Une note plus calme (ft. Arwen Wydman)

L'atmosphère de ce tournoi était particulièrement nouvelle pour moi, c’était le premier tournoi où j’étais présent sans faire partie des joueurs. Je n’étais inscrit ni à la mêlée, ni aux joutes, ni à rien, j’étais à cet évènement en simple spectateur. Une nouveauté quelque peu ennuyante d’abord, je vivais les combats de loin, je regardais de jeunes vingtenaires faire ce qui semblait être derrière moi. Depuis le décès de Rhoanne, non seulement la solitude m'avait frappé durement, mais plus durement encore c’était cette impression que le poids que je portais sur mes épaules était tout de suite devenu plus lourd, plus accablant. Je n’étais plus un jeune homme, j’étais un homme, pire un seigneur avec des responsabilités. Ma première responsabilité, celle d’un vassal est envers sa foi et son seigneur mais celle d’un homme est envers ses enfants. Voilà que je m’étais retrouvé père à temps pleins d’un seul coup, sans prévenir les dieux avaient voulu me mettre à l’épreuve. Si l'épreuve n’était si pas ardue, il était certain que celle-ci me changeait, au point où c’est volontairement que j’avais décidé de ne pas m’inscrire à ce tournoi qui promettait pourtant d’être l'un des grands événements du Royaume, on le disait plus important que celui-ci de Port-Réal, plus marquant que celui de Port-Lannis. Certains osaient même dire qu’il serait à la hauteur du célèbre tournoi d’Harrenhall. J’ai espoir qu’il ne soit pas aussi tragique de conséquences.

Alors que je me baladais dans les allées du palais de Lestival, avec mes deux enfants, les deux petits soleils de ma vie qui jouaient devant moi, je réfléchissais à l’instant présent, moi qui venais ici comme un simple spectateur. Nombreux avaient été les connaissances qui m’avaient alpagué en me demandant quand est-ce que je ferais mon apparition. Fier, brusque je rétorquais que j’avais d’autres priorités et que le jeu n’en faisait plus partie. Je ne leur mentais pas, c’est à moi-même que je mentais. J’aurais beaucoup donné pour pouvoir jouer simplement, sans grandes conséquences et peur pour ma vie, j’aurais voulu pouvoir m’élancer sur mon destrier et remporter du Roi quelques prix et honneurs. J’avançais vers un petit salon feutré, pas des plus luxueux mais toujours plus grandiose que n’importe quelle pièce de Mosscoast.

La pauvreté de ma maison m'était revenu en pleine face lorsque j’avais voulu avoir quelques logements pour les festivités, les Mossegonde étaient réduits à quelques chambres exiguës et quand je demandais un salon pour recevoir on me prêtais une pièce assez sombre, la fenêtre donnant directement sur la forêt alentour. Les tapisseries n’étaient pas les plus radieuses et la vaisselle assez sommaire. Je pénétrais dans la pièce en suivant Gawain et Eleanor. Ils étaient tous excités par l’ambiance. Agée d'à peine quatre Eleanor ressemblait de plus en plus à sa mère tandis que du haut de ses sept ans, Gawain était aussi vif que moi à son âge, lui aussi était passionné d’histoires d’aventures et de combats, de voyages et de paysages exotiques. Nous attendions les Wydman, un couple du même âge que moi. J’avais appris à fraterniser avec Maegor le seigneur de Victoria dans le Val, désormais c’est son épouse que j’allais mieux apprendre à connaître. J’avais particulièrement apprécié son époux, un seigneur d’un domaine équivalent au mien et qui était un homme d'armes réputé avec qui j’avais eu la chance plusieurs fois de croiser le fer lors de quelques tournois. A peine avais-je le temps de m’installer sur un des fauteuils en bois sombre du petit selon que j’entendais des cris d’enfants résonner dans le couloir, couvrant presque ceux de Gawain et Eleanor.
“Les enfants, ça doit être Lady Wydman.”

Sept… les enfants étaient un peu bruyants aujourd’hui. Surtout les plus jeunes. Rhaenys, du haut de ses six ans, était assise dans un fauteuil avec n livre sur les genoux, ses beaux cheveux blonds ramenés en deux longues tresses qui se rejoignaient, liées avec un ruban clair brodé de cinq lances brisées avec une robe d’un joli bleu vert. Alesandor, lui avait déjà ses cheveux bruns en bataille et se montrait, comme à son habitude, exubérant et joyeux. Il avait malgré tout fier allure avec sa belle chemise et son gilet assortit à celui de son père. J’avais bien compris que mon fils adorait son père et faisait tout pour passer du temps avec lui. Lucerys et Rose étaient pour leur part en train de rire aux éclats devant les pitreries de leur aîné. Je portais une robe à la jupe jaune et au corsage blanc brodés des armes de mon époux. Même si, pour le taquiner un peu, je plaisantais toujours sur le manque d’harmonie de ses couleurs. Pour une fois qu’il ne joutait pas… Seulement, il avait à faire et si je lui laissais les deux plus jeunes pour qu’il ne soit pas seul, je prenais les plus grands pour aller rencontrer un de nos amis, enfin surtout le sien. Puis il restait une nourrice pour surveiller les petits.

