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La neige et le sable [Jon&Valena]

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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Jon & Valena



An 299, lune 9, Lancehélion.


Le sable s’envolait en volute poussiéreuse alors que le vent balayait les dunes d’une souffle brûlant et que le soleil chauffait les crânes nus des pauvres fous qui franchissaient les portes de Lancehélion. Le long des routes venant de la mer ou venant de l’enfer de l’intérieure des terres, l’on pouvait trouver toute sorte de visiteurs. Des commerçants, des voyageurs égarés, des curieux ou encore des aventuriers en quête de frissons ou désireux de découvrir la plus grande citée du Sud. Dans l’air baignaient à la fois cette atmosphère si particulière des voyages qui touchaient à leur fin et de ceux qui ne faisaient que commencer. Des enfants à la peau brune, pas le moins du monde embêtés par les rayons de l’astre solaire, se courraient après près des ânes et des mules chargées de produits exotiques. Leurs claquettes bruyantes martelaient les pavés à demi recouvert par le désert que des domestiques se dépêchaient de repousser, tant bien que mal, armés de balais ridicules. Que pouvaient bien faire quelques tiges de bois contre la puissance et la sauvagerie des steppes arides ? Certains marchands, apparemment peu habitués à l’inhospitalité de la toundra sableuse de Dorne, la tête dénuée de tout turban, avait la calotte rougie et transpirante d’avoir ou traversé le désert ou marché depuis les ports alentours. Dans quelques carrioles brinquebalantes, des tissus chatoyants étaient amoncelées, empilés les uns sur les autres, se mélangeaient grassement avec des huiles et des onguents que le voyage avait renversés. Les hommes se dépêchaient alors de tout remettre en ordre avant de présenter la liste de leur cargaison aux soldats qui gardaient l’entrée de la ville. Malgré l’étonnant chaos des arrivés et des sorties, les visages étaient souriants et certains affichaient un air soulagé, ravis que le soleil n’ait pas eu leur peau.

Ma jument trottait fièrement, dépassant les marcheurs qui osaient tourner vers moi un regard courroucé avant de se rendre compte de mon rang. Je les ignorais superbement, toutes mes pensées rivées sur ce maudit destrier qui, en plus de me faire rebondir sur sa selle, me lacérait les mollets de ses poils drus. Je dissimulais mon malaise sous une grimace désabusée que certains auraient pu prendre pour une expression hautaine et glaciale alors que je bouillonnais de l’intérieure. J’avais envie de descendre de cette fichue monture immédiatement, mais j’avais encore la ville à traverser avant de confier la jument aux palefreniers du Palais Vieux. Je dévoilais bien visage mon visage masqué par mes voiles aux soldats qui me laissèrent pénétrer la citée sans en demander plus. J’avais passé tant de temps à Lancehélion que les hommes des Martell avaient fini par imprimer mes traits dans leurs mémoires. Et même s’ils ne l’avaient pas fait, l’emblème cousu des Allyrion sur ma manchette droite attestait de ma naissance.

Faire marcher l’animal au pas dans la rue principale ne fut qu’une lente agonie. Les ridicules mulets des artisans piétinaient devant nous, peinant à dépasser la foule du début d’après-midi qui s’amoncelait des les ruelles pour visiter les échoppes temporaires qui ouvraient juste avec le coucher du soleil. Des cris résonnaient, des enfants se glissaient comme des serpents entre les jambes des adultes et je devais être en alerte à chaque seconde pour éviter d’écraser l’un d’eux sous les sabots de mon cheval. La bête que me portait sur son dos devait sentir ma nervosité et mon agacement puisqu’elle tirait sur les rennes à chaque embardée et piaffait lorsque je la talonnais pour la motiver à avancer plus vite malgré les corps collés les uns contre les autres devant nous.

Enfin, les portes de la cour intérieure de la forteresse des Martell apparut à l’horizon et je sus que j’étais sauvée. Je pressais un peu plus ma jument qui, sentant également les écuries, se fraya un passage en balançant sa tête de gauche à droite pour écarter plus ou moins brutalement les badauds devant nous. Derrière moi, les hommes de la Grâcedieu qui m’accompagnaient grognant et ordonnaient de faire place, en vain. En effet leurs voix étaient couvertes par le vacarme du marché.

