Du tonnerre dans nos coeurs Feat Humfrey

Du tonnerre dans nos coeurs
Humfrey & @Azilys Serrett

You do not know how fast you have been running, how hard you have been working, how truly exhausted you are, until somewhat stands behind you and says, “It’s OK, you can fall down now. I’ll catch you.”

Ils n'étaient personne. D'un geste rageur, Humfrey envoya valse le casque qu'il avait en main contre une table qui se trouvait à proximité, l'objet rencontrant le bois dans un fracas que reprirent en écho les objets tombant sous l'impact. Ils n'étaient personne et il avait tout de même perdu. La gêne de son bras, blessure superficielle qu'il s'était fait en tombant la dernière fois, n'était rien face à la morsure de l'égo malmené. Ils n'étaient personne et ils lui avaient donné l'impression de ne pas valoir mieux.

Humfrey était d'une humeur massacrante depuis le début du tournoi : la pression engendrée par l'évènement l'avait mis à fleur de peau, mais les deux défaites consécutives avaient achevé sa bonne humeur. L'humiliation d'être au bas du classement, les remarques moqueuses de Pynède, la mauvaise volonté d'Albion ... Lorsqu'il chuta face à Wydman, ce fut trop. Quoi qu'examiné par un mestre suite à la blessure qu'il avait reçu, Humfrey ne s'attarda guère, partant ruminer sa défaite et ses sombres pensées dans son coin, aboyant des ordres à Albion lorsque ce dernier acceptait enfin montrer ses boucles brunes, la lassitude juvénile exacerbant l'agacement de son père. Humfrey aimait ses enfants, mais des cinq qu'il avait eut avec Azilys, c'était avec Albion qu'il avait le plus de problème. L'héritier ressemblait à sa mère au même âge, l'impertinence de son sexe s'ajoutant à la longue liste des choses que le Swyft notait sur son fils aîné. Oh je serai capable de tuer pour toi, Albion, avait-il dit lors de leurs premiers jours à Port-Réal, mais si tu continue d'agit de la sorte, c'est toi qui va t'en prendre une. La promiscuité de leurs nouveaux liens n'arrangeaient rien à la chose : en tant que chevalier oint et adoubé, Humfrey devait faire preuve d'une autorité que son fils lui déniait par moment, le ramenant à son condition de consort et non de seigneur. Le gamin était intelligent mais bien trop hautain pour son propre bien et il regrettait presque le jour où il avait promis à Azilys qu'elle n'avait rien de son père : Albéric Serrett n'était pas l'homme le plus aimant des Sept Couronnes, mais jamais il n'aurait toléré la moitié de ce qu'Albion leur faisait subir. C'était devenu un bras de fer entre le père, cherchant à s'imposer, à enseigner, à faire comprendre, et son fils auréolé de sa position d'héritier et d'un tempérament rare chez un enfant qui avait décidé que la chevalerie était aussi ennuyante que les cours d'héraldique. Son épouse n'avait guère pris position en la matière : si elle réprouvait l'attitude de leur enfant, elle laissait à Humfrey le soin d'expliciter son désir de le voir devenir chevalier, comme si ce titre lui était égal. Mais pour le Swyft, c'était une question de tradition : qu'ils le veuillent ou non, ses fils seraient chevaliers il n'y avait pas à discuter. Et puisqu'Azilys lui concédait cela, il n'avait pas l'intention de faire marche arrière à cause de la mauvaise humeur de son aîné.