Je me redressai lentement et ma fille leva le nez de son livre où elle déposa un marque-page avant de se lever promptement pour me rejoindre. Du haut de ses six ans, ses yeux bruns brillaient d’intelligence, je lui offris une caresse sur la joue avec un sourire. Je n’étais pas très douée avec les signes d’affections, mais je faisais de mon mieux. Alesandor s’arrêta enfin de faire le pitre et se précipita pour s’accrocher à mes jupes :

« Nous y allons mère ?! On y va ?
- Oui. Va prendre quelques jouets et nous pourrons partir. »

Il disparut quelques instants dans sa chambre et revient avec un petit sac, je vérifiais d’un coup d’œil : quelques chevaliers articulés et figurine, mais il n’avait prit son épée. Et une poupée ? Il la tendit à sa sœur :

« Je te la porte ! Comme un chevalier ! »

Elle lui offrit un sourire et vient lui embrasser la joue. Je me glissai un instant dans le bureau de mon époux pour embrasser sa joue.

« Je vais retrouver William Mossegonde. »

Je ne dis rien de plus, il était au courant de cette invitation. Je sortis de nos appartements avec les deux grands, Rhaenys n’avait, pour une fois, pas rechigné à laisser son livre et Alesandor courait un peu devant, mais je le laissais faire. Rhaenys marchait paisiblement à mes côtés alors que Alesandor avait hâte de jouer avec un garçon de son âge.

« Mère c’est là ?!
- Oui Alesandor. Attends-nous. »

Il s’arrêta sagement et plongea sa main dans son sac pour tendre sa poupée à ma fille qui la prit. C’était une jolie poupée, elle l’avait choisi elle-même. Alesandor piétina un peu et je sentis la main de Rhaenys se refermer sur la mienne. Elle semblait inquiète bien que son petit visage restait neutre, mais la pression sur ma main ne laissait aucun doute. Je lui offris une nouvelle caresse sur la joue avant d’entrer dans le salon Alesandor s’étant rangé à mes côtés sans que je ne lui dise. J’offris un regard à l’homme.

« Seigneur Mossegonde. C’est un plaisir de vous voir. Je vous présente mes deux plus grands enfants Rhaenys et Alesandor. »

Je ne souriais pas beaucoup comme femme, mais je pense qu’au vu de nos conversations antérieures, il le savait. Rhaenys fit une révérence polie et… Alesandor s’approcha aussitôt du plus grand pour discuter avec lui. Je faillis le reprendre avant de le laisser faire, il pouvait bien pour une fois… Rhaenys était plus sur la réserve à attendre. J’observais un instant les enfants de mon hôte.

« Vos enfants sont magnifiques. »

Première note de chaleur dans ma voix : j’aimais les enfants.   

La famille Wydman arrivait comme une joyeuse troupe, les enfants se mêlaient rapidement à Gawain et Eleanor. Je regardais cette joyeuse troupe d’un air presque nostalgique. Je refusais toujours ce genre de mièvrerie mais au fond, j’étais moi-même toujours un peu touché, lorsque je voyais leur facilité à être heureux, à jouer, à ne pas avoir à se soucier de tous les problèmes du monde. C’était, je crois, mon problème le plus important dans ce monde, je devais me soucier de trop de choses. Les vieilles générations s’effacent toujours en silence pour les nouvelles, sans un bruit et un matin on se réveille et le monde nous appartient vraiment. Un cadeau empoisonné, c’était une drôle de façon de jeter les gens dans le monde. Il faut dire qu’on est sacrément con quand on est jeune, on croit qu’on peut tout changer, mais qui sommes-nous ? Non sérieusement, nous ne sommes personne. Les yeux rivés sur mes enfants d’un air dur, je remarquais que je m’étais laissé emporter par un flot de pensées. Je me retournais vers Lady Arwen Wydman, je remarquais qu’elle avait fait un effort sur sa robe, l’étrange blason de son époux, se mêlant difficilement avec n’importe quelle couleur.
Moi je n’avais pas de problèmes dans ce domaine, j’avais rarement des vétements neufs et je me contentais de couleurs sombres, du noir pour les réceptions. “Mh, oui…”

Je me redressais pour apporter un verre à Lady Arwen. “C’est un plaisir Lady, j’espère que votre époux se porte bien. Le voyage depuis le Val n’a pas été trop compliqué ?” Je posais un verre d’un petit vin bieffois à côté d’elle. Je me servais un verre bien plus rempli, j’avalais ensuite goulûment une première grosse gorgée. Je claquais la langue, par les sept, que ces satanés bieffois étaient bon en vin. “Vos enfants ont l’air en bonne santé en tout cas !” Je regardais l’agitation, la pièce semblait réchauffée de leurs jeux. Le feu dans la cheminée crépitait doucement tandis que le soleil commençait sa chute au loin, laissant apparaître quelques rayons jaunâtres.

