Memories of the Riverlands ♕ Ft. Brynden Nerbosc

Après sa défaite face à Ser Jacaerys Velaryon, Durran ne se montra plus au Grand Tournoi de Port-Réal. D'aucuns auraient pu penser que celui que l'on surnomme parfois "Le Chevalier Noir", d'autant plus maintenant qu'il pouvait librement et officiellement arborer en tournoi les couleurs noir et rouge du blason de son épouse, avait tellement pris ombrage de cette défaite qu'il n'avait plus voulu assister aux joutes suivantes, son égo ayant été bien trop froissé. Celles et ceux qui auraient eu cette pensée auraient eu raison, mais la vérité sur son absence était tout autre. En effet, au beau milieu du tournoi, Rhaenys donna naissance à leur second enfant; un beau petit garçon plein de vie qu'ils nommèrent Vaegon. Si Durran n'avait rien vu des joutes ayant suivi sa défaite, c'était parce qu'il était resté auprès de son épouse, de leur fille et du nouveau membre de leur famille.

Il avait été rempli de fierté lorsqu'on lui confia dans ses bras pour la toute première fois sa fille Eleana, aujourd'hui âgée de deux ans. Mais ce qu'il ressentit lorsqu'une Septa vint lui confier son fils dans ses bras fut complètement différent. Il s'était soudain senti empli d'une responsabilité toute autre que celle qu'il avait ressenti envers Eleana. A son oreille, il murmura: "Je ferais de toi un chevalier digne de Ser Barristan Selmy." Le nourrisson avait fait une grimace que Durran avait interprété comme un sourire et, quelque part, un consentement. Ravi, fier et rempli d'amour, Durran avait rendu l'enfant à sa mère et était resté auprès d'elle, ne sortant de leurs appartements que sporadiquement, parfois pour emmener Eleana prendre l'air et permettre à sa mère de souffler un peu. Car la petite fille était vive et quémandait beaucoup d'attention, d'autant plus maintenant qu'un nouveau-né était entré dans la famille.

Un matin, alors que Rhaenys se reposait, qu'Eleana jouait avec ses cousins et cousines de son âge et que Vaegon dormait profondément dans le berceau à ses côtés, il s'éclipsa discrètement et se rendit aux écuries avec l'intention de passer la matinée à chevaucher dans le Bois-du-Roi, situé au sud de la ville et accessible depuis la Porte de la Rivière. Bucéphale, son étalon noir, ne s'était plus vraiment dégourdi les jambes depuis sa défaite face au Velaryon. Durran connaissait sa fougueuse monture. Le laisser trop longtemps enfermé ne le rendrait que plus nerveux et plus fougueux que d'ordinaire. Mais en chemin, il croisa la route d'un homme qu'il n'avait vu que de loin depuis son arrivée à la capitale. Pourtant, même durant le tournoi, il était arrivé que Durran croise la haute stature du Suzerain du Conflans, sans pourtant jamais avoir l'occasion d'aller le saluer et d'échanger avec lui plus que de simples politesses mondaines. Pressant donc le pas pour se porter à sa hauteur, il lança: "Lord Brynden, mes salutations." Il inclina légèrement le buste lorsqu'il fut face à lui et reprit: "Le tournoi ne nous a guère donné l'occasion ne serait-ce que de nous saluer, depuis votre arrivée à Port-Réal. Et je le regrette car je garde d'excellents souvenirs de l'accueil qui m'a été fait au Conflans, ainsi qu'à Corneilla. J'allais chevaucher une heure ou deux au Bois-du-Roi. Vous m'honoreriez si vous consentiez à m'accompagner."