Je pus enfin souffler de lassitude lorsque les immenses portes de bois et de fer du Palais Vieux s’ouvrirent devant nous et que des domestiques accoururent pour s’occuper de nos montures. Je sautais au sol, ravie d’enfin délaisser le canasson qui devait être aussi content que moi de se débarrasser du poids sur son dos. Je fis bouger mes jambes et fis quelques pas pour faire circuler le sang dans mes veines et m’étirais de tout mon long, comme un chat paresseux. Je remarquais alors le nombre inhabituel de montures présentes dans la cour. Les Martell avaient-ils des visiteurs ? J’en devins soudainement suspicieuse. Je n’aimais pas vraiment les surprises, en particulier lorsqu’elle signifiait qu’un nombre d’invités inconnu se trouvaient là en même temps que moi. Il me fallait trouver Nymeria pour en savoir plus. N’était-ce pas la raison de ma visite, après tout ? Père étant à Villevieille, je me devais de garder un œil sur le Roi Dragon déchu qui laissait désormais pourrir ses écailles, caché derrière les murs des Martell. Mais je me faisais également du souci pour mon amie qui, enceinte jusqu’aux yeux, avait demandé ma venue pour que l’on puisse parler de Daemon. Ma bouche forma un rictus à cette simple pensée. Discuter de l’état de mon frère était la dernière chose que je voulais faire.

Une servante s’approcha de moi en trottinant et vint me demander les raisons de ma venue d’une voix chantante. Je sourcillais.

« Valena Allyrion, héritière de la Grâcedieu. Je suis attendue par Nymeria Sand. »

La femme hocha la tête.

« Lady Nymeria est alitée depuis hier. Vous ne pourrez la voir que demain, malheureusement. »

Je levais les bras au ciel tandis qu’un souffle rageur me racla la gorge.

« Je suis venue pour la voir immédiatement, » renchéris-je d’une voix dure. « Je n’ai pas de temps à perdre. »

La domestique répéta ce qu’elle m’avait précédemment énoncé et sans un regard de plus, la dépassait à grandes enjambées. J’avais laissé la Grâcedieu à ma mère et à Cletus qui devaient également garder un œil sur mon demi-frère en mon absence pour rencontrer l’aspic. Et je voulais le faire immédiatement.

Déterminée à obtenir ce que je voulais et concentrée sur mon objectif, je ne remarquais pas l’importun qui arrivant à face de moi. Nos épaules se percutèrent de plein fouet et je manquais de m’étaler sur les dalles.

« Peut-être que regarder devant vous serait une bonne idée, ne croyez-vous pas ? » aboyais-je à l’inconnu.

J’étais peut-être (sûrement) de mauvaise foi, mais également éreintée par le voyage et éreintée par les récents événements. La moindre petite contrariété risquait de me faire exploser et je voulais que cet idiot qui se mettait dans mes pattes en ait bien conscience.

 

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On ne pouvait pas dire que ses premiers instants en temps que Stark était glorieux, pas plus que ses premiers pas à Dorne. Il avait du troquer ses sempiternelles fourrures pour des vêtements plus... appropriés, disait-on. Il n'avait pas non plus apprécié la balade en bateau, pas plus que Ghost qui s'était enfui il ne savait où depuis l'attaque de Viserys au Val. Quoi qu'il en soit, l'ancien bâtard devait prendre ses marques et la chaleur de Dorne ne semblait pas aider à cela. Ce qu'il pouvait faire chaud, il n'avait jamais vu autant de soleil ni subit ses rayons. Sa peau pâle semblait faire tâche au vue de tout ceux qu'ils avaient ici, tout ceux qu'il apercevait avec la peau sombre, dorée, mais colorée. Alors que lui, avait la peau pâle.

Ses vêtements, il n'était pas à l'aise dedans, le cuir était inconfortable par pareille chaleur et exhiber ses bras ne lui plaisait pas, il avait l'habitude d'avoir du tissu, des manches longues... et là, tous pouvait voir ses bras, musclés mais couverts de quelque cicatrices, des traits blancs sur ses bras, plus blanc encore que sa peau.

" Sont-ils tous habillés de la sorte ici ? "

Demandait-il à Lyarra, qui l'avait suivi jusqu'à Dorne.

