Revoir la guerrière du lever de soleil

Demain, j’irais parler à Dame Cersei, pour avoir si elle m’autorisait à participer à la mêlée. Bien sûr que je ne ferais pas le point, mais à quel point ? À quel point avais-je progressé ? C’était aussi la question que je me posais et à laquelle je voulais absolument répondre. À quel point étais-je devenue bonne ? Ou alors, c’est ce que je pensais du moins, à quel point étais-je mauvaise ? Je n’en étais pas sûre. Enfin, même si je ne pouvais pas participer, ce n’était pas pour cela que je n’allais pas m’entraîner. Toujours à l’aube. Autant que possible. Parce que c’était important pour moi et dans la journée Dame Cersei aimait éviter que je ne me montre trop comme armée dans le Donjon Rouge. À part lorsque je devais l’escorter voir son dragon. Enfin, ce matin, tôt, comme d’habitude, je m’étais habillée, j’avais pris une de mes épées et j’étais descendue au terrain d’entraînement. Félicité allait se régaler lorsque je reviendrais pour s’assurer que je portais une des robes qu’elle avait prises pour moi pour ressembler au plus à une servante personnelle pour passer partout. En attendant, c’était elle qui me tressait les cheveux. Enfin… qu’important.

Il faisait encore nuit quand je m’étais mise à m’entraîner. La dernière fois que j’étais venue ici, Meliodas m’accompagnait, ou du moins il venait me chercher avec une cape pour me faire rentrer. Pour veiller sur moi. Je secouai légèrement la tête, comme pour chasser ces idées. Ce n’était pas le moment de penser à cela. Vraiment pas. Je bougeai souplement dans la poussière du terrain d’entraînement, je continuai de travailler mes mouvements encore en encore jusqu’à ce que mes muscles soient bien chauds. Je continuai encore de bouger, travaillant mes failles. Je préférais m’entraîner à Bel-Castel, au moins j’avais des adversaires pour m’entraîner ! Mais on faisait avec ce qu’on avait sous la main. N’est-ce pas ? Je continuai un petit moment jusqu’à sentir un regard sur moi. Je m’arrêtais un instant pour aller boire quelques gorgées d’eau. Je m’arrêtai, parce que c’était vraiment persistant. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis le prince Aegon. Je m’inclinai profondément devant lui en silence. Je n’étais pas sûre qu’il souhaite me parler, et je ne m’approchais pas trop des nobles pour éviter de dire des bêtises. Je lui offris donc un sourire rapide avant de me détourner. Cela me rappelait notre première rencontre, même situation ! Enfin, presque. Qu’importe.

« Votre altesse. »

Fis-je simplement.
   

J’offris un sourire au prince, je n’étais absolument pas sûre qu’il se souvienne de moi. Nous n’avions échangé que quelques mots. Et encore il y a encore quelques années ! Nous n’avions pas échangé de mémoire. En tout cas, je savais très bien qu’il avait un dragon, il y en avait beaucoup trop pour un espace si petit. Du moins à mon goût. Concernant le dragon du prince, je ne l’avais jamais vu, autrement que de loin. Qu’importe, ce n’était pas la peine de trop y penser. Mais il me surprit. Il se souvenait de moi. Je me sentis rougir malgré moi et je m’inclinai à nouveau.

« Je suis honorée que vous vous souveniez de moi, altesse. »

Je l’écoutai avec attention, il participait ainsi aux joutes. Intéressant. Un adversaire digne de ce nom ? Je tournai la tête pour regarder tout autour de moi, j’étais la seule sur le terrain, mais je n’étais nullement une adversaire pour les joutes ! Je ne savais pas jouter d’ailleurs. Même si je tenais pas trop mal à cheval. Sauf que je sentais toujours le regard du prince sur moi. Visiblement, c’était moi l’adversaire.

« Je crains ne pas savoir jouter, mais si c’est pour s’entraîner à l’épée, je suis votre adversaire, altesse ! »

Sauf que je le vis tirer son épée en acier valyrien. Je cillai un peu, j’étais toujours d’accord pour la castagne d’entraînement. Toujours ! Vraiment ! Sauf que… Avec une lame telle ? C’était proprement hors de question. Je pointai son épée du doigt.

« Sauf votre respect altesse, je n’ai aucun problème à ne pas retenir mes coups, seulement, je préférerais que nous utilisions des épées mouchées. Aussi curieux que cela puisse étrange, j’aimerais conserver mes bras et mes jambes, et votre lame trancherait mes os sans effort ! »

Je lui offris un sourire avant de me diriger vers le râtelier pour prendre deux épées mouchetées et lui en tendre une avant de me mettre en garde sur le terrain, en face de lui, j’attendis qu’il fût prêt pour frapper en première. L’échauffement en premier ! Toujours, Je ne le ménageais pas, je testais un peu ses réflexes. Un coup vif, de taille, rapide.
   

