Old Gods be praised [ft. Brynden Nerbosc]
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L’après-midi était déjà bien avancée lorsque, n’y tenant plus, Catelyn quitta la grande salle qui servait de centre de soin principal et, enfilant à la hâte son manteau de fourrure, elle sortit et accueilli l’air glacial sur son visage presque avec bénédiction. L’odeur de brûlé…Elle commençait à ne plus la sentir, à y être habituée. Mais elle avait surtout besoin d’un peu de calme. Aussi, ses pas la menèrent vers le seul endroit à Winterfell où elle pourrait espérer trouver un peu de quiétude ; le Bois Sacré. En passant sous le porche qui en symbolisait l’entrée, Catelyn se sentit comme étrangement apaisée et délivrée d’un poids sur les épaules et sur la poitrine. Bien que priant toujours les Sept, après tout ce temps passé dans le Nord, elle avait fini par se rapprocher des croyances de la maison de son défunt époux. Lorsqu’elle se rendait dans le Bois Sacré, ce n’était pas pour prier ; cela elle le faisait toujours dans son petit septuaire. Mais ici, elle trouvait ce calme, cette sérénité et un peu de la présence de Ned, surtout près du lac - aujourd’hui encore et toujours gelé - près de l’arbre coeur et sur cette pierre sur laquelle il s’asseyait une heure ou deux en aiguisant son épée. C’est vers cet endroit que Catelyn se rendit et, une fois assise face au lac gelé, elle laissa sa tête tombée dans ses mains, coudes posés sur ses cuisses et, les yeux clos, elle goûta avec bonheur à ce silence bienfaisant et solitaire. Solitaire ? Il semblait que non car elle entendit des pas dans son dos. Quelqu’un d’autre était là. Un autre Nordien probablement mais Catelyn redressa quand même la tête et se tourna vers les bruits de pas. Rapidement, elle vit la silhouette haute de Brynden Nerbosc émergée d’entre les arbres et s’approcher d’elle. Sa présence ici ne l’étonna guère plus ; après tout, sa famille priait bien les Anciens Dieux depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvienne. S’appuyant de sa main droite sur la pierre pour se relever, elle se tourna vers le Suzerain de sa région natale et s’inclina légèrement :
Lord Brynden, le salua-t-elle. Pardonnez mon aspect peu présentable, rajouta-t-elle avec empressement. Je crains de ne rien avoir, en cet instant, de la Dame de Winterfell que tous ici on l’habitude de voir. Comment allez-vous ? s’enquit-elle poliment de sa voix fatiguée par ces longues nuits sans sommeil.
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Old Gods be praised
@Catelyn Stark & Brynden Nerbosc
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L'ambiance était étrange, oscillant entre gravité et joie. Brynden ne savait pas lui même où se placer dans cet axe extrême qui faisait passer n'importe quel homme du rire aux larmes. Il était vivant. Lucas était vivant. Et d'un côté, il se réjouissait de cela: la simple idée de revoir Corneilla, de pouvoir se recueillir sur la tombe de son père, de serrer contre lui, ses plus jeunes frères, sa soeur, ses enfants, de pouvoir admirer à la dérobée, la beauté de son épouse ... Pour tout cela il était reconnaissant. Mais cette liesse ne pouvait se départir de l'horreur. L'odeur du sang, la vision des cadavres, la peur ... Il lui semblait revoir tout cela dès lors qu'il fermait les yeux. Depuis la fin de la bataille, il lui semblait pourtant que ses sens ne cessaient d'être saturés de part et d'autre: la vision des blessés, le bruit des conversations et des cris, l'odeur des buchers, élevé devant le château des Stark pour offrir une cérémonie digne aux défunts ... Cette masse grouillante qui envahissait les lieux, Brynden savait devoir la quitter bientôt: à présent moins fatigué après une bonne nuit de repos, il avait commencer à plannifier son retour à Corneilla, envisageant de demeurer quelques temps auprès de Lucas avant qu'un corbeau d'Hoster, et la situation de Winterfell, ne le force à revoir ses plans pour envisager de partir plus tôt. En effet, le château des Stark étaient à présent envahis d'hommes: nordiens ou sudistes, blessés ou valides, il était de toute évidence trop petit pour accueillir autant de monde, ses alentours, et la ville de l'Hiver, ne pouvait non plus recevoir davantage de personnes et l'engorgement du château avait déjà fait fuir quelques soldats et nobles gens qui, sains et saufs, avaient rapidement reprit la route. Pour Brynden, cela s'ajoutait aux nouvelles alarmante qu'Hoster lui avait fait parvenir depuis Corneilla: en l'absence du suzerain et d'une partie des soldat du Conflans, certains fief autour de l'Oeildieu avaient été attaqué. C'était Shella Whent qui avait donné l'alerte au jeune Nerbosc, lequel l'avait relayé vers le fief des loups où il espérait trouver un frère vivant. Dans les quelques mots écrit sur le parchemin, Brynden voyait se dessiner la silhouette de Lord Jonos Bracken, qui était