au mieux de l'ironie, au pire de l'hypocrisie. Oui, il riait, mais plus pour très longtemps. Car, malgré son hilarité, il remarquait que la nervosité des hommes avait changé de nature. Acculés par leur propre Dieu au devant de celui qui se disait leur suzerain, les fer-nés étaient dans une impasse. Soudain ragaillardi, le chef de la maison Timbal poursuivit dangereusement sur sa lancée.
Il était aussi rude qu'ignorant, et se voir insulter ainsi par un vulgaire pilleur de villages  était loin d'amuser le Choucas. Tandis qu'il fusillait d'un regard pâle et pourtant sombre de menaces l'homme au squelette, son bâtard, ainsi que ses soutiens les plus fidèles grondèrent à l'écoute des derniers mots de Duncan. Certains glissèrent doucement leur main jusqu'à leur ceinture, frôlant la garde de leurs armes. Euron lui même avait des fourmis dans sa hache qu'il rêvait tout simplement à ce moment là de voir plantée dans le crâne suintant du Timbal. Son envie gourmande d'effacer l'expression rustique comme celle d'un taureau du visage de cet homme demeura dans son esprit, tandis qu'il écoutait d'une oreille les paroles du vieux Harloi. Ces jérémiades  le rendaient fou, malgré l'apparence sereine que communiquait son attitude. Qu'elles soient sages comme les mots du bouquineurs, ou rudimentaire comme ceux de Dunstan, elles affligeaient Euron. Son poing se serra soudain. Sa patience, tant de fois bafouée, était morte.

