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Lonely Souls [ft. Melara Cole]
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@Melara Cole & Lanna Cole
« An 302 Lune 12 Semaine 2 * Jardins de Lestival »
Les jours se suivaient et se ressemblaient tous. Le quotidien de Lanna était soigneusement planifié chaque jour mais, depuis le départ de Tylan pour cette guerre si lointaine au Nord mais dont les enjeux étaient terribles selon lui, la Myrienne commençait à se morfondre dans ce rythme devenu pour elle presque routinier. Chaque jour, elle se levait et faisait sa toilette. Puis des servantes venaient pour l’habiller à la façon des dames de Westeros et la coiffaient pendant qu’elle prenait son petit-déjeuner. Si elle avait accepté la mode de l’autre côté du Détroit, elle tenait à garder ses coiffures légères et peu sophistiquées de son chez-elle natale, trouvant que les coiffures de ses dames ne l’avantageaient pas mais la ridiculisaient plus qu’autre chose. Cela allait à son Altesse la Princesse Margaery, partie depuis longtemps avec son fils et son époux, ou à sa si chère fille ; pas à elle. Une fois apprêtée, elle quittait les appartements qu’elle partageait normalement avec son époux pour se rendre aux cuisines y prévoir, avec l’aide des cuisinières, les repas servis au déjeuner ainsi qu’au dîner. Elle en profitait également pour dresser la liste des produits à acheter, afin que personne ne manque de rien. Puis elle allait prendre un peu l’air, parfois en compagnie de son fils Lester, parfois en compagnie de sa fille Melara. Landor quant à lui, auprès de son précepteur la majorité de la journée, ne les rejoignait que pour le déjeuner et le dîner. Lorsque le temps le permettait, son précepteur lui permettait d’écourter ses leçons et de sortir s’amuser ou faire une promenade à cheval avec son frère ou sa sœur. Lanna, cependant, restait la plupart du temps dans un des nombreux salons du château, à lire, à broder ou à écrire. Coucher ses pensées sur le papier, elle qui s’inquiétait tant pour la vie de son époux, lui faisait du bien et lui permettait de trouver un peu de quiétude la nuit venue. Fréquemment, sa fille faisait irruption dans la pièce et lui tenait compagnie, discutant de tout et de rien ou jouant à un jeu de carte ensemble pour se distraire. Melara lui apprit un jeu de Westeros et Lanna lui enseigna la même version de ce jeu, avec quelques règles différentes cependant ; la version d’Essos ! Elles s’en amusaient beaucoup et rire leur permettaient de soulager leur esprit accaparé par l’angoisse et l’incertitude de l’avenir. Car lorsqu’elle posait les yeux sur elle, Lanna savait que les jours en compagnie de sa fille étaient comptés. Bientôt, elle serait une Manning et vivrait à Noirport. Oh elle comptait bien lui rendre fréquemment visite. Elle avait fait une fois le voyage ; cela lui permettrait aussi de revoir d’autres connaissances qu’elle s’est fait et qu’elle désirait vivement revoir, comme la famille des Cafferen de Bourgfaon, la majesté de Port-Réal et la présence de son amie, Lady Taena, dame de compagnie de la Reine, ou encore la gentillesse de Ser Arys et même Lady Jyana et son fils qu’elle aida à voir venir au monde, malgré les tensions présentes entre elle et sa fille. Penser à tout ceci la réjouissait comme lui serrait le cœur et la gorge. Aussi préférait-elle souvent chasser ces pensées de son esprit et se changer les idées au jeu ou peu importe comment, du moment que c’était en compagnie de ses enfants.
Un jour plus clément que les autres - donc, pour Lanna, avec du soleil et un vent semblable à une légère brise fraîche plutôt qu’à ces glaciales rafales de vent - elle profita de ce temps et de l’après-midi pour aller prendre un peu le soleil sur un banc dans les jardins, en compagnie de son livre. Bien emmitouflée dans un châle de laine et chaudement vêtue, Lanna leva un instant la tête de son livre, entendant des voix au loin. Il s’agissait de Lester qui discutait avec des hommes de la maison Targaryen, vraisemblablement au sujet des rondes à effectuer et de la sécurité générale des lieux ; en somme, les tâches qu’effectuait son père. Qu’elle était soulagée qu’il soit en âge de les assumer ; elle n’aurait pu le faire… Un léger sourire aux lèvres en le voyant déjà agir comme un homme mature et responsable malgré son jeune âge, elle qui le voyait encore comme son enfant, son regard fut attiré par un mouvement qui venait vers elle. Tournant la tête, elle vit qu’il s’agissait de sa fille qui la rejoignait. Immédiatement, Lanna marqua la page de son livre où elle s’était arrêtée, le posa sur sa gauche et tendit ses deux mains vers elle, un grand sourire aux lèvres :
Ma chérie, lui dit-elle en lui prenant les mains. Le soleil est loin de réchauffer la peau mais il aide à tenir nos craintes à l’écart.
Dès que le soleil brillait, le moral de Lanna allait mieux et inversement, lors des jours gris et pluvieux, bien plus fréquents malheureusement, elle se morfondait dans ses angoisses et devait faire son possible pour ne pas paraître inquiète, au moins aux yeux de Landor.
Tout va bien ? lui demanda-t-elle, soucieuse de son bien-être.
Un jour plus clément que les autres - donc, pour Lanna, avec du soleil et un vent semblable à une légère brise fraîche plutôt qu’à ces glaciales rafales de vent - elle profita de ce temps et de l’après-midi pour aller prendre un peu le soleil sur un banc dans les jardins, en compagnie de son livre. Bien emmitouflée dans un châle de laine et chaudement vêtue, Lanna leva un instant la tête de son livre, entendant des voix au loin. Il s’agissait de Lester qui discutait avec des hommes de la maison Targaryen, vraisemblablement au sujet des rondes à effectuer et de la sécurité générale des lieux ; en somme, les tâches qu’effectuait son père. Qu’elle était soulagée qu’il soit en âge de les assumer ; elle n’aurait pu le faire… Un léger sourire aux lèvres en le voyant déjà agir comme un homme mature et responsable malgré son jeune âge, elle qui le voyait encore comme son enfant, son regard fut attiré par un mouvement qui venait vers elle. Tournant la tête, elle vit qu’il s’agissait de sa fille qui la rejoignait. Immédiatement, Lanna marqua la page de son livre où elle s’était arrêtée, le posa sur sa gauche et tendit ses deux mains vers elle, un grand sourire aux lèvres :
Ma chérie, lui dit-elle en lui prenant les mains. Le soleil est loin de réchauffer la peau mais il aide à tenir nos craintes à l’écart.
Dès que le soleil brillait, le moral de Lanna allait mieux et inversement, lors des jours gris et pluvieux, bien plus fréquents malheureusement, elle se morfondait dans ses angoisses et devait faire son possible pour ne pas paraître inquiète, au moins aux yeux de Landor.
Tout va bien ? lui demanda-t-elle, soucieuse de son bien-être.
(c) DΛND ELION
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avec @Lanna Cole
« Lestival | 302, lune 12, semaine 2 »
Melara commençait à nourrir la conviction qu’elle ne tarderait pas à devenir folle. Cela faisait plusieurs semaines que son père était parti à l’appel de Renly Baratheon, avec la poignée d’hommes qui constituait la maison Cole à l’heure actuelle, quelques volontaires de la région et d’anciens amis d’Essos rêvant d’une vie meilleure à Westeros. La jeune Cole aurait souhaité que son père n’ait pas à partir. Il venait tout juste d’arriver et déjà il devait aller faire ses preuves en guerre, cela semblait terriblement injuste à l’orageoise. Cela ne faisait même pas une année qu’elle l’avait retrouvé et on lui demander d’aller risquer sa vie dans une région aussi lointaine que le Nord. Il arrivait à Melara d’en échapper quelques larmes de rage. Cependant, sa loyauté pour les Baratheon et le Roi Rhaegar venait lui rendre un peu de sens et de calme. Cela demeurait après tout son rôle que de répondre à l’appel de son Roi et de son Suzerain. C’était une nouvelle occasion de prouver leur loyauté. Après tout, Tylan n’avait pas hésité une seule seconde. Et il avait quitté Lestival pour prendre un bateau à Pierheaume avec une dignité qu’elle ne lui avait jamais vu alors. Et c’était parce qu’elle l’avait vu se montrer aussi fort qu’elle avait réussi à ne pas pleurer en le voyant s’éloignant, tenant à suivre son exemple, à être la digne fille de son père, celle dont il pourrait être fier, comme toujours depuis qu’elle était assez grande pour avoir cette conscience et cette réflexion. Mais les larmes avaient fini par couler le soir venu. Lorsqu’elle s’était endormie seule, dans cette aile si silencieuse de Lestival, après un dîner ou chaque Cole avait eu du mal à décrocher un mot face à l’inconnu qui les attendait à nouveau. Lester s’était plaint les premiers jours, râlant que Tylan ne l’ait pas laissé l’accompagner pour lui permettre de faire ses preuves sur le champ de bataille lui aussi. Arrogant comme tous les adolescents de son âge, persuadé que la mort ne viendrait jamais les cueillir aussi jeune. Melara ne s’était pas empêchée de le rabrouer, lui rappelant que son rôle était tout aussi important à leurs côtés dans l’Orage, pour assurer que Tylan pourrait reprendre son travail dès qu’il serait de retour avec eux. Lester n’aurait pas une vie de chevalier itinérante, il était héritier, c’était dans la gestion du domaine qu’il devait faire ses preuves. Le seul soulagement que la Cole avait connu lui était venu de Noirport. Elle n’avait pu retenir des larmes de soulagement en apprenant que Lord Corlys avait décidé de laisser son fief aux bons soins de Lady Jyana mais surtout ser Godric. Leur mariage était certes repoussé jusqu’à nouvel ordre, compte tenu de la situation exceptionnelle, mais au moins ne risquait-elle pas de perdre son fiancé avant même de l’avoir épousé. C’était une âme supplémentaire pour laquelle elle n’avait pas à s’inquiéter.
Alors la Cole avait cherché à s’occuper obstinément, pour tenter d’oublier cette attente interminable et angoissante. Elle s’était remise à lire ces quelques livres et rouleaux qu’elle avait laissé de côté au retour de sa famille. Ces ouvrages qu’elle avait commencé avec les Roses de Hautjardin. Elle avait passé du temps en compagnie de son frère, l’épaulant du mieux qu’elle le pouvait. Elle en avait passé tout autant avec sa mère et Landor. Elle était presque sortie tous les jours, pendant de longues heures avec Scarlett, pour évacuer son trop plein de pression sur sa jument, repoussant leurs limites à toutes les deux. Si cela l’avait occupée au début, elle devait se rendre à l’évidence que cela ne suffisait plus. Elle ne supportait tout simplement plus de ne pas savoir ce qu’il se passait au delà de Winterfell. Son esprit ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pire des scénarios. Sa mère semblait parvenir à conserver son calme et sa confiance habituelle en ce que l’avenir leur réservait, mais une fois de plus, elle était incapable de marcher dans ses traces.
Elle revenait d’ailleurs de l’écurie, après une énième sortie avec Scarlett, malgré la fine couverture qui recouvrait leur région, lorsqu’elle aperçut Lanna en train de prendre le soleil sur un banc, un ouvrage relié avec elle. Elle remit un peu d’ordre dans sa tenue d’équitation, époussetant la poussière du dos de gants, réajusta sa capuche fourrée sur sa tête et s’approcha de la noble myrienne, tentant de lui offrir un sourire serein. “Je suis heureuse qu’il agisse ainsi pour toi.” dit-elle doucement en prenant place à ses côtés. Le soleil n’avait de cesse de briller de moins en moins longtemps chaque jours depuis des lunes à présent. Il ne tarderait d’ailleurs pas à disparaître à l’horizon, bien plus rapidement qu’on n’y songerait. Alors peut-être l’épouse de Tylan avait raison d’y voir là un signe rassurant, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas fait aussi beau. A la question de sa mère, Melara fit une moue dérangée. Elle ne désirait pas être celle qui ramènerait les nuages dans le ciel bleu de Lanna, mais elle ne voulait pas non plus lui mentir sur son état. “Ils sont censés être arrivés non ?” demanda-t-elle finalement, faisant référence aux troupes orageoises et à leur rendez-vous à Winterfell. Elle inclina la tête pour pouvoir la reposer tendrement sur l’épaule de sa mère. “Est-ce que père a déjà dû aller se battre de la sorte par le passé ?” Elle avait cru comprendre qu’il avait quelques temps dans une compagnie militaire, mais elle n’en savait guère plus. Il fallait dire que les conversations qu’ils avaient eu tous ensemble tournaient essentiellement autour de sujets positifs et non de guerres et de combats.
Alors la Cole avait cherché à s’occuper obstinément, pour tenter d’oublier cette attente interminable et angoissante. Elle s’était remise à lire ces quelques livres et rouleaux qu’elle avait laissé de côté au retour de sa famille. Ces ouvrages qu’elle avait commencé avec les Roses de Hautjardin. Elle avait passé du temps en compagnie de son frère, l’épaulant du mieux qu’elle le pouvait. Elle en avait passé tout autant avec sa mère et Landor. Elle était presque sortie tous les jours, pendant de longues heures avec Scarlett, pour évacuer son trop plein de pression sur sa jument, repoussant leurs limites à toutes les deux. Si cela l’avait occupée au début, elle devait se rendre à l’évidence que cela ne suffisait plus. Elle ne supportait tout simplement plus de ne pas savoir ce qu’il se passait au delà de Winterfell. Son esprit ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pire des scénarios. Sa mère semblait parvenir à conserver son calme et sa confiance habituelle en ce que l’avenir leur réservait, mais une fois de plus, elle était incapable de marcher dans ses traces.
Elle revenait d’ailleurs de l’écurie, après une énième sortie avec Scarlett, malgré la fine couverture qui recouvrait leur région, lorsqu’elle aperçut Lanna en train de prendre le soleil sur un banc, un ouvrage relié avec elle. Elle remit un peu d’ordre dans sa tenue d’équitation, époussetant la poussière du dos de gants, réajusta sa capuche fourrée sur sa tête et s’approcha de la noble myrienne, tentant de lui offrir un sourire serein. “Je suis heureuse qu’il agisse ainsi pour toi.” dit-elle doucement en prenant place à ses côtés. Le soleil n’avait de cesse de briller de moins en moins longtemps chaque jours depuis des lunes à présent. Il ne tarderait d’ailleurs pas à disparaître à l’horizon, bien plus rapidement qu’on n’y songerait. Alors peut-être l’épouse de Tylan avait raison d’y voir là un signe rassurant, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas fait aussi beau. A la question de sa mère, Melara fit une moue dérangée. Elle ne désirait pas être celle qui ramènerait les nuages dans le ciel bleu de Lanna, mais elle ne voulait pas non plus lui mentir sur son état. “Ils sont censés être arrivés non ?” demanda-t-elle finalement, faisant référence aux troupes orageoises et à leur rendez-vous à Winterfell. Elle inclina la tête pour pouvoir la reposer tendrement sur l’épaule de sa mère. “Est-ce que père a déjà dû aller se battre de la sorte par le passé ?” Elle avait cru comprendre qu’il avait quelques temps dans une compagnie militaire, mais elle n’en savait guère plus. Il fallait dire que les conversations qu’ils avaient eu tous ensemble tournaient essentiellement autour de sujets positifs et non de guerres et de combats.
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@Melara Cole & Lanna Cole
« An 302 Lune 12 Semaine 2 * Jardins de Lestival »
Un doux sourire aux lèvres, Lanna se décala légèrement de côté pour faire un peu de place à sa fille sur le banc. Refermant son livre qu’elle posa sur le petit espace libre à ses côtés, la Myrienne contempla sa première-née s’asseoir, ravie de la voir la rejoindre pour un moment juste entre mère et fille. Non pas que la présence des garçons de la famille les dérangeait ou celles des serviteurs, auxquels Lanna s’était depuis habitué. Mais ces moments-là lui étaient infiniment plus précieux que n’importe quel autre moment, elle qui avait été privée de sa famille pendant tellement d’années et qui allait à nouveau devoir la laisser partir prochainement, même si l’échéance du mariage avec Ser Godric Manning avait été reportée. Quoi qu’il en soit, Lanna ne répondit rien sur le moment, se contentant de hocher la tête au commentaire de Melara et de tourner son visage vers les derniers pâles rayons de soleil avec un soupir appréciateur.
