Apologies aren't meant to change the past but the future - ft. Melleah
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About Time – Part 1
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Ashter Yarwyck avait repris ses petites habitudes bien vite. Après le voyage de retour et le bal, il était bien épuisé et se reposa pendant de longues heures, avec la permission de lady Walda bien sûr. Elle était si gentille et attentionnée envers lui. Il avait de la chance d’être à son service. Il en remerciait lord Tyrion aussi souvent que faire se peut pour cette nomination prestigieuse. Cela avait une nouvelle fois bien placé la famille Yarwyck auprès des Lannister. Il prenait toujours sa mission très à cœur et les semaines qui suivirent son retour, il faisait preuve de plus de sérieux dans sa tâche. Il voulait se vider l’esprit, ne pas penser à Sacha ni à son mariage. Il prit tout de même le temps de répondre à sa sœur Alerah et de lui annoncer son arrivée prochaine à Bulwark en compagnie de Beren. Il avait bien évidemment des affaires à régler à Castral Roc et surtout voir avec Tyrion pour parler du mariage, de ses obligations, de comment s’organiser dans le cas où lady Walda devait se déplacer quelque part. Mais Ashter pensait avoir le temps et repoussa l’échéance. Arrivé à la deuxième après son retour, il prépara sa rencontre avec Melleah Payne prévue en dehors de Castral Roc, dans un coin plutôt charmant et tranquille.
En effet, le soir du bal masqué en l’honneur de Tywin Lannister, Ashter et Melleah s’étaient croisés. Ils n’avaient pu échapper à l’autre, comme si le destin les rappelait à leur devoir, à leur futur mariage. Ils ne s’étaient guère vus entre les fiançailles et aujourd’hui. Ashter le regrettait amèrement et s’en voulait chaque jour de ne pas avoir sollicité plus d’entrevue avec sa promise. Il lui avait promis de lui écrire, ce qu’il fit dans un premier temps puis les lettres furent espacées, puis ne furent plus du tout. Il s’en voulait de cela aussi mais il devait assumer désormais. Il n’avait pas été très courtois avec Melleah en ne la côtoyant pas plus avant son départ pour le Conflans et l’Ouest et en n’assurant pas sa promesse de lui écrire souvent. Ashter se sentait quelque peu minable et avait décidé de se rattraper. Après avoir enchaîné les faux-pas, il voulait rectifier le tir, faire les choses bien pour la femme qui allait partager son quotidien, sa vie, avec qui il allait fonder une famille, diriger Bulwark, élever des enfants, faire sa vie. Il se devait de la respecter et ce dès avant le mariage. Ainsi, lors du bal, alors qu’il dansait avec Félicité Hill, il la cherchait du regard. Il fut déconcentré lorsqu’un autre couple buta en eux. Il ne reconnut presque pas Sacha à ce moment-là. Il n’avait pas l’habitude de la voir en robe. Quoiqu’il en soit, il passa vite à autre chose puisque Melleah Payne se trouvait non loin de là.
C’est ainsi qu’au milieu de la soirée, ser Ashter Yarwyck et lady Melleah Payne dansèrent ensemble. Ils attirèrent plusieurs regards sur eux et avaient plutôt fait sensation dans la soirée. Pourtant, Ashter sentait qu’il y avait une sorte de gêne entre eux, un froid, quelque chose qui n’allait pas. Le chevalier sut très bien de quoi il s’agissait et fit comme si de rien n’était. Néanmoins, il finit par proposer à la jeune femme qu’ils se rencontrent tous les deux la semaine suivante dans un endroit tranquille qu’il connaissait où il allait souvent. C’était un de ses endroits où il allait pour dessiner, écrire, ne plus réfléchir. Il voulait partager un moment sincère avec Melleah. Il était temps pour lui de s’excuser platement, de montrer qu’il n’est pas le goujat qu’elle devait sûrement croire qu’il était. Il espérait qu’elle viendrait à l’heure indiquée, à l’endroit indiqué. Le jour venu, il avait tout préparé à manger, à boire. Il partit à pied – l’endroit se trouvait tout près – et réfléchissait déjà à ce moment qu’ils allaient passer ensemble. Il faisait beau et le temps était clément malgré l’hiver qui se faisait de plus en plus ressentir sur Westeros. Installant tout comme il se doit, Ashter attendit donc sa promise, plongeant son regard dans l’horizon, griffonnant quelques croquis dans son carnet, écrivant quelques vers. Malgré le stress, l’inspiration était toujours présente et c’est en pensant à Melleah qu’il écrivit ses vers, ce qui le ravit, lui qui jusqu’ici, ne pensait qu’à Sacha. Mais Melleah était sa future épouse. Elle devait l’inspirer, pas une autre femme. Et Ashter s’était convaincu de cela. Il voulait vraiment faire des efforts et un pas décisif vers Melleah. Il fallait espérer maintenant que ce premier pas serait suivi par d’autres et ce même après le mariage qui approchait à grand pas.
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Apologies aren't meant to change the past but the future
Ashter Yarwyck & Melleah Payne
Melleah aurait aimé pouvoir dire qu’elle s’était montrée forte et impitoyable envers son promis. Ser Ahster l’avait déçu, délaissé et avait rompu la promesse qu’ils s’étaient fait. Elle lui en voulait pour cela. Outre son ego meurtrie, c’était surtout ce que cela sous-tendait pour leur mariage qui l’avait blessé et inquiété. Elle avait bien senti lors de leur rencontre que cette union n’était pas un souhait du jeune chevalier. Encore plus lorsqu'il s'était croisé à Lestival. Malgré tout, elle voulait croire en sa bonne étoile, et en la bienveillance de son promis qui semblait avoir les mêmes aspirations concernant leur union. Elle avait cru à une future union sincère, marquée par l’honnêteté et la bienveillance, même si elle n’était pas marquée par l’amour. Elle s’était visiblement trompée. Aussi, aurait-elle aimé se montrer aussi dur envers lui qu’il ne l’aurait mérité. Elle n’était, certes, pas le partie le plus intéressant du royaume. Elle n’était pas non plus la plus belle femme qu’il put trouver sur Westeros, ni même la plus talentueuse ou la plus intelligente. Mais elle méritait au moins le respect de sa personne, de son existence, et ne pas être ignorée comme un vulgaire outils qui ne nous serait utile que dans le futur. Ça oui, elle méritait mieux que l’indifférence, mieux que d’être relégué au rang des indésirables !Pourtant, lorsque Ser Ashter lui avait proposé durant leur danse de se retrouver pour discuter et partager un moment ensemble, elle n’avait pu s’empêcher d’accepter sur le champ. Elle se serait donnée des claques, si elle avait pu, tant sa réponse lui avait semblé précipitée. Elle s’était fait l’impression d’une jouvencelle en manque d’attention. Ce qu’elle était finalement … mais elle n’était pas obligé de le lui montrer si ouvertement. Ser Ashter n’avait pas semblé remarquer son empressement, ni même les rougeurs apparues sur ses joues, sans doute grâce au masque qu’elle portait. Elle avait en tout cas ruiné son effet. L’ignorant consciencieusement durant une partie de la soirée, et faisant mine de ne pas le reconnaître lorsqu’ils en étaient venu à danser ensemble, elle avait même poussé le vice à lui écraser les pieds volontairement se montrant plus maladroite encore qu’elle ne l’était habituellement. Pour finalement s’empresser d’accéder à sa proposition lorsqu’il avait eu l’audace de la lui soumettre … Mais quelle idiote faisait-elle !