Des murmures surpris et agressifs résonnèrent dans la salle aux murs noirs et luisants lorsque, d'un mouvement souple et rapide, le suzerain se trouva soudain debout sur la table. Ses bottes claquaient sur la surface boisée, l'encrassant sans gène tandis qu'il avançait d'un pas lent et félin. Son oeil solitaire jaugeait, jugeait tous ceux qui se trouvaient désormais bien malgré eux au dessous de lui. A sa ceinture, ses breloques du bout du monde tintaient contre le fer de sa hache. Calme et menaçant, le silence du capitaine en disait long sur sa colère, quand, après quelques intriguant instants de mutisme, sa voix suave caressa à nouveau l'air. Il prit directement à parti le vieux lord.
"Alors qui est-ce?"Son ton était d'un calme glaçant, et c'était là dans la bouche du Choucas une question qui tenait plus de la rhétorique que de la véritable interrogation. Il tourna sur lui même, passant son regard sur les fer-nés amassés autour de la table. "Ou est ce roi?" Ses bras s'écartèrent, invitation funeste et moqueuse pour qui répondrait. "Vous l'attendez si ardemment, c'est qu'il doit être un homme comme il n'en existe nul autre. Je serais heureux de le rencontrer!" Aucun ne répondit. Malgré ses mots, il n'yavait pas une once de joie dans la voix d'Euron. Certains déglutirent, d'autres lui rendirent farouchement son regard, grondant comme des fauves coincés derrière des barreaux de fer. Cette cage...ils l'avaient construite eux-mêmes. Car tel était le prix pour suivre les préceptes du Dieu noyé. Un Dieu qu'Euron ne connaissait pas. "Est-ce toi Victarion? Ses pas l'avaient à nouveau mené près de son frère, qu'il provoquait d'un ton sec et détaché sans aucun égard pour sa dignité. "Es-tu le Roi?" Renfrogné et furieux, le capitaine du Fer Vainqueur garda le silence devant ce comportement qu'il ne connaissait que trop bien. Son ainé l'avait toujours infantilisé, malgré sa carrure et ses bras féroces. Un soupir narquois naquit des lèvres bleues, insultant une dernière fois le cadet alors que le Choucas reprenait sa promenade étrange sur la table. " Non, tu n'es pas un roi... Juste un soldat." susurra-t-il entre ses dents serrées.  L'insulte avait autant touché Victarion que ses partisans, qui fulminaient du mutisme de leur chef. Cela fait un Greyjoy de moins. Plus que jamais, Euron était semblable au choucas qui jouait dans la tempête, se moquant autant des vents qui le malmenaient que des bêtes monstrueuses qui se cachaient sous les vagues.
Son regard s'arrêta sur sa nièce, puis sur le Harloi. Le marin décrépit devait lui-même savoir qu'Asha ne pouvait guère prétendre à ce titre pour le moment puisque ses ennemis étaient trop forts, et ses soutiens trop timides. Aussi, il ne lui adressa qu'une froide indifférence avant de se tourner vers le Timbal qui l'avait interpellé un peu plus tôt, s'adressant à lui d'une voix douce et sombre. " Si tu vois un roi autre part que devant toi, Timbal, c'est que tu es encore plus fou que moi."
Le silence dans la salle était assourdissant, et les murmures vibraient dans l'air comme le tonnerre d'une nuit d'été.  Euron ne s'était jamais leurré quant au but même de cette réunion, et voilà qu'elle prenait enfin la tournure que tous attendaient. Ils étaient si confiants de leurs principes, de leur religion, de leur foi que l'Oeil-de-Choucas pouvait voir certains visages s'éclaircir. D'espoir ou de la hâte d'en découdre, il n'aurait su dire. Mais puisqu'ils voulaient l'accuser maintenant qu'ils avaient oublié leur peur et leur retenue, Euron entrerait de plein pied dans leur jeu puéril.
"Je n'ai rien oublié pendant mes voyages, et pourtant j'ai vu des merveilles qui auraient pu effacer de ma mémoire toutes vos faces de carême ".
Sa voix se fit plus forte, vibrante et pourtant posée. Ils voulaient parler de vérité, il allait la leur servir. Nonchalant, le pirate se mouvait sur la table, observant la foule compacte. "Je me souviens! Je n'ai pas oublié le jour où mon frère a échangé sa couronne de papier contre son hériter. Je me souviens de vous tous, qui n'avez rien dit, rien fait lorsque le bâteau a emporté votre cher prince loin des îles". Ils se plaignaient de son marché avec la reine du Sud? Une trêve, voilà un luxe dont aucun fer-né n'avait jamais pu se vanter, une trêve d'autant plus concrète qu'aucune armada n'avait été vue venant du Bief depuis leur retour. N'était-ce pas une garantie à leurs yeux, que le calme dont ils avaient profité mollement jusque là? Une paix, aussi fragile et utopique qu'elle puisse paraître, qui ne coûtait qu'à lui, qui devrait se défaire de la fillette. Et ils osaient se plaindre?  Mais avaient-ils jamais vu dans leur miroir la muselière que leur avait passé Stark en prenant Théon comme pupille? "Je me souviens de vos mines contentes lorsque vous vous gaussiez d'être libres." Maugréant, il les regardaient tous. Une bien triste liberté...
A ces mots, Tif-trempes, qui tenait sa silhouette malingre dans un coin de la pièce,  frissonna et pinça ses lèvres. Il connaissait son frère, le redoutait, mais savait quel sujet s'opposait directement à sa notion de la liberté dans l'esprit tortueux du Choucas. Car il l'avait toujours dénigré, et n'avait jamais accepté la foi. Ses grands yeux pâles comme ceux d'un noyé se levèrent alors qu'il s'approchait de la table où marchait son ainé. Tout à coup, ce dernier se pencha pour saisir par le col Raedes, son bâtard des cités libres dont la peau de cuivre et les yeux noirs et perçants étaient aussi dissemblable aux traits rudes et pales des fer-nés qu'il était possible de l'être. " Et si je l'avais échangé lui, seriez-vous contents alors?" L'adolescent ne se débattit pas devant le brusquerie de son père mais ses mains rejoignirent tout de même l'avant bras qui le soulevait presque du sol. Euron le relacha avec tout autant de violence. "C'est un bâtard, je m'en excuse, mais c'est le seul fils que j'ai  à défaut d'un héritier." Son ironie était aussi venimeuse que ses regards. Un silence épais planna au dessus de leurs têtes, seulement troublé par le ressac en contrebas et le craquement des navires que le vent poussait dans le port, contre les quais de pierre envahis par les algues.