venu au secours des malheureux victimes des attaques, rapportant une paix relative dans la région. Brynden fulminait: outre le passif qui opposait Bracken et Nerbosc, il enrageait de savoir le seigneur de la Haye-Pierre célébré sur ses terres alors même qu'il avait décliné l'appel du ban, envoyant une poignée d'homme dirigé par son genre, Jon Rougefort. La colère du suzerain conflanais était palpable: non seulement son départ avait encouragé des brigands à s'attaquer à ses bannerets mais c'était Lord Jonos qui était acclamé en héros quand lui risquait sa vie dans le Nord pour protéger leurs frontières et leur monde. Après avoir reçut de Lucas l'assurance que tout irait pour le mieux et qu'il repartirait dès que sa santé - et le mestre- le lui permettrait. Ainsi avait-il prévenu Jorah Mormont de leur départ prochain: il était hors de question qu'il rentre sans le bouclier-lige de son épouse, lequel était attendu par l'argentée depuis des lunes.
Comme tous les jours depuis la fin de la bataille, Brynden avait décidé d'aller prier au bois sacré. Au contraire de son frère et de quelques uns de ses compatriotes conflanais, Brynden perpétuait l'ancienne foi en les anciens dieux, raison pour laquelle il n'avait jamais porté le titre de chevalier. A Corneilla, les bois sacré recevait souvent la visite de l'héritier, bien plus depuis qu'il avait succédé à Lord Tytos, qui venait s'y recueillir plusieurs fois par semaine, honorant la mémoire de son père et cherchant, dans la prière méditative, repos et sagesse. Dans l'affaire des brigands de l'Oeildieu, Brynden avait plus que jamais besoin de sagesse. Son impulsivité le poussait à vouloir en découdre avec Lord Jonos, à vouloir réclamer des explications pour son absence lors de l'appel du ban quand il semblait, de toute évidence, avoir la force de se rendre vers Harrenhall. De la même manière, sa rancoeur se portait sur Lady Liane, muette depuis le décès de son père, recluse dans son château de Bel-Accueil, et qui n'avait laissé pas beaucoup plus d'homme que les Bracken, venir à Corneilla sous l'autorité de son époux, Lord Desmond Mallister. Brynden voulait des explications et il les voulait maintenant ! Mais l'histoire lui avait maintes fois montré que la patience et la maitrise de soi et de ses impulsions étaient le meilleur moyen de garder son honneur, sa réputation et sa vie. Le choix de Tytos Nerbosc de ne pas suivre son suzerain à Port-Réal avait été ô combien salvateur quand l'héritier, pris dans l'adrénaline de la guerre, aurait suivit sans broncher les ordres d'Hoster Tully. Quelle ne fut pas sa surprise, au moment où il pensait au vieux seigneur disparu, de tomber sur sa fille. Catelyn Stark avait quelques années de plus que lui, mais il se souvenait parfaitement de la jeune fille qu'elle avait été à Vivesaigues, avant son mariage, avant la rébellion. Il fit un signe de négation alors qu'elle s'excusait de sa tenue qui, certes, en d'autre circonstance n'aurait certainement pas été adapté pour une rencontre entre nobles de haut lignage. « Il n'y a rien à pardonnez, Lady Stark. Ce que vous faites pour nous tous vous honore. J'espère ne pas vous avoir déranger dans vos prières ? » répondit-il avec un sourire fatigué. S'il n'était pas de ceux qui se hâtait auprès des blessé, ses maigres compétences auraient fait plus de dégâts que sauver de vie, ce n'était pas le cas de cette femme qu'il avait vu prendre les choses en main à la perfection. Tout comme lui, se dessinait sous les yeux de la Stark, les marques de l'épuisement. « Et bien, ma foi, je vais fort bien. Un peu fatigué par la bataille et le voyage, mais je ne suis guère le plus à plaindre par ici. » avoua-t-il en songeant à tous ces hommes entre la vie et la mort, à tous ces blessés qui reviendraient handicapé à vie. Bien que le pronostic vital de son frère ne soit pas engagé, il devait admettre que même face à Lucas, il avait eut de la chance. « Ce n'est malheureusement pas le cas de mon frère ... J'ai bien cru le perdre. » ajouta Brynden avec une mine sombre avant de se reprendre et d'offrir un sourire désolé à la maitresse des lieux. « Mais voilà que j'en oublie toutes mes manières ! Veuillez m'excuser, ma dame. Comment vous portez vous ? J'ai ouïe dire que les spectres avaient pénétrer les portes du château ? Et votre fils, Lord Robb ? Il ne me semble pas l'avoir vu ... Mais nous n'étions pas sur le même front, j'espère qu'il ne lui ai rien arrivé de fâcheux ? » demanda-t-il avec sincérité, songeant que c'était pour répondre à l'appel du Jeune Loups qu'il avait lui même quitté son fief, femme et enfants, afin de monter dans le Nord. La bataille avait commencé avant qu'il n'ait pu voir Robb Stark, mais il n'avait pas vu son corps sur les bucher, ni entendu les Stark pleurer leur fils ou les nordiens regretter leur seigneur: il y avait donc de forte chance que le jeune homme se porte bien.