C’est donc pleine de nervosité qu’elle se dirigeait vers le lieu du rendez-vous. Melleah ne connaissait pas les environs de Castral-Roc mais on lui avait assuré de la proximité de l’endroit, et elle avait donc décidé de s’y rendre à cheval. Fort heureusement, les températures se faisaient clémentes en ce jour, et les rayons du soleil suffisait à réchauffer l’atmosphère, couplé au manteau qu’elle avait enfilé par dessus sa tenue. Septa Mirella, qui était au service des Payne depuis presque quatre ans maintenant, l’accompagnait, jouant le rôle de chaperon. La femme entre deux âges se révélait plutôt souple en l’absence de Lady Nivia, et Melleah savait compter sur sa bienveillance et sa bonne humeur. Pourtant, si elle l’avait pu, elle aurait probablement évité sa présence. Cela la rassurait un peu, elle devait le reconnaître, bien que rien d’inconvenant ne risquait de se passer entre elle et son fiancé. Mais elle ne désirait nullement que quiconque ne soi le témoin de leurs retrouvailles, quelque soit la façon dont elles allaient se dérouler. A l’instar de leur première rencontre, ce qu’ils se diraient relèveraient de l’intime, et ne concernerait qu’eux. Elle comptait donc sur la nécessité de surveiller les chevaux pour la maintenir à distance raisonnable de leur conversation.
Septa Mirella avait bien sentie la nervosité de la jeune lady, et avait tenté de détourner son attention par la conversation, commentant les paysages et convoquant toutes les anecdotes qu’elle ne lui avait pas encore dite au sujet du Roc. Peine perdue, Melleah demeurait silencieuse, le regard perdu devant elle, une boule au creux de l’estomac. Le pas de l’animal tendait à calmer ses nerfs, mais la vue de la silhouette du jeune chevalier, au loin, suffit à affoler les battements de son cœur. Elle était aussi impatiente que nerveuse et elle peinait à évaluer vers quel sentiment elle tendait le plus. Le rouge aux joues, elle finit malgré tout par s’approcher et poser pied à terre. Confiant les rennes à sa Septa avec qui elle échangea un regard angoissé, elle se tourna ensuite vers son promis, collant un sourire sur ses lèvres.
« Ser Ashter » le salua-t-elle d’une petite révérence, « Je vous présente Septa Mirella. Septa, voici mon promis, Ser Ashter Yarwick. »
La religieuse le salua à son tour, gardant le silence typique des femmes de sa condition. Melleah comprit qu’elle ne désirait nullement interférer dans leur conversation. Elles échangèrent un nouveau regard plein de compréhension et la religieuse s’éloigna, Melleah comprenant qu’elle serait à portée de regard, en direction d’un point d’eau à proximité pour permettre aux chevaux de s’y abreuver et pour pouvoir malgré tout surveiller leur échange de loin. Melleah ressentit pour elle une grande gratitude. Septa Mirella était loin d’être idiote, et elle avait parfaitement compris ce qu’elle attendait d’elle. Pouvait-elle espérer une perceptrice plus agréable et compréhensive ?
Ils se retrouvèrent alors seuls. Passablement gênée, leurs regards se croisèrent mais elle fit mine d’observer les lieux pour ne pas avoir à se confronter à son expression, le rouge toujours aux joues. Partagée entre son envie irrépressible de combler le silence et celle, plus insidieuse, de se taire afin de voir ce qu’il dirait ensuite, elle finit malgré tout part rouvrir la bouche.
« Cet endroit est charmant. Je vous remercie de votre invitation. »
Elle s’en tint là. Elle ne ferait pas plus d’effort pour le moment.
An 302, lune 9, semaine 3
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Les secondes défilèrent. Les minutes passèrent. Ashter s’attendait à ne pas la voir arriver. En faisant les cent pas, stressé, angoissé, Ashter repensa au soir du bal. Au premier abord, il avait hésité à danser avec Melleah. Il se sentait tellement honteux. Sacha venait de « rompre », anticipant alors la réaction d’Ashter après son retour. Pleins de sentiments se mélangèrent dans la tête du jeune ouestien. Il voulait se racheter auprès de la jeune dame. C’est cette volonté qui l’avait fait faire ce premier pas, l’invitant à danser, espérant qu’elle le reconnaisse. Ils dansèrent plusieurs danses ensemble. Et cela lui avait laissé l’occasion de lui demander une entrevue. Cela lui donna aussi l’occasion de se faire marcher sur le pied. Il ne lui en tint pas rigueur et ne savait guère si c’était fait exprès ou si elle avait sauté un temps. Quoiqu’il en soit, Ashter continua à mener comme si de rien n’était. Ce soir-là, il dormit très peu. Ses pensées le torturaient. Entre le visage de Sacha, sa présence au bal, et la pauvre Melleah, son délaissement. Ashter fit les cent pas dans sa chambre, se maudissant de s’être entiché de cette vulgaire roturière. Cette nuit-là, il était en colère contre lui-même. Sacha faisait partie du passé, il devait l’oublier. Il devait rattraper ses erreurs avec Melleah et le faire vite avant qu’elle ne lui échappe. Ce serait le déshonneur sur sa famille, un déshonneur que son père ne lui pardonnerait jamais.
C’est le bruit des chevaux qui arrivaient dans sa direction qui le ramena à la réalité. Plus le temps de penser. Plus le temps de se lamenter. Plus le temps d’être en colère contre soi-même. Il fallait qu’Ashter fasse bonne figure. Cette entrevue devait rattraper leur première rencontre peu enthousiaste. Elle devait aussi rattraper le cumul des erreurs du chevalier : la correspondance abandonnée, le manque d’attention, le peu de rencontre. En un an, ils ne s’étaient vus que deux ou trois fois. Ils étaient fiancés depuis un an et quatre lunes, cela commençait à faire et ils ne s’étaient vus que peu de fois. La faute revenait à Ashter en grande partie. Subjugué par la petite conflanaise, il ne voyait plus rien autour. Puis, son voyage dans le Conflans et l’Orage n’avait rien arrangé. Il aurait pu être assidu lors de leur correspondance mais rien n’y a fait. Il avait fini par ne plus lui écrire, laissant ses doutes et ses peurs le consumer. Il fallait que cela change. Tel était l’objectif de cette journée. Renouer avec Melleah. Lui montrer qu’Ashter pouvait être un chevalier galant, honorable et qui fait des efforts même si ce mariage n’était pas son idée. Après tout, il n’avait guère le choix. Son père avait été catégorique. Il allait se marier avec la « fille Payne ». Cela leur avait valu plusieurs discussions houleuses. Un jour, il avait même émis l’idée qu’Alerah pourrait épouser le jeune Podrick à la place mais rien n’y faisait. Ashter était l’héritier. Il devait se marier. Il devait assurer l’avenir des Yarwyck. C’était son devoir. C’était le devoir d’Arthur…
- Ser Ashter. Je vous présente Septa Mirella. Septa, voici mon promis, Ser Ashter Yarwick.
Ashter demeura aussi silencieux que Septa Mirella. Il s’inclina devant Melleah puis répondit à la révérence de la septa avant de reporter son attention sur sa promise. La septa s’éloigna et il en fut ravi. Il ne voulait pas être épié, chaperonné par une septa. Il voulait se retrouver seul à seul avec Melleah. Il était déterminé à faire bonne impression. Son regard avait changé. Si lors de sa rencontre, il regardait peu Melleah, ce jour-là, il n’avait d’yeux que pour elle. Cela l’étonnait encore quand il repensait à ce jour radieux. L’ouestienne était charmante, il l’avait toujours remarqué et à l’approche du mariage, Ashter se disait qu’il devait s’habituer à la regarder d’un regard plus doux comme un époux regarde sa femme. Ils allaient se marier, fonder une famille, élever leurs enfants, diriger Bulwark. Il fallait que le courant passe entre eux et Ashter devait se comporter en bon chevalier, faire honneur à sa famille et à sa promise. Le silence se fit entre eux tandis que septa Mirella s’éloigna encore plus. Et tandis qu’Ashter allait parler, ce fut Melleah la plus rapide.
- Cet endroit est charmant. Je vous remercie de votre invitation.
- Je vous en prie. C’est la moindre des choses.
