Un serpent dans le bois sacré.
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Il avait toujours aimé la quiétude de ce lieu. Le parfum de la terre, la douce humidité de l'air, le coussin d'épines qui étouffait les sons, la présence de ses dieux, tant d'éléments que Brynden appréciait. De tous temps, il avait considéré le bois sacré comme un havre de paix, un endroit où il pouvait se retirer lorsqu'il avait besoin de se sentir seul, de fuir ne serait-ce qu'un moment ses lourdes responsabilités. Un espace sacré où il pouvait sans crainte livrer ses appréhensions et ses désirs, venir se recueillir en toute sérénité. Il était venu ici, juste avant de rallier l'ost rebelle lors du soulèvement du Cerf, quémander aux démiurges du Nord force et courage afin de vaincre ses ennemis. L'héritier avait prié, aussi, avant de partir prêter main forte aux Cygnes assiégés. À chaque fois, les dieux l'avaient placé lui et les siens sous leur auguste égide, ce qui n'avait fait qu'accroître la piété déjà profondément ancrée en lui.
Et le voilà aujourd'hui encore, au cœur du bois sacré, agenouillé face au barral séculaire. Il était simplement vêtu de laine grise, son épée barrant son dos, les traits las et fatigués, ses lèvres se mouvant sans émettre de bruit afin de formuler de silencieuses suppliques. L'arbre avait beau être dépouillé de son feuillage coruscant – lâchement empoisonné par les Bracken – les dieux étaient toujours bien là, Brynden pouvait le sentir. Le Nerbosc priait pour des choses diverses et variées : une fin rapide à la guerre qui secouait Westeros, la déchéance des usurpateurs, le salut des siens et le renouveau du prestige de sa maison. La même litanie depuis des semaines, il psalmodiait invariablement les mêmes implorations, bien que la situation ne bougeait pas d'un iota. Un véritable marasme dans lequel le Conflans était empêtré, ponctué ça et là de quelques échauffourées. Il en avait assez de cette oisiveté, il avait faim d'un épilogue grandiose à ce terrible chapitre.
« M'sire ? » fit une voix derrière lui. Surpris, Brynden se releva et fit volte-face, sa dextre sautant vers la garde de son épée. Il exhala un long soupir : simplement un garde, penaud, qui faisait passer son poids d'un pied à l'autre. « Désolé de vous déranger, m'sire, mais la dame veut vous voir. » Derrière le péon se dessina le galbe d'une femme qu'il ne connaissait pas. Sa complexion la trahissait comme étant d'origine dornienne, ou peut-être même d'Essos. Qu'une inconnue, aux absconses motivations, soit au sein de Corneilla mettait l'héritier dans l'embarras. « Pourquoi n'est-on pas venu me chercher ? » voulut-il savoir. « La dame était sous bannière royale et escorte. M'sire Hoster a voulu qu'on ouvre les portes. » fit le garde, mortifié. « Hoster a quatorze ans, bougre d'idiot. Qui commande, ici ? » tonna Brynden, furibond. « Votre seigneur père, m'sire. » Le drôle se gaussait-il de lui ? Le Nerbosc lui décocha un regard noir et appuyé, avant de se tourner vers l'étrangère. Il s'humecta les lèvres, prit une profonde inspiration afin de recouvrer son calme. Qui qu'elle soit, il fallait lui témoigner les égards. « Le bonjour, madame. J'ai l'honneur d'être Brynden Nerbosc, héritier de Corneilla. Pourrais-je connaître la raison de votre présence en ces lieux ? »
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L'aspic s'était rendue à l'évidence, en choisissant d'être pour Rhaegar Targaryen, elle choisissait d'être seule contre tous. Non pas que tous étaient contre lui, mais tous n'étaient pas pour. Viserys semblait avoir de plus en plus de partisans et l'on murmurait même le nom des Baratheon, assez fort pour que l'aspic l'ait entendu. Ils avaient remportés l'Orage c'était déjà ça, une défaite des Connington, alliés fidèles de Rhaegar, c'était une énorme perte. Les Îles-de-Fer avaient décidés de mettre à sac le Conflans mais par elle-ne-savait-quelle chance, Vivesaigue avait été épargnée. Les dieux s'étaient montrés cléments contrairement à ce que tous les septons passant à Vivesaigue s'évertuaient à dire : Comment les 7 pourraient-ils être favorable à un homme ayant des relations avec une femme avec laquelle il n'est pas mariée, à qui il fait une bâtarde et qui est sa nièce ? Les dieux ne pouvaient pardonner cet affront. Pourtant ils les avaient épargnés lors de l'assaut des Fer-Nés.
Si Rhaegar était homme patient, à attendre que le temps passe, sa commandante de Garde Royale était l'opposée : toujours vive, toujours à cheval, toujours ça et là. Et ce jour-ci, elle en avait eu assez. Assez des rumeurs colportées, assez des on-dit-que, elle avait décidé malgré son ventre bien apparent pour deux mois et demi, de monter sur son étalon dornien, un pur sang noir, d'amener avec elle un petit nombre de garde - ses propres gardes de Dorne - et de chevaucher jusqu'à Corneilla. Pourquoi Corneilla ? Leur allégeance lui semblait suspecte, étaient-ils pour Viserys, Rhaegar ou pis, les Baratheon, elle n'en avait pas encore la certitude et quelque chose lui disait au fond d'elle que personne ne saurait mieux qu'elle détectait les mensonges des mots vrais chez ces Lord, ces Suzerains. Car au final, ils étaient à la tête du Conflans, non ? Les Desdaings tombés, la suzeraineté était partagée et les Bracken avaient bien révélés être pour Viserys : elle n'était pas suicidaire, folle peut-être, mais pas suicidaire.
Voilà un drôle de spectacle qu'elle devait offrir aux habitants du Conflans qu'une petite troupe armée de dorniens portant le bannière du dragon. Chose amusante, qui pouvait deviner qui de Rhaegar ou Viserys ils soutenaient puisqu'ils avaient la même bannière ? Pour Nymeria il n'y avait qu'un seul et véritable roi, celui qui était confiné à Vivesaigue, sous sa protection et sous la protection à l'heure actuel de Ser Barristan Selmy et Nakhti. Il ne savait sans doute pas ce que sa commandante faisait et il n'avait guère besoin de savoir, cela aurait crée plus de conversation inutile et cela n'aurait servi à rien, cela n'aurait pas fais avancer les choses. Elle l'aimait, profondément, sincèrement, elle n'avait donc parfois pas tant de choix qu'agir dans son dos pour son bien. Mais quel spectacle qu'une troupe dornienne colorée dans ces contrées si grisonnante, si morne. Nymeria portait fièrement les couleurs de Dorne malgré que ses gardes portait haut la bannière du dragon tricéphale. Elle n'aurait évidemment pas impliqué Dorne là dedans, c'était au nom de Rhaegar Targaryen - ou plutôt même en son propre nom - qu'elle s'affichait.
Etrangement, arrivée à ce que tous nommait Corneilla, on leur ouvrait la voie sans plus attendre, elle n'avait point eu à s'annoncer. Etaient-ils si inconscient pour laisser une dornienne et sa troupe armée entrer sans poser quelconque question ? Et si elle avait été pour Viserys, qu'auraient-ils fait ? Voilà qui était bien étrange.
