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[FB] Books are a tool for freedom [ft. Jon Snow]

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Books are a tool for freedom

Kylis Omble & @Jon Snow



An 301, lune 13, semaine 4



Depuis leur retour de Lestival, les journées de Kylis à Winterfell s’écoulaient dans une routine qui lui était agréable. La Géante passait la plus grande partie de l’après-midi au chevet de sa future belle-sœur, Arya Stark, tenant compagnie à la petite louve qui n’acceptait de recevoir de visite que de sa part, à l'exception de mestre Luwin. Le reste de sa journée, elle la partageait souvent en compagnie de son fiancé, Robb, ou de la mère et de la sœur de celui-ci, les ladys Catelyn et Sansa. Cependant, et ce depuis sa plus tendre enfance, la jeune fille se sentait bien plus à son aise lorsqu’elle était seule, et c’est pourquoi elle se réfugiait parfois dans la bibliothèque de la forteresse. Celle-ci était bien plus impressionnante que son homologue à  Âtre-lès-Confins, et Kylis ressentait toujours une excitation enfantine à la vue de tous ces livres qu’elle n’avait jamais lu auparavant. Ainsi, elle adorait fureter dans les rayons ou feuilleter les ouvrages inconnus qu’ils lui offraient.

L’hiver était désormais bien présent dans le Nord, et les journées raccourcissaient à vue d’œil. Les longues nuits n’aidaient pourtant en rien le sommeil de la future épouse de Robb Stark, qui s’éveillait souvent bien avant le lever du soleil. Elle profitait de l'heure du loup, ce moment où le château était encore assoupi, pour assouvir sa soif de lecture, se rendant à la bibliothèque déserte et accueillante qu’elle affectionnait tant.

Ce matin-là, lady Omble avait jeté son dévolu sur un traité rédigé par un obscur mestre qui avait jadis officié à Winterfell et qui décrivait avec précision les systèmes de chauffage et de ventilation de la forteresse des Stark. Ce genre de lectures aurait pu sembler ennuyeux à la plupart des gens lettrés du royaume, mais Kylis raffolait autant des grandes envolées lyriques que des détails techniques, dès qu’ils étaient couchés sur le papier. Perchée inconfortablement sur un simple tabouret de bois, elle s’était accoudée à la fenêtre pour profiter de la lumière naturelle qui commençait à poindre à travers les carreaux.

Le manque de sommeil ne tarda pourtant pas à se faire sentir, et les yeux de la Géante se fermaient tout seuls devant l’écriture serrée du mestre. Bientôt, elle s’assoupit, toujours en équilibre précaire entre le tabouret et l’embrasure de la fenêtre.


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Kylis Omble & @Jon Snow



An 301, lune 13, semaine 4



Une fois de plus le vent glacial du nord balayait la grande cour de Winterfell. Jon venait tout juste de terminer son entrainement avec le maître d’armes. Cela faisait quelques jours que sa petite sœur était revenue, elle avait eu de la chance, Ramsay Bolton lui avait sauvé la vie. Jon lui en était reconnaissant, du moins une part de lui. L’autre côté, la part la plus importante refusait de faire confiance à cet homme. Il y avait quelque chose chez lui qui éveillait l’instinct de méfiance de Jon, et c’était si naturel qu’il préférait l’écouter. Sans oublier le comportement de son loup. Fantôme n’était pas agressif, et pourtant il ne pouvait pas le supporter. Un signe que la méfiance de Jon à son encontre n’était peut-être pas si infondée que ça. Quoiqu’en côtoyant un peu cet homme, il ne fallait pas beaucoup pour voir son côté manipulateur. Jon inspira un bon coup, il était un peu trop têtu, il le savait, mais cela il n’était pas près de changer. Pendant un instant il hésita à passer par les cryptes avant de regagner le château pour aller saluer sa mère et son oncle, mais il changea d’idée en voyant la femme de Ned s’y engouffrait. La dernière chose qui voulait c’était de se retrouver en compagnie de Lady Stark… Elle ne l’avait jamais aimé et la mort de Ned n’avait rien arrangé. Il pouvait déjà être satisfait de ne pas avoir été mis à la porte. Jon regagna la chaleur de Winterfell et passa par la chambre de sa sœur, celle-ci dormait paisiblement, il décida de ne pas la déranger, elle souffrait assez comme ça.

Il gagna sa petite chambre, celle qu’il possédait depuis des années et dont il n’espérait jamais se défaire. Avec le temps il s’était habitué à elle. D’une certaine manière, elle était sa tanière, l’endroit où il se savait en sécurité. Il troqua sa tunique dédiée à l’entrainement pour des habits plus adaptés à l’intérieur. Vu le temps et la neige qui n’allait pas tarder à tomber, Jon préférait finir la soirée entre les murs du château. De toute façon, il ne lui restait pas beaucoup de temps avant de rejoindre son frère pour parler des actions à mener dans les jours à venir.

Le bâtard de la famille Stark quitta le confort de sa chambre pour partir en direction de la bibliothèque. Seuls ses pas et les griffes de son loup sur le sol brisaient le silence. Fantôme avait chassé toute la journée, visiblement pour la fin de soirée, il préférait lui aussi la chaleur des murs que le froid qu’offrait l’extérieur. Pourtant Fantôme possédait tout ce qu’il avait besoin pour affronter les rudesses de l’hiver, lui ne souffrirait surement pas quand elle arriverait. Au contraire peut-être y trouverait-il même du plaisir. En tout cas pour le moment ce dernier semblait apprécier de pouvoir se coucher dans un endroit chaud.

Avec délicatesse Jon poussa la porte de la bibliothèque, Fantôme s’y engouffra en premier suivit par son maître. Le jeune homme tenait en sa main plusieurs livres qu’il devait remettre à leur place pour éviter les foudres du Mestre en charge de ces lieux. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour remettre les livres à leur place et saisit un nouvel ouvrage intitulé « Contes et légendes des sept couronnes. » Il le connaissait bien, mais aimé le relire, cela lui rappelait son enfance et Jon devait avouer qu’il appréciait ces petits moment-là.  Quand il revint vers l’entrée de la bibliothèque, il remarqua Fantôme, les yeux fixés vers un recoin de la bibliothèque. Poussé par sa curiosité, il s’approcha doucement. Un sourire tendre se dessina sur ses lèvres quand il découvrit Kylis endormie. Visiblement son traité sur les systèmes de chauffages et de ventilations des forteresses Stark n’avait pas joué l’effet désiré. Quoiqu’elle avait peut-être cherché un peu de calme et l’avait enfin trouvé. Cela faisait peu de temps qu'il la connaissait, il l'avait croisé plusieurs fois dans la bibliothèque, mais pour le moment ils n'avaient échangé que de brèves paroles. Il faut bien dire que Jon ne faisait pas vraiment d'efforts pour lui faire la conversation. En l'observant, un certain sentiment de pitié envahit Jon, il se demandait ce que ça faisait de devoir se marier à quelqu'un sans vraiment le désirer. La question ne se posait pas pour lui et autant dire que cela l'arrangeait le Stark aimait sa liberté, mais il ressentait une certaine peine pour ceux à qui on l'enlevait.