Regardant la jeune dame, il indiqua l’endroit qu’il avait préparé pour eux deux. En effet, Ashter avait installé ce qu’il avait apporté au sol. Il invita Melleah à s’asseoir et en fit de même. Certes, il aurait pu penser à une sorte de drap ou de nappe pour mettre au sol mais le chevalier ne voulait pas abimer l’herbe ni la nature, lui qui était très respectueux envers elle. Le rouge lui monta aux joues et ne savait pas par où commencer. Pourtant, il fallait bien qu’il se lance. Aussi, une fois la dame assise, il plongea son regard dans le sien, afficha un timide sourire et commença ses excuses.
- Lady Melleah… Je vous remercie tout d’abord d’avoir accepté mon invitation, j’avais peur que vous refusiez. Je voulais vous voir, en dehors de toute cérémonie officielle ou rencontre arrangée.
Il marqua une courte pause, s’éclaircit la gorge et continua.
- Je profite de ce moment, et je le fais immédiatement, pour vous présenter mes excuses. Mon comportement depuis notre rencontre n’est pas à la hauteur… Je n’ai aucune excuse pour cela et j’ose espérer que vous me pardonnerez… pour mon attitude inacceptable...
La vérité. Mais pas toute la vérité. Ashter n’avait pas eu de cran pour dévoiler qu’il s’était épris d’une autre femme. Bien qu’il ait renoncé à Sacha, il lui est arrivé, plusieurs fois, de songer à tout dire à Melleah. Elle mérite la vérité, toute la vérité. Mais il n’en avait pas le courage. Pas encore en tout cas.
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#cc0033 : Melleah Payne
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Ashter Yarwyck & Melleah Payne
Le silence du jeune chevalier ne l’aidait guère à masquer son malaise. Par les Sept, elle se sentait aussi mal -si ce n’est plus !- que lors de leur dernière entrevue à Lestival. Il faut dire qu’il n’avait pas été très loquace non plus cette fois-là. Loin d’être le tête-à-tête idéal qu’elle avait imaginé après leurs fiançailles. Pourtant, le départ de Septa Mirella sembla lui délier la langue. A moins que se ne soit ses propres paroles qui le firent ? Elle l’ignorait. C’est la moindre des choses, dit-il. En effet ! Nulle doute que son regard aurait put l’assassiner sur place, mais il ne le vit pas, évitant visiblement de la regarder dans les yeux. Elle se retint de répondre, consciente que cela ne serait pas du plus bel effet. Sa rancœur à son égard ne devait pas passer outre l’étiquette. Il était son promis, et s’il se révélait moins chevaleresque qu’elle ne l’aurait pensé, il deviendrait malgré tout son époux d’ici peu. Inconsciemment, elle afficha un moue boudeuse lorsqu’il l’invita à la suivre. Elle ne parvenait pas à oublier son ressentiment et ce même si son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Elle en vint même à s’interroger sur l’origine de son trouble. Était-elle bouleversée de le voir ou au contraire furieuse ? Tout cela lui apparaissait soudainement bien embrumé.
Passant en première, elle découvrit le lieu de leur déjeuner un peu plus loin. Un repas champêtre l’attendait là, disposé sur l’herbe, et elle s’en trouva déstabilisée. Quelle délicate attention ! Le rouge lui monta instantanément aux joues tandis qu’elle le regardait. Elle s’empressa de s’installer pour qu’il n’en remarque rien. Les battements de son cœur s’étaient fait plus frénétiques encore, et elle eut du mal à les calmer lorsqu’il la regarda en face et que leur regards se croisèrent enfin. Lui aussi semblait troublé. Étrangement, cela eut tendance à l’apaiser. Point son cœur, non, mais bien son esprit. Cela lui permit de se recentrer sur la situation actuelle. Et bien qu’elle fut touchée par cette attention, particulièrement sensible à ce qu’il se soit souvenu de son amour du plein air, ou du moins l'espérait-elle, elle n’était pas ici pour roucouler en papillonnant des yeux ! Elle escomptait bien recevoir des excuses en bonne et du forme, et peut-être même des explications. Elle tenta un regard méfiant mais se connaissant, il y a forte à parier qu’elle paru plutôt pendue à ses lèvres, attendant son moindre mot comme d’un affamé devant un bol de soupe.
Fort heureusement, elle ne fut point déçue. Conscient de l’indignité de son comportement à l’égard de sa promise, il se montra humble et repentant. Si le début de son explication fut un enfer pour elle, incertaine quant à la raison de sa présence ici -devait-elle craindre qu’il ne décide d’annuler l’union entre leurs deux familles ?-, il en vint néanmoins à s’excuser. Ses mots, messagers des scrupules qu’il entretenait à l’égard de son comportement passé, surent trouver écho en elle. L’envie d’appuyer un peu plus l’offense qu’il lui fit fut forte mais elle ne put s'y résoudre. Tentant de se montrer raisonnable, elle eut une pensée pour les préceptes enseignés par sa Septa. Se serait faire preuve de peu de bonté, ni d’aucune clémence, que de se montrer si aigrie envers lui, alors qu’il dépassait visiblement sa fierté pour lui présenter ses plus plates excuses. Les joues rosies, elle esquissa finalement un léger sourire.
« Je vous mentirais, Ser, si je vous disais que je ne vous en veux pas. Nous nous étions promis de nous écrire afin de faire plus ample connaissance avant notre union. Je ... » elle hésita, la voix saisie de tremblements par les sentiments que provoquèrent ses pensées, entre peine et colère, et attendit de se ressaisir pour poursuivre, « Je ne suis probablement pas ce que vous espériez. Et je … je ne me fourvoie point quant à vos sentiments à mon égard. Notre mariage fut arrangé par nos familles, et vous aspiriez probablement à un avenir différent. Sans doute à une épouse plus … avantageuse. Néanmoins, cette union aura lieu et j’osais espérer que nous aurions eu suffisamment de considération l’un envers l’autre pour nous en inquiéter. »
Les yeux baissés, les joues rouges, elle tripota le bas de son jupon avec nervosité. La pauvreté de sa famille, ainsi que la modestie de son ascendance, n’étaient certes pas des plus illustres. Elle ne constituait pas le meilleur parti qu’il put obtenir. Elle se demandait, bien sur, ce qu’il pensait de tout cela. Mais la dignité des Payne, et leur honneur, ne leurs avaient jamais fait défaut. Elle osait espérer qu’il en ait conscience. De plus, elle se sentit soudain bien idiote d’avoir osé s’épancher ainsi. Il lui sembla que l’ampleur de ses sentiments lui étaient parfaitement transparente et qu’elle n’eut plus aucune secret pour lui après cela. Elle n’avait pourtant dit que peu de chose ... Quelle humiliation se serait pour elle, alors. Éprise d’un simple regard, elle ne cessait de penser à lui, nuit et jour, accumulant les scènes de retrouvailles et de leur vie futur dans son imaginaire foisonnant. Elle en possédait à présent une belle collection. Ne devait-il pas la prendre pour une enfant stupide et dominée par ses émotions, à présent ! Elle osa pourtant reprendre la parole.
« Je ne demande qu’à vous découvrir, messire. Je saurais me montrer à la hauteur de mon statut, quoiqu’il m’en coûte, mais encore faudra-t-il que vous me donniez les armes pour cela … »
La fraîcheur du vent ébouriffa leurs cheveux un instant. Et la vision de ses cheveux dorés frémissants suffit à le lui rendre plus éblouissant encore qu’il ne lui était apparu plus tôt. Troublée, elle plongea son regard dans le sien, attendant sa réponse, plus attentive que jamais.
