Célébrations & Conséquences - [FB] ft. Sacha
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“Je lève mon verre à la petite princesse Laena ! Puisse-t-elle vivre de nombreux été et assister à autant de tournoi d’une telle qualité !”
La taverne explosa de joie au nouveau toast. Une bonne quarantaine de verres se levèrent simultanément, sans manquer de projeter un peu de mousse de bière sur certaines tables qui avaient déjà été baptisées en début de soirée.
Situé dans les quartiers les plus aisés de Port-Réal, l’endroit était pris d’assaut depuis le début du tournoi. Les nobliaux de bonne famille mais dont le nom n’était pas assez important pour loger au Donjon Rouge passaient leurs soirées aussi. Depuis la fin du tournoi, leur nombre devait avoir diminué, mais ils restaient nombreux à ne pas avoir quitté la ville. Et les festivités n’étaient pas terminées. Un sentiment d’allégresse continuait de régner sur Port-Réal et ces chevaliers et écuyers étaient là pour en profiter.
Ils avaient terminés de célébrer la famille royale, mais Prudence ne doutait pas qu’ils allaient trouver une nouvelle raison de porter un toast d’ici quelques minutes.
Il ne s’attendait pas à ce que l’ambiance soit aussi intense quand il avait décidé de sortir avec son frère ce soir. Il aurait été dommage d’avoir tout ce voyage jusqu’à Port-Réal et d’avoir assisté au tournoi, sans profiter de ses conséquences. Le jeune Celtigar avait eu un peu de mal à apprécier le spectacle, qui avait été d’une violence inouïe, alors il espérait au moins profiter de sa suite logique. C’était loin d’être sa première soirée dans une taverne après tout. Et celle-ci était même d’un meilleur standing que celles qu’il avait fréquenté à Vieilleville.
Mais le nombre de choppes étaient beaucoup plus important. Et la clameur des guerriers n’avait rien à voir avec les célébrations timides des apprentis mestre. Il commençait à se sentir un peu à l’écart de tout ça.
Insensiblement, il s’était reculé jusqu’à la table la plus isolée de la taverne, petite et branlante. De là, il essayait de profiter de l’ambiance, mais il surprenait de plus en plus de regard appuyé dans sa direction. Ces gens-là se connaissaient pour la plupart : soit parce qu’ils avaient croisés le fer au tournoi, soit parce qu’ils s’étaient rencontrés à d’autres tournois. Prudence, lui, était un parfait inconnu.
Et puis, même dans la lumière déclinante de la taverne, on devait reconnaître ses cheveux d’argents. Oui, c’était ça qui devait attirer l’attention. Détournant les yeux d’un écuyer qui l’observait curieusement, le jeune homme plongea le nez dans son verre. Il y avait une autre explication possible aux regards attirés, surtout avec la soirée qui avançait et la lumière qui diminuait. Assis comme il l’était, une cape sur les épaules qui dissimulait partiellement ses habits nobles, ses traits étaient suffisamment fins pour faire penser à ceux d’une femme. Quand la possibilité effleura l’esprit du jeune homme, il hoqueta dans son verre de vin et prit la résolution de partir.
Dès qu’il aurait terminé ce verre de vin.
En attendant, les yeux lilas détaillaient chaque recoin de la taverne à la recherche d’un échappatoire au bruit et aux cris d’allégresse. Son frère devait être loin maintenant, mais il devait bien y avoir d’autres choses pour s’occuper l’esprit, même temporairement.
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J’avais besoin de prendre l’air. C’était tout aussi simple que cela. J’avais prévenu Félicité avant de sortir, une cape jetée sur mes épaules qui cacherait ma lame et mes vêtements. Bien qu’ils ne fussent pas nobles et de facture simple, il valait mieux être prudente et surtout cacher deux petits problèmes au niveau de la poitrine encore trop voyant malgré les bandages. Ça et mon bras qui était encore très douloureux à certains moments, heureusement que j’étais gauchère ! Et surtout, je savais très bien que j’étais suivie discrètement. Depuis… ma défaite, et les quelques problèmes que j’avais eus, visiblement Qyburn ou Félicité ne voulaient pas que je puisse sortir sans petite protection. Au cas où. J’en roulais des yeux, mais je ne disais rien. Cela n’était pas utile le moins du monde à part avoir quelques remontrances supplémentaires ! Mais surtout, j’avais déjà très mal supporté de rester quelques jours confinée dans les appartements de Dame Cersei, obligée de lire ou de me reposer, j’avais besoin de bouger ! Alors, Qyburn n’ayant pas encore donné son maudit feu vert pour que je puisse m’entraîner, je marchais, encore et encore, j’observai les guerriers…
Mais là ce soir, il fallait que je sorte et que je me dépense avant de pouvoir dormir. La capitale était encore en fête et je n’irais sans doute pas bien loin, je resterais dans des quartiers agréables, pas question de trop s’enfoncer loin. J’espérais ne pas trop attirer l’attention, je n’étais pas la femme la plus féminine au niveau des traits et mes cheveux étaient noués en catogan bas, histoire d’éviter d’attirer toute l’attention sur moi. Enfin, j’étais plus que banale, alors personne ne se retournerait et c’était bien le but. Qu’on m’oublie largement !
J’avançai, le pas assuré dans les rues, laissant mon esprit voguer de droite et de gauche, mes souvenirs après la mêlée étaient flous, normal pour Qyburn au vu du double coup en pleine tête que j’avais subis. Heureusement que les bleus avaient presque disparu et que Félicité était doué pour user du maquillage pour cacher les quelques dernières marques qui restaient. Je savais très bien que j’avais contrarié dame Cersei, au vu de la manière dont elle m’ignorait, je l’avais mérité après tout. J’esquivai un gamin d’un pas sur le côté. S’il voulait ce n’était pas la soirée, il y avait des gardes un peu partout et surtout ma propre bourse était cachée derrière une cape soigneusement fermée.
