Sisters are different flowers from the same garden - ft. Lyra

Date d'inscription : 02/06/2019

# Dim 19 Jan - 16:48

A perfect sister I'm not... - Part 1

- Here We Stand ! -

L’Île-aux-Ours semblait plus animée au cours de cette huitième lune de l’an 302. Lyanna n’y prêtait pas attention plus que cela, tantôt alitée, tantôt en proie aux examens du mestre, aux remontrances d’Alesta mais surtout entre les mains protectrices et douces d’Arya. En effet, la semaine passée, la jeune oursonne avait bien compris qu’un convoi nordien avait séjourné sur l’île. Jon Snow, le bâtard Stark, était venu recueillir le témoignage d’Edrick concernant la mort de Maege. Cela lui faisait toujours quelque chose lorsqu’elle pensait à ce pauvre homme. Sa culpabilité la rappelait à l’ordre et elle se promit, ainsi qu’elle l’avait fait à sa sœur Alysane, d’aller lui parler, d’aller se faire pardonner auprès de lui ainsi que de se réconcilier avec Marthe. Arya avait déjà insisté auprès de l’oursonne mais celle-ci ne se sentait pas prête encore. Concernant le convoi nordien, il ne resta pas plus de deux jours et Jon repartit pour Winterfell. Mais, la demeure des Mormont accueillit plus d’un invité en son sein. En effet, Lyanna, alitée et mal en point, reçut la visite d’Arya Stark, sa meilleure amie et sœur de cœur. Elle en fut tellement ravie. C’était une réelle bouffée d’air frais qui venait de souffler sur l’île. En quelques jours, Lyanna avait retrouvé un semblant de sens à sa vie. Même si la voie de la guérison était encore longue, la petite ourse prenait le bon chemin. Passant ses journées avec la jeune Louve, Lyanna ne voyait guère ses sœurs, Dacey, Alysane ou encore Jorelle. Elle ne leur en voulait pas. Elles avaient sûrement d’autres choses à gérer. Lyanna n’était pas la plus petite enfant sur cette île – d’autant qu’elle ne se considérait elle-même pas comme une enfant – puisque Dacey ou encore Alysane avaient des filles et fils à gérer. Remerciant chaque jour les Anciens d’avoir permis à Arya de venir sur l’île auprès d’elle, Lyanna n’en oubliait pas non plus Alesta qui avait été bien patiente ces dernières lunes. Grâce à la présence d’Arya même, la jeune servante pouvait souffler et soit se reposer, soit s’acquitter d’autres tâches moins lourdes qu’une jeune alitée dépressive. Au cours de la première semaine de présence d’Arya, la jeune Mormont apprit que sa sœur Lyra était également sur l’île et elle s’étonnait de ne pas l’avoir encore vu. Elle avait sûrement du temps à rattraper avec les grandes sœurs, ce qu’elle comprenait tout à fait. De plus, elle ne voulait pas que Lyra la voit dans cet état pitoyable.

Les jours passèrent et Lyanna se sentait quelque peu mieux. Bien que plusieurs petites crises aient lieu, son état semblait s’améliorer pour le plus grand bonheur du mestre. Il allait et venait, toujours en présence d’Alesta pour s’assurer que tout allait bien. Arya Stark y était pour beaucoup, le mestre en convenait et la remerciait chaque jour. Ormund était un le mestre des Mormont depuis bien des années maintenant. Lyanna et lui s’étaient tout de suite bien entendus. Leur relation semblait se rapprocher de celle d’un grand-père avec sa petite-fille, la petite oursonne n’ayant jamais eu de repère masculin. Elle ne connaissait pas son père et cela ne l’inquiétait pas plus que ça. À plusieurs occasions, il est vrai, elle aurait bien voulu savoir d’où elle venait mais cela semblait être un grand mystère ou un secret que Maege emportait désormais chez les Anciens. Quoiqu’il en soit, elle ne posa jamais la question à ses sœurs et se contenta de cette absence de repère masculin. Cela ne l’empêcha guère de grandir avec l’amour de sa mère et de ses sœurs. Et comme elle le pensait, Ormund faisait un peu office de grand-père à tous et toutes. Il était sage, cultivé, instruit et sa meilleure élève restera sans nul doute l’intrépide Lyanna. Elle n’aura jamais assez de temps pour les remercier, Alesta et lui, de leur patience durant ces longues semaines. Elle se rendait bien compte qu’elle avait été un poids pour eux. Mais, maintenant, elle semblait aller mieux. La colère était toujours présente ainsi que le chagrin et la rage mais elle voulait avancer, espérait et c’est tout ce qu’il fallait à Ormund, Alesta et Arya pour être rassurés. La deuxième semaine en présence d’Arya était sur le point de s’achever. Lyanna était seule dans sa chambre, assise encore dans son fauteuil roulant. Elle avait fait plusieurs progrès mais marcher semblait encore bien difficile. Sa diction demeurait hésitante et le mestre espérait que le bégaiement partirait. Toutes les cartes étaient dans les mains de la petite oursonne. Aucun remède miracle ne pourrait la sauver si ce n’est sa volonté. Passant la voir en coup de vent, le mestre voyait dans les yeux de Lyanna que tout n’était pas encore fini. Le deuil était un long processus propre à chacun. Si les filles aînées de Maege Mormont ne semblaient pas aussi atteintes que Lyanna, c’est parce qu’elles géraient autrement. La jeune nordienne de douze ans fut frappé en plein cœur sans s’y attendre. Une enfant de douze ans ne régissait pas de la même manière ni avec le même recul qu’un adulte.

-Je… Je suis pas… une enfant !

- Alors, n’agissez pas comme tel.

Par moment les échanges semblaient houleux mais le mestre tentait de faire comprendre à Lyanna que si elle ne voulait pas être traitée comme une enfant, il ne fallait pas agir comme une enfant. Le mestre lui adressa ensuite un sourire qu’elle ne lui rendit pas. Il n’en fit rien. Il avait l’habitude. Cela l’amusait de retrouver sa petite bougonne. C’était signe qu’elle allait mieux. Il la laissa seule tandis qu’Alesta fit son entrée, apportant un verre et de quoi boire. Elle posa le tout sur la table et s’assied sur la chaise en face de la jeune oursonne. Elle lui souriait, passa une main pour remettre une mèche de cheveux qui se rebellait. Alesta aimait vraiment cette petite. Et même quand elle lui donnait du fil à retordre, elle ne finissait toujours pas revenir vers elle et l’aider. Ces dernières semaines avaient été bien difficiles pour elle et Alesta devenait plus patiente même si de temps à autre elle faisait comprendre à Lyanna qu’elle devait un peu se bouger. Car certes Arya était parfaite dans le rôle de grande sœur mais il fallait que Lyanna aille mieux. Si Arya était la compassion, le mestre ou Alesta étaient l’autorité. Ils voulaient tous et toutes que la petite Mormont se relève de cette douloureuse épreuve. Et ils ne désespéraient pas, loin de là. Chacun à leur façon, ils encourageaient Lyanna à persévérer, lutter, guérir.

- Te faut-il autre chose, ma petite Lya ?

Oui, la relation avec Alesta avait changé au fil des semaines. Cette épreuve les avait rapprochés et elles en étaient convenues au tutoiement. Cela avait mis mal à l’aise Alesta mais elle s’y était vite adaptée face à une Lyanna peu dérangée par une telle familiarité avec une servante qui devenait de plus en plus une amie sincère et en qui elle avait grandement confiance.

- Non… me… merci A… Al… Alesta.

Alesta fut sur le point de quitter la chambre lorsque Lyanna la retient par la main. Elle grimaça de douleur. Par moment, son corps lui rappelait qu’il avait mal. Elle s’en passerait bien mais le mestre lui a dit que ça passerait. Elle regarda Alesta dans les yeux et lui demanda alors.

- Emmène… m… moi voir… Ly… Lyra, s’il te… plait.

Alesta, toute sourire, fut heureuse de voir Lyanna désirait voir sa sœur. Elle qui s’était enfermée pendant des semaines, recevant la visite de ses sœurs dans un silence des plus morbides, cela changeait. L’aidant à marcher à travers les couloirs, Alesta arriva au niveau des portes de la grande salle. Lyanna s’arrêta nette, commençant même à trembler un peu. Elle n’était jamais revenue dans cette salle depuis l’annonce de la mort de Maege. Aucun meurtre n’eut lieu – à sa connaissance – dans cette salle, pas de massacre juste l’expression de sa colère qui valut une gifle à Edrick et une engueulade à Dacey avant que Lyanna ne s’effondre devant le nouveau seigneur de l’Île-aux-Ours. Elle demanda alors à Alesta d’aller voir elle-même si Lyra se trouva mais par chance – Lyanna en remercia les Anciens – sa sœur n’était pas là. C’est alors que la plus petite des filles de Maege pensa à l’endroit que Lyra préférait ou du moins l’un des endroits qu’elle préférait. Quelques minutes plus tard, elles arrivèrent sur une sorte de balcon large ou pouvait se tenir une table et plusieurs chaises mais aussi deux bancs. La vue était magnifique et permettait devoir l’étendue de l’île et ses merveilleux paysages. C’est en effet là que Lyra Mormont désormais Norroit se trouvait. Affichant un sourire, ravie de retrouver sa sœur, Lyanna, enveloppée dans plusieurs fourrures qui lui tenaient chauds, ne put malheureusement pas courir dans les bras de Lyra, d’autant que cette-dernière était enceinte. Alesta et elles s’avancèrent donc vers Lyra jusqu’à ce qu’elle remarque leur présence. Lyanna avait les yeux baignés de larmes qu’elle tentait de refouler. Plongeant le regard dans celui-ci de sa très chère sœur, elle ne put prononcer que son prénom.

