J’ai raté, mais je veux pas qu’on dise que j’ai rien foutu.

La mer était particulièrement agitée cette nuit-là alors que le navire marchand d’un dénommé Belenos avait quitté les côtes de Qarth pour revenir vers le Détroit où il faisait beaucoup de commerces avec les cités libres ainsi que Lancehélion où il avait ses habitudes. Quelque peu connu çà et là dans les divers ports où il mouillait, Belenos pouvait se targuer d’une petite réputation sympathique auprès de ses clients habituels. Seulement, cette nuit-là, pourtant habitué à ce que la mer se déchaîne, quelque chose lui fit craindre de ne pas réussir à atteindre les côtes occidentales du grand continent. Ce n’était pas le temps ni la tempête mais le navire qui semblait les suivre depuis plusieurs heures déjà. Cela lui avait été rapporté par son second. Les eaux de la mer d’Été pouvaient parfois être dangereuses. Heureusement pour Belenos, son équipage n’était pas simplement composé que de marins mais d’hommes entraînés, venant des quatre coins du monde. Il en avait fait une force et une fierté. Seulement, cette nuit-là, cette force fut mise à rude épreuve à cause de la tempête. Le navire sembla changer de cap sans qu’il ne puisse le redresser et poursuivit alors sa route vers le Sud, vers des eaux plus profondes et auxquelles Belenos n’était pas du tout habitué.

- Les gars, notre cap a changé. Il faut...

- Capitaine, le navire se rapproche ! Ce sont des pirates !

Si sur terres, les voleurs et autres malfrats sévissaient dans les cités, les châteaux et les villages, sur mer, personne n’était à l’abri. Les attaques de pirates étaient assez fréquentes et Belenos en avait déjà subi plusieurs dans sa carrière de capitaine marchand. Cette nuit-là faillit être la dernière pour le vieil homme. Alors que le second venait de prévenir le capitaine, le navire pirate fonça sur eux et faillit les faire chavirer. Ils réussirent à garder le bateau droit et le firent bifurquer pour tenter de s’éloigner des pirates. Des terres pouvaient être aperçues au loin et le capitaine ordonna alors de s’y rendre, espérant tomber sur un port où d’autres bateaux pourraient les aider. Les pirates n’étaient pas connus pour abandonner si facilement, il en savait quelque chose. Pour preuve, ils réussirent à réduire l’écart que les marins de Belenos avaient réussi à créer entre eux en un rien de temps. Les terres étaient encore trop loin et la mer ne facilitait pas les manœuvres. Il était là trop tard pour imaginer n’importe quelle échappatoire. Se rendant à l’évidence, Belenos s’adressa à ses marins avec une voix meurtrie.

- Mes amis, je crains qu’il nous faille nous rendre… La mer n’est pas de notre côté aujourd’hui…

Tandis que l’équipage se regardait les uns, les autres, le navire pirate se rapprocha et heurta à nouveau le navire. Cette fois, des crochets apparurent aux abords des rambardes. Ils abordèrent le navire.