Le peu de chaleur que j’ai pu en retirer semble déjà s’en aller, fit-elle, les yeux clos, le visage baigné par ce faible soleil d’Hiver. Elle se demandait quelle était la situation en Essos. Connaissaient-ils également ce même Hiver de l’autre côté du Détroit ? Du plus loin que remontaient ses souvenirs, elle ne se rappelait pas avoir jamais vécu pareils jours sombres, froids et venteux comme cela est le cas depuis pratiquement son arrivée sur ces terres. Pourtant, elle avait vécu dans de nombreuses villes ; jamais n’avait-elle eu froid comme il lui arrivait d’avoir froid en pleine nuit ou de bon matin. Le reste de la journée commençait à lui devenir supportable, une fois chaudement habillée et les nombreuses cheminées de Lestival ravivées. Elle ne cessait cependant de bénir R’hllor de lui avoir permis de vivre ces moments en compagnie de tous ses enfants et, doit chacune de ses prières, elle glissait toujours une pensée pour Leurs Altesses, la Princesse Margaery ainsi que le Prince Aegon Targaryen. Elle n’avait pas eu le loisir de les connaître autant que Melara mais elle avait su les apprécier très rapidement. Le jeune Prince était un jeune homme qui lui paraissait d’une grande bonté ainsi que d’une grande ferveur et une volonté de faire ses preuves, quand bien même il avait renoncé à ce qui lui était dû depuis sa naissance. Quant à la Princesse Margaery, sa grande gentillesse, son aide, son sourire et cette joie de vivre qui transpirait d’elle alors qu’elle avait déjà vécu tant d’épreuves dans sa toute jeune vie…Tout cela avait su conquérir le coeur de Lanna et elle en venait presque à se languir d’elle et de sa chaleureuse présence. Mais l’absence la plus cruelle pour elle était celle de Tylan. Il lui manquait terriblement et l’absence de nouvelles de sa part l’inquiétait plus que de raison. Elle désirait garder cette inquiétude pour elle. Lanna savait déjà que chacun de ses trois enfants devait penser, à leur manière, à leur père partit si courageusement défendre leur vie à tous. Mais elle, elle commençait à vraiment être rongée intérieurement par l’angoisse. Du plus profond de sa chair, elle avait comme le sentiment que quelque chose n’allait pas. Elle priait donc chaque jour, chaque soir, avec ferveur le Maître de la Lumière, l’invoquant, le suppliant d’épargner la vie de son époux bien-aimé quand bien même il ne l’avait pas reconnu comme son Dieu, préférant la religion des Sept propre à ses ancêtres ainsi qu’à son Roi. Elle en tirait alors quelque réconfort, assez pour pouvoir dormir et se tenir prête à affronter une nouvelle journée sans Tylan et probablement sans la moindre nouvelle à son sujet. Alors la question de Melara serra la gorge de sa mère. Rouvrant les yeux et baissant la tête vers ses mains posées sur ses cuisses, elle ne sut d’abord quoi répondre, sentant parfaitement que sa fille était autant inquiète qu’elle :
J’ai regardé à nouveau sur une carte où se trouvait ce Winterfell… C’est si loin…Et l’Hiver ne doit pas aider à leur voyage, répondit-elle dans un premier temps avant de poursuivre : Mais j’aurais espéré recevoir au moins une lettre de sa part, c’est vrai, au moins pour nous rassurer et nous dire que tout allait bien.
Après tout, pourquoi cacher ses angoisses à sa fille ? Elle n’était plus une enfant et pouvait bien comprendre et entendre les inquiétudes de sa mère qu’elle partageait sûrement. A son tour, elle posa délicatement sa tête contre celle de Melara, qui était venue chercher du réconfort contre son épaule. Lanna chercha également une des mains de sa fille pour la prendre dans les siennes :
Oh oui, répondit-elle. Bien avant ta naissance, il lui arrivait de rejoindre je ne sais plus quelle compagnie d’Essos. Il se battait pour gagner un peu d’argent, argent qu’il utilisait ensuite pour m’acheter un collier ou cette alliance, fit-elle en lui montrant l’anneau qu’elle avait reçu de lui lors de leur mariage. Parler de ce passé la fit sourire d’un air nostalgique mais elle continua sur sa lancée. Cela ne pouvait que lui changer les idées, à elle comme à Melara :
Après notre mariage, il en fit de moins en moins partie pour finir par totalement arrêter à ta naissance. Et puis, il avait aussi son grand projet de revenir ici. Cela lui prenait pratiquement tout son temps. Quant à moi, je préférais le savoir à mes côtés plutôt qu’à guerroyer je ne savais où. L’arrivée d’un enfant dans la famille nous fait reconsidérer bien des choses, tu sais, dit-elle en déposant un baiser dans les cheveux de sa fille qui embaumait des embruns des écuries et des chevaux. Mais à chaque fois qu’il s’absentait, ton père m’écrivait. Toujours…Cela m’inquiète de ne pas avoir encore eu de ses nouvelles depuis son départ, avoua-t-elle. Cela n’allait probablement pas rassurer Melara mais cela leur ferait sûrement du bien d’en parler.
Mais il nous faut garder espoir, poursuivit Lanna en serrant un peu plus fort la main de sa fille. Nous sommes des Cole. Nous sommes de plomb et d’acier. Nous devons rester fortes et avoir foi en l’avenir, dit-elle de sa voix la plus convaincue qu’il soit. Ton père est un homme courageux et fort. Il survivra, j’en suis persuadée.
Le peu de chaleur que j’ai pu en retirer semble déjà s’en aller, fit-elle, les yeux clos, le visage baigné par ce faible soleil d’Hiver. Elle se demandait quelle était la situation en Essos. Connaissaient-ils également ce même Hiver de l’autre côté du Détroit ? Du plus loin que remontaient ses souvenirs, elle ne se rappelait pas avoir jamais vécu pareils jours sombres, froids et venteux comme cela est le cas depuis pratiquement son arrivée sur ces terres. Pourtant, elle avait vécu dans de nombreuses villes ; jamais n’avait-elle eu froid comme il lui arrivait d’avoir froid en pleine nuit ou de bon matin. Le reste de la journée commençait à lui devenir supportable, une fois chaudement habillée et les nombreuses cheminées de Lestival ravivées. Elle ne cessait cependant de bénir R’hllor de lui avoir permis de vivre ces moments en compagnie de tous ses enfants et, doit chacune de ses prières, elle glissait toujours une pensée pour Leurs Altesses, la Princesse Margaery ainsi que le Prince Aegon Targaryen. Elle n’avait pas eu le loisir de les connaître autant que Melara mais elle avait su les apprécier très rapidement. Le jeune Prince était un jeune homme qui lui paraissait d’une grande bonté ainsi que d’une grande ferveur et une volonté de faire ses preuves, quand bien même il avait renoncé à ce qui lui était dû depuis sa naissance. Quant à la Princesse Margaery, sa grande gentillesse, son aide, son sourire et cette joie de vivre qui transpirait d’elle alors qu’elle avait déjà vécu tant d’épreuves dans sa toute jeune vie…Tout cela avait su conquérir le coeur de Lanna et elle en venait presque à se languir d’elle et de sa chaleureuse présence. Mais l’absence la plus cruelle pour elle était celle de Tylan. Il lui manquait terriblement et l’absence de nouvelles de sa part l’inquiétait plus que de raison. Elle désirait garder cette inquiétude pour elle. Lanna savait déjà que chacun de ses trois enfants devait penser, à leur manière, à leur père partit si courageusement défendre leur vie à tous. Mais elle, elle commençait à vraiment être rongée intérieurement par l’angoisse. Du plus profond de sa chair, elle avait comme le sentiment que quelque chose n’allait pas. Elle priait donc chaque jour, chaque soir, avec ferveur le Maître de la Lumière, l’invoquant, le suppliant d’épargner la vie de son époux bien-aimé quand bien même il ne l’avait pas reconnu comme son Dieu, préférant la religion des Sept propre à ses ancêtres ainsi qu’à son Roi. Elle en tirait alors quelque réconfort, assez pour pouvoir dormir et se tenir prête à affronter une nouvelle journée sans Tylan et probablement sans la moindre nouvelle à son sujet. Alors la question de Melara serra la gorge de sa mère. Rouvrant les yeux et baissant la tête vers ses mains posées sur ses cuisses, elle ne sut d’abord quoi répondre, sentant parfaitement que sa fille était autant inquiète qu’elle :
J’ai regardé à nouveau sur une carte où se trouvait ce Winterfell… C’est si loin…Et l’Hiver ne doit pas aider à leur voyage, répondit-elle dans un premier temps avant de poursuivre : Mais j’aurais espéré recevoir au moins une lettre de sa part, c’est vrai, au moins pour nous rassurer et nous dire que tout allait bien.
Après tout, pourquoi cacher ses angoisses à sa fille ? Elle n’était plus une enfant et pouvait bien comprendre et entendre les inquiétudes de sa mère qu’elle partageait sûrement. A son tour, elle posa délicatement sa tête contre celle de Melara, qui était venue chercher du réconfort contre son épaule. Lanna chercha également une des mains de sa fille pour la prendre dans les siennes :
Oh oui, répondit-elle. Bien avant ta naissance, il lui arrivait de rejoindre je ne sais plus quelle compagnie d’Essos. Il se battait pour gagner un peu d’argent, argent qu’il utilisait ensuite pour m’acheter un collier ou cette alliance, fit-elle en lui montrant l’anneau qu’elle avait reçu de lui lors de leur mariage. Parler de ce passé la fit sourire d’un air nostalgique mais elle continua sur sa lancée. Cela ne pouvait que lui changer les idées, à elle comme à Melara :
Après notre mariage, il en fit de moins en moins partie pour finir par totalement arrêter à ta naissance. Et puis, il avait aussi son grand projet de revenir ici. Cela lui prenait pratiquement tout son temps. Quant à moi, je préférais le savoir à mes côtés plutôt qu’à guerroyer je ne savais où. L’arrivée d’un enfant dans la famille nous fait reconsidérer bien des choses, tu sais, dit-elle en déposant un baiser dans les cheveux de sa fille qui embaumait des embruns des écuries et des chevaux. Mais à chaque fois qu’il s’absentait, ton père m’écrivait. Toujours…Cela m’inquiète de ne pas avoir encore eu de ses nouvelles depuis son départ, avoua-t-elle. Cela n’allait probablement pas rassurer Melara mais cela leur ferait sûrement du bien d’en parler.
Mais il nous faut garder espoir, poursuivit Lanna en serrant un peu plus fort la main de sa fille. Nous sommes des Cole. Nous sommes de plomb et d’acier. Nous devons rester fortes et avoir foi en l’avenir, dit-elle de sa voix la plus convaincue qu’il soit. Ton père est un homme courageux et fort. Il survivra, j’en suis persuadée.
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« Lestival | 302, lune 12, semaine 2 »
Melara craignit d’être la responsable de la fraîcheur que commençait à nouveau à ressentir sa mère. Sa bouche se crispa, embarrassée. “Si tu commences à avoir froid, nous devrions rentrer. Il ne faudrait pas que père te retrouve malade à son retour.” ajouta-t-elle finalement en tentant de sourire. Mais la tâche était difficile. Elle avait ressenti un violent pincement dans son coeur à l’évocation de Tylan. Non, vraiment, elle ne comprenait pas comment sa mère parvenait à rester aussi emplie d’espoir. Et si justement il ne revenait pas ? En se montrant si optimiste, en parlant de cela comme d’une chose faite, ne risquait-elle pas de de fâcher les Dieux ? Ne voudraient-ils pas lui donner tort ? Melara du serrer les dents pour ne pas laisser son trouble transparaître et éviter ses yeux de s’emplir de larmes. Elle fit de son mieux pour inspirer profondément puis souffler de la même manière afin de retrouver le contrôle de ses nerfs. Elle ne savait pas combien de temps elle pourrait encore tenir de cette façon, l’exercice lui semblait insurmontable, même pour elle, même après tout ce qu’elle avait déjà affronté par le passé. Même leur séparation sur le port de Myr n’était pas comparable. Personne n’était en guerre à ce moment là. Personne ne partait s’exposer sous des armes tranchantes.
Son inquiétude avait tout de même fini par transparaître, alors que la tête posée contre l’épaule de sa mère, elle l’avait questionné sur la position de Tylan à l’instant même où elles parlaient. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu’ils étaient partis. Winterfell était loin, mais tout le monde avait redoublé d’efforts pour y être au plus vite compte tenu de l’urgence de la situation. Comme sa mère, elle aurait espéré recevoir une lettre de Winterfell pour au moins leur dire qu’ils étaient bien arrivés, en savoir plus sur la situation là-bas, pour les rassurer sur ce qui les attendait. A nouveau elle grimaça, dissimulée derrière les fourrures de sa capuche. “Peut-être… peut-être que les nordiens n’ont plus de corbeaux, à force d’avoir appelé tout le monde à l’aide ?” Elle déglutit difficilement. Elle n’était pas aussi douée que sa mère pour positiver et voir les choses sous leur meilleur jour. C’était elle qui s’en chargeait habituellement. Néanmoins, malgré l’angoisse présente dans la voix de sa mère, ce qu’elle lui dit ensuite parvint à lui rendre un sourire. Elle prit dans sa main celle que sa mère lui présentait, faisant luir le métal de l’alliance dans les quelques rayons de soleil qui subsistaient encore. Elle se redressa lentement pour pouvoir observer son visage, sa main toujours accrochée à la sienne, comme si elle disparaîtrait elle aussi si elle venait à la lâcher. “Il t’offrait des cadeaux, déjà avant ton mariage ?” demanda-t-elle intriguée, étant née très peu de temps après leur mariage, le commentaire de sa mère sous-entendait certaines choses. Mais son coeur était bien plus à l’aise de se remémorer avec Lanna ces beaux souvenirs qu’ils avaient construits ensemble. Elle hocha finalement la tête, compréhensive, aux explications de sa mère. “Tu n’avais pas du ressentir ces émotions là depuis longtemps donc…” se hasarda-t-elle ensuite, serrant affectueusement ses doigts entre les siens. Elle offrit un sourire désolée à sa mère.
Elle baissa finalement le regard un instant, alors que sa mère l’encourageait à se montrer forte, à la hauteur des mots de leur maison. Mais ses yeux s’embuèrent. “J’essaie…” dit-elle d’une voix étranglée. Elle releva lentement son visage, faisant glisser sa capuche sur sa longue chevelure brune et dévoilant entièrement sa tête. “Mais c’est plus fort que moi, je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas m’empêcher de penser au pire.” Elle se mordit la lèvre alors que les larmes commençaient à couler sur ses joues rebondies. “Je ne veux pas le perdre.” ajouta-t-elle avant d’éclater en sanglots et de se précipiter dans les bras de sa mère. Ainsi, elle ne pouvait se contenir éternellement et ses angoisses avaient besoin de sortir d’une manière ou d’une autre. Elle regrettait que cela puisse nuire plus encore à l’état d’esprit de sa mère, mais elle lui semblait la seule à qui elle pouvait demander du réconfort. Elle ne pouvait décemment pas baisser ses armes de la sorte face à Lester ou Landor. Et il en allait très probablement de même pour Lanna.
Son inquiétude avait tout de même fini par transparaître, alors que la tête posée contre l’épaule de sa mère, elle l’avait questionné sur la position de Tylan à l’instant même où elles parlaient. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu’ils étaient partis. Winterfell était loin, mais tout le monde avait redoublé d’efforts pour y être au plus vite compte tenu de l’urgence de la situation. Comme sa mère, elle aurait espéré recevoir une lettre de Winterfell pour au moins leur dire qu’ils étaient bien arrivés, en savoir plus sur la situation là-bas, pour les rassurer sur ce qui les attendait. A nouveau elle grimaça, dissimulée derrière les fourrures de sa capuche. “Peut-être… peut-être que les nordiens n’ont plus de corbeaux, à force d’avoir appelé tout le monde à l’aide ?” Elle déglutit difficilement. Elle n’était pas aussi douée que sa mère pour positiver et voir les choses sous leur meilleur jour. C’était elle qui s’en chargeait habituellement. Néanmoins, malgré l’angoisse présente dans la voix de sa mère, ce qu’elle lui dit ensuite parvint à lui rendre un sourire. Elle prit dans sa main celle que sa mère lui présentait, faisant luir le métal de l’alliance dans les quelques rayons de soleil qui subsistaient encore. Elle se redressa lentement pour pouvoir observer son visage, sa main toujours accrochée à la sienne, comme si elle disparaîtrait elle aussi si elle venait à la lâcher. “Il t’offrait des cadeaux, déjà avant ton mariage ?” demanda-t-elle intriguée, étant née très peu de temps après leur mariage, le commentaire de sa mère sous-entendait certaines choses. Mais son coeur était bien plus à l’aise de se remémorer avec Lanna ces beaux souvenirs qu’ils avaient construits ensemble. Elle hocha finalement la tête, compréhensive, aux explications de sa mère. “Tu n’avais pas du ressentir ces émotions là depuis longtemps donc…” se hasarda-t-elle ensuite, serrant affectueusement ses doigts entre les siens. Elle offrit un sourire désolée à sa mère.
Elle baissa finalement le regard un instant, alors que sa mère l’encourageait à se montrer forte, à la hauteur des mots de leur maison. Mais ses yeux s’embuèrent. “J’essaie…” dit-elle d’une voix étranglée. Elle releva lentement son visage, faisant glisser sa capuche sur sa longue chevelure brune et dévoilant entièrement sa tête. “Mais c’est plus fort que moi, je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas m’empêcher de penser au pire.” Elle se mordit la lèvre alors que les larmes commençaient à couler sur ses joues rebondies. “Je ne veux pas le perdre.” ajouta-t-elle avant d’éclater en sanglots et de se précipiter dans les bras de sa mère. Ainsi, elle ne pouvait se contenir éternellement et ses angoisses avaient besoin de sortir d’une manière ou d’une autre. Elle regrettait que cela puisse nuire plus encore à l’état d’esprit de sa mère, mais elle lui semblait la seule à qui elle pouvait demander du réconfort. Elle ne pouvait décemment pas baisser ses armes de la sorte face à Lester ou Landor. Et il en allait très probablement de même pour Lanna.
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Lanna pouvait comprendre l’anxiété de Melara. Elle l’avait ressenti à des maintes reprises par le passé et encore aujourd’hui, elle avait encore cette sensation d’oppression sur la poitrine, cette boule dans la gorge et ce nœud à l’estomac. Mais les années l’avaient quelque peu endurci et l’arrivée de ses enfants dans sa vie lui avait appris à maintenir ses émotions en elle et à ne les laisser s’exprimer que lorsqu’elle se retrouve seule. Melara était encore jeune ; elle n’avait pas encore cette retenue que Lanna avait apprise avec les années mais elle ne lui en tint nullement rigueur. Au contraire, cela la fit tendrement sourire, d’autant plus en entendant Melara parler de Tylan :
Si tu commences à avoir froid, nous devrions rentrer. Il ne faudrait pas que père te retrouve malade à son retour.
