Need freedom to take flight ☾ Symond
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Derrière elle, une voix rauque et puissante s'éleva dans les airs et la Bruni, peu habitué à entendre des hommes s'interpeler de la sorte, sursauta violemment. Par réflexe, elle se fit plus petite, fléchissant ses jambes, comme si elle s'apprêtait à bondir sur un possible assaillant. L'enfant des îles Nocturnes ne s'était pas encore habitué aux bruits environnants, les braillements, les sons métalliques, les cliquetis des navires, la brutalité de certain à poser les choses... Il y avait tellement de sons différents qu'elle n'avait pas encore réussi à tous les identifier. Ce peuple était bruyant, c'était sa première constatation lorsque les aventuriers avaient accosté pacifiquement ses îles. Ils étaient arrivés, après des semaines sur les eaux profondes, dans un endroit qui n'était nullement vierge d'habitant, mais dont les coutumes étaient diamétralement opposées. Kina ne le niait pas, les siens pouvaient émettre beaucoup de tumultes, mais les leurs étaient plus chaotique, ils venaient des tripes, comme s'ils crachaient quelques choses de l'intérieur. Une urgence à faire, ou à dire. Sans aucune contrainte, de limite ou de maîtrise de leurs propres corps, seulement une obéissance à cette pulsion de vie qui venait de l'intérieur. Durant sa traversée, elle avait pu faire cette même constatation sur les hommes qui l'accompagnaient, cette absence de contrainte apparente, une liberté de faits ou de pensées, mais demeurant soumis à l'autorité du capitaine. Bien que Kina avait mal vécu ce voyage maritime, malade, priant les astres pour que ce trajet soit bientôt achevé, elle avait continué à observer chacun d'entre-deux. Et ce qu'elle voyait la fascinait. Jamais elle n'avait vogué sur les eaux profondes, mais même si elle préférait marcher sur la terre, elle restait curieuse. Avide de comprendre ; comment un tel objet pouvait flotter et les emmener vers une autre destination, aussi lointaine soit elle.
Lorsqu'elle porta pour la première fois son regard sur les îles des hommes de Fer, elle ne fut pas déçue, ni émerveillée, juste surprise. Il lui paraissait inconcevable de pouvoir vivre sans arbres. D'aussi loin que ses yeux pouvaient voir, elle ne voyait aucune forêt luxuriante, aucune montagne, seulement du sable et de la roche. L'insulaire cru alors comprendre une partie des motivations d'Asha. Si elle avait suffisamment bien saisi, leur boutre était constitué de bois, mais il n'y en avait pas ici ou alors trop peu pour être utilisé. Cet accord entre leur deux peuples semblait être précieux pour la jeune capitaine, mais s'il était scellé à long terme, que deviendrait-il de leur forêt ? Kina n'avait pas été envoyé pour juger, mais elle était les yeux et les oreilles du conseil, c'était à eux de déterminer si les hommes de Fer étaient dignes de confiance ou non.
Au premier abord, elle avait trouvé cette île froide, grise, sans couleur, sans saveur pour son regard habitué à d'autres paysages. Si elle s'était arrêtée à cette impression de dureté, jamais elle n'aurait accepté de rester plus longtemps, mais la Bruni était une femme curieuse, qui aimait comprendre ce qui l'entourait et qui appréciait les aventures qui se présentaient à elle. Heureusement, car dans d'autres circonstances, jamais elle n'aurait accepté qu'on la dévisage ainsi, ni d'être constamment accompagné partout, et encore moins d'être jugé comme simple d'esprit pour certains. Malgré ça, elle restait à l'écoute, passive ou faisant semblant de ne pas comprendre. Il n'était pas utile de comprendre tous les mots, leurs visages exprimaient suffisamment leurs idées pour qu'elle puisse saisir correctement. Dans sa tribu, les mots étaient souvent futiles, leurs langages étaient corporels, silencieux à l'oreille, mais riche d'informations pour le regard. Le paysage n'était pas aussi appréciable qu'elle l'aurait souhaité, certains hommes de Fer trop chaotique à son goût, mais elle appréciait ce qu'elle vivait, les rencontres, apprendre leur coutume et être auprès d'elle. Depuis la première fois où elle était descendue de son arbre pour venir à leur rencontre, Asha l'avait traité différemment. Même encore aujourd'hui, elle n'essayait pas de dissimuler les travers de son peuple, les siens, mais les assumaient pleinement. Elle restait honnête sur ses intentions et Kina appréciait cela, car pour elle, l'honnêteté était une qualité précieuse et nécessaire pour la stabilité d'un lien.