Ly… Ly… Lyra…

#AACE3A : Lyanna Mormont
#cc66cc : le mestre
#C44C51 : Alesta

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# Jeu 30 Jan - 21:39

Sisters are different flowers from the same garden

An 302, Lune 8, semaine 2

Lyanna Mormont & Lyra Norroit

« Allons, prends ma main. »

Dans un froissement de cape et des chuintements du cuir, Brandon étendit son long bras fort et proposa sa pogne à sa femme.
Le pied peu sûr et la démarche chaloupée sur la coupée glissante, Lyra Norroit faisait peine à voir. Ses mains crispées autour de son ventre déjà gros, elle craignait d’arracher ses paumes à ce bébé qui semblait si fragile, là, simplement protégé par sa peau et son manteau. De lourds cernes verts donnaient à son visage un air maladif. Malgré son air bourru, Brandon n’était guère mieux. Il avait passé la plupart du voyage à vomir.

Finalement, elle consentit à attraper ses doigts d’une main tremblante. Même au travers de ses gants fourrés, elle sentit la force et la callosité de sa chair. D’un bras, il guida ses pas tandis qu’elle accélérait, désormais en confiance. Si Brandon la tenait, alors elle ne risquait plus de glisser.

Elle risqua un dernier regard vers le bateau où Jon Snow et Jory Cassel organisaient méthodiquement le débarquement. Leurs voix rauques s’élevaient au travers de la bruine légère alors qu’ils ordonnaient les matelots que la brune ne pouvait déjà plus entendre. Le temps était compté. Quant à Arya, impossible de savoir où elle était passée. D’un geste du menton, le bâtard de Ned Stark lui indiqua de continuer son chemin. Lyra hocha la tête et, dans un sourire, le remerciait.

« Eloignons-nous de cet engin de malheur, » bougonna le Norroit, bien heureux de retrouver la terre ferme.

La soeur de Dacey n’était elle-même pas mécontente de retrouver le plancher des vaches. Depuis son séjour sur les Îles de Fer, elle se méfiait de l’océan. Plus qu’avant encore. Quel malheur de se trouver au milieu de toute cette eau, au coeur de cette étendue qui semblait infinie, si visible, si atteignable, si vulnérable… Quant à Brandon, il avait simplement le mal de mer.

Elle eut dans les premières minutes une démarche étrange, habituée aux longues journées passées sur le navire oscillant au gré des vagues. C’était comme si elle avait oubliée la stabilité. Comment les fer-nés faisaient-ils pour passer leur vie sur leurs rafiots ? Pouvaient-ils revenir si aisément sur leurs îles après avoir vécu si longtemps sur l’eau ?

Dans le petit port de pêche, on remarqua bientôt leur présence. Les villageois se retournèrent au passage de la jeune femme qu’ils accueillirent bien humblement, d’un hochement de tête grave. L’archère le leur rendit, sans effusion de joie. Tous savaient pourquoi elle était de retour ici. Et tous lui témoignaient son respect à la manière des Mormont. Dans le silence et l’austérité.

Alors qu’ils empruntaient le chemin que Lyra connaissait par coeur, la brune se surprit à attendre sa mère, devant la porte gravée. C’était une vision si familière, si commune, si habituelle… Comment aurait-elle pu ne pas être là ? Cette question qu’elle se posa pour la première fois depuis qu’on lui avait appris la terrible nouvelle lui brisa le coeur.
Elle étouffa un sanglot dans sa manche, désireuse de soustraire son visage au monde. Brandon resserra l’étreinte de son bras autour de ses épaules.

« Est-ce que tout va bien ? » lui demanda-t-il, impuissant.

« Je suis fatiguée, » lui répondit-elle simplement, la voix pleine de larmes.

*

Depuis son retour sur l’Île aux Ours, il y avait moins d’une semaine, Lyra n’avait guère vu de monde. Alitée la plupart du temps, éreintée par son voyage et la grossesse, elle ne quittait que rarement sa chambre.

Brandon était reparti à Winterfell en compagnie de Jon Snow et Jory Cassel. Robb Stark levait son ban pour affronter les sauvageons. La situation semblait critique, au coeur des terres. La chasseuse peinait à s’imaginer les événements tant elle se trouvait coupée du monde, ici où tout était tranquille…

Dacey, Jorelle et Alysanne la visitaient comme on visite une malade. Elles lui racontaient des anecdotes sur leur journée, lui détaillaient les dernières nouvelles de Westeros… Cela suffisait à la divertir. Elles lui avaient également appris l’état précaire de Lyanna. Depuis la mort de leur mère, celle-ci n’était plus que l’ombre d’elle-même. Abattue et bégayante, elle ne se mêlait plus au reste de la fratrie et préférait l’isolement de ses quartiers. « Finalement, » avait pensé Lyra. « Nous ne sommes pas plus avancées l’une que l’autre. »

Ce matin là, pourtant, une nouvelle énergie envahit la troisième ourse. Accompagnée d’une suivante, elle s’extirpa des draps, s’habilla comme elle put et soupira de se trouver à nouveau debout. Elle s’étira longuement. Le sang circulait à nouveau dans ses veines, vivace comme les rivières de printemps et la lassitude sembla s’évaporer.

Soutenue durant ses premiers pas, comme une enfant à laquelle on apprend à marcher et dont on craint le chute soudaine, Lyra se dégourdit.

« Voulez-vous venir avec moi jusqu’au balcon ? » lui demanda-t-elle. « Que je respire un peu d’air frais… »

Il n’y avait nullement besoin de préciser ce qu’était le balcon. Cette grande terrasse en bois était assez large pour faire tenir cinq ours côte à côte. Mais surtout, elle offrait une vue imprenable sur les reliefs capricieux de l’île et ce jusqu’à la mer.

A peine sortie, la brune sourit de la bise glaciale qui rosit ses joues. Une forte odeur d’embruns et d’humus détrempé lui chatouilla les narines. Elle resta ainsi debout jusqu’à en avoir le tournis. Elle s’installa alors sur un des bancs de chêne et laissa son regard se perdre sur le bois sacré. On le distinguait facilement, à travers les carcasses noires des arbres tués par l’hiver. Les troncs blancs, lumineux, reflétaient le ciel neigeux et les ramages rouges juraient dans le camaïeux de gris et de marrons de l’île. En plissant les yeux, elle apercevait presque la figure longue aux traits mélancoliques du visage sculpté… à moins que cela ne soit les yeux rouges de sève gelé qui la lorgnaient en retour…

Détendue, mais l’oreille attentive, Lyra ne manqua pas d’entendre les bruits de pas qui firent soudainement grincer le balcon. Elle fut étonnée de découvrir Lyanna, escortée elle aussi par une suivante, qui l’observait. Tout sourire, elle avait néanmoins les yeux baignés de larmes.

Sa voix, ô sa voix si petite et enfantine, sa voix qui ne ressemblait tellement pas à celle qui Lyra lui connaissait manqua de la faire sangloter à son tour.
Elle écarta les bras pour l’accueillir près d’elle.

« Ma chérie, » l’appela-t-elle. « Tu m’as tant manquée. »

DRACARYS

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# Mar 25 Fév - 23:28

… but thankful for the one I’ve got – Part 2

- Here We Stand ! -

- Ma chérie. Tu m’as tant manquée.

Les larmes coulaient toutes seules mais Lyanna s’en moquait. Elle se laissa aller dans les bras de son aînée. Elle lui avait tellement manqué. Cela semblait faire une éternité et pourtant cela ne faisait quelques lunes. Alesta, sans un mot, laissa les deux sœurs tranquilles et s’éloigna jusqu’à disparaître et s’atteler à d’autres tâches qui l’attendaient. De son côté, Lyanna, qui s’assied aux côtés de sa sœur, quittant ses bras chauds pour ne pas trop la serrer, plongea son regard mouillé dans celui de sa sœur avant de porter son regard sur le ventre arrondi. Un petit ou une petite Norroit allait voir le jour. Certes il ou elle ne porterait pas le nom de Mormont mais cela ne faisait rien. Pour Lyanna, il allait avoir une moitié de Mormont non négligeable. Tout sourire, cela changeait des jours, semaines et lunes précédentes, elle ne savait pas par où commencer. Elle avait tellement de choses à raconter à sa sœur. Pleins de souvenirs lui revinrent en tête du temps où Lyra était encore une Ourse par les Ours. Ses larmes se séchèrent enfin et elle passa sa main pour les chasser définitivement. La jeune oursonne était plus qu’heureuse de retrouver sa sœur. Enfin, enfin, elles se voyaient tandis que cela faisait bien une semaine que le convoi nordien était arrivé. Elle finit tout de même par briser le silence et adresser à sa sœur des mots, certes décousus, mais qui venaient du cœur.

-Lyra… Je… je suis si… si… si contente de… te voir ! Tu… m’as… tel… tellement manqué…

Lyra ne pouvait le percevoir mais Lyanna avait fait quelques progrès. La guérison était loin d’être finie et cela ne faisait que quelques jours que Lyanna avait repris du poil de la bête mais elle allait aller mieux, tout le monde en était persuadé. Encouragée par Arya, Alesta et le mestre, Lyanna progressait chaque jour, faisait des efforts. Si parfois, elle bougonnait – signe qu’elle redevenait un peu la Lyanna d’avant – un haussement de ton du mestre ou bien les doux yeux d’Arya la faisaient revenir à la raison. Mais son caractère était une chose qu’elle n’avait pas perdu dans la dépression. Loin de là. Prenant la main de sa sœur, elle la contemplait, l’admirait, ne la quittait pas des yeux. Sa présence fit le même effet que celle d’Arya, une véritable bouffée d’air frais. Cela aurait pu, par ailleurs, donner aux autres sœurs l’occasion de se poser des questions, du fait que Lyanna n’ait jamais voulu leur parler, les voir. C’était compliqué et Lyanna s’en voulait sur ce point. Mais, nul doute faisait qu’elle se rattraperait en temps voulu auprès de Dacey, d’Alysane ou encore de Jorelle. Elle leur en avait fait grandement baver et les torts devaient être préparés. Mais Lyanna ne se sentait pas encore prête pour tout ça. Elle avait, par ailleurs, refusé toute tentative de réconciliation avec sa jeune nièce, Marthe, troisième élément de leur trio infernal avec Arya. La petite oursonne n’y pensa pas plus. Elle voulait se concentrer sur sa sœur, cela lui faisait tellement plaisir de la voir.