Ce dernier du avoir rapidement comprit qu'aujourd'hui n'était pas le jour pour tenter le diable : la fureur du Swyft se lisait dans son froncement de sourcil et dans sa mine sombre et lorsqu'il eut ordonné à Albion de le laisser, l'enfant déguerpit sans demander son reste. Ruminant sa défaite, Humfrey demeura seul, se défaisant de ce qu'il restait de son armure pour retrouver sa liberté de mouvement malgré le bandage que le mestre lui avait fait un peu plus tôt et lorsqu'il quitta les lieux, la nuit tombait. Il y avait cette étrange lumière qui suivait le crépuscule, cet instant où le monde se parait de bleu mais conservait une luminosité trop importante pour prétendre être la nuit. Et dans cette lumière bleuté de début de soirée, les torches qui flambaient illuminaient Port-Réal d'une multitude de flamme dansantes et rappelant la vaste ville où il se trouvait. Il marcha un moment, l'écho des rires des femmes de la rue de la soie rencontrant la musique de quelques tavernes, les tintement de verre résonnant dans un chaos sonore pourtant feutré. Cette vie, elle n'existait pas là d'où il venait. Que ce soit Champmoisson ou Montargent, il régnait à la nuit tombante le calme du foyer retrouvé, le silence de la journée de labeur que l'on oubliait en se blottissant près du feu ou en discutant devant un bon repas chaud. Il n'était pas contre l'ambiance de la Capitale, mais il lui préférait le calme de la campagne ouestienne, la beauté de ses montagnes trop souvent oublié. Et, s'il n'était pas d'humeur à la fête, il n'avait jamais été le genre d'homme à aimer la liesse des auberges, les rires de tavernes et les filles qui venaient se jeter sur vos genoux dans l'espoir de recevoir une pièce. Cela lui rappelait son père, et sa fin tragique et prématurée encore pleine d'un mystère que son oncle avait emporté dans la tombe. Une bagarre de taverne ? Qu'y faisait-il donc ? A mesure qu'il vieillissait, les questions s'accumulaient sur la nuit qui avait fait de lui un orphelin et sur les motivations de son géniteur à se trouver là où l'Etranger était venu le prendre, lui qui n'avait jamais réussi à se remettre de la mort de son épouse. Il ne fut alors pas difficile d'ignorer les rabatteurs, les invitations mielleuses et les promesses d'oublier ses tracas, remontant la rue jusqu'au beaux quartiers où logeaient la noblesse. Ce n'était pas le plus riches des endroits, mais la fortune des Serrett leur offrait un logis confortable loin des rires gras et des obscénités des catins. Et tandis qu'il regardait l'endroit, les lueurs qui dansaient par les fenêtres l'informant de la présence du reste de la famille, il s'accorda un instant. Un instant où il pouvait encore ruminer sa colère et sa honte loin des attentes de tout un chacun, un instant où il n'avait pas à jouer les pères modèles, un instant avant de tourner la page.

Ce fut pourtant ce moment qu'Elle choisit pour sortir. Il ne s'attendait pas à ce qu'on vienne le chercher, à ce qu'Elle vienne le chercher. La légèreté de ses mots lui arracha un sourire : au moins la fierté de son épouse ne s'ajoutait pas à sa propre colère. Il ignorait à quoi il s'était attendu : de la déception peut être ? Il n'en lisait pas chez elle, se contentant juste de quelques mots prononcé sur ce ton à demi-moqueur qui étaient sa marque de fabrique. « Si c'est un ordre de ma dame, je serai plus qu'heureux de m'exécuter. » souffla-t-il en réponse. « Mais je crains que Lord Tywin soit fort désappointé si nous causions autant de grabuge ici. » Il aurait aimé croire qu'il avait assez de cran pour agir face aux hommes qu'il avait affronté ce matin, mais en vérité, malgré toute sa colère, il savait que ce n'était pas leur faute. C'était le jeu, et il se révélait très mauvais perdant. « Ne fait-il pas trop froid pour sortir ainsi ? » lui demanda-t-il tandis que la brise fraiche venait jouer sur ses cheveux encore humide, le laissant s'inquiéter du bien-être de son épouse qui avait, de toute évidence, tout lâcher pour partir à sa recherche.

