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Marianne > Isendre

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Isendre était recroquevillé dans sa chambre. La bataille de Beaumarché, aujourd'hui terminée depuis quelques jours, était passée par là... Le matelas n'avait pas bougé depuis qu'il avait été retourné par les assaillants, sans doute à la recherche d'un quelconque trésor dissimulé sous son lit et tous les signes de richesse, comme le lustre en cristal ou la tapisserie avaient été saccagés. Le nouveau lord de Beaumarché, fraîchement officialisé par Viserys III Targaryen, avait perdu tous les êtres qui lui étaient chers durant ce massacre.

A commencer par son père, Criston Desdaings, avec qui il avait eu une relation privilégiée. Le jeune homme était son bâtard, et pourtant, il l'avait considéré comme un fils à part entière, lui enseignant le maniement des armes et lui offrant un poulain qui était devenu depuis sa fidèle monture. Isendre avait également pu compter sur lui face à sa belle-mère qui le tyrannisait, le menaçant souvent de l'envoyer dans la Garde de Nuit pour se débarrasser de lui. Les deux hommes se disaient tout sans aucune censure, ou presque. Criston voyait en son fils illégitime un futur grand homme si ce-dernier prenait un peu plus confiance en lui, et Isendre pouvait parler à son père comme un fils légitime, tout lui dire sans craindre de subir sa colère qui n'était pas qu'une simple légende. Le Cygne n'aura jamais connu celle qui faisait battre le cœur d'Isendre, même s'il en avait entendu parler le jour où le garçon était partie dans les ruelles de Beaumarché pour ramener des pommes.

Le jeune homme avait également perdu sa jeune sœur, Alyssa, qui ne l'avait jamais jugé par rapport à son statut et qui n'avait jamais hésité à passer du temps avec lui contre l'avis de sa mère. Isendre serra les poings en repensant à elle pour la énième fois depuis qu'il était assis là. Il s'en voulait de s'être fais avoir aussi facilement face à ce Fer-né et de ne pas avoir pu protéger celle qu'il considérait comme sa sœur jumelle. Le jeune Desdaings lui avait toujours dis qu'elle pourrait compter sur lui en toutes circonstances et ce jour-là, il avait failli. Heureusement, Alyssa était encore vivante. Mais cela n'était qu'un maigre soulagement en sachant qu'elle était désormais entre les mains d'une brute. Sa sœur était sans doute la première personne pour laquelle Isendre était toujours vivant en ce moment...

Enfin, l'adolescent avait perdu son demi-frère, son idole et son modèle. Isendre n'a jamais eu la chance de partager un vrai moment avec lui, Alessander étant trop occupé ces dernières années – même si le jeune homme payait aussi son statut d'enfant illégitime auprès de lui – et le seul véritable instant qu'ils auront eu ensembles était cette bataille, durant laquelle ils se sont battus côte à côte.

Ces trois personnes, chères à Isendre, devaient être les seules pertes qu'il pouvait compter à cause de cette bataille. Et pourtant, l'adolescent avait un mauvais pressentiment. Il redoutait que la Fleur de Beaumarché soit fanée elle aussi... Il n'avait pas eu le courage d'aller voir, mais il était persuadé que Camelya, avec qui il avait pu passer beaucoup de temps avant la bataille, était parmi les cadavres qui gisaient encore sur le sol de Beaumarché... En tous cas, il ne se faisait pas d'illusion quant à sa survie...