Je pivotai, choisissant une auberge un peu au hasard et mon regard balaya la foule alors que je m’y fondais. Pressée de tous les côtés, j’avançai jusqu’à voir une femme aux cheveux courts, argentés, assise seule… Femme ? Homme ? Qu’importe. Je sentis le sol se mettre à tanguer sous mes pieds. Et merde… Je me dirigeai vers elle, ou lui, qu’importe, pour m’asseoir rapidement à l’écart du monde. Qyburn avait dit que c’était normal et que cela disparaîtrait bientôt.
« Bonsoir. Navré, je m’invite à votre table brusquement. »
J’avais juste besoin de quelques secondes que le monde arrête de se balancer. Je pris une profonde inspiration et expirais tout aussi lentement.
« Tout va bien ? Vous avez l’air nerveux ? »
Si c’était une femme autant jouer la carte de la sécurité et de passer tout au masculin. Parce que si elle voulait éviter de se faire démaquer… Je pouvais comprendre après tout. Je n’avais rien à boire. Et Qyburn, encore et toujours lui !, m’avait interdit de boire. Très bien… À part de l’eau je n’aurais rien pour fêter la liesse populaire. Quoi que je n’étais pas de grande humeur à la fête.
- Valarr:
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Tout occupé à fouiller la foule à la recherche d’une tête ou d’un blason connu, Prudence ne vit pas arriver la silhouette qui se glissa d’un coup à sa table. Le jeune homme ne parvint pas à réprimer un léger sursaut au moment où l’homme s’installa face à lui, mais ce n’était pas pour l’importuner. Ses mots étaient polis mais son attitude l’était encore plus. Il ne semblait pas s’inviter à sa table pour s’amuser ou pour l’importuner.
Malgré tout, la nervosité du jeune homme ne disparut pas aussitôt. Le regard lila pivota sur l’inconnu et le détailla de haut en bas. Des habits simples, cachés sous une cape lourde et sans fioritures. Si c’était un noble, il s’agissait probablement d’un chevalier fieffé, mais Prudence soupçonnait plutôt un chevalier errant ou un homme d’arme attiré à la capitale par la perspective d’une victoire au tournoi. Il ne portait aucun blason et sa tête ne disait rien au jeune Celtigar, ce qui devait vouloir dire que les Sept n’avaient pas jugés bon de lui octroyer ce qu’il venait chercher à Port-Réal.
Son visage sortait de l’ordinaire, en revanche. Il avait les traits fins pour un chevalier errant, soignées même, et ses cheveux n’avaient pas l’air salis par la poussière ou la sueur. Peut-être était-il au service d’un grand seigneur malgré tout. Plus surprenant encore, quand il parla à nouveau, c’était pour exprimer de l’inquiétude. Prudence lui sourit en retour.
“Votre sollicitude me touche, messire. Je n’ai pas l’habitude de ces célébrations mais je vais bien. C’est mon premier tournoi depuis…”
Prudence s’interrompit au milieu de sa phrase. Son regard était toujours posé sur l’inconnu mais il avait capté quelque chose dans les yeux sombres et dans la respiration lente. Les pupilles du guerrier semblaient avoir du mal à se concentrer.
Toute trace de nervosité envolé, le jeune homme se pencha au-dessus de la table pour se rapprocher un peu. Les grands yeux couleur lavande s’écarquillèrent et scrutèrent le faciès inconnu.
“Est-ce que vous allez bien ? Vos yeux… Vous voyez correctement ? Est-ce que vous avez l’impression que la taverne bouge ?”
Les réflexes revenaient vite et Prudence inspecta de nouveau l’homme de haut en bas. Pas de verre ou de chope à la main, il devait être arrivé récemment dans la taverne, mais ça ne voulait pas dire qu’il n’avait pas bu avant. Cependant, son visage n’avait pas les couleurs de quelqu’un qui avait consommé un peu trop de bière ou de vin.
Est-ce qu'il a été frappé ? Attaqué ? J'espère que tout va bien.
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Cette maudite taverne bougeait beaucoup trop ! Je continuai d’inspirer profondément en essayant de trouver un point stable. Je rassemblai mes mains l’une contre l’autre, paume contre paume. Tout allait bien, j’étais assise, sans doute pas à tout à fait à l’abri, mais j’étais assise. Et cela était déjà pas mal. J’essayais de discuter tranquillement, comme-ci tout allait bien. Ce n’était pas le moment de vomir ou quoi. Je savais que cela allait finir par passer. Cela passait toujours. Je l’avais bien compris, Qyburn me l’avait dit. Il faudrait encore quelques jours, voir une semaine, pour que tout passe comme il faut, j’avais pris un sacré coup sur la tête. Et j’avais du mal à me concentrer sur la conversation. J’inclinai la tête.
Messire. Messire. Il me prenait pour un homme. Il… Elle… pourquoi pas. Au moins nous étions tous les deux à notre premier tournoi. En quelque sorte. Je cillai à nouveau, essayant de stabiliser la taverne autour de moi. Alors qu’il se pencha brusquement vers moi, et je soutiens difficilement son regard, pas qu’il était inquiétant, mais les vertiges étaient là. Je fronçai légèrement les sourcils à ses mots. Est-ce que cela se voyait tant que ça ? Je restais silencieuse un instant avant de ciller.
« Oui. »
Comment lui expliquer ? Je passais une main sur ma tempe, autant que possible, comme-ci cela pouvait apaiser les vagues de la taverne.