Jon joua avec l’idée de la réveiller. Elle semblait si paisible qu’il n’avait pas envie de la déranger dans ce petite moment de paix qu’elle était en train de s’octroyer. En même temps, il savait que si quelqu’un d’autre la trouvait endormie dans la bibliothèque, elle risquait d’en entendre parler. En effet, il était assez mal vu pour une Lady et surtout la future épouse de Robb, de s’endormir en pleine journée….même dans une bibliothèque. Finalement Jon choisit une autre option, tant qu’il est là, pas besoin de la réveiller, après tout, si quelqu’un par mégarde s’aventure ici, il aura le temps de lui sauver la mise. A la place, il se contente d’attraper la couverture qui se trouve un peu plus sur la droite et la dépose sur la jeune femme en prenant soin de la pencher délicatement pour essayer d’un peu plus la stabiliser. Quant au livre qu’elle lisait, il le pose sur la petite table et prend place en face de Kylis, histoire de l’avoir à l’œil si une chute survient. Quant à Fantôme, il prend son temps, tournant en rond pour trouver la meilleure position de couché. Inspirant une bouffée d’air, Jon se cale le dos contre le dossier de sa chaise et commence à entamer un chapitre sur les hommes venant de Essos, les premiers hommes.


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Kylis Omble & @”Jon Snow”



An 301, lune 13, semaine 4



Les siestes improvisées de lady Omble n’avaient rien de réparateur et celle qu’elle avait entamée ce matin-là à la bibliothèque ne faisait pas exception. Elle se réveilla fourbue de courbatures causées par sa position inconfortable et découvrit Jon, assis en face d’elle, plongé dans un livre qu’elle avait elle aussi dévoré, Contes et légendes des septs couronnes. Elle fut prise d’un grand embarras et rougit sans pouvoir se contrôler. Son réveil avait fait glisser de ses épaules une couverture dont elle ne se souvenait pas s’être enveloppée, et en déduit que c’était là l’oeuvre du frère de son fiancé.

Pardonnez-moi pour cette… attitude malséante ”, bredouilla-t-elle à l’attention du jeune homme aux boucles brunes.

Kylis ne connaissait pas vraiment Jon Snow. Tous deux de tempéraments discrets et taciturnes, ils n’avaient fait qu’échanger les politesses communes lors de leurs diverses rencontres. Elle avait pourtant compris qu’il nourrissait, tout comme elle, un certain goût pour la lecture ; mais, fidèles à la règle sacrée de toute bibliothèque, ils n’avaient jamais réellement conversé, préférant garder le silence et le nez plongé dans leurs livres respectifs. Et même s’il avait indubitablement les traits d’un Stark, Jon était toujours un peu en retrait par rapport aux autres membres de la famille. Elle pouvait se vanter d’être la fiancée de Robb, de tenter d’apprivoiser Arya, de passer du temps avec les ladys Catelyn et Sansa, et même de réussir à faire rire Bran et Rickon. Pourtant, le bâtard de Ned Stark semblait être le plus sur sa réserve. Peut-être était-ce sa nature, tout simplement. Si c’était le cas, alors il était certainement la personne qui lui ressemblait le plus, dans cette nouvelle famille qu’elle allait rejoindre.

Elle s’étira discrètement, cherchant à soulager ses membres endoloris. Ce faisant, elle fixait du coin de l’oeil le jeune homme toujours plongé dans son livre. Elle se mordit distraitement la lèvre, hésitant à lui parler. Elle n’avait jamais été une très bonne oratrice, trop franche pour briller en société. Elle avait beau être une jeune fille de bonne famille, extrêmement cultivée, elle avait le don de dire ce que l’on taisait habituellement. Elle avait même réussi à vexer son fiancé lors de la dernière soirée du tournoi de Lestival… Cependant, elle ne put s’empêcher de demander, d’un ton taquin :

N’est-ce pas l’ouvrage avec lequel nous apprenons à lire ?

Puis, désignant du regard son traité sur les canalisations :

Je vous conseille une lecture plus adulte. C’en est si passionnant que j’ai rêvé que je visitais les tuyaux de Winterfell.

Elle lui sourit timidement, espérant que sa boutade ferait mouche, sans pour autant vexer le jeune homme.


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Bien que plongé dans sa lecture, Jon gardait tout de même un œil sur la future femme de son frère. Elle était dans une position assez inconfortable et risquait de tomber à tout moment. Autant donc éviter qu’elle se fasse mal en tombant. Il connaissait ce livre par coeur, mais aimait s’y replonger de temps en temps, c’était un petit peu la même sensation que quand il piquait un gâteau de la vieille cuisinière. Cela lui rappelait toujours son enfance. Quelques longues minutes après qu’il ai commencé sa lecture, il remarqua des mouvements dans son champs de vision. Kylis venait de quitter le monde des rêves ou peut-être tout simplement celui du sommeil.  Il remarqua rapidement son gène mais fit comme si de rien était.  

« Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. » laissa t’il échapper quand elle parla de son comportement. Il voulait lui signifiait qu’elle n’avait rien à craindre de lui. Son petit moment d’inattention ne serait pas ébruité. Tout les deux ne se connaissaient pas énormément. Jon savait peu de choses sur Kylis, si ce n’est ce qu’il en avait entendu dire. Mais il n’était pas du genre à écouter les « on dits », il avait toujours préféré se faire sa propre opinion. Encore fallait-il qu’il laisse les gens faire leur preuve. Sa tendance a gardé ses distances ne l’aidait pas énormément. Pour la moment, il la jugeait intéressante, elle avait en tout cas quelque chose qui attisait sa curiosité. Surement sa passion pour les livres… Il la voyait souvent ici, comme lui, elle devait chercher à s’octroyer un petit moment de paix et rien que pour ça elle l’intéressait plus que la plupart des personnes présentent dans ce château.