Une dague trônait dangereusement quelques centimètres à côté de lui, et s'il n'avait pas encore commis l'irréparable, c'était bien parce qu'il était encore à la recherche du courage pour le faire.
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La conversation avec sa jeune amie et confidente avait laissé quelques interrogations en suspend dans l’esprit de la jeune Harlton. En effet, les nouvelles de Beaumarché n’étaient parvenues à Castel-Bois que par le biais des familles nobles devenues récemment suzeraines du Conflans. Ainsi, la famille avait pu apprendre les morts prématurées des Seigneurs Desdaings. Choquée de cette nouvelle, Marianne avait finit par trouver là un très bon prétexte afin de permettre à cette région tant touchée par la guerre et affaiblie par cette dernière d’obtenir peut être de nouvelles aspirations. D’ailleurs cette guerre incessante, ne semblait pas vouloir trouver du repos. Les Brackens avaient posé leurs ambition sur la partie est de cette vaste étendue. Tant est si bien que la sensation d’appartenir à une nation complètement éclatée ne cessait de se faire ressentir. Les Harltons allaient jurer allégeance à ses nouveaux sauveurs. Désireux de partager avec eux les bienfaits d’un honneur bien caractéristiques de leurs maisons communes. Le mariage serait très certainement un sujet qui viendrait à être abordé à un moment donné. Encore des questions… La jeune lady n’avait jamais pu ressentir ce sentiment jusqu’alors. Celui d’être un simple pion qu’on ne cessait de bouger sur un échiquier. Sa place n’en devenait que des plus menaçantes, tant elle semblait se trouver aux portes d ses ennemis. Pourtant ses défenses tenaient énormément, si bien, qu’une vague de fierté voulait bien rester ancrée dans son cœur. L’espoir n’était peut être pas perdu. Et il lui suffisait de prendre conscience des présences amicales et bien plus que cela de ses sujets pour ainsi le laisser envahir son être tout entier. Torvald restait celui dont la santé et dont la présence lui importait le plus. Son chevalier restait présent à ses côtés, bien plus qu’il ne l’avait jamais été. Cette dernière savait emplir son cœur d’une joie incommensurable, même si devoir dissimuler ses sentiments devant tout le monde s’avérait être un véritable supplice. Néanmoins, depuis que la vérité avait éclaté, depuis qu’ils avaient pu laisser leurs cœurs se parlaient, la force semblait revenait et avec elle une toute nouvelle vision des choses : le pardon. En effet, la rancœur de la jeune fille vis-à-vis de certains sujets s’estompait à moindre mesure, lui apprenant ainsi à envisager d’autres tournures quant à l’avenir incertain. Son caractère altruiste n’en devenait que des plus vigoureux, si bien qu’une fois sa conversation avec sa confidente Camelya terminée, la jeune fille n’Avait eu de cesse que de s’informer au sujet des résidents actuels de Beaumarché. Pourquoi la nouvelle quant à la légitimité d’Isendre ne lui était pas parvenue ? Elle ne savait répondre à cette question. Cependant, elle voulait bien mettre de côtés les enjeux politiques rien que pour pourvoir apporter un soutien ben présent et une délivrance auprès de son amie. « Pour quelles raisons le bâtard Desdaings serait légitimé si ce n’est pour semer la discorde auprès de nos ennemis ? » « Il y est des choses que seul le fils du roi fou puisse comprendre. Il désire éclater le Conflans, chose qu’il parvient à réaliser avec cette nomination. Nous affaiblir plus que de raison afin de nous amener à notre perte. » Et il y parvenait … « Nous devons nous assurer de la bonne sécurité de notre roi dans ce cas. » Lord Harlton admira sa nièce avec ses mêmes yeux inquisiteurs et sévères, ceux là qui n’étaient pas destinés à sa personne mais présageaient plus de sa témérité vis-à-vis de sa réflexion interne. « Tytos Nerbosc n’en sera que le meilleur suzerain pour veiller à cette tâche et nous consolider. Son honneur est aussi dur que de l’acier valyrien. » Marianne acquiesça simplement d’un signe de tête alors qu’elle taisait ses dires un peu trop impétueux à ce sujet. Cela n’était pas nécessaire de lui rappeler leurs actes passés et ainsi la méfiance qu’elle aurait à jamais à leur égard. Cependant, elle admettait volontiers que cette place, qui leur revenait de droit, était aussi honorable qu’acceptable. Les Desdaings n’étaient pas bons pour le peuple, aspirant à de l’ambition bien plus qu’à assoir une position et ainsi à consolider leurs liens avec leurs vassaux. Aussi les Nerbosc prendraient leur suzeraineté en exemple et veilleraient certainement à établir des plans visant à apporter une protection au Conflans. « Me permettez-vous de me retirer mon oncle ? » La voix de Marianne s’en trouvait plus grave alors que ses intentions secrètes se reflétaient dans son regard. Toutes ces questions suscitaient en elle un désir de réponses impatient. Le seigneur de Castel-Bois leva sa main en signe d’acceptation de sa requête, permettant ainsi à la jeune fille de se retirer dans ses appartements.