" Non, ils ont des habits colorés en tissu. Ca surprend au départ, de voir autant de couleur, la plupart ont des vêtements jaunes, ce sont les gardes, d'autres des vêtements orange, rouge, bleu, vert, enfin, tu vois le truc. Chez eux c'est normal. "

Alors qu'au Nord, quelque vêtu de la sorte aurait mérité quelque railleries et aurait été comparé à un bouffon royal. Effectivement à mesure qu'ils avançaient, il croisait des gens, et les femmes, oh, les femmes... Il rougissait. Il n'osait les regarder, leur robes étaient à certaines transparentes et il pouvait voir plus qu'il ne l'aurait du. Jon était pudique, comme nombreux hommes du Nord, voir des femmes si peu habillée le déstabilisait grandement. Il ne semblait pas être le seul car les hommes autour se demandaient s'ils n'étaient pas tombés dans une ville bordel, Jon les fit cependant taire pour qu'ils ne se fassent pas éjecter aussitôt arrivés pour avoir dit des choses pareilles.

" On ne doit pas se faire remarquer, des nordiens à Dorne, c'est déjà facilement remarquable, évitons donc de laisser de mauvais souvenirs et mauvaises impressions du Nord. "

Ils levaient les yeux au ciel, ils auraient bien eu besoin d'un guide pour savoir où se diriger exactement. Par instinct, ils se rendaient juste vers le château qu'ils semblaient avoir aperçu de loin. Tout était si coloré ici, les odeurs épicés lui chatouillaient les narines mais cette chaleur...

Un regard à gauche, une femme en robe légère, un regard à droite, un homme habillé en jaune avec des soleils sur sa tenue, une lance à la main, il le supposait être un garde. Un regard devant, il se prenait une femme. Il rougissait, maladroit il tentait de s'excuser mais rien ne voulait sortir. Il avait néanmoins tenté de la rattraper avant qu'elle ne tombe mais elle l'incendiait et il ne savait absolument plus où se mettre. Qu'on lui parle ainsi était habituel mais cet accent...

" Pardonnez moi ma dame, vous avez raison, je... J'aurais du regarder devant moi. "

Il la regardait quelque instants et relâcher sa main, main qu'il avait tenu pour lui éviter de tomber.

" Vous allez bien, lady ? J'espère ne pas vous avoir causer de tort, loin de moi cette idée... "

Avait-il l'air d'être d'ici ? Il était perdu, cela ne se voyait-il pas ? Il ne savait plus où se mettre ni où donner de la tête, c'est Lyarra qui prit les devants en voyant l'embarras dans lequel Jon était.

" Pardonnez nous, ma dame, nous cherchons le château de Lancehélion et nous nous sommes égarés, j'en ai bien peur. "
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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Jon & Valena



An 299, lune 9, Lancehélion.


Pensaient-ils tous réellement que j’avais le temps de m’arrêter, de boire un thé et de badiner sur les températures infernales ou la dernière tunique onéreuse de lord Gargalen ? Le pensaient-ils ? Je n’avais pourtant pas l’air d’une femme là pour tuer le temps. Du travail, j’en avais par-dessus la tête. M’occuper de la Grâcedieu alors que mon père avait préféré fuir ses responsabilités pour le Bief. Gérer les affaires du domaine. Veiller Daemon, toujours entre la vie et la mort. Garder un œil sur Rhaegar. Répondre aux demandes des Martell. Accourir aux pieds de Nymeria lorsqu’elle me faisait quérir. Il ne faisait aucun doute que j’avais les nerfs à vif et que j’étais à fleur de peau. La moindre remarque risquait de me faire exploser. Je me contenais depuis bien trop longtemps. Les derniers jours n’avaient pas été de tout repos et je ne me souvenais plus exactement combien d’heures de sommeil il me faudrait rattraper. Le voyage du fief des Allyrion jusqu’à Lancehélion avait fini de m’épuiser. Pourquoi devais-je rester ici une nuit en attendant l’aspic ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Je ne l’avais jamais vue alitée pour quoique ce soit. Jamais. Alors pourquoi maintenant alors que j’avais tant à faire ? Était-ce une blague ? Voulait-elle grignoter mon temps que j’estimais si précieux ? Le petit dragon qu’elle portait dans son ventre la grignotait-elle de l’intérieur ?