"Regardez-vous" Il se tenait au centre de la table, ses mains posées sur ses hanches, les pieds solidement ancrés dans le bois ouvragé. "Combien d'entre vous on déjà rêvé de me tuer? Combien en rêvent alors que je vous parle?" Son regard passa sur l'assemblée."Un seul? Vingt?" Alors qu'il énumérait, son doigt orné de bagues noires pointait négligemment tour à tour Asha, Victarion, la fille Bonfrère, le Harloi et tant d'autres."Tous peut-être?" Dans la foule, l'éclat de certains regards approuvaient ces dires avec une dangereuse indiscrétion.
"Un seul a essayé et ce n'est pas un fer-né." Il ne prêta pas attention aux mines interloquées qui fleurirent sur les visages tournées vers lui.

"Vous qui parlez sans cesse du fer-prix, vous venez me parler de mon droit?!" s'étonna-t-il, vibrant et affligé. "Vous qui clamez avant de prendre, vous qui obéissez en vous disant libres, vous osez venir me parler des coutumes de mon père et de son père avant lui?" Tournant lentement sa tête de la droite vers la gauche, il embrassa du regard ceux qui voulaient l'accuser, mais de quoi? Le savaient-ils eux-mêmes, il en doutait fortement pour la plupart."Vous me dites que que je ne suis pas l'un des votres. Vous me dites que je suis un étranger."  Sa poitrine se soulevait douloureusement, le faisant haleter de colère.  "Mais qu'est-ce que cela fait de vous alors?"
A cet instant, il regrettait de ne pas avoir assez de mains pour couper la langue de chacune de ces faces suintantes de transpiration et poisseuses de sel. Ce peuple inconstant et à la faveur fragile. Grisé par sa colère et rassuré par leur inaction, il reprit de plus belle, les provocant de sa voix imbibée de mépris.
"Vous venez me dire que je ne suis pas votre roi, que je suis en exil? J'ai repris ma liberté, et j'ai pris la couronne."Comme il était doux, d'abaisser ces ingrats. Que savaient-ils du fer-prix, eux qui demandaient permission à chaque respiration qu'ils prenaient, eux qui depuis des lunes se plaignaient de son règne sans rien tenter jamais? Il planta son regard dans celui, sombre, de Victarion, puis d'Asha avant d'enfin rencontrer les pupilles translucides du grand prêtre. "Pour ma liberté, pour le trône j'ai payé bien plus qu'aucun d'entre vous, qui célébrez le Dieu Noyé, n'avez jamais payé. Vous qui portez aux nues le nom de fer-né. Car  pour l'un comme pour l'autre j'ai payé le fer prix."

Un instant de flottement suivi ses paroles, comme si les hommes autour de lui n'étaient pas sûrs de ce qu'ils venaient d'entendre. Des regards s'échangèrent mais aucun n'était plus intense que celui qui opposait le suzerain à Tif-Trempes, dont les lèvres tremblaient devant cette révélation si insolente qu'elle les laissaient pantois. Le Choucas avait avoué. Affublé de son arrogance farouche il venait de jeter à leurs pieds l'aveu de son fratricide comme s'il n'y avait pour lui rien de plus naturel que cette effusion de sang dans laquelle était né son règne. Euron était confiant, souverain, lorsque sans crier gare, la silhouette formidable d'un homme se dressait pour se jeter sur lui. Le pirate n'eut qu'à peine le temps de tourner sa tête vers sa droite, et de dégainer sa dague à la garde d'azurite. Plein de rage, Victarion s'était enfin décidé à payer le fer prix.







     
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Denys porta la main à sa hache prêt à frapper les fidèles d'Euron au moindre signe d'attaque. Il trancherait la tête de ses bâtards et en prendrait peut-être même un pour décorer la proue de son bateau. Si un Fer-né levait le fer sur un autre, la riposte serait sévère. Euron avait oublié bien des choses depuis son retour mais s'il commettait cette erreur, son crime serait impardonnable. La réponse d'Euron cingla aux oreilles des Timbal et le Lord de la maison répondit du tac au tac à l'usurpateur qui occupait le trône de grès.

«Si Victarion ne veut pas du trône, je préférerais encore être dirigé par une reine qui a des couilles plutôt que par un homme qui a oublié d'où il vient et à qui il parle. Il n'est nul besoin de détourner la conversation pour la tourner à tes fins. Nous t'accusons de faute que tu as commise. Ne nous accuse pas de fautes que tu as toi aussi commise.»

