[FB] L'ambition n'est rien face aux vieux démons
Littlefinger
vieux démons
An 302, Lune 12, semaine 3
@Brandon Stark et Petyr Baelish
Deux en vérité. Deux des garçons de son seul amour. La femme pour laquelle il avait encore des sentiments aujourd'hui. Et la seule qu'il avait jamais aimé, en dépit de son "idylle" avec la cadette de Catelyn. Voilà une semaine qu'il avait stupidement levé sa lame contre des créatures sorties de ses pires cauchemars et en payait les conséquences. Encore alité en paiement de son acte désintéressé, Petyr se maudissait intérieurement d'avoir été si prompt à se mettre en danger. Tout ça pour quoi ? Sauver les gamins d'une femme qui ne l'aimerait jamais en retour ? Quel triste constat... Un autre se serait sérieusement questionné sur ses choix de vie ou aurait remis en cause ses projets. Mais pas lui. La révélation à tout le royaume du retour de Viserys Targaryen accélérait ses plans. Il ne pourrait rester bien longtemps à Winterfell, aux bons soins du mestre des Stark. Car même s'il avait reçu la profonde gratitude de Catelyn, Baelish souhaitait quitter au plus vite ces lieux qui lui rappelaient la tristesse de sa vie sentimentale. Seul l'art de la manigance et du complot lui ferait oublier ces tristes évènements.
Les plus simplets verraient dans son insistance à revenir à la capitale la volonté d'un serviteur zélé. Lui qui n'aurait pas du se trouver dans le Nord, sans l'instance inconsidérée de Rhaegar, en sortirait peut-être grandi ? Si le bruit se répandait que le vil courtisan adepte des chiffres s'était porté au secours des enfants de feu Lord Stark... Il n'appartenait qu'à lui de tourner sa propre bêtise en bénédiction. En attendant, il restait cloué dans un lit qui l'insupportait un peu plus chaque jour. Proactif, entouré de gens dont il ne connaissait rien sinon qu'ils servaient son ancien amour, Petyr se sentait inutile. Désemparé. Vulnérable. Là où des milliers de malchanceux pleuraient la mort des leurs ou souffraient de maux bien pire que lui, Littlefinger n'avait en tête que son seul désir de laisser à jamais le Nord derrière lui. Rien ici n'était pour lui, tout le rendait irascible et amer. Le climat, les locaux, la proximité avec celle qui l'avait rejeté, le risque de voir ses manigances à la capitale lui échapper... Tout le poussait vers la sortie.
Si seulement son corps et sa frêle santé s'étaient ne s'étaient pas ligués contre lui...
The Winged Wolf
Bran n’avait jamais vu Winterfell dans une telle effervescence. Et pour cause, ils allaient bientôt affronter les Marcheurs Blancs, ces créatures contées aux enfants, elles n’étaient pas censées exister, du moins en théorie. De tout Westeros, des nobles, des paysans, des soldats s’amassaient entre les murs des Stark, sous les yeux curieux du jeune garçon, qui du haut des remparts observait cette fourmilière. Il ne savait à quoi s’attendre mais une chose était sûre, il était impatient de découvrir tous ces visages méconnus, provenant de toutes les régions du continent. Si beaucoup s’inquiétaient de la bataille future, le jeune garçon s’émerveillait de voir autant de gens différents peupler le Nord, lui qui n’avait vu que cela. Il ne demandait que ça: découvrir le monde. Et bientôt, son vœu sera exaucé car il deviendra l’écuyer de Ser Lucas Nerbosc. Pour l’heure, le jeune loup se trouvait perché, admirant la foule, ces étrangers se préparant pour La Longue Nuit. Si sa Mère le savait ici, pour sûr qu’il aurait droit à une soufflante, sa sœur ou son loup faisait le guet afin de s’assurer qu’il ne soit pas repéré. Avec d’autant d’invités, il se montrait encore plus prudent qu’à l’accoutumée. Il aurait pu cesser cette activité dangereuse, mais sa curiosité enfantine le poussait à ne pas être raisonnable. Certains courraient dans tous les sens en quête d’armes et de vivres, quand d’autres se contentaient d’attendre que le temps passe et que la mort les prenne. Finalement, chacun avait une réaction différente face à l'adversité. L'on pouvait même entendre des rires gras de ceux ayant abusé de la boisson. Beaucoup de visages étaient fermés, ils allaient combattre demain, et risquaient de ne pas survivre. Soudain, le vent devint bien plus glacial, annonceur de mauvaises nouvelles, effrayantes même. L'air devenait même étouffant.