« On dirait bien. » Laissa t’il échappa en tournant le livre pour en lire la couverture, comme s’il en ignorait le titre. Elle faillit lui décrocher un rire quand elle parla d’une lecture plus intéressante. Hmm, cela aurait peut-être pu être le cas, s’il s’intéressait à tout ce qui toucherait aux constructions, mais cela intéressait bien peu le loup blanc. Jon aimait apprendre, mais les systèmes de chauffage ne faisaient pas parti de ses lectures préférées.  « Disons que j’aime surtout m’évader dans des contrées un peu plus lointaine que le système de chauffage, mais éclairez moi, que trouvez vous de si intéressant dans cet ouvrage. N’y a t’il pas quelque chose de plus intéressant à faire à côté d’un membre de ma famille que de se perdre dans les tuyaux de Winterfell. »


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La réponse que Jon fit à sa tentative d’humour vexa légèrement Kylis ; sa susceptibilité lui jouait parfois des tours. Estimait-il qu’elle n’avait rien à faire à la bibliothèque ? Qu’elle devrait passer plus de temps en compagnie de son fiancé ? Robb était le seigneur de ces lieux et, par conséquent, fort occupé ; elle avait souvent l’impression de le gêner plus qu’autre chose. A vrai dire, elle se sentait plus proche d’Arya que de son futur mari, même si celui-ci était toujours parfaitement poli et respectueux avec elle. Et si la perspective de devenir la future dame de Winterfell n’excitait pas particulièrement la Géante, celle d’avoir à sa disposition cette superbe bibliothèque la remplissait d’une joie certaine. Et grâce à tous ces ouvrages à sa disposition, elle en avait appris plus sur les coins et recoins de la forteresse qu’en s’épuisant à la visiter. Cependant, elle n’était pas chez elle, pas encore, et il aurait été idiot de sa part de s’offusquer du sous-entendu dans la remarque de son interlocuteur ; elle préféra donc changer de sujet, et l’interrogea ainsi :

- “ Quel est votre récit préféré parmi ceux présents dans cet ouvrage ?

D’un geste du menton, elle désigna le livre que Jon parcourait toujours.

Il était plus prudent de parler de vieilles légendes plutôt que de vouloir répondre aux insinuations sur sa relation avec Robb. Sa mère avait été bien claire à ce sujet : elle ne devait sous aucun prétexte mettre en péril sa future union avec le seigneur de Winterfell. Elle évitait donc de se mêler des affaires politiques, des intrigues et des ragots, se contentant de sourire et d’acquiescer aux paroles de sa future belle-famille et du reste des nobles gens qu’elle rencontrait. Elle avait déjà commis une imprudence en imposant sa présence au chevet de la petite Louve, ce qui aurait pu créer un conflit important si cette dernière avait bel et bien décidé d’envoyer Nymeria lui croquer les mollets. Cette victoire personnelle lui avait également procuré les bonnes grâces de lady Catelyn, reconnaissante de l’attention que Kylis portait à sa fille cadette. Elle ne pouvait cependant se permettre de faire trop de vagues, et c’est pourquoi elle ferait son possible pour que l’on ait rien à lui reprocher, hormis cet entêtement auprès d’Arya.


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Kylis Omble & @”Jon Snow”



An 301, lune 13, semaine 4



BJon avait grandi bercé par les histoires de la vielle Nan, et il avait toujours aimé l’écouter. Il faut dire que sa nourrice savait choisir les mots pour rendre ses histoires encore plus passionnantes, voir terrifiantes, mais tout comme son petit frère Bran. Le bâtard s’était toujours montré beaucoup plus intéressé par l’histoire qu’apeuré par ses dernières. Alors quand il en trouvait le temps, et surtout l’envie, il aimait se replonger dans les vieilles histoires du monde. Il en appréciait plusieurs, mais avait une certaine tendresse pour celles en lien avec les enfants de la forêt.

« Celles sur les enfants de la forêt... » Des histoires la vieille Nan, lui en avait raconté des centaines, mais celles sur les enfants de la forêt l’ont toujours fasciné. « Il y a quelque chose d’assez passionnant dans ces histoires. » Il n’allait pas lui raconter, après tout, elle aussi avait du en entendre parler, tout le monde connaissait ces histoires, elles faisaient parties des contes que l’on racontait aux enfants. La différence, c’est qu’ici dans le Nord, elles dépassaient la notion de simples contes, pour devenir l’histoire du monde, de celles des hommes et des femmes dont il descendait sûrement. « Je ne sais pas, je crois qu’on peut facilement tous comprendre ce qu’ils ont ressenti quand des étrangers sont arrivés et ont détruits ce qui étaient sacrés pour eux». Jon connaissait bien peu de chose à la vie, mais il savait que si quelqu’un touchait à ce qui lui était cher, il serait capable du pire. L’homme a souvent tendance a aimer posséder ce qui ne lui appartient pas… Les enfants de la foret en avait subi les conséquences. « Et puis je crois que j’aime aussi surtout l’idée que les âmes de ses enfants soient absorbés par les arbres, créant les barrals. » Cela expliquait le visage dessinait sur ses arbres. « Après tout quand on s’approche d’un Barral, il y a toujours un sentiment étrange qui vous effleure, alors peut-être que les histoires disent vrai… Qui sait… C’est juste parfois réconfortant de se dire que le monde regorge de mystères qu’on ne peut pas contrôler. »


Il risquait de l’endormir avec son petit moment philosophique, maintenant qu’il avait entamé la conversation, il pouvait au moins essayé de la faire perdurer quelques temps. « Je vous vois souvent à la bibliothèque... Vous semblez apprécier la lecture, bien que je puisse aussi comprendre que passer des moments seuls soient parfois nécessaires. » Il garda de rajouter – surtout quand on doit faire face à un mariage arrangé-, il ne voulait pas se la mettre à dos et puis elle ne méritait tout simplement pas ça. Au contraire, il la trouvait plutôt courage, lui préférait ne même pas y penser. A choisir, il aurait sûrement préféré fuir Winterfell pour la garde de nuit qu’accepter un mariage forcé, mais lui était un homme, les femmes n’avaient pas le choix.


