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[CB] Not sisters by blood, but sisters by heart (Marianne - FB)

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   Not sisters by blood, but sisters by heart.

R
emontons quelque peu le temps, lorsque la vie de la petite couturière n'était pas encore entachée de la disparition de son père et de l'ensemble des fâcheux événements qui ont suivis ce départ de Castel-Bois de cette petite et honorable famille dont elle ne devait l'éclat de sa réputation qu'à la perfection de son travail. Celui-là même qui leur procurait une vie somme toute assez confortable sans pour autant être extraordinaire. Remontons le temps à cette période empreinte d'une telle blancheur et d'une telle simplicité qui avait ce don de tracer un sourire permanent sur les traits fins de la grande rêveuse des environs. Une expression sur son visage si rare par les temps plus actuels, que seules quelques personnes pouvaient se vanter de l'apercevoir entre deux paroles bien placées. Là, à cette époque, la petite brune n'avait pas à forcer ce semblant de bonheur devant percé sur son visage, non. Tout était bien plus naturel, bien plus enfantin, plus amusé aussi et certainement plus innocent. Comme quoi, un même lieu peut laisser place à deux personnalités différentes alors que, bien heureusement, les personnes ne changeaient pas. Ainsi, Camelya pouvait toujours compter sur son cadet, prêt à toutes les facéties pour amuser son aînée et rêvant déjà d'aventures en tout genre. Mais surtout, la petite fille d'alors pouvait encore trouver refuge dans les bras de son père lorsque ce dernier ne travaillait pas à la forge. Une présence rassurante qui la berçait au quotidien. Elle avait cruellement besoin de lui alors qu'ils passaient énormément de temps à inventer mille histoires avant de dormir. Il faut bien dire qu'il a une part très importante dans son imagination, la brunette s'amusant à mettre son paternel dans des situations folles. D'ailleurs, lorsqu'elle ne croisait pas ses aiguilles, elle allait souvent lui rendre visite dans sa forge, juste pour être avec lui. Tout simplement. Si seulement elle avait su ce qui allait se passer par la suite.. Sans doute aurait-elle fait tout ce qui était en son pouvoir pour le garder à la maison afin de l'empêcher de prendre la route en disparaissant ainsi dans la nature sans laisser signe de vie. Sans doute se serait-elle, à défaut de tout ça, contentée de se préparer au mieux pour survivre à cette perte soudaine et imprévue. Sans doute lui aurait-elle seulement dit à quel point elle l'aimait et qu'elle tenait à lui.. Malheureusement, il est impossible de balayer des faits d'un simple geste de la main. Elle en fera la douloureuse expérience bien assez tôt..

En cette journée ensoleillée, la fillette était littéralement tombée de son lit, se réveillant presqu'en sursaut en se souvenant qu'elle allait passer toute la journée en compagnie de son amie, de cette sœur qu'elle n'avait pas -et qu'elle n'aura jamais-, Marianne. Ayden se mit alors à pester puisque les deux enfants partageaient la même chambre alors que les rayons du jour ne faisaient qu’apparaître. Il était certainement bien trop tôt pour que la petite couturière rejoigne son amie. Mais, peu lui importait. Elle ne devait simplement pas être trop en retard par rapport à la Harlton, tout simplement. Ces journées-là n'étaient pourtant pas si rares que cela, mais elles reflétaient toujours un bonheur fou pour Camelya, qui pouvait juste profiter de la compagnie de son amie. Encore que pour cela, elles allaient devoir ruser pour échapper à la vigilance de la mère de la couturière, très souvent nourrice improvisée pour la jeune Harlton. Bien évidemment, tout cela restait fort raisonnable, jamais l'une ne mettait en danger l'autre, bien au contraire. Disons simplement que cette quête de liberté leur permettait de rejoindre cette petite cabane, un peu en retrait, pour pouvoir s'amuser et rêver à leur guise sans que personne ne puisse les voir. Toute enjouée, la petite brune salua brièvement ses parents avant de prendre une pomme, simple fruit qui lui suffisait amplement pour commencer la journée de bonne façon. Elle avait vêtu une robe qu'elle s'était faite pour son propre plaisir, lui permettant de pouvoir s'amuser sans être gênée dans ses mouvements. Ses longs cheveux bruns ondulaient dans son dos restant eux aussi totalement libres. De toute façon, la brunette préférait être coiffée de la sorte. Les rues commençaient déjà à s'animer doucement, si bien que la fillette saluât quelques personnes croisées ici et là sur son chemin jusqu'à ce grand arbre, lieu habituel de retrouvailles avec son amie. Camelya s'y attendait. Elle était en avance, si bien qu'elle se dirigeât vers ce muret à deux foulées de là pour y prendre appui avec ses deux petites mains, et se hisser dessus. Un perchoir tout trouvé pour la petite couturière qui attendait son amie avec une telle impatience que ses jambes se mirent à se balancer contre ce muret. Il faisait beau, c'était vraiment agréable pour un tel programme. Les deux brunes de Castel-Bois allaient pouvoir en profiter comme il se doit. En attendant Marianne, ses pensées divaguèrent, se plaisant à se conter à elle-même une histoire comme elle en avait l'habitude. Ce n'était pas bien rare, en effet, qu'elle s'égare, qu'elle rêvasse, laissant sa vie réelle contre une autre. Plus imagée, moins fatigante aussi.. Parce qu'il fallait bien le reconnaître.. Même si Camelya échappait au travail à l'atelier de temps à autre, elle devait déjà croiser ses aiguilles bien souvent. Ce n'était de loin pas une passion pour elle. Si elle pouvait s'en défaire, elle le ferait, certainement sans hésiter. Malheureusement, sa grand-mère ainsi que sa mère comptaient sur ses petites mains déjà bien habiles pour continuer l'affaire. Une vie qu'elle n'avait pas choisie, qui s'était imposée à elle à sa naissance. Certes, elle était également consciente d'avoir la chance de pouvoir manger comme elle le désire -bien que son appétit ressemble à celui d'un moineau-. Mais tout de même .. Son pays rêvé et imaginaire était tellement plus plaisant..

WILDBIRD
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Q
uelques années à peine s’écoulaient depuis la terrible tragédie qui avait touché la famille Harlton. Des années durant lesquelles, le deuil s’apaisait à mesure que les rayons du soleil pénétraient les orifices du château pour venir se refléter sur la peau d’une pâleur immaculée de la petite fille. La survivante résidait sur ses terres et avec elle, tous les souvenirs qui ne cessaient de la menacer de s’évaporer petit à petit. Déjà, les cauchemars de jadis devenaient moins réels, même si le résultat persistait toujours. Déjà, les traits du visage de son père commençaient à s’effacer, ne devenant que des traits grossiers qu’elle reconnaissait à peine. Mais pourtant la haine et la rancœur envers ceux qui lui avaient ôté ce que les autres pouvaient connaître, à savoir la douce chaleur d’un père aimant, résidait intacte. La petite Marianne essayait tant bien que mal d’apprendre des failles de son nom, elle cherchait à comprendre les pourquoi d’une telle injustice. Mais son jeune âge ne pouvait que la confronter face à des barrières qu’elle ne savait pas encore enjambées pour ainsi en découvrir la vérité. Tout ce dont elle voyait s’apparentait à de la pitié, une sorte de supplication de la part des personnes qu’elle côtoyait tous les jours et qui cherchaient simplement à ce que ce sourire perdure sur ses lèvres. Mignonne, la petite fille s’exécutait quant à cette tâche, envieuse elle aussi de pouvoir connaître ce sentiment de bien être et de bonheur que les autres petites filles avaient la chance de connaître avec leur père. Mais elle… Elle n’en avait plus… Heureusement pour elle, sa famille n’était pas entièrement meurtrie tant la présence de son oncle s’avérait représenter une figure paternelle qu’elle se plaisait à rejoindre en courant dans les couloirs. Ses bras s’ouvraient d’une manière bien grande dès qu’elle reconnaissait sa stature haute et imposante. Sur ses deux jambes, cet homme à la figure austère souriait dès qu’il croisait le regard de cette douce enfant, comme si il y voyait là son unique rédemption face aux atrocités qu’ils avaient tous connus ici. « Oncle Arwood ! » Marianne venait de s’époumonait de l’autre côté de la pièce, cette grand-salle qui lui paraissait interminable et qui lui donnait l’impression que la personne de sa convoitise se trouvait à des mille de l’endroit où elle se situait. Ses petites jambes traversaient la pièce avec cette fougue qui ne la quitterait jamais, alors qu’elle arrivait déjà à hauteur de son oncle, qui se baissait pour l’accueillir dans ses bras. « Marianne, je t’ai déjà dis qu’il n’était pas nécessaire de courir. Une dame ne doit pas s’empresser de la sorte. » Les joues de la petite fille se mirent à rosir alors qu’elle comprenait ce faux pas qu’elle ne parvenait pas à contrôler. Néanmoins, le sourire sur le visage de son oncle veillait à apaiser un peu cette déception. Le protocole jouait une part importante de son enseignement, chose qu’elle n’appréciait guère. « Je voulais juste vous dire bonjour avant de partir… J’avais peur de vous manquer… » La petite moue qu’elle affichait sur son visage représentait bien cette sincérité qui se traduisait dans ses mots. L’amour qu’elle portait à son oncle était tel celui d’une fille face à son père et cette relation ne ferait que s’intensifiait d’années en années. Le lord de la maisonnée secoua doucement sa tête, signe de reddition face à ce caractère téméraire dont il ne parvenait pas à en contrôler les aspects. Mais surtout, parce qu’il appréciait qu’il en soit ainsi. « Eh bien à présent que tu m’as vu et salué, il est l’heure de rejoindre ton mestre pour continuer ton enseignement. Nous nous verrons pour le repas, allez file avant que je ne t’entraîne moi-même à lui. » « Permettez que je l’accompagne mon seigneur, marcher me laissera songer au meilleur moyen de vous apporter mon aide. » Le jeune chevalier qui s’avançait, servait la famille depuis la décapitation du père de la petite Marianne. Grand, fort, il représentait pour la petite fille une oreille attentive depuis lors, mais surtout, il était celui qui lui apportait des friandises lorsque son humeur se trouvait désorientée. Ainsi, c’est en détournant la tête pour afficher un sourire satisfait, que Marianne croisa le regard de ce Roadney avant que ses yeux ne reviennent vers son oncle qui se relevait en soupirant. « Très bien, je vous laisse vous occuper de ma nièce Ser Roadney. Veillez à ce que le mestre lui inculque les bons enseignements. Nous reparlerons plus tard. » Marianne ne put s’empêcher de se saisir de la main de son oncle alors que ses yeux le suppliaient de son désir de rester avec lui pour la journée. Le rôle de Lady n’était pas une chose pour le plaire, bien au contraire, toutes ces tâches qui lui incombaient, lui donnaient l’impression de revivre encore et encore les scènes vaporeuses de ses cauchemars. « Plus vite tu iras et plus vite tu termineras, allons mon enfant. » Arwood relâcha sa main et la remonta de manière à lui faire signe de quitter la pièce pour se rendre où elle le devait. A cet instant, la petite fille sentit le poids du monde tomber sur ses frêles épaules alors qu’elle relâchait cette main pour faire demi -tour en traînant ses pieds. « Ton port de tête Marianne ! » Elle soupira de dédain et leva les yeux au ciel en se redressant comme elle le devait. Elle détestait ce protocole… Tout comme elle détestait ce rôle qui lui incombait. Roadney restait derrière elle pour le temps qu’ils franchissent la grand-salle, et une fois dans les couloirs, la petite fille regarda derrière elle avec un air malicieux pour lui sourire de toutes ses dents. « Oh je sais ce que vous êtes en train de penser ma petite dame.» Marianne s’arrêta de manière à attendre que le chevalier la rejoigne à ses côtés et agrandit son sourire à mesure qu’ils déviaient dans un autre couloir. « Mais il fait beau dehors aujourd’hui, et puis vous pourriez lui dire que je suis alitée… » « Et qu’en sera-t-il lorsque votre oncle sera au courant de votre absence ? Quel prétexte trouverez-vous ? » La petite fille fit mine de réfléchir suscitant les rires du chevalier qui regardait droit devant et dont elle connaissait le caractère. Elle savait qu’il l’aiderait. « Mas j’ai promis à Camelya de la rejoindre aujourd’hui. Nous rejoignons la cabane en bord de fleuve, voyez vous savez même où me trouver… » Prenant les devants, la petite fille se posta devant le chevalier et marcha à reculons, une démarche qui n’allait pas du tout dans l’aspect protocolaire qu’elle se devait de remplir. « Lady Marianne, je sais que vos envies vont vers ce que les autres petites filles ont la possibilité de connaître et vivre, néanmoins vous devez remplir cette responsabilité qui vous incombe. Songez à l’instant où vous serez grande et à la manière dont vous devrez gérer ce domaine. Vous verrez que cet enseignement vous sera bénéfique et d’une grande sagesse. » La petite Harlton ne put retenir bien longtemps la moue à mesure que ses bras se relevaient pour se croiser devant son torse. Elle boudait. Si bien qu’elle reprit sa marche sans dire mot de plus tout en dégageant des possibilités les unes plus farfelues que les autres pour s’extirper de ce piège. Mais alors qu’ils devaient continuer tout droit, Roadney passa devant elle pour lui ouvrir la porte qui donnait sur l’une des sorties transversales du château. « Revenez dans trois heures au plus tard, je dirai à votre mestre que vous ne vous sentiez pas bien durant le chemin et que je vous ai conseillé de trouver repos. » Les yeux de Marianne retrouvaient les étincelles d’émerveillement qui l’animait à chaque fois qu’elle avait la possibilité de gagner une faveur. Et confiante quant aux actes du chevalier, la petite fille s’empressa de venir serrer son flanc contre elle en fermant les yeux. « Merci. » laissa t-elle échapper avec une gratitude bien tangible avant de le relâcher et d’emprunter le chemin qui la mènerait vers sa liberté.