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Lord Brynden Nerbosc faisait preuve de beaucoup de politesse envers son état. Cela faisait des jours qu’elle portait la même robe et le tablier qui était censé la protéger des éclaboussures de sang des blessés en était maculé. Elle savait que ce serait peine perdue de le faire bouillir pour en laver les traces rougeâtres ; mieux valait le brûler tout bonnement. Néanmoins, elle n’était pas habituée à se trouver ainsi vêtue, les joues creuses, pâles et sa coiffure en désordre devant ses invités, en particulier ceux de l’importance de celui qui se tenait devant elle.
Il n'y a rien à pardonnez, Lady Stark. Ce que vous faites pour nous tous vous honore. J'espère ne pas vous avoir déranger dans vos prières ?
Son sourire se voulait certainement avenant mais il ne faisait que refléter plus encore l’extrême fatigue qui était la sienne, bien que ce ne soit pas pour les mêmes raisons que celle de la Louve. Lui aussi avait vu l’horreur de la guerre, tout comme Robb et même tout comme elle et Bran et Rickon.
Vous êtes très aimable, répondit-elle en lui souriant à son tour. Nullement, je prie rarement ici. Ma confession première reste celle des Sept mais j’aime beaucoup venir ici. J’y trouverai presque plus de quiétude et de paix que dans le Septuaire que mon époux m’avait fait construire, à mon arrivée ici.
En réalité, elle aimait aussi venir dans le Bois Sacré car elle avait l’impression d’être un peu plus proche de Ned, en tout cas plus proche que dans ce froid sanctuaire sous le château où reposent toute la lignée des Stark, dont son Ned et, un jour, elle aussi. Mais cela, elle n’allait pas le révéler à son interlocuteur. Celui-ci l’informa d’ailleurs sur son état de santé et visiblement, il faisait partit de ces rares chanceux à avoir échappé aux blessures graves ou à la mort.
Vous m’en voyez ravie, répondit-elle poliment avant de rajouter, commentant les paroles de Brynden au sujet de son frère : Il est vrai que sa blessure fut des plus graves ; il en gardera probablement des séquelles à vie. Mais Mestre Luwin m’a assuré qu’il finirait par se rétablir, avec du temps et du repos. Votre frère est le bienvenu ici ; il peut rester parmi nous aussi longtemps que nécessaire, tout comme vous. Mais je suppose que vous ne tarderez pas à partir pour le Conflans ? s’enquit-elle. S’il se disait seulement fatigué, en tant que Seigneur et Lord Suzerain, sa place se devait d’être auprès de son fief, de ses gens, de sa famille. Si tel était effectivement le cas, alors il partirait sans son frère. Le visage pourtant encore jeune de Brynden afficha une expression inquiète et sombre quant à la bonne santé de son frère. Pour les avoir vu par deux fois à Corneilla, Catelyn avait compris qu’ils étaient proches, quoique de caractère bien différent mais qu’importe. A ses yeux, rien n’était plus important que les liens familiaux. La Louve offrit un sourire compatissant au jeune Suzerain qui lui aussi lui souriant et renchérissait sur son manque de tact et de prévenance :
Mais voilà que j'en oublie toutes mes manières ! Veuillez m'excuser, ma dame. Comment vous portez vous ? J'ai ouïe dire que les spectres avaient pénétrer les portes du château ? Et votre fils, Lord Robb ? Il ne me semble pas l'avoir vu ... Mais nous n'étions pas sur le même front, j'espère qu'il ne lui ai rien arrivé de fâcheux ?