Du tonnerre dans nos coeurs
Humfrey & @Azilys Serrett

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Le ton assuré d'Azilys lui tira un sourire mais le propos le fit basculer dans une humble hilarité, lui rappelant leur enfance commune et l'intonation tantôt autoritaire, tantôt machiavélique de celle qui deviendrait sa femme. Contre toute attente, il se rendait compte qu'il avait toujours voulu l'impression là où il aurait été plus simple de ne s'intéresser qu'à la douce et calme Aliénor. Mais non, sa fierté de petit garçon le poussait toujours plus loin dans les défis de la petite Serrett tandis qu'il se perdait dans cette détermination qu'il n'avait jamais retrouvé chez aucun de leur camarades de jeu enfantins. Elle avait toujours été unique. Pour le meilleur et pour le pire. Car autant Humfrey savait apprécier la remarque, prononcé ainsi à l'encontre de ceux envers qui il nourrissait encore un peu de rancune, autant lorsqu'elle tournait cela contre lui, il n'avait que peu de chance de s'en tirer indemne. Combien de plumes avait-il laissé dans ses disputes avec elle ? Avant leur mariage, certes, mais surtout après.  « Rappelez moi de ne jamais être votre ennemi. » lui dit-il avec un sourire en coin. Avec l'adolescence, les défis juvéniles s'étaient transformés en chamailleries incessantes : elle appuyait sur sa fierté, il répondait sur son mauvais caractère. Leurs échanges n'étaient que lutte perpétuelle en quête de qui aurait le dernier mot, une bataille qui les avait amené dans un septuaire où elle avait, inévitablement triomphé. Il se souvenait avoir pesté auprès de son cousin pour savoir qui était assez tordu pour épouser quelqu'un juste à cause d'une malheureuse petite phrase. Elle. Bien évidemment. Mais avec l'âge, Humfrey se demandait si ces chamailleries n'étaient réellement qu'une mésentente entre deux caractères explosif et peu à peu il s'était mis à penser que la vie avec Azilys était bien plus drôle que celle qu'il aurait pu avoir avec sa jumelle, ou avec une autre femme plus conventionnelle. Ils adoraient se chercher des poux, s'étaient longuement déchiré mais, inlassablement, il revenait à elle. Malgré les cachoteries, malgré les disputes, malgré son égo perpétuellement malmené. Elle était l'unique, la seule femme qu'il aimerait de sa vie.

Pour autant, cela ne signifiait pas qu'elle était parfaite bien au contraire. Elle venait avec pléthore de chose qui l'agaçait profondément et continuait, même après dix ans de mariage, de le rendre complètement fou. Et pourtant, des jours comme aujourd'hui, des soirs comme celui ci, elle parvenait à le surprendre. « Si tel est votre souhait, je ne suis que votre sujet après tout il est de mon devoir de vous obéir. » Il percevait à nouveau cette étrange complicité qui s'éclairait de temps en temps entre eux, lui rappelant le temps innocent de leur jeunesse, une époque ou tout semblait si simple et où les secrets ne dissimulaient nulle blessures ou responsabilités. Dans ces moments là, même s'il enrageait, elle parvenait à lui faire oublier tout ce qu'il pouvait vouloir lui reprocher, elle effaçait la peine de son coeur de son simple sourire. Sa main vint délicatement caresser l'ovale de son visage. « Serais-ce une tentative de me consoler de ma débâcle humiliante du jour ou ai-je mérité d'être ainsi récompensé ? » lui demanda-t-il avec une pointe d'humour qui démontrait de son humeur changeant doucement pour plus de légèreté et moins de colère.