Oui tu as raison, répondit-elle en ramassant le livre qu’elle était en train de lire avant l’arrivée de sa fille. Mais elle ne pouvait faire mine de se lever et de s’en retourner, ensemble, vers la douce chaleur des salons de Lestival sans avoir réussi à chasser, ne serait-ce que pour un court instant, les soucis et interrogations de sa fille. Alors, toujours assise, la tête de Melara délicatement posée contre son épaule, Lanna l’écouta et acquiesça doucement à l’hypothèse émise par sa première-née :
C’est bien possible oui. Imagines le monde qui doit s’y trouver. De grandes maisons comme de plus humbles. Ils ne peuvent se permettre, je pense, de prévenir les familles de tous ceux partis combattre…
En tout cas, c’est ce qu’elle pensait, ce qu’elle se disait lorsqu’elle commençait à trop douter ou à trop s’inquiéter de ne pas avoir de nouvelles du père de ses enfants. Mais cela, elle le garda pour elle. Melara était suffisamment inquiète comme cela ; elle n’allait pas encore l’exagérer en allant jusqu’au bout de sa pensée ou jusqu’à lui confier que c’était ce qu’elle se disait, pour se rassurer. Elle avait beau être une jeune femme, Lanna persistait à la voir encore comme une enfant que l’on doit protéger et tenir à l’écart des tracas liés au monde des adultes. Melara, comme Lester, étaient pourtant largement en âge d’entendre les inquiétudes de leur mère mais Lanna s’y refusait encore. Elle avait deviné, déjà avant leur actuelle conversation, que Melara était inquiète ; devait-elle encore lui rajouter les siennes ? Lester faisait de son mieux pour assurer les tâches que lui avaient confié son père à son départ ; devait-elle aussi lui rajouter ses soucis ? Et Landor…Le jeune garçon demandait souvent après son père. Il avait compris où il était, ce qu’il faisait et pourquoi il les avait quitté. Mais il n’avait pas besoin de voir sa mère tourmentée par le mauvais sang qu’elle se faisait pour son époux et le père de ses enfants. Sa mission à elle reposait en ces deux mots ; réconforter et encourager. Le partage de ses soucis n’y avait pas sa place.
Et heureusement, la mention des cadeaux que Tylan lui faisait dans leur prime jeunesse avait éveillé l’intérêt de Melara, suffisamment pour que Lanna sente l’anxiété la libérer un peu.
Il t’offrait des cadeaux, déjà avant ton mariage ?
Lanna sourit et posa sa main sur celle que Melara avait glissé dans son autre main : Oh oui ! répondit-elle avec légèreté. Un bijou, une étoffe, un châle…Il ne revenait jamais les mains vides. Je le soupçonne que c’était pour se faire pardonner ses absences et pour s’assurer que je n’aille pas voir un autre soupirant lorsqu’il n’était pas là !
Un rire chantant s’échappa de sa gorge : Ses cadeaux me faisaient toujours plaisir bien sûr ; quelle femme n’aime pas être comblée de présents ? Mais sa présence, son retour à mes côtés, restaient les meilleurs présents qu’il pouvait m’offrir, confia-t-elle, espérant alléger un peu le cœur et l’esprit de sa fille bien-aimée. Cela sembla fonctionner, Lanna le sentit à la façon dont ses doigts se refermèrent sur les siens et à ses épaules qui se détendirent un peu suite à cette confidence. Mais Melara eut ensuite un commentaire lourd de vérité, qui ébranla Lanna, ne s’y attendant pas du tout. Elle dut faire un gros effort pour cacher son malaise, inspirant profondément et détournant un instant les yeux de ceux de sa fille.
Non c’est vrai, souffla-t-elle en baissant le regard sur ses pieds. Je ne pensais pas le revivre un jour, ni si tôt après mon arrivée ici.
Son trouble s’estompa, aidé par le doux sourire désolé que lui avait offert sa fille et auquel Lanna répondit en passant sa main sur sa joue. Mais alors qu’elle avait réussi à surmonter cette faiblesse passagère, Melara fit s’effondrer la barrière qu’elle s’était intérieurement érigée pour contenir ses émotions. Cela commença lentement, mais Lanna le sentit venir ; l’émotion, les tremblements liés aux sanglots qu’on tente de retenir mais qui sont finalement si forts qu’ils vous secouent le corps. Et puis, il y eut les larmes et s’en fut trop pour elle. Lanna ne supportait pas de voir ses enfants pleurer. Infailliblement, elle sentait les larmes lui venir à son tour et cette fois-ci ne fit pas exception à la règle.
Oh ma chérie, non…fit-elle tout bas en l’attirant contre elle. La serrant fort dans ses bras, Lanna la berça doucement de droite à gauche, comme elle le faisait avec ses fils lorsqu’ils tombaient, s’éraflaient le genou et revenaient chez elle, en larmes. Là, le chagrin était d’une toute autre nature, mais il n’en restait pas moins lourd et fort. Lanna pleurait également en silence :
On envisage toujours le pire pour les gens qu’on aime, souffla-t-elle, contenant ses propres sanglots. Moi non plus je ne veux pas le perdre..Je ne veux pas le montrer par égard pour toi et tes frères. Je sais que vous vous inquiétez tous pour votre père ; à quoi vous servirait une mère morte d’inquiétude ? Mais tous les jours et tous les soirs, je prie pour que R’hllor, dans sa miséricorde, me le rende, à mes enfants et à moi. Je sais que ce n’est pas le Dieu que tu pries mais la prière…C’est ce qui m’aide à tenir, à avoir la force de me lever chaque jour et celle de me coucher, le soir, sans inonder de larmes l’oreiller de ton père ; la prière et la présence de mes enfants. C’est tout ce que nous pouvons faire, nous autres qui sommes restés derrière. Attendre et prier.
Puis elle brisa lentement leur étreinte et prit son visage entre ses mains, essuyant les traces de larmes de ses pouces :
Il reviendra…J’en ai chargé ses hommes…Je leur ai fait promettre de me le ramener, dit-elle, tâchant de donner à sa voix toute la force et l’optimisme dont elle était encore capable. Puis elle la serra à nouveau dans ses bras, ne la relâchant que lorsqu’elle sentit que ses sanglots commençaient à se calmer. Allons, viens, fit-elle en se levant, sa main gauche tenant la main droite de sa fille et, de sa main libre, Lanna ramassa son livre : Rentrons nous réchauffer.
Si tu commences à avoir froid, nous devrions rentrer. Il ne faudrait pas que père te retrouve malade à son retour.
Oui tu as raison, répondit-elle en ramassant le livre qu’elle était en train de lire avant l’arrivée de sa fille. Mais elle ne pouvait faire mine de se lever et de s’en retourner, ensemble, vers la douce chaleur des salons de Lestival sans avoir réussi à chasser, ne serait-ce que pour un court instant, les soucis et interrogations de sa fille. Alors, toujours assise, la tête de Melara délicatement posée contre son épaule, Lanna l’écouta et acquiesça doucement à l’hypothèse émise par sa première-née :
C’est bien possible oui. Imagines le monde qui doit s’y trouver. De grandes maisons comme de plus humbles. Ils ne peuvent se permettre, je pense, de prévenir les familles de tous ceux partis combattre…
En tout cas, c’est ce qu’elle pensait, ce qu’elle se disait lorsqu’elle commençait à trop douter ou à trop s’inquiéter de ne pas avoir de nouvelles du père de ses enfants. Mais cela, elle le garda pour elle. Melara était suffisamment inquiète comme cela ; elle n’allait pas encore l’exagérer en allant jusqu’au bout de sa pensée ou jusqu’à lui confier que c’était ce qu’elle se disait, pour se rassurer. Elle avait beau être une jeune femme, Lanna persistait à la voir encore comme une enfant que l’on doit protéger et tenir à l’écart des tracas liés au monde des adultes. Melara, comme Lester, étaient pourtant largement en âge d’entendre les inquiétudes de leur mère mais Lanna s’y refusait encore. Elle avait deviné, déjà avant leur actuelle conversation, que Melara était inquiète ; devait-elle encore lui rajouter les siennes ? Lester faisait de son mieux pour assurer les tâches que lui avaient confié son père à son départ ; devait-elle aussi lui rajouter ses soucis ? Et Landor…Le jeune garçon demandait souvent après son père. Il avait compris où il était, ce qu’il faisait et pourquoi il les avait quitté. Mais il n’avait pas besoin de voir sa mère tourmentée par le mauvais sang qu’elle se faisait pour son époux et le père de ses enfants. Sa mission à elle reposait en ces deux mots ; réconforter et encourager. Le partage de ses soucis n’y avait pas sa place.
Et heureusement, la mention des cadeaux que Tylan lui faisait dans leur prime jeunesse avait éveillé l’intérêt de Melara, suffisamment pour que Lanna sente l’anxiété la libérer un peu.
Il t’offrait des cadeaux, déjà avant ton mariage ?
Lanna sourit et posa sa main sur celle que Melara avait glissé dans son autre main : Oh oui ! répondit-elle avec légèreté. Un bijou, une étoffe, un châle…Il ne revenait jamais les mains vides. Je le soupçonne que c’était pour se faire pardonner ses absences et pour s’assurer que je n’aille pas voir un autre soupirant lorsqu’il n’était pas là !
Un rire chantant s’échappa de sa gorge : Ses cadeaux me faisaient toujours plaisir bien sûr ; quelle femme n’aime pas être comblée de présents ? Mais sa présence, son retour à mes côtés, restaient les meilleurs présents qu’il pouvait m’offrir, confia-t-elle, espérant alléger un peu le cœur et l’esprit de sa fille bien-aimée. Cela sembla fonctionner, Lanna le sentit à la façon dont ses doigts se refermèrent sur les siens et à ses épaules qui se détendirent un peu suite à cette confidence. Mais Melara eut ensuite un commentaire lourd de vérité, qui ébranla Lanna, ne s’y attendant pas du tout. Elle dut faire un gros effort pour cacher son malaise, inspirant profondément et détournant un instant les yeux de ceux de sa fille.
Non c’est vrai, souffla-t-elle en baissant le regard sur ses pieds. Je ne pensais pas le revivre un jour, ni si tôt après mon arrivée ici.
Son trouble s’estompa, aidé par le doux sourire désolé que lui avait offert sa fille et auquel Lanna répondit en passant sa main sur sa joue. Mais alors qu’elle avait réussi à surmonter cette faiblesse passagère, Melara fit s’effondrer la barrière qu’elle s’était intérieurement érigée pour contenir ses émotions. Cela commença lentement, mais Lanna le sentit venir ; l’émotion, les tremblements liés aux sanglots qu’on tente de retenir mais qui sont finalement si forts qu’ils vous secouent le corps. Et puis, il y eut les larmes et s’en fut trop pour elle. Lanna ne supportait pas de voir ses enfants pleurer. Infailliblement, elle sentait les larmes lui venir à son tour et cette fois-ci ne fit pas exception à la règle.
Oh ma chérie, non…fit-elle tout bas en l’attirant contre elle. La serrant fort dans ses bras, Lanna la berça doucement de droite à gauche, comme elle le faisait avec ses fils lorsqu’ils tombaient, s’éraflaient le genou et revenaient chez elle, en larmes. Là, le chagrin était d’une toute autre nature, mais il n’en restait pas moins lourd et fort. Lanna pleurait également en silence :
On envisage toujours le pire pour les gens qu’on aime, souffla-t-elle, contenant ses propres sanglots. Moi non plus je ne veux pas le perdre..Je ne veux pas le montrer par égard pour toi et tes frères. Je sais que vous vous inquiétez tous pour votre père ; à quoi vous servirait une mère morte d’inquiétude ? Mais tous les jours et tous les soirs, je prie pour que R’hllor, dans sa miséricorde, me le rende, à mes enfants et à moi. Je sais que ce n’est pas le Dieu que tu pries mais la prière…C’est ce qui m’aide à tenir, à avoir la force de me lever chaque jour et celle de me coucher, le soir, sans inonder de larmes l’oreiller de ton père ; la prière et la présence de mes enfants. C’est tout ce que nous pouvons faire, nous autres qui sommes restés derrière. Attendre et prier.
Puis elle brisa lentement leur étreinte et prit son visage entre ses mains, essuyant les traces de larmes de ses pouces :
Il reviendra…J’en ai chargé ses hommes…Je leur ai fait promettre de me le ramener, dit-elle, tâchant de donner à sa voix toute la force et l’optimisme dont elle était encore capable. Puis elle la serra à nouveau dans ses bras, ne la relâchant que lorsqu’elle sentit que ses sanglots commençaient à se calmer. Allons, viens, fit-elle en se levant, sa main gauche tenant la main droite de sa fille et, de sa main libre, Lanna ramassa son livre : Rentrons nous réchauffer.
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avec @Lanna Cole
« Lestival | 302, lune 12, semaine 2 »
L’espace de quelques secondes il lui avait semblé que le soleil s’était fait plus brillant et plus chaud sur sa peau également alors que sa mère évoquait avec un regard empli d’une douce nostalgie tous les gestes que Tylan avait eu à son égard avant même leur mariage, la prévenance dont il avait fait preuve. Elle n’avait que peu de souvenir de leur vie de couple, mais elle en avait toujours gardé cette image soudée et douce. Elle aimait entendre la voix de sa mère faire revivre ces souvenirs là. Ils avaient le don de lui faire oublier ses angoisses. Malheureusement, ils n’étaient que éphémères et la réalité retrouvait bien vite le moyen d’exister pleinement. Et à nouveau le soleil disparaissait derrière un nuage et sa peau aux reflets chauds se recouvrait d’une fine chaire de poule. Puis n’y tenant plus, Melara finit par fondre en larmes dans les bras de Lanna, avouant l’angoisse qui la prenait quotidiennement depuis plusieurs semaines à présent, ne pouvant plus la contenir. Elle savait que cela serait douloureux pour la noble myrienne, mais la Cole avait atteint là ses limites. Elle avait passé tant d’années à tout retenir constamment, à garder chacun de ses états d’âme pour elle, incapable de parler librement à quiconque, qu’elle n’avait pu se plier au même exercice avec sa mère enfin retrouvée, à propos de ce père qui lui avait tant manqué pendant quinze années auparavant. Non. Elle avait refusé d’ignorer cette peine une nouvelle fois. C’était devenir tout simplement impossible pour elle. À défaut de promettre l’impossible, la simple voix de Lanna, et ses gestes protecteurs pour son aînée, avaient une vertu apaisantes. Le trop plein de sanglots évacués, Melara retrouva lentement un peu de contenance et surtout un peu de raison. Elle était déjà soulagée d’avoir pu exprimer ses craintes. Mais sa mère avait raison, cela ne devait pas vouloir dire qu’elle baissait les bras pour autant, il fallait qu’elle se montre forte et ait confiance en les Sept à défaut de partager la foi exotique de Lanna. Lentement, mère et fille se relevèrent et quittèrent leur banc pour retrouver l’enceinte chaleureuse de Lestival. “Parle-moi un peu plus de ce temps où Père te courtisait.” demanda-t-elle finalement en essuyant ses larmes, retrouvant un discret sourire alors qu’elles s’apprêtaient à retrouver Landor et Lester, afin de ne pas les inquiéter.
Les jours suivants, le coeur de Melara se trouva un peu plus serein. Elle avait redoublé de prières, de son réveil à son coucher. Elle s’était concentrée presque hargneusement sur les leçons qu’elle donnait à Lester sur les Terres de l’Orage, mais avait toujours ménagé du temps pour retrouver sa mère et l’interroger sur l’époque de ses fiançailles. Elle aimait le sourire qui s’affichait sur les traits de Lanna lorsqu’elle en parlait et elle n’avait besoin que de peu d’imagination pour visualiser son père à leurs côtés. Ainsi elle parvenait à garder espoir, à croire qu’il franchirait la porte de Lestival pour rentrer, de la même façon qu’il l’avait passée pour s’en aller. Se tenant droit et fier. Peut-être une petite blessure que Lanna s’empresserait de soigner, qui le ferait pousser un léger grognement alors que ses trois enfants courraient dans ses bras pour l’accueillir. Oui. Alors que chaque matin Melara se précipitait dans la roukerie pour interroger le mestre sur les dernières nouvelles, malgré ses réponses négatives, elle se rattachait à la force que Lanna était parvenue à lui ré-insuffler.
À peine la demoiselle Cole avait-elle poussé la porte de la roukerie ce matin là, qu’elle sut immédiatement au visage du mestre que quelque chose n’allait pas. “Non !” cria-t-elle précipitamment alors qu’elle sentait sa gorge se serrer subitement. Elle tendit des doigts peu assurés en direction du minuscule bout de papier que l’homme de la Citadelle lui tendait, dardant sur lui un regard noir de défi. Elle batailla à dérouler le fin morceau de cuir qui ne cessait de vouloir s’enrouler sur lui même. Pourtant ses yeux percevaient déjà les mots clés tracés à l’encre avec une certaine hâte. Elle y voyait le nom de son père. Tylan. Et ce qu’il était advenu de lui durant cette fameuse bataille de Winterfell. Mort. Melara se figea sur place, alors qu’un tourbillon d’émotions venait de se lever en son âme. Il lui semblait soudainement porter le poids du monde sur ses épaules. Elle sentit ses jambes faiblir sous elle. “Je suis navré Lady Melara pour votre perte, je…” Mais les mots du mestre la firent tenir. “Non !” le coupa-t-elle brusquement en relevant le visage vers lui. Elle se moquait bien de ses condoléances, de sa gentillesse et de sa patience. Rien de cela ne changerait les mots du message qu’elle avait lu. L’espace de quelques secondes elle aurait pu se laisser aller à la peine, mais cette sympathie soudaine avait réveillée toute sa colère et son ressenti d’injustice habituel. La Cole bouillonnait, dans le déni, en cet instant elle était prête à mettre le Royaume des Sept Couronnes à feu et à sang, tel un Targaryen en son temps, même sans que cela signifie pouvoir ramener son père à elle, simplement pour que le monde goûte enfin à sa rage. “Je vous laisse accomplir votre tâche et annoncer la nouvelle.” dit-elle amèrement au mestre en se détournant de lui. Ses pas vigoureux à la limite de la course la menèrent tout droit aux écuries de Lestival. Il lui semblait revenir à Havrenoir, après une énième dispute avec Béric, lorsqu’elle partait sur Scarlet pour vider tout son saoul dans la nature. Un temps qui lui paraissait si doux et lointain à présent. Des disputes qui lui paraissaient futiles aujourd’hui. Et pourtant. En cet instant, elle les auraient échangé en un claquement de doigts, sans une deuxième pensée pour son choix. Puisqu’elle avait pu lire le nom de Béric Dondarrion aux côtés de celui de son père sur ce corbeau. Arrivée aux écuries, Melara n’eut aucun mot ou regard pour les gens qui y travaillaient. Un palefrenier tenta de l’aider, mais elle le congédia froidement et il sut mieux faire que d’insister. Et en quelques minutes, la Cole était sur Scarlet, avec la première cape qui lui était tombée sous la main, sans gants, et sans échauffement elle lança sa jument sur le sol recouvert de poudreuse.