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Kylis Omble & Jon Snow



An 301, lune 13, semaine 4



Kylis écouta attentivement la réponse de Jon à sa question. Les enfants de la forêt ? Les barrals ? Tout cela était on ne peut plus nordien. Le regard du jeune homme se perdait dans le vide, tout à ses pensées, tandis qu’il s’égarait dans ses réflexions métaphysiques. Elle-même ressentait une certaine attirance inexplicable pour les arbres-cœurs : elle avait toujours éprouvé une certaine affection vis-à-vis de celui qui trônait dans le bois sacré d’ Âtre, et avait été tout bonnement impressionnée devant la majesté du barral de Winterfell.

Elle lui sourit timidement quand il sembla émerger de sa légère transe pour l’interroger à son tour :

" Je vous vois souvent à la bibliothèque... Vous semblez apprécier la lecture, bien que je puisse aussi comprendre que passer des moments seuls soient parfois nécessaires. "

Il avait vu juste : la bibliothèque était pour elle un refuge, mais il était impensable qu’elle l’avoue au frère de son fiancé. Quel genre de dame fuyait la compagnie des autres pour se consacrer égoïstement à ce qui lui plaisait vraiment ? Cela était inconvenant, voilà tout. C’est pourquoi elle éluda la remarque sur sa volonté d’être seule pour répondre :

J’ai toujours aimé les livres, selon mestre Evlyn. Il prétend que j’ai appris à lire presque seule, à l’âge de cinq ans, à force de traîner dans ses pattes.

Un léger rire lui échappa tandis qu’elle pensait à sa famille qui lui manquait. Désormais, elle devait apprendre à s’habituer à cette nouvelle famille, à ces lieux immenses, et à ses obligations en tant que future dame de Winterfell. Et parmi celles-ci, apprendre à connaître les Stark, même celui qui n’en portait pas le nom et qui pourtant avait tous les traits de ceux-ci. Kylis renchérit sur le ton de la confidence :

J’aurais aimé étudier à la Citadelle. On raconte que leur bibliothèque regorge d’ouvrages oubliés depuis des siècles. Vous y êtes vous déjà rendu ?

Puis, souriant d’un air désolé :

“  Malheureusement, je ne pourrais jamais être mestre. Mais tout le savoir que j’ai pu tirer de mes lectures me sera certainement utile pour aider lord Robb dans sa gestion du Nord. Je voulais apprendre à mieux connaître Winterfell, d’où… ” Elle s’empara de l’ennuyeux traité sur les systèmes de chauffage et de ventilation pour appuyer son propos. “ Si jamais un problème survient et que nous ne parvenons plus à chauffer le château, je saurais sûrement le résoudre !

Son insatiable besoin de se sentir utile se matérialisait ainsi ; quand elle serait l’épouse de Robb, elle ne pourrait plus aider les juments à mettre bas ou panser les blessures des garçons d’écurie. Il lui fallait donc trouver de nouveaux moyens de contribuer au bon déroulement de la vie de ce domaine qui n’était pas encore le sien. Elle refusait d’être une simple poule pondeuse pour son futur mari, et lui avait bien fait comprendre lors de leur première rencontre. Cependant, la bienséance refuserait certainement qu’elle s’adonne aux mêmes activités qu’à  tre, où sa proximité avec le petit peuple ne dérangeait que sa mère. Trouver ses marques dans ce nouveau rôle qu’on lui imposait risquait d’être ardu, mais lady Omble n’était pas du genre à s’avouer vaincue.


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BEnfant, Jon s’était passionné pour les dragons. Il se demandait comment de tels animaux pouvaient exister, quel était leur but. En y repensant maintenant, il s’agissait peut-être tout simplement de son côté Targaryen qui resurgissait. Lors de son voyage chez les dragons, il avait pu en voir. Autant dire que toute personne sensée sait parfaitement qu’il ne faut pas contrarier une telle créature. A part si on a envie de mourir d’une mort atroce. Avec le temps, sa passion pour les dragons s’était réduite et il avait tourné son intérêt vers les enfants de la forêt. Peut-être parce que d’une certaine manière il les comprenait, ou peut-être espérait-il être l’un d’entre eux, sans la partie extermination, bien sûr. Du coin de l’œil, il observait sa future belle-sœur, il la voyait peu, cette dernière n’étant pas du genre à s’exposer, ce qui convenait très bien à Jon. Elle était timide, peut-être un peu renfermée sur elle-même. Jon était conscient qu’elle devait éprouver quelques difficultés à s’intégrer dans sa nouvelle famille, surtout que son frère n’en était pas à sa première fiancée. Kylis n’arrivait donc pas dans la situation la plus confortable pour elle. En écoutant son histoire avec les livres, sa passion nait depuis sa plus tendre enfance, Jon ne peut que sourire. Son histoire a lui est un peu différente, mais finalement assez semblable. « J’ai moi-même supplié notre mestre de m’apprendre à livre, jugeant que notre nourrice nous racontait trop peu d’histoire. En vérité je n’étais jamais rassasiée. Je crois que si vieille Nan avait répondu à mes demandes, elle n’aurait pas pu fermer l’œil de la nuit » Heureusement pour cette dernière, la petite bouille angélique de Jon ne suffisait pas à l’affaiblir. Son expérience était bien trop importante pour qu’elle cède au caprice d’un enfant, quel qu’il soit.

Il sentit dans sa voix un petit trémolo en évoquant son passé. La jeune femme était loin de chez elle, de sa famille, la situation ne devait pas être facile à vivre. « Votre famille doit vous manquer » laissa échapper Jon. « Je n’ai jamais vraiment quitté Winterfell, si ce n’est pour quelques semaines, je préfère ne même pas penser à ce que je ressentirai si cela s’avérer définitif. » La simple idée lui faisait froid dans le dos, mais contrairement à lui elle n’avait pas le choix.

« Je n’ai pas eu cette chance, je ne connais la citadelle que par les récits que l’on m’a contés. » Comme elle, le loup aurait aimé se perdre dans les dédales de la grande bibliothèque, passer des heures perdues dans ses vieux ouvrages et peut-être découvrir des mystères perdus depuis des siècles.

Un rire amusé sort de la gorge de Jon quand il l’écoute parler de l’importance de sa lecture actuelle. « En effet, je n’y avais pas pensé. Je sais maintenant vers qui me tourner si j’ai un problème de chauffage dans mes appartements. » Voilà donc un problème résolu, même si vu la petitesse de sa chambre, Jon n’avait pas trop d’inquiétude à se faire tant que sa cheminée était en état de fonctionnement.