Descendant de son perchoir, il fut accueilli par sa mère, visiblement inquiète. Celle-ci l'invita à rejoindre les enfants et femmes en sécurité à l'intérieur du château. La bataille allait bientôt débuter, celle de la vie contre la mort. Embrassant son loup Eté qu'il laissait dehors, il s'exécuta, le coeur gros. Qu'allait-il se passer ? Les armées allaient l'emporter contre les Marcheurs Blancs ? Il craignait le pire, s'inquiétait de tout perdre. Entre les murs de Winterfell, il savait qu'ils étaient en sécurité, mais la situation dérapa lorsqu'une brèche se créa. Quelques ennemis s'engouffrèernt pour s'en prendre aux plus fragiles. Panique, chaos, Bran n'entendit que des hurlements, songeant que sa fin était venue, ses bras serraient avec force Rickon qui tremblait de peur. Mais contre toute attente, un homme s'interposa entre lui et l'ennemi décharné. Un acte de bravoure qui valut au valois une grave blessure. Catelyn lui révéla alors l'identité de ce héros : Petyr Baelish. Celui qu'elle avait connu lors de ses jeunes années à Vivesaigues. Le juvénile avait déjà entendu l'histoire des mots de sa mère concernant la passion qui l'avait dévoré autrefois à l'égard de la Tully.
Arpentant les nombreux couloirs avec Eté à sa suite, Brandon cherchait ce sauveur. Pour le remercier de l'avoir sauvé et lui permettre de respirer. Une longue aventure l'attendait désormais, grâce à lui. Dans la grande salle où étaient disposés de nombreux lits, l'on soignait les blessés, à dire vrai, aucune pièce n'était laissée vide tant ils étaient nombreux. La Longue Nuit avait fait tant de dégâts, songea-t-il quelque peu amer. Quelque peu intimidé, il s'approchait de son lit. "Lord Baelish ?" Il semblait souffrir terriblement, prostré dans ce lit depuis plusieurs jours. Une pointe de culpabilité étreignit l'adolescent, s'il avait su se défendre, rien de tout cela ne serait arrivé. Il se faisait la promesse : cela n'arriverait plus. Les enseignements de Ser Lucas lui permettraient de ne plus dépendre d'autrui. "Je tenais à vous remercier pour ce que vous avez fait. Si je suis en vie, c'est grâce à vous." A ses mots, il s'était agenouillé pour se retrouver à sa hauteur. "Nous vous serons éternellement reconnaissants."
Littlefinger
vieux démons
An 302, Lune 12, semaine 3
@Brandon Stark et Petyr Baelish
Occupé à digérer en silence une énième crise d'une douleur lancinante, Baelish fut tiré de ses pensées par l'arrivée impromptue d'une bouille toujours enfantine. S'il eut du mal à se concentrer sur le gamin pour remettre un nom sur son visage, sa blessure ne l'aidant guère à rester attentif, Littlefinger eut la réponse à son questionnement lorsque le jeune garçon prit la parole pour le remercier. Bien sûr... C'était lui. Du moins l'un des deux. Il avait sous les yeux l'un des gamins pour lesquels il avait risqué sa vie. Non par pur altruisme et abnégation, mais bien sous le coup d'une malsaine passion à sens unique. A croire que l'adage "il ressort toujours quelque chose, même du pire" avait un fond de vérité.
- « Je... C'est vous... », trouva t-il finalement la force de balbutier faiblement, les yeux plissés pour se faire à la lumière de la pièce.
Il offrait un bien triste spectacle, tout du moins auprès de ceux qui le connaissaient à la capitale. Lui, l'habile courtisan, toujours tiré à quatre épingles, une réplique acerbe mais habile au bout des lèvres lorsqu'il le fallait, se trouvait recroquevillé dans sa couche. Guère plus impressionnant qu'une poupée de chiffon, il faisait peine à voir. Mais peut-être le regard innocent et reconnaissant d'un gamin sauvé des Morts ne s'attarderait pas sur tout ceci.
- « Comment... Comment tout ceci s'est terminé ? Que se passe t-il en dehors de cette salle ? »
Il ne s'était pas attardé sur les remerciements du jeune garçon. Le souvenir de cette nuit lui était encore pénible, confus. Mais presque aussi douloureux que sa blessure. Il en cauchemardait parfois, même s'il ne le reconnaitrait jamais auprès de quiconque. Chercher à savoir ce qui se tramait depuis, en revanche... C'était l'occasion de s'informer, d'occuper son esprit à quelque chose de plus utile. D'échanger avec quelqu'un d'assez innocent pour ne pas chercher à mâcher ses mots. Il n'en avait que faire des paroles bienveillantes désormais. D'ailleurs, l'aurait-il seulement remercié ce jour-là s'il avait eu dès à présent connaissance des méfaits dont il se rendrait complice dans l'avenir ?
