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Une rencontre sans plaisir (Tywin & Tyrion Lannister)
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Tirant sur les rênes de sa monture, Tyrion se surprit à admirer une fois de plus la vue sur Port-Réal, la ville des rois. Partout au loin les toits couraient sur le sol, minuscules cases de chaumes et de pierres, entrecoupées de dômes et de gigantesques tours et édifices divers. Le Grand Septuaire ainsi que le Palais Royal se distinguaient nettement, tels des îles pointant fièrement au-dessus de la marée grouillante de bâtisses plus petites, léchant leurs abords sans jamais les cacher le moins du monde. Fossedragon, l’ancienne demeure de ces créatures légendaires, luisait telle une montagne sous les rayons du matin, posé par-dessus les brumes dangereuses de Culpucier. Bientôt, tels des points, puis des fourmis, puis des êtres miniatures, se dessineraient les personnes qui, jours après jours parcouraient la ville en tous sens, gigantesque termitière, tourbière grouillante de vie, afin de gagner leurs vies et par là même entretenaient les institutions qui s’asseyaient sans s’en soucier le moins du monde sur leurs misérables personnes individuelles.
Tyrion prit une grande goulée d’air frais. Son arrivée était sûrement déjà connue. Il avait quitté Vivesaigues près de cinq jours plus tôt et ne s’était pas pressé, savourant ces derniers instants de liberté avant de retrouver père, lord Tywin en personne ; passant de bordels en tables aux fumets délicats, il avait profité d’une vie qu’il avait depuis longtemps partiellement abandonné, savourant chaque bouchée et chaque baiser, sachant pertinemment qu’une fois entré dans la ville ces plaisirs pourraient devenir choses rares. Le soleil était encore bas mais l’aube avait déjà pointé depuis quelques temps. Souriant, Tyrion songea qu'il pourrait peut-être encore bénéficier d’une journée complète, s’il parvenait à arriver assez tard et à se faire croire débordé pendant le déchargement des bagages et autres tâches. Après tout, n’avait-il pas honorablement rendu visite à ses voisins, ne leur avait-il pas témoigné les hommages de la famille Lannister ? Il avait passé près de trois jours à échanger paroles polies et ronds de jambes courtois avec les nobles du Conflans, pendant que ses soudards eux se remplissaient le foie de piquette en quantité et soulevaient les filles de cuisines aux poitrines abondantes, s’adonnant aux plaisirs pendant que lui souffrait un « martyr diplomatique ». Il avait ensuite gagné Port-Réal sans se hâter, mais en prenant soin d’éviter Harrenhal dont il ne tenait pas à revoir les monuments accusateurs, dressés face à lui comme autant de souvenirs malchanceux. Fort heureusement tout s’était passé sans encombre…
Alors que m’apprêtais à reprendre ma route, suivie par ma petite troupe personnelle, des hommes qui pour la plupart n’avait pas plus d’intérêt pour moi qu’un chien pour un pot de chambre, j’aperçus un homme arriver ventre-à-terre depuis la route, légèrement plus loin. Voyant qu’il arborait les couleurs de ma maison, j’éperonnais ma monture et eut tôt fait de le rejoindre, pour l’écouter, transpirant encore et soufflant comme une pute de Blancport après un marathon de Manderlys :
« Monseigneur, le Maître des lois et suzerain votre roi vous fait mander immédiatement auprès de lui. Il dit que vos hommes sauront se débrouiller de votre train de bagages et que vous devez sans attendre vous présenter à son antichambre. »
Soudainement soucieux, j’eus tôt fait d’appeler quatre hommes pour m’accompagner, laissant les autres auprès des domestiques, qui savaient de toutes façons effectivement comment m’installer confortablement dans les appartements qui seraient bientôt aussi douillets que ceux de la maison. Je n’oubliais pas le zèle de cet homme et lui donnait ma propre outre d’eau, ordonnant qu’il fut ramené à cheval pour économiser ses forces. Contrairement à père, je n’oubliais que la force se devait de se teinter de reconnaissance même envers les plus simples sujets, et l’éclat dans l’œil du messager acheva de me convaincre de mon bon choix.
J’hurlais alors : « Vous avez entendu ! Aux appartements du Maître des Lois ! A la citadelle ! J'espère que nous aurons quand même le temps de pisser un bol! Sinon il me faudra le servir à la table de Sir Tywin lui-même, ahah! ». Mais la boutade n'était là que pour la forme, tant moi-même je n'y croyais pas.. A ce rythme et avec quatre hommes pour m’ouvrir la voie, j’y serais avant l’apogée du soleil.
Tyrion prit une grande goulée d’air frais. Son arrivée était sûrement déjà connue. Il avait quitté Vivesaigues près de cinq jours plus tôt et ne s’était pas pressé, savourant ces derniers instants de liberté avant de retrouver père, lord Tywin en personne ; passant de bordels en tables aux fumets délicats, il avait profité d’une vie qu’il avait depuis longtemps partiellement abandonné, savourant chaque bouchée et chaque baiser, sachant pertinemment qu’une fois entré dans la ville ces plaisirs pourraient devenir choses rares. Le soleil était encore bas mais l’aube avait déjà pointé depuis quelques temps. Souriant, Tyrion songea qu'il pourrait peut-être encore bénéficier d’une journée complète, s’il parvenait à arriver assez tard et à se faire croire débordé pendant le déchargement des bagages et autres tâches. Après tout, n’avait-il pas honorablement rendu visite à ses voisins, ne leur avait-il pas témoigné les hommages de la famille Lannister ? Il avait passé près de trois jours à échanger paroles polies et ronds de jambes courtois avec les nobles du Conflans, pendant que ses soudards eux se remplissaient le foie de piquette en quantité et soulevaient les filles de cuisines aux poitrines abondantes, s’adonnant aux plaisirs pendant que lui souffrait un « martyr diplomatique ». Il avait ensuite gagné Port-Réal sans se hâter, mais en prenant soin d’éviter Harrenhal dont il ne tenait pas à revoir les monuments accusateurs, dressés face à lui comme autant de souvenirs malchanceux. Fort heureusement tout s’était passé sans encombre…
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Alors que m’apprêtais à reprendre ma route, suivie par ma petite troupe personnelle, des hommes qui pour la plupart n’avait pas plus d’intérêt pour moi qu’un chien pour un pot de chambre, j’aperçus un homme arriver ventre-à-terre depuis la route, légèrement plus loin. Voyant qu’il arborait les couleurs de ma maison, j’éperonnais ma monture et eut tôt fait de le rejoindre, pour l’écouter, transpirant encore et soufflant comme une pute de Blancport après un marathon de Manderlys :
« Monseigneur, le Maître des lois et suzerain votre roi vous fait mander immédiatement auprès de lui. Il dit que vos hommes sauront se débrouiller de votre train de bagages et que vous devez sans attendre vous présenter à son antichambre. »
Soudainement soucieux, j’eus tôt fait d’appeler quatre hommes pour m’accompagner, laissant les autres auprès des domestiques, qui savaient de toutes façons effectivement comment m’installer confortablement dans les appartements qui seraient bientôt aussi douillets que ceux de la maison. Je n’oubliais pas le zèle de cet homme et lui donnait ma propre outre d’eau, ordonnant qu’il fut ramené à cheval pour économiser ses forces. Contrairement à père, je n’oubliais que la force se devait de se teinter de reconnaissance même envers les plus simples sujets, et l’éclat dans l’œil du messager acheva de me convaincre de mon bon choix.