Marianne Harlton
Lady de Castel-Bois

Isendre Desdaings
Fils bâtard de feu Criston Desdaings

Isendre,

La probabilité que ce corbeau puisse vous parvenir me paraît bien utopique. Aussi vais-je accorder quelques mots en quête d’une réponse brève, tant cette correspondance est désuète de tout espoir.
Les corbeaux venus de l’est ont apporté à Castel-Bois la nouvelle de votre récente ascension. Je ne vais pas vous cacher que cette dernière a su nous surprendre, dans le même temps qu’elle fut réfutée de toute part tant elle paraît incroyable. Et cette correspondance n’aurait eu jamais lieu si ce n’était pour apporter un peu de réconfort auprès d’une amie commune. Ainsi vais-je rester évasive en vous apportant de ses nouvelles. Elle se porte bien, même si le désespoir consume peu à peu son être. Son sourire s’efface à mesure que les jours vous séparent. J’ose croire qu’il en est de ce même sentiment au fond de votre cœur, à moins que ce dernier n’en soit totalement empoisonné par l’orgueil et le chagrin.
J'ose espérer que dans le malheur, votre honneur a su trouver le bon équilibre pour ne pas vous induire en erreur. La perte des êtres chers, l’échec mais surtout le regard porté par les tierces personnes sont des épreuves qui forgent nos caractères. Je pense connaître vos aspirations futures et tiens à vous mettre en garde qu’une telle ambition ne saurait vous être accordée. Même légitimé, vous restez un bâtard déchu aux yeux de la grande majorité du Conflans. L’exil serait peut être votre rédemption, dans la mesure où ce dernier vous comblerez d’une protection à gagner. Néanmoins, les questions quant à ce statut qui vous incombe restent en suspend. Je me dois de vous avertir que vous avez juré fidélité au non roi et que cet affront ne saurait être pardonné.
Dans l’attente de vos réponses, je veillerai à prendre soin de cette conteuse chère à nos cœurs et me porterai garante d’elle.


Lady Marianne Harlton,
Héritière de Castel-Bois,
Messagère d’une amie commune.  

© sobade.
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Les journées passaient et se ressemblaient pour le jeune seigneur de Beaumarché qui se sentait toujours aussi mal. Il n'avait pas bougé d'un centimètre, tout comme la dague qui était toujours à ses côtés. A défaut de s'enfoncer le poignard dans le ventre, il se laissait peu à peu mourir en refusant de manger quoi que ce soit. S'il se plaisait autrefois à découvrir de nouvelles saveurs grâce aux domestiques, ce n'était plus le cas aujourd'hui. Il avait perdu le goût de la vie. Le sort semblait s'acharner contre lui, et ce depuis toujours. C'était un fait. Il n'avait jamais connu sa mère, morte quelques jours après sa naissance, et voilà qu'aujourd'hui, son père avait été assassiné au cours de cette guerre... Sans oublier sa sœur, Alyssa, qui était à ce jour la captive d'un sauvage par sa faute, car il n'avait pas su la protéger... Pour couronner le tout, Isendre passait pour un traître auprès des alliés de son père et son honneur était bafoué. Tout ça parce qu'un inconnu, un autre bâtard, lui avait sauvé la vie et parce qu'il avait été officialisé par Viserys Targaryen alors qu'il n'avait rien demandé...

La seule visite qu'il avait eu durant ces derniers jours avait été celle d'un soldat venu lui transmettre un message. Isendre l'avait déroulé, d'abord désintéressé par ce qu'il contenait, avant de retrouver le sourire qu'il avait perdu ces derniers temps au fur et à mesure de sa lecture. Camelya était saine et sauve à Castel-Bois, chez les Harlton. Elle était vivante et en sécurité. Lady Marianne, qui lui avait adressé ce courrier, attendait une réponse pour rassurer la fleur de Beaumarché. Mais Isendre ne répondit pas tout de suite.  Trois jours s'écoulèrent avant qu'il n'entame sa réponse. Beaucoup de choses préoccupaient le jeune homme, à commencer par toutes ces rumeurs qui circulaient à son sujet dans toute la région. Il était bel et bien un traître aux yeux de tous, ce qu'il ne pouvait supporter, lui qui aimait tant son père, sa sœur, mais aussi son « frère » qu'il n'avait pas si bien connu... Pendant ces trois jours, il hésita beaucoup quant à sa réponse. Devait-il dire la vérité, lavant ainsi son honneur, quitte à être condamné à mort si on découvrait qu'il était du côté de Rhaegar ou devait-il la cacher, passant alors pour un traître, afin de sauver sa tête pour sa sœur ? Devait-il prendre le risque de revoir sa ville à feu et à sang pour son honneur ou devait-il au contraire se taire pour éviter une nouvelle guerre ?

Le jeune Desdaings avait fais son choix...



Isendre Desdaings
Seigneur de Beaumarché

Marianne Harlton
Lady de Castel-Bois.

Chère Marianne,

Votre corbeau, porteur d'une fort bonne nouvelle, illumine mon cœur bien assombri par les derniers événements... Vous n'imaginez pas combien je suis heureux de savoir que la belle Camelya est saine et sauve, et que vous en prenez soin. Je n'osais croire que je lui étais si cher pour qu'elle en vienne à perdre son sourire ensoleillé qui m'a fais succomber en partie à ses charmes... Veillez à m'excuser auprès d'elle pour tous les soucis que je lui ai causé ces derniers jours. Camelya est une personne importante à mes yeux, et je ne voulais en aucun cas l'inquiéter. Je sais que ma réponse à votre corbeau s'est faite attendre, et j'espère que cela n'aura eu aucun impact sur elle et sur sa santé.

Je ne reviendrais pas sur les événements qui ont secoué la région qui nous est si chère dans cette correspondance. Je pense que les affaires politiques doivent se régler entre quatre yeux, d'homme à homme – ou d'homme à femme en ce qui nous concerne. Les on-dit qui circulent à mon sujet m'importent peu aujourd'hui.

Mes préoccupations sont ailleurs et elles sont bien plus importantes que ce que l'on peut bien penser de moi.


Lord Isendre Desdaings
Seigneur de Beaumarché.
 

©️ sobade.


Hors-jeu : Désolé pour le retard. Marianne > Isendre 3663664295
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Marianne Harlton
Lady de Castel-Bois

Isendre Desdaings
Fils bâtard de feu Criston Desdaings

Isendre,

Sachez que votre missive a su apporter réconfort auprès de notre chère amie commune. Ainsi votre vie sauve et votre attention quant à sa santé lui ont prodigué un bonheur certain. Ce sourire qui l’illuminait, jadis, perce quelques unes de ses sombres pensées, par l’évocation de votre prénom. Aussi vous suis-je reconnaissance de cette réponse et des bienfaits que vous lui apportez. Néanmoins, je peux prétendre me réjouir davantage des informations que vous vous plaisez à dissimuler.
La politique est un monde pour lequel chacun se doit de prendre garde. Aussi n’en suis-je qu’une apprentie en quête, somme et pour toute, d’une raison en devenir. Je ne peux me soustraire à me faire traiter de la sorte par un bâtard, légitimé ou non. Vos incertitudes quant à vos aspirations n’en deviennent qu’un témoin évident entre les lignes de vos écrits. Aussi, une rencontre entre nos deux maisons ne saurait aboutir en une quelconque paix. N’avez-vous point appris de votre père ? Le jeu ne réside plus dans les énigmes à présent, mais plutôt en des suretés mesurées. La guerre frappe nos demeures, laissez votre orgueil dans les ruines de votre perte. Ainsi n’en trouverez-vous qu’une meilleure vision quant au présent auquel vous désirez vous rendre aveugle.
L'’honneur est une valeur pour laquelle tout homme mérite de se battre. La justice prône par delà les diverses atteintes à nos pouvoirs. Veillez à méditer ces phrases. Ce conseil vous permettra ainsi de gagner en noblesse plus que ce dont votre roi illégitime se plaît à vous démontrer par le biais de ses offrandes.


Lady Marianne Harlton,
Héritière de Castel-Bois,
Messagère d’une amie commune.  

© sobade.
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Isendre Desdaings
Seigneur de Beaumarché

Marianne Harlton
Lady de Castel-Bois.

Chère Marianne,

Ne vous méprenez pas avec moi. Nous avons certes une amie en commun, mais cela ne vous autorise pas à me traiter de la sorte. J'ai grandi auprès d'une femme qui me méprisait pour ce que j'étais et qui n'a eu de cesse de me rappeler quelle était ma condition. Je n'oublie pas qui je suis et d'où je viens, et ce même si notre Roi m'a légitimé pour que je puisse porter le nom de mon père. N'oubliez pas que vous êtes une femme et que vos paroles n'ont aucun poids dans les décisions d'un homme, que vous soyez l'héritière de Castel-Bois ou non. Ainsi, je vous prierais de garder vos bons conseils pour vous.

Le Roi que vous soutenez n'a jamais eu la moindre reconnaissance envers notre région lorsque mon père, qui était votre suzerain, est allé lui prêter main forte. Ce même Roi n'a pas bougé le petit doigt alors que la ville d'un de ses plus fidèles alliés était assiégée. Le Roi en place, contre lequel vous semblez vouloir vous dresser, a au moins le mérite de récompenser ses alliés et de vouloir faire avancer les choses. Réfléchissez à cela. Notre région, qui nous est si chère à tous les deux, mériterait que nous soyons tous unis derrière Viserys Targaryen, alors que son prédécesseur se cache toujours. Vous pourriez courir à votre perte en ne cessant de soutenir son frère.


Lord Isendre Desdaings
Seigneur de Beaumarché.
 

© sobade.
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