Lorsqu'ils entrèrent, on osait la regarder directement dans les yeux. Des palefreniers accouraient plutôt pour prendre en charge les chevaux et les serviteurs et servantes aussi. Mais Nymeria Sand ne voulait attendre, trop d'heures passée à cheval, son ventre la heurtait quelque peu et ses humeurs n'en étaient qu'affectées. Elle était vêtue d'un pantalon sombre et de grandes bottes en cuir, sa cape blanche trahissait son rang car l'aspic ne portait pas l'habituelle armure des gardes royaux. Ses habits étaient luxueux à l'inverse et son armure de cuir typiquement dorniens. Sa longue tresse noire avait trouvé sa place contre son épaule droite. Ainsi il était peu étonnant qu'on n'ose lui demander qui elle était en premier lieu, non pas qu'elle semblait hostile mais totalement étrangère, une curieuse personne qui venait là. On ne lui demandait pas qui elle était ni avant son arrivée, ni à son entrée, on allait juste chercher quelqu'un de plus... Compétant, demandant à l'aspic de la suivre. Evidemment, les gardes suivaient : savaient-ils comment accueillir les gens de son rang ? Etait-elle au bon endroit ? Elle regardait autour d'elle, les lieux étaient beaux et entretenus, ils ne devaient être pauvre ou mal lotis. Elle ne comprenait donc pas ce qu'il se passait. C'est même l'un de ses garde qui lui fait la remarque :
" Lady Nym, sommes-nous au bon endroit ? "
" Il me semble, Baeron, il me semble. "
Peu confiants, les gardes restaient sur le qui-vive, prêts à dégainer leurs armes. Elle ne leur indiquait pas de se calmer. Les dorniens étaient fougueux et malgré que certains aient tournés leur veste, lorsque d'autres prêtaient allégeance c'était au péril de leur vie : ainsi, les dorniens l'ayant accompagnés n'auraient pas hésité un seul instant à tuer le premier s'opposant à l'aspic. Dur à deviner s'ils étaient ou non hostile à Rhaegar Targaryen lorsqu'on les accueillait de la sorte, car cela pouvait tout aussi bien être un piège. Elle-même portait sur elle 8 dagues, cachés à divers endroits, un fouet et une épée.
Finalement, le clopant les avait emmené dans une sorte de .. Jardin ? Bois ? Nymeria n'était pas très pieuse mais elle suivait la religion des 7, peu portée sur le sujet elle ne connaissait pas toutes les subtilités des cultes de chacun. L'homme se levait, voilà que lui semblait plus apte à leur parler, il avait une très belle allure, propre sur lui, de beaux vêtements et une belle arme, un très bel homme qu'en d'autres temps elle se serait fort plut à charmer... Un sourire malicieux apparaissait sur les lèvres de l'aspic, en toute occasion la vipère gardait un visage radieux et souriant, un masque pour les personnes ne la connaissant pas donnant l'impression qu'elle était douce et chaleureuse. C'était pour mieux mordre par surprise. Alors elle souriait à cet homme, amusée par sa démarche qu'elle trouvait plutôt... Maladroite.
" C'est un honneur de vous rencontrer, cher héritier. Je suis Lady Nymeria Sand, Commandant de la Garde Royale du roi Rhaegar Targaryen, fille du Prince Oberyn Martell de Dorne et nièce du Prince Régent de Dorne, Doran Martell. La raison de ma venue est simple, je désirai m'entretenir avec le seigneur de ces lieux, je désirai m'entretenir avec le suzerain du Conflans. L'on m'a guidée vers vous, sans doute êtes-vous tout aussi apte à me parler, n'est-il pas ? "
Elle regardait autour d'elle et cela lui frappait, plus ou moins.
" Peut-être ne sommes-nous pas dans le bon lieu pour entretenir ce type de conversation. "
Ou : peut-être ne sommes-nous pas dans le bon lieu pour répandre le sang, au gré de la discussion. Lady Nym avait un certain parlé, un léger accent de Volantis, pour ceux connaissant bien les lieux, une femme tout à fait exotique aux yeux même des dorniens. C'était la Lady des Aspics, plus lady qu'Arianne Martell la dernière fois que Nymeria l'avait vu, plus apte à mener ce genre de discours que n'importe quelle de ses soeurs. Elle avait une grande confiance en elle : pas un seul instant elle ne perdait son sourire chaleureux. Son regard, lui, scrutait le futur Lord. Elle l'examinait, qu'il s'agisse de ses vêtements, de la position dans laquelle il se tenait et finalement ses expressions faciales.
" Il peut paraître tout à fait étrange qu'une personne de ma position vienne tenir ce genre de discours je le conçois tout à fait. "
Hélas, qui d'autre aurait pu le faire ? Jon Connington aurait du : il était aux abonnés absents. Un maître de guerre ? Foutaises, elle ne savait même pas où il était. Il n'y avait finalement bien qu'elle pour remplir ce rôle à l'heure actuelle.
" N'offririez-vous pas à une Lady votre bras pour marcher et discuter ? "
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Pas une seule fois durant l'une de ses trente longues années d'existence Brynden s'était-il douté qu'il verrait un jour une dornienne au beau milieu du bois sacré de Corneilla. Dire qu'il était désarçonné était un euphémisme. L'héritier était proprement éberlué par cette singulière vision. Passablement courroucé, aussi, mais son ire ne se tournait pas vers la belle mais bien vers les gardes ineptes et son corniaud de petit frère. Qu'ils puissent s'être montrés si naïfs était presque inquiétant. À croire qu'Hoster et lui n'avaient pas reçu la même éducation. Le cadet savait pourtant aussi pertinemment que son aîné à quel point leur situation était épineuse et périlleuse ! Une fois la situation présente réglée, les concernés écoperaient d'une sévère mercuriale dont il avait le secret. Sa main quitta lentement la garde de son épée et retomba mollement le long de son corps. « Vous pouvez disposer. Nous aurons des mots plus tard. » fit-il à l'adresse du garde sur un ton péremptoire, en le foudroyant d'une nouvelle œillade coléreuse. Une fois que le péon se fut retiré, le Nerbosc prit quelques instants pour observer l'invitée inopinée. Sa crinière était d'ébène, son teint rappelait les dunes de sable du pays qui l'avait vue naître, elle était nantie d'un visage finement ciselé et dans ses yeux dansait un éclat espiègle. « C'est un honneur, lady Nymeria. » fit Brynden courtoisement. Une bâtarde. Le bretteur appuya son poids sur une jambe et puis sur l'autre, mal à l'aise. On lui avait seriné depuis l'aube de son existence les notions d'honneur et de dignité, la noblesse avait la fâcheuse tendance de baisser les yeux sur les enfants nés hors-mariage. Toutefois, l'homme avait mainte fois rencontré des bâtards tout à fait vénérables, ainsi tenta-t-il de mettre autant que faire se peut ses a priori de côté. Force était de reconnaître qu'en dépit de sa bâtardise, la dame avait une volée de titres plus rutilants les uns que les autres. Une proche du Roi. « L'écho du renom de la Vipère Rouge a retenti jusqu'au Conflans, ma dame. » dit-il poliment. Oberyn Martell était unanimement reconnu comme un homme dangereux. À quel point la fille tenait-elle du géniteur ? Brynden n'était pas sûr de vouloir le savoir. « Mon seigneur père est malheureusement souffrant. En tant qu'héritier, j'assure la régence durant sa convalescence. J'espère être apte à converser avec vous. » fit-il solennellement. Ses yeux de jade arpentèrent paisiblement les environs, détaillant chaque recoin avec une certaine affection, conscient qu'il allait devoir bientôt quitter ce havre de paix afin de trouver un endroit qui seyait plus à la conversation se profilant. « Vous vous trouvez dans le bois sacré de Corneilla, le saviez-vous ? Ce barral fait la fierté de ma famille depuis des temps immémoriaux, bien que nos ennemis naturels l'aient empoisonné il y a mille ans de ça. » fit-il doucement, perdu dans ses songes. Il lui était désagréable de quitter le regard confortant de ses dieux mais il obtempéra tout de même, offrant son bras à la belle. « Bien entendu. J'oublie mes manières, pardonnez-moi. » fit-il plaisamment.
