D’une fille de la mer à une autre
Correspondance
Palais-Vieux – An 308, lune 13, semaine 2.
A l’attention de son Altesse Alana, Princesse des Îles de Fer et dame de la maison Greyjoy,
Que cette lettre vous trouve en bonne santé vous ainsi que vos enfants. Mon écriture ne doit pas vous être familière, je le conçois. Aussi, permettez-moi de dissiper tout doute de votre esprit. Je suis Talya, Princesse de Dorne depuis mes épousailles avec l’un de ses Princes et fille de l’Archonte de Tyrosh. Votre nom ayant été évoqué par votre famille lors de son séjour en notre demeure, je souhaitais vous adresser ce billet. S’il m’a été donné de voguer sur bien des mers, jamais mon navire n’a mouillé près de vos îles. Il n’en reste pas moins que cela m’a donné l’envie de faire votre rencontre par le seul moyen possible : celui-ci. Aussi, accepteriez-vous de faire l’aumône d’un peu de votre temps à une autre princesse ? Je suis certaine que nous pouvons trouver quelques points d’ancrage et d’entente, au même titre que nos patries respectives.
Par quoi commencer ? Cette question, peut-être vous la posez-vous aussi, alors que vous lisez ces lignes. De plus amples présentations me semblent fort à propos et j’espère que vous consentirez à faire de même. Il est fort plaisant de mettre un visage et une histoire, aussi réduite puisse-t-elle être sur de tels feuillets. Tel est l’exercice auquel je vais me prêter en premier lieu. Je suis née en Essos il y a de cela bientôt trente ans. J’en ai gardé des cheveux couleur de mer ainsi qu’un accent, qui je n’en doute pas, vous ferait rire. Ou voyager, comme se plaisent à le dire mes quelques admirateurs. Sachez que je n’en prends pas le moindre ombrage. Tel est l’héritage que Valyria nous a laissé. A défaut de le porter sur mon visage, contrairement à certains membre de ma famille (nul cheveux d’argent ou de yeux améthystes pour votre comparse), je l’emprisonne dans ma voix. Certains vous diraient également que ma démarche est dansante, quelque peu chaloupée peut-être. Un reste de ma vie sur les navires de mon oncle et de mes frères, j’ai un fort bon équilibre en toutes circonstances, au-delà d’être une danseuse aguerrie.
On me dit sorcière, peut-être que ce fait vous sera parvenu d’une manière ou d’une autre. N’ayez crainte, je ne lance guère le mauvais œil ou les tempêtes sur les personnes qui pourraient me déplaire ! Je ne suis qu’une amoureuse des livres, une voyageuse qui a déjà tant de fois volé sur les mers et qui en a gardé une foule de souvenirs et de grigris. Ou que ce n’est pas sans raison que j’ai envoyée ma fille, ma petite Darna, en pupillage auprès de ma famille restée au pays. Mon seul acte superstitieux pourrait d’être de jouer de mon tambourin pour chasser la discorde de mon foyer. Il ne s’agit-là que d’une coutume héritée de ma patrie de naissance. La méconnaissance est un bien grand fléau ! Telle est l’autre raison de ce courrier. Il y a de ces choses qu’il convient d’entendre de la bouche, ou de la main plutôt, des principaux intéressés.
Telle est ma proposition, Dame Alana. Souhaitez-vous découvrir davantage la personne qui se cache derrière ces lignes ? Gratter à votre tour un feuillet ou deux pour me partager votre réelle nature ? Poser vos yeux sur Dorne ou Essos, à défaut de pouvoir les fouler de vos pieds dès à présent ? Tel est le présent que je vous offre, votre Altesse.
Puissent votre Dieu et les miens vous garder en bonne santé jusqu’à votre réponse,
Talya de Tyrosh, fille de l’Archonte de Tyrosh et Princesse de Dorne.
DRACARYS
@Alana Greyjoy