Il n'avait que trop peu l'occasion d'être directif dans leur couple. C'était sans doute le lot de bien des hommes dans un monde où le mariage matrilinéaire venait bouleverser les voeux conjugaux d'obéissance de l'épousée à son mari. A l'image du rappel constant de son statut de consort, ce n'était jamais lui que l'on venait chercher pour les décisions, jamais lui qui avait le dernier mot sur une question. Quand ils s'étaient réconciliés, Azilys lui avait peu à peu laissé de la place mais il savait qu'il n'était aucunement question de déléguer du pouvoir : son rôle s'en tenait à ce qu'elle ne pouvait faire et se limitait donc souvent à la gestion martiale des forces de Montargent. Cela lui convenait parfaitement puisqu'au cours de leurs premières années de mariage compliquées, il avait trouvé refuge au sein de la garnison, se complaisant auprès de frères d'arme et trouvant à leur côté plus d'utilité et de respect que la maisonnée ne lui avait jamais offert. Avec les années et les enfants grandissant, il se voyait consulté sur l'éducation, pouvait avoir son mot à dire sur la vie de la famille quoi que celle du domaine demeurait l'exclusivité d'Azilys. C'était ainsi qu'Albion s'était retrouvé a ses côtés, son épouse cédant à l'affirmation du Swyft de voir ses fils oints comme il l'avait lui même été à 20 ans. Aussi, qu'elle lui laisse la totale liberté de décider de cette rare soirée qu'ils avaient loin de leur devoir de parents ou de nobles ouestien lui provoqua d'abord une surprise qu'il ne pouvait dissimuler puis une étrange sensation d'incertitude tandis que, pour la première fois depuis longtemps, il était dans la position du choix. « Que penses-tu de nous promener et de voir où cela nous mène ? Je gage que Port-Réal a prévu bien des fêtes dans ses rues mais si nous préférons le calme, j'imagine que la plage serait aussi fort agréable. » Toute la cité n'était pas que des rues mal famées : il y avait des ruelles festives où des stands de nourriture bordaient des places où se tenaient des petites représentations de théâtre, des diseuses de bonne aventure qui se cachaient entre les étales de bijoux artisanaux, des musiciens de rues jouant pour quelques piécettes. La nuit était jeune et ils étaient si loin de chez eux ...

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Humfrey & @Azilys Serrett

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Il avait le sentiment que les dernières semaines de sa vie s'étaient limitées au tournoi : concourir pour la première fois depuis longtemps avait laissé le chevalier dans une certaine anxiété qu'il avait tenté d'éloigner en redoublant d'effort dans ses préparatifs. Depuis leur arrivée à Port-Réal, Humfrey n'avait passé que peu de temps avec les siens, préférant s'entrainer sur la lice avant que les festivités ne commencent. Et pour quoi ? se demanda-t-il, encore vexé de sa piètre performance au cours des joutes de la journée. En temps normal, Humfrey se serait sans doute drapé dans sa frustration, s'isolant le temps de retrouver assez d'amour propre pour refaire surface, mais face à la bonne volonté de son épouse pour lui changer les idées, il se décida à mettre de côté la terrible blessure de son égo. « Quel chanceux, ce vieux canasson ! » répondit-il, un sourire en coin quoi que l'esprit regrettant d'avoir perdu ce temps en entrainement inutile. A résultat égal, il aurait pu rester avec les siens, profiter de l'occasion pour voir Jocelyn dont la dernière visite avait été annulé en raison de l'arrivée prématurée de son fils. Il n'était cependant pas mécontent de troquer une promenade en ville avec les enfants contre une balade en tête à tête avec son épouse. Le chevalier n'avait pas souvenir qu'il ait eut de telles occasions depuis bien des années, sans doute pas depuis la naissance des enfants. L'arrivée des jumeaux s'était accompagnée d'un nouveau titre et de nouvelles responsabilités qui, au rôle de jeune parents, s'ajoutait à l'emploi du temps chargé d'Azilys. S'il avait été, au début du moins, désoeuvré, malmené dans ce couple où il demeurait un éternel second, il avait finit par trouver son chemin. Qu'importe que la maisonnée de l'apprécie puisqu'il avait son propre royaume au sein des gens d'armes de Montargent. Qu'importe qu'il ne soit seigneur de rien puisqu'il avait tout pouvoir sur les quelques hommes qui composait l'armée des Serrett. Moins en quête d'attention, de reconnaissance, il avait trouvé la force d'avancer à son tour. Dame, Chevalier, époux, parents ... Ils étaient tant de choses qu'ils en avaient oublié les instants solitaires, ceux qui pouvaient se passer hors des murs de la chambre seigneuriale, hors des obligations qu'ils avaient plus que remplis en dix années de mariage.