Ils quittèrent le bois sacré, débouchant sur la cour où certains soldats croisaient le fer, alors que certains autres ne se gênaient pas pour leur lancer des regards curieux. Leur course les menait vers l'intérieur du château. Ils marchaient à une allure lente, leurs bras entrelacés, comme s'il s'agissait là d'une ballade badine. Brynden fixa un sourire qui se voulait engageant sur son visage. « Pourrais-je savoir ce que notre bon roi désire de nous ? » demanda-t-il sur un ton léger, faisant son possible pour dissimuler son intérêt mêlé d'appréhensions. Les Nerbosc n'avaient rien à se reprocher, loin de là, ayant fait montre d'une loyauté indéfectible envers Rhaegar mais la venue impromptue de cette délégation soulevait maintes questions. L'héritier priait fervemment les dieux du Nord qu'il ne s'agisse pas là d'un mauvais présage.
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Dire que Nymeria Sand était dangereuse : là était l'euphémisme. On ne portait que trop peu d'intérêts aux bâtards, surtout lorsqu'elles étaient des femmes, dans ces contrées. Elle avait appris ces dernières lunes à tourner cela en sa faveur car aucun d'eux n'avait idée de qui elle pouvait être. Nymeria était tout son père, mais plus vicieuse et hargneuse. Lorsqu'elle avait une idée en tête, mieux valait se mettre aux abris car rien ne pouvait lui retirer cette idée. Personne ne pouvait soupçonner aux premiers abords que sous ce joli visage se cachait une véritable peste capable de vous empoisonner au premier regard de travers et au premier mot plus haut que l'autre, personne ne pouvait soupçonner que sous ces sourires se cachaient des dents prêtent à mordre et des mots plus violents que des coups de fouets. Voilà qui était amusant pour la jeune femme.
Pourtant elle ne sentait pas -pour l'instant- qu'elle aurait à user de cela avec le jeune homme. Il était beau, grand, propre sur lui, l'image même qu'elle s'était faite d'un chevalier hors-Dorne. Il lui avouait connaître son père, ce qui agrandissait le sourire sur ses lèvres, son père lui manquait plus que n'importe qui, elle aurait aimé le revoir un jour mais ne le pouvait encore. Tout n'était qu'une question de temps, après tout. Elle regardait ensuite autour d'eux, elle ne pensait pas qu'une conversation politique pouvait s'entretenir dans un lieu sacré, non pas que les mots souilleraient le lieu mais il valait mieux malgré tout s'entretenir dans des lieux plus appropriés. Nymeria désirait simplement savoir s'ils soutenaient réellement Rhaegar ou s'ils le soutenaient par dépit puisque les Bracken soutenaient Viserys. S'ils ne risquaient pas un jour de se retourner contre leur roi ou l'abandonner, tout simplement. Peu les soutenait, autant dire qu'il valait mieux garder ce peu de personne proche de soi, juste au cas où.
" Vous êtes tout pardonné. "
La Lady prit le bras de l'héritier et le laissait les guider, ses gardes personnelles ... Un la suivait, plus par méfiance qu'autre chose. Baeron, il n'avait guère confiance en qui que ce soit en ces lieux, il ne faisait confiance qu'aux dorniens. Baeron avait la peau cuivrée, les cheveux noirs et bouclés, des yeux non pas simplement marrons mais si noir que la nuit. Beaucoup le craignait, notamment à cause de ses pulsions. Il était comme un cobra, finalement, un cobra protégeant ce qu'il pensait lui appartenir, prêt à mordre au premier faux pas. Voilà pourquoi il suivait l'aspic, pas pour une quelconque récompense. Il écoutait lui aussi d'une oreille fort distraite la conversation.
Nymeria avait l'envie de converser mais aussi de prouver qu'elle n'était pas qu'une simple bâtarde, sans doute s'en apercevrait-il. C'était toujours ainsi, elle avait toujours à prouver sa valeur et c'était harassant mais elle s'y faisait car cela finissait bien souvent par payer.
" Vous me semblez si pressé mon cher ami, êtes-vous attendu quelque part ? "
Sa main libre venait à se poser sur le bras du futur seigneur tandis qu'elle s'approchait un peu plus de lui, avec ce même sourire dessinait sur ses lèvres, plus charmeur que vicieux pour une des rare fois.
" J'ai entendu dire que votre maison soutenait mon roi. Je désirai donc voir de plus près à quoi ressemblaient nos alliés, j'aime à savoir qui est avec nous. L'on ne connait jamais assez bien nos ennemis, mais pour un jour, j'ai décidé d'apprendre à mieux connaître mes amis. Puis-je vous nommer ainsi ? "
Son regard était un peu insistant sur l'homme qui lui tenait le bras, le ton que Nymeria employé était doux bien que légèrement séducteur. Sa question était à nombreux sens : pouvait-elle le nommer son ami ? Car était-il vraiment un allié ou feintait-il ? Les mensonges ne lui échappaient pas quand bien même elle s'efforçait de se montrer douce et agréable... Entreprenante, même.
" Vous me semblez tendu, est-ce ma venue qui vous met dans un tel état ? "
Elle eût un léger rire, non pas moqueur, mais elle était amusée de la situation. "Amusée". Elle regardait les alentours par la suite et reposait son regard sur l'héritier, un regard qui bien évidemment se voulait doux, les cils battants.
" Puis-je me permettre de vous poser une question ? "
Elle n'attendait pas vraiment la réponse du jeune homme pour la poser, c'était plus une forme de politesse qu'autre chose.
" Pourquoi soutenez-vous le roi Rhaegar Targaryen à Viserys ? "
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Sitôt sortis du bois, ils furent fustigés par un vent violent et mauvais ; les crocs de la bourrasque transpercèrent aisément la laine grise du Nerbosc, faisant couler le froid dans ses os. L'homme jeta un rapide coup d’œil aux cieux, ils étaient couverts de nuages gris et chargés de pluie. Il réprima un frisson. L'hiver était à leurs portes, nul doute possible. Son regard balaya la cour ; du chevalier de haute naissance aux serviteurs, en passant par les simples soldats, tous ces gens qui dépendaient de la sagacité de son père et qui dépendraient un jour de la sienne. Il espéra que les greniers du château soient suffisamment remplis afin de sustenter toute cette populace durant cette sombre période. La guerre compliquait grandement les récoltes, peut-être devraient-ils acheter des quantités supplémentaires, mais à qui ? Le bief, et ses plaines luxuriantes, étaient désormais leurs ennemis.
« Aucunement, je dispose de tout mon temps. » répondit-il à la dame en focalisant son attention sur elle. Il devait le concéder, ses préjugés s'étaient avérés, jusqu'à présent, infondés. Nymeria semblait de prime abord pleine de bienséance, douée d'un phrasé qui témoignait de sa haute généalogie. Brynden sentit avec acuité la présence de la main de la nymphe sur son bras, lui qui était si raide dans ses rapports avec les femmes, et du versant melliflu que prenait les palabres de la dornienne. L'échine de l'héritier se roidit quelque peu. Que cherchait-elle à faire ? « Les Nerbosc soutiennent le roi Rhaegar, envers et contre tout. » Les raisons de la présence de la délégation étrangère commençaient à se préciser : la garde royale cherchait à jauger la loyauté que les suzerains du Conflans nourrissaient envers leur souverain. Brynden allait devoir savamment peser ses mots afin de faire paraître la vérité tout en restant naturel. Pourquoi diable ce genre de tâches devaient-elles lui échoir à lui ? Lucas, avec sa superbe faconde, aurait été beaucoup plus apte à la besogne. Mais il était l'héritier, et non son cadet. « J'espère que la vue de vos alliés est à la hauteur de vos attentes. » fit-il avec un léger sourire. « Les amis de la couronne – la couronne véritable, j'entends – sont en effet nos amis. » enchaîna-t-il.