Rusée, la petite fille s’empressa de descendre les escaliers à grandes enjambées avant de contourner les écuries. Sa petite taille lui donnait un avantage pour se dissimuler derrière des grandes barriques ou des sacs de grains, même les postérieurs d’un cheval lui étaient une bonne cachette. Elle contourna plusieurs serviteurs de cette manière, jusqu’à ce qu’elle ne passe par les cuisines. « Lady Harlton, je ne pensais pas vous croiser ce matin ! » Les pas de Marianne s’arrêtèrent derechef à l’instant même où la cuisinière lui témoignait de sa visibilité. Telle la petite fille prise en flagrant délit, cette dernière se retourna pour afficher un sourire poli à cette dame. « Le mestre m’a donné congé pour quelques heures, je désirai simplement rejoindre l’arbre pour y songer un peu. » La petite femme potelet et bien portante s’avança un peu plus pour toiser le regard de la petite fille. Son regard n’annonçait rien qui vaille, mais comme à son habitude, le sourire la trahissait bien avant qu’elle ne daigne lui donner une leçon de morale, chose qui fit sourire de plus belle la petite fille. « Allons donc et il va vous faire sortir sans rien dans le ventre ? Venez, approchez par là que je regarde ce qui pourrait vous ragaillardir. » Marianne adorait ces instants, ces moments où elle avait l’impression d’être appréciée par sincérité et non par obligation. Chacun avait une place bien importante dans son cœur, si bien qu’elle se jurait intérieurement de ne jamais les décevoir. Ses petites jambes traversèrent la cuisine jusqu’à ce que l’odeur de la tarte aux framboises n’en vienne à titiller ses papilles. « Vous êtes tellement gentille avec moi. » La cuisinière se contenta de lui en couper une assez grosse part qu’elle enveloppa rapidement dans un linge blanc. « C’est votre préférée si je ne m’abuse ? Je comptais vous la faire servir à midi mais puisque vous êtes là. » Marianne admira cette petite femme avec un regard empli de reconnaissance et de gratitude à mesure qu’elle articulait un merci bien audible. « Ça vous donnera des forces pour vos pensées. » Le sourire intarissable de Marianne accompagnait le regard bienveillant de la cuisinière avant qu’elle ne prenne congé de cette dernière. Les mains pleines, elle contourna enfin l’entrée du château et se retrouva devant ce grand arbre si significatif de sa maison. Selon elle, sa prestance n’avait aucune égale, tant il reflétait une force incommensurable tant bien par le temps que par le climat. Ses racines durement ancrées dans le sol ne laissaient rien présager quant à un avenir incertain pour la famille. Il résidait là et insufflait une force constante qui veillait à laisser présager à la petite fille qu’un jour elle consoliderait encore plus sa magnificence. Mais là n’était pas la question. Détournant son regard, Marianne se confronta aux regards de quelques résidents du domaine et les gratifia d’un sourire doux et sincère. Cependant, son regard se voulait curieux et désireux de retrouver la silhouette de cette petite sœur de cœur avec qui elle devait passer sa journée. Ses pas avancèrent encore un peu, alors qu’elle prenait soin de ne pas écraser ou même faire tomber ce morceau de tarte qu’elle tenait entre ses mains. Ses yeux rivèrent à droite, puis à gauche à sa hauteur, rien… Peut être que Camelya avait eu un empêchement ? D’autres pas la guidèrent jusqu’à la forge, peut être qu’elle trouverait ainsi  son amie en train de discourir avec son père. Mais alors qu’elle s’y rendait, la petite fille eut la sensation d’être observée. Une impression qui eut le don de la mettre mal à l’aise alors qu’elle rebroussait chemin, si son oncle la voyait ici, aussi bien Roadney qu’elle seraient punis… et autant, elle acceptait la punition qu’elle ne pouvait permettre qu’il en soit ainsi pour ce chevalier. C’est alors qu’elle revenait sur ses pas qu’elle trouva le regard qu’elle sentait se poser sur elle depuis quelques minutes. Un jeune garçon un peu plus vieux qu’elle était adossé contre le mur d’une maison. Marianne lui offrit un sourire qui eut le don de le faire rougir et baisser ses yeux avant qu’il ne disparaisse dans l’ombre. Fronçant ses yeux, la petite fille ne comprit pas ce qu’elle venait de mal faire, d’autant plus qu’elle aurait été heureuse de pouvoir lui parler, mais ses yeux finirent par trouver des jambes un peu plus hautes. « Je croyais que tu étais avec ton père. » Lança t-elle en arrivant à hauteur ou plutôt sous Camelya. « Cela fait longtemps que tu m’attends ? » S’enquit-elle avant de tirer sur la robe de sa grande amie pour l’obliger à descendre de ce perchoir. Si elle était vue, ça en serait fini pour cette journée. « Il va falloir que nous nous dépêchions, Roadney m’a aidé pour quelques heures. Et je ne voudrai pas que mon oncle s’aperçoive de mon absence… »