Et maintenant, voilà que je faisais face à une homme rougissant et bégayant.

Il cherchait ses mots, demandait pardon et finit par lâcher mon poignet. Je le toisais, l’œil noir. La peau pâlotte. Des cheveux aussi sombres que ses yeux. Ce n’était pas un Dornien. Son physique, son accent et sa maladresse parlaient pour lui. Le pauvre avait l’air aussi perdu qu’un mulot dans une fosse aux serpents. Son regard allait de gauche à droite, effaré. Son premier voyage dans le désert, à n’en point douter. Derrière lui, une femme se tenait dans son ombre. Elle arborait les mêmes traits durs et il n’était pas difficile d’imaginer qu’ils venaient des mêmes terres. Un instant, il me sembla reconnaître leur accent sévère. Elyana, une soigneuse que j’avais rencontré par le plus pur des hasards il y avait des lunes et des lunes de cela avait le même. Des nordiens ? Des nordiens ici ? Encore ? Les chevaux que j’avais croisé dans la cour intérieure devaient être les leurs. Étais-je passée à côté de quelque chose ? Se passait-il quelque chose de spécial pour qu’autant de nordiens se trouvent si loin de chez eux, à arpenter Dorne ? S’étaient-ils tous perdus ?

Je les observais de haut en bas, les jaugeant du regard avant de croiser mes bras sur ma poitrine. Que venaient-ils faire là ? Pourquoi à Lancehélion ? Certainement pour rencontrer les Martell, mais pourquoi ? Qu’est ce qu’un nordien venait faire ici ? Qu’avait-il a demandé à Doran Martell ? Le Nord et Dorne n’avaient aucun lien qu’il soit politique, économique ou encore commercial. Ma nature suspicieuse reprit le dessus et je plissais les paupières. La « paix » était revenue depuis peu et l’indépendance ne plaisait pas à tout le monde. Cherchaient-ils querelle ? Venaient-ils pour le roi dragon enfermé dans le Palais Vieux ? Que pensaient-ils faire à deux ? À moins que cela ne soit que de simples émissaires.

« Du tort ? » reniflais-je. « Il faudrait plus qu’une simple bousculade pour me cause du tort. Vous me faites simplement perdre mon temps. »

L’étranger m’avait demandée si j’allais bien. Ce n’était pas cela qui allait me mettre à terre. J’étais loin d’être une femme délicate comme leurs pauvres ladies d’au-delà des Montagnes Rouges. Cependant, on ne pouvait pas forcément dire que j’allais bien. Mais les raisons étaient autres. Et ils n’avaient pas forcément besoin de les savoir.

La question de la femme m’arracha un haussement de sourcils incrédule. Si je ne m’étais pas contenue, j’imagine que j’aurais laissé pendre ma bouche de surprise et que les mouches auraient pu venir y loger. Les bras ballants, je les fixais, oscillant entre l’inquiétude et la moquerie. Mon étonnement passé, je me mis à rire à m’en faire mal aux côtes.

« Vous cherchez le château de Lancehélion ? » hoquetais-je. « Vous le cherchez ? Êtes-vous des comiques ? Des saltimbanques venus pour un banquet ? Si c’est le cas, vous êtes très doués ! »

En réalité, il y avait longtemps que je n’avais pas ri ainsi. Mes côtes me faisaient presque souffrir. La crise passée, je dus reprendre mon souffle et me concentrer pour ne pas faire trembler ma voix devant leurs yeux ronds.

« Mais vous êtes dans Lancehélion enfin ! Où croyiez-vous être, sérieusement ? »

Cela terminait de me convaincre de leurs origines. En plein cœur du palais et ils ne le reconnaissaient pas ? C’était incroyable. À quoi pensaient-ils ? À quoi devait ressembler la forteresse de Lancehélion pour eux ? Peut-être étaient-ils aveugles tous les deux. Aveugles ou bien stupides. À moins qu’ils ne se paient réellement de ma tête en plus d’empiéter sur mon temps. Cela suffit à me faire regagner mon sérieux et ma grimace.