Arrivés aux pieds de la forteresse, l'imposante silhouette du donjon se dressait au devant d'eux. Ils en montèrent lentement les marches, l'encéphale de Brynden presque en ébullition. « Désirez-vous partager le pain et le sel ? Nous pouvons manger dans la grande salle ou dans la loggia seigneuriale, selon vos préférences. » proposa-t-il poliment. La question de la dame désarçonna quelque peu le Nerbosc, et celui-ci fronça légèrement des sourcils. « Rhaegar est le souverain légitime des sept couronnes et un bon roi, tandis que Viserys est un usurpateur doublé d'un opportuniste. » énonça-t-il, choisissant avec soin ses mots. « Que vous doutiez de notre fidélité me laisse un goût amer en bouche mais cela peut être somme toute compréhensible ; en temps de guerre, les traîtres se cachent partout. » continua-t-il. « Nous avons actuellement les mains liées, Viserys ayant nommé les Bracken suzerains du Conflans et les grands bannerets faisant la sourde oreille à nos convocations. Cependant, le roi Rhaegar n'a qu'un mot à dire et nous prendrons les armes. Nous sommes désireux d'éliminer tout doutes quant à notre loyauté. »
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La dornienne était très tactile, c'était peut-être là bien un défaut chez elle. Ce besoin, cette envie irrépressible de toucher, de prendre par la main ou dans ses bras, d'avoir un contact avec quelqu'un. Peut-être que cet homme qui ne semblait pas avoir connu beaucoup de femmes ne pourraient pas résister aux charmes d'une lady, c'était ce qu'elle se disait. Une vulgaire lady, voilà à quel jeu elle jouait et elle s'en amusait assez jusqu'à présent. Il ne semblait pas méchant mais maladroit avec les femmes, ou peut-être était-ce avec elle qu'il était mal à l'aise, à cause de son rang, son titre, son nom, elle tâcherait à ce qu'il oublie tout cela et se confie à elle, quel que soit les moyens à employer. Les yeux doux pour commencer, un ton doux et chaleureux, une main posée trop près, des sourires toujours plus grands, elle avait l'embarras du choix. Mais si celui-ci s'avérait être prêt à avoir une véritable conversation car trop peu réticent à ses charmes alors elle s'adapterait.
Elle se contentait juste de doucement serrer son bras contre elle. Elle le scrutait. Peu à peu, l'aspic ondulait et s'enroulait autour de sa proie. Devrait-elle l'étouffer ou non ? Il parlait bien, c'était déjà cela, il était plaisant, charmant à sa manière. Elle n'avait que peu rencontré d'hommes du Nord - car tout ce qui était au dessus de Dorne était le Nord - et ils avaient cette froideur tout à fait séduisante.
Elle le suivait en retenant les lieux, ses petits cheveux virevoltaient ça et là au gré du vent, mais sa natte ne bougeait pas. Elle avait du s'habituer à tout cela, au froid, au vent, à la pluie, toutes ces choses désagréables qui faisaient que cela n'était pas Dorne et qui lui faisait regretter sa Dorne adorée. Sa question la fit sourire, elle n'était point venu pour se nourrir ou partager un verre juste pour une mission, une petite mission de reconnaissance toute simple. Mais si elle pouvait avoir plus de temps avec l'héritier alors elle n'allait pas le refuser, après tout, si tout allait bien, ce serait lui qui reprendrait les affaires et cet endroit, autant l'avoir le plus longtemps de son côté, de leur côté. Alors elle acquiesça.
" J'accepte votre généreuse proposition, avec plaisir. "
Elle manquait de rire à nouveau lorsqu'il reprit et disait être vexé. Elle frottait doucement son bras et reprenait, d'un ton qui se voulait chaleureux :
" Me voilà démasquée ! Il est vrai qu'en ces temps il me faut vérifier qui sont nos vrais amis et qui sont nos ennemis. Notre bon roi est très occupé par ces temps, comme vous pouvez l'imaginer. J'ai pour but d'alléger ce poids de ces épaules, lui rendre la tâche plus aisée et voir ainsi par moi-même qui sont ses véritables amis. Seulement, je désire voir qui sont les véritables alliés de ceux qui ne disent l'être que par dépit. "
Elle ne pouvait s'empêcher ces petites notes douce lorsqu'elle parlait de son roi, c'était plus fort qu'elle, ces notes affectueuses dans sa voix. Mais elle se reprenait aussitôt en offrant un autre sourire à l'héritier. Entendre qu'ils étaient prêts à prendre les armes pour Rhaegar était plaisant, seulement était-ce vrai pour autant ? Un autre mystère qu'elle ne pourrait résoudre que par elle-même.
" Je l'entends bien. Sachez que toute aide sera récompensée tôt ou tard, que chaque maison ayant contribué à aider le véritable roi Rhaegar se verra récompensée à la mesure du sacrifice et plus encore. Nous ne pouvons laisser un roi tel que Viserys gouverner, qui serait prêt à nous suivre ? Vous dites que vous êtes prêt, je ne désire maintenant que voir qui sera réellement là le jour où les deux rois s'affronteront. Je n'aime à remettre les paroles en doute, surtout d'hommes comme vous qui me paraissent si sincère... "
Elle mentait, évidemment qu'elle n'avait aucun scrupule à remettre les paroles en doute puisqu'elle même était une menteuse née.
" Savez-vous qui je suis ? "
Elle marquait une légère pause avant de reprendre.
" Je suis la fille d'Oberyn Martell, vous le savez, oui. Beaucoup d'hommes pensent que je suis comme mon oncle Doran Martell. Oh attention, sachez bien que je ne parlerai pas en leur nom en me présentant ici et que je ne suis là qu'au nom de Rhaegar Targaryen. Mais pour en revenir à ce que je disais, beaucoup s'imaginent que je suis comme mon oncle, le prince Doran Martell. Une femme douce, patiente, à l'écoute, juste, raisonnée, effacée. Quelle drôle d'image on me donne ! "
Elle riait un peu avant de se reprendre, son ton devenait tout à coup des plus sérieux :
" Seulement, je ne suis point la fille de Doran Martell, mais la fille d'Oberyn Martell. Que les ennemis de Rhaegar Targaryen retiennent bien cela. Si l'on ment, je le saurais. Si l'on prévoie quelque chose contre lui, je le saurais bien avant que cela arrive. Si l'on menace mon roi, je serais la première à sortir mon épée. Si l'on se met en travers de notre route, rien ne dit que l'ennemi ne ploiera pas sous les coups de mon fouet. "
Elle s'arrêtait pour faire face au Nerbosc, elle ne le menaçait pas : elle le prévenait.
" Si quiconque tente quelque chose contre le roi Rhaegar Targaryen je ferais ce qui est en mon pouvoir pour l'arrêter. "
Il ne fallait pas se fier à ses airs de Lady, mais plutôt se fier au nombre conséquent d'armes qu'elle possédait. Elle n'avait pas été nommé commandante de garde royale parce qu'elle avait un joli visage et de jolies courbes.
" A l'inverse, si l'on aide mon roi, je peux me montrer fort généreuse. "
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Toujours liés, marchant d'une allure sereine, ils passèrent les lourdes portes du château et pénétrèrent dans le grand hall, qui leur offrit un refuge bienvenu contre les rafales de vent froid qui grondaient à l'extérieur. Ces murs épais l'avaient vu grandir, devenir un homme. Mille fois, derrière ces remparts, il s'était rêvé seigneur de la maison, grand maître vertueux de la forteresse et des terres qui l'environnaient. Brynden avait de tout temps brûlé d'une dévorante ambition, désireux d'accroître leurs territoires et l'influence de son clan, les hisser au-dessus de leurs ennemis honnis, de devenir l'un des plus grands bannerets du Conflans mais jamais n'avait-il poussé le vice jusqu'à se conjecturer suzerain du trident. Or, voilà qu'aujourd'hui il en était l'héritier présomptif et en guerre ouverte avec ses rivaux de toujours. Les hommes avaient beau prévoir et préparer leurs tracés fébrilement, les dieux se gaussaient bien de leurs hauts desseins.