WILDBIRD
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L
oin de toute préoccupation d'adulte, la petite Camelya vivait sa petite vie comme elle le voulait, comme elle le pouvait, comme elle l'entendait. Du moins, c'est ce qu'elle se plaisait à penser. Oser croire qu'on a le contrôle sur sa propre vie, c'est tout de même bien plaisant. Et la brunette de Castel-Bois n'échappait pas à la règle. Après tout, elle restait tout de même une fille de couturière, l'une de celle qui devra un beau jour, reprendre l'affaire familiale. Cette simple idée la faisait frissonner non pas d'impatience, mais plus d'un air blasé. Très sincèrement, faire des points sur du tissu n'était pas son activité favorite, et pourtant elle n'avait pas le choix. Si bien que ses mains étaient déjà douées avec des aiguilles, et que les ouvrages qui sortaient d'entre ses doigts avaient déjà une valeur peu commune. La brune n'était pourtant qu'une gamine. Mais, elle avait de l'or au bout des doigts, si seulement elle s'en donnait la peine. Malheureusement, comme toutes fillettes de son âge, travailler de la sorte n'était de loin pas dans ses priorités. Si elle passait quelques heures à l'atelier pour se perfectionner, il n'en restait qu'elle était une fillette, qui avait besoin de passer du bon temps en compagnie de ses amis et de s'autoriser à vivre ses rêves les plus fous. Elle allait suffisamment travailler dans sa vie pour ne pas s'accorder le doux répit des jeunes années. Pour Camelya, tout allait pour le mieux en ces temps-là, juste parce qu'elle avait encore la chance d'avoir son père à ses côtés, tout en jubilant de cette douce naïveté de jeunesse. Tout le monde dans la petite ville de Castel-Bois connaissait ce petit phénomène brun, si bien qu'elle n'était pas considérée comme la simple fille du forgeron et de la couturière, non. Elle était plus vue comme la petite demoiselle en devenir qui ne cessait de rêvasser. Une véritable tête en l'air qui s'émerveillait souvent d'un rien. La tête dans les nuages, la fillette s'amusait à imaginer des formes dans les airs, allongée dans l'herbe et les mains sous la tête tout en se faisant des histoires dignes des plus beaux contes. Il faut dire qu'elle avait de l'imagination à revendre et à transmettre. C'était d'ailleurs pour cette raison-là qu'elle s'amusait à faire part de ses récits à son frère, qui l'écoutait toujours attentivement même s'il était encore bien plus jeune et bien plus turbulent qu'elle. Camelya a toujours été capable de faire n'importe quoi pour apporter le sourire sur le visage de son cadet. Elle avait été des plus ravies lorsqu'elle a su que l'enfant que sa mère portait était un petit garçon. Après, elle aurait très certainement réagit de la même façon si elle n'avait pas eu un petit frère, mais une petite sœur. Si une chose était sûre, c'est qu'elle ne voulait pas être la seule enfant de cette petite famille. L'arrivée d'Ayden l'a donc rassuré sur ce rôle qu'elle n'allait pas devoir assumer seule, même si la couture semblait plus que jamais lui tendre les bras. Son cadet allait certainement suivre les pas de son père et ça, Camelya ne pouvait pas lui en vouloir, même si elle pouvait jalouser son frère pour passer autant de temps avec le père de famille qui transmettait à son fils son savoir. A choisir, la demoiselle s'y serait mise à son tour. Sauf que le simple regard de sa mère lui faisait baisser la tête pour accepter ces fils et ces aiguilles. Un rôle bien plus féminin qu'elle lui disait.. Une réplique qui avait le don de laisser la brunette se désoler de sa condition de femme en devenir. Pour Camelya, la vie d'un homme était plus simple, surtout qu'elle avait vu la fatigue sur le visage de sa mère peu après la naissance de son frère et ça, la brunette s'était mise en tête d'éviter un état semblable. Sauf que, bien entendu, elle allait devoir s'y faire un jour. Un événement qui signerait, d'après elle, la fin de sa vie innocente et naïve qu'elle se plaisait à vivre. Par chance, elle avait encore de belles années devant elle avant de songer à ce genre de choses et surtout, elle allait pouvoir continuer de vivre sa vie pleine de rêves et d'insouciances comme elle l'entendant pendant encore un moment.

Et pour l'heure, ce n'était pas un jeune garçon qu'elle s'apprêtait à retrouver, mais bel et bien son amie de toujours. Cette dernière qui, il faut le dire, n'avait pas été des plus gâtées par les dieux. Raison pour laquelle la brunette, bien que plus jeune que Marianne, s'amusait à dire et à faire n'importe quoi pour récolter le moindre sourire sur le visage de la jeune Harlton. Bien que cette dernière avait un nom et venait d'une famille bien plus importante que celle de Camelya, cette dernière ne pouvait que se dire qu'elle était nettement plus chanceuse à ce niveau-là.. Toujours du haut de son observatoire favoris, la petite couturière vit enfin cette silhouette qu'elle connaissait si bien. Marianne arrivait alors qu'elle semblait quelque peu perdue, la cherchant du regard très certainement. La petite couturière, amusée, haussa un sourcil tout en battant de ses fines jambes contre ce muret tout en s'appuyant de ses petites mains sur ce même rebord. Un énorme sourire s'installa sur son visage. « Je croyais que tu étais avec ton père. » Haussant doucement ses épaules, la brunette roula des yeux tout en jetant un coup d’œil en direction de la forge qui n'était pas visible de cet endroit. « Il n'est pas à la forge aujourd'hui. Enfin, je ne crois pas.. » qu'elle lui répondit alors, toujours avec son sourire habituel sur les lèvres. Et oui, elle était juste ravie de pouvoir passer un peu de temps avec Marianne. « Cela fait longtemps que tu m’attends ? » La brunette fit un signe de la tête de gauche à droite. Enfin, elle ne savait pas depuis quand elle attendait sur ce muret. Mais ce n'était qu'un détail pour elle, donc autant dire à Marianne que cela ne faisait pas bien longtemps. A peine son petit signe de tête fait, la main de son amie tira sa robe, si bien que Camelya mis pieds à terre en gloussant à moitié. Heureusement, elle n'était pas des plus maladroites, si bien qu'elle adressa un nouveau sourire à son amie. « Non, ça ne fait pas bien longtemps. Le vieillard du bas de la rue n'est pas encore monté chercher son pain. » qu'elle lui dit alors, prouvant à son amie qu'elle connaissait très bien les petits rituels et habitudes des habitants des environs qui n'avaient aucun secret pour elle. Remettant un peu sa robe en état, elle écouta son amie poursuivre.. « Il va falloir que nous nous dépêchions, Roadney m’a aidé pour quelques heures. Et je ne voudrai pas que mon oncle s’aperçoive de mon absence… » Acquiesçant d'un léger signe de tête, Camelya ne savait que trop bien les impératifs que son amie devait prendre en compte, même si elle les trouvait vraiment ennuyants. Elle fit une petite moue, mais bien amusée à son amie. « En fait, ma chère Marianne, tu es censée être avec ton mestre en ce moment même.. » que la brunette lui dit alors, avec une certaine espièglerie dans le regard. Après tout, elle la connaissait si bien qu'elle ne tardait pas à prendre le chemin de cette fameuse cabane. « Pas de temps à perdre alors. » Prenant les coins habituels pour ne pas être vues, elles s'éloignaient de ce point de rendez-vous. « Comment te portes-tu ? » La petite brune ne pouvait pas cacher une certaine inquiétude dans son regard en lui portant cette question pourtant banale. Camelya ne faisait pas énormément de différence entre Marianne et ses autres amis, dans le sens où elle méritait la même amitié si ce n'était une plus forte. Jamais la petite couturière ne se vantait de pouvoir compter parmi ses amitiés les plus sincères, celle d'une jeune personne qui n'était pas vraiment destinée à la même vie qu'elle.
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C
astel-Bois tentait de survivre. Le domaine essayait d’aller de l’avant à sa manière, non sans oublier les tragédies qu’ils venaient tous de connaître. Les années défilaient et pourtant, les regards et les comportements restaient indemnes. Compatissant, parfois même tristes, ils tentaient de se reconstruire chacun à sa manière et tendaient à espérer en une nouvelle vie à chaque fois qu’ils croisaient les petites émeraudes de la victime de ces pertes. Le choix ne faisait pas partie intégrante de la vie de la petite fille et ça n’importe qui pouvait le concevoir. Sa vie était régie selon des règles qu’elle devrait suivre, des protocoles qu’elle devrait respecter, mais surtout selon une politique qu’elle serait amenée à devoir comprendre un jour. Marianne devait plus que tout autre chose devenir une lady, afin de poursuivre les aspirations de feu son père. Elle ne cessait de l’entendre, le mestre se plaisait à répondre en échos avec les dires de son oncle, tant est si bien que les démons nocturnes s’intensifiaient un peu plus. Mais là encore, l’apprentissage prenait le dessus malgré elle, si bien qu’elle parvenait à dissimuler aux yeux de tous sa peine et sa douleur. On lui apprit l’ordre les priorités, la manière de régir un domaine, mais surtout la condition dans laquelle elle se trouvait. Elle n’était pas suzeraine et son oncle ne préférait pas lui en inculquer la besogne, elle n’était pas non plus une paysanne, mais là, lord Arwood n’avait d’autres choix que de la laisser filer lorsqu’elle désirait assister aux moissons ou même aux plantations des grains. La jeune lady avait soif d’apprendre, et même si le mestre avait tendance à l’ennuyer, il n’en restait pas moins qu’elle comprenait l’enjeu de chacune de ses interventions. Un poids pesait déjà sur ses épaules, sa jeunesse n’aurait d’yeux que dans cette connaissance qu’elle devait assimiler pour ainsi anticiper un avenir plus certain. Mais elle n’était qu’une enfant. Une petite fille qui désirait simplement agir comme les autres, une âme qui cherchait de l’affection parentale, un sentiment qu’elle ne connaîtrait jamais. Peut être se dévoilait-elle comme espiègle quant aux volontés de son oncle ? Peut être même que la maturité avait du mal à percer par delà les caractères enfantins de son être ? Néanmoins, elle ne pouvait se résoudre à vivre selon les règles d’une rancune à l’égard de son passé. La douleur était là, belle est bien présente, elle lui donnait parfois l’impression de souffrir plus que de raison, mais il y avait pourtant le bonheur derrière tous ces nuages. Il subsistait aux travers des amitiés qu’elle recevait de la part des sujets de sa famille, mais également de ceux qu’elle considérait comme des amis. Et la petite fille aussi sotte soit-elle avait compris que rien ne pourrait être bon tant que la rancœur perdurait… Qu’il fallait simplement accorder de l’attention aux petites choses, aux quelques détails d’une vie, pour ainsi grandir davantage et savoir répondre d’une bien meilleure manière que ce que les livres pouvaient décrire. La guerre ne servait qu’à attiser la douleur et infliger des pertes et elle espérait pouvoir se tenir au dessus de cela, ainsi son père serait probablement fier de son devoir. Qu’est ce que le pouvoir si ce dernier infligeait les peines de son propre peuple ? Le plus grand pouvoir résidait dans les sourires qu’on pouvait partager, dans les amitiés qu’on se plaisait à offrir, et dans cette confiance mutuelle et bienveillante qui tendait à nous tirer vers le haut. Marianne l’avait déjà compris et elle ne cessait de le comprendre à mesure que ses chers lui rendaient cette gentillesse et cette dévotion qu’elle leur offrait en retour. Innocente ? Oui elle l’était, mais cette innocence l’amènerait peut être un jour à accomplir de grandes choses. Ou à la perdre. Mais elle préférait de loin vivre comme elle le faisait, plutôt que devoir répondre à des vilénies qui la dépassaient. Aventurière, Marianne avait trouvé un allié fidèle en la personne du jeune chevalier, Roadney. Ce dernier veillait toujours à assurer ses arrières lorsqu’elle faisait une bêtise, ou simplement par simple gentillesse. Et il l’avait encore fait aujourd’hui. Le sourire résidait intact sur les lèvres de la petite fille de Castel-Bois, alors qu’elle pouvait croiser du regard quelques uns des habitants de son domaine. Connue de tous, il lui arrivait, quand elle en avait la permission, de venir les voir pour simplement en apprendre un peu plus de leurs obligations. Elle essayait de s’intéresser à tout et plus encore, elle voulait simplement leur montrer qu’elle allait de l’avant, pour eux.