Je ne me jugeai pas du tout importante, ou même inoubliable. Absolument pas. Si bien que j’étais toujours très surprise qu’on se souvienne de moi. J’observai le prince avec grande attention ainsi que son petit sourire en coin. Il semblait… vexé ? Du moins c’était l’impression que j’avais ? J’inclinai la tête à ses mots en massant ma nuque.

« En tant que prince vous devez avoir bien des choses plus importantes à vous rappeler que moi. »

Enfin, c’était mon avis bine sûr. Mais il avait beau agiter son épée valyrienne, je ne me battrais pas contre lui avec cela dans les mains. C’était hors de question, je tenais à mes membres ! Mais je ne retiendrais pas mes coups du moment qu’il avait une épée mouchée. C’était sans doute le mieux. Je fronçai légèrement les sourcils avant de me mettre en garde. Un entraînement fera l’affaire. Je souris.

« Alors allons-y altesse ! »

J’attaquai la première, mais il para aisément mon coup. Commençons tranquillement n’est-ce pas, ce n’était pas le but de commencer en se frappant avec violence dès les premiers échanges. Non, il valait mieux augmenter tranquillement le rythme. Surtout que si moi j’avais les muscles chauds, ce n’était pas le cas du prince. Et je m’en voudrais d’être accusée de le blesser. Apprécier les tournois ? Je fronçai légèrement les sourcils en sentant le choc de nos épées l’une contre l’autre. Il était bon.

« Je n’ai pas eu l’occasion de voir beaucoup de tournoi. Quant à y participer, je pourrais être le guerrier réincarné… que je n’aurais absolument pas le droit d’y participer. »

Me manquait quelque part une épée ! Mais c’était autre chose. Je rompis d’un pas en soutenant le regard du prince en pivotant machinalement autour de lui.

« Je ne sais pas jouter, alors je suis bien incapable de participer à l’épreuve phare. Et vous Altesse ? Aimez-vous les tournois ? Et y participer ? Je crois savoir que vous avez déjà quelques exploits à votre actif. »

J’enchaînai quelques mouvements pour voir ce que le prince avait dans le ventre et s’il pouvait faire autre chose que parer quelques simples revers.
   

Aie, j’avais contrarié le prince ! Merde, ce n’était pas bon, pas bon du tout. Je baissai légèrement la tête en signe d’excuse. Je ne savais pas trop comment réagir. Je ne voyais vraiment pas quoi dire d’autre. Enfin si.

« Je vous présente mes excuses, altesse. »

Qu’est-ce que j’étais censée dire d’autre ? Rien. Je ne pensais pas du tout que j’avais la moindre importance. Pas du tout. Je continuai l’échange jusqu’à ce qu’il évoque Dame Cersei. J’avais du mal à me concentrer face à lui, vraiment… Une grande difficulté, j’avais l’impression d’être gauche aujourd’hui… Je me mordis la joue avant d’incliner légèrement la tête.

« En effet oui, depuis quelques années. »

Vraiment, je ne comptais pas réellement. Peut-être… Dix ans ? Quelque chose comme ça ? Je ne voulais pas vraiment me concentrer dessus. Déjà que j’étais bien maladroite ce matin ! Rien ne semblait aller. Vraiment pas. La lame ne semblait pas faire partie de mon bras. C’était sans aucun doute à cause de mon bras droit. J’étais gauchère et non pas droitière ! Mais qu’importe, il fallait que je me concentre, encore et encore. Je serrais légèrement les dents. Je posai quelques questions sur le tournoi. J’étais nerveuse… Vraiment nerveuse à l’idée de demander à Dame Cersei de pouvoir participer ! Et lui il pouvait y participer.

« Ça a l’air bien ! Mais je ne pourrais jamais en faire. »

C’était quelque chose d’intéressant ! Mais je crois que je ne pourrais pas, vraiment pas. Il fallait être chevalier. Et je ne l’étais pas. Absolument pas. Je serrais les lèvres alors qu’il fit une botte très intéressante, elle me toucha donc et je reculais de deux pas pour me remettre en garde.

« Vous êtes très doué, altesse. »

Plus que moi. C’était certain. Mais j’avais vraiment du mal à me concentrer. Je serrais légèrement les dents avant d’inspirer profondément. Reprends-toi Sacha. Reprends-toi ! Tu ne peux pas te laisser distraire pour l’instant. Je secouai légèrement la tête avant de reprendre le combat. La danse était de nouveau de mise !