« Fort bien. » Le Nerbosc ignorait si à Dorne les droits de l'invité revêtaient autant d'importance qu'au Nord mais il ne voulait en aucun cas manquer à ses traditions, ainsi indiqua-t-il à la dame et aux ombres qui la suivaient le chemin de la grande salle. Celle-ci se révéla être vide. Il alpagua promptement une servante afin qu'elle aille quémander des victuailles aux cuisines. « Je ne peux qu'imaginer les quantités de responsabilités et de tracas que notre bon roi doit subir par ces temps troublés. Je ne peux que me réjouir de savoir qu'il possède des personnes de confiance telles que vous à qui il peut déléguer les tâches moindres. » Tout du moins, si l'on pouvait considérer vérifier la vassalité de l'un de ses seuls alliés comme l'une de ces moindres tâches, bien qu'il se garda bien de dire le fond de sa pensée. La dame était toute miel mais Brynden devinait que sous la gangue suave se cachait la froideur de l'acier. « Si je ne m'abuse, mon seigneur père fut l'un des premiers à se rendre à Vivesaigues lors de la félonie de Viserys. » crut-il bon de mentionner. Son géniteur n'avait pas partagé avec lui ses motivations subjacentes mais le fils aimait à croire que le sire de Corneilla avait agi de la sorte par sens du devoir. « Nous ne suivons pas Rhaegar par appât du gain. Il est le souverain légitime des sept couronnes et nous avons fait vœux de vassalité. Nous avons brisé ces vœux par le passé, comme vous le savez, mais Son Altesse a eu la grâce de nous pardonner et de nous accorder derechef sa confiance. Nous nous souvenons de cette bonté et nous désirons montrer l'étendue de notre reconnaissance. » fit-il, marquant une courte pause. Sur ces entrefaites, la servante vint prestement disposer sur la table quelques mets simples et du vin. Brynden remarqua de la biche et du sanglier, et bien qu'il n'ait guère faim, il rompit tout de même le pain, tel que la bienséance le dictait. « Votre dévotion est tout à votre honneur, lady Nymeria. Nous sommes dans le même camp, comme je vous l'ai déjà dit. Je gage que vous ne trouverez pas à Corneilla qui que ce soit voulant comploter contre le Roi. » Il disait là la simple vérité ; ces menaces à peine voilées n'avaient guère lieu d'être. La dame avait beau être la fille d'Oberyn Martell, elle n'aurait ici ni besoin de dagues, ni de poisons. « Le Roi Rhaegar nous a élevés à la dignité de suzerains, je ne vois pas ce que l'on pourrait nous accorder de plus. » fit-il, à la fois confus et amusé par cette remarque.
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Effectivement, le roi Rhaegar était débordé et il pouvait remercier le ciel d'avoir quelqu'un pour l'aider : qui aurait cru que ce serait une femme si impétueuse qu'une aspic qui aiderait le roi légitime à garder la tête à la surface ? Sa soeur Obara lui disait souvent qu'elle aurait mieux fait de tout laisser, tout plaquer et partir à Dorne, que l'amour ne valait pas toujours autant de sacrifices et don de soi. Mais après avoir passer quelque jours loin de la personne qu'elle aimait, elle réalisait fort bien qu'il valait mieux donner de soi à un tel point et rester avec cette personne que vivre sans elle et apprendre un jour qu'à cause de notre lâcheté, cette personne a péri. Elle ne laisserait pas cela arriver. Elle ne se montrerait pas lâche, jamais. Si dur ce soit de tenir bon, elle ne lâcherait pas. Mais qui tiendrait son allégeance comme elle le faisait ? Qui, si guerre officiel il devait y avoir, si l'armée de Viserys se pointait devant leur portes, viendrait défendre le roi Rhaegar Targaryen ? C'était l'une des tâche qu'elle avait, s'assurer de qui viendrait le jour où une telle chose arriverait : car ça arriverait un jour, il ne fallait pas se leurrer. Elle le regardait un moment, le jaugeant sous toutes ces faces, mentait-il, avait-il un tic particulier, était-il sincère. Elle regardait à nouveau autour d'eux par la suite, Baeron restait silencieux derrière elle, même ses pas ne s'entendaient pas.
" Nombreuses personnes sont venues prêter allégeance au roi Rhaegar Targaryen, mais combien tiendront cette allégeance au moment fatidique, dites-moi ? "
Elle retenait un léger rire en frottant doucement le bras de l'héritier de sa main toujours posé sur celui-ci.
" Les mots sont beaux, les actes sont mieux. Je n'étais point aux côtés de mon roi lorsque votre père est venu, hélas. Cela aurait été un véritable honneur de le rencontrer, ainsi je n'aurais eu à me rendre jusqu'à ces lieux pour vous importuner. Notre roi est bon, mais notre roi est fatigué de tout ceci. L'on ne peut mentir à une aspic, le saviez vous ? Je le verrais si l'on essayait de me mentir. Si l'on essayait de se déjouer du seul et véritable roi. "
Mentir à une menteuse était une idée assez saugrenue. Mais il semblait sincère, bon point pour lui.
Elle était effectivement au courant de ce qu'il s'était passé avec la maison Tully, puisqu'elle dormait et vivait en leur lieux. Rhaegar aimait parler, il adorait parler, il paraissait donc évident qu'il mentionne toute les histoires concernant les Tully. Si triste soit leur trahison envers la Couronne et si triste soit la décision que le jeune roi de ce temps ait du prendre. Il fit la promesse à l'aspic que personne ici ne complotait contre Rhaegar, elle hochait donc la tête, pensive.
Mais elle riait à nouveau, plus sincèrement, lorsqu'il déclarait ne pas voir ce que Rhaegar pourrait offrir de plus que ce qu'il avait déjà donné. Un titre de suzerain.
" Vous êtes aux yeux de Rhaegar les nouveaux suzerains, vous êtes aux yeux de Viserys l'usurpateur cherchant à contrer la maison qu'il a désigné suzeraine. Viserys sur le trône, vous n'êtes à ces yeux que des félons à éliminer comme aux yeux du reste de Westeros. Viserys mort, vous êtes la nouvelle et véritable maison suzeraine et pourrez ainsi venger votre Maison des siècles de conflits. Vous pourrez dans vos droits vous débarrasser des fer-nés rôdant encore sur vos Terres. Mais Viserys sur le trône, rien de tout cela n'est possible et votre maison reste l'une de celle dont il faut se débarrasser, au même titre que les Desdaings avant vous. Voyez-vous où je veux en venir cher ami ? "
Aux yeux de la plupart des hommes et femmes vivant à Westeros, Rhaegar n'avait plus de légitimité en temps que roi, il n'était plus qu'un homme, un ancien roi, un roi déchu sans autorité quelconque. Voilà pourquoi peu aurait vu les Nerbosc comme véritables suzerains. Elle manipulait les mots de façon à ce qu'il comprenne ce qu'elle voulait dire et en rajoutait quelque peu de façon à lui ouvrir les yeux et le révolter : qu'il se rende compte de ce qu'il se passait en dehors du Conflans, des nouvelles qu'elle-même recevait de ses espions ça et là dans Westeros et Dorne.