Melara n’aurait su dire combien de temps elle était restée au dehors, poussant sa monture jusque dans ses retranchements. Mettant leurs deux vies en danger sur les terres enneigées de Lestival. Mais c’était la seule façon qu’elle connaissait pour elle d’extérioriser tout sa colère sans se mettre le reste du monde à dos. Il fallut attendre que Scarlet ne dérape et glisse, se rattrapant de justesse, non sans provoquer la chute de Melara, qui avait mal serré les sangles de sa selle et n’aurait probablement pas dû repousser le palefrenier, pour qu’enfin cette dernière ne semble prête à écouter sa tempête interne. La jeune femme resta agenouillée au sol, fixant ce revêtement immaculé. Puis soudainement, elle se mit à hurler. Scarlet sursauta et s’écarta légèrement, avant de trouver une branche avec quelques vieilles feuilles plus intéressantes que sa cavalière. Melara cria plusieurs fois, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de force et plus de voix à donner. Elle était tellement en colère, contre tout le monde, contre tout ceux qui pouvaient rentrer chez eux sains et saufs, contre tout ceux qui n’étaient pas allés se battre, contre les Sept qui avaient abandonné son père, contre son père qui avait préféré servir Rhaegar que sa famille, contre Rhaegar pour l’avoir laissé partir alors qu’il venait d’arriver. Mais surtout contre elle-même. Pourquoi avait-il fallu qu’elle ne fasse revenir sa famille maintenant ? Pourquoi n’avait-elle pas plus écouté Béric et son avis sur le climat politique ? Pourquoi avait-elle vu le tournoi de Lestival comme son unique chance de procéder à sa requête ? Pourquoi s’était-elle montrée si impatiente ? Jamais elle ne reverrait Tylan. Plus jamais elle ne pourrait sentir son regard se poser sur elle empli de fierté. Il n’y aurait plus de baisers sur sa tempe, plus de caresses affectueuses dans ses cheveux. Elle n’avait même pas eu une année complète pour graver éternellement le son de ses éclats de rire dans sa mémoire. Et elle avait le coeur brisé de savoir qu’elle ne pourrait pas plus se tourner vers Havrenoir pour y trouver du réconfort. Béric s’était éteint lui aussi. Les Sept venaient de la dépouiller des deux repères de sa vie. Parce que leurs rapports avaient beau être houleux, Melara n’en aimait pas moins Béric. Ce cousin qui avait été comme un frère pour elle durant ses premières années de vie et qui malgré son incapacité à exprimer son affection pour Melara n’avait eu de cesse de la protéger et d’assurer sa sécurité même à l’époque où Lord Parton était encore en vie. Elle payait le prix fort de ses caprices et de son impatience aujourd’hui. Et elle le faisait payer tout autant à sa mère ainsi qu’à ses deux frères qui n’avaient jamais rien demandé. Et c’est à cette pensée qu’elle se décida à remonter sur Scarlet pour rentrer à Lestival.
À son retour aux écuries, elle ignora les regards et les questions inquiètes sur sa robe souillée de boue et de neige ainsi que la petite coupure sur sa joue, à cause de sa chute. Ses doigts étaient devenus légèrement bleutés, glacés, mais elle s’en moquait aussi. La seule chose qu’elle voulait à présent, c’était retrouver l’étreinte réconfortante de sa mère. Être la pour elle et ses frères. Obtenir leur pardon. Elle confia les rênes de Scarlet au palefrenier, l’air penaude. “Pardon.” dit-elle les yeux baissés, d’une voix éraillée, avant de retrouver la chaleur de Lestival. Elle se dirigea directement vers le petit salon dans lequel sa famille aimait se réunir, espérant y trouver sa mère. Lorsqu’elle la vit enfin, ses jambes se remirent à trembler et le calme qu’elle avait trouvé précédemment sur la colline disparut soudainement pour laisser place au désespoir. Elle courut maladroitement jusqu’à elle pour la serrer dans ses bras, éclatant en sanglots. “Je suis désolée, je suis tellement désolée.”
* * *
Les jours suivants, le coeur de Melara se trouva un peu plus serein. Elle avait redoublé de prières, de son réveil à son coucher. Elle s’était concentrée presque hargneusement sur les leçons qu’elle donnait à Lester sur les Terres de l’Orage, mais avait toujours ménagé du temps pour retrouver sa mère et l’interroger sur l’époque de ses fiançailles. Elle aimait le sourire qui s’affichait sur les traits de Lanna lorsqu’elle en parlait et elle n’avait besoin que de peu d’imagination pour visualiser son père à leurs côtés. Ainsi elle parvenait à garder espoir, à croire qu’il franchirait la porte de Lestival pour rentrer, de la même façon qu’il l’avait passée pour s’en aller. Se tenant droit et fier. Peut-être une petite blessure que Lanna s’empresserait de soigner, qui le ferait pousser un léger grognement alors que ses trois enfants courraient dans ses bras pour l’accueillir. Oui. Alors que chaque matin Melara se précipitait dans la roukerie pour interroger le mestre sur les dernières nouvelles, malgré ses réponses négatives, elle se rattachait à la force que Lanna était parvenue à lui ré-insuffler.
* * *
À peine la demoiselle Cole avait-elle poussé la porte de la roukerie ce matin là, qu’elle sut immédiatement au visage du mestre que quelque chose n’allait pas. “Non !” cria-t-elle précipitamment alors qu’elle sentait sa gorge se serrer subitement. Elle tendit des doigts peu assurés en direction du minuscule bout de papier que l’homme de la Citadelle lui tendait, dardant sur lui un regard noir de défi. Elle batailla à dérouler le fin morceau de cuir qui ne cessait de vouloir s’enrouler sur lui même. Pourtant ses yeux percevaient déjà les mots clés tracés à l’encre avec une certaine hâte. Elle y voyait le nom de son père. Tylan. Et ce qu’il était advenu de lui durant cette fameuse bataille de Winterfell. Mort. Melara se figea sur place, alors qu’un tourbillon d’émotions venait de se lever en son âme. Il lui semblait soudainement porter le poids du monde sur ses épaules. Elle sentit ses jambes faiblir sous elle. “Je suis navré Lady Melara pour votre perte, je…” Mais les mots du mestre la firent tenir. “Non !” le coupa-t-elle brusquement en relevant le visage vers lui. Elle se moquait bien de ses condoléances, de sa gentillesse et de sa patience. Rien de cela ne changerait les mots du message qu’elle avait lu. L’espace de quelques secondes elle aurait pu se laisser aller à la peine, mais cette sympathie soudaine avait réveillée toute sa colère et son ressenti d’injustice habituel. La Cole bouillonnait, dans le déni, en cet instant elle était prête à mettre le Royaume des Sept Couronnes à feu et à sang, tel un Targaryen en son temps, même sans que cela signifie pouvoir ramener son père à elle, simplement pour que le monde goûte enfin à sa rage. “Je vous laisse accomplir votre tâche et annoncer la nouvelle.” dit-elle amèrement au mestre en se détournant de lui. Ses pas vigoureux à la limite de la course la menèrent tout droit aux écuries de Lestival. Il lui semblait revenir à Havrenoir, après une énième dispute avec Béric, lorsqu’elle partait sur Scarlet pour vider tout son saoul dans la nature. Un temps qui lui paraissait si doux et lointain à présent. Des disputes qui lui paraissaient futiles aujourd’hui. Et pourtant. En cet instant, elle les auraient échangé en un claquement de doigts, sans une deuxième pensée pour son choix. Puisqu’elle avait pu lire le nom de Béric Dondarrion aux côtés de celui de son père sur ce corbeau. Arrivée aux écuries, Melara n’eut aucun mot ou regard pour les gens qui y travaillaient. Un palefrenier tenta de l’aider, mais elle le congédia froidement et il sut mieux faire que d’insister. Et en quelques minutes, la Cole était sur Scarlet, avec la première cape qui lui était tombée sous la main, sans gants, et sans échauffement elle lança sa jument sur le sol recouvert de poudreuse.
Melara n’aurait su dire combien de temps elle était restée au dehors, poussant sa monture jusque dans ses retranchements. Mettant leurs deux vies en danger sur les terres enneigées de Lestival. Mais c’était la seule façon qu’elle connaissait pour elle d’extérioriser tout sa colère sans se mettre le reste du monde à dos. Il fallut attendre que Scarlet ne dérape et glisse, se rattrapant de justesse, non sans provoquer la chute de Melara, qui avait mal serré les sangles de sa selle et n’aurait probablement pas dû repousser le palefrenier, pour qu’enfin cette dernière ne semble prête à écouter sa tempête interne. La jeune femme resta agenouillée au sol, fixant ce revêtement immaculé. Puis soudainement, elle se mit à hurler. Scarlet sursauta et s’écarta légèrement, avant de trouver une branche avec quelques vieilles feuilles plus intéressantes que sa cavalière. Melara cria plusieurs fois, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de force et plus de voix à donner. Elle était tellement en colère, contre tout le monde, contre tout ceux qui pouvaient rentrer chez eux sains et saufs, contre tout ceux qui n’étaient pas allés se battre, contre les Sept qui avaient abandonné son père, contre son père qui avait préféré servir Rhaegar que sa famille, contre Rhaegar pour l’avoir laissé partir alors qu’il venait d’arriver. Mais surtout contre elle-même. Pourquoi avait-il fallu qu’elle ne fasse revenir sa famille maintenant ? Pourquoi n’avait-elle pas plus écouté Béric et son avis sur le climat politique ? Pourquoi avait-elle vu le tournoi de Lestival comme son unique chance de procéder à sa requête ? Pourquoi s’était-elle montrée si impatiente ? Jamais elle ne reverrait Tylan. Plus jamais elle ne pourrait sentir son regard se poser sur elle empli de fierté. Il n’y aurait plus de baisers sur sa tempe, plus de caresses affectueuses dans ses cheveux. Elle n’avait même pas eu une année complète pour graver éternellement le son de ses éclats de rire dans sa mémoire. Et elle avait le coeur brisé de savoir qu’elle ne pourrait pas plus se tourner vers Havrenoir pour y trouver du réconfort. Béric s’était éteint lui aussi. Les Sept venaient de la dépouiller des deux repères de sa vie. Parce que leurs rapports avaient beau être houleux, Melara n’en aimait pas moins Béric. Ce cousin qui avait été comme un frère pour elle durant ses premières années de vie et qui malgré son incapacité à exprimer son affection pour Melara n’avait eu de cesse de la protéger et d’assurer sa sécurité même à l’époque où Lord Parton était encore en vie. Elle payait le prix fort de ses caprices et de son impatience aujourd’hui. Et elle le faisait payer tout autant à sa mère ainsi qu’à ses deux frères qui n’avaient jamais rien demandé. Et c’est à cette pensée qu’elle se décida à remonter sur Scarlet pour rentrer à Lestival.
À son retour aux écuries, elle ignora les regards et les questions inquiètes sur sa robe souillée de boue et de neige ainsi que la petite coupure sur sa joue, à cause de sa chute. Ses doigts étaient devenus légèrement bleutés, glacés, mais elle s’en moquait aussi. La seule chose qu’elle voulait à présent, c’était retrouver l’étreinte réconfortante de sa mère. Être la pour elle et ses frères. Obtenir leur pardon. Elle confia les rênes de Scarlet au palefrenier, l’air penaude. “Pardon.” dit-elle les yeux baissés, d’une voix éraillée, avant de retrouver la chaleur de Lestival. Elle se dirigea directement vers le petit salon dans lequel sa famille aimait se réunir, espérant y trouver sa mère. Lorsqu’elle la vit enfin, ses jambes se remirent à trembler et le calme qu’elle avait trouvé précédemment sur la colline disparut soudainement pour laisser place au désespoir. Elle courut maladroitement jusqu’à elle pour la serrer dans ses bras, éclatant en sanglots. “Je suis désolée, je suis tellement désolée.”
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@Melara Cole & Lanna Cole
Lanna s’était réveillée en sursaut, tôt ce matin-là. Tremblante et moite de transpiration à cause de ce cauchemar affreux qu’elle venait juste de faire, son cœur battait à lui rompre la poitrine et tous ses sens étaient en éveil, comme si un grave danger l’épiait de l’un des recoins sombres de sa chambre. Se redressant dans son lit, la Myrienne tâcha de calmer sa respiration ; c’était tout ce qu’elle pouvait faire : ceci et attendre que les tremblements cessent et que son cœur retrouve un rythme normal. Lorsqu’elle se sentit mieux, elle se leva, passa un châle en laine - un cadeau de son époux - autour de ses épaules et alla vers la fenêtre la plus proche. Elle poussa les lourds rideaux et vit à quel point le ciel était encore sombre, l’obscurité recouvrant encore la quasi-totalité de Lestival, hormis les endroits où brûlait une torche ainsi que les brasiers sur les remparts et les tours de guet, où venaient se réchauffer les soldats de garde cette nuit. La nuit est sombre et pleine de terreur pensa-t-elle, la gorge soudain à nouveau nouée par l’angoisse du souvenir de son cauchemar. Afin d’en chasser les derniers souvenirs, Lanna raviva le feu de cheminée et se prosterna à genoux devant les flammes.
Elle répéta ces mots trois fois supplémentaires avant de retourner s’allonger, quelque peu rassurée par la vivacité retrouvée des flammes de l’âtre de la cheminée et par la couleur du ciel qui, lentement, heure après heure qu’elle passa éveillée, passa du noir au gris. Lorsque l’aube avait définitivement mis un terme à cette horrible nuit qu’avait passé Lanna, elle se leva, fit sa toilette et fut ensuite rejointe par sa femme de chambre, Myrienne elle aussi ; Serala. Comme toujours, les deux femmes aimaient discuter de tout et dans leur langue maternelle. Cela faisait du bien aussi à Lanna d’entendre à nouveau quelqu’un parler dans le dialecte de Myr et ce matin, elle en avait particulièrement besoin :
J’ai fait un horrible cauchemar cette nuit, s’est-elle confiée à Serala tandis que celle-ci lui nouait les cheveux à la mode des femmes de noble naissance de Myr. J’ai rêvé que j’errais sans but aucun dans ce château. J’étais seule ; j’appelais mes enfants, mon époux, Malthar, je t’appelais toi aussi mais personne ne me répondait..jusqu’à ce que j’ouvre une porte et trouve Tylan. Mais ce n’était pas vraiment lui. Il avait des yeux bleus glaçants et son visage était… Elle s’arrêta et frissonna en se rappelant l’image que lui avait montré son cauchemar : Méconnaissable. Il avait alors plaqué ses mains autour de mon cou, voulant m’étrangler et…je me suis réveillée.
La nuit est sombre et pleine de terreur, lui répondit Serala. Ce n’était qu’un cauchemar ma Dame.
Je n’ai plus aucune nouvelle de mon époux depuis qu’il est parti pour le Nord affronté ces…choses, rétorqua Lanna avant de se tourner vers Serala en lui prenant les mains, implorante : Dis-moi que ce n’était rien d’autre qu’un tour de mon esprit. J’ai si peur. Je n’ai jamais été aussi longtemps sans nouvelles de lui…
Vous ne devriez pas vous inquiétez, répondit la servante sur un ton qui se voulait rassurant. On dit que la guerre est fini, oui ? Lord Tylan trouvera sûrement maintenant plus de temps pour vous écrire. Elle accompagna ses mots d’un sourire chaleureux, destiné à redonner confiance à sa maîtresse. Lanna finit par hocher la tête, déglutissant cependant avec peine :
Tu as raison…Oui, tu as raison. Il écrira.
Un jour plus tard...Combien de temps était-elle restée assise sur ce fauteuil, elle n’aurait su le dire. C’était là que le mestre l’avait aidé à s’installer, après qu’elle ait défailli en lisant la missive arrivée ce matin qu’il venait de lui apporter. En lisant le sort de son époux, elle avait senti ses jambes l’abandonner et sa vue se brouiller. Heureusement, le mestre avait eu le réflexe de la rattraper avant que sa tête ne touche le sol et l’avait installé dans ce même fauteuil tout en lui parlant. Elle voyait qu’il lui parlait ; ses lèvres bougeaient mais curieusement, le son de sa voix ne parvenait pas distinctement à ses oreilles. Elle le regardait, hagarde, choquée, perdue, ses yeux suivant le parchemin que le mestre ramassa et posa sur la petite table à côté d’elle.
Ma Dame ? Lady Lanna ? l’appelait-il doucement, une main posée sur les siennes, tremblantes. Ses yeux quittèrent le parchemin pour contempler l’homme en face d’elle. Que puis-je faire ? la questionna-t-il. Lui aussi ne savait plus que faire devant tant de détresse.
Il…commença-t-elle, sa bouche sèche peinant à articuler les rares mots qui lui venaient à l’esprit. Mes enfants…leur père…sa dépouille.