“Alors, rappelez-moi les noms des vôtres ? Votre époux me l’avais dit mais j’ai complètement oublié.” Je reprenais une grande gorgée, qu’il était bon ce vin, je trempais encore mes lèvres dedans. “Il est excellent ce vin, je suis assez surpris. Après vous savez ce qu’on dit sur le Bief… Dorne a beau être plus proche, ici par tradition on évite leur vin, je sais qu’à Port-Réal ils préfèrent ça. En même temps si à Port-Réal ils avaient bon goût ça se saurait ! Ha ! Haha ! Ha ! Hahaha !” Je riais fortement, au point de déranger un instant les enfants dans leur jeu. Je me redressais un peu dans mon fauteuil, j’accordais finalement un regard à lady Arwen. Je l’avais croisée quelques fois avec Maegor, son mari, mais jamais seul à seul. Elle avait l’air sévère.

Le seigneur semblait un peu absent alors que je m’installais confortablement pour discuter. Les deux filles semblaient discuter un peu et échanger avec leur poupée et les garçons… Faisaient leurs jeux de garçon. Je fixai un peu Alesandor qui était très exubérant. Par les sept, d’où tenait-il ce caractère si différent du mien et de son père ? Aucune idée, mais il ressemblait tant à son père qu’il ne pouvait être que de lui. Puis je n’aurais jamais fauté. C’était aune autre histoire. Je pris la coupe de vin qu’on me proposait avec un hochement de tête.

« Compliqué, non, long oui. Surtout pour les trois plus jeunes. Rhaenys s’occupe assez bien toute seule. »

Puis elle commençait à apprendre à broder ! Et elle aimait poser des questions et tout cela, alors cela occupait. Mais Alesandor était un véritable éclair humain qui ne tenait en place qu’avec son père. Mais cela ne m’empêchait pas de l’aimer comme tous les autres. En bonne santé ? Oh oui ! Je hochais la tête avec un très mince sourire.

« Oui, les vôtres également ont l’air en pleine forme. »

De mémoire comme cela ils s’appelaient Gawain pour le garçon et Eleanor pour la petite fille. Je bus une première gorgée de vin, très agréable. J’inclinai doucement la tête à sa remarque. Ne venais-je pas de le dire ? Mais soit !

« Nous en avons quatre, ma grande fille s’appelle Rhaenys, et mon grand garçon est Alesandor. J’ai eu des jumeaux l’année dernière, Lucerys et Rose. Mon époux a une passion pour les prénoms Targaryen, et Alesandor est le prénom du fondateur de sa maison. J’ai réussi à imposer le nom pour Rose. De mémoire les vôtres s’appellent Gawain et Eleanor, n’est-ce pas ? »

J’espérais ne pas avoir encore beaucoup d’autres jumeaux. C’était très éprouvant pour moi. Mais pareillement, je les aimais ces jumeaux ! Mêmes s’ils étaient très collés l’un à l’autre. C’était des jumeaux ! EN espérant que le prénom Targaryen n’amène pas l’inceste. Mais c’était autre chose. Je bus ne seconde gorgée de vin avant que mes lèvres ne s’étirent en un sourire froid. Les traditions de l’Orage.

« Nous avons cet avantage au Val : nous n’avons pas ces anciens griefs avec les producteurs de vin. Alors Bief ou Dorne nous profitons de leurs vins. Quant à la capitale… moins j’y suis, mieux je me porte. »

J’inclinai la tête, j’aimais mon Val…

« Cependant, grâce à Maegor et son amour pour les tournois, j’ai pu visiter quelques endroits ! Alesandor, doucement. »

Ce n’était pas parce qu’il était le plus petit qu’il n’était pas le plus vif. Et le plus grand semblait hésiter un peu. Mon fils me regarda et hocha la tête avant de faire plus doucement.

« Quel âge à votre fils ? »

Il semblait plus ou moins proche de Rhaenys.

« Et vous ? Votre voyage s'est bien passé ? Même s'il a été sûrement moins long que le notre ! »

Ce qui n'était pas difficile.

En forme, oui, depuis le décès de leur mère tout était devenu plus compliqué. J’avais eu l’impression d’avoir été arraché d’un rêve pour rejoindre une réalité plus terne, plus empreinte de devoirs, de responsabilités qu’autrefois j’admirais d’un regard lointain et naïf. Maintenant, j’étais dedans, il fallait que je sois responsable pour nous tous. D’ailleurs ne l’étais-je pas en cet instant ? J’étais là assis, comme un mollasson en train de siroter un verre de vin avec quelques dames du Val pendant que les combattants devaient déjà dormir, à la recherche de quelques heures de repos pour retrouver toutes leurs forces qu’ils allaient jeter dans les joutes à venir.
“En forme, ça oui ! Ils débordent d’énergie ! En même c’est le propre de l’enfance, n’est ce pas ? Quoi que moi, j’étais plus réservé.”
Je notais une pause en réfléchissant là-dessus. C’est vrai que mon enfance avait été très recluse, plus calme, plus intérieure. “C’est surtout Gawain le plus actif, un futur chevalier celui-là !” Je levais ma coupe en direction de mon fils. C'était surtout ce que je voulais voir en lui. Une meilleure version de moi mais il me ressemblait tellement.