" J'aurais peut-être quelque chose à vous demander. Vous me semblez être un homme d'honneur à qui l'on peut confier de véritables tâches. "
Assise, Baeron restait debout derrière elle. L'odeur de la viande lui soulevait le coeur mais elle n'en montrait rien, tout comme elle s'appliquait si bien à cacher son ventre arrondi. Rhaegar avait aimé à chasser dans les alentours de Vivesaigue, jusqu'à se rendre compte que l'odeur de la viande donnait la nausée à sa maîtresse, il n'y avait plus de viande, si ce n'est du poisson, à table à Vivesaigue. Mais évidemment, l'hôte ne pouvait le savoir et il n'avait guère besoin de le savoir non plus. Elle n'était point venu pour cela.
" Si Viserys tombe, si votre aide s'est démarquée, peut-être pourrais-je parler à notre bon roi de vos actions et de cette maison vous importunant depuis tant de siècles. L'histoire serait bien vite réglée. Tout effort mérite récompense. "
Elle ne dirait pas que Rhaegar n'avait que très très peu de soutien : où serait la crédibilité dans son discours ? Un roi sans soutien ne pousserait pas les autres à vouloir l'aider, pas par la pitié, on ne gagnait pas un combat en attirant des possibles alliés par la pitié, mais par l'idée que nous ne serons pas seuls et sûrs de gagner, elle l'avait vite acquis.
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Brynden leva sa coupe de vin jusqu'à ses lèvres et but goulûment quelques gorgées, faisant clapoter le nectar dans sa bouche, régalant ses papilles de ce grand cru venant tout droit de la Treille. Il guigna la dame sur sa droite, se demandant si elle allait prendre offense de s'être vue servir du breuvage issu du Bief. Il ne s'agissait pas là d'une provocation, les servants n'étaient guère aux faits des inimités qui liaient les autres couronnes et il n'y avait de toute façon aucun cru dornien dans les caves de Corneilla, Tytos Nerbosc le trouvant trop corsé. Il picora ça et là dans son assiette, les mets avaient le goût de cendres dans sa bouche et son appétit avait été étouffé par les nœuds dans son estomac. Il goûtait la chère uniquement afin d'honorer les augustes lois de l'hospitalité et démontrer à l'émissaire qu'elle jouissait dans les murs de cette forteresse d'une absolue sécurité. L'héritier pouvait toujours sentir la délicate pression de la main de la nymphe sur son bras et se demanda ce que cela pouvait bien pouvoir dire. Était-ce là les mœurs dorniennes, que d'être aussi tactile ? Il était vrai que les femmes issues de ces contrées ensoleillées étaient réputées pour leur promiscuité, bien qu'il ne s'agissait sans doute là que de marques d'affection platoniques. Dépité, il se rendit une nouvelle fois compte d'à quel point les représentantes de la gente féminine étaient une énigme à ses yeux. Qu'il était aisé de pourfendre un ennemi, qu'il était ardu de percer à jour les desseins d'une femme.
« Les maisons Nerbosc et Harlton répondront à l'appel, à tout le moins. » répondit-il posément, observant d'un œil intéressé l'ombre silencieuse qui hantait le sillage de la garde. « Votre homme ne désire pas manger ? » demanda-t-il. Le Lord commandant de la garde royale disposait de sa propre escorte, apparemment. Cette pensée le fit sourire quelque peu. « Vous aurez l'occasion de rencontrer mon père, je n'en doute pas. Il est un homme admirable. » dit-il, sa farouche loyauté à son père émergeant à nouveau. « C'est un don que je vous envie. Si je le possédais, je pourrais enfin savoir lesquels de nos bannerets sont réellement féaux. » Brynden espérait que l'aspic avait remarqué qu'il ne disait que la stricte vérité et que ses intentions étaient tout à fait honorables. « Je vois tout à fait où vous voulez en venir, ma dame. Viserys a beau siégé sur le trône de fer, il n'est qu'un félon. Sa cause ne prévaudra pas sur la nôtre car elle est juste et noble. Nous ne plierons jamais le genou face à lui ou face aux Bracken. Nous nous battrons jusqu'au bout. » déclara-t-il fervemment. Se soumettre à la férule de l'usurpateur ou de ses chiens était odieux aux yeux du Nerbosc et il croyait ardemment à chaque mot qu'il avait proféré. Pour lui, il n'y aurait que la victoire ou la mort. « L'honneur plus cher que la vie, tels sont nos mots. D'aucuns disent que les mots sont du vent. Laissez-moi vous prouver que ceux-ci sont véridiques. Dites ce que vous attendez de moi et je m'exécuterai. » fit-il solennellement, pourtant quelque peu apaisé que la dornienne semble réceptive à la véracité de ses propos. Les mots de l'aspic piquèrent gravement l'intérêt du Nerbosc, qui se pencha quelque peu vers elle. La fin tant espérée des Bracken. Rien que d'envisager la chose, il frémissait de délice. « J'espère en effet que ma maison brillera par ses exploits. Mes cadets et cousins sont de valeureux combattants, ils sauront montrer leur valeur sur le champ de bataille. » fit-il, portant derechef sa coupe à ses lèvres, humidifiant sa gueule de ce délectable breuvage. « Votre bon mot pourrait en effet mettre fin à une querelle séculaire. » fit-il, la convoitise brûlant dans son regard. Souhaitait-il l'anéantissement de la maison rivale et la mort d'innocents ? Non, il n'était pas Tywin Lannister. Néanmoins, une déchéance cuisante et la privation d'une majeure partie de leurs terres lui paraissait tout à fait à la hauteur de leur félonie.
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Elle ne bût qu'une gorgée de sa coupe de vin pour ne pas froisser son hôte. Le vin était bon, c'était indéniable. Mais ça n'était pas le vin dornien qu'elle buvait habituellement et les dieux savent comme changer les habitudes peuvent être rude. Elle aurait préféré un verre de jus de fruit mais ne pousserait pas le vice, elle n'était point venu pour cela. Ce n'était pas non plus du petit vin qu'ils lui avaient servis, autre chose qu'elle remarquait bien vite.
Il parlait de Baeron, Nymeria eut un nouveau rictus amusé sur ses lèvres.
" Ne vous en faites pas pour mon ami. Baeron est un vieil ami de Dorne ... "
Toujours amusée, elle se penchait vers lui, mimant de lui murmurer une confidence.
" Je le soupçonne d'être envoyé par la vipère rouge pour surveiller les faits et gestes de sa fille. "
Evidemment il s'agissait de toute autre chose et la loyauté des dorniens allait encore plus loin pour les grandes femmes de leur peuple. Mais elle profitait de ce geste pour poser sa main non loin de celle de l'homme du Conflans. Elle était amusée de la gêne de cet homme à chaque fois qu'elle le touchait : il n'avait sans doute jamais rencontré de dornienne dans sa vie. Les doigts de l'aspic venait délicatement se balader sur la main de l'homme alors qu'elle lui parlait :
" Ce sont de beaux mots que ceux de votre maison. Les miens me disent de rester insoumise, invaincue et intacte. Je ne laisserai donc pas un vulgaire roitelet me soumettre à sa volonté, me mettre à genoux, me rendre lâche ou blesser les miens, j'imagine que vous l'avez bien compris... "
Ses doigts continuaient leur délicates caresses alors que ses yeux se faisaient plus doux, elle tentait de cacher son amusement de la situation par des sourires en coin... C'était sa façon à elle de gagner l'attention de quelqu'un assez longtemps pour avoir à lui dire ce qu'elle avait à lui dire mais aussi briser les masques... A sa façon, oui. Une façon qui ne pouvait pas plaire à tout le monde mais qui fonctionnait très bien.
" Ce que j'attends de vous ...? Oh... Et bien ... "
Faussement timide, elle détournait le regard. Elle riait un peu en prenant de sa main libre la coupe de vin devant elle, elle en buvait une gorgée puis reposait la coupe.