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Nerveux, angoissé, honteux. Ashter passait par toutes les émotions tandis qu’il faisait face à la femme qu’il allait épouser dans quelques semaines. Il voulait sincèrement se rattraper auprès d’elle. Son ignorance avait été irrespectueuse et Melleah Payne ne méritait pas un tel traitement de la part de son futur mari. Si celui-ci n’était pas complètement honnête avec elle, et encore moins avec lui-même, il essayait tout de même de contrebalancer l’année qui venait de s’écouler. Le mariage était dans une lune. Il fallait qu’il fasse un pas vers elle, plusieurs même. Bientôt ils seraient mariés et devraient vivre ensemble. Il n’était pas de bon augure que de commencer un mariage sur une mauvaise note. Ainsi, il lui présenta ses excuses, aussi sincère soient-elles. Et la réponse ne se fit guère désirer. Ashter s’attendait à tellement de choses, sa nervosité prenait de plus en plus le pas sur le reste mais il tint bon et ne fuyait pas le regard de la belle ouestienne. C’est vrai qu’elle était très jolie. Cette pensée, totalement soudaine, lui traversa l’esprit. Sa future femme était belle. Comment avait-il pu ne pas le voir avant ? Et elle se comportait comme une vraie dame, se tenait bien, était courtoise. Ashter sentit alors que cette entrevue lui permettrait de voir ce qu’il n’avait pas vu la première fois car distrait. Il se trouva tout d’un coup chanceux qu’elle veuille encore bien de lui. Mais cela n’était guère sans quelques conséquences et compromis – qui prendraient une toute autre tournure la lune suivante mais cela, ni l’un, ni l’autre n’aurait pu le deviner à ce moment-là.
- Je vous mentirais, Ser, si je vous disais que je ne vous en veux pas. Nous nous étions promis de nous écrire afin de faire plus ample connaissance avant notre union. Je ...
Il baissa, coupable, la tête. Il avait promis. Ils s’étaient promis de s’écrire. Ashter se souvenait de cette discussion qu’ils avaient eu. Lui ne pensait qu’à Sacha, cette épéiste roturière sortie de nulle part qui l’avait subjugué avant de rencontrer sa future fiancée. Quel idiot ! Mais quel idiot ! Si la correspondance avait bien débuté, le chevalier y avait mis très vite un terme. Espaçant les réponses, il finit par ne plus envoyer de lettre à Melleah. Il savait que c’était une erreur mais il avait besoin de prendre du recul, abandonnant dans le même temps la correspondance avec Sacha. Il avait besoin d’être loin des deux. Les voyages dans la Conflans et l’Orage lui avaient permis de se poser toutes les questions inimaginables sur son tiraillement sentimental. Certains lui avaient ouvert les yeux, d’autres l’avaient conseillé. De retour près d’une semaine maintenant, il s’était fixé l’objectif de redoser son blason auprès de sa promise. Et comme il s’en doutait, elle lui en voulait. Et il ne pouvait que la comprendre. Si la situation avait été inversée, il lui en voudrait également et c’est normal face à ce genre de comportement. Il s’en voulait aussi lui-même car, il le reconnaissait, Melleah avait écrit de belles lettres au début de leur correspondance et il prenait plaisir à la lire, encore et encore. Mais son cœur l’avait pris en otage, ses pensées le menèrent vers Sacha alors que sa raison tentait de le faire revenir vers ses responsabilités, vers sa fiancée. Relevant le regard vers elle, n’osant pas trop croiser le sien, il l’écoutait attentivement, incapable de dire quoi que ce soit, incapable de savoir ce qu’il allait bien pouvoir répondre à cela.
- Je ne suis probablement pas ce que vous espériez. Et je …
Et à cela Ashter ne put que répondre par le geste, signifiant par un geste de la main qu’elle ne devait pas dire ça. Mais Melleah continua dans sa lancée face à un Ashter conscient de son comportement et désemparé, ne sachant que dire, que faire, que penser, d’autant qu’elle semblait toute aussi nerveuse que lui, les joues rouges, le regard fuyant.
- Je ne me fourvoie point quant à vos sentiments à mon égard. Notre mariage fut arrangé par nos familles, et vous aspiriez probablement à un avenir différent. Sans doute à une épouse plus … avantageuse. Néanmoins, cette union aura lieu et j’osais espérer que nous aurions eu suffisamment de considération l’un envers l’autre pour nous en inquiéter.
Il voulut répondre mais s’abstint. Quel goujat il faisait ! Quelle honte pour le Yarwyck ! Vaillant jusqu’à la mort. Telle était la devise familiale. Il n’avait rien de vaillant. Il ne le savait pas encore mais ce moment-là, ce moment très précis de cette rencontre avec Melleah allait le pousser à lui dire toute la vérité. Il commençait déjà à réfléchir à cette idée à ce moment. Mais il ne voulait pas qu’elle annule le mariage. Weslar avait bien été clair. Ce mariage doit se faire et Ashter devra se plier à cette condition. C’était sa responsabilité, son devoir. Que devait-elle penser de lui ? Ses mots atteignirent Ashter en plein cœur. À son tour, et une nouvelle fois, il baissa la tête, son regard plongé vers le sol, remarquant au passage que la jeune femme jouait nerveusement avec son jupon. Quel couple faisait-il ? Tous deux nerveux. Elle, probablement à cause de ce mariage à venir qui démarrait très mal et lui à cause de tout ce qui s’était passé et en l’occurrence tout ce qui ne s’était pas passé ces dernières lunes.
- Je ne demande qu’à vous découvrir, messire. Je saurais me montrer à la hauteur de mon statut, quoiqu’il m’en coûte, mais encore faudra-t-il que vous me donniez les armes pour cela …
Et tandis que le vent soufflait, Ashter et Melleah croisèrent leur regard. Si elle devait attendre une réponse de sa part, lui ne savait guère répondre à cela. Pourtant, il prit son courage à deux mains et tenta une réponse, sincère et pleine d’excuses.
- Je ne sais que dire… Vous m’en voyez désolé. J’ai… j’ai tellement honte...
Marquant une pause, il en profita pour s’approcher d’elle, à une distance tout à fait convenable pour des fiancés. Il ne fallait tout de même pas inquiéter Septa Mirella qui veillait au grain, non loin d’eux deux. Il tenta de se détendre, voulant montrer à Melleah qu’il était plus que désolé et qu’il espérait pouvoir se faire pardonner par ses mots mais surtout par ses actes comme elle le souhaitait.
- Néanmoins, permettez-moi de vous reprendre. Je pense que je ne pouvais pas espérer meilleure épouse. Vous m’avez fait une bien meilleure impression de vous que moi j’ai dû en faire une à vous...
Et ce n’était pas peu dire. Mais il notait au moins cela. Si son esprit s’éloignait de Sacha petit à petit depuis quelques jours, cela lui permettait d’entrevoir de nouvelles perspectives, les perspectives qu’il aurait dû voir depuis sa rencontre avec Melleah. Et il eut le temps d’y penser depuis son retour. Il s’était même fait la réflexion que le jour de leur rencontre, il avait été très agréablement surpris par la prévenance et la gentillesse de Melleah mais surtout par sa beauté. Cela avait rendu ses sentiments envers la jeune roturière encore plus affreux. Si pour l’instant Melleah ne lui en voulait que pour son absence de pas fait vers elle, ayant mis fin à leur correspondance, elle était loin de s’imaginer que d’autres éléments auraient pu mettre encore plus à mal leurs fiançailles. Et c’est en ça qu’Ashter était actuellement nerveux. Il avait fait, certes un premier pas mais pleins de choses demeuraient encore cacher. Et pas sûr qu’il puisse les garder cacher bien longtemps, volontairement ou non par ailleurs. Ne la quittant pas des yeux, il poursuivit d’une voix calme et rassurante.
- Je veux, bien évidemment, apprendre à vous connaître aussi. Et en cela, vous avez totalement raison. Et sachez… soyez assurée qu’à l’avenir, dès aujourd’hui, je mettrai tout en œuvre chaque jour pour me faire pardonner, si cela est possible, du comportement que j’ai pu avoir à votre égard.
Et cela était plus que sincère. Malgré les choses qu’il cachait, Ashter ne pouvait pas être plus sincère dans le sens où à ce moment-là, il était bien décidé à renoncer à Sacha et faisait, par ailleurs, en sorte de ne plus la croiser, dans les couloirs ou sur le terrain d’entraînement. Ashter était bien décidé à tenir cette nouvelle promesse qu’il venait de faire à Melleah, l’ayant déjà commencé depuis son retour à Castral Roc. Aussi, il invita la jeune Melleah à s’asseoir à l’endroit qu’il avait installé pour eux – quelque chose d’assez simple à l’image de leurs deux familles assez modestes de l’Ouest – afin de poursuivre cette discussion plus confortablement.