« Peut-être à terme pourriez-vous occuper de la bibliothèque de Winterfell, cela n’équivaut pas à la citadelle, mais c’est déjà ça. Je suis sure qu’un peu de nouveaux ouvrages ne lui ferait pas de mal. » Bien au contraire, car si ça continuait comme ça, il allait bientôt avoir tout lu. « Si vous voulez en apprendre plus sur Winterfell je peux peut-être vous aider. » Après tout il était assez placé pour pouvoir lui expliquer quelques petites choses sur son nouveau lieu de vie.



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Jon plaisanta à nouveau au sujet du traité qui avait causé l’assoupissement de Kylis, et celle-ci eut le plaisir de l’entendre rire. Si elle l’apercevait parfois partager des plaisanteries et des moments de franche camaraderie avec Robb, il avait plutôt tendance à la discrétion et au silence en sa présence. Discuter avec le frère de son fiancé était assez agréable, après tout. L’empathie dont il avait fait preuve quelques minutes auparavant en évoquant sa famille l’avait touchée. Elle essayait au mieux de s’intégrer ici, mais il était vrai que quitter Âtre-lès-Confins n’avait pas été facile pour elle. Ainsi, quand Jon évoqua sa future implication dans la gestion de la bibliothèque de Winterfell, elle ne put contenir son enthousiasme :

Oh, que j’aimerais en avoir la charge ! Il faudrait sans doute que j’aborde la question avec mestre Luwin…

Puis il enchaîna en lui proposant de lui en enseigner plus l’histoire et le fonctionnement de la forteresse. Elle eut un temps de réflexion, se mordant distraitement la lèvre et laissant son regard se promener sur les rayons débordants d’ouvrages, et répondit :

Apprenez-moi ce dont on ne parle pas dans les livres. Qui s’occupe de forger vos armes ? Quel est le meilleur plat de votre meilleure cuisinière ? Et quel est le jeu du moment chez vos garçons d’écurie ?

Elle brûlait de les connaître, ces petites gens qui n’osaient trop s’approcher de la future dame de Winterfell. Car, si dans la demeure ancestrale des Omble, elle jouait aux osselets avec les enfants des serviteurs et soignait les chiens errants, elle ne pouvait désormais plus se permettre un comportement de la sorte. Sa mère, lady Cassana, qui voyait déjà cela d’un mauvais œil quand sa fille n’était encore qu’une enfant, lui avait fait comprendre qu’avec sa floraison et son futur mariage, tout cela ne serait plus. Un soir, Déa, sa camériste, lui avait confié que lady Cassana redoutait sûrement qu’elle n’offre sa virginité à un garçon d’écurie ou à un porcher. “ Ce sont mes amis ”, avait rétorqué Kylis, et Déa avait levé les yeux au ciel en disant que sa maîtresse n’y connaissait décidément pas grand chose aux hommes. Elle n’avait pas tort : la Géante ne savait rien des choses de l’amour, ce qu’elle considérait comme une chance, sachant le nombre d’histoires de romances tragiques qu’elle avait pu lire ou entendre.

Pourtant, et sans qu'elle ne se l'avoue vraiment, des sentiments commençaient à naître en son sein vis-à-vis de son fiancé. C'est pourquoi elle ne put s'empêcher de rajouter :

" Et, si votre passe-temps favori est la lecture, quel est donc celui de Robb...? "

Elle rougit de sa hardiesse, ne sachant pas comment allait réagir le frère de l’intéressé.


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An 301, lune 13, semaine 4



Ce petit intermède changeait les habitudes du loup blanc. Jon parlait rarement dans la bibliothèque. A vrai dire jamais ! Il y allait le plus souvent pour être seul, trouver du calme et une certaine réflexion. Les livres l’aidaient à s’apaiser, mais la présence de la jeune femme ne le dérangeait pas. Au contraire il trouvait même cela assez agréable, cela le changeait et Kylis était loin d’être ennuyeuse. Jon la savait toute seule, dans ce château assez froid, tant par la rigueur du climat que par les habitants. Le Nord montrait peu ses émotions et cela pouvait surement surprendre les invités foulant les pierres glacées du château. Si elle souhaitait trouver un certain réconfort auprès des livres, il avait une petite idée derrière la tête. Mestre Ludwin n’était plus tout jeune, et même si Jon le respectait énormément, il manquait parfois d’imagination pour enrichir la bibliothèque de Winterfell. « Hmm si vous voulez je peux lui en toucher deux mots, il a beaucoup de choses à sa charge, il appréciera surement d’avoir de l’aide. » Mestre Ludwin possédait un caractère bien trempé, il n’aimait pas trop qu’on doute de ses capacités, mais Jon était certain qu’il ne refuserait pas de l’aide de la future femme de Robb.

Le brun proposa naturellement son aide à la jeune femme. S’il ne connaissait pas tous les rouages du système de chauffage de la citadelle, il connaissait au moins les gens qui l’habitaient et pouvait donc répondre à quelques-unes de ses questions. Le loup blanc ne s’attendait cependant pas à tant de passion venant de la jeune femme et cela l’amusa plus qu’il ne l’aurait pensé. Sa curiosité lui fit chaud au cœur, elle était la preuve que Kylis s’intéressait vraiment au Nord et à ses habitants et cela était important pour le rôle qui lui incomberait après le mariage.  « Hmm alors commençons par le forgeron. Vous le trouverez facilement, il suivit de suivre les sons métalliques et vous découvrirez Mikken. Je l’ai toujours connu, c’est lui qui s’occupe de forger nos armes. Du moins les actuelles, pour les anciennes, je ne pourrais pas vous répondre.  C’est lui qui a forgé aiguillé l’épée d’Arya… » Si cela pouvait l’aiguiller. « Pourquoi ? Avez-vous envie de vous faire forger une épée ? » Plaisante t’il avant de continuer sur le meilleur plat. « Difficile de vous répondre, cela doit dépendre des goûts, j’ai une préférence pour le civet de sanglier au miel et ses pommes de terre. » Mais cela dépendait de lui, une autre personne aurait pu lui dire autre chose. « Nous avons de la chance, nous avons de bonnes cuisinières. » Jon ne s’était jamais plaint de la nourriture qu’on lui avait servi à Winterfell. Même durant les périodes de disette il s’était toujours régalé. « Quant aux garçons d’écuries, je crois qu’ils apprécient toujours autant de nous imiter avec leurs épées de bois. » Comme finalement tous les garçons de leur âge et ils faisaient d’ailleurs de bons partenaires d’entrainement.