« J’ai pris un choc à la tête il y a… quelque temps. J’ai été soigné, mais on m’avait prévenu que j’aurais pendant encore quelque temps des vertiges et des maux de têtes. Cela devrait bientôt disparaître. »
Bientôt, ce n’était qu’une question de jour ou au maximum de quelques semaines. Je le savais.
« Je devrais rester encore me reposer, mais je déteste ça. J’ai besoin de bouger et du coup je suis sortie me promener un peu. Je sais que ça va passer. »
Il fallait juste attendre, cela ne durerait que quelques instants, je le savais.
« D’ici quelques secondes ça va passer. »
Je le savais, il fallait juste attendre, c’était mon mantra. Juste attendre et voir. Et rester assise. C’était bie ça.
« Vous êtes… guérisseur ? »
Parce qu’il semblait bien s’y connaître pour avoir rapidement compris ce qu’il se passait.
- Valarr:
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A mesure que l’inconnu parlait, il pouvait sans doute voir le regard de Prudence changer pour refléter de nouvelles émotions. La curiosité, bien sûr, car ce type commençait à intriguer le jeune homme avec son attitude, mais aussi la fatigue. Une réaction née de l’habitude. Il semblerait qu’à Port-Réal comme à Vieilleville, les patients étaient incapables de respecter les instructions de leurs mestres.
Prudence retomba dans son siège avec un soupir exagéré. Ses lèvres formèrent un sourire torve, presque moteur.
“Et vous vous êtes dit que cet endroit était le bon endroit pour vous reposer, c’est ça ?”
Un petit ricanement ponctua sa phrase et il se redressa d’un seul coup, rajustant sa cape autour de ses épaules. Toute trace de timidité avait disparu alors qu’il reprenait un rôle qu’il connaissait bien et où il se sentait en confiance. En quelques secondes, il contourna la table et fit signe au blessé de ne pas bouger.
“Surtout, restez assis. N’aggravez pas votre cas. Je reviens.”
Déjà, il s’éloignait et levait la main pour héler le tavernier.
“Excusez-moi ! Ici !” cria-t-il alors que sa voix s’éloignait.
Moins d’une minute plus tard, la fine silhouette aux cheveux argentés se glissa de nouveau près de la table. Son bras contourna les épaules du guerrier pour poser un gobelet propre devant lui, puis Prudence versa de l’eau propre dans son verre avant de le pousser vers l’inconnu.
“Je ne suis pas guérisseur, mais j’ai assez étudié pour savoir que vous avez besoin d’eau en plus du repos. Buvez.”
Le ton était autoritaire, mais ponctué d’un amusement évident qui empêchait de prendre l’ordre très au sérieux.
“Lentement. Mais vous n’allez boire que de l’eau ce soir. D’accord ?”
Apparemment bien décidé à faire de cet inconnu son patient pour la soirée, Prudence prit sa chaise pour la rapprocher un peu de lui, avant de s’asseoir. A nouveau, les prunelles lilas détaillèrent l’homme de haut en bas. Quelque chose attirait son attention dans le physique de l’inconnu, mais il aurait été bien incapable de décider quoi pour le moment. Ce n’était pas une épée louée comme il les aurait imaginé.
“Et si vous me donniez votre nom, messire ? A moins que cela aussi ne soit devenu flou pour vous ?”
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J’eus un ricanement à ses mots, un bon endroit pour se reposer. J’inclinai la tête, mauvaise idée, avant de la remettre droite, encore pire. Est-ce que c’était un bon endroit pour se reposer ? Pas réellement en tout cas. Je refermai les yeux en respirant toujours aussi profondément, essayer de calmer les mouvements. Pas question de laisser les hommes de Cersei, que je voyais rentrer, ne comprenne ce qu’il se passait.
« Pas plus mauvais qu’un autre dirons-nous. »
C’était déjà beaucoup. J’aurais dû rester immobile, tranquille. Mais je n’y arrivais pas. Je ne pouvais pas rester tranquille. Et il m’ordonnait de rester assise. Mais j’en avais marre… Qu’importe. Je repris de l’air alors que la taverne se stabilisait tout doucement autour de moi. C’était mieux et les deux gardes s’installèrent à une table tranquillement. Deux clients normaux au premier abord. Pas quand on les connaissait. Je cillais un peu en regardant à nouveau la table pensivement. Et l’homme revient avec de l’eau. Je pris godet avec un geste calculé, le monde était à nouveau stable et je bus une petite gorgée.
« Le repos, c’est ennuyant. »
Mais j’avais bu une gorgée d’eau, cela faisait du bien. Je fermai légèrement les yeux avant de les rouvrir en regardant la personne en face de moi et j’eus un sourire amusé.
« Je ne bois que rarement. J’aime avoir l’esprit clair. Et si je fais ça, j’en ai une ou deux qui vont me décoller la tête de mon cou et aussi curieux que cela puisse paraître, j’aime la garder sur mes épaules. »
J’eus un ricanement pour moi-même en buvant une nouvelle gorgée d’eau, la savourant rouler sur ma langue.
« Sacha. J’m’appelle Sacha. Et non, tout est redevenu bien stable et net. »
Sacha, masculin ou féminin, cela ne m’avait jamais dérangé j’observai l’homme, ou la femme.
« Et vous ? C’est quoi votre nom ? »
Il fallait bien s’interroger mutuellement. Après tout il m’avait offert à boire ! Ce qui était très agréable aussi !