Les Nordiens vont probablement la brûler ma Dame, tenta d’expliquer le Mestre. Avec ce qu’il s’est passé, nous ne pourrons pas l’enterrer selon le rituel des Sept. Il resta encore de longues minutes à ses côtés, silencieux, observant par intermittence cette femme qui voyait tout son monde s’écrouler à cause de quelques mots couchés sur le parchemin à ses côtés. Puis elle le vit se lever, dire de lui faire apporter quelque chose de chaud et d’apaisant à boire et qu’il reviendrait plus tard prendre de ses nouvelles, ce à quoi Lanna ne répondit rien, les yeux rivés sur le sol, le souffle court. Trop bouleversée pour pleurer, sa première pensée alla à ses enfants. Elle avait vu les garçons partir à cheval elle ne savait où, accompagnés par deux gardes montés. Quant à Melara, elle avait disparu peu de temps après le petit-déjeuner. S’appuyant sur les accoudoirs du fauteuil, elle voulut se lever pour partir à la recherche de ses trois enfants ou au moins donner l’ordre qu’on les retrouve au plus vite, mais ses forces l’abandonnèrent à nouveau et, se sentant proche de l’évanouissement, elle préféra se rassoir. Parfois, elle entendait des pas approcher du petit salon où elle se trouvait mais personne n’y entrait. Ce n’était que des gardes ou des serviteurs bien trop affairés pour voir sa présence, silhouette soudain chétive, inerte et recroquevillée dans un fauteuil. Mais soudain, une démarche qu’elle connaissait bien se démarqua des autres. Melara était revenue. En croisant son regard, Lanna vit de suite qu’elle devait être allée en promenade, probablement avec sa jument vu son état mais surtout, dès qu’elle la vit, ses yeux s’emplirent soudain de larmes aussi vives qu’un torrent après un orage d’été. La vision de sa fille lui donna enfin la force de se lever et de tenir plus ou moins sur ses jambes pour réduire la distance qui les séparait et la serrer dans ses bras.
Je suis désolée, je suis tellement désolée, l’entendit-elle s’excuser entre de lourds sanglots.
Incapable de contenir ses propres larmes et son chagrin, Lanna resserra davantage son étreinte autour du corps de Melara. Toutes les deux étaient secouées par les sanglots mais il fallait qu’ils sortent. Aussi Lanna resta muette, attendant que le plus gros de ce si terrible chagrin ne s’évapore pour lui donner quelques instants de répit avant la prochaine attaque de larmes. Lorsqu’elle les sentit s’estomper progressivement, elle desserra son étreinte et contempla le visage de sa fille qui portait une trace de sa sortie, apparemment mouvementée :
Ta joue est entaillée, commenta-t-elle en passant son pouce sur la marque encore rouge, ne sachant que dire d’autre. Viens, fit-elle en l’entraînant vers le petit canapé face au feu de cheminée. Lanna s’y assit, tenant les mains de sa fille dans les siennes :
Je ne sais pas quoi faire, avoua-t-elle, impuissante face à la situation. Je suis perdue. Qu’allons-nous devenir ? Et je n’ai…
Elle ferma les yeux et baissa la tête, les lèvres tremblantes : Je n’ai encore rien dit aux garçons…Mon Dieu, Lester…Tout va reposer sur lui désormais. Et sur toi, rajouta-t-elle en relevant la tête pour croiser le regard de Melara. Ton mariage…
Le Seigneur de Lumière a créé le soleil et les étoiles pour éclairer notre chemin.
Et nous a donné le feu pour tenir la nuit en respect
Nul ne peut soutenir ses flammes.
Oh, Maître de la Lumière, je t’implore, jette ton œil ardent sur nous, sur mes enfants, sur mon époux et garde-nous tous saufs et chauds, car la nuit est sombre et pleine de terreurs.
Et nous a donné le feu pour tenir la nuit en respect
Nul ne peut soutenir ses flammes.
Oh, Maître de la Lumière, je t’implore, jette ton œil ardent sur nous, sur mes enfants, sur mon époux et garde-nous tous saufs et chauds, car la nuit est sombre et pleine de terreurs.
Elle répéta ces mots trois fois supplémentaires avant de retourner s’allonger, quelque peu rassurée par la vivacité retrouvée des flammes de l’âtre de la cheminée et par la couleur du ciel qui, lentement, heure après heure qu’elle passa éveillée, passa du noir au gris. Lorsque l’aube avait définitivement mis un terme à cette horrible nuit qu’avait passé Lanna, elle se leva, fit sa toilette et fut ensuite rejointe par sa femme de chambre, Myrienne elle aussi ; Serala. Comme toujours, les deux femmes aimaient discuter de tout et dans leur langue maternelle. Cela faisait du bien aussi à Lanna d’entendre à nouveau quelqu’un parler dans le dialecte de Myr et ce matin, elle en avait particulièrement besoin :
J’ai fait un horrible cauchemar cette nuit, s’est-elle confiée à Serala tandis que celle-ci lui nouait les cheveux à la mode des femmes de noble naissance de Myr. J’ai rêvé que j’errais sans but aucun dans ce château. J’étais seule ; j’appelais mes enfants, mon époux, Malthar, je t’appelais toi aussi mais personne ne me répondait..jusqu’à ce que j’ouvre une porte et trouve Tylan. Mais ce n’était pas vraiment lui. Il avait des yeux bleus glaçants et son visage était… Elle s’arrêta et frissonna en se rappelant l’image que lui avait montré son cauchemar : Méconnaissable. Il avait alors plaqué ses mains autour de mon cou, voulant m’étrangler et…je me suis réveillée.
La nuit est sombre et pleine de terreur, lui répondit Serala. Ce n’était qu’un cauchemar ma Dame.
Je n’ai plus aucune nouvelle de mon époux depuis qu’il est parti pour le Nord affronté ces…choses, rétorqua Lanna avant de se tourner vers Serala en lui prenant les mains, implorante : Dis-moi que ce n’était rien d’autre qu’un tour de mon esprit. J’ai si peur. Je n’ai jamais été aussi longtemps sans nouvelles de lui…
Vous ne devriez pas vous inquiétez, répondit la servante sur un ton qui se voulait rassurant. On dit que la guerre est fini, oui ? Lord Tylan trouvera sûrement maintenant plus de temps pour vous écrire. Elle accompagna ses mots d’un sourire chaleureux, destiné à redonner confiance à sa maîtresse. Lanna finit par hocher la tête, déglutissant cependant avec peine :
Tu as raison…Oui, tu as raison. Il écrira.
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Un jour plus tard...Combien de temps était-elle restée assise sur ce fauteuil, elle n’aurait su le dire. C’était là que le mestre l’avait aidé à s’installer, après qu’elle ait défailli en lisant la missive arrivée ce matin qu’il venait de lui apporter. En lisant le sort de son époux, elle avait senti ses jambes l’abandonner et sa vue se brouiller. Heureusement, le mestre avait eu le réflexe de la rattraper avant que sa tête ne touche le sol et l’avait installé dans ce même fauteuil tout en lui parlant. Elle voyait qu’il lui parlait ; ses lèvres bougeaient mais curieusement, le son de sa voix ne parvenait pas distinctement à ses oreilles. Elle le regardait, hagarde, choquée, perdue, ses yeux suivant le parchemin que le mestre ramassa et posa sur la petite table à côté d’elle.
Ma Dame ? Lady Lanna ? l’appelait-il doucement, une main posée sur les siennes, tremblantes. Ses yeux quittèrent le parchemin pour contempler l’homme en face d’elle. Que puis-je faire ? la questionna-t-il. Lui aussi ne savait plus que faire devant tant de détresse.
Il…commença-t-elle, sa bouche sèche peinant à articuler les rares mots qui lui venaient à l’esprit. Mes enfants…leur père…sa dépouille.
Les Nordiens vont probablement la brûler ma Dame, tenta d’expliquer le Mestre. Avec ce qu’il s’est passé, nous ne pourrons pas l’enterrer selon le rituel des Sept. Il resta encore de longues minutes à ses côtés, silencieux, observant par intermittence cette femme qui voyait tout son monde s’écrouler à cause de quelques mots couchés sur le parchemin à ses côtés. Puis elle le vit se lever, dire de lui faire apporter quelque chose de chaud et d’apaisant à boire et qu’il reviendrait plus tard prendre de ses nouvelles, ce à quoi Lanna ne répondit rien, les yeux rivés sur le sol, le souffle court. Trop bouleversée pour pleurer, sa première pensée alla à ses enfants. Elle avait vu les garçons partir à cheval elle ne savait où, accompagnés par deux gardes montés. Quant à Melara, elle avait disparu peu de temps après le petit-déjeuner. S’appuyant sur les accoudoirs du fauteuil, elle voulut se lever pour partir à la recherche de ses trois enfants ou au moins donner l’ordre qu’on les retrouve au plus vite, mais ses forces l’abandonnèrent à nouveau et, se sentant proche de l’évanouissement, elle préféra se rassoir. Parfois, elle entendait des pas approcher du petit salon où elle se trouvait mais personne n’y entrait. Ce n’était que des gardes ou des serviteurs bien trop affairés pour voir sa présence, silhouette soudain chétive, inerte et recroquevillée dans un fauteuil. Mais soudain, une démarche qu’elle connaissait bien se démarqua des autres. Melara était revenue. En croisant son regard, Lanna vit de suite qu’elle devait être allée en promenade, probablement avec sa jument vu son état mais surtout, dès qu’elle la vit, ses yeux s’emplirent soudain de larmes aussi vives qu’un torrent après un orage d’été. La vision de sa fille lui donna enfin la force de se lever et de tenir plus ou moins sur ses jambes pour réduire la distance qui les séparait et la serrer dans ses bras.
Je suis désolée, je suis tellement désolée, l’entendit-elle s’excuser entre de lourds sanglots.
Incapable de contenir ses propres larmes et son chagrin, Lanna resserra davantage son étreinte autour du corps de Melara. Toutes les deux étaient secouées par les sanglots mais il fallait qu’ils sortent. Aussi Lanna resta muette, attendant que le plus gros de ce si terrible chagrin ne s’évapore pour lui donner quelques instants de répit avant la prochaine attaque de larmes. Lorsqu’elle les sentit s’estomper progressivement, elle desserra son étreinte et contempla le visage de sa fille qui portait une trace de sa sortie, apparemment mouvementée :
Ta joue est entaillée, commenta-t-elle en passant son pouce sur la marque encore rouge, ne sachant que dire d’autre. Viens, fit-elle en l’entraînant vers le petit canapé face au feu de cheminée. Lanna s’y assit, tenant les mains de sa fille dans les siennes :
Je ne sais pas quoi faire, avoua-t-elle, impuissante face à la situation. Je suis perdue. Qu’allons-nous devenir ? Et je n’ai…
Elle ferma les yeux et baissa la tête, les lèvres tremblantes : Je n’ai encore rien dit aux garçons…Mon Dieu, Lester…Tout va reposer sur lui désormais. Et sur toi, rajouta-t-elle en relevant la tête pour croiser le regard de Melara. Ton mariage…
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avec @Lanna Cole
« Lestival | 302, lune 12, semaine 2 »
Melara était bien loin de son rang habituel, oubliant sa vingtaine d’années, elle ressemblait à une enfant, esseulée, sanglotante, la poitrine douloureuse à cause de l’émotion. Elle s'agrippait à sa mère comme si seule cette position était capable de soulager sa peine. Cette mère protectrice qui l’avait réconfortée à chacun de ses cauchemars, chacune de ses déceptions. Mais ce qu’elle ressentait aujourd’hui n’avait pas son pareil. La jolie Cole avait été initiée au deuil très tôt, puisqu’elle avait dû le faire de sa vie en Essos dès son arrivée à Havrenoir, mais l’espoir de renouer avec cette vie avait rendu les choses moins douloureuses. Puis il y avait eu la mort d'Ilyana, la perte d’un soutien sans faille au quotidien, mais Melara n’avait pu s’empêcher de trouver une pointe de bonheur à la savoir enfin réunie avec son époux et sa véritable fille. Et il était clair que le désespoir de Lanna n’avait pas son pareil, puisqu’elle toujours si sereine et rassurante se laissa aller de la même manière que sa fille. La dignité qu’on attendait de leur position n’avait plus la moindre importance, pas même pour la fille. Elle venait de perdre son héros et son modèle lorsque sa mère venait de perdre l’amour de sa vie, sa moitié, son partenaire pour traverser cette vie. Et il lui semblait en cet instant que rien ne pourrait jamais faire taire cette peine, ni l’absorber, ni la faire disparaître. C’est elle qui l'engloutirait toute entière. Si sa culpabilité ne la rongeait pas avant.
Pourtant, même aussi grosses et sincères, les larmes finissent toujours par se tarir. Et Lanna profita d’un instant de calme pour se défaire de l’étreinte et observer sa fille. Elle ne put retenir un sifflement surpris et un mouvement de recul lorsque sa mère effleura sa blessure sur sa joue. Ses propres doigts encore gelés vinrent tapoter la zone avec précaution. “Scarlet a glissé… ça n’est rien…” tenta-t-elle de la rassurer. Sa joue picotait, peut-être garderait-elle même une légère marque pendant plusieurs lunes, mais cela ne l’intéressait guère sur l’instant. Toutefois, elle n’eut pas la force de résister à sa mère et se laissa guider jusqu’au fauteuil. Là, Lanna lui pris les mains et toutes ses angoisses furent lâchées dans l’air. Melara se mordit les lèvres, alors que ses yeux se gorgeaient de larmes à nouveau. Elle lui ôtait les mots de la bouche. “Je ne sais pas…” dit-elle en secouant le visage, la voix tremblante, inassurée. “Je suis désolée mère, c’est de ma faute. Si je n’avais pas insisté pour votre retour, il…” et les mots moururent dans sa gorge. Quelques larmes coulèrent à nouveau sur ses joues, le sel de celles-ci piquant insidieusement sa coupure. Elle se pencha en avant, posant son front contre celui de sa mère qui avait baissé le visage, “Peut-être… Peut-être serait-il plus raisonnable de retourner à Myr ?” Ce fut à son tour de prendre un peu de recul pour observer sa mère, bien que ses mains soient toujours fermement accrochées aux siennes. Peut-être leur vie seraient-elles plus douces à Myr. Peut-être étaient-ils condamnés s’ils restaient ici. Peut-être s’étaient-ils fourvoyés sur leur chance de réussir une telle entreprise. Melara n’avait jamais autant douté et fait preuve d’aussi peu de force de caractère. Mais sans Tylan, l’idée lui semblait vaine et inutile à présent.
Un raclement de gorge leur fit lever la tête précipitamment. Melara se libéra une main pour s’essuyer rapidement les yeux et les joues, tentant de se donner une constance… vainement. “Mes dames, navré de vous interrompre mais… les garçons viennent de rentrer, ils ne tarderont pas à vous rejoindre… je me suis dis que vous aimeriez le savoir avant.” Le jeune homme s’inclina respectueusement. “Merci.” parvint à prononcer Melara d’une voix éraillée. Puis il disparut aussi silencieusement qu’il était apparu. Et le regard d’Onyx de Melara plongea dans celui de sa mère. Elle ne voulait pas se montrer aussi émotive face à ses petits frères, mais où puiser une telle force ?
Pourtant, même aussi grosses et sincères, les larmes finissent toujours par se tarir. Et Lanna profita d’un instant de calme pour se défaire de l’étreinte et observer sa fille. Elle ne put retenir un sifflement surpris et un mouvement de recul lorsque sa mère effleura sa blessure sur sa joue. Ses propres doigts encore gelés vinrent tapoter la zone avec précaution. “Scarlet a glissé… ça n’est rien…” tenta-t-elle de la rassurer. Sa joue picotait, peut-être garderait-elle même une légère marque pendant plusieurs lunes, mais cela ne l’intéressait guère sur l’instant. Toutefois, elle n’eut pas la force de résister à sa mère et se laissa guider jusqu’au fauteuil. Là, Lanna lui pris les mains et toutes ses angoisses furent lâchées dans l’air. Melara se mordit les lèvres, alors que ses yeux se gorgeaient de larmes à nouveau. Elle lui ôtait les mots de la bouche. “Je ne sais pas…” dit-elle en secouant le visage, la voix tremblante, inassurée. “Je suis désolée mère, c’est de ma faute. Si je n’avais pas insisté pour votre retour, il…” et les mots moururent dans sa gorge. Quelques larmes coulèrent à nouveau sur ses joues, le sel de celles-ci piquant insidieusement sa coupure. Elle se pencha en avant, posant son front contre celui de sa mère qui avait baissé le visage, “Peut-être… Peut-être serait-il plus raisonnable de retourner à Myr ?” Ce fut à son tour de prendre un peu de recul pour observer sa mère, bien que ses mains soient toujours fermement accrochées aux siennes. Peut-être leur vie seraient-elles plus douces à Myr. Peut-être étaient-ils condamnés s’ils restaient ici. Peut-être s’étaient-ils fourvoyés sur leur chance de réussir une telle entreprise. Melara n’avait jamais autant douté et fait preuve d’aussi peu de force de caractère. Mais sans Tylan, l’idée lui semblait vaine et inutile à présent.
Un raclement de gorge leur fit lever la tête précipitamment. Melara se libéra une main pour s’essuyer rapidement les yeux et les joues, tentant de se donner une constance… vainement. “Mes dames, navré de vous interrompre mais… les garçons viennent de rentrer, ils ne tarderont pas à vous rejoindre… je me suis dis que vous aimeriez le savoir avant.” Le jeune homme s’inclina respectueusement. “Merci.” parvint à prononcer Melara d’une voix éraillée. Puis il disparut aussi silencieusement qu’il était apparu. Et le regard d’Onyx de Melara plongea dans celui de sa mère. Elle ne voulait pas se montrer aussi émotive face à ses petits frères, mais où puiser une telle force ?
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@Melara Cole & Lanna Cole
Lanna savait ce qui allait se passer maintenant. Avec le temps, lentement mais sûrement, elle finirait par oublier certaines choses qui faisaient partie intégrante de son époux. La façon dont son rire pouvait être éclatant et parfois même contagieux ! La manière qu’il avait de marcher tout en ayant l’esprit en proie à d’intenses réflexions, ses mains derrière son dos, sa tête légèrement penchée en avant et une petite ride qui s’accentuait entre ses yeux. Le frisson qu’elle ressentait toujours lorsqu’il la touchait ou sa façon qu’il avait parfois de la regarder, comme si c’était la première fois qu’il la voyait vraiment. Un jour même, Lanna, presque gênée après pourtant des années de vie commune, lui demanda comment il arrivait encore à la regarder avec une telle intensité :
Parce que je t’aime, lui avait-il tout simplement répondu et cela l’avait fait rougir de plaisir telle une adolescente qui connait ses premiers émois amoureux.