" C'est tout à fait simple mais je ne sais pas si vous êtes encore prêt... "
Ses doigts remontaient jusqu'à son poignet, caressant la peau de l'héritier du bout des doigts.
" Ils auront un jour l'occasion de briller, j'en suis certaine. Ce n'est pas ce qui manque en ces temps, les occasions. Je suis toute aussi certaine que votre maison mérite à son tour de briller. Mais comme dis, Viserys sur le trône, ce ne sera pas possible. Être en la faveur du seul roi Rhaegar Targaryen est déjà une belle chose, il serait encore mieux qu'il récupère sa place... Je n'oublierai jamais mes amis, je veillerai à ce que mon roi n'oublie pas les siens non plus. J'y veillerai personnellement. "
Elle riait à nouveau en posant finalement sa main sur celle du jeune homme.
" Ma présence vous incommode-elle mon ami ? Est-ce parce que je suis une femme ou une bâtarde ? Je vois à vos yeux que vous ne semblez pas tout à fait à l'aise, tout va bien ? "
Elle serrait doucement cette main puis une fois sûre d'avoir toute son intention et tout son intérêt, elle reprenait, pour enfin finir son discours actuel, bien plus sérieusement cette fois-ci :
" J'ai besoin d'une personne de confiance dans cette région, pour remplir une mission importante que peu pourraient assumer. Je n'ai pas besoin de vous dire que je n'ai pas beaucoup de choix. Le "roi" Viserys arrivera tôt ou tard et mon rôle est de veiller à la sécurité de mon roi. J'y veille chaque jours et ce que j'entends de mes "amis" n'est pas très glorieux. Voilà pourquoi je dois éloigner mon roi avant que le pire n'arrive. Mon roi a choisi votre maison comme maison suzeraine. J'ai confiance en lui et maintenant que je vous ai vu et parlé, j'ai envie de vous faire confiance. Nous devrons nous éloigner de Vivesaigue, mais quelqu'un doit rester à Vivesaigue, quelqu'un doit veiller sur Vivesaigue. Ce n'est pas la porte à côté, il est vrai. Personne n'a besoin de savoir que le roi s'en est éloigné si ce n'est vous et moi. Mais en échange, lorsque Viserys sera déchu à son tour, je rappellerai à mon roi votre aide. Rhaegar sur le trône, nous pourrons nous débarrasser de tout ceux s'étant lever contre lui comme il fût il y a 15 ans de cela. Cela aussi, j'y veillerai. La maison Bracken s'est levée contre le roi Rhaegar Targaryen. Mais agissons en temps et en heure. Viserys tombé, les autres tomberont avec lui, ainsi soit-il. "
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Le Nerbosc glissa un regard en direction du spectre dornien ; sa physionomie trahissait en effet ses origines sudières, avec son teint de bronze, ses longs cheveux de jais et ses membres noueux. Toujours sans mots dire, il gravitait autour de la table sans prendre part au repas, ses yeux dardant dans tous les sens à la fois. Brynden lui trouvait un regard dur et conclut bien vite qu'il s'agissait d'un spadassin accompli. Toutefois, il ne s'affolait pas ; si les ressortissants du pays des dunes avaient voulu intenter à sa vie, ils l'auraient fait depuis longtemps. « Vous n'avez guère l'air de vous en formaliser. » remarqua-t-il. Jamais Tytos n'aurait fait surveiller son aîné, lui faisant une confiance aveugle. Brynden mit cela sur le compte des différences culturelles.
« Nos mots sont dissemblables mais nous confèrent tout de même une inflexibilité similaire. » fit-il, un léger sourire effleurant ses lèvres. Encore une fois, l'héritier sentit cette main étrangère arpenter son bras sans vergogne, comme si elle foulait là un territoire conquis. Mal à l'aise, il remua quelque peu sur son siège, tentant vaille que vaille de rien laisser transparaître, échouant pourtant lamentablement. « Je suis prêt. Qu'attendez-vous de moi ? Testez-moi donc. » fit-il d'une voix tranchante, désireux de savoir ce que dissimulaient toutes ces cachotteries. « Nous livrerons les batailles nécessaires à la ré-intronisation de Rhaegar. Nous vaincrons, j'ai foi en notre cause. » fit-il avec déférence. Leur cause était juste et bonne, les anciens dieux les accompagnaient, il en était persuadé ; jamais les démiurges du Nord ne laisseraient leurs fidèles sous l'hégémonie d'un félon. L'hiver gèlerait bien vite les ardeurs de ce misérable serpent. « J'ai quelques appréhensions quant à ce que vous allez demander de moi, voilà tout. » dit-il d'un ton qui se voulait léger, balayant la sollicitude de la dame d'un geste de la main nonchalant. Il ne pourrait confesser que la seule proximité d'une nymphe pouvait le placer en pareil émoi, il en mourrait de honte. Brynden était homme fait, son acier avait bu le sang de ses ennemis et il était l'héritier du Conflans et non pas un quelconque damoiseau frémissant. Il devait garder son aplomb mais il pouvait sentir ce dernier lui glisser hors de son contrôle tandis que les doigts de la dame s'entrelaçaient avec les siens. Toutefois, lorsque Nymeria lança son harangue, ses cajoleries perdirent de leur prépondérance, l'intérêt du bretteur tout monopolisé par la mission qui se profilait. « Vivesaigue. » répéta-t-il à voix basse, contemplatif. Le berceau de la maison Tully, qui avait régné pendant près de trois siècles sur le Conflans. Une inexpugnable forteresse, aux défenses naturelles prodigieuses, qui pourrait tenir un siège bien plus aisément que Corneilla. « Vous désirez que je tienne Vivesaigue au nom du Roi, sans pour autant que cela se sache que Rhaegar a quitté le Conflans, est-ce bien ça ? Puis-je savoir où le Roi va s'établir? » Une lourde tâche, et périlleuse de surcroît, car comme l'avait mentionné Nymeria, Viserys finirait tôt ou tard par tourner le regard vers le Trident, en proie à une guerre civile. Une cible bien plus facile à croquer que le Val ou le Nord austère. Les ennemis afflueraient de toutes parts, avec comme destination le dernier bastion connu du souverain légitime. « Le Roi va-t-il laisser la garnison du château en place ? » voulut-il savoir. Brynden était tout à fait honoré par la mission qu'on lui confiait, bien entendu, mais il était assez rétif à l'idée d'appauvrir les défenses de ses terres. Vivesaigue était à des lieux d'ici et si les Bracken décidaient d'attaquer, il ne pourrait rien pour les siens. Aussi, s'il était autorisé à hisser ses bannière sous celle du dragon tricéphale, cela adresserait un message limpide à ceux nostalgiques de l'ère Tully. Qui tenait Vivesaigue tenait le Conflans.
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Non, elle ne s'en formalisait pas. Baeron avait connu Oberyn Martell, Baeron connaissait l'état de sa fille et s'était décrété être un protecteur fidèle jusqu'ici. Il savait l'aspic à même de se défendre mais elle restait à ses yeux une femme dans un monde d'hommes et les rumeurs sur Westeros colportées à Dorne n'étaient guère glorieuses. Si forte puisse être l'aspic, une femme contre dix hommes ne pourrait rien. Nymeria avait toujours eu une garde personnelle, c'était un attrait amusant, marquant en tout temps son rang de fille d'un prince : à Dorne, tout le monde s'en était accommodé et à la Couronne au temps où elle y vivait, tout le monde s'y était fait et évitait de l'importuné, l'effet escompté. En d'autres temps ses gardes étaient aussi plus utile à servir de bouclier contre les plus dérangés lorsqu'elle voulait que tout le monde pense qu'elle n'était qu'une simple lady incapable de tenir un couteau à viande. Ce temps lui semblait bien loin désormais. Comment Rhaegar avait-il su les capacités de sa maîtresse à tenir une lame, cela restait aussi un mystère puisqu'elle n'avait jamais eu à lui faire de démonstration avant qu'il ne la nomme sa commandante de garde royale.