« Vous n’êtes pas d’ici, » constatais-je. « Que cherchez-vous à Lancehélion ? Je doute que vous soyiez venus simplement pour visiter Dorne. »

Plus j’y réfléchissais, moins je trouvais de réponse à cette question. Il formait une paire bien étrange, à déambuler ainsi dans l’entrée de la forteresse, au beau milieu de la citée ombreuse. Je ne savais ce qu’ils pensaient trouver ici. Venaient-ils pour discuter du futur de Westeros avec le Prince ? Oui, mais pourquoi eux ? Étaient-ils des nobles ? Ils n’en avaient pas forcément l’air. Ils m’apparurent soudain bien plus intéressants. De toute façon, Nymeria n’était pas encore disposée à me recevoir. J’avais une journée à perdre. Et si les deux étranges larrons s’étaient mis en travers de mon chemin, j’y voyais l’opportunité de découvrir ce qu’il se tramait, à l’ombre des murs du Palais Vieux.


 

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La condescendance de la jeune femme avait le don d'hérisser le poil de Lyarra Cerwyn, mais Jon restait impassible, habitué à ce genre de réaction chez les femmes. Cela lui rappelait la jeune Sansa, en tout cas. Dans tous les cas, ils étaient à Dorne et sur le territoire des Dorniens et il était hors de question de faire des vagues en ces lieux où ils ne semblaient guère être les bienvenues.

Elle se moquait d'eux ouvertement et Lyarra et Jon échangèrent un regard qui en disait long, elle les prenait clairement pour des idiots, pour autant, s'ils n'étaient jamais venus, comment pouvaient-ils deviner où ils se trouvaient exactement ? Par quel enchantement pouvaient-ils savoir ? Ils n'avaient pas une carte de Dorne implantée dans le crâne aux dernières nouvelles. Alors ils attendaient que la jeune femme reprennent un peu de son sérieux.

Jon se décidait enfin à parler, après avoir passé une main dans sa barbe noire.

" Je suis Jon Stark, de Winterfell. Nous venons du Nord, en effet. C'est la première fois que nous nous rendons à Dorne et nous ne connaissons rien des lieux, il semblerait que les hommes nous suivant ne connaissent pas non plus cette ville et cela nous joue de mauvais tours. "

Comme cette rencontre, finalement. A en juger par la façon hautaine dont elle les prenait, ou bien peut-être était-ce le comportement des femmes de Dorne, il en avait entendu tellement sur leur trajet que cela ne l'étonnerait pas des masses. Le jeune homme était certes courtois, mais il gardait la froideur typique des hommes du Nord. Il ne souriait pas et n'avait pas de regards descendant sur les courbes de la jeune femme, il regardait juste son visage, ou disons plutôt ses yeux sombres. Oui, froid était le mot qui le décrivait le mieux. Il avait beau s'être changé pour une tenue plus locale, la couleur pâle de sa peau et ses traits le trahissait nettement. Encore heureux qu'il ait les traits de sa mère, il n'aurait osé imaginer s'il avait les traits de son père. Au vue des lettres de Rhaegar Targaryen, ceux-ci l'aurait cloué sur place et l'aurait fait fouetter et il aurait attendu des heures au soleil, cuisant.

Quoi qu'il en soit, il n'allait pas rester planté là des heures, il faisait chaud et il se sentait mal à l'aise. Il n'avait jamais eu si chaud de toute sa vie, même avec ses tonnes de fourrures quand il faisait 10°.

Ils regardaient autour d'eux, alors c'était ça, le palais de Lancehélion. Bien, soit. Ils n'avaient pas réellement imaginés les lieux, c'était juste très différent de Winterfell qui était surtout protégée par des murs et il n'y avait pas de palais comme celui-ci. Tout était trop coloré pour les yeux de Jon tout à coup, en plus de la chaleur. Décidément, le Nordien n'était pas fait pour ces lieux. C'était sans compter les odeurs qui chatouillaient le nez et donnaient en permanence l'envie d'éternuer.