Et puis, il y avait sa voix, tonnante lorsqu’il s’énervait et si douce avec ses gens, avec elle ou avec ses enfants. Pédagogue, il faisait un fantastique précepteur et modèle pour ses fils ainsi qu’un père comme toutes les filles rêvent d’en avoir pour sa fille. Car malgré leur longue séparation, Lanna avait vu qu’elle n’avait pas été la seule à souffrir du départ de Melara, alors enfant, pour Westeros. Tylan aussi souffrait et elle mit plusieurs Lunes à s’en apercevoir, lui faisant entretemps vivre des jours où elle se montrait particulièrement froide et distante, ne pouvant supporter la vue ou la présence de cet homme qui lui avait retiré sa fille sans mot dire pour assouvir un projet encore bien abstrait à l’époque. Bientôt, il ne lui resterait plus que les souvenirs à partager avec nostalgie avec ses enfants et ses amis en sentant les larmes lui venir aux yeux et sa gorge se nouer. Lanna espérait qu’un jour, la douleur et le chagrin causés par cette perte leur permettrait à tous de se souvenir de sa mémoire de façon plus légère, en partageant des souvenirs plus drôles de cet homme qui avait tout fait et tout sacrifié pour laver enfin le nom de sa famille après autant d’années d’exils.
Mais ce jour ne viendrait pas avant longtemps, Lanna le savait. Elle avait eu la chance de n’avoir encore jamais perdu quiconque dans sa vie. Même ses parents restés à Myr étaient encore vivants. Ils étaient âgés, certes, mais jouissaient d’une bonne santé et de tout ce dont on pouvait avoir besoin pour vivre nos dernières années parmi les vivants. En pensant à ses parents, Lanna se mordit la lèvre inférieure car elle allait devoir les informer, eux aussi, qu’elle était désormais veuve. Mais d’abord, même si Melara lui assurait que sa blessure n’avait rien de grave, Lanna secoua la tête :
Montre-la quand même au Mestre, tu veux bien ? Pas qu’elle ne s’infecte…
Puis elles s’étaient assises, Lanna entraînant sa fille qui, elle aussi, était perdue maintenant concernant leur avenir. C’était bien normal. Après un choc pareil, comment peut-on seulement préserver sa logique et sa faculté de penser lorsqu’on perd un tel pilier dans une vie ? Mais lorsque Melara s’accusa presque d’être la fautive dans ce décès, lançant même l’idée de retourner à Myr, Lanna releva les yeux sur sa fille et ses doigts se serrèrent davantage autour des mains de Melara :
Je ne veux plus jamais t’entendre tenir de pareils propos à ton sujet, tu m’entends ? fit-elle entre ses dents serrées, ses yeux se remplissant à nouveau de larmes, non pas de tristesse pour elle mais de voir que sa fille s’infligeait pareille torture là où il n’y avait aucune raison que ce soit le cas : Ton père est mort à la guerre. Il en était conscient en nous quittant que, peut-être, il ne reviendrait jamais mais en homme d’honneur et de courage, il a su aller au-delà de son envie de rester avec nous et a fait honneur à son devoir en tant qu’homme et en tant que Seigneur, Melara. Mais… Lanna dû s’interrompre pour respirer plus calmement et chasser ces larmes qui menaçaient à nouveau de la faire s’écrouler devant sa fille qui avait besoin qu’elle se montre forte pour elle : Tu n’es en aucun cas responsable de son décès. Tu as fait honneur, toi aussi, à ton devoir ici. Sans toi et sans tout le travail de ton père, nous serions tous encore en Essos, séparés de toi. Ce n’est pas l’idée qu’on m’a donné d’une famille. Une famille doit restée unie, dans la joie comme dans le chagrin. Et puis, retourner à Myr…Même si tes grands-parents y vivent, ce serait comme si ton sacrifice n’avait servi à rien ni les travaux de ton père. Non ma chérie, notre place est ici. Nous salirions sa mémoire en rentrant en Essos. Nous devons lui rendre hommage et nous le ferons, tous les jours, aussi dur cela sera-t-il pour nous tous, en restant ici et en pérennisant le nom des Cole. Moi toute seule je n’y arriverais pas mais avec toi et tes frères, je pense en être capable.
Lanna parvint à offrir un sourire humide à sa fille avant de l’attirer contre elle, lui embrassant le front et les cheveux et lui murmurant des paroles réconfortantes lorsqu’un raclement de gorge les alerta qu’elles n’étaient plus seules. Melara leva la tête et Lanna lui rendit une de ses mains pour qu’elle puisse s’essuyer un peu ses joues. Apparemment, Lester et Landor étaient revenus de leur sortie, ce qui signifiait qu’il fallait à présent redoubler de force et de courage pour les informer qu’ils n’avaient plus de père et que Lester devenait le nouveau Lord de la maison Cole. Melara le remercia avant de tourner à nouveau son regard vers sa mère. Elles pensaient la même chose ; comment annoncer une pareille nouvelle sans s’effondrer ?
Te sens-tu la force de le leur dire avec moi ? demanda-t-elle en prenant appui sur ses jambes pour se lever. Elle n’en avait plus beaucoup, de force. Mais peut-être que si Melara et Lanna faisaient face ensemble, elles parviendraient à traverser cette épreuve qui avait tout de l’insurmontable en cet instant.
Parce que je t’aime, lui avait-il tout simplement répondu et cela l’avait fait rougir de plaisir telle une adolescente qui connait ses premiers émois amoureux.
Et puis, il y avait sa voix, tonnante lorsqu’il s’énervait et si douce avec ses gens, avec elle ou avec ses enfants. Pédagogue, il faisait un fantastique précepteur et modèle pour ses fils ainsi qu’un père comme toutes les filles rêvent d’en avoir pour sa fille. Car malgré leur longue séparation, Lanna avait vu qu’elle n’avait pas été la seule à souffrir du départ de Melara, alors enfant, pour Westeros. Tylan aussi souffrait et elle mit plusieurs Lunes à s’en apercevoir, lui faisant entretemps vivre des jours où elle se montrait particulièrement froide et distante, ne pouvant supporter la vue ou la présence de cet homme qui lui avait retiré sa fille sans mot dire pour assouvir un projet encore bien abstrait à l’époque. Bientôt, il ne lui resterait plus que les souvenirs à partager avec nostalgie avec ses enfants et ses amis en sentant les larmes lui venir aux yeux et sa gorge se nouer. Lanna espérait qu’un jour, la douleur et le chagrin causés par cette perte leur permettrait à tous de se souvenir de sa mémoire de façon plus légère, en partageant des souvenirs plus drôles de cet homme qui avait tout fait et tout sacrifié pour laver enfin le nom de sa famille après autant d’années d’exils.
Mais ce jour ne viendrait pas avant longtemps, Lanna le savait. Elle avait eu la chance de n’avoir encore jamais perdu quiconque dans sa vie. Même ses parents restés à Myr étaient encore vivants. Ils étaient âgés, certes, mais jouissaient d’une bonne santé et de tout ce dont on pouvait avoir besoin pour vivre nos dernières années parmi les vivants. En pensant à ses parents, Lanna se mordit la lèvre inférieure car elle allait devoir les informer, eux aussi, qu’elle était désormais veuve. Mais d’abord, même si Melara lui assurait que sa blessure n’avait rien de grave, Lanna secoua la tête :
Montre-la quand même au Mestre, tu veux bien ? Pas qu’elle ne s’infecte…
Puis elles s’étaient assises, Lanna entraînant sa fille qui, elle aussi, était perdue maintenant concernant leur avenir. C’était bien normal. Après un choc pareil, comment peut-on seulement préserver sa logique et sa faculté de penser lorsqu’on perd un tel pilier dans une vie ? Mais lorsque Melara s’accusa presque d’être la fautive dans ce décès, lançant même l’idée de retourner à Myr, Lanna releva les yeux sur sa fille et ses doigts se serrèrent davantage autour des mains de Melara :
Je ne veux plus jamais t’entendre tenir de pareils propos à ton sujet, tu m’entends ? fit-elle entre ses dents serrées, ses yeux se remplissant à nouveau de larmes, non pas de tristesse pour elle mais de voir que sa fille s’infligeait pareille torture là où il n’y avait aucune raison que ce soit le cas : Ton père est mort à la guerre. Il en était conscient en nous quittant que, peut-être, il ne reviendrait jamais mais en homme d’honneur et de courage, il a su aller au-delà de son envie de rester avec nous et a fait honneur à son devoir en tant qu’homme et en tant que Seigneur, Melara. Mais… Lanna dû s’interrompre pour respirer plus calmement et chasser ces larmes qui menaçaient à nouveau de la faire s’écrouler devant sa fille qui avait besoin qu’elle se montre forte pour elle : Tu n’es en aucun cas responsable de son décès. Tu as fait honneur, toi aussi, à ton devoir ici. Sans toi et sans tout le travail de ton père, nous serions tous encore en Essos, séparés de toi. Ce n’est pas l’idée qu’on m’a donné d’une famille. Une famille doit restée unie, dans la joie comme dans le chagrin. Et puis, retourner à Myr…Même si tes grands-parents y vivent, ce serait comme si ton sacrifice n’avait servi à rien ni les travaux de ton père. Non ma chérie, notre place est ici. Nous salirions sa mémoire en rentrant en Essos. Nous devons lui rendre hommage et nous le ferons, tous les jours, aussi dur cela sera-t-il pour nous tous, en restant ici et en pérennisant le nom des Cole. Moi toute seule je n’y arriverais pas mais avec toi et tes frères, je pense en être capable.
Lanna parvint à offrir un sourire humide à sa fille avant de l’attirer contre elle, lui embrassant le front et les cheveux et lui murmurant des paroles réconfortantes lorsqu’un raclement de gorge les alerta qu’elles n’étaient plus seules. Melara leva la tête et Lanna lui rendit une de ses mains pour qu’elle puisse s’essuyer un peu ses joues. Apparemment, Lester et Landor étaient revenus de leur sortie, ce qui signifiait qu’il fallait à présent redoubler de force et de courage pour les informer qu’ils n’avaient plus de père et que Lester devenait le nouveau Lord de la maison Cole. Melara le remercia avant de tourner à nouveau son regard vers sa mère. Elles pensaient la même chose ; comment annoncer une pareille nouvelle sans s’effondrer ?
Te sens-tu la force de le leur dire avec moi ? demanda-t-elle en prenant appui sur ses jambes pour se lever. Elle n’en avait plus beaucoup, de force. Mais peut-être que si Melara et Lanna faisaient face ensemble, elles parviendraient à traverser cette épreuve qui avait tout de l’insurmontable en cet instant.
- HRP:
- Voilà ! Je te laisse, au choix, soit conclure le RP ici (par exemple en évoquant leur difficile chemin vers les garçons pour le leur dire), soit relancé en PNJisant Lester et Landor. C’est comme tu préfères ; moi les deux solutions me vont. Mais bien sûr, si tu avais une autre idée / envie, tu sais que je suis toujours partante ! En tout cas, trop de feels dans ce RP…
(c) DΛND ELION
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avec @Lanna Cole et @Lester Cole
« Lestival | 302, lune 12, semaine 2 »
La gorge encore trop nouée pour parler, Melara se contenta d’abord de hocher doucement le visage, posant une main réconfortante par-dessus celle de sa mère sur sa joue. “J’irais le voir tout à l’heure…” finit-elle par prononcer doucement. Elle avait peur que s’il la voyait dans son état actuel, il ne se contenterait pas de nettoyer sa plaie mais plutôt de la fournir lourdement en bonsomme, ou tout autre produit de sa connaissance, pour lui faire oublier sa peine et les prochains jours à venir.
La jolie Cole ne cacha pas son désespoir, n’ayant aucune réponse, aucun réconfort à offrir à sa mère tandis que cette dernière s’inquiétait pour leur avenir. En ce moment, tous les efforts réalisés depuis au moins trois générations de Cole semblaient complètement vains. Melara était fatiguée à présent. Ce n'était pas le goût ferreux du sang qu’elle sentait dans sa bouche malgré sa chute, mais bien l’amertume de se rendre compte qu’elle s’était battue pour rien, si ce n’était avoir précipité son père tout juste retrouvé vers la mort. Elle avait réussi à survivre aux années de séparation parce qu’elle voyait la bonne raison pour laquelle elle faisait tout ça. Et cette cause avait expié son dernier souffle à Winterfell, à des centaines et des centaines de lieues de sa famille et de leurs terres ancestrales. Cependant, c’était sans compter Lanna qui ne semblait guère vouloir entendre de tels propos dans la bouche de son aînée. La tristesse fit place à un discours sérieux qui venait droit du cœur. Melara, soufflée par la surprise d’un tel revirement, se redressa et retint son souffle, les larmes quant à elles cessèrent de couler. Progressivement ses doigts se resserrèrent plus fermement encore sur ceux de sa mère. Peu à peu sa tête se mis à basculer de haut en bas, bien que ses yeux restèrent un moment fixé dans le vague un peu plus bas. Elle serra les dents un instant avant de prendre une longue et profonde inspiration. “Je suis désolée d’avoir douté.” dit-elle finalement. Le jour où l’Étranger viendrait la chercher, elle pourrait alors revoir Tylan. Elle pouvait encore faire des choses pour que ce jour-là, ce soit de la fierté qu’elle lirait dans ses yeux. Elle devait honorer sa mère et la mémoire de son père, faire vivre son rêve.
Elle se laissa finalement aller dans les bras de sa mère, inspirant son parfum aux effluves réconfortantes. “Il va tellement me manquer…” confia-t-elle à voix basse, consciente du trou qu’il laissait dans sa poitrine. Elle allait devoir s’habituer, une nouvelle fois, à ne plus le croiser au détour d’un couloir, à ne plus entendre son éclat de rire, à ne plus voir son regard amoureux perdu sur le visage de son épouse, ne plus l’entendre donner des leçons avec ses bras croisés dans le dos. Elle regrettait de ne pas avoir plus de souvenirs de lui. Leur instant de tendresse prit fin lorsqu’on vint les prévenir que les deux garçons étaient de retour et ne tarderaient pas à les rejoindre. Melara employa les minutes suivantes à tenter de retrouver une apparence présentable, lissant sa robe, arrangeant ses cheveux en bataille du mieux qu’elle le pouvait, essuyant ses joues humides et espérant que les rougeurs ne se dissipent rapidement. “Nous ne serons pas trop de deux en effet.” répondit-elle à sa mère avec la gorge serrée. “Tu as raison, nous devons rester soudés, je reste avec toi. Nous ferons face à cela ensemble.” Elle hocha doucement son doux visage puis glissa sa main dans celle de sa mère pour se tenir à ses côtés. Les pas bruyants de @Lester Cole et Landor se faisaient entendre dans le couloir.
La jolie Cole ne cacha pas son désespoir, n’ayant aucune réponse, aucun réconfort à offrir à sa mère tandis que cette dernière s’inquiétait pour leur avenir. En ce moment, tous les efforts réalisés depuis au moins trois générations de Cole semblaient complètement vains. Melara était fatiguée à présent. Ce n'était pas le goût ferreux du sang qu’elle sentait dans sa bouche malgré sa chute, mais bien l’amertume de se rendre compte qu’elle s’était battue pour rien, si ce n’était avoir précipité son père tout juste retrouvé vers la mort. Elle avait réussi à survivre aux années de séparation parce qu’elle voyait la bonne raison pour laquelle elle faisait tout ça. Et cette cause avait expié son dernier souffle à Winterfell, à des centaines et des centaines de lieues de sa famille et de leurs terres ancestrales. Cependant, c’était sans compter Lanna qui ne semblait guère vouloir entendre de tels propos dans la bouche de son aînée. La tristesse fit place à un discours sérieux qui venait droit du cœur. Melara, soufflée par la surprise d’un tel revirement, se redressa et retint son souffle, les larmes quant à elles cessèrent de couler. Progressivement ses doigts se resserrèrent plus fermement encore sur ceux de sa mère. Peu à peu sa tête se mis à basculer de haut en bas, bien que ses yeux restèrent un moment fixé dans le vague un peu plus bas. Elle serra les dents un instant avant de prendre une longue et profonde inspiration. “Je suis désolée d’avoir douté.” dit-elle finalement. Le jour où l’Étranger viendrait la chercher, elle pourrait alors revoir Tylan. Elle pouvait encore faire des choses pour que ce jour-là, ce soit de la fierté qu’elle lirait dans ses yeux. Elle devait honorer sa mère et la mémoire de son père, faire vivre son rêve.
Elle se laissa finalement aller dans les bras de sa mère, inspirant son parfum aux effluves réconfortantes. “Il va tellement me manquer…” confia-t-elle à voix basse, consciente du trou qu’il laissait dans sa poitrine. Elle allait devoir s’habituer, une nouvelle fois, à ne plus le croiser au détour d’un couloir, à ne plus entendre son éclat de rire, à ne plus voir son regard amoureux perdu sur le visage de son épouse, ne plus l’entendre donner des leçons avec ses bras croisés dans le dos. Elle regrettait de ne pas avoir plus de souvenirs de lui. Leur instant de tendresse prit fin lorsqu’on vint les prévenir que les deux garçons étaient de retour et ne tarderaient pas à les rejoindre. Melara employa les minutes suivantes à tenter de retrouver une apparence présentable, lissant sa robe, arrangeant ses cheveux en bataille du mieux qu’elle le pouvait, essuyant ses joues humides et espérant que les rougeurs ne se dissipent rapidement. “Nous ne serons pas trop de deux en effet.” répondit-elle à sa mère avec la gorge serrée. “Tu as raison, nous devons rester soudés, je reste avec toi. Nous ferons face à cela ensemble.” Elle hocha doucement son doux visage puis glissa sa main dans celle de sa mère pour se tenir à ses côtés. Les pas bruyants de @Lester Cole et Landor se faisaient entendre dans le couloir.