Une passion pour les prénoms Targaryens ? Drôle d’idée, ma foi, il fallait de tout et il valait mieux ça qu’une aversion pour notre famille royale. Mais mon allégeance avait des limites et les mœurs des Targaryens étaient encore trop marquées d’exotisme à mon goût. “Gawain et Eleanor, c’est exact !”

“D’ailleurs j’y pense mais le Val n’a pas tellement d’anciens griefs avec beaucoup de monde ? Voilà une région qu’il faudrait que je visite un jour ! Saviez vous que dans ma jeunesse j’espérais visiter l’ensemble des Sept Couronnes ? J’ambitionais même de prendre la mer pour Essos. Mais je n’en ai jamais eu l’occasion. Par contre j’ai pu voir les Îles de Fer. Des sauvages ces gens là si vous voulez mon avis. C’était lorsque le Roi Rhaegar avait mené nos troupes pour écraser leur rébellion. J’ai été fait chevalier en cette occasion, c’était le plus grand voyage que je n’ai jamais accompli.”

Je passais mon regard sur les enfants puis sur Lady Wydman. Avant le décès de Rhoanne, j’aurais tout fait pour fuir une soirée comme celle-ci. Mais maintenant que j’étais seul, j’étais le père et la mère de ses enfants, ils n’avaient plus que moi. Mon frère ne m'était pas d’un grand secours dans l’éducation de mes enfants. Et ils étaient bien trop jeunes pour partir comme pupilles dans quelques fiefs voisins. Peut-être que j’enverrais Gawain chez les Selmy comme pour moi ? C’était l’une des familles les plus respectables qu’il m'ait été donné de connaître et le souvenir de Ser Barristan était marqué au fer rouge dans ma mémoire, l’image d’un homme pour qui j’avais tout le respect du monde. Je me resservais du vin.

“Oui ! Ha ! Votre époux est un sacré bonhomme ! J’ai beaucoup de respect pour Ser Maegor. Moi aussi je suis… j’étais un habitué des tournois. Mais votre mari a de la chance de vous avoir ! Pour rien au monde Rhoanne ne m’aurait suivi. Non par contre mon frère Duncan m’a quelques fois accompagné. C’est vrai que j’ai pu en visiter des coins. Vous avez visité un fief qui vous aura plus marqué qu’un autre ?”

Voilà que je me prenais au jeu de la discussion. Ser William se serait gausser de Lord William. Pourtant je savais pertinemment que je devais en passer par là. Est-ce que c’était ça devenir vraiment un homme ? Qu’importe, en tout cas, devenir père passait certainement par ce chemin.

“Gawain ? Mh… Sept ans. Tout juste.” Mon fils semblait avoir hérité en partie de la timidité que j’avais étant enfant. Il montrait avec délicatesse un de ses jouets à l’une des filles de Lady Wydman.

“Oh le voyage, ça a été, vous savez, Mosscoast n’est pas très loin. Nous sommes la plus petite maison des Marches mais nous connaissons notre région parfaitement ! Pour le retour je pense que je passerais en coup de vent voir ma sœur à Pierhaume. C’est votre première fois dans l’Orage ?”

Les enfants étaient extraordinaires… Il fallait l’avouer. Toujours plein d’énergie malgré un long trajet. Même si Rhaenys était plus calme que son frère, mais ce n’était pas difficile… Mon aîné était toujours joyeux, toujours à faire des blagues… Très extravertie alors que Rhaenys était plus posée. Je notais de grandes différences de caractère malgré leur éducation identique sur bien des points… J’inclinai la tête.

« Il me semble également que j’étais plus calme, plus comme Rhaenys que comme Alesandor. Dont j’ignore d’où il tient cette énergie ! »

Gawain et Eleanor. J’inclinai doucement la tête avant de boire une gorgée. Cela faisait du bien après tout aussi de passer du temps ici avec quelqu’un. Même si le social n’était pas du tout mon point fort, mais c’était tout à fait autre chose. J’évoquais un peu de mes enfants et tout le reste paisiblement. Je haussais un sourcil. Des griefs… Tout le monde en a d’une manière ou d’une autre. Je plissai légèrement le nez.

« Mmh… Disons qu’il y a des familles qui s’entendent mieux que d’autres. Mais c’est un beau projet de visite toutes ces couronnes. Les Îles de fers… »

J’eus un reniflement méprisant. Cela voulait tout dire avec moi. Ils n’étaient rien et bien trop agaçant… Je regardais mes enfants avec un petit sourire alors que Rhaenys tourna le regard vers moi sans rien dire pendant un instant. Avant de revenir vers son jeu avec Eleanor.

« J’ai visité beaucoup de couronne grâce à Maegor et son amour pour les tournois. »

Bien qu’il n’eût pas tout gagné. Heureusement ! Quelle importance ? J’étais fière de mon époux et de tout cela. J’eus un sourire amusé à sa remarque. Un sacré bonhomme. Un fief qui m’aurait le plus marqué ? Je restais silencieuse, les sourcils froncés en réfléchissant.