-C… C… Comment vas… tu ? Ra… racon… racontes-moi… tout !

Elle voulait tout savoir sur les quelques lunes qui venaient de s’écouler. Elle n’était pas encore prête à parler de Maege. Bien que le travail de deuil eût débuté, enfin, et heureusement, la petite oursonne préférait éviter le sujet pour le moment. Elle voulait des nouvelles de Lyra. Elle seule lui importait à ce moment très précis. Elle tenait toujours sa main dans la sienne et soutenait son sourire. C’était vraiment un pur bonheur que de voir sa sœur en face d’elle. Le temps où Lyra lui comptait des histoires lui manquait terriblement. Elles n’avaient pas toujours eu une relation fusionnelle mais elles s’aimaient et étaient là l’une pour l’autre. Et Lyanna savait qu’elle pourrait toujours compter sur Lyra comme elle pourrait compter sur ses trois autres sœurs.

#AACE3A : Lyanna Mormont
#ffffff : Lyra Norroit

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# Dim 15 Mar - 18:32

Sisters are different flowers from the same garden

An 302, Lune 8, semaine 2

Lyanna Mormont & Lyra Norroit

Lyanna avait toujours été une force de la nature. Lors de sa naissance, ses cris avaient percé la tranquillité de la forteresse en rondins jusqu’à réveiller toute la forêt endormie. Lyra se rappelait ce jour comme s’il avait eu lieu hier. Elle était alors âgée d’une dizaine d’année… peut-être avait-elle le même âge que sa jeune soeur actuellement. Bien qu’encore jeune, elle avait tenu à assister le mestre pour l’accouchement. Les rugissements sauvages de sa mère, si forts qu’on les auraient cru tout droit sortis d’une corne d’appel, l’avaient effrayée et elle avait craint qu’elle ne meurt. Elle semblait se trouver en proie à un tel tourment, une telle détresse… Les injures pleuvaient et ses gros doigts gourds s’enfonçaient dans les peaux moites de sueur.
Sans se démonter, mestre Ormund avait patiemment et calmement fait son office, commandant la mère d’une voix autoritaire, sans aucune crainte de son courroux. Ce fut cette sérénité, malgré les circonstances, qui inspirèrent l’adolescente à garder le cap.

Puis, d’entre les cuisses de sa mère, jaillit la vie. Un énorme crâne rose et fripé, surmonté d’un toupet de cheveux noirs comme la nuit. Le petit visage du bambin, crispé, ressemblait à un tas de plis et de rides. Ses poings furieux frappaient l’air et ses petites jambes battaient dans le vide. « C’est une fille ! » s’était exclamé l’homme de science en déposant l’enfant contre le sein de Maege. De sa grosse paluche, cette dernière avait repoussé ses mèches poisseuses et examiné elle-même le sexe de sa dernière-née. « Encore ! » Il n’y avait pourtant dans sa voix aucune amertume, aucune déception. Simplement une grande joie et une profonde fierté. Peu importait. Fille ou garçon, elle était une Mormont à présent.
Et elle n’avait jamais failli à son nom. Têtue, boudeuse et robuste, elle était le portrait craché de Maege. Une vraie femme de l’île.

De la voir si petite, si frêle, si fragile alors qu’elle était prise de tremblements dans ses bras lui brisa le coeur. Elle la serra contre elle, peut-être un peu trop fort, tandis que sa main gauche caressait l’arrière de sa tête, comme quand elle était encore petite fille…

Finalement, sa soeur se dégagea doucement de son étreinte et s’installa à côté d’elle. Elle l’observa un instant, les joues encore mouillées de larmes. Ses yeux noirs tombèrent sur le gros ventre de la troisième ours tandis qu’une main distraite glissait sous ses paupières pour chasser ses dernières émotions. La suivante qui l’avait accompagnée s’était retirée sans un mot, laissant les deux soeurs toute à leurs retrouvailles.

La diction saccadée de Lyanna étira ses lèvres d’un sourire encourageant. Il était évident qu’elle y mettait toutes ses forces. Visiblement, la mort de Maege l’avait durement affectée. Toute la famille l’avait été, mais la petite dernière demeurait probablement celle qui prit le plus gros coup. Lyra se trouvait à Winterfell lorsque la tragédie avait effleuré ses oreilles. Comment les choses s’étaient-elles passées ici ? « Mal, » lui avait répondu Jorelle d’une voix blanche. Elle n’était cependant pas entrée dans les détails. Désormais, cela ne faisait aucun doute que la petite guerrière avait été au coeur des préoccupations.

« À moi aussi, » répéta l’archère doucement. « Je suis désolée d’être arrivée si tard… »

La culpabilité ne l’avait pas quittée depuis qu’elle avait laissé derrière elle la forteresse des Stark. Elle aurait dû se trouver parmi les siens, lors de cette terrible journée. Bien sûr, elle n’aurait pas pu se douter et bien sûr, elle ne vivait désormais plus sur l’Île aux Ours… mais elle ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir. Soutenir ses soeurs était une chose importante pour elle et elle avait l’impression d’avoir failli à son devoir.

Lyanna serra les doigts de son aînée et celle-ci en fit de même tandis que son autre main tapotait doucement son ventre arrondi.

« Je suis grosse, » rit-elle. « Voilà comment je vais ! »

Les longues journées à chevaucher à travers le nord pour rejoindre la demeure maternelle avaient été un calvaire. Elle ne l’avait dit à personne et ne s’était jamais plainte, mais le voyage avait été pénible. Juchée sur Compagnon, le petit poney trapu offert par Brandon lors de leur mariage, durant des heures, elle avait subi les trots, les ravins, les routes accidentées en serrant les dents et les mains crispées tantôt sur les rennes, tantôt sur son ventre. Le froid, le vent et la neige ne l’avait aucunement dérangée, habituée au climat hostile de la région, mais les à-coups et les positions inconfortables sur la salle glissante avaient eu raison de sa bonne humeur habituelle. Mais cela n’avait rien eu à voir avec la douleur lancinante que la perte de sa mère infligeait alors à son âme malheureuse.

Sa benjamine ne semblait, elle aussi, pas prête à en parler aussi, elle rangea cela pour plus tard… mais l’ombre de Maege planait toujours autour d’elles comme une épée de Damoclès.

« C’est un coriace, celui-là, » fit-elle en pointant son ventre de l’index. « Il me frappe plus fort que toi quand tu étais petite et que tu ne voulais pas de mes câlins… »

Elle soupira et rejeta sa tête brune en arrière, offrant son visage au soleil froid de l’île. Fermant les paupières, elle s’imagina qu’elle ressentait la chaleur de l’astre sur sa peau claire.

« Tout te raconter ? » demanda-t-elle. « Alors… Il était une fois… »

Elle glissa vers Lyanna un regard complice, se rappelant leurs longues soirées passées dans le grand hall de la demeure des Mormont. Presque collées aux flammes pour pouvoir profiter de sa chaleur, Lyra enchaînait alors les histoires pour divertir la petite fille.
La chasseuse étira ses jambes. Elle s’étonna de pouvoir encore voir le bout de ses pieds. Une bise fraîche secoua les branches des pins. La neige accumulée là s'écrasa en gros blocs dans l'herbe plus bas.

« Je suis contente d’être rentrée. Après Corneilla, Winterfell… Est-ce que le mariage de lady Sansa t’intéresse ? Et nos aventures avec Jon Snow et Jory Cassel ? »

Sa jeune soeur n’était guère attirée par les banquets et les grands événements. Comme la plupart des Mormont, les foules n’avaient pas une place de choix dans son coeur. D’ailleurs, elle ne tenait pas tellement à aborder le sujet de l’union de Sansa et Hoster. L’empoisonnement et la mort de lord Nerbosc était un malheur qu’elle ne voulait pas rajouter sur la table.
Quant au trajet en compagnie de Jon et Jory, il avait été plutôt calme, en dehors de deux ou trois vagues.

« Et toi alors ? As-tu vu lady Arya ? Elle était si impatiente de te retrouver ! »

DRACARYS

Date d'inscription : 02/06/2019

# Dim 22 Mar - 10:10

The Lyra’s Journey – Part 1

- Here We Stand ! -

- À moi aussi. Je suis désolée d’être arrivée si tard…

La jeune Lyanna, remise de ses émotions, n’en voulait pas à Lyra. L’heure n’était plus à la rancœur. Elle était là maintenant, c’est tout ce qui comptait. La petite oursonne adressait à sa sœur un regard attendri, tellement contente de sa présence sur l’île. Cela faisait si longtemps, avec tout ce qui s’était passé, elle imaginait des années de séparation là où finalement il ne s’était passé que quelques lunes. Calmant ses petits tremblements, Lyanna était tout attentive aux paroles de sa sœur. Serrant sa main, elle sentit que Lyra répondit à cet appel de contact physique. Son regard se porta de nouveau sur le ventre de sa sœur qui avait la forme d’un bol retourné. Elle lui demanda alors comment elle allait et de tout lui raconter. Lyanna adorait quand sa sœur lui racontait des histoires ou bien ses voyages. C’était une bonne oratrice et quand elle parlait, elle n’avait d’yeux, ainsi que d’oreilles, que pour elle. Sa sœur, tout en tapotant son ventre, lui répondit en riant qu’elle était grosse. La pauvre. Elle avait dû voyager de Winterfell jusqu’à l’Île, enceinte. Ce voyage devait être un enfer et Lyra devait être contente d’être enfin arrivée à bon port. Lyanna ria également à sa remarque. Cela lui faisait du bien, c’était une sensation agréable. Elle continua à parler du bébé, mentionnant qu’il était coriace et qu’il frappait plus fort que Lyanna lorsqu’elle ne voulait pas de câlin étant plus jeune. Elle riait de nouveau repensant en effet à ses petites crises de colère lorsque ses sœurs voulaient la prendre dans ses bras. Elle devait avoir trois ou cinq ans mais elle se souvenait. Elle observa alors le visage magnifique de Lyra sur lequel venait se poser les rayons d’un soleil qui faisait l’honneur de sa présence. Avec l’hiver, les journées étaient courtes. Le Soleil ne faisait que passer tel un vagabond qui allait et venait, faisant escale çà et là au cours de ses voyages vers l’inconnu. Lyra plaisanta de nouveau en faisant mine de commencer une histoire, ce qui fit de nouveau rire Lyanna. Cela devait être si agréable de la voir sourire, rire, être ouverte. La petite oursonne n’avait été que l’ombre d’elle-même ces dernières semaines, mais surtout elle n’avait jamais été aussi radieuse, ouverte aux gens, elle qui était paresseuse quand il s’agissait d’interagir avec du monde.