- Valarr:
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A mesure que ses habitudes de la Citadelle revenaient, Prudence reprenait ses aises. Le jeune homme s’était redressé à sa table et ses cheveux d’argent étincelaient maintenant en reflétant la lanterne toute proche. Il avait le sourire et ne faisait guère plus attention aux regards que l’on jetait parfois à sa table. D’une main, il fit glisser son verre de vin jusqu’à lui mais ne le porta pas encore à ses lèvres. Finalement, il allait peut-être rester un peu plus longtemps. Il n’était plus seul à présent et il connaissait même le nom de son inconnu. Inconnu qui le devenait de moins en moins et que le jeune homme dévorait d’un regard curieux.
Sacha. Il ne pouvait pas tirer grand chose de ce prénom. Il ne lui paraissait pas associé à une région particulière, mais le fait qu’il n’y ait pas eu de nom de famille donné par la suite confirmait ses impressions. Un homme d’arme, soit originaire de la cité, soit attiré là par la perspective du tournoi. Peut-être avait-il participé, peut-être avait-il simplement espérer trouver là quelqu’un qui pourrait l’employer.
Quoique… Sacha avait apparemment des gens qui s’inquiétaient de sa santé. Suffisamment pour le menacer de mort s’il buvait autre chose que de l’eau. Une ou deux… Curieux. Peut-être faisait-il référence à une ou des compagnes. En tout cas, après avoir haussé les sourcils de surprise, Prudence se fendit d’un sourire amusé.
“Je suis Prudence.” répondit-il enfin. “De la maison Celtigar.”
Cela ne signifierait peut-être pas grand chose pour Sacha. Sa maison était l’une des plus importantes du détroit, mais il doutait qu’elle soit connu par tous les chevaliers errants des Sept Couronnes.
Prudence était curieux. Il ne savait pas encore qui était son compagnon de table et il cherchait à le savoir, aussi scruta-t-il sa réaction avec intérêt. Sacha ne parlait pas comme un noble en tout cas, mais cela pouvait être trompeur en ces circonstances : dans la foule, il devait y avoir un bon nombre de fils de bonne famille que l’alcool avait rend aussi poli et articulé qu’un poivron de culpucier.
“Les deux personnes qui vous couperaient la tête pous vos bêtises n’ont pas réussi à vous empêcher de sortir, Sacha. Je suppose qu’elles ont eu autant de chance que pour vous empêcher de faire ce qui a provoqué votre choc à la tête ? Puis-je vous demander ce que c’était ?”
Le jeune homme porta la coupe à ses lèvres, mais le regard violacé restait fixé sur Sacha, brillant d’une curiosité amusée. Mais une seconde plus tard, avant qu’une réponse puisse être formulée, il reposa brusquement son verre.
“N’y voyez pas là une indiscrétion. C’est de la curiosité… professionnelle, disons.”
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Il s’était redressé. Il me semblait bien que c’était un homme. Au timbre de sa voix et sa gestuelle. Une habitude que j’avais. Regarder comment les hommes tenaient leur coupes, se redressaient… Quand on devait se faire passer pour l’un deux. Ou simplement mieux les comprendre. Apprendre par l’observation, sans doute était-ce le mieux pour moi. Après, je pouvais toujours me tromper, je n’étais pas infaillible. Loin de là. Mais je finis par donner mon nom et il m’offrit le sien. Mes yeux s’écarquillèrent, j’aurais dû m’en douter. Un noble forcément. Quoi que Prudence pouvait aussi être un prénom féminin. Mais est-ce qu’on laisserait une noble se couper les cheveux ? J’en connaissais aucune avec les cheveux courts.
« Cela explique vos cheveux d’argent et vos yeux violets Messire. Vous faites partie des trois maisons avec du sang Valyrien… Je pensais pas trouver ici un noble d’une telle importance. Je suis navrée si je vous ai offensé d’une quelconque manière. »
J’en connaissais une qui allait me passer un sacré savon. Mais la suite de la conversation me tira un sourire amusé et j’inclinai la tête doucement. Qu’est-ce que j’étais censée lui répondre à ses questions, bien légitime après tout. Je bus une nouvelle gorgée d’eau, mon gobelet était presque vide. Heureusement que ce n’était que de l’eau et pas autre chose. Curiosité professionnelle ?
« Curiosité professionnelle ? Seriez-vous aller apprendre les arts de la médecine messire ? Pour ainsi savoir soigner ? Me voilà curieuse. Je parlais de ma maîtresse, Dame Cersei Lannister. Ainsi que de ma meilleure amie.Croyez bien que si elles veulent m’empêcher de sortir elles le peuvent. J’ai prévenu que je sortais. Et le mestre était d’accord. »
Bon, d’accord, c’était pas un vrai mestre ! Mais il savait soigner. Quant à ce qu’il m’était arrivé.
« Chute dans les escaliers. Ma tête a tapé dans les marches deux fois assez violemment. Accident bête. »
Et pas du tout un double choc d’épée en pleine tête par deux bieffois. C’était fou comme ils étaient puissants quand on se prenait les épées. Je haussais les épaules.
« C’est comme ça. »
On allait éviter de trop en discuter, n’est-ce pas ? C’était pas une bonne soirée sinon.
- Valarr:
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Les informations se bousculaient dans l’esprit du jeune homme à une vitesse folle, pour donner des conclusions contradictoires. La plus grande surprise était dans l’identité d’une de ses fameuses personnes qui se préoccupaient tant de Sacha. Le nom des Lannister avait un poids important dans les Sept Couronnes, sans aucun doute bien plus lourd que celui de sa modeste famille, mais Sacha venait de le balancer comme ça, sans en jouer un seul instant.