Au milieu de cette marée humaine, entouré de visage d'inconnu qui la dévisageait parfois, elle contemplait ce qu'ils appelaient le marché du port. Il était fascinant de constater que quelques pièces pouvaient permettre de nourrir une famille. Une pièce façonnée par la main de l'homme, elle venait tout juste de comprendre la notion d'argent et restait estomaquée de voir qu'un seul petit objet signifiait être puissant, riche. Les acheteurs la fixaient étrangement lorsqu'elle se rapprochait d'eux, souriant fièrement devant ce petit morceau de métal. Kina se délectait de cette nouveauté, de toutes ces choses dont elle ne connaissait, ni le goût, ni l'odeur. Elle était comme une enfant qui sautait de branche en branche pour s'amuser. Elle en avait presque fini, lorsqu'elle arriva devant un stand, de magnifiques oiseaux, pris au piège dans un coffre. Tout comme la monnaie, la notion de cage était inconnue sur les îles Nocturnes. Alors pensant qu'ils n'arrivaient plus à sortir, Kina ouvrit la petite trappe et les oiseaux s'envolèrent dans les airs. Son visage s'illumina alors, absorber par ce spectacle magnifique, mais une fois encore, elle sursauta violemment. Une femme avait surgi de nulle part et s'était mis à aboyer de colère, parlant trop vite, utilisant des mots qu'elle ne comprenait pas encore, elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'il se passait. Le visage illuminé de l'insulaire s'était mué en une incompréhension totale, haussant les sourcils, les yeux écarquillés, elle laissa cette femme continuer à s'agiter, peu consciente du manque de compréhension de l'inconnue. Tout ce qu'elle avait comprit, c'est qu'elle était vraiment en colère et pas contente en vers elle.
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ft @Kina Ka & Symond Bonfrère
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L’accostage s’était accompagné des rituels habituels que ses hommes menaient avec attitudes nonchalantes. Vestiges de l’excitation qui avait pu les saisir au moment où le raid avait connu son apogée, il n’en demeurait pas moins qu’une sorte de joie fusait au-dessus de cette fatigue tant connue et si vivifiante pour eux. Celle de rapporter des récits nouveaux. Celle de pouvoir participer à des débats qui commenceraient tôt dans la soirée et s’achèveraient tard, celle de pouvoir susciter une sorte d’émerveillement à qui voulait bien l’entendre, parce qu’ils revenaient d’un environnement nouveau. Le blond appréciait énormément ces temps-là, même s’il préférait de loin les découvertes, il n’en restait pas moins qu’il aimait également assister à cette transmission qui dévoilait la tradition des insulaires. Toujours prêt à participer, voire à déclencher des débats qui amenaient certaines querelles gentilles entre certains membres, le fer-né se délectait de ce temps-là. Mais avant de s’y adonner, ils devaient tous mettre à contribution les forces nécessaires pour dégager les caisses des victuailles restantes depuis la cale de son boutre jusque vers l’extérieur. Et, accompagné de son fils, Sylas, le jeune père ne lésinait pas à sa tâche, tant il désirait que l’exemple soit suivi. Le garçon, alors âgé de dix ans, essayait tant bien que mal de charger ses bras aussi maigres qu’une tige de roseau avant de suivre les pas de son père depuis la cale jusque sur le pont. Même s’il ne voulait pas le montrer, Symond, lançait quelques œillades derrière lui pour surveiller ou plutôt pour anticiper une chute. Mais fort heureusement, Sylas prenait le temps qui lui était nécessaire et arrivait à se débrouiller.
Le brouhaha de la criée sonnait à ses oreilles comme le chant doux d’un retour au foyer. Bientôt, ses yeux azuré s’habituaient à la luminosité chargée à la fois d’humidité et de quelques effluves marines qu’il aimait tant. L’air, sur l’eau, était différemment de celui de la côte. Beaucoup plus sec, avec quelques bises humides. La plus grande partie d’humidité se chargeait toujours au niveau où la terre rencontrait la mer, et révélait des embruns qui se dégageaient dès que l’on touchait l’horizon. Le cadet des Bonfrère se plaisait à retrouver cette part. Encore nouvelle, à même de dévoiler un état d’âme qu’il se plaisait à retrouver et ainsi à partager. Des remarques fusaient d’un côté à l’autre de son oreille, et il s’en amusait en y répondant bon enfant. Après tout, n’avait-t-il pas suivi la grande Asha dans sa dernière expédition ? Cela lui plaisait énormément, tout comme il se plaisait d’avoir pu partager cela aussi bien avec Sylas qu’avec Gysella. La fierté l’animait à chaque fois qu’il pouvait la croiser tant cette dernière avait su briller par elle-même. Il espérait seulement que Sylas puisse y trouver ce même ressenti et s’en inspirer pour se forger sa propre expérience. Mais encore jeune, le garçon ne voyait pas cela sous le même œil que son père.