J’hurlais alors : « Vous avez entendu ! Aux appartements du Maître des Lois ! A la citadelle ! J'espère que nous aurons quand même le temps de pisser un bol! Sinon il me faudra le servir à la table de Sir Tywin lui-même, ahah! ». Mais la boutade n'était là que pour la forme, tant moi-même je n'y croyais pas.. A ce rythme et avec quatre hommes pour m’ouvrir la voie, j’y serais avant l’apogée du soleil.
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- Port-Réal est une ville atypique. Capitale du plus grand royaume que Westeros ait connu, cette cité est pourtant juvénile. A peine trois cent ans. Et c’est à Port Réal que Tywin Lannister a passé le plus clair de son existence. Seul dans son bureau du Donjon Rouge, le maître des lois semblait ne pas se préoccuper du monde extérieur ; Que ce soit de l’impressionnante vue sur les quartiers en aval, des meubles ostentatoires décorant son lieu de travail ou des deux vétérans de l’Ouest gardant la porte d’entrée. Non. Rien de tout cela ne l’affectait. Le seul monde d’intérêt ne peut être que le sien, sous ses yeux. Sa vision idyllique d’une société parfaite où règne ordre et prospérité. Munie de parchemins, d’encre et d’une plume plus affutée qu’une lame de conquérant, le Vieux Lion trace depuis plus de trente ans les jalons qui mèneront le royaume vers un nouvel âge d’or.
Bien que n’ayant plus autant de pouvoirs qu’au temps où il fut Main du Roi, Tywin n’en demeure pas moins capable de diriger le pays selon ses désirs. Le Roi est assez intelligent pour savoir que Tywin est indispensable au bon fonctionnement du royaume, le Grand Argentier lui rend régulièrement visite, le commandant du Guet est un flagorneur expérimenté, la Justice du Roi l’a toujours respecté et, pour résumer, peu d’individus n’osent hausser la voix en sa compagnie. Il peut pratiquement faire tout ce qui lui passe par la tête, dans la mesure du raisonnable, ce qu’il a toujours été. Etrangement, il lui est bien plus aisé de gouverner sur des millions d’âmes que sur sa propre famille. Son frère, sa sœur et ses cousins se sont toujours montrés dignes du nom qu’ils portent, mais ce n’est pas le cas de ses enfants. Un ainé régicide reposant avec sa tête dans le tombeau familial de Castral Roc, une fille célibataire au mauvais caractère et Tyrion, son plus grand échec et le rappel constant de la perte de sa bien-aimée.
Il entendit la porte s’ouvrir, les bruits de pas de la démarche caractéristique de son plus jeune fils puis la forme se refermer. En retard. Encore et toujours en retard. Tywin ne daigna même pas saluer sa progéniture difforme ou même lever les yeux dans sa direction. Le quinquagénaire poursuivit son travail sans se préoccuper de sa présence. Il traça patiemment une croix à côté des noms d’une liste de condamnés à mort, confirmant ainsi la sentence. Ne s’attardant jamais plus de cinq secondes par nom, il lui arrivait parfois d’omettre volontairement une croix près d’un nom pouvant lui être utile. Quinze années au poste de maître des lois eurent pour effets de provoquer des sueurs froides aux hors-la-loi. Lorsqu’il apposa sa signature et son sceau, le père de famille daigna relever sa tête.
« Prend un siège. »
Une injonction directe et sans fioritures. Sans cligner des paupières, Tywin ficha son regard froid dans celui de son interlocuteur. Ceux qui le connaissent savent que ses yeux expriment bien d’émotions plus que son visage. De légers mouvements de ses muscles faciaux extériorisent parfois son mécontentement, son mépris, sa colère ou, très rarement, sa satisfaction. Cette fois-là, son froncement de sourcils, bien connu de son fils, afficha sa déception.
« Si je te dis "être et paraître", qu’est-ce qui te vient à l’esprit ? »
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Et bien nous y voilà. Il veut nous tester. Ne regarde ni les meubles, ni les tentures, ni quoique ce soit qui puisse trahir un intérêt quelconque. Tu laisseras tes yeux fureter plus tard. Concentres-toi et nous nous en sortirons avec la joie de laisser cet arrogant homme avec la pensées qu’aussi haut placé qu’on soit, on n’est jamais assis que sur son cul.
Tout en écoutant la voix dans sa tête, Tyrion attendait patiemment que Tywin lui témoigne de l’intérêt. Il était habitué à ce genre de manières, que son père utilisait pour déstabiliser les gens en leur faisant comprendre son déplaisir de devoir ainsi perdre un temps qu’il aurait pu d’autant mieux employer, par exemple à épousseter ses chaussures, laver ses chaussettes, ou à jouer aux fléchettes.
Quand enfin il fut invité à s’asseoir, et malgré ses jambes qui criaient au martyre après la cavalcade effrénée dans les venelles et les rues de la ville, Tyrion mit ostensiblement du temps à s’approcher de son siège, siège qu’il trouva comme à son habitude bien haut et qui avait été « subtilement » recouvert d’un épais coussin pour le rendre plus inaccessible encore. Ce « grand » papa, toujours prêt à faire une blague. Ne réponds pas si facilement, ce serait trop facile.
