Entre Esprits Éclairés
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L’âge est la fortune de la sagesse
Grand Mestre Alaric & Anya Vanbois
An 302, Lune 8, Semaine 3
Les festivités continuaient de battre leur plein. Et même si le Grand Mestre n’y participait pas, par la barbe du Conclave, voilà qu’il en était bien fatigué ! Tous ces bruits, toutes ces interactions, toutes ces actions, toutes ces discussions, ça bougeait, vivait, de partout ! Il avait l’impression d’être revenu au temps de ses études à la Citadelle, à la cantine principale, où tous les apprentis conversaient entre eux sans discontinuer d’un instant !
Et comme à cette époque, Alaric s’était consciencieusement mis en retrait. Oh bien sûr, avec autant de monde, il n’en était pas resté solitaire pour autant ! Outre le fait de régulièrement revenir vers Sa Majesté ainsi que la Princesse en cas de besoin, de questionnement ou de demande de conseil, voilà que le Grand Mestre s’était prit à échanger avec quelques convives présents au sein de cette grande fête !
Pouvoir ainsi échanger avec des nobles, héritiers de si longues et fières lignées, ayant survécues à tant d’événements, le Grand Mestre trouvait cela presque magique, tant c’était enrichissant et distrayant. Il comptait bien lui aussi apposer un jour sa pierre à l’édifice de la longue série d’oeuvres rédigées par des Mestres et Grand Mestres, non pas pour une quelconque idée de gloire après la mort, mais bien de servir au mieux ceux qui le suivrait dans son rôle, ainsi que d’autres Mestres par-delà tout Westeros. Et toutes ces discussions et observations étaient un terreau fertile à tant d’écriture. Ah ! Le Grand Mestre en aurait presque la tête qui tourne rien qu’à imaginer ses piles et piles illisibles d’écrits de sa part sur le moindre détail !
Une discussion enrichissante avait ainsi été tenue dans ce cadre avec un chevalier du Val, Roland Vanbois, membre de cette ancestrale et fière maisonnée du Val, dont Alaric avait toujours été intrigué par leur armoirie si distinctive et mémorable, et ces nombreuses notes dans des archives parlant de maisons, mentionnant le respect quasi religieux des membres de cette maison pour le protocole et les -nombreuses- formalités qui parcourent les cour nobles.
En cela, le jeune chevalier du Val avait bien animé la soirée du Grand Mestre, plongé malgré lui dans ses grandes festivités, loin du calme et de la froideur hivernale commençant à se poser sur tout Westeros, notamment les vastes montagnes du Val d’Arryn. Il avait permit d’occuper le Grand Mestre, lors d’un temps où Sa Majesté et la Princesse étaient affairés à plus important que simplement se tenir à tablée, permettant à Alaric de rester éloigné et tranquille, loin de tout ces grands, ces nobles si puissants et si importants, loin de son humble et simple stature de roturier, né-paysan.
Cependant, ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que sa discussion avec Roland Vanbois attire l’attention d’une de ces personnes, et plus particulièrement la matriarche de la maisonnée Vanbois en personne. Quand cette personne proche de son âge physiquement se présenta face à lui, respectueuse, digne, drapée dans ses larges et magnifiques vêtements verts, dégageant une aura respectable à des mètres autour, il en fût impressionné et quelques peu intimidé, pour sûr.
La ou le Roi et la Princesse dégageait de par leur sang de dragon une stature presque surhumaine, une aura de puissance et d’ancienneté, presque de mysticisme, cette femme elle dégageait quelque chose de bien différent, comme une sorte d’aura de sévérité doublée à un profond respect pour cette noble Dame, âgée et pourtant droite et fière, matriarche d’une grande, ancienne et puissante maison du Val.
C’est tout naturellement que -tout en tenant son gobelet de vin presque vide-, Alaric s’inclina quand elle se présenta physiquement face à lui, faisant la même révérence qu’il avait fait plus tôt à son petit-fils. Mais clairement, il pouvait le sentir rien qu’à son regard, elle et son petit-fils étaient deux personnes bien différentes, même si le Grand Mestre et Sir Roland avaient pu aborder un petit peu cette grand-mère si...spéciale lors de leur conversation. C’est en gardant son calme et une forme de neutralité mélangée à du respect, que le Grand Mestre engagea la conversation avec un léger sourire se voulant amical et ouvert :
- Bonsoir, ma Dame. Comment puis-je vous aider, en ma qualité de Grand Mestre ?