Mais depuis qu'elle résidait dans le Conflans, elle n'avait jamais autant eu à démontrer ses talents au combat, avec son fouet, sa lance, ses lames et depuis peu à l'épée, si elle savait manier cette dernière, elle n'était pas sa favorite de par son poids.
" Pour peu, j'aurais pu être accompagnée de mon aînée, une femme tout à fait charmante mais qui n'a malheureusement pas le même esprit que le notre. "
Pour ainsi dire : elle n'en avait cure de la politique et de ces discussions. Mais ce fût Baeron qui l'avait accompagnée, plus discret, prenant peu part aux discussions, juste aux aguets, peu confiant envers ceux qui n'étaient pas de son pays et qui pouvait passer des heures à fixer un homme rien que pour le déstabiliser.
Après quelque instants venaient les principaux faits. Il paraissait logique et évident qu'il demanderait où s'en allait le roi Rhaegar, pour autant l'aspic ne se sentait pas prête à lui répondre, toujours dans l'idée qu'une telle chose ne le regardait pas. Elle détournait le regard quelque instants, se mordant l'intérieur de la joue puis retournait vers son interlocuteur après quelque secondes de réflexions.
" Le roi a à faire ailleurs, une mission qui ne regarde que lui dans un lieu qui ne regarde que lui. Vous en saurez en temps et en heure. Bien sûr il ne s'agit qu'une mission temporaire et occuper les troupes, Vivesaigues ne doit rester sans surveillance et il va de soi que nous ne pourrons laisser cela à d'autres. Il n'y a que le véritable roi lorsque les temps le permettront qui pourront dire à qui revient cette demeure. Ainsi, nous en revenons au même point, si vous désirez plus, il faudra anéantir l'usurpateur... Nous tournons en rond, mon ami. Nous tournons en rond. "
Elle regardait leurs mains et finissait par relâcher celle de l'héritier, elle avait eu ce qu'elle désirait.
" Vous saurez en temps et en heure, il n'y a rien de plus que je puisse vous dire à l'instant. Mon roi a choisi de nommer votre maison, maison suzeraine. Il a ses raisons. Vous avez sans doute alliés et amis qui vous permettront ce luxe, je n'en doute pas, il y a probablement dans ce vaste pays des hommes ne désirant pas laisser à l'abandon ni à l'ennemi la demeure de la maison Tully. "
Elle lui aurait presque conseillé de mentir en ne disant pas les réelles raisons de tenir Vivesaigues : ne pas déclarer qu'il la gardait au nom du roi Rhaegar Targaryen mais que la demeure Tully appartenait au Conflans et ses anciens vassaux et non pas aux dragons de la couronne. Mais elle n'en dit rien, pas un mot.
Ses doigts caressaient la table, pensive, elle ne touchait que peu à son assiette, surtout pas à la viande, la réaction qu'elle aurait eu n'aurait certainement pas été digne d'une lady et elle espérait, dans le fond, ne pas froisser son hôte. Elle finit alors par se lever de sa chaise.
" Je pense avoir terminé ma mission puisque vous me semblez tout à fait disposer à venir en aide au roi légitime. Je vous remercie pour votre accueil et votre écoute, bien que ma visite n'était pas attendue. Vous transmettrez mes salutations à votre père, ainsi qu'un bon rétablissement. "
Le tenait-elle ? Elle n'avait pas tout dévoilé, était-il apte à en entendre plus ? Ce n'était plus qu'une question de minutes pour le savoir.
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Songeur, il contemplait son breuvage tournoyer dans la coupe, comme si la lie de vin pouvait lui susurrer réponses à ses questions. Garder Vivesaigue sous domination loyaliste était capitale pour l'avènement de sa maison et ramener la paix dans le Conflans. L'un n'allait pas sans l'autre ; quiconque siégeait dans l'ancien fief de la truite au bond possédait un fort symbolisme. Nombreux étaient ceux qui vouaient encore une sorte loyauté emprunte de respect au fantôme des anciens suzerains, occuper la forteresse pourrait instiller une certaine fidélité chez les bannerets actuellement réticents à s'engager. Sans un Trident unifié et sécurisé, l'aide que les Nerbosc pouvaient apporter au souverain légitime était médiocre, presque négligeable. Et plus le Conflans saignait et s'enfonçait dans ce marasme, plus la gangrène se développait dans tout Westeros. Tout était lié, tous les élément s’imbriquaient dans une suite logique.
Brynden porta le calice à ses lèvres et lampa le reste du contenu, s'abîmant silencieusement dans ses pensées. Il allait accepter l'offre, bien entendu, comment ne le pouvait-il pas ? Il s'agissait là d'un honneur et d'une requête du roi, il aurait été malséant de refuser une telle chose. Cependant, quitter les siens durant ces heures aussi sombres l'inquiétait quelque peu. Père accusait son âge et Lucas tenait plus de l'orateur que du guerrier ; les dieux seuls savaient quels plans sordides les Bracken ourdissaient dans leur tanière et qui se ralliaient à leur cause empoisonnée. Si jamais ils frappaient durant son absence et que les choses tournaient mal, jamais l'héritier ne pourrait se le pardonner. Cette pensée seule lui fit grincer des dents et serrer les poings.
« Bien, je comprends. » Il s'était attendu à essuyer une rebuffade bien que cela ne l'enchanta guère. Ne s'était-il pas montrer suffisamment digne de confiance ? De quel luxe parlait-elle, au juste ? Les Nerbosc étaient démunis d'alliés, d'amis plus encore. Les autres maisons riverains leur opposaient un mutisme effronté, tantôt peureux de subir le courroux des rebelles, tantôt jaloux de pas avoir reçu la dignité de suzerain. Le Roi partait et laissait ses fidèles plus vulnérables qu'auparavant. Partageant des frontières avec l'Ouest et le Bief, le Conflans pourrait être englouti en quelques lunes à peine si la situation délicate perdurait. « Je tiendrai Vivesaigue coûte que coûte. » déclara-t-il pourtant car la foi était peu ou prou tout ce qu'il lui restait comme bouclier. Il acceptait ainsi implicitement la mission dont on l'investissait, car l'honneur le lui dictait, ainsi que sa soif d'exploits. Il subsistait de minces espoirs de victoire et y croire était primordial, car sinon ils étaient déjà vaincus et cela, jamais il ne pourrait l'encaisser.
Les pieds de son siège raclant bruyamment le sol de pierre, Brynden se leva en même temps que la jeune femme, qui semblait prête à partir. Il ajusta un sourire courtois, cet entretien lui laissant un goût doux-amer. D'un côté, il espérait pouvoir croire la confiance de la dornienne acquise, d'autre part, l'on avait douté de lui et demandé d'exposer les siens encore un peu plus au péril. « Nous le sommes. La maison Nerbosc demeurera fidèle au Roi jusqu'à son dernier souffle. » Comme il l'avait été mentionné, il n'y aurait que le triomphe ou le trépas car son honneur devra impérativement rester immaculé. « C'est tout naturel, les amis de la Couronne seront toujours les bienvenus à Corneilla. » répondit-il. « Mon père se portera bien, je vous remercie de votre sollicitude. Je vous souhaite un bon voyage et prie les anciens dieux que vous et le Roi arriviez sains et saufs à votre destination, quelle qu'elle soit. Sachez que vous avez des amis dans le Conflans sur lesquels vous pourrez toujours compter. »
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