#999999 : Ashter Yarwyck
#cc0033 : Melleah Payne
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Ashter Yarwyck & Melleah Payne
Un instant de flottement passa entre eux, mais leurs regards restèrent accrochés l’un à l’autre. Après cet élan d’honnêteté, Melleah attendait une réponse qu’elle espérait sincère, même si elle devait être dure à entendre. Minimiserait-il la promesse qu’ils s’étaient faite ? L’oserait-il seulement ? Il finit par ouvrir la bouche, visiblement incertain quant à ce qu’il devait répondre à cela. Toutefois, ses bredouillements lui parurent des plus sincères tandis qu’il semblait évident qu’il se forçait à soutenir son regard. Deux solutions s’offraient à elle et encore une fois, elle se laissa aller à le croire, au risque d’être déçue de nouveau. Que pouvait-elle faire d’autre que cela ? La décision inverse l’obligerait à douter en permanence. Serait-elle condamnée à épouser un menteur et un vaurien ? Elle s’y refusait. Non, elle devait s’en persuader, et elle le voulait au plus profond de son âme, elle se devait d’être convaincue de la sincérité de son promis. Il n’était peut-être pas aussi idéal qu’elle se l’était imaginée au début de leurs fiançailles, mais était-elle parfaite elle aussi ? Aucunement. Si elle avait le droit à l’erreur, alors lui aussi. De plus, ses regrets étaient perceptibles. Il se disait honteux. Cela lui mit du baume au cœur. Au moins n’était-il pas indifférent. De cela, elle fut soulagé, car elle aurait difficilement accepté qu’il fusse inconscient de la blessure qu’il lui avait infligé. Il eut alors un geste qu’elle n’avait pas anticipé. Le regardant se rapprocher avec un mélange d’appréhension et de joie, qui emballa son cœur à nouveau, elle jeta un coup d’œil vers sa Septa, inquiète de ce qu’elle pourrait penser de cela et surtout qu’elle ne le répète à sa tante. La femme des Sept n’était pas de nature inquisitrice, ni même la messagère de ses moindres gestes pour le compte de sa famille, mais sa mission restait pourtant celle-ci : s’assurer que sa réputation reste intact jusqu’à son mariage. Elle capta son regard un instant mais ne prit pas la peine d’essayer de lire son expression, elle se préoccuperait de cela plus tard. Ses joues s’enflammant de nouveau, elle se concentra sur son promis dont elle peinait à présent à rencontrer le regard, l’observant par dessous ses cils, la tête légèrement détournée vers le sol. Les mains saisie de légers tremblements d’émotions, elle les occupa à arracher quelques brins d’herbe devant elle pour les dissimuler pendant qu’elle écoutait ses prochaines paroles. Le compliment qu’il lui adressa la troubla quelque peu, qu’elle le pense sincère ne fit qu’accentuer le plaisir qu’elle ressentit à l’entendre. Elle se permit un sourire timide à son égard.
« Je vous remercie Ser. »
Il n’avait pourtant pas terminé de parler et l’entendre réaffirmer la même promesse qu’il lui avait faite quelques lunes plus tôt, fit resurgir quelques doutes en son cœur. Elle les chassa immédiatement, fidèle à sa décision. Elle saurait bien assez tôt si elle pourrait croire à cela. Les jours prochains seront déterminants à ce sujet. A la place, elle choisit donc l’humour.
« Et bien, cela est possible. » le rassura-t-elle avec malice, « Il vous suffira de répondre à quelques centaines de question, tout au plus. »
Un léger gloussement s’échappa de ses lèvres alors que leurs regards se croisèrent, et elle baissa de nouveau les yeux vers le sol, timide. Elle espérait qu’il ne prenne pas outrage de son audace, ou au moins, qu’il ne l’envisage pas sérieusement. Enfin … pas totalement, car en effet, elle avait bien des questions à son sujet. Elle saurait pourtant se montrer raisonnable à ce sujet. Il ne s’agirait pas de l’ennuyer ou l’effrayer. Alors que le silence se réinstallait, elle reprit la parole.
« J’eus tellement peur de vous avoir fait mauvaise impression. J’étais si nerveuse cette fois-là, consciente que l’avis que vous vous feriez de moi à cet instant serait déterminant pour la suite de notre union. Je craignais de vous avoir importuner de quelque façon que se soit. Il m’arrive, dans ces cas-là, de parler plus que de raisons ... »
Elle se mordit la lèvre. Cet aveu n’était pas à son avantage mais au moins était-il honnête et sincère. C’était le choix qu’elle avait fait le concernant. Bien qu’elle voulu se montrer sous son meilleur jour, elle refusait d’être une autre en sa présence. Car comment pourrait-elle épouser un homme avec qui elle ne pourrait être elle-même ? Comment envisager un mariage heureux si elle devait réfléchir à ses moindres mots de peur de détruire la fausse image qu’elle aurait construite d’elle-même ? Non, elle se le refusait catégoriquement.
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Redemption – Part 2
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Plus Ashter regardait Melleah, plus il se disait qu’il ne la méritait pas. Non, il ne méritait pas la gentillesse, la sympathie, les sentiments de cette jeune femme qu’il avait trahie avant même le même mariage, le jour même de leur rencontre. La honte sur les Yarwyck. Si Brennard était encore en vie, cela ne se serait sûrement pas passé comme cela. Non pas que Weslar soit plus souple que son père mais d’après les histoires qu’il avait entendues sur lui, Ashter n’aurait guère fait le fier. Et en y réfléchissant, il n’aurait même pas été l’héritier si Brennard était toujours là. Le grand-père n’aurait sûrement pas laissé son petit-fils partir pour le Bief. Brennard faisait partie de ces seigneurs et nobles qui voulaient marier les enfants et les petits-enfants avec des familles proches. Cela se faisait énormément en Westeros, surtout dans les petites familles comme les Yarwyck. Mais le chevalier chassa ces pensées de la tête. On ne peut vivre avec des « si ». Il devait s’accommoder de la situation dans laquelle il était et surtout assumer ses responsabilités, assumer son rôle, ses actes, ses décisions. Décisions qui impactaient sa famille, son honneur et celle de sa fiancée. Il n’avait enchaîné jusqu’ici les faux pas. Il s’était épris d’une autre femme, n’avait eu de pensées que pour elle voulant alors échapper à l’obligation de se marier avec une femme qu’il ne connaissait pas. Il avait fait une promesse qu’il n’avait pas tenu, profitant de l’éloignement géographique pour oublier tout ça. Sacha. Melleah. Les Yarwyck. Bulwark. Il avait maudit plus d’une fois ce frère qu’il adorait et détestait. Mais il était bien facile de rejeter la faute sur un mort. Si elle savait. Si Melleah savait tout cela. Ashter verrait sa conscience soulagée mais sa famille déshonorée. Qui voudrait se marier à un homme qui s’est approché de l’infidélité ? Qui voudrait se marier à un homme, même par raison, qui en aime une autre ? Non. Il ne pouvait pas tout lui dire. Il aurait voulu être à cent pour cent sincère mais il en était incapable. Sur ce coup, il avait été lâche et ne se repentait que pour son comportement irrespectueux, son silence face à ses lettres, sa longue absence auprès d’elle alors que cela fait plus d’un an qu’ils sont fiancés.
- Et bien, cela est possible. Il vous suffira de répondre à quelques centaines de questions, tout au plus.