Un sourire clément se dessine sur les lèvres du brun quand la Omble lui demande quelques petites informations en plus concernant son fiancé. « Il va m'être difficile de vous répondre, je connais finalement assez mal Robb, je sais qu’il a à cœur de se faire accepter par le Nord, pour le moment il n’a hélas que peu de temps à accorder à ses loisirs. Depuis la mort de Ned, tout va très vite pour lui. Il doit faire ses preuves et les Nordiens peuvent parfois se montrer difficile à convaincre.» Il préférait ne pas l’induire en erreur, ne connaissant pas trop ce qu’il plaisait à son frère. « Mais je vais bien finir par le découvrir. » laissa t’il échapper avec un léger sourire au coin des lèvres. « Et vous mise à part la bibliothèque ? Qu’aimez-vous faire ? Hormis vous faire accepter entre ces murs ? » Il voulait juste en apprendre un peu plus sur elle, sur qui elle était vraiment.



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Kylis Omble & @”Jon Snow”



An 301, lune 13, semaine 4



La jeune lady Omble reçut avec plaisir la réponse de Jon à ses interrogations. De son propre aveu, celui-ci connaissait peu son frère ; il n’y avait rien d’étonnant à cela, sachant que le seigneur de Winterfell n’y avait pas été élevé comme le reste de sa fratrie. Un détail cependant retint son attention : le jeune homme parla de son père en le nommant par son prénom, ce qui lui fit froncer les sourcils. Elle ne releva pas cette étrangeté, car Jon enchaîna en l’interrogeant à son tour sur ses propres passe-temps :

Et vous, mis à part la bibliothèque ? Qu’aimez-vous faire ? Hormis vous faire accepter entre ces murs ?

Elle prit un air grave pour lui répondre :

Cela n’a rien d’amusant, croyez-moi. Il est bien plus compliqué de comprendre le fonctionnement d’une famille que celui de la ventilation de Winterfell. ” Elle lui sourit, désolée, et reprit : “ J’aime monter à cheval, quand ma santé me le permet. Plus jeune, mes frères aînés acceptaient même de m’emmener avec eux en promenade. Une fois, ils ont tenté de m’enseigner l’art de la chasse ; mais j’ai pleuré en tuant mon premier lapin. ” Ce souvenir était plus douloureux qu’elle ne voulait le laisser paraître ; donner la mort n’était décidément pas fait pour elle. “ J’apprécie aussi la broderie, bien que je n’y fasse preuve d’aucun talent. Je pense surtout qu’il me faut avoir les mains toujours occupées, sous peine d’être en proie à un grand ennui. ”  

Kylis n’était indubitablement pas faite pour être une femme d’apparat. Les mondanités lui étaient fort désagréables, et elle se sentait bien plus à l’aise dans ses grossières robes nordiennes qu’habillée et coiffée en vraie dame. Elle se savait dotée d’une certaine beauté, car on l’en avait parfois complimentée, notamment lors du tournoi de Lestival. Cependant, elle savait également que sur ce point, elle n’égalerait jamais Wynafryd Manderly, dont l’ombre planait encore sur le cœur de Robb. Elle tentait alors de se distinguer d’elle, et de mettre en avant les qualités dont elle pensait que la Sirène de Blancport était dépourvues. Cela suffirait-il à se gagner l’affection de son fiancé ? Rien n’était moins sûr.

La Géante songea un instant à interroger Jon à propos de sa “rivale”, ayant connaissance qu’il s’était lié d’amitié avec celle-ci, mais se ravisa au dernier moment. L’évoquer reviendrait à avouer qu’elle se sentait menacée par elle, bien que cela n’eut aucun véritable fondement. Ainsi, elle préféra changer de sujet :

Votre loup ne vous tient pas compagnie aujourd’hui ? Ces bêtes sont si impressionnantes. Comment s’appelle le vôtre déjà ?

Elle connaissait bien évidemment le nom de Fantôme, mais n’avait jamais réellement eu l’occasion de l’approcher. Si Vent Gris tolérait sa présence et que Nymeria montrait même des marques d’affection à Kylis, Fantôme semblait, quand à lui, différent. Comme son maître, le loup géant dégageait une certaine aura qui le plaçait en retrait des autres membres de sa fratrie.  


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Kylis Omble & @Jon Snow



An 301, lune 13, semaine 4



En y réfléchissant c’était assez étrange de ne pas bien connaître son propre frère. Jon et Robb auraient du grandir ensemble, mais les relations entre les royaumes les en avaient empêchés. Finalement, c’était le fils bâtard de Ned qui avait grandi en tant que fils aîné, mais ça c’était juste en apparence. Jon avait toujours connu sa place et l’idée de prendre celle de son frère ne lui était jamais venu à l’esprit. Robb était le fils aîné de Ned, son digne successeur, l’héritier légitime de la famille Stark. Ce n’était maintenant qu’à 19 ans qu’il commençait à apprendre à connaître se frère. Tout les deux s’apprivoiser et pour le moment cela se passait assez bien. Malgré le fait qu’ils aient vécu deux vies totalement différentes le lien de sang qui les unissaient les rapprochait. Jon était bien placé pour aider Robb à se faire une place parmi les siens. Les nordiens pouvaient se montrer coriaces, leur confiance envers les étrangers étaient limités, encore plus quand il s’agissait des dragons. Le plus difficile pour Robb allait être de se faire accepter et cela commençait tout juste. Il ne pouvait pas faire d’erreurs, les nordiens le pardonneraient difficilement. Alors Jon faisait de son mieux pour l’accompagner, lui parler des familles proches des Starks et surtout des caractères de ceux qui en étaient à leurs têtes.

« Je crois que je peux très bien imaginer. » laissa t’il échapper quand elle parla de comprendre le fonctionnement d’une famille. Son histoire a lui était un peu plus différente, ce n’était pas une famille qu’il avait essayé de comprendre, mais une personne. A savoir Cathelyn Stark, Jon avait passé beaucoup de temps à essayer de se faire aimer telle pour trouver le réconfort d’une mère, mais il se heurta toujours à un mur. Il lui avait fallu du temps pour comprendre son comportement et accepter qu’elle ne pourrait jamais lui offrir ce qu’il désirait. Alors oui d’une certaine manière, il arrivait à comprendre ce que la jeune Omble pouvait ressentir.  « Il n’est jamais facile de tuer pour la première fois, même un lapin. » Si Jon chassait, il se souvenait encore de sa première proie, une oie sauvage. Donner la mort n’était pas chose facile. Mais il ne tuait que pour se nourrir et pas pour le plaisir, c ‘était ça qui était important. Ne pas prendre plaisir à donner la mort. « Si vous voulez vous balader je peux trouver le temps pour vous montrer des chemins surs autour de Winterfell, nous avons des chevaux calmes et posés, si cela peut vous intéresser. » Monter à cheval était en effet une des activités préférées de Jon, il connaissait parfaitement les chemins alentours, alors si elle voulait s’aérer l’esprit hors des murs, il pouvait lui venir en aide. " Pour ce qui est la broderie par contre, je crois que ça dépasse mon domaine d’expertise." Oui ce n’était pas vraiment son truc. C’est une activité pour les femmes à laquelle il ne trouverait pas trop d’intérêt. Disons qu’il était assez loin de connaître toutes les activités pratiquées par ces dernières pour passer le temps, mais de ce qu’il en voyait ça n’avait pas l’air passionnant. Pendant un instant il pensa à Arya qui rechignait toujours à aller à ses leçons de broderie, préférant avoir les pieds dans la boue et une épée à la main qu’être assise à broder.