Lyra mentionna alors le mariage de Sansa Stark et ses aventures avec Jon. Cela devait se lire sur son visage mais elle n’avait aucunement envie de parler du mariage de Sansa et Hoster. Si la cérémonie avait été magnifique, Lyanna s’en souvenait encore, le banquet fut horrible. Une troupe de gens était présent et cela avait oppressé la jeune Mormont. Et comme si cela ne suffisait pas, le seigneur des lieux avait été assassiné. Le coupable semblait même être dans la salle. Lyanna avait été mise en sûreté bien évidemment mais elle n’avait pas à l’histoire qui était dans toutes les bouches et toutes les oreilles des convives et personnes présentes à Corneilla le lendemain. Elle avait alors appris l’intervention d’un jeune chevalier ouestien portant secours à la pauvre dame qui était retenue par le présumé coupable. Mais Lyanna avait coupé court aux discussions portant sur ce sujet. Elle ne voulait pas en parler. Elle préférait s’isoler. Elle avait par ailleurs parcouru les jardins de Corneilla avant le grand départ, profitant alors d’un temps clément, admirant les fleurs, les jardinières, la beauté conflanaise et son herbe verdoyante. C’est par ailleurs à ce moment qu’elle fit la rencontre, pas la première physiquement mais bien la première dont elle se souviendrait, de son cousin, ser Jorah Mormont. Revenant au temps présent, ne se laissant pas plonger dans ses pensées les plus profondes, Lyanna reporta son attention sur sa sœur, lui sourit. Non, elles ne parleraient donc pas du mariage de Sansa. D’autant que la jeune oursonne n’était pas forcément – à son âge et à cet instant – attirée par cette pratique plus que courante en Westeros, permettant de contracter des alliances, de faire perdurer une maison. Cela n’intéressait pas Lyanna et pas uniquement parce qu’elle était trop jeune pour songer à se marier. Sa sœur enchaîna alors en lui demandant si elle avait vu Arya.

- J’préfé’rai tes av… aventures… avec Jon.

Elle marqua une courte pause pour reposer sa gorge. Même si des progrès avaient été réalisés, ses cordes vocales étaient encore sensibles selon le mestre. Elle garda la main de Lyra dans la sienne comme pour se procurer de la force et du courage. Elle put ainsi poursuivre.

- J’vais… mieux… C’pas encore ça… mais… j’progress’.

La petite oursonne était encore en convalescence. Cela ne faisait que quelques jours que son état s’était nettement amélioré. Et la présence d’Arya ne pouvait pas être étrangère à cette amélioration. Toute une collection de symptômes avait disparu, permettant à la jeune Mormont de se remettre quelque peu. Elle n’avait pas encore recouvert l’entièreté de sa force physique. Elle avait encore du mal à marcher, par moment elle tremblait, à d’autres, elle faisait une petite crise de panique. Les cauchemars se faisaient rares mais étaient encore présents. Ils étaient le messager d’une douleur encore présente au fond d’elle et qui le demeurerait à tout jamais. Elle se rapprocha quelque peu de sa sœur, tenant toujours sa main dans les siennes. Elle espérait que le touché de ses mains soit agréable malgré la présence çà et là de corne. Elle redressa alors la tête, prenant une nouvel fois contact avec son regard qui lui avait tant manqué. Elle sourit puis enchaîna.

- Arya m’a… be… beaucoup aidé. Sa p… présence ma récon… forte. J’vais mieux… mais faut qu’j’continue à… faire des progrès.

Ne la quittant pas des yeux, chassant les images qui la chagrinaient de sa tête, elle poursuivit, relançant alors sa sœur sur son voyage qui la mena jusqu’à chez elle.

- A… assez d’parler… d’moi. C’ment s’est passé… ton… ton… voyage ‘vec Jon Snow… Jory Cassel… et Arya ?

Cela n’avait pas du être un voyage idéal pour Lyra, enceinte mais elle était forte comme Maege, comme toutes les Mormont. Lyanna ne doutait pas que sa sœur avait une force en elle qui lui permit d’effectuer ce long et épuisant voyage. Et elle voulait en connaître les moindres de détails.

#AACE3A : Lyanna Mormont
#ffffff : Lyra Norroit

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# Jeu 9 Avr - 21:54

Sisters are different flowers from the same garden

An 302, Lune 8, semaine 2

Lyanna Mormont & Lyra Norroit

À mesure que le timide soleil d’hiver pointait le bout de son nez, l’île s’illuminait doucement, avec une réserve toute nordienne. Les arbres frigorifiés, avides de chaleur, faisaient craquer leur écorce. L’herbe grise ondoyait tranquillement sous la bise glacée du vent. La neige, elle, scintillait comme des rivières de diamants, ondoyant entre les roches noires et les forêts sombres. Et au loin, les rayons blancs faisaient comme des tâches sur la mer triste, égayant un peu ses joues de paillettes. Malgré le froid, malgré la mort, la nature, toujours, s’éveillait, suivant son cycle terrible et idéal, un cycle qui ne s’émouvait de rien et qui parvenait à éblouir par sa résilience.
Sereine, enfin, pour la première fois depuis la mort de sa mère, Lyra observait ce lopin de terre avec des yeux qui semblait le découvrir pour la première fois. Elle n’était pas partie longtemps et pourtant, tout lui avait manqué. L’odeur de la mousse, le tremblement lointain des vagues, les troupes de pêcheurs agglutinés sur les jetées, les enfants faisant des bols de sable sur la plage, les biches farouches qui apparaissaient et disparaissaient entre les pins… Tout était pareil et tout était différent. Elle devrait s’y habituer, cependant. Comme la nature, la vie aussi suivant son chemin sans jamais s’arrêter. Et il était de son devoir de continuer à marcher.

Les paumes de ses mains précautionneusement étalées sur son ventre protubérant, elle était heureuse que son enfant naisse ici, dans cet environnement connu et aimé. Le bébé prendrait sa première respiration sur l’Île aux Ours, le liant pour toujours à cette terre, au même titre que toutes les filles Mormont. Il s’agissait d’un lien sacré. D’un lien que nul ne pourrait trancher. Et il naîtrait entouré de ses tantes, ses cousines et ses cousins, dans cette maison de rondins qui avait entendu les premiers cris de centaines de Mormont avant lui.
Brandon ne serait pas là. Cette pensée la peinait, mais les Anciens Dieux en avaient décidé ainsi. Elle avait donc accepté ce sort, entre inquiétude et espoir, vivant de la promesse qu’il lui avait faite. Il reviendrait vivant.

Et les rires de Lyanna réveillaient en elle cette mélancolie paresseuse qui l’accompagnait partout. Sa cadette avait tant souffert de la disparition de leur mère. Elle n’avait pas eu besoin de le lui dire pour le comprendre. Ses joues encore rebondies d’enfance étaient creusées par des sillons de larmes invisibles, sa stature autrefois si droite et si fière se trouvait plus renfermée, plus secrète et ses yeux boudeurs brillaient désormais d’autres lueurs. Pour la première fois, elle avait connu et connaissait la douleur. L’archère aurait aimé la protéger de cela. Elle aurait aimé pouvoir la préserver de ces malheurs pour toujours. Qu’elle ne connaisse qu’amour et légèreté, apaisement et collections de joies. Mais le monde n’était pas fait ainsi. Les épreuves formaient les femmes.
Malgré tout, elle trouvait encore la force de rire… N’était-ce pas incroyable ? Lyra s’émerveillait toujours de la capacité des hommes à rebondir, à s’adapter, tout en gardant des cicatrices secrètes cachées dans leur coeur.

Parler du mariage de la jeune Sansa Stark semblait être un sujet à éviter. Loin d’être un enfer, l’événement s’était pourtant terminé de manière dramatique. L’oursonne se renfrogna et la fille de Maege n’insista pas. Le voyage avec Jon Snow, Jory Cassel et Arya Stark lui plut plus et à raison.

Lorsque Lyanna aborda sa santé, son aînée acquiesça.

« Et à ton rythme, » rajouta-t-elle. « Tu n’as pas à te forcer ou à faire quoique ce soit qui te brusquerait. Il ne faut pas que tu hésites à me dire si tu as besoin de quelque chose. Et nous n'aurons jamais assez parlé de toi ! »

Lyra se rappelait de sa longue convalescence à son retour des Îles de Fer. Son immobilisme avait fini par la faire culpabiliser. Pourquoi n’allait-elle pas mieux ? Pourquoi pas plus vite ? Heureusement, son travail de messagère et la présence de sa famille avaient été deux piliers salvateurs. Lyanna avait simplement à trouver les siens.

« Je suis ravie que lady Arya soit là pour toi. Décidément, elle ne fait jamais faux bond aux Mormont ! »

La petite louve avait été une de celles à répondre présente en premier lorsque lord Stark avait mis sur pied cette expédition vers l’Île aux Ours. Lyra se sentait profondément redevable envers ses suzerains et saurait se rappeler de ce qu’ils avaient fait pour les siens.