Il revenait encore avec ses arguments sans queue ni tête. Les Fer-nés ne s'en prendraient jamais directement à lui car il ne pouvait pas lever le fer les uns contre les autres. Par contre, les Timbal étaient convaincus qu'Euron n'hésiterait pas à commettre pareil péché et il le confirma par la suite de ses propos.

«Le trône de grès ne peut s'obtenir par le Fer-prix, sacrebleu. Cela signifierait qu'Euron Greyjoy a prit le trône par la force à son frère. L'Antique Voie interdit à un Fer-né de levé la main sur un autre. Serait-ce un aveux pour vos actes ? Serait-ce là un nouvelle aveu de votre mépris de L'Antique Voie ! Cela commence à faire beaucoup, beaucoup trop Greyjoy."

Le père Timbal tapa du poing sur la table. Denys savait que les propos de son père était juste. Même s'il passait pour un être bourru, le Timbal était bien plus rusé qu'il n'y paraissait. S'il n'avait peut-être pas la fourberie d'Euron, il savait que le soutien populaire parlerait pour le Timbal. Le père de Denys ne briguait pas une place sur le trône de grés, ce qu'il désirait c'était voir leur société et leurs préceptes perdurer. Denys lança un regard à Asha, un regard encourageant pour qu'elle se lance et réclame son dût. La fin du discours du père Timbal se perdit dans les cris et les bruits de lutte. Denys partit dans la direction des deux Greyjoy pour tenter de séparer les deux seiches ce qui ne risquait pas d'être une mince affaire. Ils ne devaient pas se battre entre eux et Euron devait être jugé pour ses actes.!
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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Who is in control ?




Les protestations continuaient de s’élever. Plus violentes, plus virulentes. Les voix hurlaient, chuchotaient, murmuraient des menaces et des promesses de rencontre avec le Dieu Noyé. L’arrivée de la nièce d’Euron Greyjoy, Asha Greyjoy, avait fini de mettre le feu aux poudres. Lyra, dans un autre contexte, aurait été tout à fait ravie d’observer un tel délitement au sein des fer-nés qu’elle exécrait plus que tout. Car de telles divergences d’opinion, de telles rancœurs, enterrées si profondément dans les âmes et dans les esprits ne présageaient que rupture et mort. Et lorsque de telles contestations grognaient au cœur même des Îles de Fer, elle s’imaginait bien que les pirates se renfermaient sur eux-mêmes et se préoccupaient plus de leurs petites affaires personnelles que d’aller voler, piller et violer les côtes du continent. Oui, dans une autre situation, la jeune Ourse aurait été rassurée d’assister à une telle scène où se mêlaient crachats et insultes.

Cependant, malheureusement pour elle, la Mormont n’était pas une simple spectatrice intouchable et tranquille. Elle était au cœur même de l’action et se trouvait être une victime indirecte des contestations du règne d’Euron Greyjoy. En effet, qu’elle le veuille ou non, elle était suzeraine des Îles de Fer. Mais de cela, elle n’en avait cure. Ce titre, elle ne l’avait jamais souhaité et le repoussait autant qu’elle le pouvait. Ce qui l’inquiétait plus était en revanche la promesse que lui avait faite le Choucas. Ne pas attaquer l’Île aux Ours. La laisser en paix. Elle tenait tant qu’il se tenait à la tête de ces morceaux d’îles humides et rocailleuses. S’il était renversé, que resterait-il de ces mots prononcés ? Oubliés ? S’envolerait-il avec le vent pour finalement disparaître dans les murmures de la bise marine ? Le sang de Lyra se glaça dans ses veines. Un long frisson ébranla tout son corps alors que sur elle se posait le regard malicieux d’Asha Greyjoy, le sourire aux lèvres. La question revint une fois encore hanter son esprit. Et si tout cela n’avait servi à rien ? Et si tout ce par quoi elle était passé pour arracher la protection du Nord au kraken était oublié également ? Surtout, que deviendrait-elle ?