Restant absolument maître de ses mouvements, Tyrion rendit son regard à son père, refusant manifestement de céder un pouce de terrain à celui qui, même s’il s’en mordait les doigts chaque jour que les Sept faisaient, l’avait amené au monde. Il évitait ostensiblement de monter sur son siège, se contentant simplement d’un poser une main comme s’il s’apprêtait à y grimper ; il préféra afficher un intérêt poli, comme s’il attendait que la discussion commence avant toute chose, trop absorbé par les paroles vénéneuses de son interlocuteur pour ne serait-ce que détourner le regard.
Son père continua, imperturbable, si ce n’est qu'il affichait sa déception non feinte :
« Si je te dis "être et paraître", qu’est-ce qui te vient à l’esprit ?»
Ah. Un test. Une question difficile. De toute façon, quand bien même tu rendrais un discours que tous trouveraient brillant, notre père se dira déçu. Mais ce n’est pas ça qui va t’arrêter, pas vrai ? Sois précis, mais concis.
Ne dites pas toujours ce que vous savez, mais sachez toujours ce que vous dites.
Prenant un instant, la tête à moitié penché, comme s’il réfléchissait, Tyrion mit enfin en place une réponse dans sa tête. Se détournant du siège, il se dirigea vers la porte du bureau, l’ouvrit et, évitant soigneusement le regard des gardes afin de paraître légitime et sûr de lui, héla un domestique :
« Vous ! Apportez-nous immédiatement un grand récipient, ainsi qu’assez d’eau pour le remplir. Ajoutez à cela deux pichets d’un vin bien rude et à la robe sombre, un vin du Nord bien râpeux fera l’affaire. Deux verres de belles factures, et une carafe d’eau pure. Et aussi une assiette avec de ces petits fruits confits et des olives sur des bâtons, très importants les bâtons. Et enfin une cuillère de bois. Cela devrait vous prendre quinze minutes, je vous en donne cinq. Ordre du maître des lois. »
Puis avant que quiconque puisse protester, et surtout pas papa, Tyrion claqua la porte.
Je me retournais et commençais alors à répondre :
« Alors Père, voici ma première réponse : si j’avais parlé à vos hommes, ils ne m’auraient pas écouté sans votre accord, car ils savent que vous êtes le seigneur légitime des Lannister. Peut-être aurais-je pu en tirer quelque chose si j’avais eu votre anneau seigneurial en main, mais il est encore probable que votre refus équivoque les aurait mis dans l’embarras, car j’aurais alors paru le seigneur de l’Ouest mais vous l’auriez été. Ils auraient alors probablement affichés une mine déconfite tout en pissant de trouille dans leurs armures d’apparat en espérant que nul ne les condamnerait à mort pour insubordination, ni vous ni moi.
J’ai donc hélé un domestique, qui a dû croire mes ordres absolument fous, mais les a exécutés sans discuter lorsqu’il a cru que l’ordre venait de celui qui est maître en ce bureau. L’homme a couru si vite qu’il devrait bientôt revenir avec toute une bande de servants les bras chargés comme des mules. »
S’il n’était pas si maître de ces mouvements, Père se mettrait peut-être à baver de rage sur la table. C’est impressionnant comme rien ne transparaît chez lui. Mais ses jointures vont finir par blachir s’il ne desserre pas les poings. Continue, ne t’arrêtes pas, et peut-être sauras-tu retourner ses sentiments contre lui-même.
« Pendant que ce domestique se dépêche je… »
On frappa trois coups polis à la porte. J’allais ouvrir et donnait l’ordre qu’on dispose le tout sur des plateaux et des tables, avec attention et célérité. Puis je chassais les domestiques et nous nous retrouvâmes à nouveau seuls.
« Je disais, je vous apporte les salutations de Vivesaigues. Mais assez parlé, place à la démonstration, voilà ma seconde réponse. »
Tout en parlant, je remplissais aux trois quart le grand récipient, une sorte d'assiette à soupe à larges bords. Puis j’y jetais un fruit confit, qui coula à pic en un petit bruit, dégageant des ondes autour de son point de chute.
« L’être, c’est la chute du fruit. Un petit fruit est tombé, c’est un fait. Le paraître, c’est ce qui a été ressenti tout autour par tout ce qui pourrait se trouver autour, jusqu’aux bords du récipient. Les ondes ont transmis une information : un petit fruit serait tombé. Pourtant, si je ne fais que créer l’onde, par exemple avec mon doigt, l’information transmise sera la même pour qui observe les ondes. Le paraitre donne une idée de réalité, mais la réalité n’est pas toujours dans le paraître.
Maintenant mettons que je place une olive en suspension ici et qu’elle symbolise une personne, une entité, une maison ou quoi que ce soit d’autre. Si tout est calme tout va bien, et l’olive flotte fièrement : je ne pourrais la couler qu’au prix de grand efforts et on saurait que j’agis directement contre cette olive. Mais en plaçant quelques informations qui paraissent vraies ici, là et ici, dis-je en faisant tomber quelques fruits, alors l’olive vacille dangereusement, et il ne faut plus grand-chose pour qu’elle coule. Un simple revers, un simple jet de fruit de plus directement jeté contre elle, et elle rejoint le cimetière au fond du récipient. L'être peut user du paraître comme une arme décisive.
Mais enfin, et je vous jure que je ne durerai plus très longtemps, voici ma troisième réponse : il faut savoir user du paraître avec intelligence. Prenez ce verre, que je remplis d’eau claire : si j’y ajoute quelques gouttes de ce vin, et que je mélange, il ne se trouble guère. Peut-être même en agissant méthodiquement pourrais-je en ajouter une dose notable. Mais si j’agis trop vite, ou que je verse trop de vin, alors… tout le monde voit que la vérité pure se colore et presque tous savent qui tient le pichet, même lorsqu'on use d'un vassal pour faire le service. Alors, plus personne ne boit de vos âcres paroles. ».
J’empoignais alors le dernier verre. Et maintenant amuses-toi un peu : « et voici mon ultime réponse : j’ai beaucoup trop soif après ce voyage et cette course éreintante pour continuer sans m'hydrater la gorge. A ma santé ! ». Et ce faisant j’avalais d’une traite le verre bien rempli que je venais de me servir prestement, ayant même le plaisir de répandre quelques gouttes sur le tapis probablement onéreux sur lequel je marchais. Me calant enfin dans le siège qu’on m’avait désigné plus tôt, je concluais, fixant le père qui venait de me mettre à l’épreuve :
« Maintenant, Père, dites-moi : qu’est-ce qui manque à mon bon sens, et que désiriez-vous m’entendre dire ? »
Tout en écoutant la voix dans sa tête, Tyrion attendait patiemment que Tywin lui témoigne de l’intérêt. Il était habitué à ce genre de manières, que son père utilisait pour déstabiliser les gens en leur faisant comprendre son déplaisir de devoir ainsi perdre un temps qu’il aurait pu d’autant mieux employer, par exemple à épousseter ses chaussures, laver ses chaussettes, ou à jouer aux fléchettes.