Le garçon plus âgé venait tout juste de s’éclipser dans l’ombre, suscitant une moue dubitative sur le visage de la petite fille. Peut être avait-elle fait quelque chose de mal ? Elle se jurait intérieurement que si son chemin venait à le croiser à nouveau, elle s’en excuserait, bien qu’elle n’ait pas eu l’impression d’avoir mal agit. En attendant, c’est avec une pointe d’amusement dans le regard et dans la voix qu’elle interpella son amie. Cette petite sœur de six ans sa cadette, qui n’avait pas le même sang qu’elle, mais qui représentait tout de même cette image qu’elle voulait préserver contre tout. Elles venaient à peine de se retrouver que déjà, Camelya commençait à faire preuve d’une arrogance à son égard. Rien de bien méchant, Marianne ne lui en tenait même pas rigueur, tant elle savait que cela n’était pas contre elle. La petite fille vivait probablement des évènements bien plus douloureux et difficiles qu’une orpheline dans un château. Souriant de plus belle, la petite Marianne ne put s’empêcher de détourner ses yeux pour admirer la rue dans laquelle la forge du père de Camelya se trouvait. Haussant ses épaules, alors qu’elle cherchait à nouveau du regard le garçon disparu, elle ramena bien vite ses émeraudes dans les iris chocolat de son amie avant de s’inquiéter du délai. La petite fille ne put retenir bien longtemps le soupir de satisfaction au moment même où son amie la rassura quant à la patience dont elle faisait preuve. Des deux, Camelya était la plus patiente et ce depuis qu’elle était née. « Il ne va surement plus tarder. » Répondit-elle amusée, alors qu’elle attrapait doucement le bras de son amie pour lui expliquer plus en détails ses inconvenances matinales. Non, elle n’avait pas à être là, tout comme elle espérait que personne ne viendrait à répéter à son oncle sa présence dans la cour. Affichant une légère moue timide, la petite fille en profita pour glisser la pression quant à sa responsabilité qui lui incombait au sujet de la position du chevalier qui lui était venu en aide. Chose à quoi, Camelya s’empressa de lui donner une réponse qui n’eut d’autres effets que de lui faire tirer la langue. Oui bon d’accord, elle était bien loin de la tenue impeccable et irréprochable qu’une lady se devait d’avoir, mais la tentation était bien trop forte. « Chuuuut doucement… Si quelqu’un vient à t’entendre… » Marianne tira un peu sur le bras de sa petite sœur de cœur pour la ramener à la réalité et lui faire comprendre que ce jeu pouvait avoir de grandes répercutions, surtout pour ce pauvre Roadney. Bien heureusement, son amie alla dans son sens et commença à prendre le chemin qui les mènerait en dehors de l’enceinte du château. Des coins s’enchainaient, tous connus sur le bout des doigts, ces coins se transformaient en recoins et déjà elles arrivaient au niveau du pont-levis. « Compte tenu de mon absence en ce qui concerne les apprentissages du mestre, je me porte plutôt bien. Et toi ? » s’enquit la petite fille alors que ses yeux cherchaient de la sincérité et de la franchise dans le regard de son amie. Car s’il y avait bien une chose qui pouvait lui faire du bien et lui insuffler de la force, il s’agissait bien de la bonne santé et la bonne humeur de ceux qu’elle chérissait. La petite fille possédait un cœur altruiste, une faculté qui veillait à lui laisser croire qu’un jour, elle saurait rendre heureux ceux qui le méritaient.  Les deux petites filles s’engouffrèrent dans un trou sur l’un des côtés de la muraille. Ce dernier leur assurait un passage sans être vues des gardes qui maintenaient la porte principale. Après quoi, il leur suffisait simplement de se frayer un chemin aux travers les rocailles pour rejoindre la forêt. Un chemin qu’elles avaient pris bon nombre de fois et qu’elles étaient en train de frayer pour ainsi rejoindre la forêt. Toutes deux silencieuses, Marianne passait toujours devant de manière à assurer la bonne stabilité du terrain pour la plus petite. Elle lui tendait la main aux moments opportuns tout comme elle prenait garde de ne pas tomber elle non plus. Le chemin passé, voilà qu’elles entraient ensemble dans la forêt et plus apaisées quant aux visions des gardes qui auraient pu les prendre, Marianne en profita pour relever le morceau de tissu qui cachait la part de tarte et la tendit en direction de son amie. « Tiens, je ne sais pas depuis combien de temps tu n’en as pas mangé. Je me suis dis que tu en aurais plus besoin que moi. C’est la cuisinière qui me l’a donné ce matin. » Un nouveau sourire se partageait entre les deux petites filles alors que Marianne continuait de tendre sa main en direction de la petite Camelya. « Je ne te l’ai pas demandé, mais désires-tu que nous continuions ton apprentissage à la lecture aujourd’hui ? » Les bois étaient un havre de paix pour Marianne, ils se dessinaient comme un moyen certain de pouvoir délaisser pour quelques instants les responsabilités qui lui incombaient afin d’être libre de tout. Libre de s’exprimer, libre de se mouvoir, mais surtout libre d’être elle. Personne ne viendrait la reprendre quant à sa tenue et son port de tête, personne ne viendrait lui assigner une tâche qui nécessitait sa présence impérative, personne ne pourrait enlever ce sourire qu’elle partageait avec son amie. Et pour cela, tout comme pour toute son amitié, la petite Marianne était grandement reconnaissante envers Camelya.

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L
a vie en elle-même est une donnée bien illusoire. Personne ne peut être en mesure de la comprendre ou de l'influencer d'une quelconque manière que ce soit. Pour la petite Camelya, si tout allait bien dans sa petite vie de petite couturière un brin rêveuse -sans doute même trop-, ce n'était qu'une question de temps après tout, avant que tout cela ne prenne une tournure loin d'être agréable et bousculant ses acquis et ses convictions les plus profondes. Si le ciel au-dessus de sa tête n'était pas encore, à ce moment-là, entaché d'une noirceur inquiétante, il n'en restait que ce n'était de loin pas le cas pour tout le monde. Bien entendu, la petite brune savait ce qui était arrivé à la famille de Marianne. Et pourtant, même si cela la touchait grandement, il n'en restait qu'elle ne souhaitait voir qu'une seule chose : le sourire de son amie. Et pour cela, toutes les facéties et autres jeux de petites filles étaient permis. Si elle n'avait pas encore pleinement conscience de ce qu'était la mort, il n'en restait qu'elle partageait la peine de sa belle soeur de cœur. Sauf qu'au lieu de lui ressasser ces événements en boucle, la petite rêveuse de Castel-Bois préférait un tout autre refrain. Voilà pourquoi elles se voyaient si régulièrement. Sans partager le même sang ni le même rang, elles parvenaient à tisser une belle amitié, solide comme la pierre. Personne ne pouvait remettre leur amitié en jeu tant elle ne faisait aucun doute parmi leur entourage. Du moins, celui de Camelya. Sa mère était d'ailleurs souvent en charge de veiller sur la jeune Harlton, ce qui accordait du temps ensemble aux deux fillettes. Et bien entendu, comme bien souvent, Ayden, le petit frère de la brunette n'était pas bien loin. Il faut dire qu'il a toujours eu une place privilégiée dans sa vie, dans le sens où la petite couturière était très protectrice envers lui et ce, depuis toujours. Il sera d'ailleurs impressionnant de voir à quel point ce fait se retrouvera inversé quelques années plus tard, dès la disparition de leur père. Bien que très jeune encore, le cadet de la famille -devenant le seul homme- assumera son rôle de la plus belle des manières, honorant ainsi la mémoire de ce père dont aucune nouvelle ne leur sera donnée. Mais là, pour le coup, le jeu était ainsi fait de telle sorte à ce que l'ainée demeurait celle qui couvait l'autre. Et c'était sans doute grâce à cette relation très forte avec son frère qu'elle savait comment réconforter son amie lorsque les tourments venaient à la ronger. Il était important pour la brunette de se montrer présente pour elle, quitte à laisser de côté ses propres problèmes qui, lorsqu'elle en avait, étaient loin d'être tâchés d'un deuil. Ils ne représentaient, du coup, pas grand chose comparé à la peine de la douce Marianne. La cadette de ce joyeux duo commençait d'ailleurs à laisser son imagination vagabonder en des récits tous plus héroïques les uns que les autres même si sa mère ne cessait de la rappeler à l'ordre, lui expliquant très clairement qu'elle n'était pas là pour conter les merveilles de ses rêves les plus fous. Ses si petites mains étaient déjà bien marquées par le travail des aiguilles, son jeune âge n'étant de loin pas pour l'aider à rester concentrée à la tâche. Ses doigts avaient déjà souffert et étaient la preuve réelle de sa tentative d'implication dans l'affaire familiale, sachant très bien qu'elle n'allait pas avoir le choix au sujet de son futur. Elle allait être une couturière. Comme sa mère, comme sa grand-mère et la mère de cette dernière sans oublier celles d'avant encore. C'était ainsi dans la famille, elle ne pouvait pas déroger à cette règle.. Certes, elle savait que d'autres vivaient bien plus mal qu'eux. Que ce métier n'était pas si horrible que cela dans le fond puisque d'autres étaient bien plus compliqués, plus physiques ou autre. Mais, il n'en restait qu'elle se rêvait une autre vie, loin de tout ça. Le sens de l'obligation primant tout de même, la fillette suivait d'une oreille -certes distraite- les conseils de ses ainées dans l'apprentissage de cet art. S'il lui semblait cruel de devoir imaginer sa vie faite de tissus et de fils en tous genre, elle était tout de même à des lieux de la vérité, celle-là même qui finira par la rappeler à l'ordre.