The Winged Wolf
De cet homme, le jeune garçon ne connaissait que le nom et l'histoire dans les grandes lignes. Provenant d'une famille modeste du Val d'Arryn, ce dernier avait passé son enfance aux côtés de sa mère, et évidemment, celle-ci s'était toujours montrée évasive à ce sujet. Pourtant, Bran n'ignorait pas qu'il avait défié son aïeul censé épouser Catelyn, avant d'échouer. Son mestre le lui avait conté non sans une certaine appréhension. La née Tully avait rejeté cet homme dont le coeur battait pour elle, encore aujourd'hui ? Il n'en savait rien, bien trop loin de ces préoccupations d'adultes, lui qui venait de vivre une terrible nuit. S'il pouvait voir le lever du jour en ce matin, c'était grâce à son sacrifice, Petyr s'était interposé entre eux et des Marcheurs Blancs ayant pénétré dans l'enceinte du château. De nouveau, il avait manqué de mourir à cause de cette passion à sens unique. Bran aurait pu s'en émouvoir s'il n'était pas un garçon à peine sorti des bras de sa mère.
Quant à ses blessures et son apparence, le jeune loup ne s'en formalisait pas, après tout, la pièce était remplie de blessés en tout genre, tous dans un état relativement grave. Les blessés affluaient dans les couloirs, emplissant les moindres recoins de Winterfell. Ce serait mentir que de dire que cela n'affectait pas le juvénile de voir sa maison ainsi transformée. Habituellement, c'était plutôt les rires de ses frères et les chamailleries de ses soeurs qui résonnaient dans les couloirs, désormais, c'étaient surtout les gémissements plaintifs des survivants.
Le scrutant avec bienveillance, Eté non loin, Brandon était navré de le voir ainsi, sincèrement. Cet homme avait agi par pure abnégation -pensait-il naïvement, et voilà qu'il se retrouvait bloqué dans un lit de fortune. S'il avait su se défendre seul, Littlefinger ne se serait pas retrouvé dans une telle position. Sans attendre alors, il le remerciait pour ce qu'il avait fait, une reconnaissance partagée par sa mère qui aurait pu perdre ses deux fils en un claquement de doigts. Néanmoins, il fut surpris de la réponse de son sauveur, celui-ci s'enquérait de ce qu'il se passait dehors. Un triste spectacle, le visage du juvénile s'assombrissait. "Les corps des morts sont brûlés, si vous voulez mon avis, vous êtes bien mieux ici que dehors dans le froid." Un soupir traversa la barrière de ses lèvres. "Beaucoup de soldats sont morts, des inconnus mais aussi des plus éminents." Il ne mâchait pas ses mots, ne connaissait rien des viles intentions de son interlocuteur. "Durant la bataille, le Prince Aegon serait mort, puis ramené à la vie grâce à une prêtresse rouge. C'est de la folie..." Avait-il chuchoté.
Littlefinger
vieux démons
An 302, Lune 12, semaine 3
@Brandon Stark et Petyr Baelish
Une image qu'il se devait de conserver le temps qu'il resterait cloitré dans ce maudit lit.
Le récit du garçon réveilla chez lui de vagues souvenirs. S'il n'avait rien vu d'autre de la bataille que les murs froids de la forteresse des Stark, Petyr se souvenait avoir entendu maintes bribes d'histoires toutes plus fumeuses les uns que les autres dans ses rares moments de conscience. Parmi elles, la supposée résurrection de l'ancien prince héritier tenait une place de choix. Eternel adversaire de la notion de religion, ces histoires ne faisaient que réveiller chez lui un profond dédain. Pourtant, les témoignages se multipliaient. A tel point qu'il lui faudrait enquêter avec soin sur tous ces récits lorsqu'il serait en état de marcher. En attendant, le jeune garçon à son chevet restait une source d'information relativement fiable. Baelish l'imaginant mal mentir à l'homme auquel il devait la vie.
- « Je ne doute pas que le roi saura éclaircir cette affaire et rendre hommage à ceux qui sont tombés... », répondit dans un murmure le Grand Argentier avec une ironie des plus subtile dans le ton.
Depuis longtemps, Rhaegar Targaryen avait perdu son estime. Bientôt, il chercherait à se débarrasser de l'encombrant serviteur qu'il était devenu.
- « Qu'en est-il du... des dragons ? J'ai entendu... des histoires. Sur des dragons au-dessus du champ de bataille. », s'enquit Littlefinger d'une voix faible.
La retour de ces créatures de légende en Westeros influerait forcément sur le déroulé de ses plans. Plus encore, sur le destin entier du royaume. Face à ces monstres et leurs dragonniers, il était impuissant. C'est dans l'ombre qu'était sa place. Comme jadis lors de ses joutes avec l'Araignée, les mots constituait son arme. A défaut de pouvoir lui rendre la pareille, le jeune Stark serait une source précieuse d'informations.