Elle darda son regard à gauche et à droite. Son instinct s’était réveillé face à cette folle mécontente et véhémente envers l’homme qui se tenait à ses côtés. Si jamais les choses venaient à dégénérer, il lui faudrait s’enfuir. S’échapper, sans regarder derrière elle. Car si le Choucas venait à passer de vie à trépas dans cette même salle, Lyra ne donnait pas cher de sa peau. Et elle passerait par les pires traitements avant que l’on se décide à lui trancher la gorge ou à donner ses entrailles à manger aux poissons. Elle connaissait assez les fer-nés pour connaître leurs us et leurs coutumes et elle leur avait survécut assez longtemps pour mourir aujourd’hui, loin de chez elle et surtout pour rien. Dans son dos, elle sentait les hommes du capitaine du Silence s’agiter à leur tour. Tout cela ne finirait pas bien. Elle en avait conscience. Tout cela finirait dans un bain de sang.

Une voix forte la fit serrer les dents à nouveau. Pourtant, celle-ci n’était pas pleine de hargne et de colère comme ses consœurs. Elle était calme, posée et son propriétaire s’appliquait à annoncer les faits en articulant bien chaque mot. Étrangement, autour d’eux, les chuchotements et autres sifflements s’étaient tus. Lyra ne connaissait pas le vieil qui, derrière Asha Greyjoy, tenait l’assemblée en haleine. Il avait franchi le cap de non retour en énonçant clairement l’usurpation du Trône de Grès par Euron.

Celui-ci ne tarda d’ailleurs pas à répondre et son ton froid figea une nouvelle fois l’Ourse sur son siège où elle se tenait encore, mi assise, mi debout, prête à déguerpir à la moindre occasion. Loin de tenter de calmer ses hommes, le kraken harangua la foule d’autant plus, les provoquant et affichant une supériorité glaciale et non feinte. Que cherchait-il à faire ? S’enterrer encore plus ? Il grimpa sur la table d’un pied sûr pour toiser son petit monde d’en eux et la Mormont se recula brusquement au fond de son fauteuil, désirant s’éloigner le plus possible de l’homme instable et imprévisible qui faisait glisser ses bottes sur le bois trempé devant elle. Il dégageait un charisme électrisant auquel ses hommes lui répondaient, les yeux fiévreux et luisants. Si certains le regardaient avec admiration et fougue, d’autres avaient le regard sombre et haineux. Dans tous les cas, il ne laissait personne indifférent. Lorsqu’il évoqua l’homme qui avait tenté de le tuer, Lyra enfonça ses ongles dans la chair de ses cuisses. Et si cet homme était une femme ? Parlait-il d’elle alors que par deux fois, elle avait tenté de lui arracher la vie ? Elle regrettait plus que tout de ne pas y être parvenu. Et si, ce soir là, près de la falaise abrupte de l’Île aux Ours, leur chute s’était soldée par la mort du kraken, écrasé sur les rochers en contrebas ? Et si, ce matin là, alors qu’elle regagnait sa demeure par la Baie des Glaces, son couteau s’était enfoncé plus profondément entre ses côtes ? Où serait-elle, aujourd’hui ? Libre. Certainement pas ici, prise au piège comme une biche s’étant coincée les pattes entre des racines trop serrées.

Lorsque la voix du Greyjoy mourut, un silence de plomb résonnait dans la salle. Il ne lui semblait plus percevoir que des souffles hiératiques et ahanants alors que les fer-nés se trouvaient sonnés par les mots du Choucas. Il venait de révéler l’assassinat de son frère par sa main. Personne ne s’y était attendu. Pourtant, l’aveu s’était fait de façon si tranquille, si naturelle dans sa bouche fière et arrogante, que personne ne répliquait. Enfin, la voix rauque d’un homme qu’elle reconnut comme un Timbal éclaira la lanterne des esprits trop lents qui cherchaient encore le sens des derniers mots prononcés par leur suzerain.

Un long manteau couleur de boue vola sous les yeux de la Mormont alors que son époux disparut de la table, emporté par une paire de bras puissants qui le jetèrent à terre. Les deux frères Greyjoy en venaient aux mains. Son corps réagit plus vite que son cerveau alors qu’elle se redressait vivement dans un souffle de stupeur. Si un homme se leva pour tenter de les séparer, les choses étaient vouées à ne pas se passer calmement. C’était la provocation de trop. L’atmosphère déjà pesante d’électrifia et les regards de certains devinrent fous. Des haches furent saisies. Des épées sorties de leurs fourreaux. Bientôt, le tintement du métal remplaça les insultes muettes, prononcées par les yeux sombres des guerriers. Dans un hurlement formidable, ils choisirent d’en venir aux mains. Partisans du Choucas et les autres. Cela se terminerait dans le sang.