Toujours accompagné de son fils, Symond déposait la charge de ses bras à l’endroit adapté et indiqué quelques minutes auparavant. Bien sûr, il profita de la liberté de ses mouvements pour ébouriffer la tête de Sylas avant de lui indiquer qu’il pouvait faire ce qu’il voulait à présent. Après tout, il restait encore un enfant et il lui préférait le savoir en train de se promener ou s’amuser avec d’autres enfants de son âge, plutôt que l’isoler en le suivant partout. D’abord réticent à l’idée de s’éloigner de son devoir, le garçon fini par partir à l’endroit opposé où ils se trouvaient, laissant ainsi l’occasion au jeune père de rebrousser chemin pour effectuer une fois encore la tâche qui lui incombait. Il fit deux allers-retours supplémentaires et s’amusait à chambrer l’un de ses hommes à propos d’une histoire sur les îles nocturnes. Et si dans un premier temps, il ne fit pas attention à la clameur qui s’élevait depuis l’endroit où il se trouvait, il fut forcé de détourner le regard à l’instant où la voix d’une femme, visiblement bien en colère, s’élevait plus violemment pour accuser un délit. « Wow j’sais pas c’qu’il l’arrive, m’j’aimerai pas être à la place de… » Il s’arrêta de façon nette dans sa remarque alors qu’il fronçait ses sourcils. La personne qui se faisait blâmer lui rappelait les traits des habitants dont il venait de quitter le domicile et à en juger par son manque de réaction, elle ne paraissait pas comprendre ce qu’il était en train de se passer. « Hey toi là ! » Il interpellait simplement la marchande de manière à pouvoir laisser un répit à la pauvre jeune fille, complètement perdue. D’ailleurs, il ne tardait pas à franchir les quelques distances qui les séparaient pour s’interposer entre elles, au cas où la bonne femme ait l’idée saugrenue de la frapper pour la corriger. « Les oiseaux t’en trouv’ras ailleurs, allez c’tait combien les deux ? » L’interrogeait-t-il alors qu’il faisait mine de chercher dans ses poches pour en sortir une bourse.
La marchande lui fit part de son prix et après avoir fait une grimace, qui indiquait à quel point il trouvait cela aberrant, le blond se mit à chercher le contenu demandé. « T’y vas pas ‘vec l’dos d’la cuillère. T’es au courant qu’t’es en train d’sermonner l’butin d’la Asha ? » Il pinçait ses lèvres dans un mouvement qui signifiait bien un. «… et ouais… » Rajoutait-t-il alors qu’il lui tendait ce qu’elle désirait tout en lançant un regard à la jeune fille toujours immobile derrière lui. Il en profita pour lui adresser un sourire en coin pour la rassurer, si elle comprenait son intention, avant de finalement soupirer pour ramener son attention sur la marchande. Elle lui paraissait satisfaite, il n’en demandait pas plus, il en profita simplement pour attraper le bras de la jeune fille afin de l’éloigner au cas où la mégère recommencerait à hurler pour rien. « Ici c’pas comme chez toi. Va falloir qu’tu fasses attention. » Il venait tout juste de la relâcher et essayait de savoir si elle le comprenait ou non. Difficile à dire pour lui, alors il se mit à rapprocher sa main de sa bouche afin de mimer un mouvement de nourriture. « Manger ? » L’interrogeait-t-elle naïvement sans savoir exactement ce qu’il lui fallait.
(c) oxymort
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L'étrangère devenait de plus en plus cramoisit, de plus en plus hargneuse devant l'insulaire. L'ensemble des traits de son visage se déformaient par son emportement, sa bouche se tordait en tous sens, ses yeux s'écarquillaient violemment. Elle s'était muée en une autre femme. La dame en colère se rapprochait dangereusement de sa position, postillonnant allègrement tant la rage lui faisait perdre tout contrôle, rebutant un peu plus sa cible. Elle levait les bras, gesticulait avec véhémence. Mais Kina ne comprenait toujours pas, un accent trop prononcé ou un débit de paroles trop rapide, peu importait, car son incompréhension semblait alimenter sa fureur. Par instinct, la Bruni mit ses paumes de mains devant son plexus solaire, comme pour apprivoiser un animal effrayé et montrer qu'elle n'était pas son ennemi. Mais rien ne s'était produit. Les hommes qui l'avaient suivi de loin n'avaient pas bougé non plus, ils restaient à l'écart, à observer la scène le sourire aux lèvres. Ce ne sont pas eux qui virent l'aider à démêler cette affaire, mais un homme au visage tatoué. Par réflexe, Kina fit un pas de recul, fléchissant ses jambes prête à courir en sens inverse. Pourtant, il ne semblait pas lui vouloir du mal, mais il paraissait vouloir l'a sortir de ce mauvais pas. Il s'était interposé entre elle et la dame en colère.
Ils échangeaient sur les oiseaux, et cette fois, elle comprenait quelques mots. Plus ils discutaient, plus elle pensait comprendre, mais le marqué employa le mot cuillère, ce qui la perturba dans sa compréhension. Mais ça ne semblait pas déranger la marchande. Se décalant un peu, elle vit son visage se décomposer. Quoique que voulait dire "l'butin", cela paraissait signifier quelques choses d'important. Il réglait ce quiproquo assez facilement, et lui offrit un doux sourire. Mais elle restait toujours sur la défensive, l'examinant avec froideur. Elle se contracta lorsqu'il l'a prit par le bras, comme pour l'éloigner de la dame en colère, mais elle se laissa faire. L'enfant des îles Nocturnes l'aurait facilement mis à terre, mais elle était ici pour observer, et non pour agir envers les hommes de Fer. Il se planta devant elle, inoffensif à son comportement. Il lui conseillait de faire attention, qu'ici, ce n'était pas comme chez elle. Puis il fit un geste avec sa main, ayant une autre signification dans son clan et prononça le mot manger.