Leurs regards se percutèrent puis se séparèrent, la jeune femme regardant au sol, le chevalier fixant un point derrière elle, affichant alors un sourire timide. Une centaine de questions tout au plus… Ashter n’était pas prêt pour ça. Même si cela semblait être totalement ironique, les éventuelles questions que se posait Melleah étaient sans doute légitimes et Ashter en avait peur. Il n’était pas prêt. Il en se sentait pas prêt à avouer. À des moments, il se disait qu’il allait le faire, que c’était le bon moment, quelques semaines avant le mariage, afin d’être honnête, de penser chaque mot qu’il allait devoir prononcer le jour du mariage, sans filtre, sans secret, sans mensonge. Mais à d’autres moments, le chevalier perdait toute vaillance, tout courage d’être franc et droit avec sa fiancée qui méritait qu’on la traite d’une façon plus respectueuse. Quelle image Ashter renvoyait-il ? Si elle savait ce qui lui trottait dans la tête. Tentant de calmer sa nervosité, il demeura attentif à ses mots, ne sachant pas encore quoi lui répondre, quoi lui dire.
- J’eus tellement peur de vous avoir fait mauvaise impression. J’étais si nerveuse cette fois-là, consciente que l’avis que vous vous feriez de moi à cet instant serait déterminant pour la suite de notre union. Je craignais de vous avoir importuner de quelque façon que ce soit. Il m’arrive, dans ces cas-là, de parler plus que de raisons ...
Ashter ne pouvait que se sentir honteux, encore une fois. Lady Melleah faisait clairement preuve d’honnêteté à son égard. Il rougit quelque peu voyant que cet élan honnête avait peut-être été dit sans le vouloir. Il ne pouvait décemment pas lui reprocher cela. La regardant pendant de longues minutes, il sembla se plonger dans ses pensées. Il réfléchissait à ce qu’il allait bien pouvoir lui répondre. Lui dire ou ne pas lui dire ? Assumer ou ne pas assumer ? Être honnête ou mentir ? En proie à ce doute depuis plusieurs jours déjà, il s’accentuait maintenant que le jeune chevalier était en face d’elle. Elle était sa fiancée, la femme qu’il va épouser, la mère de ses enfants, la future femme du futur Seigneur de Bulwark. Il ne voulait pas que leur mariage commence comme leur histoire : sur un mensonge. Il se leva alors d’un bond, tournant le dos à l’ouestienne. Il marmonnait quelques mots inaudibles, fronçait le visage. Il ne supportait plus de la regarder tout en lui mentant. Se retournant alors vers elle, il lui tendit la main, l’aida à se relever. Son regard plongea dans le sien et sans un sourire, il lui avoua tout, sans s’arrêter, sentant ses joues rougir de honte. Son regard désormais baissé, il n’osait la regarder. Il avait honte, trop honte pour affronter ce regard déçu ou en colère, il ne savait guère. Ce mariage obligatoire, ses sentiments envers Sacha, son désir de fuir ses responsabilités. Tout. Tout était désormais dit. Cependant, il ne sentait aucunement soulagé, au contraire, il semblait de plus en plus lourd. Bien évidemment, il vit sa fiancée pleurer de colère. Elle le frappait même avec puissance sans qu’il ne dise quoi que ce soit. Après quoi, elle s’enfuit, criant à son égard que le mariage était annulé, que le déshonneur s’abattrait sur sa famille. Ce fut là le songe dans lequel Ashter s’était laissé emporter. Revenant vers sa future épouse qui n’avait guère bougé, son regard se perdit. C’était le moment. Cela aurait pu être le moment où il avoue tout, assume ce qui s’était passé et embrase la voie de la rédemption à l’égard de la pauvre Melleah Payne qui ne devait guère se douter de quelque chose, portant la faute sur elle-même. Elle n’y était pour rien. Tout était la faute d’Ashter et uniquement d’Ashter.
- Je…
Il reprit calmement ses esprits sans laisser paraître cette absence de quelques secondes tout au plus. Il reporta son regard sur elle. Son regard changea. Il l’avait déjà remarqué bien évidemment et notamment la première fois qu’ils s’étaient rencontrés mais avec les rayons du soleil, il ne put louper la beauté de la jeune femme. Si certains avaient la malchance de tomber sur des femmes moins belles, ce n’était pas le cas d’Ashter. Melleah Payne était une ouestienne tout à fait charmante et très jolie. Elle semblait également intelligente et cultivée. Il va de soi qu’elle possédait toutes les qualités nobiliaires ouestriennes. Cela rendait la culpabilité du chevalier encore plus forte. Il finit tout de même par reprendre la parole, ne demeurant ainsi pas dans un silence des plus suspect et gênant.
- M’importuner ? Lady Melleah… je… je vous défends de porter tous les torts que vous pensez avoir. Vous n’êtes coupable de rien contrairement à moi.
Il marqua une courte pause, réfléchissant bien aux mots qu’il allait employer. Non, il n’avouerait rien aujourd’hui. Il voulait le faire mais ne s’en sentait pas prêt. C’était sans doute trop. Il doutait encore. Il avait peur que Melleah refuse le mariage. Ce serait légitime de sa part mais il s’attirerait les foudres de Payne et surtout celles de sa propre famille. Il poursuivit alors, affichant un faible sourire, sincère lui.
- Voilà pourquoi je voulais vous voir, dans un cadre plus intime. Nous allons nous marier dans peu de temps et je me devais de venir au-devant de vous, de faire ce premier pas, de me repentir. Je ne veux pas, et vous serez probablement d’accord avec moi, que notre mariage commence avec une mauvaise note...
N’était-il pas un peu tard pour ça ? Et encore, le pire restait à venir. Mais en attendant Ashter espérait au moins soulager un peu sa conscience en faisant ce premier pas vers elle. Maintenant qu’il acceptait cette idée de mariage – comme s’il avait eu le choix… - il se devait de faire tout comme il faut, de faire en sorte que ça fonctionne. Et cela passait par l’honnêteté. Une honnêteté chez le chevalier ouestien qui était actuellement mise à rude épreuve.
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Ashter Yarwyck & Melleah Payne
Le silence s’égraina tandis qu’il l’observait attentivement. Elle soutint son regard quelques secondes mais ses prunelles fixées sur elle la troublait. Elle s’en détourna, intimidée. Sa tentative d’humour était retombée à plat sans qu’elle ne parvienne à deviner si sa plaisanterie était trop mauvaise ou s’il était trop nerveux pour cela. Elle s’était ensuite efforcé de reprendre la parole, lui confiant sa peur d’avoir fait un faux pas, qui aurait justifié son silence durant toute ces lunes. Et alors qu’elle fixait l’herbe, évitant cette fois-ci son regard, le silence s’étirait. Pourquoi ne répondait-il pas ? Avait-elle réellement eut ce faux pas qui l’aurait offensé ? Hésitait-il à le lui dire ? Elle n’avait pourtant pas l’impression d’avoir commis le moindre impaire. Certes, elle était nerveuse ce jour-là et elle s’était montré quelque peu bavarde. Elle se rappelait encore avoir regretté le choix de sa robe, après avoir pourtant passé plusieurs semaines à la choisir et la confectionner. Elle se souvenait aussi de s’être flagellée intérieurement pour avoir parlé pour ne rien dire. Mais ils avaient ainsi pu discuter de choses et d’autres. De banalités, certes, mais qui avaient au moins eut le mérite de briser la glace. Ser Ashter avait été charmant, agréable, bien qu’elle put sentir en lui une certaine retenue. Mais elle-même éprouvait nombre d’inquiétudes lors de cet entretien. Cela lui avait paru dès lors normal. Elle se demandait à présent si elle n’aurait pas mieux fait de se montrer un peu plus perspicace.
Toutefois, Ser Ashter finit par reprendre la parole. Il était mal à l’aise, de nouveau, et elle aurait aimé trouver les mots qui aurait apaisé cela mais s’en voyait incapable. C’est lui qui su apaiser ses craintes, la dédouanant de toute responsabilité quant à la situation qui fut la leur ces dernières lunes. Le soulagement l’envahit, bien sur, mais elle ne put s’empêcher de s’interroger. Etait-il sincère ou se montrait-il seulement chevaleresque, passant sous silence une faute qu’elle aurait pu commettre ? Elle aurait aimé le lui demander mais ne se le permit pas. Il faisait preuve là de beaucoup de prévenance. Elle ne ferait qu’accentuer ce malaise qu’il s’efforçait de dissiper. Elle en avait conscience et la gratitude ne tarda pas à prendre possession de son être. Voilà un comportement qui ressemblait en tout point à ce qu’elle avait imaginé de lui durant tout ce temps. Ainsi, ne s’était-elle pas entièrement trompé sur son compte. Cela, plus que tout autre, la poussa à prononcer ses prochaines paroles.