Sa maîtresse. Donc il travaillait déjà pour quelqu’un. Cela expliquait sa venue à Port-Réal bien sûr, la délégation Lannister devait s’être déplacée, mais cela replaçait aussi tout le contexte de la conversation. Prudence n’avait pas à faire à n’importe qui mais à quelqu’un d’assez proche de la lionne de Bel-Castel pour que cette dernière se préoccupe de son état de santé. Et une meilleure amie en plus. Beaucoup de femmes semblaient se préoccuper du sort de Sacha, c’était intéressant.
Mais pas étonnant après une chute pareille. C’est cette dernière information qui choqua le plus le jeune homme. Les yeux lavandes s’écarquillèrent d’horreur avant que son expression ne devienne celle de la compassion pure. Les chutes, même bêtes, étaient dangereuses. Pour en souffrir encore des conséquences, cela avait dû être violent. Des nobles dames et nobles messieurs avaient soufferts pires conséquences en trébuchant dans les escaliers. Le pauvre !
Inconsciemment, Prudence se pencha vers son compagnon de tablée.
“Je suis navré, Sacha. Mais si vous tenez debout si peu de temps après une chute pareille, c’est que vous avez bonne constitution… Et un entourage qui prend soin de vous, même si j’aurais quelques mots à échanger avec votre mestre.”
Il conclut avec un clin d’oeil amusé, car il plaisantait bien sûr. Prudence ne se permettrait jamais de remettre en question les conclusions d’un autre mestre. Qui plus est, celui-ci devait mieux connaître Sacha que lui et avait donc donné son accord en connaissance de cause.
En répondant, il avait sciemment ignoré toutes les remarques le concernant. C’est que son esprit allait d’abord et avant tout à la personne blessée, mais il ne voulait pas se montrer impoli. Avec un sourire, il passa une main dans les boucles argentées, laissant quelques mèches cascader jusqu’à son cou. Difficile d’être discret ou mystérieux quand on portait s ouvertement les traits valyriens. Prudence restait persuadé qu’il avait hérité les siens de sa mère plutôt que son père. A la Citadelle, on lui avait souvent dit qu’il avait les traits délicats de Lys.
“Je suis démasqué. Mais je vous en prie, vous ne devriez pas vous inquiétez de m’avoir offusqué. Pour commencer, vous avez été l’homme le plus poli qui m’ait parlé ce soir… En plus de vous inquiéter pour moi. Ensuite, je ne suis pas exactement l’homme le plus à craindre de ma famille. Je ne suis que… Prudence.”
Il avait hésité un moment, comme s’il cherchait un titre approprié à sa personne. N’en trouvant pas, il avait finalement opté pour son simple prénom.
“J’ai bien étudié la médecine, pendant presque dix ans. A la Citadelle, mais j’ai récemment découvert que la vie de mestre n’était pas pour moi. Comme vous le voyez, je ne suis pas vraiment à craindre… Vous l’êtes plus que moi, si vous êtes important aux yeux d’une lionne du Roc.”
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Je savais que j’étais solide, il fallait pour survivre, pour vivre même. Vraiment. Mais, on s’y faisait, n’est-ce pas ? À prendre des coups, j’avais eu plus grande douleur, mais pas la peine de s’en faire. J’étais plus résistante qu’un cheval ! Et c’était tant mieux d’ailleurs ! Il valait mieux quand on était une guerrière, de ne pas être fragile ! De pouvoir encaisser les coups autant que possible. J’eus un sourire en regardant l’homme, amusée par la situation.
« Vaut mieux être solide quand on est combattant. Mais oui, j’ai d’la chance, on a bien pris soin d’moi. Quant au mestre… Qyburn est pas un mestre commun. »
Ouais, c’était le moins qu’on puisse dire, n’est-ce pas ? Un mestre défroqué ! Je ne savais pas s’il le savait… Enfin, c’était lui maintenant le noble et il fallait que je fasse très attention à ce que je dise, je n’avais aucune envie qu’on dise que je n’étais pas polie, que je n’étais pas assez bien éduquée. Cela retomberait sur Dame Cersei. Et c’était déjà assez, elle serait véritablement capable de me couper la langue et de me jeter seule à la rue. Enfin, n’en parlons pas trop ! Il valait mieux ne pas évoquer cela, n’est-ce pas ? L’homme. Il pensait toujours que j’étais un garçon. Intéressant. Je ne le détrompais absolument pas, ce n’était pas la peine. J’eus un sourire à ses mots. Juste Prudence.
« Alors on a qu’à dire qu’on est quitte. J’ai été polie, vous m’avez aidé. »
C’était pas mal n’est-ce pas ? Et il… avait été mestre ? Enfin, presque mestre. Et merde ! Il devait le connaître en réalité. Oups ! Bon, après ce n’était pas un secret que Dame Cersei l’avait pris à son service, elle aimait les gens atypiques autour d’elle. C’était un peu comme une sorte de cours des miracles sans le handicap, mais en version des profils bizarres. Pourquoi pas. Mais donc il avait été… presque mestre. Est-ce que Dame Cersei tenait à moi ?
« Je pourrais pas parler des sentiments de Dame Cersei. Peut-être qu’elle n’a juste pas envie de trouver quelqu’un pour me remplacer, ça peut arriver. Et qu’est-ce qui vous a fait réaliser que vous vouliez pas être mestre ? Parce que… dix ans c‘est long. J’imagine que c’est pas les montagnes de livres à lire. Ou le fait de tout d’voir apprendre par cœur. »
Autant j’aimais lire, mais c’était épuisant pour moi et très difficile. Malgré dix années, je buttais toujours autant sur les mots, enfin, pas autant, mais ce n’était absolument pas fluide, et comme je n’aimais pas non plus montrer que je ne savais pas… je ne m’entraînais clairement pas assez. C’était d’ailleurs la meilleure punition qu’avait Dame Cersei pour moi.