Elle l'avait déjà vu sur son île, elle ne pouvait pas l'oublier, ni lui, ni celle qui l'accompagnait. Une femme toute aussi tatouée que lui. Kina ne pouvait s'empêcher de fixer les dessins qui ornaient son front, mais grâce à son oncle, elle savait que ce n'était pas un bannit. Seulement des marques, sans aucune signification de bannissement. Pourtant, cette habitude, cette règle était difficiles à briser. Aider ou parler à un proscrit signifiaient automatiquement un exil. Il continua à le fixer, mais cette fois dans les yeux. Sans un mot, elle prit sa main réchauffée par le travail et forma le véritable geste pour signifier la faim, la nourriture. " Manger " ajouta-t-elle simplement. Elle avait un fort accent, roulait des lettres ou mangeait des consonances, mais grâce à Asha, elle arrivait toujours à se faire suffisamment comprendre. Doucement, elle délaissa sa main et renchérit avec un " oui " pour accepter sa proposition.
Kina le suivit, et décida de se lancer : " Dame colère, pourquoi ? ". Elle avait besoin de saisir les raisons de son emportement, si son île devait se lier avec les hommes de Fer, elle devait tout comprendre. L'insulaire sentait les regards sur elle, tout le monde avait pu entendre et voir son altercation, muette de son côté, avec la marchande. Elle ne lui laissait pas le temps de répondre, car elle ne voulait pas oublier de tout demander, comme " l'butin dire quoi ? ". Elle avait encore besoin d'apprendre pour utiliser correctement la langue de ce peuple. Pour le moment, elle utilisait principalement des verbes non conjugés. Si ce mot avait réussi à la sortir d'affaire, peut-être qu'elle pourrait le réutiliser. Kina l'observait toujours du coin de l'œil, examinant toujours son front, c'était plus fort qu'elle. Alors avant qu'il ne puisse faire un pas de plus, elle lui prit par le bras pour interrompre sa marche et à son tour, elle se planta devant lui. Elle caressa du bout des doigts cette peau envahie d'encre tout en le questionnant : " pourquoi ? ". Leurs coutumes étaient véritablement différentes, mais voir son monde à travers ses yeux lui semblait être une bonne idée.
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ft @Kina Ka & Symond Bonfrère
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Symond avait toujours eu cet attachement particulier en direction de ceux qui les suivaient. Qu’ils l’aient réalisé de leur plein gré ou non, il n’en restait pas moins qu’il voyait une certaine forme de courage dans ces gens-là. Capables de changer de vie, de s’adapter à des coutumes qui ne leurs correspondaient pas le moins du monde et différenciaient totalement de ce qu’ils avaient toujours connu. Ils le fascinaient d’une certaine manière et lui renvoyaient l’idée de sa remise en question le concernant si les rôles étaient échangés. Parviendrait-t-il à se faire à une nouvelle culture s’il n’avait pas le choix ? Comprendrait-t-il les tenants et les aboutissants des valeurs auxquelles il serait confronté ? Assez curieux de nature, il voulait bien admettre que cela l’amuserait un temps et qu’il en ressortirait une certaine richesse, mais qu’en serait-t-il sur le long terme ? Le Bonfrère ne pouvait s’empêcher de songer à sa famille qu’il laisserait derrière lui, et cette part, très importante, lui manquerait. Alors il concevait combien la difficulté d’arriver sur une nouvelle terre, mettant en scène de nouvelles croyances, dévoilant de nouveaux visages dont les caractères étaient différents de ceux qu’on avait toujours connu, devait être immense. Ce qui éveillait en lui ce sentiment de protection qu’il n’hésitait pas à offrir à la jeune fille, tout juste dans le besoin. Libérer des oiseaux. Quel mal pouvait-t-il y avoir à agir de la sorte ? Surtout lorsqu’on savait qu’en fin de compte, ces derniers auraient probablement péri d’ennui dans cette cage. Cette vendeuse n’aurait jamais pu en retirer la moindre pièce. Désireux de rétablir une accalmie à cette situation, le blond en vint finalement à se poster simplement entre les deux protagonistes afin d’intervenir. Et bientôt, les cris de la mégère se calmaient en cette sorte de mutisme fier propre aux insulaires des Iles de Fer. « On v’dire qu’c’est d’l’histoire ancienne. » préférait-t-il conclure devant cette bouche muée derrière le silence.
Ses doigts accrochaient sur l’avant-bras de la jeune fille, Symond n’hésita pas à l’embarquer avec lui de manière à prendre un peu de recul. Elle ne méritait pas d’être bousculé, encore moins maltraité pour une histoire d’oiseau ou même pour une autre histoire. Au contraire, il lui fallait une personne à même de lui apprendre toutes les nouveautés auxquelles elle serait confrontée pendant plusieurs années. Il ne désirait en rien l’effrayer au contraire. Et il fut rassuré tout en restant surpris de voir à quel point cette petite brune aux yeux bridés le fixait une fois relâchée. Enfin, sa fixation se focalisait surtout sur les tatouages de son front. Intrigué par cette réaction, le Bonfrère se mit simplement à sourire en coin afin de la laisser détailler les dessins. Cela ne le dérangeait pas, mais le rendait curieux d’avoir son avis sur la question. Dans son élan de gentillesse, il n’hésita pas à lui demander si elle avait faim. Mimant un geste qu’il pensait légitime et compréhensible, il se mit à sourire franchement alors qu’elle reprenait ce dernier en lui dévoilant le véritable sens. « Alors, nous ‘llons t’trouver à manger. » répétait-t-il doucement pour qu’elle parvienne à le comprendre, en quittant son joli visage du regard pour regarder aux alentours.