Fait qui amusait la brunette, elle avait cru voir que son cadet avait toujours un certain regard envers sa grande sœur de cœur. Après tout, il avait bien raison de voir en Marianne une future dame en devenir de toute beauté. La petite couturière n'hésitait jamais à l'embêter gentiment, n'étant de loin pas aveugle ni même naïve au sujet de son changement de comportement lorsque la belle pointait le bout de son petit nez. Là, pour le coup, en cette journée, Camelya était seul. Son jeune frère n'était pas avec elle, et cela ne lui déplaisait pas non plus de pouvoir passer un peu de temps seule avec sa sœur de coeur. Bien qu'elle fût assez en avance -comme bien souvent-, elle n'était pas certaine de pouvoir voir son amie en ce jour. Après tout, elle avait des obligations bien différentes des siennes et qui ne se correspondaient pas toujours entre elles. Et même si elle n'en n'avait pas toujours forcément bien conscience, la petite brune comprenait. Heureusement, il semblait que ce jour allait être accompagné de leurs rires mêlés et de moments bien plaisants. « Il ne va surement plus tarder. » que dit alors la jeune Harlton alors que Camelya ne cessait de la rassurer tranquillement au sujet du temps qui passait. Haussant les épaules une fois de retour sur ses petits pieds, la petite brune ne pouvait s'empêcher d'accorder des sourires à Marianne, étant si heureuse de pouvoir l'avoir un peu pour elle en ce jour. Même si le petit vieillard n'allait pas tarder, il y avait encore un peu de temps avant que les rues ne s'animent véritablement. « Chuuuut doucement… Si quelqu’un vient à t’entendre… » Petit rappel qui colla une teinte gênée sur les joues de la brunette alors qu'elle fit une petite moue à l'adresse de son ainée. Ce n'était vraiment pas dans son intention que de coller des problèmes sur le dos de son amie ainsi que de ce fameux Roadney. Bien au contraire. « Désolée.. » fut le simple mot qui s'échappa de ses lèvres alors même que le regard de la petite brune ne quittait pas celui de son amie si ce n'était, simplement, pour se détourner quelque peu. Prenant ainsi un petit chemin qui les mènerait loin de là, Camelya sautillait presque sur place en sachant son amie auprès d'elle. Il faut dire qu'elle l'appréciait réellement et que chaque moment partagé allait former des souvenirs impérissables par les années. « Compte tenu de mon absence en ce qui concerne les apprentissages du mestre, je me porte plutôt bien. Et toi ? » Un petit soupir de soulagement lui échappa alors. Il n'y avait aucun doute à laisser entendre à n'importe qui que la brune préférât nettement entendre ce genre de réponse de son amie que de la savoir en pleine tempête intérieure. Mais tout de même, elle se permit de secouer brièvement la tête en l'entendant parlé de mestre. Voilà l'une des différences notables séparant leurs deux mondes. « Je vais bien. Nettement mieux maintenant ! » Un petit sourire complice se fit une place sur ses lèvres, sous-entendant très clairement que de passer du temps avec son amie la rendait encore plus heureuse. Même si elle était assez pudique au niveau de ses émotions, gardant tout pour elle plutôt que d'en parler, il était très facile de lire sur le visage de la conteuse en devenir ce qu'elle pensait à chaque instant. Il avait toujours été très aisé de lire en elle comme dans un livre ouvert. Le chemin n'était pas toujours facile, surtout pas vêtues de robes, mais les deux se débrouillaient comme des petits chefs en s'aidant au mieux. L'environnement les entourant devenait de plus en plus silencieux à mesure qu'elles se rapprochaient de cette fameuse maisonnette. Leur antre, en quelque sorte. « Tiens, je ne sais pas depuis combien de temps tu n’en as pas mangé. Je me suis dis que tu en aurais plus besoin que moi. C’est la cuisinière qui me l’a donné ce matin. » que lui dit alors Marianne, en découvrant cette part de tarte qui eut le don de laisser de grands yeux ouverts dessus de la part de sa cadette. Relevant son regard vers Marianne, la petite brune eut un sourire à faire rougir l'âme la plus en peine. Gourmande comme pas deux, elle accueillait cela à bras ouverts. Mais tout de même, il en était hors de question qu'elle en profite seule. « Merci Marianne. On partagera cela une fois arrivées. Qu'en dis-tu ? » Un nouveau sourire à l'adresse de son amie alors que la douce odeur de cette délicieuse tarte lui montait à la tête alors que la tranquillité des bois résonnait dans ses oreilles. « Je ne te l’ai pas demandé, mais désires-tu que nous continuions ton apprentissage à la lecture aujourd’hui ? » Cela fait un petit moment que Camelya n'avait pas pu s'entraîner à la lecture et cette simple proposition lui fait un plaisir fou. Marchant tranquillement jusqu'à apercevoir, enfin, cette petite bâtisse, elle s'est décidé à lui répondre simplement. « Si ta patience nous permet de nous y mettre. On peut essayer, oui. » Après tout, Camelya était bien disposée à n'importe quelle activité tant qu'elle se passait avec Marianne. Apprendre à lire était comme un privilège que lui accordait son amie à ses yeux. Mais après, si elle avait plus besoin de se défouler en s'amusant, cela convenait tout aussi bien à la petite brune. Ce temps passé avec son amie était surtout pour qu'elle passe du bon temps.. Une fois arrivées devant cette maisonnette, Camelya ne tarda pas plus longtemps pour ouvrir cette petite porte branlante. « Au fait, il faudrait que tu passes à l'atelier. J'ai quelque chose pour toi. » La petite brune avait, en effet, préparé une belle cape pour son amie. Loin d'être parfaite, elle y avait passé du temps pour qu'elle s'en rapproche le plus. N'y tenant plus, elle fit un peu de place sur cette petite table et s'installa sur l'une des chaises. « Cette tarte a l'air si bonne.. » Il était impossible de refaire cette brunette au sujet de son penchant gourmand. Et puis, avant de s'amuser ou d'essayer de lire, il était judicieux de prendre des forces, non ? Jetant un coup d'œil à son amie, Camelya se disait que partager un morceau de tarte si appétissant avec son ainée de cœur était une façon plus que parfaite pour débuter cette nouvelle journée.
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L'
air frais battait contre les joues encore rosies de la petite fille, heureuse de s’extirper de ses obligations, cette dernière accueillait à bras ouverts les moindres instants qui la rapprochaient de ceux qui participaient à son bonheur. Loin d’être cachée derrière ces larges remparts, dissimulée à la vue de tous pour répondre à des protocoles qu’elle se devait de remplir pour son futur, la petite fille restait une enfant. S’extasiant devant un semblant de liberté ou du moins dès lors qu’une porte se trouvait entrouverte et qu’elle pouvait s’y engouffrer pour découvrir un nouveau monde : celui des aventures qu’elle se plaisait à vivre dans son esprit et durant lesquelles sa famille était réunie. Il lui était difficile de s’imaginer les traits de sa mère. Morte en couche, néanmoins elle essayait d’imager un visage aussi doux et aussi rayonnant que celui que son oncle se plaisait à lui conter. Cette silhouette éloignée lui tendait toujours la main et la petite fille sentait son cœur bondir contre sa poitrine à cet instant. Derrière elle, la silhouette de son père lui paraissait encore plus nette, l’accueillant lui aussi par ce grand sourire qu’il se plaisait à lui offrir et qui l’invitait également à les rejoindre plus rapidement. Découvrir le monde, partager des instants avec les siens, apprendre ce qu’il se passait derrière ces murs, voici donc les manières dont la petite Marianne usaient afin de répondre aux mieux des volontés de ses parents défunts. En seraient-ils fiers ? Les mélodies du cœur de cette petite canaille se plaisaient à croire qu’ils riaient de là où ils veillaient sur elle, à chaque fois qu’elle contournait les ordres de son oncle et qu’elle tentait de mener au mieux sa mission pour rejoindre son amie. Camelya représentait sa liberté, sa source de bonheur mais surtout ce soutien dont elle avait besoin pour affronter ce monde qui l’attendait. Une réelle bouffée d’oxygène, qui lui apprenait d’autres choses, des priorités qui semblaient pourtant dérisoire pour le Lord de la maisonnée, mais qui à bien s’y pencher tenaient un rôle primordial pour le bien être de cette demeure. Il n’y avait ni besoin d’apprentissage sur les lignées, ni même des heures impliquant quelques unes des règles à tenir dans la haute société, seule la simplicité résidait et cette dernière puisait ses forces dans des vérités qui ne cessaient de se partager de-ci de-là aux travers les ruelles du domaine. L’une des volontés de la petite fille était de pouvoir, un jour, participer aux moissons, d’apporter un peu de son aide pour ainsi partager avec les siens cet instant de bonheur qu’il lui arrivait d’entendre de ses appartements. Mais là encore, elle était bien trop jeune pour oser le demander à son oncle, cependant, elle le savait, un jour elle y serait. C’était peut être cette détermination et ce côté obtus qui participaient au mieux à la rendre plus accessible pour son peuple, adorable diraient certains, alors que d’autres voyaient ici une simple lubie. Pourtant cette lubie ne se tarira jamais. Cette petite fille qui courait aux travers des ruelles, à la recherche de sa petite sœur de cœur, resterait à tout jamais cette âme pure et sincère dont l’unique dessein est d’assurer la pérennité aussi bien de l’espoir que de la totalité des siens. La reconnaissance se lisait sur son visage dès que ses yeux croisaient une personne, prouvant ainsi d’une réelle bonne intention à leur égard et accordant par ce biais une protection bien certaine pour chacun d’eux. Se battre pour eux, se sacrifier pour eux, voici donc les crédos qui s’éveillaient au fil des ans et qui anticipaient les actes futurs. Quand bien même que ce comportement serait à tout jamais une priorité pour Marianne.