« Maegor a toujours eut le bon goût de faire des tournois sans que je sois enceinte ou au début de mes grossesses. C’était… supportable les voyages. Mais je ne pouvais pas le laisser aller aux tournois seul après tout. »

C’était mon époux. Et je préférais me couper la langue que d’avouer que je l’aimais en public.

« Un fief plus qu’un autre… Oh et bien… J’avoue que pas réellement. J’aime mes fiefs, celui de mon père et de mon époux. Castral Roc était très impressionnant… Après pas beaucoup plus ! Mais peut-être suis-je difficile. »

Sans aucun doute ! Gawain avait sept ans… Un an de plus que ma fille…

« Que sept ans ? Je le trouve bien grand pour son âge. Alesandor Wydman, deuxième fois que je te demande de faire doucement. »

Mon fils rougit jusqu’à la pointe de ses oreilles et hocha la tête sans rien dire d’autre avant de reprendre son jeu. Rhaenys tourna son regard vers moi et je lui fis signe que tout allait bien qu’elle pouvait continuer de jouer. Je reviens vers William.

« Non, c’est la première fois, c’est assez loin du Val pour que je ne fasse pas régulièrement ce genre de voyage. Je suis surtout restée dans le Val. Mais peut-être que Maegor souhaitera que nous passions vous voir. Vous êtes son ami après tout. »

Même si je préférais rentrer directement… Quoi qu’au vu de la situation à la maison… Ce n’était pas…

« Mère ! On pourra y aller ?! »

Alesandor venait de s’accrocher à mes jupes, de grands yeux brillant.

« C’est ton père qui décide Alesandor. Retourne jouer.»

Il obéit en jetant un coup d’œil à William, comme pour le convaincre de parler à son père.

Lui, Maegor avait encore quelqu’un avec qui partager son aventure des tournois. Bien que Rhoanne ne m’ait jamais suivie, j’appréciais l’idée de la revoir à mon retour à Mosscoast. Elle y était à chaque fois, c’était devenu une sorte de rituel, je revenais, épuisé, heureux, elle se tenait dans le hall d’entrée, un visage un peu inquiet à l’idée d’une blessure que j’aurais pu me faire. Nous ne nous étions jamais aimés, pas au sens des chansons, pas au sens que lui donnaient les troubadours. Nous n’avions rien en commun qu’un milieu, nous étions la petite noblesse de l’Orage et nos pères avaient arrangé ce mariage pour le bien de l’entente entre les maisons orageoises, pour la dote, pour le prestige. Il n’y avait jamais eut un soupçon d’amour, nos enfants étaient nés du devoir. Mais il y avait une complicité, une amitié. Le destin nous avait lié et alors nous nous étions retrouvé partenaire d’une vie faite de devoir qui ne nous appartennait plus. C’était ce manque d’amour qui avait fait naître notre complicité, nous étions tous les deux dans le même bâteau, coincés ensemble.

Elle ne m’aurait jamais suivi à chaque tournoi, elle n’aimait pas cela, ça ne l'intéressait pas. Mais elle s'inquiétait que le père de ses enfants reviennent en bonne santé. Je m’en contentais en remerciant les Sept. Si j’avais su, j'aurais bien plus remercier les Sept. Je devinais que le couple Wydman était bien plus fusionnel. Ils avaient l’air épanouis. J’étais un peu jaloux au fond mais très peu, c’était une jalousie bienveillante, sans amertume. Je trouvais qu’ils avaient réussi à bâtir une belle famille et je voulais ça pour la mienne. Même si c’était désormais trop tard.

“Un amour que votre époux et moi partageons ! Les tournois… C’est la seule activité ayant du sens pour les nôtres en dehors des guerres. Nous ne sommes pas des gestionnaires à la base, la noblesse est celle des guerriers. Votre mari, et c’est pour ça que je l’estime est de ces hommes qui n'oublient pas d’où viennent nos titres.”

Je repensais à la guerre. Sorte de fantôme toujours présent en moi, elle me manquait plus que Rhoanne. La guerre et son aventure me manquaient terriblement. J’étais devenu une larve mollassonne depuis et le souvenir des coups d’épées se dissipait petit à petit pour se transformer en fantasme. Castral Roc, voilà qui me ramenait encore à la guerre.

“Je ne suis, hélas, jamais allé au Roc. Par contre j’ai pu admirer Port-Lannis après notre victoire contre rébellion fer-née à l’époque. C’est là que j’ai découvert le vrai sens de la chevalerie. Alors je dois dire, ma Dame, que je suis d’accord avec vous là dessus. L’Ouest a quelque chose de sympathique.” Je revoyais mon premier tournoi l’espace d’un instant. “Mh, oui, il est grand. Un bon chevalier !”

Je relevais mon verre à nouveau vers mon fils, avec une moindre attention. Je trempais mes lèvres dans le vin, la tête déjà loin, j’avais presque quitté la pièce, les yeux fixés dans le vide. Les discussions des enfants étaient devenues un bruit de fond. Je me réveillais de mon absence à l’intervention du jeune Alesandor.