DRACARYS
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Entre esprits éclairés
Chênes-en-fer an 302, lune 9, semaine 1
Grand Mestre Alaric & Anya Vanbois
Malgré l’heure avancée de la nuit, le banquet ne s’était pas encore tari en nourriture. Les mets et les vins affluaient à mesure que les mains avides se saisissaient des victuailles, craignant peut-être de manquer. Les hommes et les femmes parlaient la bouche pleine, le menton dégoulinant de grasse pour les moins bien élevés. Il ne faisait aucun doute que le lendemain matin, certains pourraient secouer leur barbe et se faire un petit-déjeuner complet avec ce qui en tomberait. Des musiciens jouaient des musiques d’ambiance, dans un coin de la pièce, mais ils étaient impossible à voir tant le monde virevoltait entre le hall central et les pièces attenantes où l’on dansait et discutait à qui mieux mieux.
Assise à la table d’honneur, à côté d’Harrold, Anya observait le festin, entre fierté et nonchalance.
Fierté, car finalement, elle avait encore la main pour organiser d’incroyables réceptions ! Malgré les années passées, elle demeurait une hôtesse attentive et rigoureuse. Tout le monde se régalait et semblait réellement se divertir, deux éléments essentiels à l’acceptation d’un nouveau suzerain. En particulier lorsque celui-ci n’était pas issu de la même famille que son prédécesseur… Une rareté qui pouvait au mieux réveiller des sentiments soupçonneux chez les vassaux, en particulier lorsque l’on connaissait l’historique de la famille Arryn et l’affection que le Val portait à Jon, le dernier vrai seigneur de la région… Le Hardyng avait besoin de convaincre ses pairs et cela passait par des festivités d’exceptions.
Et nonchalance car, en dépit de la réussite apparente de la soirée, la veuve ne pouvait s’empêcher de penser à ce que tout cela lui coûtait. Chaque cuisse de canard luisante arrachée à une carcasse et chaque goblet de bière avalé d’une traite était un trou considérable dans ses finances déjà maigres. Dire qu’ils venaient de remonter le pente avec l’arrivée de la jeune Aelinor Connington dans la famille… Sa petite-fille par alliance y songeait-elle, elle aussi ? La Vanbois l’ignorait. Probablement pas. Si jeune et maman d’un bébé tout neuf… était-il possible qu’elle se préoccupe des caisses de sa famille par alliance ? Non, c’était un fardeau qu’Anya devait porter seule. Après tout, c’était elle qui avait donné naissance à une ribambelle de filles, pas Aelinor.
En parlant de ses filles, elle remarqua sans mal Lysa qui, flamboyante, semblait vêtue de lumière. Une robe dorée, brillant de mille feux, habillait sa peau blanche qui d’ailleurs était difficilement discernable tant elle portait de bijoux. Cou, oreilles, cheveux, poignets, doigts… Il était impossible de tous les compter. En voilà une qui ne pensait pas aux coffres des pauvres Rompierre. Anya eut un air de dédain à l’égard de sa dernière fille et dissimula sa déception sous un masque de désintérêt. Comment, par les Sept, était-elle devenue ainsi ? Quand exactement ? Cela ne pouvait être de la faute de sa mère, elle l’avait élevé comme toutes ses soeurs et elle était la seule à avoir tourné ainsi…
Enfin, quand bien même le banquet était un fossé considérable dans ses dépenses, l’événement était ponctuel. Lysa, elle, avait été un élément récurrent et elle était plutôt soulagée de l’avoir confiée à la famille Rompierre.
Enfin, son regard se posa sur la Princesse Rhaenys. L’énigme de cette soirée. Sa petite-fille par alliance. Du moins, l’était-elle toujours ? Devant les dieux oui, mais dans les faits ? Malgré la présence de Robar, les époux ne s’étaient pas adressés la parole. S’étaient-ils seulement regardés ? Il était évident que cela cachait quelque chose, mais le Royce n’avait pas pipé mot à ce sujet. Il lui faudrait un jour tirer cette histoire au clair. Les rumeurs et les messes basses allaient bon train et Anya ne supportait pas cela.