Je vais bien même si mon apparence pourrait induire en erreur, répondit-elle en ramenant ses mains contre elle. En comparaison avec ces pauvres hommes que j’essaie de soulager, croyez-moi, être épuisée comme je le suis est un bien maigre mal.
Le souvenir de ces abominations aux yeux bleus glaçants la fit frissonner de terreur.
En effet, j’ai réussi à en brûler un mais j’ai failli perdre mes deux derniers-nés, Brandon et Rickon. Sans l’intervention de Lord Baelish, vous trouveriez aujourd’hui une mère accablée par le deuil. Lord Robb a failli perdre la vie lui aussi. Il a tenté de venir à bout de leur meneur mais celui-ci eut le dessus. J’ai été terrifiée en voyant l’état dans lequel ses hommes me le ramenèrent mais Mestre Luwin m’assure que ses jours ne sont plus en danger désormais. Tout comme pour Ser Lucas.
Jamais de sa vie n’avait-elle eu aussi peur. C’était une expérience et une épreuve qu’elle n’était pas prête d’oublier et elle s’empressa vite de changer de sujet en proposant à Brynden de marcher un peu avec elle dans le Bois Sacré :
Venez mon Seigneur, marchons un peu. Avez-vous eu des nouvelles de notre région natale ?
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Il eut un sourire à la remarque de l'ancienne Tully. Il était vrai qu'après tant d'années, il avait presque oublié que la maison à la truite priait les nouveaux dieux, qu'ils étaient fidèles de l'Etoile à Sept Branches. Comme elle avait du se sentir seule, dans ce lieu si reculé du monde, dans ce bastion des anciens dieux qui, d'ordinaire, préférait ne pas se mélanger aux familles trop originaire du Sud. Il n'avait même pas souvenir qu'une Dame de Winterfell soit venue d'au delà de la Ruffurque. « Je peux tout à fait comprendre cela. Au delà de la prière, j'ai toujours trouvé qu'il se dégageait une certaine sérénité des bois sacré. Quelque chose, que l'on ne retrouve guère dans les septuaires. Du moins ... Pour ce que j'ai pu en voir. » lui dit-il en lui offrant une oeillade complice. Les Nerbosc étaient, historiquement, partisans des anciens dieux, tout comme les Stark et les autre nordiens. La visite d'un septuaire n'était donc chose à laquelle Brynden était habitué bien qu'il eut pénétré les portes de ces lieux sacrés à plusieurs reprises depuis qu'il était promis à Daenerys. Alors qu'ils abordait le cas de Lucas, Brynden hocha gravement la tête: le mestre avait voulu être optimiste mais Catelyn Stark partageait les mêmes doutes. Nombreux seraient ceux dont les blessures laisseraient des traces indélébiles sur les corps et les esprits. Quand à lui, et bien, il pouvait s'avérer heureux de ne souffrir que de quelques cauchemars. « On ne peut rien vous cacher, Lady Stark. » dit-il avec nouveau sourire, un peu plus crispé cette fois ci. Le message envoyé par corbeaux par Hoster l'inquiétait. Si tôt après la mort de son père, tout s'enchainait sans qu'il n'ait le moindre sentiment de contrôle. Sous l'autorité de Tytos Nerbosc, le Conflans s'était épanouis, se remettant de ses blessures et de la perte de sa famille suzeraine. Mais à présent, il lui semblait que toute la paix établie durant des années volait en éclats. Il soupira, fixant soudainement le sol comme si les évènements étaient entièrement de sa faute. « Malheureusement, mon frère, Hoster, m'a envoyé des nouvelles préoccupantes d'Harrenhal. N'ayez crainte, ma dame, Lady Sansa se porte comme un charme, mais il semblerait que quelques gredins aient profité de l'absence des seigneurs conflanais pour semer la discorde. » assura-t-il en retrouvant une mine bienveillante: les attaques n'avaient pas touchées les terres autour de Corneilla où se trouvait la fille de la suzeraine douairière du Nord. Depuis qu'il avait Duncan et Betha et en observant Lucas avec Tysha, Brynden savait combien la sécurité des enfants pouvait être la priorité de leurs parents. Son sourire se transforma en une grimace ennuyée. « Cependant, vous comprendrez alors que ... Je me doive de vous quitter. » lui dit-il tandis qu'au delà de ses simples obligations de seigneur, Winterfell se trouvait engorgé par l'afflux de blessés, tout en pansant ses propres plaies.