Curieuse de tout, la petite fille ne tarda pas à retrouver la silhouette de son amie et s’en approcha rapidement afin de la retrouver. Son sourire perçait par delà la fraicheur matinale, alors que la sincérité de ses dires allait de paire avec l’ensemble de son comportement. Passer du temps avec Camelya, pouvoir rire et ainsi partager des instants qui les délivraient toutes deux de leurs contraintes quotidiennes était toujours semblable à un rêve pour la petite fille. D’ailleurs, cette dernière ne put s’empêcher de sautiller sur place au moment où sa petite sœur descendit de son piédestal de fortune et s’empressa de prendre sa main. Le cœur de la petite Marianne battait à tout rompre contre sa poitrine et elle n’avait envie que d’une chose courir le plus loin possible et le plus vite aussi juste pour ne pas se faire prendre. D’ailleurs, elle remarquait que cette petite remise en condition paraissait gêner son amie, et une part d’elle s’en voulut immédiatement d’avoir ainsi assombrit un peu leur complicité. Mais bien vite, Marianne se contenta de hausser les épaules avant de pincer ses lèvres pour ainsi lui faire comprendre qu’elle ne lui en voulait pas et que ce n’était pas grave. Personne ne els avait entendu et personne non plus ne paraissait curieux de voir la petite lady sur la grand-place. Retrouvant rapidement le sourire, la jeune Harlton s’empressa de prendre la main de son amie pour ainsi se laisser conduire aux travers les chemins qu’elles connaissaient sur le bout des doigts. Se retenant de rire, tant l’instant lui paraissait joyeux et amusant, elle comprit au regard de Camelya qu’elles partageaient toutes deux le même état d’esprit et qu’elles allaient passer un excellent moment toutes les deux. Contournant enfin les quelques obstacles qui se dressaient devant elle, la petite lady attendit d’être complètement envahie par les bois pour ainsi ramener la conversation à l’ordre du jour et offrir ce met dont elle avait pu bénéficier toute à l’heure à sa petite sœur. Son sourire s’agrandit de plus belle au moment où la gourmandise de son amie l’animait de telle manière que Marianne pouvait bien reconnaître là son amie de toujours. « Je suis assez d’accord. Mais je tiens tout de même à rajouter que je préfère que tu la dégustes bien plus que moi. » Ramenant sa main pour ainsi saisir celle de la petite couturière, toutes les deux partagèrent enfin des rires enfantins qui veillèrent à animer leurs cœurs d’une joie incommensurable. D’ailleurs, c’est grâce à cette bienséance que Marianne en profita pour élaborer un planning qui pourrait les satisfaire aussi bien l’une que l’autre. En effet, apprendre à Camelya à lire plaisait beaucoup à la petite fille, car cela lui prouvait qu’elle pouvait elle aussi participer à quelque chose et ce quelque chose n’était pas moindre. L’alphabétisation était une chose qui manquait cruellement aux petites gens, et la petite fille y voyait là une différenciation plus que dérisoire puisque tout le monde aurait du avoir accès à ceci selon elle. Cependant, elle essayait de retrouver un apaisement dans ses réflexions en osant croire que son amie, sa petite sœur de cœur, maniait bien plus aisément les chiffres que n’importe qui. « Alors nous essaierons et si jamais la fatigue nous guette, peut être pourrions nous grimper aux arbres ? » Un regard innocent s’échangea entre els deux petites filles. Marianne était un peu trop casse coup et cela lui couterait un jour ou l’autre. Grimper aux arbres n’était pas dans les fonctions d’une lady, il lui semblait déjà entendre les remontrances de son oncle à ce sujet si jamais elle déchirait sa robe.  Mais son insouciance du à son jeune âge ne lui accordait pas encore cette réflexion. Seul l’instant présent comptait à cet âge. Et pour l’heure, elle suivait docilement sa grande amie et pénétrait dans cette cabane dont elle se représentait la bâtisse comme étant leur domaine, leur havre de paix, leur liberté, mais surtout la sienne. Ici, elle n’était plus la jeune lady Harlton mais bel et bien Marianne, une petite fille comme les autres, qui jouait comme les autres et qui rêvaient d’aventures comme les autres. Son sourire résidait intact, comme une empreinte bien établie sur ses lèvres. « Camelya, tu sais que tu n’as pas besoin de m’offrir quelque chose. Ton amitié me suffit et je ne veux pas te charger de travail plus que tu en as déjà. » son ton s’emplissait d’une réelle gratitude alors que ses yeux partageaient une compassion certaine. Néanmoins, ce geste touchait énormément son cœur, si bien que ce sourire n’en devint que plus timide encore. « Je me ferai une joie de venir à l’atelier, merci pour ta gentillesse. » Ses joues déjà rosies par le froid s’empourprèrent un peu plus encore jusqu’au moment où un rire s’échappa d’entre ses lèvres. Ce dernier se mit à résonner contre le bois, répondant en échos à la gourmandise de son amie qui lui rappelait qu’elles avaient une part de tarte à partager. S’affairant à son tour pour ainsi participer à la tâche, Marianne s’installa face à sa petite sœur et en profita pour poser sa tête sur ses avant bras tout en gardant son air amusé. « A toi l’honneur. » Souffla t-elle avec cet air coquin bien tenu sur son visage. La petite fille balançait ses pieds d’avant en arrière sur sa chaise alors qu’elle se retenait une nouvelle fois de rire, tant la joie l’envahissait à cet instant. « Tu peux même toute la manger si tu veux. Je pourrai t’en emporter d’autres ou demander à notre cuisinière d’en donner une à ta mère. » Là était la vérité et le monde, dans les yeux noisettes de son amie qui lui donnait l’impression d’être heureuse grâce à une simple part de tarte. Il n’y avait plus beau spectacle que celui-ci, celui durant lequel les simplicités éveillaient les gentillesses de chacun et permettait ainsi d’oser croire en un monde parsemé de bonté. « Tu me promets que ce sera toujours comme ça ? » Les yeux de la petite Marianne devenait un peu plus inquiets prouvant ainsi de sa sincérité dans ce questionnement anodin. « Quand on sera grandes… Tu crois qu’on pourra toujours se voir ici ? » L’innocence de l’enfant était une force et une bienveillance que beaucoup désirait briser. Pourtant, Marianne essayait de la garder intacte et même si la promesse n’en serait qu’illusoire et qu’elle le savait, l’entendre veillerait à renforcer un peu plus l’amitié qui les liait et qui les lierait probablement à tout jamais.


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S
i Camelya était nettement moins sollicité que la belle Marianne -et ce, malgré son jeune âge-, il fallait tout de même reconnaitre que ses journées lui étaient péniblement monotones. Très loin de cette envie de folies qui la caractérisait pourtant. La petite brune avait la chance, cependant, de se nourrir de ses rêves les plus fous. Là, au moins, face à son imagination, la seule limite qui lui était imposée était la sienne. Celle qu'elle se donnait, tout simplement. Pas de grandes facéties pour autant. Le poids de son avenir de couturière ne pouvait pas lui échapper. Tout restait dans ce monde, créé de toute pièce pour son envie d'escapade et de petites joies qui lui étaient pourtant nécessaires pour avancer. Et ça, même avec les années, lorsqu'elle vivra à Beaumarché, ne lui sera pas retirée. Bien au contraire puisqu'elle s'improvisera, alors, comme celle qui livre ses récits à ces personnes désireuses d'aventures dans ce monde plutôt rude. Et là, elle était la reine de son royaume imaginaire. Un monde qu'elle a commencé à bâtir durant toute son enfance à Castel-Bois, en compagnie de sa douce Marianne. Un monde soudainement plongé dans la plus étouffante des obscurités lorsque son père ne donnera plus signe de vie, demeurant ainsi introuvable. Pour l'heure, cet épisode de sa vie est très loin de ses pensées actuelles. Bien au contraire, cette innocence de l'enfance est plus présente que jamais. Toujours, lorsqu'elle est en compagnie de sa grande amie. Cette sœur qu'elle n'aura finalement jamais. Il ne pouvait, tout simplement, pas en être autrement. Si Camelya reflétait la liberté dont Marianne ne pouvait goûter, l'inverse prévalait tout autant. Aux yeux de la petite rêveuse du peuple, son ainée lui assurait un appui, un véritable pilier pour ne jamais rien abandonner. Elle représentait, pour elle -surtout après la perte de ses parents-, la volonté même de se porter vers l'avant. Quoiqu'il se passait, la Harlton avait cette force en elle qui, Camelya le savait, devait certainement lui manquer à titre personnel. Pour elle, son amie était pleine de courage. Et ça, ce sera une des choses qui ne changera pas avec les années. Après tout, ce sera elle qui enverra Torvald secourir sa cadette ainsi que sa famille. Et finalement, ce retour aux sources, à Castel-Bois, lui fera le plus grand bien. Une manière pour elle de souffler. De penser et de voir autre chose, tout en profitant de la présence si rassurante de cette belle Marianne. La petite brune ne connaissait aucune autre personne de nom aussi bien que son ainée. Sa vision de la noblesse était certainement erronée pour le coup. Pour elle qui ne comprenait pas réellement la portée des obligations de la jeune Harlton, il était plus ou moins normal qu'elle puisse jouer, s'amuser avec n'importe qui. C'était donc avec une joie non dissimulée qu'elle partageait aussi souvent que possible, des moments si agréables, si joyeux qu'elle les gardera en tête jusqu'à son dernier souffle. Et puis même lorsqu'elles s'amusaient à l'extérieur, au risque de se blesser ou de s'écorcher genoux et coudes, la petite brune n'hésitait jamais à sortir son aiguille et son fils pour recoudre les robes de son amie, au mieux, pour que l'incident ne soit pas remarqué visuellement parlant. Elle a d'ailleurs arrêter de compter les fois où elle a recousu ces robes en des points bien fins, réguliers, qui passaient les choses presque sous silence. Au moins, Marianne ne devait pas avoir trop d'ennuis lorsqu'elle revenait de ces petites pauses de jeu dans ses journées bien trop remplies. Et c'était d'ailleurs une très bonne chose tant la petite brune redoutait que leurs escapades se retournent contre son amie. Elle risquerait de se sentir bien coupable de la détourner ainsi de son enseignement. Pourtant, la couturière ne pouvait se résoudre à faire l'impasse sur ces bons moments passés ensemble. Ce n'était tout simplement pas possible. Elle se sentait tellement bien lorsqu'elles s'amusaient ensemble, que si tout cela devait s'arrêter ainsi du jour au lendemain, elle aurait énormément de mal à s'y faire tellement c'était devenu important à ses yeux de partager ces choses avec la jeune Harlton. Et si pour elle, les deux amis avaient encore tant de temps devant elles, ce n'était malheureusement qu'une impression. Elles devraient, un beau jour, grandir. Ne plus laisser ces douces plaisanteries d'enfance se faire quotidiennes. Chacune aura ses propres obligations à relever, même si, à n'en pas douter, elles sauront préserver cette amitié si forte.