Dans la pénombre de la nuit tombante, éclairée par les lanternes aux flammes dansantes, Azilys ne lui apparaissait non plus comme la rigide seigneuresse mais comme la jeune femme qu'elle se laissait trop peu l'occasion d'être. Il n'avait pas souvenir, même dans sa jeunesse, d'instant où elle s'était montrée à la fois si libérée de son rang et si avenante à son égard. Oh il y avait du y avoir quelques après-midi oubliés de leurs jeunesses mais ils avaient toujours fonctionné sur un autre registre, se cherchant, se défiant perpétuellement. Ce qui ne rendait ces moments de tendresse que plus précieux aux yeux du chevalier. Cela lui rappelait le couple idéalisé, celui que l'enfant qui avait perdu ses parents imaginait, celui que le jeune homme à peine adoubé rêvait d'avoir. Loin de l'ennui d'une relations morne, noyée de tendresse, Azilys dansait entre ces instants de réconfort dont il avait, parfois, cruellement besoin et un caractère assez affirmé pour ne se laisser dicter quoi que ce soit. Insaisissable. Il eut le réflexe d'étouffer son rire, encore trop retenu par ses manières, par l'attitude guindé qu'un tel lieu, le Donjon Rouge, imposait. Le sourire d'Humfrey était souvent trop discret pour être remarqué, et beaucoup trop rarement spontané mais l'idée d'une vie de route et d'art lui paraissait si éloignée de ce qu'ils avaient qu'il peinait à se le représenter. Comment imaginer Azilys renoncer à son confort pour la beauté d'aller de ville en ville ? Pourtant, il y avait une image bien romantique dans le tableau présentement dépeint. « Vous avez bien confiance en mes capacités, ma dame. J'aurai peut être été un piètre musicien ... En vérité, je ne le sais pas vraiment. Champmoisson n'est pas un haut lieu des arts. » rappela-t-il, avec une certaine gêne. Loin de la fortune des Serrett, Champmoisson tenait presque plus de la bourgeoisie que de la noblesse : cela faisait bien longtemps que la richesse des Swyft s'était envolée et si sa cousine avait eut doit à un prestigieux mariage avec la maison Lannister ce n'était que grâce aux sentiments profonds qui l'avait unis à Ser Kevan. Son propre mariage n'avait rien à voir avec une quelconque attractivité que son nom aurait pu avoir et il se souvenait encore parfaitement de la surprise de son oncle et de son cousin lorsque le cachet au paon d'argent révéla la demande en mariage. « Mais bon musicien ou non, je suis certain que j'aurai été au moins un chevalier errant pour assurer la protection d'une si belle et talentueuse artiste. » Il avait souvent rit avec Jocelyn de cette possibilité de devenir chevalier errant. A l'époque, il n'était déjà qu'à demi sérieux, désireux de quitter Champmoisson mais à la fois trop attaché à l'idée d'une famille et trop terrifié de la perdre pour réellement mettre ses projets à exécution. Les mots d'Azilys n'avait rien d'un souhait, d'un rêve brisé. Il s'agissait juste d'un fantasme passager, une image romantique dans cette solitude à deux dont ils avaient trop rarement l'occasion de profiter. Alors il se prêtait au jeu. Nul maître d'autre qu'elle, dans ce monde comme dans tous les autres : si le serment d'allégeance à sa dame n'avait lieu, alors ce serait la loyauté de son coeur qu'il lui donnerait. Entrelaçant ses doigts à ceux de la brune, il porta sa main à ses lèvres pour en baiser le dos, le regard fixé dans les orbes bleutés de la Serrett. Ils reprirent leur chemin, le Swyft observant quelques étales de tourtes tièdes, brochette délicieusement parfumé et vin épais coulant de quelques tonneaux. « Ne regrettes-tu pas, parfois, la liberté que te coute la vie que nous menons ? Les devoirs envers Montargent, les enfants, la représentation perpétuelle ? » finit-il par demander, s'interrogeant sur cette vie drastiquement différente qu'elle venait de lui dépeindre, loin de tout ce qui semblait la caractériser jusque là.