Quand enfin il fut invité à s’asseoir, et malgré ses jambes qui criaient au martyre après la cavalcade effrénée dans les venelles et les rues de la ville, Tyrion mit ostensiblement du temps à s’approcher de son siège, siège qu’il trouva comme à son habitude bien haut et qui avait été « subtilement » recouvert d’un épais coussin pour le rendre plus inaccessible encore. Ce « grand » papa, toujours prêt à faire une blague. Ne réponds pas si facilement, ce serait trop facile.
Restant absolument maître de ses mouvements, Tyrion rendit son regard à son père, refusant manifestement de céder un pouce de terrain à celui qui, même s’il s’en mordait les doigts chaque jour que les Sept faisaient, l’avait amené au monde. Il évitait ostensiblement de monter sur son siège, se contentant simplement d’un poser une main comme s’il s’apprêtait à y grimper ; il préféra afficher un intérêt poli, comme s’il attendait que la discussion commence avant toute chose, trop absorbé par les paroles vénéneuses de son interlocuteur pour ne serait-ce que détourner le regard.
Son père continua, imperturbable, si ce n’est qu'il affichait sa déception non feinte :
« Si je te dis "être et paraître", qu’est-ce qui te vient à l’esprit ?»
Ah. Un test. Une question difficile. De toute façon, quand bien même tu rendrais un discours que tous trouveraient brillant, notre père se dira déçu. Mais ce n’est pas ça qui va t’arrêter, pas vrai ? Sois précis, mais concis.
Ne dites pas toujours ce que vous savez, mais sachez toujours ce que vous dites.
Prenant un instant, la tête à moitié penché, comme s’il réfléchissait, Tyrion mit enfin en place une réponse dans sa tête. Se détournant du siège, il se dirigea vers la porte du bureau, l’ouvrit et, évitant soigneusement le regard des gardes afin de paraître légitime et sûr de lui, héla un domestique :
« Vous ! Apportez-nous immédiatement un grand récipient, ainsi qu’assez d’eau pour le remplir. Ajoutez à cela deux pichets d’un vin bien rude et à la robe sombre, un vin du Nord bien râpeux fera l’affaire. Deux verres de belles factures, et une carafe d’eau pure. Et aussi une assiette avec de ces petits fruits confits et des olives sur des bâtons, très importants les bâtons. Et enfin une cuillère de bois. Cela devrait vous prendre quinze minutes, je vous en donne cinq. Ordre du maître des lois. »
Puis avant que quiconque puisse protester, et surtout pas papa, Tyrion claqua la porte.
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Je me retournais et commençais alors à répondre :
« Alors Père, voici ma première réponse : si j’avais parlé à vos hommes, ils ne m’auraient pas écouté sans votre accord, car ils savent que vous êtes le seigneur légitime des Lannister. Peut-être aurais-je pu en tirer quelque chose si j’avais eu votre anneau seigneurial en main, mais il est encore probable que votre refus équivoque les aurait mis dans l’embarras, car j’aurais alors paru le seigneur de l’Ouest mais vous l’auriez été. Ils auraient alors probablement affichés une mine déconfite tout en pissant de trouille dans leurs armures d’apparat en espérant que nul ne les condamnerait à mort pour insubordination, ni vous ni moi.
J’ai donc hélé un domestique, qui a dû croire mes ordres absolument fous, mais les a exécutés sans discuter lorsqu’il a cru que l’ordre venait de celui qui est maître en ce bureau. L’homme a couru si vite qu’il devrait bientôt revenir avec toute une bande de servants les bras chargés comme des mules. »
S’il n’était pas si maître de ces mouvements, Père se mettrait peut-être à baver de rage sur la table. C’est impressionnant comme rien ne transparaît chez lui. Mais ses jointures vont finir par blachir s’il ne desserre pas les poings. Continue, ne t’arrêtes pas, et peut-être sauras-tu retourner ses sentiments contre lui-même.
« Pendant que ce domestique se dépêche je… »
On frappa trois coups polis à la porte. J’allais ouvrir et donnait l’ordre qu’on dispose le tout sur des plateaux et des tables, avec attention et célérité. Puis je chassais les domestiques et nous nous retrouvâmes à nouveau seuls.
« Je disais, je vous apporte les salutations de Vivesaigues. Mais assez parlé, place à la démonstration, voilà ma seconde réponse. »
Tout en parlant, je remplissais aux trois quart le grand récipient, une sorte d'assiette à soupe à larges bords. Puis j’y jetais un fruit confit, qui coula à pic en un petit bruit, dégageant des ondes autour de son point de chute.
« L’être, c’est la chute du fruit. Un petit fruit est tombé, c’est un fait. Le paraître, c’est ce qui a été ressenti tout autour par tout ce qui pourrait se trouver autour, jusqu’aux bords du récipient. Les ondes ont transmis une information : un petit fruit serait tombé. Pourtant, si je ne fais que créer l’onde, par exemple avec mon doigt, l’information transmise sera la même pour qui observe les ondes. Le paraitre donne une idée de réalité, mais la réalité n’est pas toujours dans le paraître.
Maintenant mettons que je place une olive en suspension ici et qu’elle symbolise une personne, une entité, une maison ou quoi que ce soit d’autre. Si tout est calme tout va bien, et l’olive flotte fièrement : je ne pourrais la couler qu’au prix de grand efforts et on saurait que j’agis directement contre cette olive. Mais en plaçant quelques informations qui paraissent vraies ici, là et ici, dis-je en faisant tomber quelques fruits, alors l’olive vacille dangereusement, et il ne faut plus grand-chose pour qu’elle coule. Un simple revers, un simple jet de fruit de plus directement jeté contre elle, et elle rejoint le cimetière au fond du récipient. L'être peut user du paraître comme une arme décisive.