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Depuis que son père était parti pour Winterfell, Lester Cole s’était vu puiser en lui des ressources dont il ignorait jusqu’alors l’existante. Il avait su donner des ordres aux gardes, gérer les finances. Il avait pris au sérieux l’éducation de son jeune frère et s’enquérait souvent de sa réussite auprès de son instituteur. Il avait maintenu, malgré la peur qui les rongeait, sa mère et sa sœur à leur place confortable. Depuis qu’il était aux commandes de la famille Cole, Lester gérait Lestival du mieux qu’il pouvait, ce qui semblait suffisant.
S’il n’avait pas rechigné à se mettre à la tâche, le fils ainé des Cole n’avait tout de même qu’une hâte : le retour de son père à la maison. Ce n’était pas que diriger Lestival était particulièrement barbant mais son ancienne liberté lui manquait tout de même terriblement. Toujours il était appelé, à droite ou à gauche pour régler des histoires pressantes et toute cette agitation autour de lui l’oppressait. Parfois il s’imaginait cette oppression comme des tenailles géantes qui s’entouraient, l’empêchant de bouger. Cette image lui semblait assez juste assez précise et dramatique pour qu’il la garde en secret dans son esprit.
Ce qui avait le plus impressionné Lester ces derniers mois était le calme avec lequel il avait agi, Il avait pris sur lui pour continuer de mener à bien la tâche qui lui incombait, tout en espérant impatiemment le retour rapide de son père. D’après lui, revoir son père, il l’avait souhaité surtout pour être débarrasser de ses obligations ; car Lester Cole était fier, trop fier pour admettre que, comme toute sa maisonnée, il était surtout transi de peur.
Ce jour-là était de ceux où la pression sur ses épaules était si forte que le jeune Cole avait dû s’éclipser pour ne pas être écrasé. Dès le matin il était parti faire un tour dans la campagne environnant Lestival. Il avait prétexté faire une ronde, et même si ce n’était pas au Lord, même pas intérim, de faire de telle excursions, personne n’avait osé le contredire.
Généralement un petit tour à pied d’une heure ou deux suffisaient à remettre ses idées en place, mais cette fois, la progression rendue difficile par la neige l’avait obligé à prendre un autre chemin. Il arriva dans une clairière parsemée où une mare gelée ajoutait au pittoresque de la scène. Soudain, alors qu’il ne s’y attendait pas le moins du monde, Lester vit surgir des bois une biche et son faon. Il se figea par reflexe et les animaux ne le remarquèrent pas. La mère renifla la mare, certainement était-elle en train de chercher un cours d’eau qui n’avait pas gelé. Lester eut de l’empathie pour les cervidés car une chose était sure, si l’hiver ne finissait pas bientôt le faon, qui à cet instant jouait à courir dans la neige, ne survivrait pas.
L’image lui donna une idée. Il tourna son visage vers le château de Lestival qui s’élevait haut au-dessus des arbres et se mit en marche. Plus rapidement qu’à l’aller, Lester rejoignit le bâtiment et se dirigea directement vers la salle où Landor suivait assidument les enseignements de son précepteur. Lester frappa docilement à la porte.
- Oui.
- Désolé de déranger votre enseignement Mestre, mais permettez-moi de vous emprunter mon frère. J’ai quelque enseignement des Cole à lui apprendre.
Landor, impatient comme tous les enfants d’être tiré des griffes de son professeur, trépignait déjà sur sa chaise. Le précepteur leva un sourcil à la requête de Lester mais n’osa pas s’y refuser à la plus grande joie de l’enfant. Landor rejoignit immédiatement son frère et lui demanda quelles affaires urgentes l’amenaient.
- Tu verras, se contentait de répondre Lester.
Il fut assez simple de suivre ses propres traces dans la neige pour retrouver la clairière qu’il avait laissé plus tôt. La biche et son faon avait disparu comme Lester l’avait imaginé. Seule preuve de leur passage éphémère : leurs traces de sabot laissées intactes dans la neigé immaculée.
- Voici le début de ton enseignement, petit frère. Peux-tu me dire de quel animal proviennent ces traces là-bas ?
Landor, pas vraiment certain, à cet instant, de la santé d’esprit de son ainé, se pencha tout de même pour observer ce que son frère lui demandait. Lester profita alors que son frère soit penché en avant pour appuyer sur sa tête juste assez pour que tout son visage se retrouve dans la neige. Landor resta interloqué un instant avant de se jeter sur Lester hilare. Les garçons passèrent ainsi quelques instants à se bagarrer dans la neige avec l’insouciance du jeune âge et l’intimité de la clairière déserte.
L’instant fut d’une légèreté telle que tous les malheurs du monde semblèrent l’envoler eux aussi. Rien, n’existait à part la neige froide et le jeu. Depuis combien de temps les deux Cole ne s’étaient pas comporté comme des enfants ? Certes Lester était assez grand pour se passer de bataille puérile mais la joie dans les yeux de Landor valait toutes les joies.
Finalement, l’instant pris fin et toutes les peines qui s’étaient envolées virent s’écraser de nouveau sur le sol dure. Le regard de Landor se fit de nouveau mélancolique quand Lester le raccompagna en direction du château. L’ainée passa une main réconfortant sur l’épaule de son cadet. Quand les garçons mirent les pieds dans l’enceinte de Lestival, une humeur étrange semblait y régner. Une domestique les accosta d’un air grave, leur indiquant de leur mère et leur sœur les attendaient dans l’un des salons du château.
Peut-être parce qu’il l’avait pressenti, peut-être parce que le deuil semblait déjà suinter dans les couloirs de Lestival, peut-être simplement parce sa mère le faisait appeler, le cœur de Lester ne mit à battre à tous rompre dans sa poitrine. Il serra sa main sur l’épaule de Landor quand il passa la porte du salon. Sans un regard pour sa sœur, Lester remarqua directement les yeux rougis de sa mère. Sa peine semblait rayonner autour d’elle comme un aura maléfique de tristesse.
- Mère, que ce passe-il ? demanda-t-il dans un souffle.
S’il n’avait pas rechigné à se mettre à la tâche, le fils ainé des Cole n’avait tout de même qu’une hâte : le retour de son père à la maison. Ce n’était pas que diriger Lestival était particulièrement barbant mais son ancienne liberté lui manquait tout de même terriblement. Toujours il était appelé, à droite ou à gauche pour régler des histoires pressantes et toute cette agitation autour de lui l’oppressait. Parfois il s’imaginait cette oppression comme des tenailles géantes qui s’entouraient, l’empêchant de bouger. Cette image lui semblait assez juste assez précise et dramatique pour qu’il la garde en secret dans son esprit.
Ce qui avait le plus impressionné Lester ces derniers mois était le calme avec lequel il avait agi, Il avait pris sur lui pour continuer de mener à bien la tâche qui lui incombait, tout en espérant impatiemment le retour rapide de son père. D’après lui, revoir son père, il l’avait souhaité surtout pour être débarrasser de ses obligations ; car Lester Cole était fier, trop fier pour admettre que, comme toute sa maisonnée, il était surtout transi de peur.
Ce jour-là était de ceux où la pression sur ses épaules était si forte que le jeune Cole avait dû s’éclipser pour ne pas être écrasé. Dès le matin il était parti faire un tour dans la campagne environnant Lestival. Il avait prétexté faire une ronde, et même si ce n’était pas au Lord, même pas intérim, de faire de telle excursions, personne n’avait osé le contredire.
Généralement un petit tour à pied d’une heure ou deux suffisaient à remettre ses idées en place, mais cette fois, la progression rendue difficile par la neige l’avait obligé à prendre un autre chemin. Il arriva dans une clairière parsemée où une mare gelée ajoutait au pittoresque de la scène. Soudain, alors qu’il ne s’y attendait pas le moins du monde, Lester vit surgir des bois une biche et son faon. Il se figea par reflexe et les animaux ne le remarquèrent pas. La mère renifla la mare, certainement était-elle en train de chercher un cours d’eau qui n’avait pas gelé. Lester eut de l’empathie pour les cervidés car une chose était sure, si l’hiver ne finissait pas bientôt le faon, qui à cet instant jouait à courir dans la neige, ne survivrait pas.
L’image lui donna une idée. Il tourna son visage vers le château de Lestival qui s’élevait haut au-dessus des arbres et se mit en marche. Plus rapidement qu’à l’aller, Lester rejoignit le bâtiment et se dirigea directement vers la salle où Landor suivait assidument les enseignements de son précepteur. Lester frappa docilement à la porte.
- Oui.
- Désolé de déranger votre enseignement Mestre, mais permettez-moi de vous emprunter mon frère. J’ai quelque enseignement des Cole à lui apprendre.
Landor, impatient comme tous les enfants d’être tiré des griffes de son professeur, trépignait déjà sur sa chaise. Le précepteur leva un sourcil à la requête de Lester mais n’osa pas s’y refuser à la plus grande joie de l’enfant. Landor rejoignit immédiatement son frère et lui demanda quelles affaires urgentes l’amenaient.
- Tu verras, se contentait de répondre Lester.
Il fut assez simple de suivre ses propres traces dans la neige pour retrouver la clairière qu’il avait laissé plus tôt. La biche et son faon avait disparu comme Lester l’avait imaginé. Seule preuve de leur passage éphémère : leurs traces de sabot laissées intactes dans la neigé immaculée.
- Voici le début de ton enseignement, petit frère. Peux-tu me dire de quel animal proviennent ces traces là-bas ?
Landor, pas vraiment certain, à cet instant, de la santé d’esprit de son ainé, se pencha tout de même pour observer ce que son frère lui demandait. Lester profita alors que son frère soit penché en avant pour appuyer sur sa tête juste assez pour que tout son visage se retrouve dans la neige. Landor resta interloqué un instant avant de se jeter sur Lester hilare. Les garçons passèrent ainsi quelques instants à se bagarrer dans la neige avec l’insouciance du jeune âge et l’intimité de la clairière déserte.
L’instant fut d’une légèreté telle que tous les malheurs du monde semblèrent l’envoler eux aussi. Rien, n’existait à part la neige froide et le jeu. Depuis combien de temps les deux Cole ne s’étaient pas comporté comme des enfants ? Certes Lester était assez grand pour se passer de bataille puérile mais la joie dans les yeux de Landor valait toutes les joies.
Finalement, l’instant pris fin et toutes les peines qui s’étaient envolées virent s’écraser de nouveau sur le sol dure. Le regard de Landor se fit de nouveau mélancolique quand Lester le raccompagna en direction du château. L’ainée passa une main réconfortant sur l’épaule de son cadet. Quand les garçons mirent les pieds dans l’enceinte de Lestival, une humeur étrange semblait y régner. Une domestique les accosta d’un air grave, leur indiquant de leur mère et leur sœur les attendaient dans l’un des salons du château.
Peut-être parce qu’il l’avait pressenti, peut-être parce que le deuil semblait déjà suinter dans les couloirs de Lestival, peut-être simplement parce sa mère le faisait appeler, le cœur de Lester ne mit à battre à tous rompre dans sa poitrine. Il serra sa main sur l’épaule de Landor quand il passa la porte du salon. Sans un regard pour sa sœur, Lester remarqua directement les yeux rougis de sa mère. Sa peine semblait rayonner autour d’elle comme un aura maléfique de tristesse.
- Mère, que ce passe-il ? demanda-t-il dans un souffle.
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@Melara Cole, @Lester Cole & Lanna Cole
Où avait-elle puisé la force de tenir pareil discours improvisé à sa fille ? Lanna n’aurait su le dire. D’ordinaire, c’était toujours Tylan qui s’adonnait à ce genre de tâches face à leurs enfants tandis qu’elle se tenait en retrait derrière lui, les mains jointes devant elle et prenant l’air grave et sérieux pour que ses enfants comprennent à quel point ce que disait leur père était important. Et puis, lorsqu’il avait terminé, elle hochait toujours doucement la tête, offrait un sourire à son époux puis tendait les mains vers ses garçons en leur disant : « Alors, et si vous me racontiez ce que vous avez appris aujourd’hui ? ». Elle aurait tant voulu pouvoir le faire avec Melara aussi, mais la tragédie qui s’abattait lourdement et implacablement sur leur famille lui donna le rôle qu’avait toujours tenu Tylan ; celui de parler tel le Seigneur de leur maison et le chef de leur famille. Et cela lui retira encore quelques forces supplémentaires. Elle se sentait si faible, si épuisé par la douleur, le chagrin et par tout ce qui allait changer pour eux dans les jours, les semaines et les Lunes à venir. Mais son discours avait trouvé une oreille attentive auprès de Melara. Peu à peu, sa première-née comprenait qu’il leur était impossible et impensable de se laisser aller à la tristesse, quand bien même ils auraient tous les droits et toutes les raisons de le faire. Mais alors, que deviendrait le beau projet, le rêve de son défunt époux ? Celui pour lequel il avait tant sacrifié et l’avait forcé, elle, à vivre toutes ces années loin de sa fille ? Non, cela lui était inconcevable et aussi dur que puisse avoir été son discours, elle fut soulagée de voir Melara l’entendre, l’écouter, le comprendre et l’accepter. Sa fille sécha ses larmes, hocha la tête doucement et approuva finalement d’une petite voix, mais elle approuva malgré tout et Lanna hocha à son tour la tête et l’attira à nouveau contre elle :
Ma courageuse fille, murmura-t-elle en lui caressant ses cheveux. Mais elle ne put dire quoi que ce soit de plus lorsque Melara lui dit à quel point son père allait lui manquer. Lanna se contenta de resserrer l’étreinte de ses bras autour du corps de sa fille avant de rouvrir ses bras, après l’annonce d’un des serviteurs quant à l’arrivée imminente des garçons. Tout comme Melara, Lanna s’empressa d’essuyer les traces de larmes de ses joues et d’éponger l’humidité de ses yeux à l’aide d’un pan de son châle. Elle l’utilisa également pour essuyer les yeux de Melara puis l’aida à retrouver une tenue plus présentable avant l’arrivée de ses frères ; la sienne n’avait pas besoin de rafraîchissement. Le fait cependant que Melara accepte de rester à ses côtés pour annoncer la nouvelle à Lester et Landor lui redonna force et courage. Seule, elle n’en aurait pas été capable, tout comme Melara seule ne l’aurait pu. Mais à deux, cela semblait déjà plus à leur portée :
Merci ma chérie, la remercia-t-elle en embrassa la joue. Puis elle se tourna vers les bruits de pas en provenance du couloir. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit à nouveau et un serviteur fit entrer Lester et Landor. Eux aussi avaient les joues rouges…rouges du froid duquel ils revenaient vraisemblablement, à voir leurs tenues toutes tâchées de neige qui était en train de fondre, laissant ça et là des traces humides. S’il n’y avait pas eu cette nouvelle terrible à leur apprendre, Lanna se serait empressée de les envoyer dans leurs chambres pour qu’ils enlèvent ces vêtements trempés et passent des vêtements secs avant d’attraper froid. Mais en voyant la mine de Lester qui s’était immédiatement assombrie en voyant son visage et en entendant toute l’inquiétude dans sa voix, les larmes lui revinrent aux yeux aussi rapidement que le feu dévorant du bois sec. Sa main alla chercher l’une de celles de Melara et elle s’y accrocha avec force. Ses yeux glissèrent vers Landor dont les joies liées aux jeux qu’il venait de faire avec son grand-frère se dissipaient également très vite face à toute cette tension qu’il sentait très bien lui aussi, malgré son jeune âge. Lanna dut alors se faire violence pour ouvrir la bouche :
Nous avons reçu un corbeau…de Winterfell…C’est votre sœur qui l’a lu en premier…Lanna plaqua son autre main sur sa bouche pour étouffer un sanglot : Oh R’hllor ayez pitié de nous…supplia-t-elle. Votre père…Il…Mais elle ne put aller au bout de sa phrase. A la place, elle laissa s’échapper ce sanglot qu’elle retenait puis rajouta d’une voix brisée : Lester…Je suis tellement navrée…C’était au-dessus de ses forces. Elle n’arrivait pas à dire à ses garçons que leur père était décédé et s’en voulait d’autant plus de devoir laisser cela sur les épaules de sa fille.
Ma courageuse fille, murmura-t-elle en lui caressant ses cheveux. Mais elle ne put dire quoi que ce soit de plus lorsque Melara lui dit à quel point son père allait lui manquer. Lanna se contenta de resserrer l’étreinte de ses bras autour du corps de sa fille avant de rouvrir ses bras, après l’annonce d’un des serviteurs quant à l’arrivée imminente des garçons. Tout comme Melara, Lanna s’empressa d’essuyer les traces de larmes de ses joues et d’éponger l’humidité de ses yeux à l’aide d’un pan de son châle. Elle l’utilisa également pour essuyer les yeux de Melara puis l’aida à retrouver une tenue plus présentable avant l’arrivée de ses frères ; la sienne n’avait pas besoin de rafraîchissement. Le fait cependant que Melara accepte de rester à ses côtés pour annoncer la nouvelle à Lester et Landor lui redonna force et courage. Seule, elle n’en aurait pas été capable, tout comme Melara seule ne l’aurait pu. Mais à deux, cela semblait déjà plus à leur portée :
Merci ma chérie, la remercia-t-elle en embrassa la joue. Puis elle se tourna vers les bruits de pas en provenance du couloir. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit à nouveau et un serviteur fit entrer Lester et Landor. Eux aussi avaient les joues rouges…rouges du froid duquel ils revenaient vraisemblablement, à voir leurs tenues toutes tâchées de neige qui était en train de fondre, laissant ça et là des traces humides. S’il n’y avait pas eu cette nouvelle terrible à leur apprendre, Lanna se serait empressée de les envoyer dans leurs chambres pour qu’ils enlèvent ces vêtements trempés et passent des vêtements secs avant d’attraper froid. Mais en voyant la mine de Lester qui s’était immédiatement assombrie en voyant son visage et en entendant toute l’inquiétude dans sa voix, les larmes lui revinrent aux yeux aussi rapidement que le feu dévorant du bois sec. Sa main alla chercher l’une de celles de Melara et elle s’y accrocha avec force. Ses yeux glissèrent vers Landor dont les joies liées aux jeux qu’il venait de faire avec son grand-frère se dissipaient également très vite face à toute cette tension qu’il sentait très bien lui aussi, malgré son jeune âge. Lanna dut alors se faire violence pour ouvrir la bouche :
Nous avons reçu un corbeau…de Winterfell…C’est votre sœur qui l’a lu en premier…Lanna plaqua son autre main sur sa bouche pour étouffer un sanglot : Oh R’hllor ayez pitié de nous…supplia-t-elle. Votre père…Il…Mais elle ne put aller au bout de sa phrase. A la place, elle laissa s’échapper ce sanglot qu’elle retenait puis rajouta d’une voix brisée : Lester…Je suis tellement navrée…C’était au-dessus de ses forces. Elle n’arrivait pas à dire à ses garçons que leur père était décédé et s’en voulait d’autant plus de devoir laisser cela sur les épaules de sa fille.