“Mh, ah… Ah euh, oui ! Ma foi, j’en parlerai à votre époux dès que j’en aur ais l’occasion. Pourquoi pas après tout ? Vous découvrirez ce coin des Marches. Il y a nos voisins les Swann que je pourrais vous présenter, ma sœur est l’épouse de Lord Swann. Enfin, c’est hypothétique. Encore faudrait-il que vous en ayez l’occasion et l’opportunité. Je ne voudrais pas vous retenir et les fêtes d’ici promettent déjà d’être fortes en émotions. Mais… Sachez que si c’est possible ce serait avec plaisir. D’ailleurs j’y pense mais je ne suis jamais allé non plus dans le Val. Mais je suis certain lady Wydman que vous saurez me convaincre vous et votre époux d’y mettre les pieds un jour. Je ne connais de votre région que ce que j’ai lu dans quelques livres.”

L’amour des hommes pour les tournois et la guerre… Je crois que je ne le comprendrais jamais. Mais soit, je n’allais pas juger, ma fille ne semblait pas aimer beaucoup cela, mon Alesandor adorait les tournois et voir son père participer. Moi je restais là pour le soutenir et juste prier qu’il ne me revienne pas blesser après tout ! J’en avais besoin vivant, hors de question qu’il ne me laisse seule avec quatre enfants. Son père serait trop heureux de sa mort également.

« Je vois cela. J’imagine qu’on s’amuse plus en les faisant qu’en les regardant. C’est fort impressionnant de l’extérieur, et malgré les années je n’arrive toujours pas à apprécier à sa juste valeur le spectacle des joutes. »

Il me posa quelques questions sur les fiefs… On n’était jamais mieux que chez soi à mes yeux. Mais j’avais le caractère froid de la Valoise après tout. Je n’étais pas attirée par les voyages et tout cela, j’adorais par contre chevaucher et galoper, mais étant enceinte tous les quatre matins, merci Maegor, je ne chevauchais pas autant que j’aurais aimé. Le sens de la chevalerie… N’était-ce pas très… trop présomptueux… Quoi que défendre des agressions de fernés… Quant à mon Maegor…

« Au moins vous avez trouvé votre voie. C’est fort agréable. »

Et Alesandor fit quelques caprices pour essayer d’aller voir leur fief une fois que ce tournoi serait fini. Par les sept ! Il était intenable ! Il ne pouvait rester tranquille trop longtemps. J’étais presque sûre que lorsqu’il serait plus grand il serait un explorateur. Même si mon cœur de mère n’était pas d’accord avec cette idée. Je bus une nouvelle gorgée de vin en regardant l’homme qui semblait surpris. J’inclinai la tête. Cela semblait une bonne idée après tout. Si cela plaisait à Maegor bien sûr.

« Je serais ravie de découvrir un peu plus l’Orage ainsi que votre fief. Quant au val… C’est une région assez montagneuse avec son petit caractère, elle peut être froide et sans aucun doute moins colorée que le Bief. Mais j’aime la parcourir à cheval avec mon époux et parfois également Rhaenys lorsque nous allons pas trop loin. J’ignore si Maegor vous l’avez dit, mais j’ai une passion profonde pour les chevaux et leur élevage. »

L’une de mes plus grandes fierté après tout. Si je pouvais constituer au cœur des domaines Wydman l’un des plus grands élevages de chevaux, des meilleurs, chevaux du monde, j’en serais plus qu’heureuse. Mais pour l’instant nous n’avions pas toujours la possibilité de le faire. Mais j’aimerais réellement pouvoir commencer à faire commerce ainsi. Je devrais en parler plus à Maegor.

Je me réveillerai comme sortir de la torpeur. J’avais comme bondit de mon fauteuil, stoppant les enfants dans leurs jeux. J’attrapais une nouvelle carafe de vin et je remplissais à nouveau mon verre, celui de Lady Arwen était encore rempli. Je tapais du poing sur l’accoudoir. “Ah ça ! Les chevaux !” J’avalais une grosse gorgée de vin rouge qui coulait avec douceur le long de ma bouche, le vin était très bon et je l’aimais. Les chevaux, c’était toute une partie de ma vie. Je crois que ma réaction était un peu exagérée mais mes enfants étaient habitués, ils entraînaient leurs camarades à reprendre leurs jeux. Les chevaux, c’était la condition de la chevalerie. J’avais toujours insisté toute ma vie pour que Mosscoast soit un repère important de l’élevage chevalin des Marches. Sans grands succès, les races locales n’étaient pas particulièrement réputées néanmoins l’écurie de Mosscoast était assez conséquente et je n’en avait pas à rougir.