Du coin de l’oeil, elle remarqua, dans une alcôve tranquille, son petit-fils Roland échanger avec le nouveau Grand Mestre. Cela piqua derechef son intérêt.
La nouvelle figure scientifique du Roi était un homme âgé. Il devait avoir l’âge d’Anya. Des reliques à Westeros ! Il ne lui était pas donné tous les jours de rencontrer une personne partageant son année de naissance. Celui-ci paraissait particulièrement discret et modeste. Rien d’étonnant à ce qu’il soit arrivé à cet âge respectable. En attirant pas l’attention, on restait plus longtemps en vie… Néanmoins, ces qualités, Anya les respectait et il ne lui suffit que de cette observation pour que le Grand Mestre occupe une place dans son estime que Pycelle n’avait jamais atteinte. Ce sournois n’était bon qu’à forniquer avec des prostituées. Anya l’avait connu, plus jeune, lors de son service auprès de la princesse Rhaella. Et elle l’avait toujours trouvé repoussant. Qu’il soit mort n’avait cependant pas éveillée la joie dans son coeur. Après tout, on savait ce qu’on perdait, pas ce qu’on gagnait…
Et elle était bien décidée à voir ce qu’ils avaient gagné, tiens. Elle s’excusa auprès d’Harrold et se dirigea vers le fidèle des Sept alors que Roland prenait congés. On s’écartait sur son passage et elle finit par se planter en face de l’homme âgé qui l’observait, entre curiosité et étonnement.
Il était simplement vêtu. Ses chaînes cliquetaient à sa hanche alors qu’il s’escrima en une révérence respectueuse. Elle l’imita, par convention, et le salua à son tour, avant de balayer les formalités d’un revers de main.
« Allons, nous ne voudrions pas risquer un tour de reins, Grand Mestre, » commença-t-elle avec un sourire à peine discernable en parlant des révérences. « Ces activités dangereuses ne sont plus de notre âge... ai-je besoin de me présenter où mon petit-fils l'a-t-il fait pour moi ? »
D’ordinaire, Anya était très à cheval sur ce genre d’attention. Elles faisaient parties du protocole et devaient être respectées pour constituer un cadre familier. Mais ils étaient tous les deux âgés. Avaient-il réellement le temps pour ce genre de choses ? Si le Mestre avait été plus jeune qu’elle en revanche, elle se serait montrée beaucoup moins familière.
« Pouvez-vous faire en sorte que mes chevaux défèquent de l’or ? » répondit-elle à sa première question. « Je prie les Sept tous les soirs à ce sujet, cela ne semble guère fonctionner. »
Un éclat amusé éclaira son regard noisette. Il était évident qu’elle testait le Grand Mestre. Plus par curiosité que par réelle inquiétude, peut-être. Mais elle le testait tout de même. D’ailleurs, elle ne mentait pas vraiment pour l’humour. Elle priait réellement les dieux pour que les caisses des Vanbois se renflouent. Peut-être pas en passant par du crottin de cheval doré, certes. Mais elle demandait bien, tous les soirs sans exception, un futur plus reluisant pour sa maison.
« Il est si rare de rencontrer quelqu’un de son âge par les temps qui courent… Nous sommes deux fossiles parmi tous ces jeunes gens ! » se désola-t-elle faussement. « Mais laissons les s’amuser tandis que les esprits éclairés discutent. »
DRACARYS
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L’âge est la fortune de la sagesse
Grand Mestre Alaric & Anya Vanbois
Les premières paroles de la Dame Vanbois destabilisèrent le Grand Mestre. Il faut dire qu’il s’était attendu à beaucoup de choses, mais alors pas du tout à ça. Il ne put contrôler le large sourire qui se dessina sur ses lèvres quand Dame Vanbois demanda à ce que ses chevaux puissent déféquer de l’or, l’humour de la chose prenant le pas sur la surprise du Grand Mestre, comme cela était visible sur son visage.