" Je suis en mission pour la maison Stark. "

L'étrangère n'avait guère besoin de savoir qu'il avait traversés des lieues et des lieues juste pour voir Rhaegar Targaryen. Et puis, il pouvait bien arranger une raison à sa venue. Eddard avait bel et bien envie de savoir ce qu'il devait faire maintenant que Rhaegar était enfermé à Dorne, devait-il lui envoyer des gardes pour le faire sortir de là ou devait-il patienter, lord Eddard Stark ne démordait pas, ce n'était pas Rhaenys ou Daenerys ses reines, c'était toujours bel et bien Rhaegar Targaryen. Quel ironie que cet homme soit aussi son père. Il retenait un soupir. Il n'avait pas à expliquer à cette femme qu'il était venu pour voir son père de sang.

" Il me faut rencontrer le prince Doran Martell, seulement je ne sais où on se trouve ni comment y aller, il semblerait aussi que vos gardes préfèrent rire à nos dépends que nous guider. "

Oui, cela devait être définitivement typique des dorniens que la moquerie. On lui avait dit sur le bateau ; les dorniens, tout ce qui compte pour eux, c'est une bonne bagarre et le sexe. Et on pouvait dire que les nordiens avaient malgré leur apparence le sang chaud. Et Jon était finalement comme tout Stark, il avait le sang vif et préférait souvent laisser parler ses poings ou son épée que sa raison. Stark, sang vif, esprit lent. Des rares qui savaient, disaient qu'il avait le talent au combat de son père de sang, il avait les traits de Lyanna mais les talents de Rhaegar. Espérant qu'il n'ait à se battre, sa hantise étant qu'on découvre ses origines depuis qu'il avait été dévoilé fils de Lyanna Stark. Sa hantise étant qu'on ne le considère plus comme le fils d'Eddard Stark, mais comme le fils d'un lâche, le fils de celui qui avait kidnappée Lyanna Stark, qu'on le considère comme l'homme né d'un kidnapping et d'un viol. Il chassait bien vite ces pensées pour se reconcentrer sur la dame devant eux.

" Nous ne resterons pas longtemps à Dorne et ne vous importunerons donc pas bien longtemps, soyez rassurée. "
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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Jon & Valena



An 299, lune 9, Lancehélion.


L’air narquois et moqueur de Valena laissait les deux compères de glace. Leurs visages de marbre n’exprimaient plus ni gêne, ni embarras et encore moins de la colère. Un Dornien, même le plus timoré, se serait emporté d’être traité de la sorte. On ne blesse pas impunément la fierté et l’arrogance d’un fils ou d’une fille du désert. Pourtant, les deux visiteurs encaissaient sans brocher le rire tonitruant de la jeune fille. Autour d’eux, les quelques domestiques errant dans les couloirs lançaient des regards curieux à l’étrange trio qui s’était formé dans le Palais Vieux. S’ils faisaient mine de ne rien écouter et de passer en frôlant les murs, comme des ombres discrètes, il était évident que tous tendaient l’oreille pour glaner quelques informations ou même pour écouter les raisons de fou rire de l’héritière de la Grâcedieu. Car s’il ne faisait aucun doute que le visage de l’Allyrion leur était connu en raison de ses nombreuses visites depuis l’enfance à Lancehélion et de son amitié avec la famille princière de Dorne, les deux étrangers devant elle ne leurs disaient rien. La curiosité des valets était souvent sans borne et certains faisaient office d’espions transparents, faciles à manipuler et dont la loyauté était toute acquise. Il était donc naturel que la rencontre des trois jeunes gens finirait par remonter rapidement aux oreilles du maître de la citée ombreuse.

Lorsqu’il énonça son nom, la jeune femme fronça d’autant plus les sourcils. Jon Stark ? De Winterfell ? Se jouait-il d’elle ? Était-il finalement un saltimbanque ? Un comédien envoyé pour distraire Lancehélion ? Pourtant, aucun tremblement dans sa voix ni aucun bégayement ne trahissait le mensonge dans ses mots. Valena était tentée de le croire, mais elle était de nature suspicieuse et sa confiance n’était que difficilement gagnée. Or, elle ne voyait pas pourquoi l’homme mentirait. Il n’y avait aucune raison. Elle croisa les bras sur sa poitrine et tapa du pied d’impatience. Ses yeux d’ébène le scrutèrent de haut en bas alors qu’elle tentait de percer les mystères de son visage d’albâtre. Elle le jaugeait. Cette révélation sur son rang et son origine le jetait dans une nouvelle lumière pour l’héritière qui avait perdu une seconde son air railleur.

Jon Stark de Winterfell était bien loin de chez lui. Cela renforçait l’attention que lui portait la jeune femme qui se demandait encore pourquoi un homme des neiges s’était enfoncé si loin dans le Sud de Westeros pour finalement venir se perdre dans le désert dornien. Il ne semblait d’ailleurs pas des plus à l’aise et de grosses gouttes de sueur dégoulinaient sur son front et le long de ses tempes. Il n’était clairement pas habitué au soleil brûlant de la région. Valena se demanda même un instant si l’astre prenait la peine de se lever au Nord. La paire de Nordiens observa un instant les couloirs du Palais Vieux et parurent étonné de se trouver au cœur de la forteresse alors même qu’ils la recherchaient. La jeune femme les regarda, amusée. Ils ressemblaient à deux nouveaux nés qui regardaient d’un air curieux les choses qui les entouraient.

Elle ne cilla pas lorsqu’il dévoila être en mission pour sa famille et qu’il cherchait Doran Martell. On ne rencontrait pas si facilement le Prince de Dorne. En particulier lorsque l’on était un parfait inconnu, échoué là par hasard.

« Le loup perdu en plein désert est bien loin de chez lui, » lança-t-elle d’un ton ironique. « Et ne vous vexez donc pas de nos railleries, vous êtes tout de même un sacré spectacle. »

Un petit sourire illumina ses traits alors qu’elle se les imaginait, hagards et errant dans la citée ombreuse à la recherche de la forteresse des Martell qui était pourtant sous leur nez. Il était en effet difficile de manquer le Palais Vieux qui toisait la ville de ses tours élancées et ornées de mosaïques colores, reflétant les rayons solaires tout en abritant les maisons de la citée sous leurs grandes ombres. Seul un aveugle aurait pu le manquer. Et encore, un aveugle aurait encore pu se débrouiller pour le débusquer. C’était ce que l’héritière avait pensé jusqu’alors. Mais il fallait bien une exception pour confirmer la règle.

« Et qu’est ce que deux Nordiens peuvent bien vouloir au Prince de Dorne ? Je serai curieuse d’entendre vos raisons. Êtes-vous attendu ? Doran Martell est-il au courant de votre visite ? »

Sa nature suspicieuse prenait le dessus alors qu’elle les toisait à nouveau, à la recherche du moindre mouvement de sourcil ou tressautement des lèvres qui auraient pu les trahir.

« J’imagine que vous garderez le silence, n’est ce pas ? Vous ne m’avez pas l’air très loquace, » souffla-t-elle, presque déçue.

Si elle ne cherchait pas à aller plus loin pour l’instant, c’était qu’elle avait bien conscience que les deux compères ne lui parleraient pas. Du moins, pas tout de suite. Il lui faudrait les travailler au corps sur la longueur. Enfin cela ne serait possible que s’ils décidaient de prolonger leur entrevue. Mais la fille de Ryon trouvait son intérêt assez piqué pour pousser la rencontre un peu plus loin.

« Mais laissez-moi donc me présentez à mon tour. Je suis Valena Allyrion, l’héritière de la Grâcedieu. »

Elle fit une petite courbette gracieuse, laissant tenter contre son poignet et ses chevilles les bracelets d’or et d’argent discrets qu’elle avait pris soin d’enfiler.

« Je suis en mission pour la maison Allyrion, » répéta-t-elle d’une voix dure, imitant celle de Jon Stark de façon imperceptible.

Elle étouffa un rire avant de reprendre d’une voix plus sérieuse.

« Je suis également ici pour voir un membre de la maison Martell. Or, ils semblent plutôt… occupés ces derniers temps. »

La jeune femme haussa les épaules dans un soupir désespéré, évidemment exagéré. Les derniers événements ayant bouleversé Dorne devaient occuper l’esprit du Prince. Les affaires et les missives devaient pleuvoir sur ses épaules. Avait-il réellement le temps de rencontrer un fils du Nord ?

« Nous sommes condamnés à arpenter les couloirs en attendant que les Martell nous reçoivent, je le crains. »

Peut-être s’étaient-ils rencontrés pour une raison, tuer le temps qu’ils n’avaient déjà pas.



 

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