- Valarr:
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Sacha était quelqu’un de plutôt direct. Cela rappelait à Prudence certaines conversations avec d’autres acolytes de la Citadelle, particulièrement ceux qui avaient rejoint récemment l’institution. Ce n’était pas désagréable, bien au contraire. Et au passage, le jeune homme apprenait certaines choses. Pour commencer, il confirmait son impression : Sacha était un combattant, comme la majorité des hommes présents ce soir. Qu’il ait participé au tournoi ou pas, il était venu pour en profiter. Sans doute avait-il, comme son frère Aenor, un avis plus éclairé sur la violence observée par Prudence ces derniers jours.
Ensuite, Sacha avait été soigné par un certain Qyburn. Un mestre pas commun, en tout cas selon le combattant. Le nom rappelait quelque chose à Prudence, mais il n’aurait pas su dire exactement pourquoi. Jusqu’à ce que le nom de Cersei Lannister revienne dans la conversation. Ah oui ! Le quasi-mestre. Qyburn n’était pas un mestre justement. Prudence aurait été bien incapable de se rappeler pourquoi l’homme n’était pas devenu mestre, mais il savait que le fait qu’il soit employé par une dame aussi importante que Cersei Lannister avait créé quelques remous à la Citadelle.
Ce qui voulait dire que la Citadelle n’était pas appréciative de ce Qyburn. Il y avait pourtant beaucoup d’hommes en Westeros qui pouvaient se vanter d’être passé par l’institution sans avoir terminé avec une chaîne autour du cou. Ces hommes-là n’étaient pas des ennemis de la Citadelle… Donc la rupture entre Qyburn et le Conclave avait dû être violente.
Bah… Ce n’est pas important ce soir.
Prudence n’était certainement pas venu à Port-Réal pour ressasser les vieux dossiers de la Citadelle. Sacha posa pourtant une question qui l’obligeait à y repenser un peu… Mais c’était une question légitime. Et les suppositions du combattant firent éclater un rire délicat depuis les lèvres du Celtigar.
“Vous touchez juste. Ce ne sont pas les livres qui m’ont convaincu de trouver une autre voie. Au contraire, j’adore les livres et je les ai adoré pendant des années là-bas. La Citadelle est riche en ouvrage fascinant… Mais c’est tout ce qu’elle a.”
Le soupçon de nostalgie qui commençait à naître dans la voix du jeune homme fut bien vite écrasé et remplacé par un léger rosissement des joues. Il y avait bien des raisons qui l’avaient poussés à ne pas devenir un mestre. Certaines plus faciles à évoquer que d’autres.
“Je suis arrivé très jeune à la Citadelle. A l’époque, je n’y voyais qu’un endroit pour apprendre. J’y ai appris la médecine, à prendre soin des corbeaux et des autres animaux, à connaître l’histoire des Sept Couronnes et d’au-delà. J’y ai appris tant et plus de choses importantes et de choses triviales. Mais je n’y ai rencontré qu’une poignée de personne. Juste assez pour prendre conscience du monde qu’il y avait au-delà de cette Citadelle. Vous comprenez ?”
Délicatement, il repoussa son verre de vin et se pencha vers Sacha.
“Devenir mestre, c’est accepter de prononcer des voeux qui vous lient à un château et à ses habitants. Une existence noble, mais qui réduit considérablement les perspectives. Quid de tous les autres château et villes que l’on pourrait visiter ? Quid de ce qui n’est pas tracé en encre sur des pages mais entendu aux détours d’une bonne conversation ?”
Pris dans son explication, le jeune homme releva les yeux vers le plafond de la taverne, se perdant dans les volutes. Son ton était devenu rêveur. Est-ce que Sacha était bien à-même de comprendre tout ça ? L’homme devait avoir voyagé bien plus que Prudence, mais il restait lié à une Dame de l’Ouest et, de fait, ne pouvait pas s’être trop éloigné d’elle.
“Puis-je vous demander, Sacha, quel âge avez-vous ? Et depuis combien de temps combattez-vous pour Lady Cersei ? J’avais douze ans lorsque j’ai posé la première fois le pied dans la bibliothèque de la Citadelle.”
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Qu’est-ce qu’il s’était passé pour qu’il quitte la citadelle ? J’étais bien curieuse de ce qu’il se passait. Est-ce qu’il s’était disputé ? Est-ce qu’il y avait une sombre raison derrière ? Non, il avait une bouille trop adorable pour cela. Quoi que les plus belles et douces fleurs sont les plus dangereuses. N’est-ce pas ? Alors j’interrogeais l’homme sans savoir ce qu’il pourrait me répondre. J’étais véritablement curieuse de tout cela. Je posai mon menton sur ma main pour l’écouter, jouant machinalement avec le gobelet que j’avais toujours entre les mains. C’était ce qu’il y avait de plus facile pour s’occuper. J’avais du mal à ne rien faire. J’inclinai la tête à ses mots.
Les livres n’étaient pas la cause, il avait aimé ? Mais puisqu’il… Ah ! Je pouvais comprendre. Le monde uniquement au travers les livres, ce n’était pas le monde après tout ! Je restai silencieuse en continuant de l’écouter avec cette même attention qu’il m’avait offert, les sourcils légèrement froncés de concentration. J’inclinai la tête.
« Le monde n’est pas dans vos livres. Mais au-dehors, n’est-ce pas ? »
C’était quelque chose dans ce goût-là ? Je crois. Enfin, c’était autre chose. Je n’étais pas très douée pour comprendre tout ça. Le monde, je l’avais vu, en toute petite partie. J’avais visité le Bief, l’Orage, l’Ouest… La couronne et le Conflans. N’est-ce pas ? C’était beaucoup pour quelqu’un comme moi. J’inclinai légèrement la tête sur le côté à ses mots. Rester toujours attaché au même château ?