@Brynden Nerbosc   | dialogue : gras | pensées : italique

Brynden aurait menti s'il avait dit que l'issue du tournoi ne l'avait pas déçu : bien qu'à la troisième place du podium, l'égo du sire de Corneilla avait été durement touché par le choix du petit roi. Mais Aerion n'était qu'un enfant, et son choix était celui de l'innocence. Brynden savait qu'il ne pouvait lui en tenir rigueur et il n'en était pas réellement contrarié, seulement dépité. Il avait laissé Daenerys à sa famille, annonçant avoir besoin de prendre l'air après toute l'agitation que le tournoi avait suscité : les semaines de voyages, les entrainements pour la joute, le tournoi en lui même ... Brynden avait l'impression de respirer pour la première fois depuis l'arrivée de Robb Stark dans le Conflans. Mais c'était parce qu'il savait qu'un autre type de joute allait s'engager que le seigneur des Corneilles avait décidé de s'accorder un instant : dès qu'il rentrerait au Donjon Rouge, il serait assaillit par le devoir. Seigneurs en mal d'attention, allié se rappelant à son bon souvenir ou prospect à séduire, il troquerait juste une armure pour une autre, songea-t-il avec dépit. En d'autres circonstances, il aurait laissé Daenerys s'occuper de certaines obligations, mais fatiguée par son actuelle grossesse, il ne se sentait capable de la laisser affronter seule les vipères affamées de la Capitale. A ses tracas s'ajoutait la mauvaise humeur de son frère, de son cousin, d'une partie de la délégation pour des raisons aussi diverses que variées mais qui avait tendance à lui donner mal au crâne : petites querelles ou violente humiliation, il avait l'impression de devoir jouer, avec ses bannerets, les mêmes scènes qu'avec ses fils. C'était auprès de Roger que Brynden avait filé hors des murs carmin de la Citadelle de Maegor. L'oncle avait faveur à demander à son neveu et les oreilles indiscrètes n'auraient supporter le récit qui fut fait tandis qu'ils déambulaient sur la route caillouteuse. Agé de soixante-quatre ans, Roger Nerbosc, veuf de la regrettée Lady Alira Whent depuis des années, semblait retrouver une nouvelle jeunesse depuis quelques temps. Brynden, comme d'autre soupçonnait-il, avait fait mine de ne pas voir ce qui se tramait entre son oncle et Jaenis Brune, ancienne dame d'atour de Mya qui avait fuit en même temps que la suzeraine. Restée auprès d'eux tant par amitié que par reconnaissance, elle semblait s'épanouir dans le Conflans et avait sut toucher le coeur rabougrit du vieux Nerbosc. Déjà veuve de son cousin, Elden Brune, Lady Jaenis avait malgré tout près de trente ans de moins que son prétendant. Car c'était ce dont il s'agissait. Si Brynden avait vent des rencontres discrètes et de la courtoisie dont ils faisaient preuve l'un avec l'autre, il n'aurait jamais pensé qu'une telle tendresse amènerait Roger à désirer reprendre une épouse. A la discrétion d'une relation cachée, les deux amants préférait officialiser et c'était tout le propos que l'oncle était venu partager à son neveu. Ignorant qu'en dire et qu'en penser, Brynden se rangea à la raison pure : il ne tirerait jamais de grande alliance d'un remariage de Roger et cette relation ne faisait de mal à personne. Après avoir déjà pris épouse pour le bien de la famille, ne méritait-il pas de choisir avec qui partager les dernières années de son existence ? Il avait alors donner sa bénédiction, la conditionnant malgré tout à deux points : ce serait à Roger d'annoncer la nouvelle à sa fille et la noce se ferait en petit comité. Le suzerain considérait qu'un remariage des deux ne nécessitait pas de grande célébration mais surtout, cela attirerait une attention particulière sur Mya et, par extension, sur Harrold. Une attention dont tous pouvaient se passer.

C'était ainsi que Roger s'en était allé, le laissant seul avec ses réflexions tandis qu'il voulait discuter de la chose avec sa belle et sans doute organiser la noce aussi rapidement que possible. Brynden, lui, décida de reprendre la route du Donjon Rouge où Daenerys devait sans doute l'attendre. Il lui avait demandé d'être présente pour finaliser les accords qui lieraient Nerbosc et Mallister à travers l'écuyage de Duncan : un honneur pour les deux familles concrétisé dans l'éducation martiale et politique du jeune héritier. Il avait consenti à la chose pour elle, pour laisser à Duncan le choix de demeurer dans la tradition Nerbosc des Anciens Dieux ou de suivre la voie maternelle de l'Etoile à Sept Branches. Un choix que toute sa fratrie avait pu faire en son temps et qu'il ne pouvait pas refuser à sa propre descendance. Il y pensait encore quand sa route croisa celle d'un chevalier qui était loin de lui être inconnu. « Ser Durran. » A l'époque de leur première rencontre, Durran Cressey était bouclier lige de la princesse Rhaenys, une fonction qu'il occupait depuis plusieurs années déjà. Suite à des désaccords avec la Couronne, le chevalier avait été démis de ses fonctions et c'était dans le Conflans, auprès d'une autre proche de la princesse, qu'il avait trouvé refuge. Etrange, à l'époque, de revoir cet homme lors de son séjour à Salvemer : Brynden n'avait jamais vraiment comprit ce qui était advenu au Donjon Rouge mais considérait que cela ne le regardait pas. Puisqu'il n'y avait de motifs officiel de renvoi, de procès intenté par la couronne, de trahison suggéré par la personne du roi, le Nerbosc en avait conclu que cela ne le regardait pas. Le Conflanais se doutait de ce qui avait pu pousser le défunt roi à éloigner l'homme d'arme à présent quoi qu'il ne changea guère d'avis sur la situation. Pas plus hier qu'aujourd'hui, songea-t-il en se demandant si Rhaegar Targaryen ne se retournait pas dans sa tombe que de voir cet homme, qu'il semblait avoir si personnellement détesté, désormais époux de son enfant chéri. « Il est vrai que je nourris la déception de ne pas vous voir rencontré sur la lice. Quoi qu'après ce qui est arrivé à Lord Wendwater, je n'étais guère tranquille ... » Etrangement, le seigneur de Wendton n'avait pas réagit comme il aurait du lors de leur opposition : en découla alors une chute spectaculaire qui avait laissé l'homme sonné. Guère chevalier de formation, se savoir responsable des blessures de Lord Torrhen l'avait affecté. Plus encore maintenant que le mestre se montrait peu encourageant quand aux séquelles de la chute. La dernière chose dont il avait besoin, c'était d'avoir la colère de sa nièce par alliance pour avoir blessé son cher et tendre ... « Et bien, j'imagine que mon épouse ne me tiendra pas rigueur de l'abandonner à ses neveux encore un peu. » répondit-il après une courte réflexion. Lord Patrek attendrait aussi, songea-t-il, il ne devait pas être le seul à désirer lui parler.

@Durran Cressey   | dialogue : italique