Le premier réflexe de la jeune femme fut de s’éloigner des deux corps gesticulants au sol. Il lui fallait s’enfuir. Son corps glacé s’affola avant que son cerveau ne comprenne totalement l’ampleur de la situation. Une main brulante saisit son poignet. Elle reconnut Raedes, le bâtard du Greyjoy. Il la tira vers lui sans qu’elle n’ait le temps de protester. Alors que les bruits des lames emplissaient la salle sombre, ils se mirent à courir contre les murs humides jusqu’à la grande porte menant dans les entrailles de la forteresse.

« Fermez-vous dans vos appartements ! » siffla-t-il en la bousculant dans les couloirs.

Elle ne se le fit pas dire deux fois et c’est la peur au ventre qu’elle obéit aux ordres du jeune homme.

 




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Pyk
entre Fer-Nés


Who is in control


Année 299, 9e lune, 2e semaine

Asha avait toujours entendu dire que son oncle de Choucas était fou. Elle l'avait entendu dans la bouche de son père, de ses trois autres oncles et d'un nombre incalculable de fer-nés. Pendant longtemps, elle s'était dit que c'était juste sa ruse, sa malice, son intelligence qui n'était pas toujours correctement perçu par les autres, que son arrogance venait parfois tacher le reste. Elle avait du mal à l'avouer ouvertement, mais elle avait toujours eu une forme de curiosité et d'admiration pour lui, il avait des qualités qu'on ne pouvait lui retirer et qui selon elle, rendait fort, faisait un bon leader. Pourtant en cet instant, elle put voir de ses propres yeux la folie qui l'habitait. Ça n'était pas juste la lueur persifleuse qui brillait dans son unique pupille, l'idée de savoir que ses propos allaient rentrer dans la tête des gens et leur jouer des tours, non. Ça n'était pas non plus son orgueil agissant de la sorte, persuadé d'être intouchable, non. Il y avait une inconscience digne d'une personne démente. Pensait-il simplement pouvoir avouer son crime de la sorte, à la vue de tous, fièrement et s'en tirer indemne ? Il n'y avait qu'un fou pour penser cela, un humain convaincu d'être un Dieu sur terre.

Voilà des lunes qu'Asha le savait. Elle en avait eu l'intime conviction dès l'instant où elle avait appris la disparition de son père et le soudain retour du Choucas. Il ne s'en n'était pas vraiment caché non plus lorsqu'elle l'avait confronté, revenant réclamer ce qui lui revenait de droit. Mais il n'y avait pas eu de témoins, si ce n'était ses bâtards et ses quelques partisans qui s'en moquaient bien. Alors elle avait du attendre patiemment, comme Balon le lui avait enseigné. Elle aurait cru que cette confession la rendrait heureuse, le voir enfin avouer ses torts, qu'on reconnaisse qu'elle avait raison. Mais finalement, et peut-être était-ce parce qu'il s'en targuait si joyeusement, la révélation ne lui provoqua aucune joie, uniquement de la colère. Un énervement froid et violent, comme une tempête maritime d'été, de celle qui vous surprenne par leur arrivée soudaine, leur formation si rapide mais leur violence époustouflante. Asha serra ses mâchoires, prenant sur elle pour ne pas céder à la provocation. Elle contracta ses cuisses avec une force qui la surprit elle même, cherchant à s'ancrer dans le sol, comme si cela était possible. Tout en elle lui criait de sauter sur cette table, de sauter à la gorge d'Euron et de l'achever d'un rapide coup de poignard. Il n'était qu'à quelques mètres d'elle, ça ne durerait que quelques secondes. L'image était tellement plaisante dans son esprit. Mais elle savait qu'elle ne pouvait pas, ça n'arrangerait rien pour elle. Si ce jour devait être sa perte, pour Euron, il n'y avait aucune raison pour que cela soit la sienne également. Au contraire, cela devait être un nouveau départ pour elle, il fallait qu'elle résiste sa provocation ultime. Alors elle continua contracter ses jambes. Elle sursauta violemment en sentant une main se refermer fermement sur son poignet. C'était Harras. Il la connaissait bien, il pouvait voir les traits de son visage et il comprenait la lutte et l'envie qui l'habitaient. Il en avait déduit les mêmes choses qu'elle, il ne fallait pas qu'elle y aille et il ne la laisserait pas se causer du tort.