Mais enfin, et je vous jure que je ne durerai plus très longtemps, voici ma troisième réponse : il faut savoir user du paraître avec intelligence. Prenez ce verre, que je remplis d’eau claire : si j’y ajoute quelques gouttes de ce vin, et que je mélange, il ne se trouble guère. Peut-être même en agissant méthodiquement pourrais-je en ajouter une dose notable. Mais si j’agis trop vite, ou que je verse trop de vin, alors… tout le monde voit que la vérité pure se colore et presque tous savent qui tient le pichet, même lorsqu'on use d'un vassal pour faire le service. Alors, plus personne ne boit de vos âcres paroles. ».
J’empoignais alors le dernier verre. Et maintenant amuses-toi un peu : « et voici mon ultime réponse : j’ai beaucoup trop soif après ce voyage et cette course éreintante pour continuer sans m'hydrater la gorge. A ma santé ! ». Et ce faisant j’avalais d’une traite le verre bien rempli que je venais de me servir prestement, ayant même le plaisir de répandre quelques gouttes sur le tapis probablement onéreux sur lequel je marchais. Me calant enfin dans le siège qu’on m’avait désigné plus tôt, je concluais, fixant le père qui venait de me mettre à l’épreuve :
« Maintenant, Père, dites-moi : qu’est-ce qui manque à mon bon sens, et que désiriez-vous m’entendre dire ? »
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[HS : Désolé pour le retard]
- Le maître des lieux observa avec intérêt et surprise la réaction de son invité. Pendant un instant, Tywin s’attendit à ce que Tyrion s’en aille sans dire mot lorsqu’il se dirigea vers la porte. Mais il se contenta d’interpeller un domestique et passer une commande de boissons et ustensiles. La première réponse donnée ne manqua pas d’intérêt même si le sire de Castral Roc n’apprécia pas l’emploi de termes familiers, paysans dans son explication et l’utilisation de son autorité sans son aval. Sa tension monta d’un cran, ses doigts se rétractèrent et ses yeux ne formèrent plus que de fines fentes d’où fusèrent son mécontentement, mais il resta parfaitement immobile. Cette hostilité croissante fut immédiatement perçue par les gardes et les domestiques quand la porte s’ouvrit de nouveau. Ils s’empressèrent de disposer leurs plateaux en silence pour quitter cet ersatz des Sept Enfers et de son sire infernal.
Puis vint la deuxième réponse. Son singe savant de fils employa moults exemples imagés pour cela. Les fruits et l’olive ainsi que leurs interactions avec le récipient rempli d’eau symbolisèrent les notions d’être et de paraître. En voyant les fruits tomber au fond de la bassine, Tywin songea au jour où Tyrion vint au monde. Le jour où ce monstre déchira les entrailles de son épouse, de sa source inépuisable de joie. Le jour où ses ongles percèrent la chair de ses mains, qu’il versa ses dernières larmes et que son cœur durcit à tout jamais. Cette journée fatidique où il mena le plus dur combat de son existence, une lutte contre lui-même. Ses devoirs de père et de seigneur de l’Ouest contre son désir de lancer cette abomination du sommet de Castral Roc pour que les vagues puissent emporter la source de son chagrin.
« Maintenant, Père, dites-moi : qu’est-ce qui manque à mon bon sens, et que désiriez-vous m’entendre dire ? »
Le paternel prit une profonde respiration et chassa les souvenirs douloureux de son esprit.
« Je constate que tes séances de lecture lors de tes loisirs utiles t’ont été bénéfiques. Ta première remarque est toutefois incomplète. L’être est l’individu en lui-même et le paraître n’est que l’image qu’il donne. Prenons des exemples. Il réfléchit un instant, tapotant son bureau du bout de l’index. Loren l’Ultime. Ton ancêtre. Tu sais pertinemment qui il est et l’origine de son surnom. L’Ultime. Le dernier Roi du Roc. Nous avons de lui l’image d’un roi vaincu à la bataille du Champ de Feu, ployant le genou devant Aegon le Conquérant et perdant son titre en se relevant. Une vision très déplorable de l’évènement. Personnellement, j’y perçois l’acte d’un grand seigneur. Il a défendu son honneur au combat comme les autres monarques de Westeros mais il eut la sagesse de se rendre lorsque la défaite fut inévitable. Les Lannister ne sont plus Roi du Roc mais gouverneur de l’Ouest. Seul le titre a changé. Notre pouvoir est resté le même, et nous avons également la possibilité d’avoir une emprise sur les autres régions, ce qui n’était pas le cas il y a 300 ans. »
Tywin lui laissa quelques secondes pour digérer son premier exemple. Son regard lui interdisait cependant de tenter de l’interrompre dans sa lancée.
« D’autres individus ne se distinguent pas de la vision que nous pouvons avoir d’eux. Aerys le Fol méritait son surnom. La folie le rongeait de l’intérieur avec une telle ardeur que cela affecta son apparence. Aegon le Conquérant. Maegor le Cruel. Aegon l’Indigne. Même au sein de notre maison. Lann le Futé. Tytos le Lion Ejoui. »
Le maître des lois se leva et retroussa l’une de ses manches. Plongeant sa main nue dans l’eau pure, il entreprit de retirer les fruits et l’olive tout en poursuivant son explication.
« J’ai passé ma vie à redorer notre blason, à corriger les erreurs du passé. Les Tarbeck. Les Reyne. Tous ceux ayant profités de nous. Les uns après les autres. Il s’empara de la carafe de vin et en vida lentement le contenu dans le récipient d’eau. Quand à toi… Il ne se passe pas une journée sans que tes frasques ne me parviennent à l’oreille. Débauche. Ivrognerie. Tu entaches jour après jour le nom de famille que tu portes. Le peuple rit de toi. Il se moque des Lannister. »
Il est de notoriété public que Tywin ne sourit jamais. Quant au rire, il est inexistant. Enfant, il l’abhorra quand il découvrit le manque d’autorité de son père surnommé le Lion Ejoui pour ses trop grandes manifestations excessives de joie. La simple idée qu’on puisse se moquer des Lannister, même par l’intermédiaire de sa progéniture difforme fit palpiter ses veines temporales. Dès qu’il eut terminé de verser l’alcool nordien et ainsi changé la couleur de l’eau, l’ancienne Main du Roi reposa la carafe et fit le tour du bureau. Il s’appuya sur le rebord de la table et l’un des accoudoirs du siège de son fils puis se pencha vers lui, l’air menaçant.