“Ah mais vous me prendre par les sentiments Lady Wydman !” Je levais mon verre dans sa direction avec un sourire carnassier. “Ah ! Saviez-vous que j’ai moi-même un grand intérêts pour ces bêtes ? Bon évidemment, vous me direz, les tournois demandent d’avoir des montures fidèles, mais la guerre aussi ! La guerre aussi ! Haha ! Et alors, je peux vous dire qu’à Mosscoat, j’ai passé ma vie, mais alors ! Vraiment toute ma vie à pousser pour répandre l'élevage des chevaux ! Parce que vous voyez Lady Wydman, je sais que le Val est terre de chevalerie alors qu’ici dans l’Orage ils aiment la piétaille, terrible faute à mon avis ! Ce sont les cavaliers qui gagnent les guerres ! Bon en dehors des sièges mais les sièges… c’est autre chose. D’ailleurs ce n’est jamais souhaitable dans une guerre un siège, ça dure trop longtemps. Alors qu’une bonne bataille mêlée ! Ah oui, ça c’est la vraie guerre.”

Je reprenais goulument du vin. “Alors donc, à Mosscoast, déjà jeune héritier de mon père, avec pleins de rêveries en tête mais ça c’est une autre affaire, je disais à mon père : il faut investir dans la cavalerie ! Nous sommes un petit domaine alors il faut une bonne cavalerie ! Bon il m’écoutait d’une oreille, hein. Mais quand même, l’écurie à échappé à la ruine. Finalement quand j’ai hérité ça m’a bien été utile. Maintenant Mosscoast nous n’avons plus que ça ! Des cavaliers et des chevaliers ! Pas de place pour la piétaille ! Oh bien sûr, je pourrais faire des levés paysannes mais pourquoi ferais-je ça à mon bon peuple ? Non, l’entraînement de mes cavaliers, c’est du sérieux ! Mon frère aussi est un bon cavalier.” Je finissais mon verre à nouveau, je sentais la chaleur de l'alcool sur mon visage.

“Donc du coup aujourd’hui…” Je retenais un renvoi. “... Aujourd'hui nous n’avons que des cavaliers. Finis les pauvres bougres armés d’un pique. Nous formons continuellement des colonnes de cavaliers près à la charge et je suis toujours secondé de quelques chevaliers de petite extraction qui sont toujours d’un secours…. D’un grand secours !”

Je marquais enfin une pause. J’avais parlé sans interruption. Je m'enfonçais dans mon fauteuil, un peu honteux. La guerre était une affaire qui me plaisait particulièrement, une passion dévorante. J’avais toujours du mal à restreindre mes hardeurs.

Oh ! Hé bien voilà un sujet qui le passionnait ! Mes enfants, surtout Rhaenys, avait braqué son regard sur lui, immobile, attendant de voir ce qu’il se passait. Mais voyant les enfants de William reprendre le jeu tranquillement, elle le reprit à son tour. Mais elle n’avait pas aimé ce qu’il s’était passé. Elle n’aimait pas les éclats de voix ma petite princesse. J’eus un éclat de sourire à sa remarque et j’inclinai légèrement la tête.

« Au vu de votre enthousiasme, oui. J’ignorais votre amour pour les chevaux. »

Je laissais l’homme m’expliquer de long en large tout son amour pour ces chevaux et pourquoi. Je n’étais pas férue de l’art militaire, j’aimais juste les chevaux. C’était peut-être trop simple pour lui. Mais je comprenais bien son intérêt… Bien qu’il soit pour lui plus militaire. Terre de chevalier… Sans doute pas autant que le Bief qui lui vouait presque un culte ! Mais je comprenais. Des soldats à pied étaient sans doute plus mobiles et peut-être un peu moins coûteux en ressource mais aussi moins rapides et plus solides. C’était à prendre en compte. Il devenait tout rouge à cause de l’alcool. J’inclinai doucement la tête.

« J’admire votre passion. J’avoue que la mienne n’est pas aussi guerrière, loin de là. J’aime juste les chevaux et leur compagnie. Lorsque j’ai épousé mon Maegor... »

Quand on me connaissait bien que je dise « mon » était une profonde marque d’affection. Je vis un sourire étirer les lèvres de ma fille. Je poursuivis comme-ci de rien n’était.

« Ma dot contenait trois chevaux que j’avais sélectionné dans les écuries de mon père. Ils sont encore vigoureux et de beaux spécimens. Je me ferais un plaisir de vous montrer nos écuries si vous venez nous rendre visite. J’espère encore pouvoir créer un bel élevage. »

L’avantage étant que ma dot avait été conséquente ! Mais ça il n’avait pas besoin de le savoir. Je fis tourner ma boisson dans ma coupe.

« Mais j’aime surtout pouvoir me lancer au galop avec une jument ou un étalon et profiter d’un moment de liberté. »

J’eus un sourire amusé en continuant de regarder mes enfants.

« Rhaenys monte déjà très bien. Alesandor est encore un peu petit pour avoir son propre poney. Mais bientôt. »

Cela irait bien, je préférais attendre un peu que tout brusquer. Alesandor était vif après tout.