Il ne tardait pas à trouver le lieu de sa convoitise et entama le pas dans un premier temps. Lui-même avait faim de toutes les manières et une pause ne lui ferait pas de mal. Il fut toutefois attiré à nouveau vers la fine silhouette de la jeune fille au moment où elle lui posait une question qu’il concevait comme légitime. « P’rce qu’elle croit qu’tu lui as fais perdr’ d’l’argent. » Il riait devant ce constat qui le ramenait à ce qu’il avait pensé plus tôt. « C’est c’qu’elle croit elle, j’crois plutôt qu’tu lui en as fait gagner. » Aussi bien parce qu’elle n’aurait jamais vendu ces maudits oiseaux, mais aussi parce qu’il avait payé pour elle. De quoi ranimer un peu plus son rire et le pousser à finalement hausser ses épaules pour affirmer que cela ferait une belle histoire à raconter à ses fils. Il se perdait dans cette pensée alors que la deuxième question ne tardait pas et donnait l’impression de mettre réellement à mal la nouvelle adoptée des îles. « J’t’expliquerai quand on s’ra assis, d’accord ? » lui indiquait-t-il parce qu’il se doutait aisément que tout cela engendrerait d’autres questions et qu’il lui serait plus aisé de lui expliquer devant elle, en prenant le temps d’articuler et trouver les bons mots, plutôt qu’en marchant et en étant à moitié en train de lui tourner le dos.
Mais c’était sans compter la curiosité de la jeune brune qui ne cessait de l’intriguer. N’hésitant pas à l’arrêter dans sa démarche, les yeux de Symond révélaient combien il appréciait cette audace alors qu’elle effleurait délicatement son front en lui posant une question qu’il aurait pu juger comme personnelle. Doucement, il se mit à arquer doucement son sourcil droit, affichant incontestablement la même moue curieuse qu’elle avait pu lui donner lorsqu’elle l’interrogeait sur le sens du mot butin. « C’pour reconnaîtr’ son équipage. » Commentait-t-il alors qu’il se laissait faire et profitait des caresses qu’il n’avait que trop rarement à son goût. « J’t’expliquerai aussi. » Doucement il tendit son menton pour lui désigner la taverne où ils pourraient se sustenter. Et se mit en route pour rejoindre rapidement une table et commander de quoi se remplir la panse. Du poisson forcément, séché, mais capable de tenir leurs estomacs pour quelques heures. Il porta le rebord de la pinte de bière à ses lèvres afin d’en boire une première gorgée, puis finit par la reposer et admirer les yeux noirs de son accompagnante pendant quelques secondes. « Butin. » articulait-t-il pour qu’elle puisse comprendre qu’il n’avait pas oublié sa question et qu’il remplirait la promesse qu’il lui avait faite. « C’comme un trésor… » Il chercha dans sa poche une des pièces afin de lui tendre espérant qu’elle comprenne ce qu’il allait lui dire. « C’quelque chose qui t’appartient et qu’tu veux garder parc’ qu’c’est précieux. » D’accord, la pièce n’était pas un bon exemple mais il n’était pas celui qui avait des pierres précieuses ou autres artéfacts dans ses poches. « T’es précieuse pour Asha. » lui révélait-t-il alors qu’il en venait à se toucher le front pour désigner son front et rajouter. « Comme ça, c’est précieux pour mes hommes et pour moi. On tient les uns aux autres comme une grande famille. » Il lui souriait, attendant que ses dires puissent faire du chemin et profitait de ce temps pour croquer dans ce poisson séché.
(c) oxymort
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Un peu plus tôt, la Bruni n'avait pas compris le comportement de l'inconnue, ni ses mots, et à présent, elle comprenait les paroles du banni, mais pas le sens de ses phrases. Avoir libéré les oiseaux de cette étrange boîte avait fait perdre de l'argent à la femme de Fer, mais finalement, elle lui en avait fait gagner par cette même action. Son visage restait impassible devant cette explication insolite, mais son esprit était en ébullition. Il luttait pour y mettre du sens, entre leur discussion rapide et mal articulé, les nouvelles informations de ses précisions... Venait-il de dire qu'ici, ils vendaient des oiseaux ? Que cet objet métallique avait été créé de leur main pour les enfermer ? Elle n'était pas en accord avec cette pratique et ne regrettait en rien son geste, mais il était encore trop tôt pour qu'elle exprime son avis sur la question.