« Tu es et seras toujours le Gnome. Ce surnom te collera à la peau comme une marque de naissance. Tu es également un Lannister. Mon sang coule dans tes veines. Il est grand temps que tu te comportes comme tel. Et ce n’est qu’ainsi que ton surnom évoquera le respect et non la débauche. »
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« Tu es et seras toujours le Gnome. Ce surnom te collera à la peau comme une marque de naissance. Tu es également un Lannister. Mon sang coule dans tes veines. Il est grand temps que tu te comportes comme tel. Et ce n’est qu’ainsi que ton surnom évoquera le respect et non la débauche. »
Un Gnome. Te considérer comme tel. Un Gnome. une marque de naissance. un Gnome, un Gnome. La débauche. Gnome...
Tandis que le terme lui vrillait l'intérieur du crâne, Tyrion assimila l'ensemble de tout ce que son père lui avait dit. Il l'avait humilié. Il l'avait ridiculisé. Il voulait le faire souffrir, pour la simple et bonne raison qu'il lui avait fait une démonstration juste.
Un Gnome. Mais concentres-toi. Tu as beaucoup à répondre.
La voix cassante, Tyrion répondit à l'homme qui le toisait d'un peu trop près:
"Père, d'abord il va falloir retirer votre visage. J'ai une magnifique vision sur votre cavité nasale et suis ravi de voir que vos vibrisses se portent bien mais j'ai comme dans l'idée que nous allons continuer une discussion un poil plus sérieux que celle portant sur la qualité de vos glandes à morves.
je vois qu'on commence fort. mais il va falloir plus que ça pour déstabiliser ton grand papa. Faisons-le changer de perspectives.
Se levant de son siège, Tyrion entreprit enfin de faire le tour la pièce, analysant les lieux pour appuyer ses propos. Une tenture richement décorée ornait le mur, parée du Lion familial. Il était somptueux certes, mais en cet instant il agaçait Tyrion.
"Tout d'abord père je trouve étonnant que vous annonciez encore que je suis de votre famille alors que vous n'avez de cesse de me rappeler que je n'en suis pas digne. Que je manque de panache. Que ma qualité de Lion n'est pas égale à la vôtre. Je vous rappellerai ceci, dit Tyrion en se mettant à chantonner: fourré d'or ou fourré de rouge, messire, un lion a toujours des griffes.
A traîner votre fils dans la boue, vous semblez ne pas voir que lui aussi, parfois, peut vous apprendre des choses. Il est vrai vous avez grandi fils de seigneur. Vous avez ensuite mené notre maison d'une main de maître. Et quand vous êtes montés sur le siège de la Main, Port-Réal a connu un faste immense. Enfin, presque. Mais je reviendrai là-dessus.
Toujours est-il que vous avez toujours pu voir les hommes d'en haut. La masse grouillante de vos gens, de vos bannerets, de vos servants, de vos civils. En revanche, je suis un fils contrefait, que rien n'appelait à régner. Oh bien sûr, maintenant moi aussi je puis métaphoriquement toiser les gens de haut. Mais la vérité c'est qu'en mes débuts sur ce monde, j'ai regardé le monde depuis en bas. Et j'ai pu parler à des hommes et des femmes du peuple qui s’enorgueillissait de parler à un Lannister, fut-t-il un nain. Et j'ai pu les écouter. Ces hommes et ces femmes que vous n'avez jamais vu, sinon lorsqu'ils graissaient vos selles ou quémandaient la bonté que vous ne leur montriez pas. Et j'ai vu chez ces gens certains esprits qui s'ils étaient nés des bons parents seraient probablement de meilleurs hommes que bien des gens à cette cour, à commencer par moi... à commencer, peut-être, par vous.
Laissant à son paternel le temps de digérer toute cette logorrhée verbale qui sortait sans s'arrêter, Tyrion se rapprocha du balcon. De là, nombre de Mains avaient vu des complots, des famines, des guerres, quelques-uns des opportunités et des réjouissances. Mais lui, il y voyait des gens. Reprenant sa respiration et savourant l'air marin que lui apportait le vent tournant, il reprit, de ses mots durs qui peut-être à jamais frapperait le coeur de l'homme qu'il respectait et détestait le plus après, peut-être, celui qui avait fait mettre son frère à mort.
"Quand je vous entends reprendre mes habitudes j'ai l'impression d'entendre un de ces mainates savants qui annône ce que disent les courtisans. Je vous sais plus intelligent que cela. bien plus. Plus dur aussi. Plus dur qu'un simple mainate de silex. Mais peut-être me laisserez-vous vous conter une histoire, une encore, sur le paraître et l'être, mais aussi sur l'hypocrisie. Je compte me rendre après cette discussion encore une fois dans un établissement de prestige, chez Chataya; je vois à votre expression que cet établissement ne vous est pas inconnu, mais ne vous inquiétez, c'est là tout mon propos. J'ai appris qu'il existe dans cet établissement une chambre dans la petite échauguette tout en haut, dont l'armoire possède un tunnel secret qui permet de s'éclipser ou d'entrer discrètement depuis une écurie à quelques rues. Je sais aussi que ce tunnel fut édifié par une main du roi relativement récente oui? Une main qui dit-on, sous l'ancien roi, alors que celui-ci devenait déjà fou, aurait réussi à maintenir non pas le niveau de vie du peuple qui se mit à survivre de divers expédients, mais à contenir hémorragie au bas-peuple quand la noblesse continuait de se vautrer dans le luxe.
Il y a eu plusieurs Mains du roi sous Aerys II. Un très grand nombre même; mais seulement l'une d'entre elle disposait d'assez d'influence et a su se maintenir assez longtemps pour faire bâtir ce corridor. Et cet homme c'est vous père. Alors ne me dites pas que mes mœurs sont fantasques, car bien qu'elles le soient elles demeurent connues de tous. Vous paraissez un homme de droiture, mais en plus d'avoir tué la seule femme que j'aie jamais aimé et qui aurait pu me faire cesser ces "frasques" comme vous dites, vous ne valez guère mieux. A ma différence, vos passions sont payées par l'argent du royaume, de la Main, des impôts. Que dirait le peuple s'il apprenait que sous les apparences, Lord Tywin s'est servi de leurs maigres économies et les as laissé mourir de faim pour aller remplir des putains de luxe dans un établissement hors de prix? Oh, je ne suis pas sûr que vos surnoms seraient très longtemps plus positifs que les miens tout à coup. Bien sûr les nobles riraient sous cape, mais ils riraient. Alors laissez-les donc rire de moi, avant qu'ils ne se mettent à chercher une nouvelle cible et que le peuple se mette à gronder si fort que le Roi vous demandera des comptes."