Les premières impressions étaient toujours les plus marquantes, ça le Grand Mestre l’avait bien appris au fil des décennies, et le moins qu’on puisse dire, c’est que la matriarche des Vanbois savait y faire. Elle parut tout de suite aux yeux d’Alaric comme quelqu’un de bien moins protocolaire que la réputation de sa famille pourrait laisser penser, ainsi qu’un sens de l’humour et une légèreté assez étonnante, mais pas déplaisante. Après la discussion protocolaire -mais néanmoins agréable- avec son petit-fils, la transition était d’autant plus brutale qu’intéressante. Le Grand Mestre ne montra rien de sa surprise intérieure et garda ce même sourire qu’il avait eu en entendant la Dame Vanbois parler de ses chevaux. Il répondit dès qu’elle fini :
- Mes reins ont vu pire que quelques courbettes, croyez moi ! Et nul besoin Dame Vanbois, votre petit-fils vous a déjà assez vanté devant moi ! Je suis honoré de vous rencontrer. Voulant éviter de subir une autre remarque sur ses reins, il se contenta d’une légère courbure de la tête. Et bien ma foi ma Dame, quant à votre demande, même si je possédais le savoir nécessaire à une telle...hum, “pratique”, je vois mal quiconque qui serait prêt à prendre de l’or sous une telle forme ! Imaginez un peu la tête des banquiers Braaviens si vous leur ameniez leur or sous cette forme !
Il se permit alors un petit rire, mais sans plus. Il sentait la familiarité dont lui avait fait preuve la matriarche Vanbois, et même si son instinct premier était -face à une personne de son âge- de rendre cette familiarité, sa position de Mestre resta de prime abord et il s’efforça à rester le plus neutre possible, à défaut d’enchaîner les courbettes comme il avait pu le faire depuis son arrivé aux Portes de la Lune.
- Vous me voyez navré que je ne puisse vous aider avec mes connaissances limitées de Mestre. Mais qui sait, à Essos ont-ils peut-être quelque chose pour vous aider ! L’exotisme, l’incroyable et l’improbable, ce n’est pas ce qui manque là-bas, croyez-moi bien !
Il garda son sourire, espérant tout de même qu’avec son attitude un peu plus légère et ouverte qu’à l’accoutumé, il ne s’attirerait pas une quelconque mauvaise faveur de la part de la Dame Vanbois. Car à vrai dire, là, il se sentait surtout à marcher sur des oeufs, incapable de déterminer quelle bonne approche et comportement à avoir avec cette Dame bien singulière au premier abord.
- Et "fossiles" dites vous ? Voyons Dame Vanbois, le suis-je pour sûr, mais vous concernant, ce terme de fossile ne saurait qu’être des plus inappropriés ! Et ils sont jeunes, laissons-leur tous profiter, de par ayant eu nous-mêmes cette période de jeunesse insouciante et pleine d’énergie ! Il inclina alors naturellement à nouveau la tête. Et avec grand honneur que vous m’accordiez l’intérêt de discuter avec mon humble personne. Si je ne puis-je aider sur vos souhaits auprès des Sept, peut-être puis-je vous offrir mon aide ou conseil sur une autre question à même d’être plus à ma portée ?
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Chênes-en-fer an 302, lune 9, semaine 1
Grand Mestre Alaric & Anya Vanbois
Le visage du Grand Mestre passa par deux émotions bien distinctes. La première, la plus fulgurante, fut l’éclair foncièrement interloqué qui fit se froisser ses épais sourcils sur son front couvert de rides. Il resta muet quelques secondes, ne sachant probablement pas sur quel pied danser. Finalement, vint la deuxième. Un large sourire qui laissa brièvement apparaître l’éclat de ses dents à travers sa barbe grisonnante. Les flammes qui éclairaient faiblement l’alcôve se reflétèrent un instant sur l’émail et il sembla que sa bouche était de braises.
Il plut immédiatement à la veuve. Sans excès et discret, il lui apparut comme modéré et pensif. Combien se seraient exclamés en rires bruyants et hypocrites ? Combien, en revanche, lui auraient retourné une oeillade outrée ? Anya n’avait pas assez de doigts pour les compter. Il lui suffisait de se retourner et d’observer la salle en fête derrière elle.
Sa première remarque fit tilter la matriarche. Mestre Alaric n’était pas issu d’une famille noble. Paysanne, lui semblait-il… ou bien marchande ? Elle ne s’en rappelait guère. À ses yeux, ils faisaient tous partis de ce même marasme boueux où chacun cherche à écraser la tête de l’autre, à se donner des appellations différentes pour sortir du lot alors que, vraiment, n’étaient-ils pas fait de la même terre ? Peut-être le Grand Mestre y faisait-il référence… Enfin, cela ne la concernait guère.