Il ne dit rien tandis qu'elle lui contait ce qu'il s'était passé dans l'enceinte du château durant la bataille. Il n'avait apprit qu'après coup que les Marcheurs étaient parvenus à percer leurs défenses et que les femmes et enfants, malades et infirme que protégeait l'ancestral demeure des Loups Géants, avaient été attaqué. Par chance, cela n'était arrivé que tard, après le début de la bataille, mais il regrettait de voir qu'ils n'avaient pas été capable de les protéger. « Lord Baelish ? Vraiment ? » dit-il sans parvenir à se retenir, surpris d'entendre le nom du grand argentier parmi les héros du jour. Brynden n'avait pas particulièrement d'avis sur Petyr Baelish: il ne le connaissait pas assez pour le détester ou le considérer comme une personne de confiance. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de se sentir surpris. Lord Baelish n'était pas connu pour être une personne adepte du danger et, de mémoire, il ne lui semblait jamais avoir vu Littlefinger avec une épée au poing. Il hocha les épaules. « Et bien ... J'imagine qu'il n'y a que dans les situations désespérées que l'on découvre le vrai visage des gens. Vous avez là un ami fort bienveillant, Lady Stark. » lui dit-il avec un nouveau sourire, songeant qu'en cet instant, ce dont la Dame de Winterfell avait le plus besoin, c'était d'être auprès de personne pour qui elle comptait. Sa famille, ses amis ... Alors peut être que Petyr Baelish, malgré tout ce qu'on pouvait lui reprocher, n'était pas un mauvais bougre. Qui était-il pour juger après tout ? Lui ne l'avait vu qu'une poignée de fois, elle, elle avait quasiment vécue avec toute sa jeunesse. Revenant à des sujets plus terre à terre, il secoua la tête de droite à gauche. « Malheureusement, rien de plus que ce que le corbeau de mon frère a pu m'apprendre ... » avoua-t-il avec embarras. Il lui offrit un regard désolé, ajoutant après un instant. « Mais, si le coeur, vous en dit, je peux vous annoncer de bien meilleures nouvelles ? Elles ne seront malheureusement plus de prime fraicheur, je m'en excuse. » Un rire s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle lui proposer de faire quelques pas. « Me feriez vous l'honneur, ma dame ? » dit-il après avoir accepté sa proposition, lui offrant son bras avec galanterie. Il se mit alors à la guider sur le chemin de terre et de roches blanches et grises qui entourant le point d'eau faisant face au barral. « Comme vous le savez, les travaux de reconstruction de Vivesaigues ont été fortement impacté par l'hiver, mais j'ai bon espoir de voir nos chers mariés y emménager prochainement. » annonça-t-il avec assurance. Bien sur, il ignorait quand les ouvriers pourraient se remettre au travail et combien de temps durerait encore leur ouvrage. Cependant, Brynden se voulait optimiste et préférait envisager un jour nouveau, au sortir de la guerre. « Votre fille s'y plaira, j'en suis certain. La grossesse lui va à merveille mais je sais que Corneilla peut être ... Un peu ... Bruyante. J'ai de très jeunes frères et je pense qu'ils ont grande hâte de pouvoir construire leur famille sans nous avoir sur le dos. » ajouta-t-il avec un rire.
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Serait-ce blasphémer que de dire que je ne viens ici que pour retrouver cette sérénité que vous évoquez si justement mon Seigneur ? Pour cela et… Elle s’interrompit quelques secondes : Mon époux y venait souvent et s’asseyait juste ici, fit-elle en désignant la pierre où Ned pouvait aiguiser Glace pendant des heures.
Baissant le regard vers la pierre en question, Catelyn se rappelait le nombre de fois où elle l’y avait retrouvé, pas le moins du monde concerné par le froid qui venait avec la nuit et le manque de clarté. Ce souvenir la fit sourire tristement mais heureusement, la discussion changea pour se tourner vers le Conflans, puisqu’elle lui avait demandé des nouvelles de leur région natale. Ecoutant les dires de Brynden avec attention, elle le sentait soudain tendu, crispé, à l’idée de savoir qu’en son absence, certains ont senti les ailes du courage, pour ainsi dire, pousser dans leur dos pour s’affranchir de la sécurité qu’avaient su imposer les Nerbosc. En entendant cela, la première réaction de Catelyn fut de retenir un hoquet de surprise, une chose que le Suzerain du Conflans dû voir car il la rassura de suite sur l’état actuel de la situation et, surtout, sur l’état de Sansa. Catelyn ferma un instant les yeux et soupira de soulagement. Mais en les rouvrant, il lui était difficile de cacher sa perplexité :
C’est tout de même étrange vous ne trouvez pas ? L’ost du Conflans part pour le Nord, vous et votre frère à leur tête et comme un fait exprès, voilà que certains profitent de votre absence pour semer à nouveau le trouble sur une région que votre famille a pourtant bien su pacifier. On dirait qu’avant de vouloir nuire au Conflans, ces personnes semblent vouloir nuire à votre nom et à ce qu’il représente si dès que vous vous absentez, le chaos peut se permettre de refaire surface. Elle eut une petite moue perplexe à ce sujet : Votre retour ne sera donc pas synonyme de repos, commenta-t-elle. Je comprends bien sûr mieux maintenant les raisons de votre départ. Je suis sûre que vous saurez démêler le vrai du faux dans cette histoire, ajouta-t-elle, encourageante et confiante. La Louve ne put cependant retenir un sourire amusé en voyant la surprise du Nerbosc en apprenant que Petyr Baelish compte parmi les héros de la guerre, tout du moins aux yeux de la née-Tully.
Et oui ! s’exclama-t-elle. C’est une façon bien atypique de renouer avec un homme que j’ai connu enfant mais sans cet éclair de bravoure, je n’aurais plus que trois enfants sur les cinq et votre frère n’aurait plus d’écuyer Stark à ramener avec lui dans le Conflans…
Catelyn écarta bien vite cette horrible pensée et, acceptant avec un petit hochement de tête le bras que lui offrait le Seigneur de Corneilla, tous deux se mirent à déambuler dans le Bois Sacré. Si Brynden n’avait guère d’autres nouvelles à lui donner sur le Conflans, il lui en donna cependant plusieurs au sujet de son ancienne demeure. Vivesaigues serait bientôt à nouveau totalement sur pied et surtout, habitable.
C’est une très bonne nouvelle ! répondit Catelyn, un brin nostalgique à la mention de Vivesaigues et de tout ce que ce château avait jadis représenté pour elle et sa famille. Elle était pourtant très heureuse que Sansa pourrait y vivre avec son époux et y voir à son tour ses enfants grandir. Je crois ne jamais vous avoir remercié pour ce que vous faîtes pour notre ancien domaine. Rien ne vous obligeait à remettre Vivesaigues sur pied et pourtant, vous le faîte. Je considère cela comme un très beau et noble geste de votre part Lord Brynden. Je ne l’oublierais pas, lui dit-elle , sincère. Vous donnez ainsi l’opportunité à ma fille de pouvoir y vivre et y voir ses enfants grandir. C’est merveilleux pour elle. Nous nous écrivons souvent ; elle me manque beaucoup. J’envisage de venir la voir pour être avec elle pour la fin de sa grossesse mais nous avons ici un mariage à célébrer. Nous avons dû le repousser de nombreuses fois en raison de la guerre mais il est temps que notre Gouverneur du Nord épouse sa fiancée. Je pense donc pouvoir faire le voyage qu’après son accouchement hélas et cela me tracasse énormément.
Elle fit une brève halte dans sa marche et se tourna complètement vers son accompagnateur : Promettez-moi de veiller sur elle mon Seigneur, jusqu’à ce qu’il me soit possible de quitter Winterfell. Je m’en voudrais tellement si quelque chose devait mal se passer au moment venu, et que je ne sois pas là pour la soutenir…
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Il eut un sourire nostalgique en se rendant compte qu'il avait, presque, oublié la foi des Tully pour les Sept, et non pour les Anciens. Cependant, si on ne pouvait dire d'un croyant des anciens dieux qu'il blasphémait en se rendant dans un septuaire, pourquoi l'inverse serait-il vrai ? Brynden secoua la tête. « Il n'y a nul blasphème, ma dame. Vos intentions sont les plus pures, personne n'oserait remettre en question ce point: qu'importe si vous y priez ou non, ou qui vous priez ... Tant que vous y trouvez un quelconque apaisement. » Car après tout, ce bois sacré semblait si cher au coeur de feu Lord Stark ... Qu'elle y trouve, non pas la présence de divinités primaires, mais la chaleur du souvenir d'un époux disparu n'avait rien d'affolant, et lui, aurait été le dernier à la juger sur ce point. Combien de fois s'était-il isolé dans le bois sacré jouxtant Corneilla, après la mort de son père ? Combien de fois avait-il appelé la sagesse de cet homme qu'il admirait, plutôt que d'adresser des prières au visage sanglant du barral lui faisant face ? Chacun vivait son deuil à sa manière et certains pouvaient être plus long que d'autres ... Brynden connaissait la situation de Lady Catelyn: une veuve dont la maison de naissance s'était éteinte après la mise à sac de Port-Réal. La chance avait voulu qu'elle soit mère de plusieurs enfants, dont de nombreux garçons, lui assurant une place, une maison, un titre, dont sa propre soeur ne jouissait plus depuis la mort de Jon Arryn et celle de leur unique fils, Robin. Un véritable drame, songea Brynden. Cependant, les choses ne devaient pas être plus évidente pour l'aînée: son premier garçon avait été éduqué à Port-Réal et il suffisait de voir certains regard entre armée de la couronne et nordien pour saisir les tensions existant entre le Nord et le Sud. Lord Robb devait sans doute connaitre bien plus de difficulté qu'un autre et Brynden n'aurait échangé leurs places pour rien au monde.
Pourtant, les choses n'étaient pas non plus évidentes pour le Nerbosc qui voyait combien la succession de Lord Tytos était complexe: une part de lui s'en doutait. Un si rude changement apportait forcément son lot d'opportunistes et de mécontents. Cependant, il ne s'était pas attendu à ce que son autorité soit, si ouvertement, remise en cause lors de l'appel du ban. Bien qu'il se refusait d'en parler à d'autre que Lucas, craignant de montrer une faiblesse dans ce visage si sévère qu'il avait pour le reste du monde, Brynden s'inquiétait. Venant de Bracken, il s'était attendu à tout. Mais certainement pas à ce que Bel-Accueil boude également son appel comme quelques autres qui avaient, au mieux, envoyé quelques hommes et, au pire, totalement ignorer sa convocation. Un sourire crispé se dessina sur les lèvre du trentenaire. « Nous sommes bien trop voisins du Nord, je le crains: on oublie bien trop souvent que les conflanais aussi peuvent être bagarreurs à l'occasion. » Il n'osait imaginer ce que le père de la dame avait du subir lorsqu'il était au pouvoir dans la région, loin des questionnements de légitimité mais plus à devoir surveiller des maisons se chamaillant comme des enfants en bas âge. Brynden l'avait bien remarqué, lors du procès du batard. Ce n'était pas contre Tytos en personne que le vieux Bracken en avait. C'était contre sa maison toute entière. « J'ose espérer que cela n'est que ce qu'Hoster a pu me dire par corbeaux: des attaques de bandit et rien de plus. Il est plus facile de châtier une bande de brigands que d'avoir à apaiser des tensions entre nobles gens ... » finit-il par dire, n'y croyant lui même qu'à moitié. Les hypothèses de Catelyn Stark l'avaient déjà effleurés depuis quelques jours et cette pensée faisait naitre en lui une colère sombre. Une rage dangereuse qu'il se devait de canaliser. « Cependant ... Tout comme moi, vous connaissez notre région natale. Les mêmes pensées m'ont traversé l'esprit. J'espère de tout coeur que cette guerre nous a rendu paranoïaques et que nous n'avons de pas d'autre soucis à nous faire. » ajouta-t-il sans trop y croire non plus. Comment pourrait-il prouver l'inverse, cependant ? Comment faire comprendre à tous que ses suspicions ne tenait pas que des vieilles rancoeurs opposant sa maison à celle de la Haye-Pierre ? Car c'était bien de cela qu'il s'agissait: n'était-il pas étrange que Lord Bracken n'ait que peu d'homme à envoyé dans le Nord, mais suffisamment pour venir se porter en sauveur au secours de maison étonnamment attaquée en son absence ? Il fulminait intérieurement, songeant qu'à la moindre opportunité, à la moindre erreur ... Il aurait sa tête.