Par les Sept, est-ce que je viens de comparer le maître des Lois à un putain de piaf ? Je mérite une médaille. Et un bon coup de pied au cul, aussi. Faudrait voir à pas exagérer.
Soudain en sudation, comme se rendant enfin compte de tout ce qu'il avait été dit en ces lieux, Tyrion réalisa qu'il ne pouvait plus revenir en arrière. Le mal est fait. Allons jusqu'au bout, car tu glisses au bord du précipice. Ta seule chance c'est de sauter très loin en espérant atteindre l'autre bord.Se rapprochant de la bassine maintenant d'une robe rouge sombre comme du sang séché, Tyrion reprit:
"Je vous l'ai dit père. Colorez la vérité, révélez votre hypocrisie, et personne ne boira plus des paroles Lannister. Alors soyez plutôt heureux qu'un fils détourne les attentions. Mais laissez-moi aussi dire une chose: on vous rabat les oreilles de mes frasques, mais vous parle-t-on de Castral Roc? Vous savez, ce château où vous exercez encore un pouvoir, dans les textes? Oh bien sûr, vous prenez encore toutes les décisions durables mais qui doit prendre celles du jour le jour? Qui y rend la justice? Qui lorsque la puce des sables a menacé les vignes a décidé de brûler les terrains infectés pour limiter les propagations, au risque de perdre nos excédents de l'année? Qui lorsque les Fer-nés se réveillent va inspecter les patrouilles de côte et monte sur les remparts de Port Lannis dont il gère les aléas de reconstruction; qui alors se rend sur les navires de patrouilles pour comprendre de ses yeux l'étendue de la sécurité à déployer, si souvent que sa bouche en garde un goût plus salé que celui que doivent sentir les catins de la maison de Lord Baelish à la fin d'une journée de besogne? Il est vrai je n'ai jamais prouvé ma vaillance, mais je bats le commandant de la garnison plus de trois fois sur quatre lorsque nous nous entraînons sur les cartes. Pourtant le jour où les brigands débarqueront ce sera lui qui armera la ville et non moi. Parce que vous en avez décidé.
Je vous demande donc, au lieu de récriminer comme un enfant perverti que je suis censé être, de vous comporter en Seigneur de l'Ouest. Celui que vous étiez et celui que je vous crois toujours être. Mon frère est mort et vous étiez porteur d'ambitions pour lui. Portez-les sur moi. je suis petit, mais je suis malin et je suis endurant. Mon rugissement est bref, mais mes griffes sont fines et cinglantes. Mettez-moi à l'épreuve. en fait, je vous mets à l'épreuve de me mettre à l'épreuve. Imposez-moi une charge et peut-être verrez vous qu'en me donnant les moyens de me distinguer les gens sauront qu'un homme peut assumer ses frasques tout en étant un homme d'honneur. ."
A bout de souffle, l'esprit vacillant de tant d'audace, Tyrion se rassit calmement sur le fauteuil qu'il avait quitté plus tôt. Il agrippa fermement les portants, craignant que ses mains tremblent, préférant prendre une posture audacieuse, ou qu'il espérait tel.
Mais au nom des Sept qu'est-ce-qui m'a pris?
Au fond de lui, une petite voix moqueuse lui dit: "en plus dans cette tenue, tu ressemble à un pissenlit effarouché. Espérons que lorsque père va te souffler dessus tu ne vas pas t'envoler comme une fleur.
Un Gnome. Te considérer comme tel. Un Gnome. une marque de naissance. un Gnome, un Gnome. La débauche. Gnome...
Tandis que le terme lui vrillait l'intérieur du crâne, Tyrion assimila l'ensemble de tout ce que son père lui avait dit. Il l'avait humilié. Il l'avait ridiculisé. Il voulait le faire souffrir, pour la simple et bonne raison qu'il lui avait fait une démonstration juste.
Un Gnome. Mais concentres-toi. Tu as beaucoup à répondre.
La voix cassante, Tyrion répondit à l'homme qui le toisait d'un peu trop près:
"Père, d'abord il va falloir retirer votre visage. J'ai une magnifique vision sur votre cavité nasale et suis ravi de voir que vos vibrisses se portent bien mais j'ai comme dans l'idée que nous allons continuer une discussion un poil plus sérieux que celle portant sur la qualité de vos glandes à morves.
je vois qu'on commence fort. mais il va falloir plus que ça pour déstabiliser ton grand papa. Faisons-le changer de perspectives.
Se levant de son siège, Tyrion entreprit enfin de faire le tour la pièce, analysant les lieux pour appuyer ses propos. Une tenture richement décorée ornait le mur, parée du Lion familial. Il était somptueux certes, mais en cet instant il agaçait Tyrion.
"Tout d'abord père je trouve étonnant que vous annonciez encore que je suis de votre famille alors que vous n'avez de cesse de me rappeler que je n'en suis pas digne. Que je manque de panache. Que ma qualité de Lion n'est pas égale à la vôtre. Je vous rappellerai ceci, dit Tyrion en se mettant à chantonner: fourré d'or ou fourré de rouge, messire, un lion a toujours des griffes.
A traîner votre fils dans la boue, vous semblez ne pas voir que lui aussi, parfois, peut vous apprendre des choses. Il est vrai vous avez grandi fils de seigneur. Vous avez ensuite mené notre maison d'une main de maître. Et quand vous êtes montés sur le siège de la Main, Port-Réal a connu un faste immense. Enfin, presque. Mais je reviendrai là-dessus.
Toujours est-il que vous avez toujours pu voir les hommes d'en haut. La masse grouillante de vos gens, de vos bannerets, de vos servants, de vos civils. En revanche, je suis un fils contrefait, que rien n'appelait à régner. Oh bien sûr, maintenant moi aussi je puis métaphoriquement toiser les gens de haut. Mais la vérité c'est qu'en mes débuts sur ce monde, j'ai regardé le monde depuis en bas. Et j'ai pu parler à des hommes et des femmes du peuple qui s’enorgueillissait de parler à un Lannister, fut-t-il un nain. Et j'ai pu les écouter. Ces hommes et ces femmes que vous n'avez jamais vu, sinon lorsqu'ils graissaient vos selles ou quémandaient la bonté que vous ne leur montriez pas. Et j'ai vu chez ces gens certains esprits qui s'ils étaient nés des bons parents seraient probablement de meilleurs hommes que bien des gens à cette cour, à commencer par moi... à commencer, peut-être, par vous.