« Nous nous connaissons encore si peu, vous ne pouviez pas savoir ... »
Elle se surprit elle-même en énonçant cela. Essayait-elle réellement de le dédouaner de ses tords ? En était-elle déjà là, alors qu’il lui était apparu si difficile de lui pardonner il y a peu ? Incroyable ce que l’affection qu’elle lui portait pouvait la pousser à faire. Car si elle avait attendu les excuses qu’il lui avait adressé avec une grande fermeté, le simple fait qu’il s’y soit résigné aussi rapidement balaya toutes ses autres préoccupations. La reconnaissance de ses fautes, de la peine qu’il lui avait causé, suffit à la rassurer. Lui prouvant ainsi qu’il possédait le respect, la courtoisie et la sensibilité qu’elle recherchait alors. Temps qu’il aurait cela, elle saurait s’accommoder de ses autres défauts.
De plus, leur objectif semblait commun. Comme elle, il avait à cœur de débuter leur union sur des bases saines et solides. Elle appréciait cela. Il lui adressa un léger sourire, qu’elle sentit sincère. Ses traits s’illuminèrent alors qu’elle y répondit timidement.
« Je ne peux que vous approuver, Ser. Et j’ai en cela une proposition à vous faire. » dit-elle avec sérieux, « Promettons-nous à l’avenir de nous montrer sincère l’un envers l’autre. Quelque soit les vérités qui devrons être dites, il nous faudra nous y résoudre. Nous formerons bientôt une famille, tachons de placer le respect et la franchise au dessus du reste. Qu’en pensez-vous ? »
Elle lui adressa un regard interrogateur, recherchant son approbation. Bien entendu, en ce qui la concernait, ses sentiments dépasseront probablement tout le reste. Mais ce n’était en rien incompatible avec ce qu’elle lui proposait alors. Il n’était pas forcé de l’aimer pour que leur mariage fonctionne. Sa tante, Lady Nivia, ne cessait de le lui répéter. Et bien que l’idée lui paraissait moins séduisante qu’une mariage d’amour, elle ne pouvait nier qu’il y avait là une vérité certaine. Quand bien même il ne l’aimerait pas, pas tout de suite en tout cas, ils pourraient construire cela pas à pas. Et puis, elle saurait l’aimer pour deux. Son optimisme naturel lui laissait espérer un avenir pareil, serein, idéal. Et son instinct lui criait qu’ils s’accorderaient à merveille (à moins que se ne soit tout simplement son cœur).
« Quant au reste, je suis certaine que le temps saura nous y aider. Nous avons déjà quelques affinités en commun, il me semble. » elle regarda autour d’eux en souriant, « Il suffit de regarder ou nous sommes actuellement. Un autre gentilhomme aurait probablement choisit un lieu de rencontre plus conventionnel. Et pourtant, nous sommes ici ! Vous ne pouviez pas choisir un cadre plus approprié me concernant. »
Et même le vent frais qui continuait de souffler avec douceur, n’aurait su la rebuter. Oh non. Les bruits, les sensations et les odeurs, de la nature avaient toujours eut le don de l’apaiser. Elle se sentit soudainement bien plus sereine, son cœur débarrassé de tous ses doutes. Elle ferma les yeux, offrant un instant son visage au ciel dans l’espoir d’y capter quelques rayons bienfaiteurs. Le hennissement des chevaux au loin lui arracha un maigre sourire, la ramenant à la réalité, alors qu’elle le regarda à nouveau, les yeux pétillants d’une joie nouvelle.
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Ashter Yarwyck avait toujours été courtois avec les femmes qu’il rencontrait. Il ne s’imaginait pas être marié mais pourtant, il demeurait poli, jovial, courtois, faisant preuve de respect et bienséance. Mais lorsqu’il devint l’héritier de Weslar, la question du mariage revint au grand galop. Cela ne le changea pas dans son comportement avec les femmes. Il n’y en a qu’une avec qui il se montrait tout le contraire de ce qu’il était : Melleah Payne. Elle qui était si jolie, si douce, si attentionnée à son égard. Bien qu’il demeurât courtois et respectueux, il était pourtant devenu un horrible menteur. Il n’avait mis aucune chance dans sa relation avec Melleah et son cœur avait jeté son dévolu sur une autre. Quel chevalier honorable faisait cela ? Quel homme si gentil, si bienveillant et courtois envers les femmes faisait cela ? Ashter ne crut pas être possible de cela jusqu’à ces dernières lunes. Et il s’en voulait terriblement. Il s’était laissé envahir par ses sentiments. Il avait préféré jouer la carte de la distance autant avec Melleah qu’avec Sacha. Pour l’une, ses sentiments croissaient, pour l’autre c’était l’indifférence. Et en rentrant à Castral Roc, il s’en mordit bien les doigts. Quelle honte ! Il se voyait déjà seul, le mariage annulé, la colère de son père s’abattant sur lui et la déception de sa mère en prime. Il refusait de voir cela se réaliser. Sacha, c’était fini avant même que quelque chose ne puisse commencer. Aujourd’hui, devant Melleah, se tenait un Ashter bien convaincu de ce qu’il fallait faire. Il était revenu dans le bon chemin et voulait à tout prix se faire pardonner par sa promise, lui montrant qu’il voulait autant qu’elle que ce mariage fonctionne. À tout prix ? Cela n’était pas tout à fait sûr. En tout cas, il était hors de question que Melleah se sente fautive et il lui fit bien comprendre. Il apprécia qu’elle veuille quelque peu le dédouaner du fait qu’ils ne se connaissaient guère mais Ashter assumer ses fautes – pas toutes encore mais une bonne partie – et comptait bien se racheter.
C’est alors que la jeune Payne fit une proposition au chevalier. Il l’écouta attentivement, les joues quelque peu rouges. Elle voulait qu’à compter de ce jour, ils se promettent de se montrer sincère envers l’autre. Ils devaient se dire la vérité, qu’importe la teneur de celle-ci mais elle devait être dite. Ashter effaça son sourire mais acquiesçait les dires de sa promise. Il ne pouvait décemment pas être contre cette proposition. Il s’efforçait d’être sincère avec elle, il ne pouvait reculer. Mais toute la vérité ? Ashter désirait être transparent, lui montrer sa bonne volonté, mais il avait peur, peur de sa réaction, de ce qu’elle pourrait faire, dire, penser. À ses yeux, il était sûr qu’elle verrait une faute. Et c’était une faute que d’aimer une autre femme que celle à qui on est destiné. Ashter se sentait un peu mais fit face, ne voulant pas qu’elle croit qu’il était contre cette proposition. Ils allaient se marier dans une lune. Ils allaient ainsi s’engager l’un et l’autre à faire que ce mariage soit réussi, donne naissance à une famille, une vraie famille unie. Il était encore trop tôt pour dire que l’amour viendrait bénir ce mariage mais un mariage n’était pas forcément un bon mariage uniquement s’il y avait de l’amour. C’est ce qu’Ashter essaie de se dire. Et c’est ce que tendait à dire Melleah. Nerveux, perdu même, Ashter soutint le regard de sa promise et répliqua timidement.
- J’accepte. À compter de ce jour, je vous promets de me montrer sincère envers vous.