« Je… Je croyais que certains mestres pouvaient être des mestres errants pendant un temps ! Qu’on était pas obligé de servir tout de suite. Ou alors j’ai mal compris ? »
C’était possible après tout, n’est-ce pas ? Je tendis un peu les jambes devant moi avant de hausser les épaules. Mon âge ? C’était compliqué, n’est-ce pas mon âge ? Je fermais légèrement les yeux en essayant de bien compter.
« Il m’semble bien que j’ai vingt-trois ans. J’ai dû rentrer au service de dame Cersei quand vous êtes rentré à la Citadelle. Je… Je connais pas vraiment ma date de naissance. Alors c’est toujours complexe de dire mon âge. Mais ça doit bien faire dix ans que je suis avec Dame Cersei. J’ai visité un peu le monde avec elle, l’Orage, le Conflans, j’viens de là-bas, le Bief quelques années, et beaucoup l’Ouest ! Le monde est toujours intéressant. Mais j’aime bien les livres. »
Quand j’arrivais à les lire à mon rythme.
- Valarr:
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Prudence devait avoir été chanceux dans la confusion de cette étrange soirée. Si le combattant sur lequel il étai tombé n’était pas d’origine noble, il paraissait à même de comprendre ce qui avait troublé le jeune Celtigar. Et il connaissait même un certain amour des livres, ce qui était assez rare parmi les gens du commun. Et pour ne pas connaître son âge exact, il devait en être originaire. Un homme de noble naissance aurait eu sa date exacte de naissance consignée. Par un mestre, justement !
Après avoir longuement parlé, l’ancien acolyte avait écouté avec le même respect que son compagnon lui avait offert. Il délaissait entièrement son verre de vin à moitié plein maintenant, tout comme il ne prêtait plus attention au reste de la taverne, qui était pourtant toujours aussi agité. Les yeux lavandes restaient sur Sacha, même si Prudence prenait garde à ne pas le regarder trop intensément. On lui avait expliqué que cela pouvait troubler certaines personnes, aussi s’efforçait-il de ne pas le regarder dans les yeux. Malgré tout, les billes violacées ne quittaient que rarement le combattant.
Et elles s’illuminèrent plusieurs fois d’amusement et de curiosité, jusqu’à ce que Sacha termine sur son amour des livres.
“Ah !” s’exclama une voix enthousiasme. “Il semblerait que nous ayons trouvé deux choses que nous partageons, messire. Notre âge et notre intérêt pour la lecture.”
Prudence avait levé un doigt, puis l’autre, pour les décompter. Un beau sourire éclairait ses lèvres. Il semblait trouver ça sincèrement amusant. Et ça l’était. Quelles étaient les chances de tomber sur un homme d’arme qui était aussi un lettré ?
Sourire qui se fana cependant assez vite.
“Les mestres ne servent que dans un château ou à la Citadelle. Certains peuvent être envoyés en mission par leur seigneur ou par les archimestres, mais ceux que vous croiserez dans les campagnes et les villages et qui se prétendent mestre… ne le sont parfois que par éducation. Et parfois pas du tout.”
Prudence haussa les épaules. Ce n’était pas une existence qu’il avait envisagé pour lui. Bien sûr, un guérisseur itinérant avait de fortes chances de faire plus de bien que de nombreux mestres restés enfermés toute leur vie dans un château fortifié… mais c’était une vie très dangereuse. Les routes comportaient de nombreux dangereux et un homme qui se baladait avec des herbes médicinales avait tôt fait de devenir une cible. Ou pire, d’être considéré comme un sorcier.
Le jeune homme chassa ses pensées pour se concentrer de nouveau sur son compagnon de tablée. Et il prit conscience d’un détail très important. Sacha put voir les iris lilas s’écarquiller alors que la réalisation frappait Prudence.
“Vous avez rejoint le service de Lady Cersei à l’âge où j’ai été envoyé à la Citadelle… C’est extrêmement jeune. Vous… Vous étiez déjà si doué avec une épée pour être engagé par une famille de cette importance ?”
Dans la voix douce du jeune Celtigar, il y avait une inquiétude qu’il avait préféré ne pas exprimer par mots. Il n’était pas rare pour un jeune noble d’apprendre à se battre très tôt. Aenor était déjà très doué avec une épée quand il avait atteint ses douze ans. Mais pour les gens du commun… il fallait des circonstances exceptionnelles. Et parfois tragiques.
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J’eus un rire léger aux mots du Valyrien, plissant légèrement les yeux en essayant de soutenir son regard. Est-ce qu’il… Ne voulait pas me regarder ? Est-ce que j’avais quelque chose sur la figure ? Est-ce que c’était pour ça qu’il n’avait toujours pas compris que j’étais une fille ? Sans aucun doute. C’était sans doute un peu amusant pour moi. Est-ce que j’allais le détromper ? Peut-être que oui ! Peut-être que non. Mais qu’il soit entré chez les mestres était une confirmation qu’il était bien un homme. On acceptait pas les femmes là-bas. Je haussais les épaules.