Un rictus tordit ses lèvres trop fines à la mention de son petit-fils. Elle n’était pas étonnée d’avoir déjà été présentée par Roland. Elle aimait ce garçon de tout son coeur et il semblait que le sentiment était réciproque. Une chance que les dieux aient permis à l’unique fils de Morton d’aimer son implacable et froide grand-mère… Il y avait des jours où elle était certaine de ne pas mériter son affection, en particulier lorsqu’elle constatait l’état de précarité dans laquelle ils se trouvaient tous à cause d’elle. Mais il y avait également des instants où elle se sentait légitime et fière car, après tout, s’il était si courageux, loyal et respectueux, c’était aussi grâce à elle…
Elle rendit son hochement de tête à l’ombre du Roi.
Son sourire s’agrandit lorsqu’il rebondit sur son trait d’esprit. Son long index osseux vint taper l’arrête de son nez.
« L’argent n’a pas d’odeur, Grand Mestre, l’argent n’a pas d’odeur… Vous ne voyez pas qui accepterait un tel or ? Hé bien moi, pour commencer ! Et les banquiers de Braavos ont encore moins de scrupules que moi… »
« La Banque de Fer obtiendra toujours son dû, » pensa-t-elle. Tout le monde connaissait les histoires et les menaces. Combien de rois, princes, nobles et bourgeois avaient-ils été assassinés pour une dette non remboursée ? C’était bien cette aura nébuleuse qui n’avait jamais fait songer à la Vanbois d’emprunter chez eux. Les risques étaient trop grands. Certains westerosi ne se tourmentaient pas autant. La mère de Morton n’aurait pour rien au monde échangé sa place avec la leur.
Toujours ancré dans la modération, l’homme de sciences ne frôlait jamais la ligne de la familiarité. À une distance respectable, il riait lorsqu’il le fallait et répondait posément. Une qualité respectable, mais qui questionnait la chef de famille. Impossible de sonder son caractère. Avec Pycelle, les choses avaient été plus aisées. Alors qu’elle n’avait été qu’une adolescente, il ne lui avait pas fallu une semaine pour voir clair dans son petit jeu de pervers nauséabond. Le nouveau conseiller de Rhaegar était plus prudent. Une bonne et une mauvaise chose.
« Vous m’en voyez navrée… Il semble donc qu’il va me falloir appareiller pour Essos dans ce cas… Combien de temps survivrais-je ? Deux jours ? » demanda-t-elle.
De s’imaginer en dehors du Val lui donnait des frissons. Bien sûr, elle avait vécu à Port-Réal et avait voyagé à travers le continent. Mais les moeurs et les traditions demeuraient les mêmes. Que penser donc du monde voisin où tout était différent ? Des déserts infinis et des peuplades étranges qui y résidaient ? Anya n’avait aucunement l’âme d’une exploratrice. Plutôt que de la faire rêver, l’idée la révulsait.
Comme à son habitude, elle balaya sa remarque d’un revers de main. Un geste qu’elle avait hérité de son père et qu’elle avait transmis à Rowena.
« Ne me flattez pas, » lui conseilla-t-elle et secouant la tête. « Et je n’ai jamais été insouciante. Ni pleine d’énergie, d’ailleurs. »
Cynthea lui rappelait bien souvent qu’elle était une vieille pie. Quelle douce enfant. « Puisse-t-elle un jour atteindre cet âge respectable, » songea Anya. Néanmoins, elle en doutait fortement. Sa petite-fille était bien trop tempétueuse et casse-cou. Deux choses que la veuve ne s’était jamais permise d’être. Eut-elle été un jour une turbulente petite-fille, elle ne s’en souvenait absolument pas et elle en remerciait les dieux. Son père l’avait élevé comme sa digne héritière et elle n’avait jamais pu se payer le luxe de rêvasser et de s’épuiser en danses et en fêtes. Elle était une Vanbois. Et les Vanbois n’étaient pas insouciants. Elle se retint de jeter un regard à Lysa et de soupirer. Enfin, il fallait bien une exception.
« L’honneur est partagé, » reprit-elle. « Et en effet, j’ai une question pour vous. »
L’humour avait fini par déserter définitivement sa voix. Les introductions étaient terminées.
« Qui êtes-vous donc, Grand Mestre Alaric ? »
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