Voilà qui était dit. Voilà qui était fait. Il ne pouvait plus reculer. À ce moment précis, il savait qu’il devrait lui dire pour Sacha et ce avant le mariage. Le compte à rebours avait donc commencé pour Ashter Yarwyck. S’il voulait se laver de cette culpabilité qui le ronger, s’il voulait avoir une chance de se racheter auprès de Melleah, il lui restait une lune pour le faire et ce avant l’officialisation des vœux le jour de la cérémonie. Il ne serait pas très convenable de mentir ou de cacher des choses devant les Sept, de promettre devant eux alors que ses pensées sont tournées ailleurs. Nul doute faisait qu’après cette entrevue, il filerait voir Beren et lui demanderait conseil. Melleah mentionna alors les points communs qu’ils partageaient déjà, saluant alors le choix de l’endroit qu’il avait choisi pour leur rencontre. Il est vrai que l’endroit était peu conventionnel. Ashter voulait un cadre plus joyeux qu’une salle de Castral Roc ou la cour ou pire, les remparts. Assis dans l’herbe près d’un arbre, les chevaux au loin profitant de l’air libre, la septa de Melleah allant et venant – la pauvre, elle devait s’embêter un peu mais Ashter se rappela bien vite qu’elle devait sûrement les observer, ne quittant pas des yeux sa protégée. Reportant son attention sur celle-ci, le chevalier n’avait pas le cœur à mettre immédiatement en pratique ce qu’ils venaient de se promettre. La peur le rongeait. Il ne voulait pas gâcher ce si beau moment d’autant que, malgré l’hiver, le temps était parfait.
- Je me suis en effet dit que cela serait plus agréable de discuter ici qu’au sein des murs tristes de Castral Roc.
Il lui sourit, chassant toutes ces pensées qui le tracassaient, le faisaient culpabiliser. Pas aujorud’hui, pas maintenant, pas au moment où il semblait être en phase avec sa promise depuis la première fois depuis leur rencontre. Il savait qu’il commettait une erreur, une nouvelle erreur qui pouvait coûter son mariage mais il se convainquait qu’aujourd’hui ou demain, qu’importe, lorsque la vérité sortirait, elle réussira à lui pardonner. Il l’espérait ardemment en tout cas. Son regard ne quittait plus le sien. Il oubliait tout cela, ne se concentrait que sur elle, ses yeux magnifiques, ses cheveux joliment coiffés, sa tenue élégante. Il en avait de la chance. Plus qu’un ouestien aurait aimé être à sa place et, aussi bizarre que cela puisse paraître, il n’avait qu’une hâte, c’était de l’épouser, de débuter cette vie ensemble, d’oublier le passé et faire que ce mariage débute sous les meilleurs auspices.
Tu ne la mérites pas…
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Fort de cette promesse qu’elle espérait tenue- cette fois-ci- Melleah se sentit plus légère qu’elle ne l’avait été ces dernières lunes. Un avenir qu’elle imaginait radieux réapparaissait sous ses yeux et cela se voyait sur son visage, une sérénité par trop oubliée mais enfin retrouvée, et qui faisait pétiller ses yeux, illuminer son visage. Conscient des prunelles de son promis sur sa personne, elle sentit ses joues s’échauffer alors que leurs regards se croisaient. Elle fut tenter de s’en détourner, intimidée, mais elle s’en empêcha. Elle voulait profiter de chaque instant qu’elle partagerait avec le Chevalier de son cœur, fait bien trop rare pour ne pas jouir de cette chance qui lui était aujourd’hui offerte. Toutefois, elle se sentait drôle sans parvenir à savoir si cela était une bonne chose ou non. Qu’était cette délicieuse chaleur qu’elle sentait monter en elle et qui la troublait ? Était-ce ainsi que d’être regardée par un homme ? Et de le regarder à son tour, s’abreuvant de sa beauté, de son charme, comme une assoiffée du courant d’une rivière ? Bien entendu, elle avait déjà vécu sentiments similaires lors de leurs dernières rencontres mais jamais ainsi, ni aussi fort. Jamais avec cette assurance qu’il projetait les même espoirs de prospérité pour leur union. Jamais dans un cadre pareil, loin de tout et de tous. Elle ignorait même si tout cela était convenable : ces regards, cette conversation, cette rencontre, ou même si elle avait le comportement approprié. Et à vrai dire, elle ne s’en préoccupait que peu, du moment qu’elle ne mettait pas son promis dans l’embarras. De plus, elle le saurait probablement bien assez tôt, Septa Mirella veillant au grain non loin. Elle espérait seulement ne pas commettre d’impair qui put être répété à sa famille. C’était bien là des questionnements inhérent à sa condition. Auraient-il la moindre signification pour un homme tel que lui ou bien n’était-elle qu’une jouvencelle ignorante et stupide ? Elle s’y connaissait si peu dans ce domaine, elle qui n’avait jamais connu aucun homme -et fort heureusement ! pas même le moindre flirt- qu’elle ne pouvait s’empêcher de s’interroger. Tout cela était si grisant qu’elle se sentait comme soulevée de terre, emportée dans un courant d’émotions merveilleuses et inédites, bien qu’un peu effrayante. Elle tentait malgré tout de montrer une assurance qu’elle ne ressentait que peu.
« Vous devez bien connaître le château à présent, Ser. » reprit-elle en réponse à ses dernières paroles, « N’y a-t-il aucun autre lieu ici où vous vous sentiez en paix ? »
Dans l’esprit de la jeune Payne, la vie de son promis à Castral-Roc constituait un certain fantasme. Bouclier-lige d’une grande Dame, elle se laissait aller à l’imagination, dépeignant d’illustres rencontres et de fabuleuses aventures. Que ne donnerait-elle pas pour vivre pareille existence, au sein même de la Cour de l’Ouest, plutôt qu’enfermée à Valmont où il ne se passait que peu de choses ? Pourtant, elle n’était point idiote et se doutait que cela relevait plus de son imagination foisonnante que de la réalité. Mais quelle était-elle cette réalité ? Elle n’en savait fichtre rien. Et pour cause, elle s’interrogeait. Elle connaissait si peu son promis qu’elle se rendait compte qu’elle n’avait aucune idée de son quotidien à Castral-Roc. Curieuse, elle poursuivit son interrogatoire qu’elle espérait ne pas être pesant à son fiancé.
« Je suis curieuse de votre quotidien au sein du Roc. » avoua-t-elle quelque peu timide, « Notre correspondance s’est arrêtée avant votre prise de fonction auprès de lady Walda et je ne peux que supposer à ce sujet. Accepteriez-vous de m’en conter ? Messire Tyrion, avec qui j’ai conversé durant le bal, m’a fait l’honneur de me présenter à son épouse. Lady Walda me semble une dame d’une grande bonté, elle m’a fait grande impression. »
La future Dame de l’Ouest s’était montré d’une douceur et d’une gentillesse rare. Elle était, en outre, d’une grande beauté et d’une grâce que Melleah savait ne jamais posséder. Était-ce la marque des grands de ce monde ? L’héritier de l’Ouest lui-même faisait montre d’une grande noblesse aux yeux de la jeune Payne et l’impressionnait beaucoup. Mais contrairement à certains gentilshommes, il se montrait accessible et l’intimidation passait alors au second plan, au profit d’une certaine aisance en sa présence. A dire vrai, Melleah avait rencontré l’héritier de Tywin Lannister à un époque où il se montrait alors bien moins sérieux, et bien plus drôle. Il n’avait cependant pas perdu cet esprit qui l’avait immédiatement frappé chez celui qu’on nommait le « Mi-homme ». Elle imaginait ce que se devait être que d’évoluer quotidiennement en leur présence. Un honneur, certes, mais aussi un ravissement. A moins qu’il ne cachent très bien leur jeu, ce dont elle doutait pourtant fortement.
An 302, lune 9, semaine 3
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Ashter savait qu’il ne la méritait pas. Il avait été si irrespectueux ces dernières lunes. Il se demandait encore comment elle pouvait s’accrocher à lui. Il se demandait même si elle ne se forçait pas pour les apparences. Il se frappa mentalement de penser de telles choses. Rien qu’à son regard, il la savait authentique et vraie avec lui. Il avait honte. Faire cela à une dame comme Melleah Payne. Il avait honte. Mais il n’en montra aucun signe. L’heure n’était plus à la honte mais à la rédemption. