What tomorrow brings | Catelyn
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avec @Catelyn Stark
« Winterfell | An 302 lune 12, semaine 3 »
Quelle que soit l'heure du jour, et depuis maintenant plusieurs lunes, la cour de Winterfell grouillait sans cesse: de lavandières, de soldats, valides et d'autres blessés, de bouviers tirant des charrettes de vivres, d'enfants qui trouvaient dans les remparts effondrés de la forteresse multiséculaire des Stark un amusement périlleux.
Ce soir-là, le soleil commençait à décliner lentement à l'Ouest lorsque je la traversait pour rejoindre notre campement. Je venais de me rendre au chevet de nos hommes. Certains dont l'état de gravité des blessures était tel qu'il était certain qu'ils ne pourrait pas cheminer avec nous dans l'immédiat. Pour nous autres, au bout d'une semaine de convalescence, il serait bientôt temps de reprendre le chemin du retour. De regagner nos terres pour retrouver femmes et enfants, les serrer de nouveau dans nos bras, avec la joie teintée d'amertume de celui qui sait quel fut le prix à payer et combien la chance aurait pu rendre l'issue toute autre.
A cette perspective, mon cœur se gonflait de joie et de soulagement car la miséricorde des Anciens avait été grande envers notre famille, Robin et moi ne revenions qu'avec quelques plaies superficielles et des ecchymoses qui cicatrisaient déjà, compte tenu de ce que nous avions vécu, cela tenait du miracle. Pourtant, rien n'aurait pu effacer l'ombre qui obscurcissait mon esprit depuis les confessions de ma sœur Geneva. Je guérissais peu à peu des blessures de corps, mais celles qui s'étaient ouvertes dans l'âme étaient profondes et à vif. J'avais rarement souffert autant, d'autant que ma culpabilité était grande. Pis encore, je me sentais envahi d'une colère que je ne me connaissais pas.
Mais j'avais juré.
Après le deuil.
Je le devais à tous ces braves qui avaient péri au combat, par respect envers leur sacrifice. Les bûchers funéraires étaient encore tièdes des feux qui avaient servis à brûler nos frères, les paillasses encore remplies de mourants ou de convalescents, alors personne ne voulait entendre parler de réparation ou d'honneur bafoué. Il y aurait un temps pour tout: celui-ci était dédié au recueillement et à la dignité, l'heure de la justice suivrait.
Ruminant encore bien des sombres pensées, mon regard se laissa happer par une longue chevelure auburn qui n'avait pas son pareil dans le Nord. Depuis plusieurs lunes, la dame de Winterfell était devenue l'hôtesse improvisée de plusieurs centaines d'hommes venus de quatre coins du continent, voire milliers au plus fort de la mobilisation. Nous avions tous pu voir combien elle ne ménageait pas sa peine. On la disait fière et courageuse mais ce sont des louanges faciles à obtenir en temps de paix que l'on n'éprouve véritablement qu'en temps de guerre. Et en vérité, pour l'avoir vue à l'œuvre, ces qualités n'étaient pas galvaudées. A bien des égards, elle me rappelait Lyessa dans sa manière de prendre les problèmes à bras le corps et ne laisser personne d'autre qu'elle les régler à sa place. Je bifurquais de ma route pour lui prêter main forte:
"My lady Stark... Laissez-moi vous aider."
Tandis que je m'attelais avec elle à la tâche, je m'enquérais naturellement du sujet qui était au cœur des préoccupations et des conversations de beaucoup d'hommes:
"Quelles sont les nouvelles de notre suzerain?"
Le Jeune Loup n'avait pas montré moins de cœur au ventre que bien des hommes plus expérimentés, si ce n'était davantage car il avait fait partie des braves qui s'étaient jetés à l'assaut du Roi des Spectres cette sombre nuit. Sa tentative n'avait, certes, pas été couronnée de succès, et il en avait été grièvement blessé. Cependant, il en ressortait malgré tout grandi dans les yeux et dans l'estime de bien des gens du Nord.
Ce soir-là, le soleil commençait à décliner lentement à l'Ouest lorsque je la traversait pour rejoindre notre campement. Je venais de me rendre au chevet de nos hommes. Certains dont l'état de gravité des blessures était tel qu'il était certain qu'ils ne pourrait pas cheminer avec nous dans l'immédiat. Pour nous autres, au bout d'une semaine de convalescence, il serait bientôt temps de reprendre le chemin du retour. De regagner nos terres pour retrouver femmes et enfants, les serrer de nouveau dans nos bras, avec la joie teintée d'amertume de celui qui sait quel fut le prix à payer et combien la chance aurait pu rendre l'issue toute autre.
A cette perspective, mon cœur se gonflait de joie et de soulagement car la miséricorde des Anciens avait été grande envers notre famille, Robin et moi ne revenions qu'avec quelques plaies superficielles et des ecchymoses qui cicatrisaient déjà, compte tenu de ce que nous avions vécu, cela tenait du miracle. Pourtant, rien n'aurait pu effacer l'ombre qui obscurcissait mon esprit depuis les confessions de ma sœur Geneva. Je guérissais peu à peu des blessures de corps, mais celles qui s'étaient ouvertes dans l'âme étaient profondes et à vif. J'avais rarement souffert autant, d'autant que ma culpabilité était grande. Pis encore, je me sentais envahi d'une colère que je ne me connaissais pas.
Mais j'avais juré.
Après le deuil.
Je le devais à tous ces braves qui avaient péri au combat, par respect envers leur sacrifice. Les bûchers funéraires étaient encore tièdes des feux qui avaient servis à brûler nos frères, les paillasses encore remplies de mourants ou de convalescents, alors personne ne voulait entendre parler de réparation ou d'honneur bafoué. Il y aurait un temps pour tout: celui-ci était dédié au recueillement et à la dignité, l'heure de la justice suivrait.
Ruminant encore bien des sombres pensées, mon regard se laissa happer par une longue chevelure auburn qui n'avait pas son pareil dans le Nord. Depuis plusieurs lunes, la dame de Winterfell était devenue l'hôtesse improvisée de plusieurs centaines d'hommes venus de quatre coins du continent, voire milliers au plus fort de la mobilisation. Nous avions tous pu voir combien elle ne ménageait pas sa peine. On la disait fière et courageuse mais ce sont des louanges faciles à obtenir en temps de paix que l'on n'éprouve véritablement qu'en temps de guerre. Et en vérité, pour l'avoir vue à l'œuvre, ces qualités n'étaient pas galvaudées. A bien des égards, elle me rappelait Lyessa dans sa manière de prendre les problèmes à bras le corps et ne laisser personne d'autre qu'elle les régler à sa place. Je bifurquais de ma route pour lui prêter main forte:
"My lady Stark... Laissez-moi vous aider."
Tandis que je m'attelais avec elle à la tâche, je m'enquérais naturellement du sujet qui était au cœur des préoccupations et des conversations de beaucoup d'hommes:
"Quelles sont les nouvelles de notre suzerain?"
Le Jeune Loup n'avait pas montré moins de cœur au ventre que bien des hommes plus expérimentés, si ce n'était davantage car il avait fait partie des braves qui s'étaient jetés à l'assaut du Roi des Spectres cette sombre nuit. Sa tentative n'avait, certes, pas été couronnée de succès, et il en avait été grièvement blessé. Cependant, il en ressortait malgré tout grandi dans les yeux et dans l'estime de bien des gens du Nord.
(c) DΛNDELION
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@Byron Flint & Catelyn Stark
Quand avait été le dernier jour de répis dans la vie de la Louve de Winterfell ? Elle n’aurait su le dire tant tout s’était enchaîné à une vitesse folle. Depuis le mariage de sa Sansa, en réalité, en début d’année 302. La première Lune de cette année avait été la dernière qui soit un tant soit peu calme aux yeux de la née-Tully. Depuis ce jour qui sonna leur départ pour Corneilla, Catelyn n’avait guère connu de repos, entre le mariage, l’assassinat de Lord Tytos Nerbosc, leur retour à Winterfell et les évènements de Lonlac, les Sauvageons qui passent le Mur, la lettre de Mance Ryder, la levée du ban du Nord, l’arrivée des renforts du Sud, le départ pour la guerre, la guerre en elle-même et maintenant, l’après-guerre, tout aussi terrible. Le conflit était terminé, l’armée des hommes avait triomphé de ces abominations sans nom mais chaque jour qui passait continuait d’apporter son lot de morts et de blessés. L’on retrouvait certains morts de leurs blessures sur le champ de bataille ou tout simplement morts de froid car il n’y avait pas assez de bras vaillants pour secourir tout le monde en même temps et ramener les survivants à Winterfell pour leur administrer les premiers soins. D’autres mourraient sur la table de Mestre Luwin tandis qu’il devait les amputer d’un membre ou opérer une plaie béante à vif. D’autres encore s’éteignaient dans leur sommeil, une belle mort que beaucoup de pauvres hommes en proie à la douleur et à la peur devaient leur envie. Mais dans tout cela, il y avait encore une lueur d’espoir. Celle-ci était symbolisée par ceux qui guérissaient, par ceux qui avaient assez de force pour entreprendre le voyage retour vers leurs terres et qui quittaient donc Winterfell et les froides contrées du Nord ou encore par les enfants, dont l’âme joueuse s’en donnait à coeur joie parmi les débris du château de Winterfell, s’inventant ici un château imaginaire, là un champ de bataille ou là une tour dans laquelle était retenue quelque noble princesse d’un autre temps. Cela faisait plaisir à voir et à entendre d’ailleurs mais Catelyn n’avait guère le temps de s’arrêter plus d’une minute pour les observer tranquillement à leurs jeux. Elle avait tant à faire…
Revenant d’une remise où ils conservaient du bois sec pour alimenter les nombreuses cheminées du château, Catelyn, tenant un panier d’osier remplis de petites bûches dans chaque main, traversait la cour de Winterfell, le visage et le regard braqué vers le sol. Ses mains lui faisaient mal, tout comme son dos et ses épaules, à force de tirer, porter, soulever et de ne pas trouver le temps de se reposer ne serait-ce que deux petites heures, malgré les injonctions du bon Mestre Luwin. Catelyn ne s’arrêtait que pour deux choses ; se nourrir et s’occuper de ses fils. Bran et Rickon étaient certes bien portants, mais elle voulait être sûre qu’ils allaient bien…mentalement. Ce ne sont encore que des enfants et pourtant, ils ont déjà vu du sang, des hommes mourir et d’autres, déjà morts, marcher vers eux. Quant à Robb…Chaque nuit, Catelyn allait se coucher avec la crainte qu’on vienne la réveiller pour lui dire que l’état de son fils avait empiré ou, pire encore, qu’il s’était finalement éteint. Aussi restait-elle le plus souvent assise à son chevet, à broder, à lire ou à somnoler avant d’être relayée par une servante ou par Lady Kylis.
My lady Stark... Laissez-moi vous aider, dit une voix masculine qui la fit sursauter et la sortit de ses songes.
Oh…Lord Byron, fit-elle en s’arrêtant. Pardonnez-moi, je ne vous avais pas vu…J’étais perdue dans mes pensées…C’est très prévenant de votre part, merci, le remercia-t-elle en lui remettant l’un des deux paniers d’osier à sa charge.
Quelles sont les nouvelles de notre suzerain?
Le poids de son unique panier lui faisait trop mal dans la main et dans les épaules. Elle se baissa pour le poser à terre et se redressa, les mains sur les hanches, en soupirant :
Mon fils va bien, je vous remercie de vous inquiéter pour lui. Sa blessure est certes grave mais notre Mestre est confiant. Il est jeune et a la vaillance de son père. Ses jours ne sont pas en danger mais je le veille malgré tout dès que je le peux, expliqua-t-elle avec un sourire fatigué. Et vous mon Seigneur, comment allez-vous ? Resterez-vous encore longtemps parmi nous avant de rentrer à La Veuve ? s’enquit-elle poliment.
Revenant d’une remise où ils conservaient du bois sec pour alimenter les nombreuses cheminées du château, Catelyn, tenant un panier d’osier remplis de petites bûches dans chaque main, traversait la cour de Winterfell, le visage et le regard braqué vers le sol. Ses mains lui faisaient mal, tout comme son dos et ses épaules, à force de tirer, porter, soulever et de ne pas trouver le temps de se reposer ne serait-ce que deux petites heures, malgré les injonctions du bon Mestre Luwin. Catelyn ne s’arrêtait que pour deux choses ; se nourrir et s’occuper de ses fils. Bran et Rickon étaient certes bien portants, mais elle voulait être sûre qu’ils allaient bien…mentalement. Ce ne sont encore que des enfants et pourtant, ils ont déjà vu du sang, des hommes mourir et d’autres, déjà morts, marcher vers eux. Quant à Robb…Chaque nuit, Catelyn allait se coucher avec la crainte qu’on vienne la réveiller pour lui dire que l’état de son fils avait empiré ou, pire encore, qu’il s’était finalement éteint. Aussi restait-elle le plus souvent assise à son chevet, à broder, à lire ou à somnoler avant d’être relayée par une servante ou par Lady Kylis.
My lady Stark... Laissez-moi vous aider, dit une voix masculine qui la fit sursauter et la sortit de ses songes.
Oh…Lord Byron, fit-elle en s’arrêtant. Pardonnez-moi, je ne vous avais pas vu…J’étais perdue dans mes pensées…C’est très prévenant de votre part, merci, le remercia-t-elle en lui remettant l’un des deux paniers d’osier à sa charge.
Quelles sont les nouvelles de notre suzerain?
Le poids de son unique panier lui faisait trop mal dans la main et dans les épaules. Elle se baissa pour le poser à terre et se redressa, les mains sur les hanches, en soupirant :
Mon fils va bien, je vous remercie de vous inquiéter pour lui. Sa blessure est certes grave mais notre Mestre est confiant. Il est jeune et a la vaillance de son père. Ses jours ne sont pas en danger mais je le veille malgré tout dès que je le peux, expliqua-t-elle avec un sourire fatigué. Et vous mon Seigneur, comment allez-vous ? Resterez-vous encore longtemps parmi nous avant de rentrer à La Veuve ? s’enquit-elle poliment.
(c) DΛND ELION
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avec @Catelyn Stark
« Winterfell | An 302 lune 12, semaine 3 »
Me saisissant volontiers du panier de bûches qu'elle me tendit, je fus surpris par sa lourdeur et m'étonnais qu'elle ait pu supporter une telle charge -en double- jusque là, toute seule. Aussi, la voyant déposer le second au sol pour délasser ses muscles tendus, j'empoignais la deuxième anse sans même demander. Mon bras blessé me fit grimacer légèrement car il demeurait encore endolori et n'avait pas retrouvé ni sa force, ni sa dextérité mais les soignants me recommandaient de le maintenir en exercice pour faciliter sa guérison, ce que je faisais donc. La réponse optimiste de lady Catelyn sur l'état de santé de son aîné me rassura.
Bien sûr, en tant que père d'un fils qui avait pratiquement le même âge que lui, j'éprouvais une empathie des plus intimes avec la dame et je partageais sincèrement son soulagement de mère. Mais il n'y avait pas que cela. Les conséquences politiques de son trépas ou d'une invalidité permanente auraient été dramatiques en ces temps troublés. Si la bataille contre la grande menace de l'Humanité avait été un franc succès, le retour du Dragon de l'Est en annonçait bien d'autres, sûrement tout aussi meurtrières. Et pour éviter que le chaos ne se joigne au danger, le Nord avait besoin que Robb Stark survive. Néanmoins, à la pâleur de son sourire, je devinais combien les dernières nuits de la mère, et peut-être du fils, avaient dû être tourmentées. J'hochais la tête avec empathie et remarquait avec une pointe de légèreté mélancolique:
"Comme il semble loin aujourd'hui ce temps où nous nous inquiétions seulement pour des fièvres causées par des dents douloureuses, n'est-ce pas?"
Nul parent ne pouvait l'oublier vraiment cette première épreuve, comme un rite initiatique. De cette angoisse, panique, qui nous avait étreint le cœur en posant nos mains sur les petits fronts moites et brûlants de nos nourrissons. Il y en avait bien eu d'autres maux bénins, et nous avions appris à la dompter cette peur primaire qui nous faisait craindre pour la vie de nos petits. Et voilà qu'elle nous était revenue en pleine figure, cette angoisse, plus puissante, terrible et violente que jamais. Là voilà, sans aucun doute, la plus belle bénédiction et la pire malédiction qui puisse peser sur le genre humain. Voir une partie de soi -l'insouciance- mourir pour toujours. C'était des hommes à présent , nous les avions élevés dans ce but et tel serait leur destin. Le nôtre serait toujours de trembler dans l'espoir qu'il leur soit clément.
Même toute à ses craintes, tenant presque sur ses seules épaules la forteresse exsangue des Stark, la dame de Winterfell n'oubliait rien de ses manières et de son hospitalité. Nous ne nous attarderions pas plus que nécessaire car nous faisions partie de ceux que la chance avait épargné. Je poursuivais, suivant le chemin qu'elle m'indiquait:
"Seulement quelques contusions et ecchymoses, grâce aux Anciens. La blessure de savoir les nôtres inquiets quant à notre retour est autrement plus vive et nous avons hâte de la refermer par des retrouvailles longuement attendues. Aussi nous reprendrons la route d'ici quelques jours, je crois savoir que les Cerwyn ouvrent leur porte au ban Manderly. Si je n'ai pas d'autres occasions de le faire, il est temps de vous remercier pour tous vos bienfaits, lady Stark."
C'était de la politesse élémentaire, mais ce n'en était pas moins sincère. J'avais pleinement conscience de ce que nourrir une armée comme celle qui s'était rassemblée à Winterfell pouvait représenter. Bien sûr, des vivres avaient suivi les troupes mais il s'en était fallu toujours plus et ce sur des semaines, des lunes même. Tout Westeros -ou presque- avait payé chèrement son tribut lors de cette bataille, mais le coût pesait encore plus durement sur les Stark. Embrassant du regard, les remparts à demi-effondrés qui laissaient voir la plaine enneigée au delà, je songeais combien toutes les plaies ne seraient pas si aisément refermées que les nôtres et combien de brèches nouvelles avaient été ouvertes pour la paix de Westeros.
"Dragons, Spectres, un Roi vaincu et deux autres fratricides, un Prince ramené à la vie... Et tous ces sacrifices... Je me demande ce que les livres retiendront de cette bataille..."
Nous n'étions pas à l'aube de le découvrir, sans doute même ne le saurions-nous jamais. Nous avions combattu pour l'avenir, pour les générations futures, pas seulement celle de nos enfants mais de nos petits-enfants et de ceux encore qui viendraient après eux. Dans les chroniques, les guerres des hommes -parce que souvent bien trop nombreuses- n'occupent au mieux que quelques pages, plus souvent des lignes, parfois même une seule. Une date, un bilan macabre, quelques hauts faits d'armes et de gloire plus ou moins enjolivés... Alors, que nous fûmes, comme tant d'autres, partie prenante de ce moment d'Histoire, je prends conscience comme ces mots griffonnés à l'encre ne suffisent en rien porter la mémoire de ceux qui en ont fait l'expérience. Du bruit du fer et des clameurs des soldats, de l'odeur âcre de la fumée et du sang, de la peur qui noue les entrailles et de la fatigue qui paralyse. Mieux, ils sont souvent écrits par les vainqueurs des guerres suivantes, manipulés pour mieux servir leur propre profit.
Mais alors, qui seront-ils, les vainqueurs de demain, pour écrire ces lignes?
Bien sûr, en tant que père d'un fils qui avait pratiquement le même âge que lui, j'éprouvais une empathie des plus intimes avec la dame et je partageais sincèrement son soulagement de mère. Mais il n'y avait pas que cela. Les conséquences politiques de son trépas ou d'une invalidité permanente auraient été dramatiques en ces temps troublés. Si la bataille contre la grande menace de l'Humanité avait été un franc succès, le retour du Dragon de l'Est en annonçait bien d'autres, sûrement tout aussi meurtrières. Et pour éviter que le chaos ne se joigne au danger, le Nord avait besoin que Robb Stark survive. Néanmoins, à la pâleur de son sourire, je devinais combien les dernières nuits de la mère, et peut-être du fils, avaient dû être tourmentées. J'hochais la tête avec empathie et remarquait avec une pointe de légèreté mélancolique:
"Comme il semble loin aujourd'hui ce temps où nous nous inquiétions seulement pour des fièvres causées par des dents douloureuses, n'est-ce pas?"
Nul parent ne pouvait l'oublier vraiment cette première épreuve, comme un rite initiatique. De cette angoisse, panique, qui nous avait étreint le cœur en posant nos mains sur les petits fronts moites et brûlants de nos nourrissons. Il y en avait bien eu d'autres maux bénins, et nous avions appris à la dompter cette peur primaire qui nous faisait craindre pour la vie de nos petits. Et voilà qu'elle nous était revenue en pleine figure, cette angoisse, plus puissante, terrible et violente que jamais. Là voilà, sans aucun doute, la plus belle bénédiction et la pire malédiction qui puisse peser sur le genre humain. Voir une partie de soi -l'insouciance- mourir pour toujours. C'était des hommes à présent , nous les avions élevés dans ce but et tel serait leur destin. Le nôtre serait toujours de trembler dans l'espoir qu'il leur soit clément.
Même toute à ses craintes, tenant presque sur ses seules épaules la forteresse exsangue des Stark, la dame de Winterfell n'oubliait rien de ses manières et de son hospitalité. Nous ne nous attarderions pas plus que nécessaire car nous faisions partie de ceux que la chance avait épargné. Je poursuivais, suivant le chemin qu'elle m'indiquait:
"Seulement quelques contusions et ecchymoses, grâce aux Anciens. La blessure de savoir les nôtres inquiets quant à notre retour est autrement plus vive et nous avons hâte de la refermer par des retrouvailles longuement attendues. Aussi nous reprendrons la route d'ici quelques jours, je crois savoir que les Cerwyn ouvrent leur porte au ban Manderly. Si je n'ai pas d'autres occasions de le faire, il est temps de vous remercier pour tous vos bienfaits, lady Stark."
C'était de la politesse élémentaire, mais ce n'en était pas moins sincère. J'avais pleinement conscience de ce que nourrir une armée comme celle qui s'était rassemblée à Winterfell pouvait représenter. Bien sûr, des vivres avaient suivi les troupes mais il s'en était fallu toujours plus et ce sur des semaines, des lunes même. Tout Westeros -ou presque- avait payé chèrement son tribut lors de cette bataille, mais le coût pesait encore plus durement sur les Stark. Embrassant du regard, les remparts à demi-effondrés qui laissaient voir la plaine enneigée au delà, je songeais combien toutes les plaies ne seraient pas si aisément refermées que les nôtres et combien de brèches nouvelles avaient été ouvertes pour la paix de Westeros.
"Dragons, Spectres, un Roi vaincu et deux autres fratricides, un Prince ramené à la vie... Et tous ces sacrifices... Je me demande ce que les livres retiendront de cette bataille..."
Nous n'étions pas à l'aube de le découvrir, sans doute même ne le saurions-nous jamais. Nous avions combattu pour l'avenir, pour les générations futures, pas seulement celle de nos enfants mais de nos petits-enfants et de ceux encore qui viendraient après eux. Dans les chroniques, les guerres des hommes -parce que souvent bien trop nombreuses- n'occupent au mieux que quelques pages, plus souvent des lignes, parfois même une seule. Une date, un bilan macabre, quelques hauts faits d'armes et de gloire plus ou moins enjolivés... Alors, que nous fûmes, comme tant d'autres, partie prenante de ce moment d'Histoire, je prends conscience comme ces mots griffonnés à l'encre ne suffisent en rien porter la mémoire de ceux qui en ont fait l'expérience. Du bruit du fer et des clameurs des soldats, de l'odeur âcre de la fumée et du sang, de la peur qui noue les entrailles et de la fatigue qui paralyse. Mieux, ils sont souvent écrits par les vainqueurs des guerres suivantes, manipulés pour mieux servir leur propre profit.
Mais alors, qui seront-ils, les vainqueurs de demain, pour écrire ces lignes?
(c) DΛNDELION
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@Byron Flint & Catelyn Stark
Catelyn souffla en posant les paniers de bûches au sol. Son dos lui faisait mal, ainsi que ses épaules mais le pire restait ses mains, meurtries par le froid et le poids des paniers. Elle n’était donc pas mécontente d’être tombée par hasard sur Byron Flint qui, serviable et poli, s’était proposé pour l’aider. Un homme avait assurément plus de force qu’une femme, quoiqu’elle avait démontré déjà depuis plusieurs années que sa force à elle, réside ailleurs que dans les muscles. Quoi qu’il en soit, elle l’avait remercié avec gratitude mais elle fut presque soulagée de le voir se saisir avec tant de rapidité du second panier, qu’elle pensait pourtant conserver comme étant sa propre charge. La Louve ouvrit quelques secondes la bouche, comme pour protester, mais elle se ravisa, gratifiant cependant Byron Flint d’un sourire reconnaissant et d’un léger hochement de tête :
C’est très prévenant à vous ; soyez-en remercié, lui dit-elle avant de hocher un peu plus vivement la tête aux souvenirs qu’évoquait Byron. Même si elle n’avait pu vivre ce dont il parlait avec Robb, elle l’avait cependant expérimenté à quatre autres reprises car Sansa, Arya, Bran et Rickon passèrent tous par là. Ils vécurent ce moment d’une façon plus ou moins douloureuses et courageuses aussi – même si Catelyn nota, non sans s’en amuser quelque peu avec Mestre Luwin ! – que les filles étaient plus courageuses et plus téméraires face à la douleur que les garçons ! Cela la fit sourire, et même rire légèrement, un acte qui la surprit elle-même tant cela faisait longtemps qu’elle ne s’était plus autorisé ce genre de légèreté en des temps si tragiques et difficiles. Ce fut donc un rire bref et succinct qui s’échappa de sa gorge avant qu’elle ne réponde à son accompagnateur :
Je vous l’accorde volontiers ! C’est à ce moment-là que nous autres, les parents, nous rendons effectivement compte que le temps est passé et que nos enfants sont grands, désormais.
Il y eut une pointe nostalgique et triste dans sa voix car au-delà de la guerre qu’avait vécu ses fils, Robb en première ligne mais aussi Bran et Rickon, tous allaient lentement vers leurs chemins respectifs. Un jour prochain, Robb serait marié et aurait lui aussi des enfants, espérait-elle. Bientôt, son petit Bran allait partir pour le Sud et le Conflans en compagnie de Ser Lucas Nerbosc et elle allait devoir le laisser partir bien malgré elle. A ses yeux, il était encore un enfant mais Bran se réjouissait presque de cette perspective, lui qui avait toujours voulu jouer « au soldat » comme il disait. Sa Sansa était mariée et déjà enceinte…Arya, jeune et fougueuse, allait déjà son propre chemin, faisant parfois oublier à sa mère qu’elle était encore si jeune, en réalité. Il ne lui resterait plus que Rickon, qui lui aussi, finirait par suivre sa propre route. Son cœur et sa gorge se nouèrent à cette idée de voir ses enfants la quitter et devenir des hommes et des femmes adultes, accomplis et épanouis. Et quand elle se remit en chemin, accompagnée de Byron, vers le château et la chaleur bienvenue de ses salles, elle tourna la tête vers lui, accordant toute son attention sur les nouvelles qu’il lui prodiguait de ses fils et de la longévité de leur séjour à Winterfell :
Seulement quelques contusions et ecchymoses, grâce aux Anciens. La blessure de savoir les nôtres inquiets quant à notre retour est autrement plus vive et nous avons hâte de la refermer par des retrouvailles longuement attendues. Aussi nous reprendrons la route d'ici quelques jours, je crois savoir que les Cerwyn ouvrent leur porte au ban Manderly. Si je n'ai pas d'autres occasions de le faire, il est temps de vous remercier pour tous vos bienfaits, lady Stark.
Loués soient les Anciens et les Sept, répondit-elle. Je suis heureuse de vous entendre me dire de pareilles nouvelles. J’aurais souhaité entendre cela de la part de bien d’autres familles. C’est cruel que certaines épouses et leurs enfants, mères ou sœurs attendront en vain le retour de leur époux, père, fils ou frère. Il me semble que l’après-guerre sera tout aussi difficile à vivre que la guerre en elle-même. Je comprends donc que vous n’ayez pas le cœur de vous attarder plus que nécessaire à Winterfell, dit-elle tandis que deux gardes de la maison Stark leur ouvraient les portes du hall d’entrée du château et qu’ils furent soudain accueillis par une bienveillante vague de chaleur. Par ici, dit-elle en indiquant la grande salle sur la gauche. A leur vue, un serviteur, déjà occupé à remettre du bois sur le feu d’une des cheminées, accouru vers eux et débarrassa Byron des paniers de bois :
Je vais m’en occuper, merci Messire, lui dit-il.
Je vous remercie également, encore une fois, renchérit Catelyn avant de lui offrir une boisson chaude : Puis-je vous offrir quelque chose de chaud à boire ? Du vin chaud ? Autre chose ? Venez, asseyons-nous un peu près du feu, fit-elle en désignant deux chaises de bois libres près d’un des âtres de la salle. Elle prit place et retira ses gants ainsi que sa longue et lourde écharpe puis son manteau qu’elle laissa pendre contre le dossier de sa chaise.
Je repensais à vos paroles…Dragons, spectres, un roi mort, un autre vivant, un prince revenu d’exil, un autre ramené à la vie… Nous vivons décidément une bien étrange époque où les mythes et les légendes rencontrent des personnes et des faits bien réels. Je ne sais si vous ressentez la même chose que moi, mais j’ai le sentiment que nous sommes encore loin de connaître à nouveau des temps de paix…Et cela m’effraie plus que je ne saurais le dire, se confessa-t-elle, elle qui, d’ordinaire, donne toujours l’impression d’être forte et de pouvoir tout endurer. Aujourd’hui, la guerre, l’épuisement et la mort ont semble-t-il bien fissurer cette image de la Louve du Nord, fière et inébranlable.
C’est très prévenant à vous ; soyez-en remercié, lui dit-elle avant de hocher un peu plus vivement la tête aux souvenirs qu’évoquait Byron. Même si elle n’avait pu vivre ce dont il parlait avec Robb, elle l’avait cependant expérimenté à quatre autres reprises car Sansa, Arya, Bran et Rickon passèrent tous par là. Ils vécurent ce moment d’une façon plus ou moins douloureuses et courageuses aussi – même si Catelyn nota, non sans s’en amuser quelque peu avec Mestre Luwin ! – que les filles étaient plus courageuses et plus téméraires face à la douleur que les garçons ! Cela la fit sourire, et même rire légèrement, un acte qui la surprit elle-même tant cela faisait longtemps qu’elle ne s’était plus autorisé ce genre de légèreté en des temps si tragiques et difficiles. Ce fut donc un rire bref et succinct qui s’échappa de sa gorge avant qu’elle ne réponde à son accompagnateur :
Je vous l’accorde volontiers ! C’est à ce moment-là que nous autres, les parents, nous rendons effectivement compte que le temps est passé et que nos enfants sont grands, désormais.
Il y eut une pointe nostalgique et triste dans sa voix car au-delà de la guerre qu’avait vécu ses fils, Robb en première ligne mais aussi Bran et Rickon, tous allaient lentement vers leurs chemins respectifs. Un jour prochain, Robb serait marié et aurait lui aussi des enfants, espérait-elle. Bientôt, son petit Bran allait partir pour le Sud et le Conflans en compagnie de Ser Lucas Nerbosc et elle allait devoir le laisser partir bien malgré elle. A ses yeux, il était encore un enfant mais Bran se réjouissait presque de cette perspective, lui qui avait toujours voulu jouer « au soldat » comme il disait. Sa Sansa était mariée et déjà enceinte…Arya, jeune et fougueuse, allait déjà son propre chemin, faisant parfois oublier à sa mère qu’elle était encore si jeune, en réalité. Il ne lui resterait plus que Rickon, qui lui aussi, finirait par suivre sa propre route. Son cœur et sa gorge se nouèrent à cette idée de voir ses enfants la quitter et devenir des hommes et des femmes adultes, accomplis et épanouis. Et quand elle se remit en chemin, accompagnée de Byron, vers le château et la chaleur bienvenue de ses salles, elle tourna la tête vers lui, accordant toute son attention sur les nouvelles qu’il lui prodiguait de ses fils et de la longévité de leur séjour à Winterfell :
Seulement quelques contusions et ecchymoses, grâce aux Anciens. La blessure de savoir les nôtres inquiets quant à notre retour est autrement plus vive et nous avons hâte de la refermer par des retrouvailles longuement attendues. Aussi nous reprendrons la route d'ici quelques jours, je crois savoir que les Cerwyn ouvrent leur porte au ban Manderly. Si je n'ai pas d'autres occasions de le faire, il est temps de vous remercier pour tous vos bienfaits, lady Stark.
Loués soient les Anciens et les Sept, répondit-elle. Je suis heureuse de vous entendre me dire de pareilles nouvelles. J’aurais souhaité entendre cela de la part de bien d’autres familles. C’est cruel que certaines épouses et leurs enfants, mères ou sœurs attendront en vain le retour de leur époux, père, fils ou frère. Il me semble que l’après-guerre sera tout aussi difficile à vivre que la guerre en elle-même. Je comprends donc que vous n’ayez pas le cœur de vous attarder plus que nécessaire à Winterfell, dit-elle tandis que deux gardes de la maison Stark leur ouvraient les portes du hall d’entrée du château et qu’ils furent soudain accueillis par une bienveillante vague de chaleur. Par ici, dit-elle en indiquant la grande salle sur la gauche. A leur vue, un serviteur, déjà occupé à remettre du bois sur le feu d’une des cheminées, accouru vers eux et débarrassa Byron des paniers de bois :
Je vais m’en occuper, merci Messire, lui dit-il.
Je vous remercie également, encore une fois, renchérit Catelyn avant de lui offrir une boisson chaude : Puis-je vous offrir quelque chose de chaud à boire ? Du vin chaud ? Autre chose ? Venez, asseyons-nous un peu près du feu, fit-elle en désignant deux chaises de bois libres près d’un des âtres de la salle. Elle prit place et retira ses gants ainsi que sa longue et lourde écharpe puis son manteau qu’elle laissa pendre contre le dossier de sa chaise.
Je repensais à vos paroles…Dragons, spectres, un roi mort, un autre vivant, un prince revenu d’exil, un autre ramené à la vie… Nous vivons décidément une bien étrange époque où les mythes et les légendes rencontrent des personnes et des faits bien réels. Je ne sais si vous ressentez la même chose que moi, mais j’ai le sentiment que nous sommes encore loin de connaître à nouveau des temps de paix…Et cela m’effraie plus que je ne saurais le dire, se confessa-t-elle, elle qui, d’ordinaire, donne toujours l’impression d’être forte et de pouvoir tout endurer. Aujourd’hui, la guerre, l’épuisement et la mort ont semble-t-il bien fissurer cette image de la Louve du Nord, fière et inébranlable.
(c) DΛND ELION
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avec @Catelyn Stark
« Winterfell | An 302 lune 12, semaine 3 »
La forteresse des Stark m'accueillit avec une odeur familière et en passant ses portes, le temps fugace d'une inspiration, je me crus déjà revenu chez moi. Tous les châteaux du Nord doivent partager cette empreinte olfactive si particulière, mélange de pierres humides, de tentures, de fourrures et de feu de bois. Tandis que nous nous approchions de la cheminée, je songeais à ces soirées où Lyessa et moi rassemblions nos enfants autour de nous pour leur conter des histoires toutes plus fantasques les unes que les autres. Lyam en avait gardé le goût et à présent c'était nous qui l'écoutions jouer de chimères pour faire s'écarquiller les yeux ronds de ses deux benjamins. Le petit corps chaud de Serena blottit tout contre moi et la tête de Beren, lourde sur mon épaule, lors de ces veillées familiales, me manquaient terriblement. Heureusement, en mon absence et celle de Robin, elles avaient dû continuer -du moins l'espérais-je- malgré l'angoisse et l'incertitude de ces temps troublés et les bras de Lyessa avaient dû remplacer les miens pour servir de refuge à l'imagination trop débordante de ces petites âmes.
L'intervention du domestique et la voix de lady Catelyn me tira de mes souvenirs comme elle m'invitait à m'asseoir un instant avec elle près de l'âtre ronflant. Prenant place, je répondis à son aimable proposition à boire:
"Seulement si vous voulez m'accompagner, lady Stark."
Une part de moi se rendait coupable de m'adonner ainsi ce qui pouvait s'apparenter à de la paresse au vu des multiples tâches et urgences qui agitaient Winterfell depuis la bataille contre les Marcheurs Blancs. Alors que les infirmeries étaient bondées de blessés et d'estropiés, alors que les bûchers funéraires brulaient presque sans discontinuer. Mais en observant lady Catelyn, je comprenais que ma compagnie lui laisserait enfin le loisir de prendre un temps de repos salutaire elle aussi. Depuis quand ne s'était-elle pas assise, simplement pour prendre le temps?
Il apparaissait qu'elle nourrissait des inquiétudes semblables aux miennes. Non, contrairement aux apparences, la paix n'était pas pour tout de suite. Ni même la guerre en réalité... Nous venions seulement de découvrir les pièces cachées d'un jeu qui ne se dévoilait pas encore en entier.
"Je le crains aussi oui. Une menace vaincue pour dix autres qui se révèlent... Et assurément la renaissance des Dragons est peut-être celle qui me fait craindre davantage. Des guerres, il y en a toujours eu et il y en aura toujours, lady Stark... Mais que peuvent nos forteresses et nos armes, même taillée dans l'obsidienne, contre la mort venue d'en haut?"
Les Targaryen avaient assis leur domination sur ce continent par le feu et le sang, honorant ainsi leur ancestrale devise. Ces terribles bêtes ailées, depuis longtemps reléguées au rang de mythe, les ayant assistés mieux que n'importe quelle armée. La terreur inspirée par la menace des Marcheurs Blancs avait su trouver un certain apaisement de savoir qu'il existait des armes que nous maitrisions et qui était capable de la réduire à néant. Ce nouveau péril, lui, me semblait en comparaison totalement imprévisible et imparable.
"J'en ai compté trois qui volaient là-haut dans le ciel cette nuit-là. Sait-on s'il en existe d'autres?"
Celui de la petite Manderly m'était connu de longue date, je le pensais alors seul survivant de cette espèce disparue. Mais s'il y en avait deux autres, comment imaginer qu'il ne puisse y en avoir un troisième, un quatrième, ni même un cinquième? A ce sujet, nos suzerains en sauraient probablement plus que nous. Plus important encore que leur nombre, c'était l'identité de leurs propriétaires qui pouvait décider de notre fortune ou de notre malheur dans les temps à venir.
L'intervention du domestique et la voix de lady Catelyn me tira de mes souvenirs comme elle m'invitait à m'asseoir un instant avec elle près de l'âtre ronflant. Prenant place, je répondis à son aimable proposition à boire:
"Seulement si vous voulez m'accompagner, lady Stark."
Une part de moi se rendait coupable de m'adonner ainsi ce qui pouvait s'apparenter à de la paresse au vu des multiples tâches et urgences qui agitaient Winterfell depuis la bataille contre les Marcheurs Blancs. Alors que les infirmeries étaient bondées de blessés et d'estropiés, alors que les bûchers funéraires brulaient presque sans discontinuer. Mais en observant lady Catelyn, je comprenais que ma compagnie lui laisserait enfin le loisir de prendre un temps de repos salutaire elle aussi. Depuis quand ne s'était-elle pas assise, simplement pour prendre le temps?
Il apparaissait qu'elle nourrissait des inquiétudes semblables aux miennes. Non, contrairement aux apparences, la paix n'était pas pour tout de suite. Ni même la guerre en réalité... Nous venions seulement de découvrir les pièces cachées d'un jeu qui ne se dévoilait pas encore en entier.
"Je le crains aussi oui. Une menace vaincue pour dix autres qui se révèlent... Et assurément la renaissance des Dragons est peut-être celle qui me fait craindre davantage. Des guerres, il y en a toujours eu et il y en aura toujours, lady Stark... Mais que peuvent nos forteresses et nos armes, même taillée dans l'obsidienne, contre la mort venue d'en haut?"
Les Targaryen avaient assis leur domination sur ce continent par le feu et le sang, honorant ainsi leur ancestrale devise. Ces terribles bêtes ailées, depuis longtemps reléguées au rang de mythe, les ayant assistés mieux que n'importe quelle armée. La terreur inspirée par la menace des Marcheurs Blancs avait su trouver un certain apaisement de savoir qu'il existait des armes que nous maitrisions et qui était capable de la réduire à néant. Ce nouveau péril, lui, me semblait en comparaison totalement imprévisible et imparable.
"J'en ai compté trois qui volaient là-haut dans le ciel cette nuit-là. Sait-on s'il en existe d'autres?"
Celui de la petite Manderly m'était connu de longue date, je le pensais alors seul survivant de cette espèce disparue. Mais s'il y en avait deux autres, comment imaginer qu'il ne puisse y en avoir un troisième, un quatrième, ni même un cinquième? A ce sujet, nos suzerains en sauraient probablement plus que nous. Plus important encore que leur nombre, c'était l'identité de leurs propriétaires qui pouvait décider de notre fortune ou de notre malheur dans les temps à venir.
(c) DΛNDELION
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@Byron Flint & Catelyn Stark
Un sourire fatigué mais toujours empreint de politesse apparu sur le visage de la née-Tully, qui héla une jeune fille des cuisines qui passait justement à proximité d’eux :
Apporte-nous un peu de vin chaud je te prie.
Oui Lady Stark, répondit-elle avec une petite révérence avant de se hâter vers le couloir et, plus loin, les cuisines. Pendant ce temps, Catelyn prenait place, se mettait à son aise et accueillant avec une grande gratitude cet instant comme suspendu dans le temps où elle se permettait un moment de repos. D’ordinaire, elle les prenait seule, errant dans le Bois Sacré, âme en peine parmi les arbres, la neige et le froid, ainsi que les souvenirs ; cet endroit regorgeant de moments passés tant avec ses enfants qu’avec feu son époux. Là, parmi les arbres qui la protégeaient du vacarme constant régnant dans le château et dans la cour de Winterfell ainsi que de l’odeur macabre et nauséabonde des corps calcinés, Catelyn laissait son esprit partir en quête de paix. Elle marchait un moment puis allait s’asseoir sur la pierre près du lac gelé où Ned prenait si souvent place, priant en silence près de l’arbre sacré. Parfois, elle allait l’y rejoindre mais elle préférait le laisser seul, sachant pertinemment que cet endroit était son refuge personnel tout comme son petit septuaire qu’il lui avait fait construire au tout début de leur mariage, à son arrivée à Winterfell, était le sien. Parfois, elle y rencontrait quelque personne connue, comme Lord Brynden il n’y avait de cela qu’un jour ou deux tout au plus. Et parfois, elle goûtait vraiment à la plus pure des solitudes et, par les temps actuels, elle se sentait presque revivre. Pourtant, il fut un temps où cet endroit lui faisait peur. Tout le château, ses gens et son bois, tout l’effrayait même si elle restait bien trop fière pour le montrer à quiconque. Aujourd’hui, elle s’y sentait totalement chez elle mais son cœur pleurait de voir ce lieu qui lui est si cher meurtri par la guerre et le témoin de tant de morts, de bûchers funéraires et d’hommes blessés et mutilés. Posant son regard sur Byron Flint, Catelyn songea que lui aussi devant se languir de pouvoir retourner chez lui, sous son toit, et serrer les siens dans ses bras comme elle se languissait de le faire pour Robb lorsqu’il serait remis, pour Arya lorsqu’elle serait rentrée, pour Sansa lorsqu’elle la reverrait et comme elle l’avait fait pour Bran et Rickon, sauvés de justesse par Petyr. Et tout comme elle, Byron craignait pour leur avenir. Tout en l’écoutant parlé, Catelyn hochait doucement de la tête, partageant totalement son avis. Ils avaient certes mit fin à une menace, aussi terrible fut-elle, mais d’autres guerres viendront et plus vite qu’ils ne le pensent tous. En revanche, le point sur lequel leurs plus grandes craintes se rejoignaient, était la présence de dragons, au pluriel. Celui de la jeune Wynafryd avait déjà été un choc pour elle lorsqu’elle l’a appris. Si elle finit par l’accepter, savoir que d’autres dragons existaient en Westeros…dont l’un d’eux était la propriété de ce serpent fourbe et meurtrier de Viserys Targaryen…Cela lui glaçait le sang aussi fort que ce fut la cas face aux Marcheurs Blancs.
Je partage votre avis, répondit-elle. Espérons seulement que ces créatures appartiennent à des hommes – ou des femmes, Lady Wynafryd en est la preuve vivante – qui se battront de notre côté le cas échéant. Nous pouvons cependant d’ores et déjà craindre pour nos forteresses…Avez-vous vu la taille de la bête du frère soi-disant exilé du Roi ? Je ne l’ai pas vu de mes yeux mais on m’a rapporté qu’il était déjà très grand et l’on dit qu’un dragon ne cesse jamais véritablement de grandir…
Catelyn laissa s’échapper un soupir tremblant, montrant par là ses inquiétudes et ses craintes. Elle ne craignait pas pour elle ni pour sa vie. En devenant mère, sa vie était passée au second plan. Non, elle craignait pour ceux qu’elle aime. Les personnes qu’elle aime et pour qui elle éprouve de l’affection et de l’estime. Et puis, ses enfants, même s’ils ne vivent plus tous sous son toit…Qu’adviendrait-il d’eux si une nouvelle guerre mêlant un ou plusieurs dragons devait éclater ? Elle ne pourrait pas toujours les protéger et les temps actuels étaient si incertains…Ce n’était pas une époque pour des enfants.
Trois dîtes-vous ? reprit-elle. Celui de la jeune Wynafryd, celui du Prince Aegon et celui de l’exilé, énuméra-t-elle, refusant toutefois de prononcer le nom banni du Nord (et normalement de tout le royaume) qu’est celui de Viserys Targaryen. Si le Roi son frère l’avait exécuté comme l’ordalie l’exigeait, nous n’en serions pas là, commenta-t-elle d’un ton dur et sec, marquant et sa désapprobation de la décision passée du Roi d’exiler plutôt que d’exécuter son jeune frère, et son mépris de Viserys. Je l’ignore mais voyez où nous en sommes. Il n’y a pas si longtemps, Vieille Nan et moi lisions des contes et légendes parlant de dragons et d’autres créatures mythiques qui n’existaient que dans le livre ou dans un passé bien trop lointain pour nous tous. Même si je n’ai aucune preuve ni nom à vous fournir Byron, je suis persuadée qu’il y en a d’autres. Avec le temps, nous finirons par apprendre leurs noms. Que les Anciens et les Nouveaux Dieux nous viennent en aide s’ils font partis de nos ennemis.
A cet instant, la jeune servant revint des cuisines, amenant avec elle deux gobelets de bois qu’elle posa entre la Dame de Winterfell et Byron Flint, sur un tabouret de bois. Catelyn la remercia, prit son gobelet et tendit l’autre à Byron :
Je ne sais guère à quoi nous devrions trinquer. Elle hésita quelques secondes puis reprit : Peut-être devrions-nous tout simplement nous souhaiter de rester en vie et unis aux côtés de nos proches ? fit-elle en levant légèrement son gobelet en direction de son interlocuteur.
Apporte-nous un peu de vin chaud je te prie.
Oui Lady Stark, répondit-elle avec une petite révérence avant de se hâter vers le couloir et, plus loin, les cuisines. Pendant ce temps, Catelyn prenait place, se mettait à son aise et accueillant avec une grande gratitude cet instant comme suspendu dans le temps où elle se permettait un moment de repos. D’ordinaire, elle les prenait seule, errant dans le Bois Sacré, âme en peine parmi les arbres, la neige et le froid, ainsi que les souvenirs ; cet endroit regorgeant de moments passés tant avec ses enfants qu’avec feu son époux. Là, parmi les arbres qui la protégeaient du vacarme constant régnant dans le château et dans la cour de Winterfell ainsi que de l’odeur macabre et nauséabonde des corps calcinés, Catelyn laissait son esprit partir en quête de paix. Elle marchait un moment puis allait s’asseoir sur la pierre près du lac gelé où Ned prenait si souvent place, priant en silence près de l’arbre sacré. Parfois, elle allait l’y rejoindre mais elle préférait le laisser seul, sachant pertinemment que cet endroit était son refuge personnel tout comme son petit septuaire qu’il lui avait fait construire au tout début de leur mariage, à son arrivée à Winterfell, était le sien. Parfois, elle y rencontrait quelque personne connue, comme Lord Brynden il n’y avait de cela qu’un jour ou deux tout au plus. Et parfois, elle goûtait vraiment à la plus pure des solitudes et, par les temps actuels, elle se sentait presque revivre. Pourtant, il fut un temps où cet endroit lui faisait peur. Tout le château, ses gens et son bois, tout l’effrayait même si elle restait bien trop fière pour le montrer à quiconque. Aujourd’hui, elle s’y sentait totalement chez elle mais son cœur pleurait de voir ce lieu qui lui est si cher meurtri par la guerre et le témoin de tant de morts, de bûchers funéraires et d’hommes blessés et mutilés. Posant son regard sur Byron Flint, Catelyn songea que lui aussi devant se languir de pouvoir retourner chez lui, sous son toit, et serrer les siens dans ses bras comme elle se languissait de le faire pour Robb lorsqu’il serait remis, pour Arya lorsqu’elle serait rentrée, pour Sansa lorsqu’elle la reverrait et comme elle l’avait fait pour Bran et Rickon, sauvés de justesse par Petyr. Et tout comme elle, Byron craignait pour leur avenir. Tout en l’écoutant parlé, Catelyn hochait doucement de la tête, partageant totalement son avis. Ils avaient certes mit fin à une menace, aussi terrible fut-elle, mais d’autres guerres viendront et plus vite qu’ils ne le pensent tous. En revanche, le point sur lequel leurs plus grandes craintes se rejoignaient, était la présence de dragons, au pluriel. Celui de la jeune Wynafryd avait déjà été un choc pour elle lorsqu’elle l’a appris. Si elle finit par l’accepter, savoir que d’autres dragons existaient en Westeros…dont l’un d’eux était la propriété de ce serpent fourbe et meurtrier de Viserys Targaryen…Cela lui glaçait le sang aussi fort que ce fut la cas face aux Marcheurs Blancs.
Je partage votre avis, répondit-elle. Espérons seulement que ces créatures appartiennent à des hommes – ou des femmes, Lady Wynafryd en est la preuve vivante – qui se battront de notre côté le cas échéant. Nous pouvons cependant d’ores et déjà craindre pour nos forteresses…Avez-vous vu la taille de la bête du frère soi-disant exilé du Roi ? Je ne l’ai pas vu de mes yeux mais on m’a rapporté qu’il était déjà très grand et l’on dit qu’un dragon ne cesse jamais véritablement de grandir…
Catelyn laissa s’échapper un soupir tremblant, montrant par là ses inquiétudes et ses craintes. Elle ne craignait pas pour elle ni pour sa vie. En devenant mère, sa vie était passée au second plan. Non, elle craignait pour ceux qu’elle aime. Les personnes qu’elle aime et pour qui elle éprouve de l’affection et de l’estime. Et puis, ses enfants, même s’ils ne vivent plus tous sous son toit…Qu’adviendrait-il d’eux si une nouvelle guerre mêlant un ou plusieurs dragons devait éclater ? Elle ne pourrait pas toujours les protéger et les temps actuels étaient si incertains…Ce n’était pas une époque pour des enfants.
Trois dîtes-vous ? reprit-elle. Celui de la jeune Wynafryd, celui du Prince Aegon et celui de l’exilé, énuméra-t-elle, refusant toutefois de prononcer le nom banni du Nord (et normalement de tout le royaume) qu’est celui de Viserys Targaryen. Si le Roi son frère l’avait exécuté comme l’ordalie l’exigeait, nous n’en serions pas là, commenta-t-elle d’un ton dur et sec, marquant et sa désapprobation de la décision passée du Roi d’exiler plutôt que d’exécuter son jeune frère, et son mépris de Viserys. Je l’ignore mais voyez où nous en sommes. Il n’y a pas si longtemps, Vieille Nan et moi lisions des contes et légendes parlant de dragons et d’autres créatures mythiques qui n’existaient que dans le livre ou dans un passé bien trop lointain pour nous tous. Même si je n’ai aucune preuve ni nom à vous fournir Byron, je suis persuadée qu’il y en a d’autres. Avec le temps, nous finirons par apprendre leurs noms. Que les Anciens et les Nouveaux Dieux nous viennent en aide s’ils font partis de nos ennemis.
A cet instant, la jeune servant revint des cuisines, amenant avec elle deux gobelets de bois qu’elle posa entre la Dame de Winterfell et Byron Flint, sur un tabouret de bois. Catelyn la remercia, prit son gobelet et tendit l’autre à Byron :
Je ne sais guère à quoi nous devrions trinquer. Elle hésita quelques secondes puis reprit : Peut-être devrions-nous tout simplement nous souhaiter de rester en vie et unis aux côtés de nos proches ? fit-elle en levant légèrement son gobelet en direction de son interlocuteur.
(c) DΛND ELION
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