Laissant à son paternel le temps de digérer toute cette logorrhée verbale qui sortait sans s'arrêter, Tyrion se rapprocha du balcon. De là, nombre de Mains avaient vu des complots, des famines, des guerres, quelques-uns des opportunités et des réjouissances. Mais lui, il y voyait des gens. Reprenant sa respiration et savourant l'air marin que lui apportait le vent tournant, il reprit, de ses mots durs qui peut-être à jamais frapperait le coeur de l'homme qu'il respectait et détestait le plus après, peut-être, celui qui avait fait mettre son frère à mort.
"Quand je vous entends reprendre mes habitudes j'ai l'impression d'entendre un de ces mainates savants qui annône ce que disent les courtisans. Je vous sais plus intelligent que cela. bien plus. Plus dur aussi. Plus dur qu'un simple mainate de silex. Mais peut-être me laisserez-vous vous conter une histoire, une encore, sur le paraître et l'être, mais aussi sur l'hypocrisie. Je compte me rendre après cette discussion encore une fois dans un établissement de prestige, chez Chataya; je vois à votre expression que cet établissement ne vous est pas inconnu, mais ne vous inquiétez, c'est là tout mon propos. J'ai appris qu'il existe dans cet établissement une chambre dans la petite échauguette tout en haut, dont l'armoire possède un tunnel secret qui permet de s'éclipser ou d'entrer discrètement depuis une écurie à quelques rues. Je sais aussi que ce tunnel fut édifié par une main du roi relativement récente oui? Une main qui dit-on, sous l'ancien roi, alors que celui-ci devenait déjà fou, aurait réussi à maintenir non pas le niveau de vie du peuple qui se mit à survivre de divers expédients, mais à contenir hémorragie au bas-peuple quand la noblesse continuait de se vautrer dans le luxe.
Il y a eu plusieurs Mains du roi sous Aerys II. Un très grand nombre même; mais seulement l'une d'entre elle disposait d'assez d'influence et a su se maintenir assez longtemps pour faire bâtir ce corridor. Et cet homme c'est vous père. Alors ne me dites pas que mes mœurs sont fantasques, car bien qu'elles le soient elles demeurent connues de tous. Vous paraissez un homme de droiture, mais en plus d'avoir tué la seule femme que j'aie jamais aimé et qui aurait pu me faire cesser ces "frasques" comme vous dites, vous ne valez guère mieux. A ma différence, vos passions sont payées par l'argent du royaume, de la Main, des impôts. Que dirait le peuple s'il apprenait que sous les apparences, Lord Tywin s'est servi de leurs maigres économies et les as laissé mourir de faim pour aller remplir des putains de luxe dans un établissement hors de prix? Oh, je ne suis pas sûr que vos surnoms seraient très longtemps plus positifs que les miens tout à coup. Bien sûr les nobles riraient sous cape, mais ils riraient. Alors laissez-les donc rire de moi, avant qu'ils ne se mettent à chercher une nouvelle cible et que le peuple se mette à gronder si fort que le Roi vous demandera des comptes."
Par les Sept, est-ce que je viens de comparer le maître des Lois à un putain de piaf ? Je mérite une médaille. Et un bon coup de pied au cul, aussi. Faudrait voir à pas exagérer.
Soudain en sudation, comme se rendant enfin compte de tout ce qu'il avait été dit en ces lieux, Tyrion réalisa qu'il ne pouvait plus revenir en arrière. Le mal est fait. Allons jusqu'au bout, car tu glisses au bord du précipice. Ta seule chance c'est de sauter très loin en espérant atteindre l'autre bord.Se rapprochant de la bassine maintenant d'une robe rouge sombre comme du sang séché, Tyrion reprit:
"Je vous l'ai dit père. Colorez la vérité, révélez votre hypocrisie, et personne ne boira plus des paroles Lannister. Alors soyez plutôt heureux qu'un fils détourne les attentions. Mais laissez-moi aussi dire une chose: on vous rabat les oreilles de mes frasques, mais vous parle-t-on de Castral Roc? Vous savez, ce château où vous exercez encore un pouvoir, dans les textes? Oh bien sûr, vous prenez encore toutes les décisions durables mais qui doit prendre celles du jour le jour? Qui y rend la justice? Qui lorsque la puce des sables a menacé les vignes a décidé de brûler les terrains infectés pour limiter les propagations, au risque de perdre nos excédents de l'année? Qui lorsque les Fer-nés se réveillent va inspecter les patrouilles de côte et monte sur les remparts de Port Lannis dont il gère les aléas de reconstruction; qui alors se rend sur les navires de patrouilles pour comprendre de ses yeux l'étendue de la sécurité à déployer, si souvent que sa bouche en garde un goût plus salé que celui que doivent sentir les catins de la maison de Lord Baelish à la fin d'une journée de besogne? Il est vrai je n'ai jamais prouvé ma vaillance, mais je bats le commandant de la garnison plus de trois fois sur quatre lorsque nous nous entraînons sur les cartes. Pourtant le jour où les brigands débarqueront ce sera lui qui armera la ville et non moi. Parce que vous en avez décidé.
Je vous demande donc, au lieu de récriminer comme un enfant perverti que je suis censé être, de vous comporter en Seigneur de l'Ouest. Celui que vous étiez et celui que je vous crois toujours être. Mon frère est mort et vous étiez porteur d'ambitions pour lui. Portez-les sur moi. je suis petit, mais je suis malin et je suis endurant. Mon rugissement est bref, mais mes griffes sont fines et cinglantes. Mettez-moi à l'épreuve. en fait, je vous mets à l'épreuve de me mettre à l'épreuve. Imposez-moi une charge et peut-être verrez vous qu'en me donnant les moyens de me distinguer les gens sauront qu'un homme peut assumer ses frasques tout en étant un homme d'honneur. ."
A bout de souffle, l'esprit vacillant de tant d'audace, Tyrion se rassit calmement sur le fauteuil qu'il avait quitté plus tôt. Il agrippa fermement les portants, craignant que ses mains tremblent, préférant prendre une posture audacieuse, ou qu'il espérait tel.
Mais au nom des Sept qu'est-ce-qui m'a pris?
Au fond de lui, une petite voix moqueuse lui dit: "en plus dans cette tenue, tu ressemble à un pissenlit effarouché. Espérons que lorsque père va te souffler dessus tu ne vas pas t'envoler comme une fleur.
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