Alors que le Timbal reprenait la parole, elle sentit sa vision se troubler légèrement. Elle faisait de son mieux pour redevenir maîtresse d'elle même, mais la tempête n'était pas des plus simples à dompter. C'étaient des larmes de colères. Elle avait envie d'hurler, comme si à défaut de pouvoir trancher la gorge d'Euron, cela la soulagerait de la violence qui l'habitait. Elle tourna lentement la tête vers le seigneur de Vieux Wyk, faisant de son mieux pour retrouver son calme mais surtout sa répartie et sa vivacité d'esprit, et elle vit alors que son fils Denys la fixait, en résonance au discours de son père. Pourtant ce dernier n'avait pas dit qu'elle était la suzeraine légitime, simplement qu'il préférait encore être dirigé par elle, si Victarion ne voulait pas du trône. Cela en disait long encore une fois sur les mentalités des Îles de Fer et l'état d'esprit actuel des capitaines. Denys semblait lui dire de tenter sa chance et effectivement elle aurait pu. Monter à son tour calmement sur la table et réclamer son héritage. Mais quelque chose ne semblait pas à sa place. Cela faisait des lunes et des lunes qu'elle rêvait d'une opportunité, d'un moment où elle pourrait récupérer sa place et pour beaucoup, cela y ressemblait énormément. Mais quelque chose la retenait. Était-ce la crispation qu'elle s'était forcée à subir pour ne pas sauter sur Euron ? Était-ce la main d'Harras toujours autour de son bras ? Elle n'aurait su dire, elle n'aurait su expliquer son ressenti, mais il était bel et bien là. Quelque chose dénotait. Ou peut-être avait-elle peur de se confronter sérieusement aux fer-nés ? Maintenant que la voix était libre pour elle ?

L'intervention soudaine de Victarion la stoppa nette dans ses réflexions. Son oncle venait de se jeter sur l'autre. L'envie devait exister en lui depuis bien longtemps déjà, notamment avec l'histoire de sa dernière femme sel. L'assassinat de leur frère aîné était un bon prétexte pour pouvoir enfin lâcher tout la colère et la haine qu'il avait pour lui. Malheureusement le combat ne se limita pas aux deux frères, dans les secondes qui suivirent, une fois passé l'étonnement de tous, les épées et les haches furent dégainer de tous les côtés. Asha eu le réflexe de sa placer devant son oncle Rodrik, qui venait de se lever pour s'éloigner de l'épicentre de la lutte. Épée au poing, elle recula progressivement, prenant soin avec Harras de protéger le vieux Harloi. Elle n'avait aucune envie de prendre part au combat, dans son état, elle craignait de faire quelque chose qu'elle pourrait regretter. Malheureusement Euron et ses hommes n'allaient pas s'arrêter en si bon chemin et le sang de fer-nés allaient couler quoi qu'il arrive. Alors qu'elle s'apprêtait à prendre part au combat à contre-coeur, Harras la retint, l'incitant à rester auprès de Rodrik pendant qu'il grossirait les rangs anti-choucas. Asha se contenant d'incliner la tête pour le remercier. Son regard fut ensuite attiré vers la porte de l'autre côté de la salle où elle aperçut l'Oursonne se faire sortir des lieux, sans doute pour éviter qu'un fer-né n'en profite pour avoir sa peau.

« Tu penses que j'aurais du parler avant mon Onc' ? » demanda-t-elle en se tournant vers le seigneur de Dix-Tours.

Ce dernier baissa la tête tristement, en la secouant lentement.

« C'était déjà trop tard Asha... »

Il l'avait donc senti aussi. Elle releva la tête vers la foule, l'air déjà pesant était à présent saturé, empestant la transpiration et le sang ferreux. Elle ne put retenir une légère grimace de dégoût. Les fer-nés commençaient à faire la différence. Victarion avait toujours été un combattant remarquable et même admirable. L'intelligence et la ruse d'Euron ne suffisaient pas face à ce monstre en colère. Il était fini. C'était la seule chose positive qu'Asha pouvait retirer de cette réunion.

base cracles bones, modification lawina
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