Malgré l'alcool, je devais reconnaître que la discussion prenait une tournure intéressante, je savais que j’étais un homme difficilement intéressé, au grand damne de mon frère Duncan qui ne cessait de vouloir me présenter tout un tas de personnes. Le pauvre essayait sans arrêt de me présenter des gens je n’en faisait rien. Il m’était bien difficile de nouer des liens avec la plupart des nobles, j’aimais les hommes de terrain, les gens passionnés, j’aimais ce qui me ressemblait. Cette rencontre que mon cher Duncan n’avait pas préparé semblait elle beaucoup plus intéressante. Comme quoi je savais désormais qu’il fallait que je me fasse confiance sur les personnes à fréquenter.

“Une dot de trois chevaux d’exception alors ?” Ce n’était je devais l’avouer, pas une dot extraordinaire, elle devait venir d’une grande famille, et épouser cette femme pour ser Maegor était déjà une sorte d’exploit visiblement. Je ne crois pas que les Wydman eut été une grande famille, loin de là, d’ailleurs leur arrivée dans la noblesse était quelque chose d’assez récent, un ancêtre chevalier qui avait défait un nombre important de nobles compétiteurs en tournois. C’était une belle histoire, une histoire comme je les aimais où la force et la bravoure sont récompensés, une histoire de chevalier. “Puis-je sans indiscrétion vous demander quel était votre nom avant d’épouser Maegor ? Je ne crois pas qu’il ne m’ait jamais dit de quelle illustre famille vous pouviez venir.”

Je regardais ses enfants, elle avait de la fierté dans son regard. “Ils montent déjà bien ? Tant mieux ! Le cheval c’est la base de la chevalerie, c’est ce par quoi il faut commencer.” Je reprenais une gorgée, elle était de trop, je me retenais de régurgiter quelques secondes. Je m’enfonçait ensuite dans le dossier de mon fauteuil. “Je regrette un peu de ne pas m’être inscrit aux jeux.” Je soupirait. “Mes p’tits aussi vont monter dès qu’ils le pourront, je ne veux pas que Gawain comment son écuyage sans parfaitement savoir mener sa monture. L’honneur des Mossegonde serait en jeu sinon.” Je regardais Gawain, il continuait ses jeux, sagement. Le pauvre garçon avait tout le poids de sa famille à porter sur ses épaules, j’avais eu un frère et une soeur pour me seconder. Lui n’aurait qu’une sœur et je me demandais bien ce que je ferais sans Duncan.

Je haussai un sourcil surpris. Une dot de trois chevaux ? J’eus un sourire un peu plus léger. Non, heureusement, mon père ne m’avait pas vendu pour trois chevaux. Aussi exceptionnels qu’ils soient, j’en valais au moins une dizaine !

« Oh non… Bien plus. »

Cela avait semblé être une plaisanterie après tout. Il semblait un peu trop aimé le vin à mon goût… Mais laissons-le boire tant qu’il n’était pas inconvenant. Peut-être ne savait-il pas de quelle famille étais-je issue. C’était possible aussi. Oh… Il venait de le confirmer : il ne savait pas. Maegor n’avait rien dit ? Voilà qui était un peu surprenant sans l’être non plus ! Mais c’était un détail. Je reposai ma coupe sur le guéridon.

« Je suis née Belmore, je suis la dernière fille de Benedar Belmore. La famille aux cloches d’argent du Val. »

Accessoirement l’une des familles majeur de ce royaume. Mais je pense qu’il devait le savoir. J’inclinai la tête :

« Alors, ma dot n’était pas que trois chevaux. J’avais un peu plus de valeur que ça, même si j’étais la dernière enfant de mon père. Seulement, ces chevaux étaient parmi les meilleurs et mes préférés. Et je ne serais pas partie sans ma jument et ces animaux. »

Ma passion des chevaux touchait mes enfants, Rhaenys montait déjà, Alesandor avec des gens plus grands que lui pour le tenir et éviter qu’il tombe. Mais ma petite fille avait déjà une vraie passion pour galoper joyeusement avec moi. En réalité elle ne faisait que trotter plus réellement, mais elle se débrouillait fort bien.

« Alesandor monte encore avec un adulte ou tenu en longue. Mais Rhaenys a déjà son propre poney. Je ne suis pas pressée de voir le moindre de mes enfants partir en écuyage ou comme dame de compagnie. Même si je sais que cela sera un jour ou l’autre. Alesandor rêve déjà de suivre les traces de son ancêtre. »

Et de briser des lances en tournoi. Mon grand garçon… Je le regardai alors qu’il mimait visiblement quelque chose avec entrain à Gawain. Je reviens vers William en buvant ma dernière gorgée de vin. Il regrettait de ne pas s’être inscrit aux jeux… Je comprenais. Pour ma part je serais dans les gradins avec Maegor sans doute quelques instants et surtout mes enfants.

« Gawain a le temps d’apprendre à monter. Je suis sûre qu’il vous fera grand honneur. Il devra sans doute maîtriser les bases à la perfection et puis lorsqu’il rentrera en écuyage, il se perfectionnera. Les bases sont l’essence de chaque art. C’est comme construire un bâtiment. Comment vouloir qu’il soit solide si sa base même est branlante. Impossible. »

Visiblement les petites filles s’amusaient grandement, j’entendis le rire de Rhaenys et ses mains battre joyeusement.