Cet homme était différent des autres, il ne la dévisageait pas, il était avenant et essayait de faire au mieux pour qu'elle puisse le comprendre. Son regard était plein de malice et son sourire lui était attrayant, mais elle restait en retrait. La Bruni ne pouvait pas ignorer les tatouages qui ornaient son front. C'était comme un immense feu de forêt. Un grand signal d'alerte. Pourtant, elle avait bravé son propre instinct de fuite, elle l'avait interrompu, braver toutes les limites de son clan en posant la main sur lui, juste pour assouvir sa curiosité. Par ce geste, le pétillement de son regard se mua en un autre éclat, mais elle resta toujours aussi stoïque. Patiemment, la Ka attendit les explications tant attendues. Il différait chacune de ses questions, mais elle avait des pistes de compréhension pour les marques. C'était pour se reconnaître. Parce qu'ils ne pouvaient pas se reconnaître simplement par les traits du visage, leur voix, leurs corpulences. Cela lui paraissait un peu étrange, mais soit.
La Bruni le suivit de près dans la taverne, elle prit silencieusement le siège en face de lui et continua à le fixer, mais dans les yeux cette fois. Et après avoir été servi en nourriture et en boisson, qu'il est avalé une gorgée de sa bière, il répondit enfin. D'après ce qu'elle comprenait par ses mots et la pièce qu'il tenait dans sa main, elle était aussi importante qu'un morceau de métal. Ici, c'était ça qui gouvernait l'île, donc si elle le suivait correctement, elle était nécessaire. Kina était les yeux et les oreilles du conseil, c'était son rapport auprès des siens qui créera ou non un accord avec les hommes de Fer. L'insulaire comprenait cette importance, et pour une raison étrange, elle fut heureuse d'entendre qu'elle était importante pour Asha, mais l'idée qu'il pense que son clan appartenait à ce peuple la mettait en colère. Et à son tour, elle arqua un sourcil.
De sa main libre, elle prit sa pièce et fit un signe pour qu'il lui en donne d'autres. Lentement, elle déposa les pièces en cercle, un rond comme pour représenter le conseil. " Clan ", dit-elle avec conviction, puis elle tapota son front et retira violemment une des pièces en articulant un mot dans sa langue " kipaku ". Kina ne connaissait pas le mot banni, mais elle essayait de lui faire comprendre le concept, " plus clan, interdit r'venir ". Une nouvelle fois, elle toucha son front " marque dire interdit clan voir, aimer, famille, parler kipaku ". Avec lenteur et des hésitations, elle essayait de se faire comprendre. Tout doucement, elle apprenait à parler leur langue, mais ce n'était pas encore facile et c'était épuisant. Et avant qu'il récupère son métal si précieux, elle reforma le rond et ajouta en fronçant les sourcils montrant son agacement. Son doigt suivait la ligne arrondie formée par les pièces et se montra : " clan pas appartenir homme Fer ", dit-elle en le montrant. C'était important pour elle, son peuple n'était pas un butin, ni un trésor. Tout en continuant sur sa lancée, elle fit des gestes qui représentaient chez elle des mots " clan échange, commerce homme fer, pas appartenir ". Le menton levé, elle repoussa les pièces vers lui, " clan pas ça, clan plus important qu'ça". Kina avait rompu une de ses règles, mais elle avait eu besoin de rétablir la vérité.
Tout comme lui, elle prit une grande gorgée de bière et enfourna un morceau de poison à la triste mine dans sa bouche. Et ce fut immédiat, une grimace immense déforma son visage, " pas bon ". Elle n'avait pas l'habitude de manger du poisson salé. Sur son île, tout était frais, les pêcheurs prenaient ce qu'ils leur fallait et c'était bien meilleur que ça. Et finalement, elle se rendit compte qu'elle ne connaissait pas son prénom, elle ne pouvait pas le nommer mentalement le kipaku, car de toute évidence, il ne l'était pas. Lentement, elle plaça sa paume de main sur son torse et elle articula le sien : " Kina Ka ".
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We need freedom to take flight
ft @Kina Ka & Symond Bonfrère
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Essayer de se faire comprendre, placer les bons mots pour qu’ils trouvent aisément une signification se révélait être à la fois curieux et enrichissant pour le blond. Captivé à l’égard de chacun des réactions de la petite brune qui l’accompagnait, le Bonfrère veillait à la rassurer sur une chose : tous ne seraient pas contre elle. La différence était une force qu’il voyait dès lors qu’elle se présentait à lui, et l’apprentissage de l’un comme de l’autre n’en serait qu’un pas de plus vers une connaissance qu’ils pourraient s’offrir mutuellement. Connaissance ou plutôt complicité qu’ils sauraient construire avec l’aide du temps et surtout de la patience. Alors restait-t-il attentionné à son visage, aux expressions qu’il pensait lire comme étant de la surprise mais aussi autre chose dont il ne pouvait placer le mot pour l’heure. Il gardait son sourire, lui offrait ce côté avenant pour qu’elle puisse trouver en lui un allié sur lequel elle pouvait se tenir. Symond comprenait à quel point elle devait se sentir seule, dans ce nouveau monde, avec ces nouvelles coutumes qui vociféraient partout autour d’elle. Voilà pourquoi, il lui laissait le temps qu’elle jugeait nécessaire pour essayer de placer des définitions dans les mots qu’il lui confiait. Peut-être étaient-t-ils compliqués ? Il essayait à chaque fois d’allier les gestes avec ce qu’il évoquait et il lui paraissait que cette tactique lui donnait l’impression de fonctionner. Même s’il lui confiait lui expliquer plus en détails lorsqu’ils seraient installés, Symond envisageait déjà une bonne entente entre eux. D’ailleurs, ne lui prouvait-t-elle pas en le touchant de cette manière ? Le fer-né appréciait déjà son audace et son tempérament qui lui rappelait celui des femmes d’ici : déterminé.