Kylis changea de sujet pour en aborder un qui touchait particulièrement Jon. A savoir son compagnon de vie, celui qui était son ombre et terrifiait ceux qui croisaient son regard. Son loup : fantome.  "Fantôme."  Il n’avait pas été très imaginatif. "  Il n’est pas dressé, pas comme un chien, c’est lui qui a choisi de rester à mes côtés, il est libre de se déplacer où il veut quand il veut. Sa liberté lui appartient et peut-être qu’un jour il décidera de ne pas revenir… " Cette idée terrifiait Jon, mais il n’en voudrait jamais à Fantôme de choisir cette voie. "  De tous, il est sûrement celui qui est le plus libre de choisir ce qu’il désire et qui fréquenter. Qui sait ce qui fait, peut-être chasse t’il ? Ou dort-il paisiblement sous un arbre ? Il aime aussi explorer les terres, et chasser ceux qui ne sont pas inviter. "  Autant dire que le loup savait toujours quoi faire, finalement plus que Jon.

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Kylis Omble & Jon Snow



An 301, lune 13, semaine 4



Les banalités que s’échangeaient les deux jeunes gens n’avaient à vrai dire rien de foncièrement intéressant, et pourtant lady Kylis ne put s’empêcher de rougir quand Jon lui proposa de l’emmener se balader à cheval. Ne serait-ce pas considéré comme impoli, voire scandaleux, que la fiancée du lord de Winterfell parte seule dans les bois avec le frère de celui-ci ? Elle n’en savait trop rien, car elle s’était toujours moqué des règles de bienséances que sa mère avait tenté en vain de lui inculquer depuis sa plus tendre enfance ; cependant, elle n’avait désormais plus le droit à l’erreur. Elle ne releva donc pas l’invitation, supposant que le bâtard de Ned l’avait certainement formulée par simple politesse. Elle préféra changer de sujet et l’interroger à propos de son loup, et comprit qu’elle avait visé juste quand elle vit une lueur briller au fond des yeux de Snow alors qu’il lui décrivait les allées et venues de l’imposante bête. Le caractère libre et solitaire de Fantôme correspondait bien à celui de son maître, songea-t-elle avec un sourire. Cela la fit penser à Nymeria, qui affichait quand à elle un comportement surprotecteur vis-à-vis d’Arya. Si la louve semblait avoir acceptée la présence de la Géante au chevet de sa maîtresse, les membres de la famille Stark n’avait toujours pas l’autorisation de pénétrer dans la chambre de la souffrante.

Chacun de ces loups en dit beaucoup sur son propre maître, ” dit-elle avec un sourire malicieux. “ J’ai compris que votre soeur Arya ne me chasserait pas de sa chambre quand Nymeria m’a montré quelques signes d’affection.

Cela n’avait pas été aisé, mais elle avait l’impression qu’elle commençait à gagner la confiance de la petite louve. Un exploit personnel, dont elle tirait une certaine fierté. Cela lui permettait, au demeurant, de faire la liaison entre la jeune fille alitée et le reste de la famille Stark, et de se faire ainsi une place au sein de la maisonnée.

Je m’inquiète pour elle. Elle est très têtue, et refuse d’entendre parler d’une quelconque guérison.

Kylis secoua doucement la tête, ses boucles brunes rebondissant avec grâce sur ses épaules. Elle refusait de laisser tomber la jeune fille, mais elle avait parfois l’impression que ses efforts ne mèneraient à rien. Elle n’avait pourtant pas le droit d’abandonner ce long et fastidieux travail qu’elle s’était imposée ; décevoir la famille de Robb lui serait douloureux, et se décevoir elle-même, insupportable. Kylis chassa donc ces pensées sombres de son esprit pour rassurer son interlocuteur :

Je prend grand soin de votre soeur, n’ayez crainte. Je parviendrai à la remettre sur pieds.

Après cette affirmation qui sonnait comme une promesse, elle sentit la fatigue la gagner à nouveau et ne put s’empêcher d’esquisser un bâillement qu’elle tenta de dissimuler de la paume de sa main gauche. Décidément, ces insomnies lui gâchaient vraiment la vie. Elle consacrait toute son énergie au rétablissement de sa future belle-soeur, et en manquait cruellement en toute autre occasion. Il fallait qu’elle apprenne à se ménager, au risque de se faire surprendre en pleine sieste réparatrice, comme cela avait été le cas ce matin.


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Kylis Omble & @Jon Snow



An 301, lune 13, semaine 4



Jon était d’une nature assez franche, peut-être un peu trop, il oubliait parfois les règles de bienséance. La vie aurait était tellement plus simple sans. Il était certain que s’il partait en balade avec la future épouse de son frère, il ne la toucherait jamais. Même si Kylis était restée polie et n’avait pas relevé sa phrase, ses joues rouges n’avaient pas échappé au loup. Cela lui avait au moins permis de comprendre que sa demande n’était pas vraiment adéquate. Il pouvait lui proposer d’une manière différente, en rajoutant une personne tierce. « Je suis certain que ma sœur aimerait se joindre à nous quand elle sera guérie » Pour le moment Arya était convalescente, il passait d’ailleurs régulièrement la voir. Enfin plutôt il essayait car la petite louve refusait de se montrer à sa famille depuis son accident. Une réaction complètement idiote mais qui ressemblait assez à ses sœurs. C’était d’ailleurs ce qu’il ferait quand il quitterait la bibliothèque dans quelque temps, tenter une enième fois de se faire accepter.

Il espérait que sa phrase la soulage, qu’elle comprenne qu’il n’avait aucune idée derrière la tête et qu’il cherchait juste à lui rendre service. Il était certain que sa petite sœur aimerait faire découvrir à Kylis les endroits qu’elle aimait tant, ces lieux qui rendaient le Nord unique, mais pour cela, il fallait sortir au-delà des murs du château.

Jon aimait parler de fantôme, mais il n’était pas le premier des enfants Stark. La présence des loups à leur côté surprenait toujours et il y avait de quoi. Cette espèce se liait rarement aux hommes… C’était un mystère qu’il ne percerait sûrement jamais. En tous cas, il ne se voyait plus vivre sans l’ombre blanche qui la suivait, même s’il était conscient que le loup était libre et qu’il choisirait, un jour, peut-être de choisir une voie sans Jon. « C’est vrai qu’ils sont assez semblables à notre personnalité. » Fantôme aimait la solitude, tout comme Jon, il fuyait les lieux trop bondés et prenait plaisir à se promener au-delà des murs de Winterfell. Il avait aussi cette tendance à passer inaperçu, tout comme lui. Un rire amusé sortit de la gorge de Jon quand il entendit Kylis parler de Nyméria. La louve avait son caractère, tout comme Arya, mais elle était intelligente. « Elle a dû sentir que vous ne vouliez pas du mal, mais au contraire lui apporter un certain réconfort. » Certains les considéraient peut-être uniquement comme des créatures étranges et sans grand intérêt, mais pas Jon. Pour lui, ils étaient intelligents, peut-être même autant qu’un être humain, sauf qu’il ne pouvait pas parler pour s’exprimer.

Il ne put s’empêcher de rire en entendant la jeune femme parler du caractère de sa sœur. « Arya ne serait pas une Stark, si elle n’avait pas un mauvais caractère. » Plaisanta t’il. « Mais ne vous fiez pas à ses petits crocs, elle apprécie sûrement vos visites, c’est juste qu’elle n’aime pas montrer ses faiblesses. » Sa petite louve aimait se montrer forte, même dans les moments difficiles. Elle n’était pas du genre à se plaindre et détester qu’on le fasse pour elle. « Elle déteste le fait de devoir rester au lit, cela n’arrange rien. » Il imaginait sans trop de mal, la déception qui avait dû envahir la future épouse de son frère en comprenant que la petite dernière ne l’accepterait pas aussi facilement. Arya n’était pas une jeune fille comme les autres, elle se démarquait et c’était pour cela qu’il l’aimait autant. « Je ne me fais pas d’inquiétude là-dessus, je sais que vous vous occupez bien d’elle. » Il esquissa un sourire avant de rajouter d’une voix réconfortante. « Prenez juste le temps, ce n’est pas une période facile pour elle, je n’ai aucun doute quant à sa guérison.» Jon ne pouvait pas imaginer le contraire, Arya allait bientôt pouvoir de nouveau vaguer à ses occupations.

La fatigue semblait doucement s’emparer de la jeune femme. « Vous voulez rejoindre vos appartements ? Vous semblez fatiguée. » Quant à lui il ferait bien de rejoindre son frère, voir d'essayer une énième fois qu'Arya accepte de le voir « Ou vous pouvez toujours reprendre votre passionnante lecture. »

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Kylis Omble & Jon Snow



An 301, lune 13, semaine 4



La sollicitude de Kylis auprès de la petite Louve en avait étonné plus d’un, lady Omble y compris. Elle ne pouvait réellement expliquer le besoin qu’elle avait eu d’insister pour s’imposer au chevet de la jeune souffrante. Evidemment, elle avait appris depuis sa plus tendre enfance à soigner les maux du corps et de l’esprit, à confectionner bandages et décoctions et à réconforter les souffrants. Ses patients n’étaient nul autre que ses frères et soeurs, et les petites gens que l’on croisait dans la cour d’ tre-lès-Confins. Si ceux-ci avaient toujours été consentants, se réjouissant même des soins prodigués par la jeune lady et la complimentant sur son habileté, il était plus hardi de conquérir l’amitié d’Arya Stark. Pourtant, Kylis n’avait point abandonné ; cela n’était tout simplement pas dans son caractère. Alors quand Jon lui fit modestement part de sa gratitude, lui assurant qu’il avait confiance en la façon dont elle avait de prendre soin de sa soeur, Kylis lui sourit avec reconnaissance. Cela n’avait pas toujours été facile, et savoir qu’on la considérait à sa juste valeur lui permettait de s’intégrer un peu mieux au sein de cette famille qui serait bientôt la sienne.

Un bâillement échappa à la jeune fille, ce qui ne passa pas inaperçu.

Vous voulez rejoindre vos appartements ? Vous semblez fatiguée, ” l’interrogea Jon avec sollicitude. “ Ou vous pouvez toujours reprendre votre passionnante lecture, ” enchaîna-t-il avec une lueur de malice au fond des yeux.

Petit à petit, la discrétion supposée du Loup Blanc laissait entrevoir un véritable sens de l’humour que Kylis n’aurait pas soupçonné. Elle sourit à la boutade et répondit :

Je songe à en faire mon livre de chevet, pour les nuits où le sommeil n’arrive point à me gagner.

Kylis observa par la fenêtre de bibliothèque le soleil dont la course dans le ciel était déjà bien entamée. La mi-journée approchait à grand pas, et elle devait se rendre aux cuisines quérir le déjeuner d’Arya. Elle n’avait ni le temps ni le loisir de s’assoupir aux quatres coins du château : la petite Louve avait besoin d’elle, même si elle ne voulait pas le reconnaître. Kylis se leva donc de son tabouret, les jambes encore engourdies par sa sieste inopinée, tâchant cependant de faire bonne figure devant le frère de son fiancé. Elle s’excusa auprès de lui en ces termes :

Ce fut agréable de discuter avec vous… - elle faillit l’appeler “messire”, mais se rappelant au dernier moment de sa bâtardise, se corrigea in extremis - Jon. Si vous permettez que je vous appelle par votre prénom. ” Elle eut un sourire contrit. “ Je vous prie de m’excuser, il est bientôt l’heure pour moi de me rendre au chevet de votre soeur.

Kylis espérait qu’Arya serait de bonne humeur aujourd’hui ; son état s’améliorait au fil des jours, mais il lui arrivait parfois de se terrer dans le silence. L’échange cordial et sympathique qu’elle avait eu avec Jon Snow lui avait permis de changer de l’incroyable entêtement auquel elle pouvait faire face dans ses discussions avec la petite Louve.


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