C'était main dans la main que les deux jeunes filles prenaient la direction de leur antre. Cette cabane à l'abri de tous regards, qu'elles seules devaient connaitre. A quelques exceptions, bien entendu. Mais à chaque fois qu'elles s'y rendaient, rien n'avait changé et personne ne s'y trouvait. Autant dire qu'elles allaient être bien tranquilles une fois arrivées. Là, elles allaient pouvoir s'amuser sans avoir à se soucier du regard de tous ces gens autour d'elles. Bien entendu, Marianne était bien appréciée de l'ensemble des habitants de Castel-Bois. C'était tout de même une amitié assez inédite, il faut le reconnaitre. Mais que bien plus plaisante aux yeux de la petite rêveuse. Avec l'aide de son ainé face aux obstacles les plus difficiles pour sa petite taille, Camelya s'en sortait pas si mal que ça dans cette aventure forestière. Il fallait bien préciser qu'elles étaient habituées à faire tout ce chemin, juste pour glaner un peu de tranquillité. Et là, Marianne avoua alors à sa cadette préférer que cette tarte lui revienne entièrement. Sauf que c'était sans compter sur le petit côté têtu de la plus petite des brunes qui, même si elle ne disait rien de plus sur le coup, n'allait pas manger toute seule, devant sa grande sœur, ce morceau de tarte. Elle préférait alors se faire des rappels silencieux au sujet de sa précédente tentative pour maîtriser l'art de la lecture. Ce n'était pas une chose bien facile. Mais peu lui importait. Ça l'amusait pas mal, en fait, de se pendre au jeu des mots. « Alors nous essaierons et si jamais la fatigue nous guette, peut être pourrions nous grimper aux arbres ? » que lui faisait alors savoir Marianne. Une idée qui laissait un grand sourire germer sur les lèvres de la plus jeune. Elle aussi, elle appréciait grandement escalader aux arbres, même si elle gardait un souvenir particulièrement amer de sa première tentative qui s'était résumée par une belle chute. Heureusement, elle avait acquis un équilibre bien plus certain à force de tenter. « Tu as toujours de bonnes idées. » Son grand sourire toujours sur le visage, Camelya regardait son amie avec une sorte d'adoration dans le regard. Sur cet aveu, plein de promesses pour leur petite balade, la cabane était enfin à porter de vue. La brunette allongea ses foulées, sans pour autant céder à l'appel de la course, bien que trop tentant. « Camelya, tu sais que tu n’as pas besoin de m’offrir quelque chose. Ton amitié me suffit et je ne veux pas te charger de travail plus que tu en as déjà. » Tout en faisant un grand non de la tête, la couturière haussa ses épaules. Ces paroles-là, elle avait l'habitude de les entendre. Mais ils ne l'empêchaient pas, pour autant, de laisser sa fibre créatrice s'emporter pour réaliser de belles créations pour sa belle Marianne. Un sourire, un brin espiègle barrait son visage. Sans avoir le temps de répondre à son amie, elle l'entendait alors ajouter. « Je me ferai une joie de venir à l’atelier, merci pour ta gentillesse. » Son sourire s'inscrivait alors davantage sur ses traits. La Harlton n'avait vraiment pas besoin de la remercier. Pour Camelya, s'était presque tout naturel et normal d'agir ainsi. Surtout que son ainée lui apportait énormément de choses. Elle qui avait le cœur sur la main. « Tu n'as pas à me remercier pour ça Marianne. » qu'elle lui dit alors, haussant légèrement ses épaules. Et puis, ce rougissement sur ses joues n'échappa pas à la plus jeune, qui ne tardait pas à la rejoindre dans son rire. Puis venait ce moment gourmandise, qui dorait les papilles de la petite Camelya, grande gourmande qu'elle a toujours été. « A toi l’honneur. » Un petit hum s'échappa de ses lèvres alors qu'elle regardait cette part de tarte qui paraissait déjà succulente rien qu'à la vue et à l'odeur. Tentant de départager le tout en deux, la plus petite tendait un des deux bouts à son amie. « Elle semble si délicieuse ! » Et c'était même peu dire. Camelya regardait alors son amie ainsi installée alors qu'elle-même ne touchait pas le sol de ses petits pieds. « Tu peux même toute la manger si tu veux. Je pourrai t’en emporter d’autres ou demander à notre cuisinière d’en donner une à ta mère. » Nouveau signe négatif de sa petite tête brune. Elle tenait à partager ce bout gourmand avec son amie. Il lui était impensable de déguster ce mets si délicat toute seule. Non. Ce n'était pas envisageable. Tout simplement. Ce fut alors à son tour de sentir ses petites joues prendre des couleurs, même si cette idée lancée par Marianne n'avait pas de quoi lui coller une pareille teinte. « Non, j'y tiens. On partage ce bout de tarte qui sent si bon ! » Camelya se força alors à plisser les yeux, faussement vexée de devoir ainsi se justifier, avant de rire à nouveau tellement son jeu de comédienne était loin d'être convainquant. Très vite, un voile d'inquiétude voilà le regard de Marianne, ce qui fit pincer les lèvres de la cadette. Elle n'appréciait vraiment pas savoir son amie triste. « Tu me promets que ce sera toujours comme ça ? » Un petit sourire se fit une nouvelle place sur le visage de Camelya en entendant cette question. Pour elle, il n'y avait aucun doute à ce sujet. « Quand on sera grandes… Tu crois qu’on pourra toujours se voir ici ? » Il y avait de la crainte dans son regard. Et la petite brune savait qu'elle devait rassurer son ainée au possible. C'était ainsi qu'elle posa l'une de ses mains sur l'avant-bras de la jeune Harlton -un geste qu'elle reproduira par la suite, lors de leurs retrouvailles-, pour tenter d'éclipser cette peur. « Je te le promets, Marianne. On viendra toujours partager une tarte ici. On grimpera toujours aux mêmes arbres qui auront eux aussi grandi. » Fière de sa réponse, le sourire de la brunette grandissait alors qu'elle tentait d'apprivoiser cette crainte qu'elle partageait, pourtant, au fond d'elle. Après quelques minutes d'un silence reposant et fort accueillant, Camelya reporta alors son regard pétillant vers son amie. Soudainement prête à passer à la suite, elle n'hésita d'ailleurs pas à lui lancer un « Par quoi on commence aujourd'hui ? » Une simple question qui promettait de bons moments, dans cette cabane reculée dans les bois.

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R
ien ne pouvait remplacer un instant de joie et d’innocence dans le cœur d’une enfant. Un moment durant lequel le monde s’apprivoisait dans des manières les plus douces et les plus attentionnés alors que les limites des malheurs reculaient un peu plus en direction des frontières de la peur et du désarroi. Le bonheur s’immisçait doucement dans les impulsions enfantines qui guidaient les pas des deux amies. Il se trouvait là à portée, ensemble, elles pouvaient l’effleurer du bout des doigts afin de pouvoir profiter d’un instant de paix et de partage. La petite Marianne se plaisait à entraver les ordres de son oncle, pousser un peu plus les limites de cet enseignement duquel elle avait l’obligation de devoir apprendre, juste pour participer pour quelques heures à un nouvel instant en compagnie de sa petite sœur. Ainsi, avait-elle l’impression que les obligations quelles qu’elles soient ne pourraient jamais porter atteinte à une amitié forte et soudée. Le monde ne pourrait les changer, du moins pas à cet instant et encore moins dans cette fleur de l’âge durant laquelle l’inconscience prenait le dessus sur le reste. Les priorités n’étaient pas les mêmes et heureusement d’ailleurs, puisqu’elles leur permettaient ainsi de pouvoir se retrouver et ainsi profiter des présences de l’une comme de l’autre. Camelya renvoyait une image innocente, sereine, sympathique et d’autant plus joviale dans le cœur de tous les résidents du domaine. Telle la petite fille de ce dernier, la jeune couturière représentait une image de liberté et de bonheur dont la petite Marianne pouvait participer à sa manière. Bien des fois, il arrivait à la petite fille d’envier son amie, tant la représentation de son existence lui paraissait bien plus joyeuse que la sienne. En effet, pour Marianne, sa petite sœur n’était pas enfermée entre quatre murs, ne devaient pas répondre à des questionnements parfois difficiles pour son jeune âge, mais surtout son esprit n’était pas occupé à savoir qu’elle devrait répondre à des responsabilités qui lui incomberaient dans le futur. Des responsabilités plus ou moins grandes, mettant en exergue aussi bien l’enjeu de Castel-Bois que les vies que Marianne se plaisait à côtoyer quotidiennement. La petite couturière avait le droit d’exprimer ses ressentis librement, sans dissimuler une peine ou même une rancune sous peine que ces dernières n’en viennent à causer du tort pour la suite. Lord Arwood ne cessait de répéter des mots que la petite fille ne comprenait pas encore, des termes qui mettaient en avant des idées quant à savoir que le présent pouvait être source d’ennui pour le futur ou au contraire bénéfique, que seule la sagesse pouvait prétendre en une quelconque rédemption et un meilleur avenir. Des bribes de phrases difficiles à comprendre pour une petite fille dont les rêves s’envolaient à chaque fois qu’elle admirait les nuages, puisqu’ils lui permettaient ainsi de créer des histoires dans lesquelles le bonheur était là. Des histoires qu’elle voulait vivre, et qu’elle vivait aussi en compagnie de sa petite sœur de cœur, puisque lorsqu’elles étaient ensembles, la jeune lady savait que le monde était là. Dans les petits yeux de Camelya, dans ces petites étoiles qu’elle pouvait admirer à chaque fois qu’elle l’écoutait lui raconter des aventures. Marianne s’instiguait doucement les pourquoi son combat dans le futur devait être. Pour cet espoir, pour ce rêve, pour ce bonheur qu’ils réussiraient à atteindre un jour et ce malgré les épreuves. Ils y parviendraient et tout ceci serait grâce à cette amitié indissociable et bien forte entre une petite couturière et une jeune lady. Une amitié pour laquelle la différence sociale n’avait aucune raison d’être car seules les âmes pures et innocentes savaient se répondre pour ainsi chanter à l’unissons des louanges prônant la paix et protection. La confiance avait eu raison sur le reste tant bien même que cette dernière permettait alors d’apprendre d’un autre enseignement : celui d’un peuple en quête d’amour et de préservation, de personnes dotées d’une âme et d’un cœur, de vies dont on ne pouvait se détourner mais au contraire qu’il fallait amener à rendre heureuses. Voici tout ce qui contribuait à forger les desseins et les espoirs de la jeune lady en devenir. Une amie, une sœur, une âme qui répondait à la sienne et qui lui immisçait l’envie de désirer se battre pour la préserver intacte jusqu’à la fin de son existence.