« Mes aventures ? » sourit-elle. « Leurs aventures ! Je n’étais qu’une pauvre dondon inutile, juchée sur ce pauvre Compagnon… »

Elle soupira. Non loin d’elle, un pivert maigrelet tapotait un tronc, en quête d’un vers bien dissimulé. Le son d’une corne de brume annonçait l’arrivée au port d’un bateau.

« Je ne vais le dire qu’à toi, » murmura-t-elle sur le ton de conspiratrice. « Parce que j’en ai honte… J’ai été si malade sur le bateau pour venir jusqu’ici que j’ai vomi dans la barbe de Brandon… Je pense que ce moment là fut ma plus grande aventure du voyage. »

Elle s’imaginait encore les yeux bleus horrifiés de son mari et son énorme rire, le dégoût passé. Rendu malade à son tour par l’odeur, il n’avait pas tardé à rendre son déjeuner à son tour. Lyra n’avait pas été la plus vaillante durant le trajet depuis Winterfell, mais le Norroit s’était révélé peu brillant sur le pont d’un navire. Un couple bien assorti…

« Crois moi, sans Jon, Jory et Arya nous n’aurons pas pu aller bien loin, » se désola-t-elle faussement. « Mais ne lui dis pas que je te l’ai répété ! Il m’en voudrait ! »

La troisième ourse savait bien que Brandon était le premier à se moquer de lui-même, mais il était encore timide en face de sa belle-famille et son côté boudeur tendait à ressortir à proximité des Mormont. Sa remarque lui fit penser que Lyanna n’aurait peut-être pas l’occasion de revoir Brandon. « Et s’il ne rentrait pas ? » Sa gorge se serra subitement, mais la petite patte de sa soeur dans la sienne assassina dans l’oeuf cette funeste pensée.

Elle savait qu'elle s'escrimait en gentilles marques d'humour vagabondes pour détendre l'atmosphère. Éloigner le fantôme de Maege qui planait sur cette conversation depuis le début. Un compte à rebours, presque. Mais elle ne se sentait pas prête à affronter une nouvelle fois cette réalité.

« Je suis contente d’être revenue. Soulagée, même. Je n’avais pas envie d’accoucher ailleurs qu’ici. Tu dois me prendre pour une capricieuse... mais c'est important pour moi. »

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# Lun 13 Avr - 17:45

The Lyra’s Journey – Part 2

- Here We Stand ! -

L’Île-aux-Ours était un endroit si agréable et où il faisait bon vivre. Lyanna ne pouvait renier cela de son propre fief. Elle était heureuse d’être une Mormont et d’avoir été élevée par Maege, une si grande et forte femme. Malgré les dernières semaines difficiles, Lyanna semblait aller de mieux en mieux. Elle était plus que ravie de se retrouver avec sa sœur, Lyra. Elle lui avait tellement manqué. Cela réchauffait son petit cœur et ne quittait pas sa main. Son regard fixé sur elle, elle l’écoutait, racontait son périple de Winterfell jusqu’à ici. Lyanna eut un petit rire en imaginant la pauvre Lyra, enceinte, et incapable de faire quoi que ce soit. Ce n’était pas son habitude. La jeune Mormont était une débrouillarde, comme ses sœurs, comme sa mère. Elle faisait énormément de choses. Cela avait donc du être insupportable de ne rien faire pendant plusieurs jours. Mais elle était enceinte et devait se ménager. Elle rit de nouveau, elle ne pouvait s’en empêcher, lorsque sa sœur lui confia qu’elle avait vomi dans la barbe de Brandon. Elle ne pouvait pas s’arrêter, c’était plus fort qu’elle. La pauvre Lyra. Lyanna serra la main de sa sœur comme pour signifier sa compassion mais riait. Cela faisait du bien de rire même si son corps lui faisait encore mal. Reprenant son calme et son souffle, imaginant la barbe imbibée de vomi d’une femme enceinte, Lyanna plaignait ce pauvre Brandon. Cela n’avait pas être très agréable, d’autant que sa barbe était longue et épaisse. Sans un mot, elle lui promit, retenant un rire, de ne pas répéter cette épique aventure. Lyanna avait voulu que sa sœur lui raconte son voyage. Voilà qui était chose faite. La petite oursonne aimait les récits de voyage et sa sœur l’avait habitué à mieux que du vomi dans une barbe. Elle s’en contenterait de toute façon puisque le voyage ne dura pas non plus des lunes. L’important était que Lyra soit arrivée en sécurité, ainsi qu’Arya qui faisait partie du même voyage.

Lyra déclara alors ensuite qu’elle était heureuse d’être revenue sur l’île. Elle n’était clairement pas la seule. Lyanna était plus qu’heureuse de la savoir avec elle. Elles allaient pouvoir rattraper le temps perdu depuis qu’elles s’étaient quittées après le mariage de Sansa. Cela ne faisait que deux lunes et pourtant le temps paraissait si long. La petite Mormont avait l’impression de ne pas l’avoir depuis des années. Mais elle était là maintenant et elle allait le rester jusqu’à son accouchement et les semaines suivantes. Elles pourraient ainsi profiter l’une de l’autre. Lyanna était heureuse. Malgré les jours sans encore présents, elle commençait à se sentir mieux et espérait continuer dans cette voix. Mais il ne fallait pas relâcher les efforts. C’est ce que le mestre lui disait chaque jour. Elle pouvait compter sur l’aide d’Arya ou d’Alesta, toujours présentes pour elle. Cela lui faisait du bien. Lyanna fit non de la tête lorsque Lyra pensait que sa sœur la prendrait pour une capricieuse. Non, bien au contraire. Sa volonté d’accoucher ici, là où elles étaient toutes nées, marquait son attachement à leur famille, aux Mormont. Elle serait ainsi entourée de ses sœurs, ses neveux et nièces. Quoi de plus beau pour accueillir un nouveau membre dans la famille, et ce même s’il ou elle demeurait un Norroit avant tout. Elle finit alors par dire difficilement.

- Dis… pas ça. J’suis… ravie.. plus qu’heureuse… qu’tu sois là.

Elle serra encore plus sa main dans la sienne, ne voulant pas que leur contact physique ni visuel d’ailleurs ne se rompt. Lyanna aimait ses sœurs, c’était indéniable. Si elle avait été exécrable parfois avec elles que ça soit plus jeune ou ces dernières semaines, elle les aimait profondément. Elle s’en voulait, oui, et ferait tout pour se racheter auprès d’elles. Son regard tendre vers sa sœur, elle rajouta alors, sur un ton faisant ressortir une émotion bien particulière.

- M’man… s… s… s’rait contente d’te savoir… ici… ‘vec nous.

Et elle sourit, laissant une larme couler le long de sa joue. C’était la première fois qu’elle parlait de Maege depuis un moment. Elle était toujours aussi meurtrie de sa mort récente mais Lyanna se refusait à l’oublier. Et ne pas l’oublier c’est parfois en parler. Avec Lyra, elle se sentait en sécurité et en confiance. Elle la comprendrait sûrement, d’autant qu’elle avait peut-être, elle aussi, envie de se confier sur ce sujet.

#AACE3A : Lyanna Mormont

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# Sam 9 Mai - 0:38

Sisters are different flowers from the same garden

An 302, Lune 8, semaine 2

Lyanna Mormont & Lyra Norroit

Où pouvait-il être ? Son coeur flanchait, chaque fois que cette question s’imposait à son esprit. Comme une rengaine infinie. Comme une faiblesse éternelle. Où pouvait donc être Brandon, désormais ? La mer brillante ne le lui dirait pas. Le continent trouble, à peine visible, était une porte qui resterait close. Alors que les yeux de Lyra se perdaient dans le lointain, jusqu’à l’horizon tremblant et mystérieux, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer son mari.
Elle était chez elle, en sécurité, entourée des siens, ses soeurs veillant sur elle… Et lui ? Après l’avoir laissée sur l’Île aux Ours, il avait fait demi tour. Pas de feu de cheminée, de murs protecteurs et de réconfort familial pour lui. Il devait probablement être en marche jusqu’à Winterfell. Arrivé là-bas, il protégerait le Nord contre les sauvageons, comme des centaines d’autres. Il pataugerait dans la boue et l'herbe humide et se débattrait contre leurs adversaires de toujours, pendant qu’elle demeurait là. Qu’elle se tiendrait là. Impuissante.
Plus que jamais, l’ourse avait l’impression d’être un fardeau. Sa place, à elle aussi, était dans l’ost nordienne. Elle aussi se serait battue pour défendre ce qui lui était cher. Elle aussi aurait joué un rôle… Mais elle devait se rendre à l’évidence. La mort de sa mère avait ouvert de nouvelles blessures et sa grossesse inconfortable puisait toute son énergie. Rester en retrait pour le bien de tous. Pour préserver son enfant à naître. Cette idée, elle s’y était habituée dès les premiers signes alarmants. Mais cela ne l’empêchait pas de penser. Et l’archère le savait, ressasser était son pire ennemi.

Il n’y avait que le rire de Lyanna pour la tirer de ce marais dangereux dans lequel elle avait tendance à s’enfoncer, ses derniers temps. Et de la voir approuver sa joie d’être ici pour donner la vie, sans jugement, la réconforta. Elle n’en attendait pas moins de sa benjamine.
Les circonstances avaient fait que Lyra ne s’était encore jamais rendues sur les terres des Norroit. Brandon ne lui en avait d’ailleurs guère parlé, malgré ses questions. « Tu verras bien, » fut la seule chose qu’il s’était autorisé à lui dire. Malgré son habituel visage fermé, elle avait pourtant décelé un léger sourire en coin étirer ses lèvres cachées sous sa barbe rousse. Cela avait intrigué la née Mormont, bien sûr, mais elle s’était faite une raison. Elle ne tirerait rien de plus de son mari de ce côté là. D’ailleurs, avait-elle jamais entendu quelque chose au sujet du fief du clan ? Jamais. Elle avait tenu le rôle d’émissaire de sa famille des années durant et elle ignorait tout de sa future demeure. Localisation, maisonnée… Tout. Peut-être investiguerait-elle dans la bibliothèque réduite des Mormont. Elle avait du temps à perdre, après tout. Le vieux mestre pourrait également être une ressource.
Toutes ces raisons faisaient qu’accoucher dans un lieu totalement inconnu, entourée d’étrangers n’aurait guère rassuré sa nature réservée.

Elle serra une nouvelle fois Lyanna dans ses bras. Des larmes perdues s’échappèrent de ses yeux, pour rouler jusqu’aux cheveux noirs de la dernière ourse. Celle-ci ne les vit pourtant pas. La benjamine avait été brisée par la mort de leur mère et Lyra s’était jurée d’être forte pour elle. Voilà que les rôles étaient inversés.

« Tu es un coeur, Lyanna, » chuchota-t-elle dans une dernière étreinte.

Finalement, un léger silence confortable plana entre les deux soeurs. Durant ces quelques secondes de flottement, rien ne se fit entendre, si ce n’était l’écoulement d’une rivière proche et le sifflement du vent frais dans les branches nues. Lyra savait ce qu’il allait être dit. Le moment apparaissait comme une évidence. Les pupilles sombres et brillantes de la petite ourse se posèrent sur son aînée. Sa voix se fondit dans les bruits de la nature, à la fois terrible et magnifique. La gorge de la troisième fille se serra tandis qu’elle essuya doucement la joue de sa petite soeur. Le temps du verbe employé. Cet air triste, tellement résigné sur le visage de la dernière née de la famille. Tout cela ne devrait pas exister. Lyanna aurait dû être protégée de pareil malheur. Lyra aurait dû l’en préserver. Pourquoi n’était-elle pas partie avec sa mère, après le mariage de lady Sansa ? Elle se l’était longtemps demandée, les jours ayant suivi la lettre de Dacey. Aujourd’hui, elle avait accepté ce qu’il s’était passé. Elle avait fait sa paix. Mais cela n’enlevait en rien la douleur de la perte. La douleur et l’incompréhension.

« Je sais, » répondit-elle simplement, luttant contre les trémolos dans sa voix. « Je… »

Elle marqua une courte pause et renifla. Rapidement, la manche de son bras gauche vint éponger ses paupières.

« Je déteste ressentir ça, » admit-elle avec un pauvre sourire, ses yeux fixant droit devant elle. Sa voix croassait, vibrait, de ces sentiments qui la submergeaient parfois. « Cette injustice… Cette incompréhension… »

Pour elle, rien n’avait de sens. La mort de Maege n’avait pas de sens. Cette phrase la glaçait. Pourquoi donc sa mère, si formidable, si incroyable, était-elle morte ? Comment ? Dans quelles circonstances ? Ces zones d’ombres la rongeaient. Elle n’était pas en colère. Plus maintenant. Elle désespérait de comprendre. Elle avait rencontré Ramsay. Il n’avait pas semblé être un mauvais bougre, au contraire. S’était-elle donc trompée sur toute la ligne ? Elle devait savoir.

Lyanna n’était jamais loquace lorsqu’il s’agissait d’exprimer ses sentiments. Les Mormont avaient cela en commun. La terre hostile sur laquelle elles étaient nées les avait façonnées. Malgré sa réserve, Lyra était la plus ouverte sur le sujet. Peut-être trop, parfois. Doucement, elle pouvait inviter sa soeur à s’ouvrir. L’avait-elle seulement fait avant son arrivée sur l’île ? Un coeur trop lourd pouvait devenir dangereux. Pour soi et pour les autres.

« Comment vas-tu ? » redemanda-t-elle à sa soeur. « Tu peux me parler. »

Lyra avait déjà posé cette question à Lyanna. Mais sa voix était devenue plus grave.

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# Ven 15 Mai - 9:17

Lyanna’s Feelings – Part 1

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Faire le deuil de quelqu’un qu’on aime plus que tout, accepter sa mort, accepter le fait qu’on ne le reverra plus, qu’on ne le serra plus dans ses bras, qu’on ne verra plus son sourire, qu’on ne l’entendra plus parler, rire ou pleurer, accepter tout cela était une épreuve bien difficile. Certains s’en sortaient bien, d’autres n’avaient pas le choix et encore d’autres n’y arrivaient tout simplement pas. Lyanna Mormont, plus jeune fille de Maege Mormont, faisait partie de cette dernière catégorie. Elle n’y arrivait pas. Depuis son retour sur l’île, et le moment où ils apprirent tous la tragique nouvelle, Lyanna avait plongé dans la dépression nerveuse et n’était plus que l’ombre d’elle-même. Des semaines durant, le mestre et Alesta travaillaient ensemble pour redonner espoir à la petite oursonne, la faire se relever, réussir cette épreuve que les Anciens Dieux lui infligeaient mais le caractère de la jeune fille n’avait guère aidé. Dans les premiers temps, elle s’était tue, ne mangeait plus, ne buvait plus. Il fallait la forcer et cela finissait souvent en crise. Les larmes coulaient d’elle-même. Elle ne voulait voire personne, pas mes ses sœurs. Ces-dernières, Jorelle, Dacey et Alysane, étaient venues la voir à tour de rôle pourtant mais rien n’y faisait. Qu’elles aient été dures ou compatissantes, Lyanna s’était terrée dans un cercle vicieux et s’enfonçait chaque jour. Mais le mestre ne perdait pas espoir. Il avait vu Lyanna naître et était une des rares personnes à la connaître par cœur. La guérison allait être longue et douloureuse, il voulait que Lyanna en ait conscience. Douloureuse mais pas impossible. Il fallait le vouloir. Il comptait sur Alesta pour faire bouger un peu Lyanna, lui montrer qu’elle était forte, qu’elle était une Mormont, la fille de Maege. Cela sembla porter ses fruits même si les crises étaient encore présentes tout comme les cauchemars, les peurs, les doutes, les inquiétudes, etc. Néanmoins, il était à noter que depuis l’arrivée récente d’Arya, il y avait une net progrès dans la guérison. Lyanna semblait plus à même de se relever. Le mestre en fut heureux et soulagé. Perdre Maege était une épreuve difficile. Perdre Lyanna, il ne l’aurait pas supporté.

La présence de @Lyra Norroit était tout aussi bénéfique. Elle était la dernière sœur Mormont qu’elle n’avait pas encore vu puisque, désormais mariée, elle suivait Brandon Norroit, son mari. Lyanna ne pouvait pas être plus heureuse qu’à ce moment. Elle avait toute sa famille autour d’elle et si parfois, elle se montrait très dure avec elle, elle était heureuse qu’elle soit là. La petite Mormont aimait ses sœurs par-dessus tout. Elle les protégerait coûte que coûte. À la mention de Maege – Lyanna avait fait un énorme effort pour pas céder à l’émotion – le chagrin des deux Mormont était perceptible. Lyanna ne pouvait retenir une larme plus longtemps tandis que la voix de Lyra semblait se briser. L’injuste. L’incompréhension. Tels étaient les pensées de Lyanna également et elle porta alors une main sur celle de sa sœur. Elles se comprenaient et partageaient les mêmes pensées. Si Dacey s’était montré distante, Jorelle réaliste et Alysane compatissante, Lyanna ne s’était aucunement confiée à elle sur ce qu’elle ressentait. Elle ne savait pas pourquoi mais là, à ce moment-là, avec Lyra, elle se sentait bien, bien au point de lui faire confiance, de dévoiler ce qu’elle avait sur le cœur. Lyra lui demanda alors, une nouvelle fois, comment elle allait et qu’elle pouvait lui parler. Bien sûr qu’elle pouvait lui parler. Elle avait toujours été à son écoute. Toutes ses sœurs, malgré les différences dans les relations qu’elles avaient avec Lyanna, étaient à son écoute. Elle demeurait leur petite sœur adorée, celle qu’on protège, celle qu’on chérie, celle qu’on gâte. Malgré son caractère bien trempé, Lyanna adorait chacune de ses sœurs et les liens qui la rattachaient à elles. Ne quittant pas sa sœur des yeux, elle posa sa respiration, calma son esprit encore bien tourmenté et tenta de trouver les mots justes, des mots qui traduiraient ce qu’elle pouvait ressentir depuis plusieurs semaines.

- J’sais pas… s… s… si les filles… t’ont… rac… raconté...

Bien qu’elle se sentît en confiance, elle demeurait encore fragile psychologiquement et physiquement. Elle n’avait jamais posé de mots sur ce qui se passait en elle depuis plusieurs semaines. Elle n’avait décidé de parler que depuis quelques jours, lorsque Arya arriva. Elle fit une pause, le regard désolé envers sa sœur. Cela allait prendre du temps et même si Lyanna savait Lyra patiente, cela l’énervait. Sa main sur celle de son aînée se crispait. Elle tentait de se calmer mais son regard la trompait. Elle poursuivit tant bien que mal, combattant à l’intérieur, paraissant, avec difficulté, calme à l’extérieur.

- J’ai… J’ai… ar… arrêté d’manger… boire… parler… J’ai...

C’était peut-être trop pour elle mais il était certain qu’elle tentait de combattre. Les mots avaient du mal à sortir. Elle n’était sans doute pas prête à admettre tout ce qui avait pu se passer ces dernières semaines. Entre les crises, la visite de ses sœurs, les remontrances d’Alesta, les morales du mestre, les pleurs, les hurlements, les regrets, les remords… Tellement de choses se bousculaient dans sa tête. Lyanna détourna le regard de son aînée et le plongea dans l’horizon fraiche qui se présentait à elle. C’était trop dur… Elle n’y arrivera pas. Elle n’y arrivera jamais.

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# Mer 3 Juin - 21:44

Sisters are different flowers from the same garden

An 302, Lune 8, semaine 2

Lyanna Mormont & Lyra Norroit

Les derniers instants de la mort de sa mère hantaient la jeune femme. Lorsque la nuit jetait sa grande cape sombre sur le monde, alors, elle y pensait sans cesse. Edrick lui en avait rapidement parlé, mais, trop abasourdie et étranglée par l’émotion, le compagnon de sa soeur n’était guère rentré dans les détails. Une compassion bénéfique qui la laissait pourtant désormais pleine de questions. Mais enfin, le jeune homme n’avait pas non plus toutes les réponses… Et c’était de ça dont Lyra avait terriblement besoin. Les aurait-elle jamais ? Pouvait-on trouver une explication au trépas ? Probablement pas. Néanmoins, les mots de Ramsay Bolton, elle les aurait. Car après tout, c’était de lui qu’il s’agissait.

La justice. C’était ce que le coeur meurtri hurlait. C’était ce que l’honneur demandait. On ne pouvait pas assassiner lady Mormont et s’en sortir impuni. Il devait payer. C’était un fait indéniable. Irréfutable. Mais quand s’arrêtait la recherche de la justice pour commencer celle de la vengeance ? L’archère pouvait-elle réellement dire qu’elle voulait se venger ? La vengeance était douce. Elle permettait la victoire, la sensation si plaisante d’avoir arraché rétribution. La vengeance était amère. Elle laissait dans son sillage une rancoeur pourrissante, gangrenant la vie qu’il reste jusqu’à ce que l’on disparaisse également. Car c’était bien là toute sa malice. La paix, elle ne l’autorisait car lors de l’acte lui-même, pour ne laisser que des débris derrière elle. La vengeance et les représailles étaient des soeurs trompeuses, des démons vils et séduisants qui promettaient la compensation à une âme dévastée par la perte… Alors qu’en vérité, elles retiraient aux hommes toute la valeur de leur coeur. La vengeance était une créature à l’appétit dévorant, toujours assoiffée de sang et jamais satisfaite.
Peut-être se berçait-elle d’illusions en se convaincant qu’elle ne ressentait plus de colère ni de rage… Elle qui ne connaissait que si peu ces sentiments, était-elle seulement capable de les reconnaître ? Comme tout le monde, elle était une enfant faite de sang et d’os. Faite d’aigreur et de bonté. Cette vérité tenait Lyra tout contre elle, la berçant comme un enfant dans les bras de sa mère. Elle était faillible. Elle avait le droit de se laisser aller à l’ire et à la soif de sang. Mais sa bonne nature l’étranglait, réfrénait la bête monstrueuse que tout les humains s’évertuaient à contenir.

Qu’était-elle supposée ressentir ? Qu’était-elle supposée faire ?

Son esprit égaré trouva à nouveau l’ancrage de sa soeur. Lyanna se battait contre ses mots, contre sa langue, contre elle-même. Et elle était si brave et déterminée qu’un instant, l’ombre vengeresse, tapie au creux de la troisième ourse, se tût. Lyra fit non de la tête à la question de sa soeur.

« Pas réellement… Je préférai l’entendre de ta bouche, » avoua-t-elle.

Leurs soeurs étaient restées plutôt évasives sur le sujet. Dacey, celle qui avait passé le moins de temps avec la benjamine, lui avait simplement dit « Elle va mal, tu t’en doutes. ». Solitaire et sévère, leur aînée ne s’était pas trouvée, comme elles, qu’en période de deuil et se laisser aller à la tourmente et aux larmes. Elle avait dû prendre à bras le corps la gestion de l’Île aux Ours, de leur demeure, de leurs gens… Prendre le rôle de leur mère.

« Ne t’inquiète pas, » l’encouragea-t-elle. « Je t’écoute. Tu n’as pas à te presser. »

Sa petite voix hachée, si pleine de tremblements, finit par se briser. La tension dans sa main se relâcha et elle détourna des yeux, abattue. Lyanna avait besoin de compassion et de patience. De normalité. Mais elle n’avait certainement pas besoin qu’on la traite avec pitié. Alors, sans rien laisser paraître, Lyra enchaîna :

« Tu m’en révèles plus en quelques minutes que Dacey en plusieurs jours, » sourit-elle.

Elle laissa passer un moment de flottement, seulement brisé par le vrombissement lointain du village. Jorelle lui avait dit que la petite ourse, plutôt que de s’ouvrir à elle, s’était montrée butée, tranchante et bouleversée.

« Tu peux y arriver, » fit-elle alors. « Nous pouvons y arriver. Toutes ensembles. »

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# Lun 8 Juin - 10:51

Lyanna’s Feelings – Part 2

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« Maege est mort. » Les mots d’Edrick revenaient sans cesse la hanter. La nuit, quand elle dort bien que ce ne soit jamais paisiblement. Le matin, quand elle se réveille et croit qu’elle a juste fait un cauchemar. Le midi, quand elle tente de manger et que rien ne passe. L’après-midi, quand Alesta tente une énième fois de la faire sortir et que seule Arya y arrive. Le soir, quand la nuit tombe – et elle tombe tôt depuis l’arrivée de l’hiver – et que l’obscurité recouvre l’île. Ces mots étaient inlassablement en boucle dans l’esprit fragile de Lyanna. Si elle avait fait d’énormes progrès facilités par la présence d’Arya, le plus gros était à venir. La petite oursonne n’avait pas complètement accepté la mort de sa mère mais elle était sur le bon chemin. Il suffisait de ne pas s’y écarter. Alors qu’elle se confiait à @Lyra Norroit, ses mots se perdirent, sa gorge se noua, ses yeux se remplirent de larmes et elle détourna son regard de sa sœur, le plongeant alors vers l’horizon lointain. Le visage de Maege n’apparaissait plus dans ses mots de rechute et elle en était quelque peu ravie. Elle ne supportait plus sa présence. C’était trop. Son regard, son sourire, sa main tendue. Lyanna était consciente de son état et savait qu’elle devait affronter cette épreuve. Mais, on ne peut pas dire que ses sœurs l’aient grandement aidé. Elle ne rejeté aucunement la faute sur elles. Elles avaient probablement mieux à faire, surtout Dacey qui se retrouvait ainsi seigneur de l’Île. Jorelle et Alysane avaient également d’autres préoccupations plus importantes. Lyanna ne pouvait ainsi se reposer que sur Alesta et le mestre. Tous deux faisaient tant pour elle. Jamais, elle ne pourrait assez les remercier. Désormais, il y avait Arya puis Lyra. Elle ne pourrait qu’aller mieux avec la présence des deux nordiennes qui séjourneraient probablement quelques semaines sur l’île. Lyra se montrait bienveillante à l’égard de sa petite sœur et Lyanna en fut touchée. Malgré l’émotion fortement présente, elle prit le courage de tourner la tête de nouveau vers sa sœur et poursuivit.

- J’vais… p… pas bien, Lyra…

Lyanna ne put retenir ses larmes mais trouva la force en elle pour continuer à parler tant bien que mal. Il fallait qu’elle surmonte cela. Lyra était si bienveillante, cela changeait de ses trois autres sœurs. La petite oursonne s’efforçait de ne pas leur en vouloir. Après tout, l’état dans lequel elle était n’était pas de leur fait. Elle n’avait pas à leur en vouloir pour ça et encore moins pour le fait qu’elles ne soient pas tout le temps à son chevet. Elle en aurait eu marre de toute façon. Elle ne supportait déjà pas devoir rester alitée pendant des jours et des jours durant. C’était insupportable pour la petite oursonne au fort caractère. Tentant de reprendre son calme, elle poursuivit.

- La… la mort d’maman… j’la… j’l’accepte pas… J’ai… j’du mal. J’ai jamais faim… soif… envie… d’rien. J’me… j’me sens vide, Lyra...

Elle alla alors se réfugier dans les bras de son aînée. C’en était trop. Tout ressortait comme quand Arya est arrivée. C’était la première fois qu’elle parlait de ses sentiments devant l’une de ses sœurs. Elle sentait que cela lui faisait du bien. Elle avait mal mais le faire sortir soulageait cette douleur insupportable qu’elle se traînait depuis des semaines et des semaines. Sa voix se perdit alors et elle ne put sortir d’autres mots. Le trop plein d’émotion était trop fort. Elle s’éloigna de sa sœur, ne voulant pas lui faire de mal dans l’état qu’elle était. Elle plongea son regard imbibé de larmes dans le sien et resta ainsi silencieuse, laissant ses larmes couler le long de ses joues rosies. Le chemin vers la guérison était long, elle en était consciente et le mestre le lui rappelait souvent. Si elle ne pensait pas y arriver, Arya, Lyra, le mestre ou encore Alesta y croyaient, dur comme fer. Elle était une Mormont après tout, une force de la nature.

#AACE3A : Lyanna Mormont

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# Lun 22 Juin - 16:54

Sisters are different flowers from the same garden

An 302, Lune 8, semaine 2

Lyanna Mormont & Lyra Norroit

Sur l’Île aux Ours, l’enfance n’avait pas sa place. Le lopin de terre, perdu au milieu de la mer, était froid, stérile, hostile. Des flots, au sud, survenaient des pillages fer-nés et au nord des attaques sauvageonnes. Rapidement, la survie devenait un incontournable. Garçon comme fille, dès les premiers pas faits, choisissaient une arme et un bouclier et apprenait. Car c’était par le fer que se gagnait la vie, ici. Lyra s’était longtemps refusée à pareille tradition. Douce et craintive, rien ne s’effrayait plus que le sang et la mort. D’ailleurs, la plus fragile et délicate des sœurs ne parvenait qu’à peine à soulever une épée… comment parviendrait-elle alors à la manier ? Ce n’est qu’après avoir frôlé la mort une première fois de la main d’Euron Greyjoy qu’elle s’était résolue à entrer dans le rang.
Lyanna, elle, malgré ses idées bien tranchées et son esprit retors s’était pliée sans broncher aux ordres de Maege. Elle s’y était même épanouie et était devenue une guerrière talentueuse, son jeune âge n’altérant en rien ses capacités. Alors, la dernière ourse n’avait plus été considérée comme une petite fille que par Lyra, celle qui, malgré tout, s’évertuait à les raconter des histoires, à la bercer et à la surprotéger. Elle le savait, cela agaçait Lyanna comme cela avait pu agacer Jorelle avant elle. Mais elle ne pouvait s’en empêcher. Cette envie rejaillissait de plus belle maintenant qu’elle voyait la jeune fille si fragile, si brisée. Jamais elle n’aurait cru voir sa petite sœur ainsi. Et cela la bouleversait.

« Oh, je sais… » fit-elle en glissant son bras sous le sien. « Moi non plus d’ailleurs… C’est l’inverse qui aurait été étrange, tu ne crois pas ? »

Il n’y avait pas de honte à avouer sa détresse, en particulier en face de sa famille. Et n’y avait-il pas plus grande détresse que la perte d’un parent ? La perte d’une mère ? Les ourses n’étaient pas infaillibles. Non, Lyanna n’avait pas à ressentir ni la gêne, ni la culpabilité. Elles étaient entre elles et elles avaient le droit d’être confuse et triste et en colère. Il n’y avait pas là de faiblesse. Simplement de l’humanité. Les larmes de la dernière fille de Maege en était le plus bel exemple.
L’archère resserra son étreinte autour des épaules fébriles de sa soeur. Cette dernière plongea son visage dans son épaule, pour y dissimuler la grimace de la douleur. Ses mains caleuses s’agrippèrent dans ses fourrures, comme pour lui demander de ne pas la quitter. Lyra ne dit rien et se contenta de la bercer, d’avant en arrière, comme quand elle était encore petite fille. Dans le silence paisible de l’Île aux Ours, seuls les pleurs muets d’une enfant ayant perdu sa mère résonnaient.

Elle se sépara finalement d’elle, le regard encore troublé de larmes. Ce qu’elle avait dit faisant écho à ce que la troisième ourse avait elle-même traversé, après être rentrée des Îles de Fer. Violée et maltraitée, elle n’avait plus été que l’ombre d’elle-même à son retour dans le Nord. C’était ses sœurs qui avaient pris soin d’elle et qui l’avaient réhabituée à la vie. Lorsqu’elle tentait de s’en rappeler, cette période de sa vie lui semblait comme enveloppée de brume, recouverte d’un voile sombre… et elle ne voulait plus jamais le soulever.

« Je comprends, je comprends très bien… Le temps est toujours un très bon allié, mais… »

Elle prit une profonde inspiration et massa son gros ventre de sa main gauche. Le bébé était encore trop petit pour bouger, mais elle crut durant un instant qu’elle avait senti un coup de pied à travers son épaisse robe de velours. La sensation disparut comme elle était venue.

« Mais il faut nous laisser t’aider. Comme vous m’avez aidée, il y a quelques années… Tu te souviens ? »

La bise glacée vint ébouriffer leurs tignasses sombres et secouer les grands arbres recouverts de neige. Sous le soleil, les flocons étincelaient comme du cristal.

Lyanna pleurait. De tristesse, de frustration, de colère. Non, elle n’était pas vide. Du moins, pas aussi vide qu’elle le croyait. Et pour Lyra, c’était déjà une amélioration, lorsqu’elle comparait cela à ce que lui avait rapidement décrit Dacey sur l’état catatonique de leur dernière sœur.

« Ce n’est pas une course, tu n’as pas à te forcer à elle mieux, » répéta-t-elle. « Nous pourrions faire les premiers pas ensemble, qu’en penses-tu ? »

Maintenant qu’elle était sûre de séjourner sur son île natale jusqu’au terme de sa grossesse et qu’elle se sentait mieux, elle serait présente pour sa jeune sœur.
La mort de leur mère, Lyra l’avait déjà acceptée. Difficilement. Désormais, elle ne voulait qu’une chose, comprendre et exiger justice… Mais il était encore trop tôt pour avoir l’avis de Lyanna sur la question.

« Je t’aime, ma Lya, » sourit-elle.

DRACARYS

Date d'inscription : 02/06/2019

# Mar 23 Juin - 18:25

Sisters are different flowers from the same garden

- Here We Stand ! -

Les yeux imbibés de larmes, Lyanna ne pouvait plus s’arrêter. Reprenant son calme, son souffle, elle écoutait Lyra la réconforter, la consoler, être présente pour elle. Tenant sa main, elle la serrait, ne voulant pas que ce contact physique cesse. Elle était si heureuse de retrouver sa sœur. Lyra serait là pour encore quelques lunes, elle qui désirait accoucher sur l’île. Cela apporterait un peu de bonheur alors que l’île entamait sa deuxième lune de deuil. La vie reprenait son cours bien sûr même si pour Lyanna, ce n’était pas encore gagné. Si la présence d’Arya y faisait pour beaucoup, le chemin de la guérison était long. Mais elle pouvait également compter sur la compassion de sa grande sœur Lyra. Elle avait toujours été aussi maternelle avec la dernière des oursonnes. Si autrefois, Lyanna détestait ce comportement qui l’infantilisait, aujourd’hui, elle s’en accommodait. Après tout, elle n’était qu’une enfant de douze ans. Même si elle avait la force et le caractère de Maege Mormont, elle demeurait une jeune fille. Certes, elle était mature mais ces dernières semaines montraient bien sa fragilité due à son âge. Elle s’entraînait depuis ses sept/huit ans à peu près, elle avait l’âme d’une nordienne guerrière. La mort de Maege avait alors ouvert une brèche, laissant peu à peu sortir la douce et tendre Lyanna Mormont, certes moins guerrière mais pas moins forte pour autant. C’est cette Lyanna qui était présente devant Lyra aujourd’hui et qui demeurerait là un long moment. Regardant sa sœur, ne voulant pas qu’elle s’éloigne, qu’elle parte, elle séchait peu à peu ses larmes. Lyra voulait l’aider, c’était sûr et Lyanna comprenait qu’il fallait du temps pour cela. C’est alors que sa sœur lui rappela l’aide que ses sœurs et elle lui avaient donné il y a quelques années. Lyanna ne pouvait pas oublier. Lyra avait été otage des fer-nés pendant un temps. À son retour, elle n’avait été plus que l’ombre d’elle-même, au trente-sixième de sous. C’était le cas, aujourd’hui, de Lyanna.

- Bien sûr… j’me… j’me…. J’m’souviens.

Comment oublier ? Les cris. Les larmes. Les crises. La douleur. La peine. Le désespoir. Lyanna n’avait pas reconnu sa sœur à l’époque. Bien sûr, elle demeurait à ses côtés, en soutien. C’était il y a plus de cinq ans maintenant mais le souvenir demeurait intact. Si Lyra et Lyanna étaient des sœurs bien différentes, elles ne pouvaient pas nier l’appartenance à la même fratrie quand bien même leur père serait différent – cela demeurait un grand mystère, encore plus maintenant que Maege était morte… – et la petite oursonne avait fait de son mieux pour être là. Aujourd’hui, elle voulait lui rendre la pareille et Lyanna ne pouvait décemment pas refuser. Elle savait qu’elle avait besoin d’aide, plus que jamais. Alors quand Lyra lui proposa de faire les premiers pas ensemble, la petite oursonne, quelques larmes s’échappant encore de ses yeux qui respiraient la tristesse et le désespoir, ne put qu’acquiescer sans pour autant sortir un seul son. Dacey. Alysane. Lyra. Jorelle. Arya. Alesta. Ormund. Ils étaient tous là pour elle à leur manière. Si certaines semblaient distantes, d’autres montraient bien leur compassion mais toutes et tous étaient présents pour elle. Cela, elle ne pourrait le nier et elle en était si reconnaissante. Lyanna espérait alors pouvoir être remise sur pied dans peu de temps. Elle ne voulait pas être un fardeau pour les autres. Elle ne supporte pas de dépendre des autres et cela lui permettait de garder en elle la volonté de guérir et d’avancer afin de ne plus être dépendante. Elle eut alors un large sourire aux mots de Lyra qui venait se poser sur elle délicatement. Son « je t’aime » était si réconfortant, elle sentit alors une vague douce et agréable de chaleur traverser son petit corps. Elle ne put que répliquer la même chose.

- Je… Je… Je t’aime… aussi…. Ly… Lyra...

Lyanna Mormont était réellement ravie de revoir sa sœur, portant en elle une nouvelle génération. Cela représentait l’espoir et Lyanna voyait cela comme un signe des Anciens. Elle était confortée dans son idée qu’elle guérirait, qu’elle demeurait forte malgré le désespoir et le chagrin qui l’habitaient. Il fallait qu’elle s’en sorte. Elle avait encore tant de choses à vivre, un avenir qui l’attendait quelque part. Lyanna pouvait alors compter sur ses sœurs, sa servante, le mestre mais également sa meilleure amie, Arya. L’hiver était là mais elle n’avait pas peur. Les personnes qu’elle aimait et qui l’aimaient étaient à ses côtés. Elle ne quittait pas des yeux la belle Lyra dont elle tenait la main. Elle contint alors les nouvelles larmes qui voulaient s’échapper, essuya celles qui coulaient puis dans un sourire, proposa à sa sœur de rentrer. Il faisait froid et Lyanna ne voulait pas que sa sœur attrape un mal alors qu’elle est enceinte. La jeune oursonne appela Alesta, ne pouvant décemment pas s’appuyer sur Lyra. Ses jambes lui faisaient encore mal mais elle arrivait à marcher comme il fallait. Chaque chose en son temps, petit à petit. Si à cette période, Lyanna avait souvent des crises, ce n’était que temporaire. La présence de Lyra y fit beaucoup de ce côté-là. Elle savait gérer sa petite-sœur et malgré la grossesse avançant, elle aussi, elle accompagnait Lyanna à chaque pas de sa guérison et il ne faisait nul doute que d’ici peu, Lyanna Mormont serait remise sur pied, prête à brandir la masse d’arme qu’elle avait reçu en héritage de Maege.

Ici, nous tenons... Et nous tiendrons.

#AACE3A : Lyanna Mormont

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