(c) DΛND ELION
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avec @Lanna Cole et @Lester Cole
« Lestival | 302, lune 12, semaine 2 »
Alors qu’elle fixait la porte d’entrée du salon, broyant presque la main de sa mère dans la sienne tellement elle la serrait fort, Melara se rendit compte que le tournis était en train de lui monter à la tête. Ses oreilles bourdonnaient et la brûlaient. Les bruits n’étaient pas aussi net qu’habituellement, comme noyés dans une étrange ambiance cotonneuse, avec un lointain sifflement qui se faisait persistant. La douleur du deuil se diffusait ainsi dans tout son corps, au-delà même de son cœur douloureux, de sa gorge serrée et de son ventre noué. Une multitude de choses venaient s’ajouter les unes aux autres et ne lui donner qu’une envie : courir jusqu’à sa chambre pour disparaître sous son épais édredon et pleurer ton son soul, des heures durant si cela était nécessaire. Pourtant elle tenait bon. Agrippée à sa mère. Fidèle à sa promesse de rester unies, ensemble, pour le bien de leur famille.
L’allure débraillée de ses frères lui aurait habituellement tiré une remarque légèrement salée, leur rappelant leurs nouveaux statuts et ce qui était attendu d’eux maintenant. Mais cela ne fit que rendre la douleur dans sa poitrine plus forte et oppressante. Ils venaient de s’amuser, profitant d’un instant d’insouciance dans ce quotidien angoissé qu’ils connaissaient depuis des semaines. Et à présent, elles allaient devoir éclater leur bulle. Ils allaient passer du tout au tout. Le visage de Lester changea instantanément lorsqu’il se posa sur celui de Lanna. Il fallut un peu plus de temps à Landor pour comprendre, bien que ce terme n’était peut-être pas le plus approprié. Mais il ressentit parfaitement l’atmosphère pesante qui avait rempli les lieux et il n’avait pas fallu bien longtemps à son sourire enthousiaste pour disparaître. Tous revêtaient maintenant un visage atrocement sérieux et Lester posa la fâcheuse question.
Lanna se montra courageuse, resserrant un peu plus ses doigts autour de ceux de sa fille. Mais même tout le courage du monde ne permet pas d’annoncer simplement la mort d’un être aimé. Rapidement l’émotion revint dans la voix de leur mère, l’obligeant à s’interrompre. Elle cherchait les mots, mais ceux-ci ne lui venaient pas aisément. Il lui faisait défaut même. Il devait encore demeurer cet espoir que si ça n’était pas dit, peut-être que ça n’était pas totalement vrai. Finalement la veuve de Tylan Cole renonça à poursuivre, l’effort étant au-delà de ses capacités. Ce fut donc au tour de Melara de déglutir avec difficulté. Elle fit un pas en direction de ses jeunes frères, toujours la main de sa mère fermement serrée dans la sienne. “Père… Père ne reviendra pas de Winterfell.” parvint-elle finalement à prononcer, presque à bout de souffle. Elle avait gardé la tête haute mais avait dû s’empresser de serrer ses mâchoires, mordant sa langue, pour ne pas se retrouver à nouveau victime de l’assaut de ses larmes. Mais pourquoi vouloir rester digne à tout prix face à sa famille, face à ceux qui partagaient l’étendu de ses sentiments et de son désarroi ? Les mots étaient sortis de sa bouche à présent, elle pouvait baisser sa garde. Melara tendit une main vers ses frères pour les inviter à s’approcher d’elles et à rester unis ensemble, eux les derniers Cole de Lestival. “Tylan a donné sa vie pour défendre le Royaume. Pour nous sauver.” La faute de leurs ancêtres était définitivement expiée à présent.
L’allure débraillée de ses frères lui aurait habituellement tiré une remarque légèrement salée, leur rappelant leurs nouveaux statuts et ce qui était attendu d’eux maintenant. Mais cela ne fit que rendre la douleur dans sa poitrine plus forte et oppressante. Ils venaient de s’amuser, profitant d’un instant d’insouciance dans ce quotidien angoissé qu’ils connaissaient depuis des semaines. Et à présent, elles allaient devoir éclater leur bulle. Ils allaient passer du tout au tout. Le visage de Lester changea instantanément lorsqu’il se posa sur celui de Lanna. Il fallut un peu plus de temps à Landor pour comprendre, bien que ce terme n’était peut-être pas le plus approprié. Mais il ressentit parfaitement l’atmosphère pesante qui avait rempli les lieux et il n’avait pas fallu bien longtemps à son sourire enthousiaste pour disparaître. Tous revêtaient maintenant un visage atrocement sérieux et Lester posa la fâcheuse question.
Lanna se montra courageuse, resserrant un peu plus ses doigts autour de ceux de sa fille. Mais même tout le courage du monde ne permet pas d’annoncer simplement la mort d’un être aimé. Rapidement l’émotion revint dans la voix de leur mère, l’obligeant à s’interrompre. Elle cherchait les mots, mais ceux-ci ne lui venaient pas aisément. Il lui faisait défaut même. Il devait encore demeurer cet espoir que si ça n’était pas dit, peut-être que ça n’était pas totalement vrai. Finalement la veuve de Tylan Cole renonça à poursuivre, l’effort étant au-delà de ses capacités. Ce fut donc au tour de Melara de déglutir avec difficulté. Elle fit un pas en direction de ses jeunes frères, toujours la main de sa mère fermement serrée dans la sienne. “Père… Père ne reviendra pas de Winterfell.” parvint-elle finalement à prononcer, presque à bout de souffle. Elle avait gardé la tête haute mais avait dû s’empresser de serrer ses mâchoires, mordant sa langue, pour ne pas se retrouver à nouveau victime de l’assaut de ses larmes. Mais pourquoi vouloir rester digne à tout prix face à sa famille, face à ceux qui partagaient l’étendu de ses sentiments et de son désarroi ? Les mots étaient sortis de sa bouche à présent, elle pouvait baisser sa garde. Melara tendit une main vers ses frères pour les inviter à s’approcher d’elles et à rester unis ensemble, eux les derniers Cole de Lestival. “Tylan a donné sa vie pour défendre le Royaume. Pour nous sauver.” La faute de leurs ancêtres était définitivement expiée à présent.
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Il y a ces moments si terriblement forts que le temps semble se suspendre. L’angoisse et l’espoir unis dans un seul être qui lui fait perdre toutes notions de réalité. Dans ces instants, il n’existe plus que ces mots suspendus à des lèvres, abominablement pressés de sortir mais trop effrayants pour être prononcés. Lester connaissait ces moments, il les avait lus dans des livres mais il s’était toujours imaginé qu’ils n’étaient que pure fabulation des auteurs, un sens du style dramatique pour rendre les héros sympathiques. Jamais, ô non jamais, il n’aurait imaginé ce moment-là, sans fin, et empli d’angoisse et d’espoir.
- Votre père… il…
L’angoisse. Le cœur de Lester se serra si fort qu’il semblait plus pouvoir battre. Tout le reste de ses muscles se contractèrent et les ongles de ses doigts se plantèrent dans sa paume pour y laisser des marques rouges. Son être entier était en fusion. Il ne pouvait plus penser, plus réfléchir ; cet instant qui n’en finissait pas. Et l’angoisse le tenait.
- Quoi ?
L’espoir, enfin. Une lueur frêle scintillait dans les yeux de Lester. Il devait y croire, se raccrocher. De là, depuis Lestival, il aurait pu courir à pied jusqu’à Winterfell si cela pouvait sauver son père du danger. Il savait qu’il en trouverait la force. Oui, quoi que sa mère n’arrivât pas à formuler, il pourrait toujours trouver une solution. Rien n’est irréparable. Et il se tenait à l’espoir.
- Père… Père ne reviendra pas de Winterfell.
Non. Cela ne pouvait être.
Et le déni pris sa place, sitôt l’espoir brisé. Lester voyait le chagrin dans les yeux de sa sœur, la mortification sur le visage de sa mère, mais il refusait de croire ce qu’il venait t’entendre. Tylan ne pouvait être mort, car il était leur père et la mort ne touchait que les autres.
Soudain du coin de l’œil il aperçut une ombre le dépasser. C’était Landor qui courrait en direction de Melara à la rechercher d’une étreinte protectrice. Sa sœur quant-à-elle, qui s’était approchée de quelque pas, leur tendait une main réconfortante.
Sa sœur qui en deux phrases venait de tuer leur père.
Lester ressenti comme un électrochoc. Une rage bouillonnante rempli son être. Pas la moindre place ne fut laissée aux larmes. Pas le moindre instant ne fut consacré au chagrin. Il n’y avait plus qu’une chose que Lester pouvait faire : laisser sortir le démon déchainé qui était né en lui. Et sans crier gare, il envoya de toute ses forces son point gauche cogner dans le mur à sa droit.
- Votre père… il…
L’angoisse. Le cœur de Lester se serra si fort qu’il semblait plus pouvoir battre. Tout le reste de ses muscles se contractèrent et les ongles de ses doigts se plantèrent dans sa paume pour y laisser des marques rouges. Son être entier était en fusion. Il ne pouvait plus penser, plus réfléchir ; cet instant qui n’en finissait pas. Et l’angoisse le tenait.
- Quoi ?
L’espoir, enfin. Une lueur frêle scintillait dans les yeux de Lester. Il devait y croire, se raccrocher. De là, depuis Lestival, il aurait pu courir à pied jusqu’à Winterfell si cela pouvait sauver son père du danger. Il savait qu’il en trouverait la force. Oui, quoi que sa mère n’arrivât pas à formuler, il pourrait toujours trouver une solution. Rien n’est irréparable. Et il se tenait à l’espoir.
- Père… Père ne reviendra pas de Winterfell.
Non. Cela ne pouvait être.
Et le déni pris sa place, sitôt l’espoir brisé. Lester voyait le chagrin dans les yeux de sa sœur, la mortification sur le visage de sa mère, mais il refusait de croire ce qu’il venait t’entendre. Tylan ne pouvait être mort, car il était leur père et la mort ne touchait que les autres.
Soudain du coin de l’œil il aperçut une ombre le dépasser. C’était Landor qui courrait en direction de Melara à la rechercher d’une étreinte protectrice. Sa sœur quant-à-elle, qui s’était approchée de quelque pas, leur tendait une main réconfortante.
Sa sœur qui en deux phrases venait de tuer leur père.
Lester ressenti comme un électrochoc. Une rage bouillonnante rempli son être. Pas la moindre place ne fut laissée aux larmes. Pas le moindre instant ne fut consacré au chagrin. Il n’y avait plus qu’une chose que Lester pouvait faire : laisser sortir le démon déchainé qui était né en lui. Et sans crier gare, il envoya de toute ses forces son point gauche cogner dans le mur à sa droit.
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@Melara Manning, @Lester Cole & Lanna Cole
Lanna ne sentait plus sa main, broyée par la pression de celle de Melara et probablement que cette dernière non plus ne sentait plus la sienne, tant la Myrienne s’y accrochait de toutes ses forces. Sans elle, cela ferait longtemps qu’elle se serait effondrée au sol, incapable de se relever. La présence de ses fils, qui les avaient rejoint le visage rieur et les vêtements en désordre, ne firent que lui serrer le cœur davantage. Elle allait devoir détruire leur moment de jeu et de joie pour le remplacer par le chagrin et le deuil. Et que dire de Lester…Certes, Tylan l’avait élevé en ayant pour but de faire de lui son successeur lorsqu’il ne serait plus de ce monde. Mais ce moment arrivait bien trop tôt et aux yeux de Lanna, il n’était encore qu’un enfant loin d’être prêt à endosser les responsabilités qui incombaient à son père.
Elle parvint à articuler quelques mots mais ce fut à Melara que revint la tâche terrible d’annoncer le décès de Tylan Cole. Lanna s’en voulut affreusement d’avoir flanché et, de ce fait, obligé Melara à prononcer de pareils mots à ses frères. Mais elle le fit avec dignité et bien mieux que Lanna ne l’aurait fait. Tout en la suivant se rapprocher de Lester et de Landor, Lanna plaqua sa main contre sa bouche pour étouffer un douloureux sanglot lorsque Melara les informa de ce qu’ils s’étaient passés à Winterfell. Elle tendit sa main libre vers eux et ce fut Landor qui, le premier vint se blottir contre elle. Lanna posa son autre main dans les cheveux, encore humides de neige, de son dernier enfant avant de poser son regard sur Lester, l’implorant de venir les rejoindre. Mais le jeune et nouveau Seigneur de Neucarmin et Protecteur de Lestival, en lieu et place de son père, était si tendu qu’il ne bougea pas.
Lester, l’appela Lanna en levant sa main des cheveux de Landor pour la tendre vers lui.
Soudain, il bougea, mais pas dans la direction de sa famille. A la place, il alla vers un des murs de la pièce et abattit son poing contre la pierre. Un cri étouffé sortit des lèvres de Lanna qui, pour la première fois, abandonna la main de sa fille pour se précipiter vers son premier fils. Sans ménagement, elle le tourna vers elle et plaqua ses mains sur son visage :
Il faut que tu sois fort Lester, tu m’entends ? Nous devons tous l’être, chacun d’entre nous, dit-elle avec fermeté en se retournant vers Landor et Melara. Beaucoup de choses reposent sur tes épaules, sur celles de ta sœur et peut-être même sur celles de Landor et sur les miennes. Mais tout comme je l’ai dit à Melara, si nous baissons les bras aujourd’hui, alors tout ce que votre père a fait et a sacrifié pour que nous soyons tous réunis ici n’aura servi à rien. Et je refuse, tu m’entends ? Je refuse de laisser une telle chose se produire.
Abandonnant le visage de Lester, les mains de Lanna cherchèrent la main gauche meurtrie par le choc contre le mur, la porta à ses lèvres et l’embrassa.
Nous sommes les Cole de Neucarmin. Nous sommes de plomb et d’acier et nous resterons unis et forts, ensemble, assena-t-elle. Puis elle se tourna vers Landor et Melara. Que R’hllor et les Sept m’en soient témoins, mais je jure sur ma vie que je poursuivrai, avec vous, tout ce dont rêvait votre père. Que, de là où il est, il continue d’être fier de vous, de nous tous.
Elle parvint à articuler quelques mots mais ce fut à Melara que revint la tâche terrible d’annoncer le décès de Tylan Cole. Lanna s’en voulut affreusement d’avoir flanché et, de ce fait, obligé Melara à prononcer de pareils mots à ses frères. Mais elle le fit avec dignité et bien mieux que Lanna ne l’aurait fait. Tout en la suivant se rapprocher de Lester et de Landor, Lanna plaqua sa main contre sa bouche pour étouffer un douloureux sanglot lorsque Melara les informa de ce qu’ils s’étaient passés à Winterfell. Elle tendit sa main libre vers eux et ce fut Landor qui, le premier vint se blottir contre elle. Lanna posa son autre main dans les cheveux, encore humides de neige, de son dernier enfant avant de poser son regard sur Lester, l’implorant de venir les rejoindre. Mais le jeune et nouveau Seigneur de Neucarmin et Protecteur de Lestival, en lieu et place de son père, était si tendu qu’il ne bougea pas.
Lester, l’appela Lanna en levant sa main des cheveux de Landor pour la tendre vers lui.
Soudain, il bougea, mais pas dans la direction de sa famille. A la place, il alla vers un des murs de la pièce et abattit son poing contre la pierre. Un cri étouffé sortit des lèvres de Lanna qui, pour la première fois, abandonna la main de sa fille pour se précipiter vers son premier fils. Sans ménagement, elle le tourna vers elle et plaqua ses mains sur son visage :
Il faut que tu sois fort Lester, tu m’entends ? Nous devons tous l’être, chacun d’entre nous, dit-elle avec fermeté en se retournant vers Landor et Melara. Beaucoup de choses reposent sur tes épaules, sur celles de ta sœur et peut-être même sur celles de Landor et sur les miennes. Mais tout comme je l’ai dit à Melara, si nous baissons les bras aujourd’hui, alors tout ce que votre père a fait et a sacrifié pour que nous soyons tous réunis ici n’aura servi à rien. Et je refuse, tu m’entends ? Je refuse de laisser une telle chose se produire.
Abandonnant le visage de Lester, les mains de Lanna cherchèrent la main gauche meurtrie par le choc contre le mur, la porta à ses lèvres et l’embrassa.
Nous sommes les Cole de Neucarmin. Nous sommes de plomb et d’acier et nous resterons unis et forts, ensemble, assena-t-elle. Puis elle se tourna vers Landor et Melara. Que R’hllor et les Sept m’en soient témoins, mais je jure sur ma vie que je poursuivrai, avec vous, tout ce dont rêvait votre père. Que, de là où il est, il continue d’être fier de vous, de nous tous.
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