Brynden gardait en mémoire le souvenir d'un jeune Petyr un peu étrange. Il n'avait jamais eut d'atome crochu avec lui, préférant la compagnie d'un Andar Royce ou d'un Edmure Tully plutôt que celle, plus intellectuelle, du pupille de Vivesaigues. De plus, Brynden trouvait ridicule ce regard enamouré que le petit valois posait sur la fille aînée du seigneur tandis que la cadette le suivait partout comme son ombre: un triangle amoureux que Brynden fuyait comme la peste, se contentant de quelques échanges avec les filles de son seigneur sans trop vouloir s'impliquer dans ce qui relevait du domaine privé. Qu'en était-il aujourd'hui ? Il ne voulait toujours pas le savoir. Apprendre la présence du Grand Argentier à Winterfell l'avait surprit: il n'était pas un homme d'arme, il ne l'avait jamais été. A quoi bon le faire venir si c'était pour le cacher avec les femmes et les enfants. Mais de toute évidence, le Baelish avait eut son utilité. « Nous avons déjà bien trop de mort à déplorer. La perte de vos enfants aurait sans doute achevé le moral de vos bannerets autant que des miens. » confia Brynden, songeant combien les filles Tully jouissaient encore de la sympathie des conflanais malgré l'extinction de la maison de Vivesaigues. Nombreux de ses bannerets avaient connu Catelyn lorsqu'elle était encore une jouvencelle, ou avait côtoyé son père, son oncle ou son frère avant la rébellion funeste. Le Nord et le Conflans aurait été affecté d'une telle perte et quelque part, Brynden ne parvenait pas à croire que le pire avait été évité par cet avorton souffreteux dont il avait le souvenir. « J'ingore qui des dieux ou de Lord Petyr il faut remercier ... Mais réjouissons nous de savoir vos garçons sains et saufs. » ajouta-t-il avec un sourire avant de poser sa main sur l'avant bras de la dame, en signe de réconfort et de soutient.
Ce fut d'ailleurs sur ces souvenirs que Brynden commença son compte rendu de l'avancement des travaux de Vivesaigues. Une remise en état qui, il l'espérait, ne blessait pas la douairière du Nord en lui rappelant son passé et sa famille perdue. Ses questionnements furent balayé par le sourire sincère et les mots qu'elle eut à son encontre, le remerciant de ce qu'il faisait pour la demeure de son enfance qui, un jour prochain, reviendrait à sa fille. Une boucle se bouclant, et Vivesaigues, bien que sous le nom de Nerbosc, reviendrait au sang des Tully. « Mon père avait beaucoup de respect pour le votre. Et moi, pour vous, ma dame. Même vêtue du loup de Winterfell, vous demeurez la même jeune fille de Vivesaigues que dans mes plus vieux souvenirs. » lui dit-il avec un nouveau sourire, se souvenant du temps où il n'était qu'un jeune homme accompagnant son père pour apprendre, découvrant et redécouvrant Vivesaigues et ses habitants. Le temps ne les avait pas épargner. Ni l'un, dont les cheveux sombres commençaient légèrement à s'éclaircir sur les tempes, ni l'autre qui partageait également ces mêmes rides naissances au niveau du coin de l'oeil. Tous deux mariés, tous deux parents, tous deux avec des responsabilités bien éloignées de ce qui avait été leur quotidien, plus de vingt ans auparavant. « Et regardez nous aujourd'hui ... » ria-t-il en songeant que jamais le Brynden qui avait rencontré cette Catelyn, encore enfant, n'aurait songé qu'ils se trouveraient là, des années plus tard. Il imaginait sans peine ce que cela devait être: ses responsabilités l'obligeant à demeurer ici, auprès de son fils devenu seigneur et dont le mariage ne saurait tarder ainsi que de ses plus jeunes enfants mais le coeur également à des lieues de là, vers Corneilla, où se trouvait sa fille. Betha et Duncan n'étaient pas assez vieux pour que Brynden connaisse pareille angoisse mais il savait que le jour viendrait. Un jour, il lui faudrait donner Betha à un homme, s'inquiéter de sa bonne santé, de son bonheur si loin d'eux tandis qu'il se devrait de montrer à Duncan ce que c'était d'être un homme, un seigneur, un suzerain. Il se demanda si Daenerys vivrait cela, elle aussi, songeant que sa fragilité pourrait rendre la chose plus douloureuse encore, si elle parvenait à s'attacher au sang de leur sang. « Vous êtes la bienvenue parmi nous dès que vous en éprouverez le désir. Tant que je vivrais, le Conflans sera toujours votre maison, je vous l'assure. » dit-il en posant une nouvelle fois sa main sur le bras de la dame. Elle n'était pas que l'autre partie d'une alliance entre Nerbosc et Stark, entre Conflans et Nord. Elle était bien plus que cela. Peut être même la plus vieille amie qu'il avait en ce monde. « Je vous promets de veiller sur elle, comme sur ma propre soeur. » assura-t-il avec un sourire.
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┗ Seigneur des corneilles ┛