Ainsi se trouvaient-elles ensembles, partageaient-elles de nouvelles complicités pour se rendre dans ce lieu qui n’appartenait qu’à elles. La forêt était devenue depuis un bon petit moment déjà, un terrain de jeu qu’elles apprenaient à arpenter à leur rythme. Certains fourrés étaient connus, ainsi que d’autres arbres mais aussi cet endroit bien précis où les orties pointaient le haut de leur cime de manière menaçantes. Marianne se souvenait encore avoir gratté ses jambes deux jours entiers après y avoir couru à l’intérieur. De quoi forger le caractère mais aussi rappeler à quel point la nature pouvait nous donner mais également nous prendre. La main dans celle de sa petite sœur, la petite fille marchait en suivant un rythme soutenu, ses petites jambes l’invitaient à désirer sautiller alors que sa bonne raison lui dictait plutôt de ménager ses forces. Pour l’heure, elle voulait bien la croire, mais plus tard peut être pourraient-elles sauter et courir comme le bon vent les guiderait ? Marianne caressait ce doux espoir alors qu’elle serrait un peu plus sa main dans celle de Camelya et qu’elle laissait le sourire et les rires accompagnaient les siens. Elle avait l’impression que leur mission était réussie et comme tous les enfants, elle ne se souciait plus du tout des retombées. Pour l’heure, seul cet instant présent comptait, mais surtout seule son amie comptait et elle ne voulait pas la décevoir. Déjà, elle savait qu’elle était sur la bonne voie avec ce morceau de tarte qu’elle avait pu lui ramener. La petite fille se plaisait à imaginer déjà Camelya en train de la déguster et elle ne pouvait retenir son rire en laissant l’image de son visage angélique parsemé de-ci de-là de quelques petites tâches de myrtilles. La gourmandise était un vilain défaut dont disposaient les deux petites filles. Mais au moins, ce dernier avait le mérite de les rapprocher et de leur permettre de renforcer leur amitié. Toutefois, la petite fille remarqua que son amie taisait sa réponse à ce sujet. Ce qui l’incita à penser que soit elle avait une idée derrière la tête, soit au contraire elle cédait. La première remarque était la plus probable, surtout lorsqu’on connaissait Camelya comme Marianne pouvait la connaître. Mais laissant le temps faire office de mise en place de plan dans l’esprit de la petite couturière, la petite lady en profita pour glisser une idée quant à l’amusement dont elles pourraient profiter par la suite. D’ailleurs, toutes les deux partagèrent un grand sourire faisant ainsi office de cette complicité qu’elles partageaient à ce sujet. Il n’y avait même plus besoin de mots pour qu’elles se comprennent. Seuls les regards et les comportements savaient se répondre de cette manière et les amenaient déjà à imager quelques scènes sur les arbres. Contente d’elle, Marianne rendit son grand sourire à sa petite sœur avant que la gratitude n’en vienne à prendre les émois de son cœur. Son amie était véritable et comptait beaucoup pour elle. Ce geste aussi anodin pouvait-il paraître, représentait énormément pour la petite fille qui n’avait pu retenir cependant ce trop plein de culpabilité que l’offrande lui exigeait.  Marianne savait que Camelya avait beaucoup de travail, du moins elle ne pouvait que s’en représenter les responsabilités, et savoir que son amie lui avait confectionné quelque chose au lieu de se reposer la touchait dans le même temps qu’elle lui insufflait une impression de mal-être. La petite fille ne désirait pas accabler son amie, bien au contraire, voilà pourquoi, elle avait osé lui dire ces quelques mots. Des mots sincères qui traduisaient aussi bien cette reconnaissance, cette joie, cet honneur, mais également ce désir de vouloir ménager sa sœur de cœur. Bien entendu, la témérité de Camely prit le dessus et c’est en laissant tomber les armes que Marianne se ressaisit. « Très bien d’accord, dans ce cas je suis contente. Merci. » avait-elle lâché sur un ton qui laissait nettement entendre le sourire dans lequel elle se confondait et qui lui permettait de serrer un peu plus la main de son amie. Elle ne lui relâcha que lorsque toutes les deux franchirent le seuil de la cabane. Elles y étaient arrivées ensemble et elles pourraient enfin profiter de ce moment de calme et de partage loin de leurs responsabilités. Et à peine étaient-elles parvenues à bon port que déjà les habitudes s’installèrent et veillèrent à ce qu’elles prennent place chacune à leur tour de part et d’autre de la petite table qu’elles avaient mises ici. Les sourires n’en devinrent que plus grands et chargés d’une sincérité palpable alors que Marianne installait la part de tarte du côté de sa petite sœur avant de s’asseoir sur cette grande chaise d’où seules ses pointes de pieds touchaient le sol. Elle s’accommoda de manière à ce que son menton vienne se poser sur ses avants bras, alors qu’elle invitait Camelya à déguster ce met. Voilà un souvenir qu’elle désirait préserver intact dans sa mémoire. Mais bien entendu, ce dernier se solda d’une réaction de la part de la petite fille en face d’elle. Cette dernière la fit rire de plus belle, lui laissant ainsi le loisir de profiter de ce caractère généreux qu’elles partageaient toutes les deux.  Apparemment Camelya voulait vraiment lui tenir tête aujourd’hui, et Marianne préférait la laisser gagner encore. Il n’était pas nécessaire de se faire la guerre pour un morceau de tarte, pour rien d’ailleurs, leur amitié comptait bien trop. Le rire de la petite lady s’accentua alors qu’elle constatait la mine faussement boudeuse de sa jeune amie et c’est en se raccommodant en se tenant droite, qu’elle amena sa main au niveau du petit morceau que sa petite sœur venait de découper. « Merci. » Lui répondit-elle avec un ton enjoué alors qu’elle croquait un petit bout de tarte. Mais bien vite la mélancolie vint à s’immiscer dans son cœur. Celle qui la guidait dans des instants de doutes et qui ne cessait de lui faire craindre l’avenir. Jusqu’à quand pourraient-elles profiter de cela ? Jusqu’à quand pourraient-elles profiter de leurs présences ? Est-ce que leurs conditions les rattraperaient à un moment et mettraient en péril leur amitié ? Bien sûr, Marianne se battrait pour que tout ceci demeure et reste intact, mais qu’en serait-il des à côtés… Ne pouvant prétendre à taire un peu plus encore cette incertitude, la petite fille avait besoin d’être rassurée par son amie. C’est ce qui l’incita à laisser ses pensées franchir la barrière de ses lèvres. Et ce fut tel le soleil qui se levait le matin lorsque Camelya lui affirma que rien ne changerait. Ses dires réchauffaient son être, ses espoirs répondaient aux siens et lui laissaient entendre de cette certitude qui la rassurait. Toujours Ce terme prenait un sens considérable dans le cœur de la petite fille alors qu’elle se plaisait à la croire. « Toujours… » répétait-elle avec conviction alors que son sourire essayait de percer la nostalgie pour ainsi faire preuve de ses croyances envers sa petite sœur de cœur. Voilà bien une promesse qu’elle voulait croire et qu’elle ne laisserait jamais faillir. Une promesse qui la guiderait et qui veillerait aussi à lui instiguer assez de force pour ne jamais baisser les bras. Ainsi seraient-elles toujours ensemble, Camelya l’accompagnerait, l’aiderait, la soutiendrait, la protégerait, lui accorderait sa confiance tout comme elle le ferait jusqu’à son dernier souffle. Des convictions d’enfant, qui pourtant perdureraient pendant l’adolescence et résideraient intactes durant l’âge adulte. Pour sûr, Marianne y croyait. Et son caractère d’enfant la rassurait rapidement, tant est si bien qu’elle laissa cette pensée de côté aussi vite qu’elle avait pu lui venir pour se pencher sur les requêtes de sa petite sœur. « Déjà il semblerait opportun que tu finisses de déguster ce petit morceau qu’il te reste avant que nous commencions. Il ne faudrait pas tâcher les pages des parchemins tout de même. » Le rôle de grande sœur reprenait de ses droits alors que le sourire de Marianne essayait de faire passer la reconnaissance quant à ce qu’il venait d’être dit. « Après quoi, nous commencerons par la lecture. J’ai hâte de t’entendre me conter la suite de cette histoire. » La petite fille se releva de sa chaise et en profita pour se diriger vers le petit monticule qui leur servait de repose livres. De là, elle chercha la couverture qui l’intéressait et revint à sa place en tenant fermement le livre contre sa poitrine. « Que penses-tu qu’il s’y passe ? Le chevalier va-t-il terrasser la bête et délivrer la dame de ses pensées, ou parviendra t’elle à fuir et à le retrouver ? » Elle connaissait la fin de cette histoire, mais Marianne adorait entendre l’imagination de sa petite sœur concernant ces dernières. C’était un plaisir que de pouvoir admirer ses yeux pétiller, son regard s’évader vers des contrées lointaines, mais surtout de participer à cette aventure qu’elles créaient ensemble et qui alimentait un peu plus leur amitié.



WILDBIRD


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