Le voyage de retour sembla plus long et plus harassant que le voyage d’aller. Le tournoi de Lestival était fini et c’était tant mieux. Eddard Stark, Suzerain du Nord, détestait être éloigné de Winterfell plus que de raison. Il n’avait qu’une hâte, c’était de rentrer, de retrouver le reste de ses enfants, Sansa étant la seule qui les avait accompagnés, et surtout sa maison, sa demeure, ses terres. Les choses avaient bien changé depuis la mort de Robert. Si la paix semblait de mise, il était toujours difficile pour Eddard d’aller dans le Sud, se montrer face aux Targaryens, de faire face aux regards qui étaient les mêmes depuis près de vingt ans maintenant. Si certains pensaient que le temps faisait son œuvre, le suzerain était de ceux qui pensaient que le temps ne calmait rien, que parfois, même le temps n’y pouvait rien face à la rancœur humaine. Quoiqu’il en soit, son désir de vengeance s’estompait au fil des années. La raison le dominait. Il s’accommodait de la situation et cela lui réussissait. Il avait toujours la main sur le Nord. À peine arrivés à Winterfell, Eddard, sa femme et sa fille furent mis au courant de l’accident d’Arya. Ils accoururent bien évidemment à son chevet. La pauvre petite. Elle avait pris la fuite du château – Robb s’en voulait tellement – et s’était retrouvée face à une meute de chiens que même Nymeria ne put contrôler. Le père Stark ne resta que quelques secondes le jour-même du retour. Il avait bien des choses à régler mais il avait promis à sa fille de venir plus tard à son chevet, de rester avec elle un temps. Seul, assis à son bureau rempli de parchemins, Eddard réfléchissait. Il y avait tellement de demandes à traiter, de questions à répondre, de requêtes à étudier. Il devait également marier son fils Robb, sa fille Sansa. Cela l’épuisait par moment mais c’était sa fonction en tant que Suzerain du Nord, Seigneur de Winterfell, chef de la famille Stark.
Eddard laissa tomber le travail très tôt un matin et décida de se rendre dans la chambre d’Arya. Catelyn n’y était pas, occupée avec Sansa dans la salle principale. Alors que la petite était endormie, Jon se trouvait, également endormi dans l’une des chaises se trouvant à côté du lit. Il le réveilla doucement, lui glissa quelques mots à propos d’une lettre et d’une discussion qu’ils auraient plus tard puis le somma de partir et le laisser seul avec sa fille. S’asseyant à son tour, Jon sortant de la chambre en fermant la porte le plus discrètement possible, Eddard posa sa main sur celle de sa fille. Ce n’était pas réellement son intention de la réveiller mais nul doute que la jeune Louve serait heureuse de voir que la première personne qu’elle voit serait son père. Cela semblait faire une éternité qu’il n’était pas venu la voir et il s’en voulait terriblement. Seulement, Eddard ne pouvait se blâmer. Ils étaient arrivés de Lestival la veille. Cela ne faisait qu’une journée tout au plus. Il espérait qu’Arya ne lui en veuille pas trop de ne pas être trop resté. Et aujourd’hui, il comptait bien se rattraper. C’est sans un mot mais avec un sourire qu’il la regarda se réveiller doucement. Ses bandages ne laissaient voir que ses yeux. Son visage avait été énormément atteint. C’est alors que Nymeria apparut de l’autre côté du lit. Elle semblait heureuse de voir Eddard au chevet de sa maîtresse et se recoucha au pied de celle-ci, en bonne gardienne qu’elle était. Il remerciait souvent les Anciens pour lui avoir apporté cette portée de Loups qui, aujourd’hui, protégeait chacun de ses enfants mais également lui-même, la mère de cette portée ayant survécu à son attaque. Une fois Arya bien réveillée, Eddard lui annonça dans un petit rire.
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J’espère que tu es bien réveillée, Arya. Aujourd’hui, tu vas devoir supporter ton père toute la journée.
#ffffff: Eddard Stark