« J’aime lire, mais je ne suis pas très… douée et ça m’énerve quand je lis de le faire très lentement. Mais visiblement oui, nous avons quelques points communs. Et vous oubliez être dans une taverne bondée et ne pas profiter de la même liesse que tout le monde. »
Si on m’avait dit qu’il se passerait ça ce soir, je ne l’aurais pas cru ! Mais la vie était faite de surprise après tout ! C’était bien comme cela que j’avais terminé au service de la lionne ! Ce n’était pas rien. Mais n’aurait-il pas pu devenir mestre errant ? Comme certains ? Il me semblait en avoir entendu parler. J’inclinai la tête à ses mots, visiblement, je m’étais largement trompée ! Cela arrivait après tout…
« Je vois… J’ai cru ! Mais visiblement, j’avais été… abusée ! Ce qui est bête… Des mestres errants seraient bien pour aider la population. Enfin… si la citadelle a les moyens bien sûr de protéger ces mestres. »
Après est-ce qu’il y en avait assez… Ou alors mettre en place un service de deux années à la communauté avant d’être placé ? Est-ce que cela serait possible ? Je laissai mon esprit s’évader un instant avant de revenir vers Prudence qui posait des questions. Je remuai légèrement le nez avant de répondre.
« C’est… Un peu plus compliqué que ça. Disons… que pour faire simple… Ser Garlan m’a récupéré parce qu’il a vu mon potentiel, je viens du peuple et j’ai pas de parents, alors c’était… facile. Et finalement à Corneillia, cela ne s’est pas passé comme prévu, il m’a confié à son frère Ser Loras qui m’a ramené à Hautjardin, et c’est comme ça que je suis rentrée au service de Dame Cersei. De manière très rapide. Et résumé. »
Je haussais les épaules.
« Ne me présentez pas vos condoléances pour mes parents. Je n’ai aucun souvenir d’eux. J’ai grandi avec d’autres orphelins, on s’en sortait pas… pas si mal. Même si c’était pas facile. »
La joie d’être une enfant du peuple… J’avais tendance à dire Gosse des rues, parce que nous vivions à la rue ! Mais quand on était en campagne, cela n’était pas vraiment ce qu’on pouvait dire. Juste. Bande d’orphelin. J’inclinai la tête sur l’autre côté.
« Je ne sais pas si je suis douée avec une épée. Disons que je sais la tenir par le bout qui ne coupe pas. »
J’eus un rire en observant toujours le valyrien. Je n’avais pas envie de parler de mon niveau en épée. Je ne me sentais plus légitime pour l’instant.
- Valarr:
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Prudence eut un sourire aussi amusé que rêveur à la perspective de mestres errants soutenus par la Citadelle. C’était un concept que lui aussi aurait trouvé très utile et il s’était fait plusieurs fois la réflexions au cours de son apprentissage mais les archimestres lui avaient expliqués à maintes reprises les dangers associés à une telle existence. Combien d’années d’enseignement seraient perdus en envoyant les plus grands lettrés de Westeros se perdre dans les campagnes où ils ne seraient utiles que pour soigner les blessures des paysans ? Prudence n’avait pas trouvé ça si horrible, mais c’était la Citadelle qui décidait de l’avenir des mestres, depuis sa création.
C’était agréable de rencontrer quelqu’un qui partageait son avis là-dessus, même si les raisons de Sacha devaient être bien différentes des siennes.
Le jeune homme avait vu juste : le guerrier était issu du peuple. Et il n’avait pas dû avoir une existence difficile. Cependant, avant que Prudence ne puisse prononcer la moindre condoléances, il fut stoppé dans son élan. Ses lèvres se refermèrent donc et il opina de la tête sagement, pour laisser Sacha terminer son histoire.
Même avec interdiction d’exprimer des condoléances, le regard lila exprimait la compassion qu’il ressentait à l’idée de ne pas connaître ses parents. Sacha voulait sans doute se distancer de cette période et il devait se réjouir de sa nouvelle existence, mais ça ne voulait pas dire qu’un tel début de vie ne laissait pas des marques. La tentation de s’exprimer sur le sujet était grande mais le guerrier avait été clair.
Prudence choisit donc un autre angle d’attaque et retrouva un grand sourire. Il se pencha à nouveau sur la table, le regard planté dans celui de Sacha et un index accusateur pointé sur lui.
“Votre modestie vous honore, Sacha, mais vous ne me tromperez pas aussi facilement. Ser Garlan Tyrell et Ser Loras Tyrell. Je n’ai jamais connu ces hommes, mais je connais leur réputation, fin bretteurs tous les deux. Parmi les meilleurs du royaume. Il n’aurait pas pris n’importe qui sous leurs ailes sans une bonne raisons. De même que Lady Cersei ne garderait pas un homme sous son emploi direct s’il n’était pas un grand guerrier ou s’il n’avait pas d’autres capacités exceptionnelles.”
Le regard lavande s’étrécit, observant Sacha avec une plus grande attention encore. Le soldat n’avait rien d’exceptionnel en apparence. Il était moins grand et impressionnant que certains des plus grands guerriers des Sept Couronnes, mais Prudence savait que les apparences pouvaient être trompeuses. En fait, observés de près, Sacha avait les traits plus fins que la plupart des guerriers, imberbe… presque féminin en fait.
“Je présume que vous savez faire plus avec une épée que la tenir par le bon bout. Je ne pourrais malheureusement pas juger de vos talents, étant moi-même un très mauvais bretteur, mais je devine que vous me mettriez à terre en quelques secondes. Sinon plus rapide.”
Tout en parlant, Prudence continuait son inspection plus approfondie. A mesure qu’il observait les traits plus délicats du visage de Sacha, il commençait à craindre d’avoir commis une atroce méprise. Le jeune Celtigar était bien placé pour savoir que juger sur l’apparence pouvait être une très mauvaise idée. Sacha était vêtu comme un homme d’arme et se baladait dans une taverne où les guerriers fêtaient la victoire, mais il ressemblait beaucoup à…
Les grands yeux violets s’écarquillèrent de peur à l’idée d’avoir commis un impair, mais Prudence n’osa pas l’exprimer tout de suite. Il attendit plutôt la réponse à sa remarque.
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