Parvenant enfin à trouver assez de recul pour qu’ils puissent converser ensemble, Symond ne tardait pas à commander de quoi sustenter les désirs de la Bruni. Il concevait tout à fait à quel point le changement de culture et donc de nourriture risquait de lui être désagréable, mais il se mettait déjà en tête de vouloir l’accompagner à chacune de ses découvertes afin de la soutenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il faisait parti de ces rares hommes qui prônaient la bienveillance à l’égard de ceux qu’il trouvait courageux. Et cette petite brune était le reflet de ce courage. Souriant, il lui expliquait les moindres détails de ses interrogations. Sachant pertinemment qu’il en serait jugé, cependant, il exécutait ses volontés dans le but une fois de plus de lui prouver qu’elle pouvait avoir confiance en lui. Le fait de la voir arquer son sourcil de cette manière ne fit que l’amuser un peu plus, tant ce détail lui prouver que l’indifférence qu’elle avait souhaité maintenir jusqu’à maintenant se décliner sous des émotions qu’ils pourraient peut-être partagées un jour. Du moins l’espérait-t-il.
Attentif au moment où la jeune fille prenait la pièce pour la déposer devant eux, il fouilla dans ses poches pour en ressortir quelques-unes supplémentaires à sa demande. Il ne mit pas un temps bien long à comprendre lorsqu’elle les plaça de manière à former un cercle. Il hocha de manière affirmative, de la tête, alors qu’elle évoquait le sens. « Clan ». Un sourire en coin se dessinait sur le visage du fer-né dans une premier temps, et doucement ses yeux se relevaient pour vérifier du geste qu’elle effectuait à l’aide de sa main. Il comprenait ce qu’elle était en train de lui décrire, à savoir que son tatouage était signe de bannissement chez les siens. Chose qui, fit échos à leur rencontre de toute à l’heure, et qui forcément tendait à lui expliquer pourquoi elle avait pu avoir ce geste de recul à son égard. « Pas kipaku. » répondait-t-il simplement alors qu’il tapotait sa main contre son torse pour la rassurer sur ce fait là. Il ne voulait pas la mettre mal à l’aise ou plutôt qu’elle puisse penser que ses croyances seraient contre elle en le pensant ainsi. Voilà pourquoi, il redressa doucement cette main contre son torse pour effectuer un geste sur son propre cou. « Ici les kipaku… » à l’aide de son pouce il passa sur son cou de gauche à droite pour lui expliquer que des bannis étaient généralement exécutés. «… disparaissent pour d’bon… » tentaient-t-ils de lui expliquer avec un air qui se voulait compréhensif face à de telles révélations. « C’te marque c’mon trésor. » rajoutait-t-il tout en ramenant ses doigts sur son front et en lui souriant devant cette révélation. Il espérait sincèrement qu’elle n’aie pas peur de lui, mais plutôt qu’elle puisse ouvrir son esprit afin de vouloir le comprendre comme lui voulait le faire à son égard. Ses yeux océans se reposaient à nouveau vers le mouvement qu’elle instiguait à l’aide de la pièce. Toujours autant attentif, il imprégnait chacun des gestes qu’elle effectuait devant lui, y voyant une sagesse probablement dû aux coutumes de son peuple, et acquiesçait doucement par un hochement de tête alors qu’elle lui faisait part de son ressenti quant à son appartenance qu’il trouvait totalement légitime. « Les temps s’ront durs pour toi et l’gens l’seront tout autant, mais rappelle toi t’jours qu’c’est toi qui choisit à quel clan tu appartiens. » Il ne savait pas si elle comprendrait réellement ce qu’il était en train de lui dire, mais il tenait à lui montrer que quoi qu’elle puisse connaître, elle serait toujours la seule maîtresse de son destin et de ses choix. Peu importait sa place auprès d’Asha ou même des fer-nés de manière générale, elle aurait ce droit de demeurer qui elle voulait être. Personne ne serait en mesure de lui enlever.
Il récupéra quelques pièces mais lui en fit glisser trois d’entre-elles vers elle. « Garde-les. » lui lançait -t-il en invitation. Symond se doutait qu’elle risquerait d’en avoir besoin à un moment donné et au moins ce moyen serait à même de lui rappeler leur rencontre. « Tu verras qu’ici on peut faire les mêmes choses qu’chez toi. » rajoutait-t-il en souriant en coin pour lui témoigner de son soutien et de son désir qu’elle puisse trouver sa place auprès d’eux. Certes, comme elle le désirait, mais il était certain qu’elle y parviendrait. Ils ne tardèrent pas à se restaurer, Symond le premier, n’hésitait pas à alterner gorgée de bière avec bouchée de poisson séché. Il ne put retenir son rire devant la moue qu’elle lui affichait. « Ah ça… t’verras tu finiras par t’y faire. Mais tu mang’ras mieux quand t’seras avec les Greyjoy. » Parce qu’ils étaient servis non pas par le tenancier du coin mais bien par des cuisiniers personnels. Croquant une bouchée supplémentaire, il préservait son sourire alors qu’elle effectuait ce geste si simple et si anodin mais qui se révélait comme un grand pas entre eux. « Symond Bonfrère. » répondait-t-il en mimant sa gestuelle pour se présenter à son tour. Kina était un prénom qu’il trouvait agréable à prononcer et à entendre, il lui semblait à la fois doux et vif à son oreille. « Veut dire quelqu’chose Kina ? » osait-t-il l’interroger parce qu’il comprenait doucement par le biais de ses explications passées que tout paraissait avoir une signification chez eux. Par la nature certainement, et il se voyait vraiment intéressé d’apprendre ce que son prénom pouvait bien signifier. « En tout cas c’est joli et ça t’va bien. »
(c) oxymort
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La Ka mesurait les efforts de l'inconnu tatoué. Il parlait avec lenteur, essayait d'articuler le plus possible et utilisait des gestes pour accompagner ses mots. Bien sûr, pour la plupart, ils n'avaient aucune signification. Mais elle appréciait l'attention et du temps qu'il prenait avec elle. Même si elle n'en comprenait pas vraiment les raisons. Progressivement, il essayait de lui faire comprendre que les dessins sur son front n'était pas un signe de bannissement, c'était davantage un appel au clan. Un signe d'appartenance avec les siens. Et apparemment, les leurs n'avaient pas de banni. Enfin, de ce qu'elle en comprit. L'homme Fer avait mimé un geste avec son doigt, comme un couteau tranchant une gorge. Elle avait suffisamment vu des siens tués de cette manière pour reconnaître l'intention de l'insulaire. C'était la signature du clan d'Haru. Il tranchait les gorges pour que leur prochaines vies, ils ne puissent pas les dénoncer et obtenir vengeance. Si ce symbole, et donc ce lien avec les siens était son trésor, mot qu'elle associait à important, son peuple était le sien. "Trésor", elle tapota son front et le pointa du doigt, puis elle ajouta "Clan trééésooorr". La prononciation était encore laborieuse, mais elle allait s'entraîner.
Sur cette lancée, elle continua à exprimer son idée, utilisant les pièces pour la matérialiser, il semblait la suivre. Il acquiesçait de la tête, mais elle n'avait pas réussi à comprendre tout ce qu'il essayait d'expliquer, mais elle eut l'impression d'avoir saisie le plus important. Elle avait l'impression que l'inconnu parlait du jour du choix. Celui où chaque adolescent Bruni choisissait leur clan, celui où ils trouvaient leurs places, leurs allégeances, leurs familles. Pour Kina, sa décision avait été évidente, elle refusait de quitter ceux qui composaient sa tribu. Ils étaient le sang de son sang, une même voix. "Oui" dit-elle simplement, mais elle rajouta fermement "mais clan pas à vous", sans le contrôler, elle mima le mot clan, "clan libre". Bien qu'Asha avait découvert leurs îles, elles restaient libres, elles n'étaient pas sous leurs contrôles.
La Ka lui avait rendu ses biens, mais il lui en donna quelques-unes, elle le remercia dans sa langue, tout en le mimant. Puis elle enleva un de ses colliers où trônait un seul coquillage pour lui offrir, elle le laissa au creux de sa main en attendant qu'il le prenne. C'était une coutume dans son peuple, rien ne pouvait être donné sans un échange. Jouant les pièces froides, elle ne le regarda pas lorsqu'il rajouta l'idée qu'elle pouvait faire les mêmes choses que chez elle, mais elle répondit négativement de la tête : " Pas arbre ici " . Rien ici ne ressemblait a chez elle, et aucune de ses activités habituelles ne pourraient être faite ici. Monter dans un arbre, réaliser leurs rituels, nager, méditer, chasser, échanger avec les siens. Mais encore une fois, elle appréciait son intention, quoiqu'elle puisse être, elle sentait qu'il essayait qu'elle se sente bien.
Délaissant les pièces, elle imita l'homme Fer, mais le goût du poisson était atroce. Et sa réaction le fit rire. La Ka ne voulait pas s'y faire. Jamais. Mais son visage se détendit quand il prononça son nom, elle le répétai, en essayant d'être le plus naturel possible : "Sïmond Bonnfrrrèrrre". Elle grimaça en entendant le massacre, mais cela la fit sourire. Un sourire qui s'élargissait en entendant sa question, mais également en comprenant son compliment. "Yé sais pas mot langue", elle le montra une nouvelle fois du doigt "Kina Ka langue makuahine, humm, mère", elle n'allait pas s'attarder à essayer. Libellule de la brume, ce n'était pas des mots qui étaient facile à faire deviner, "toi Sïmond ?".
Reprenant une gorgée de cette boisson tout aussi atroce que ce poisson, elle cherchait un mot bien précis "toi être lier avec Asha ?". La Ka n'avait pas encore compris tous les liens qui existaient entre les différentes maisons. Mais tout comme sur son île, les habitants qui peuplaient celle-ci devaient tous se connaître. Et Kina n'oubliait pas sa mission, elle devait apprendre le plus d'éléments possibles afin de pouvoir tout rapporter au sien.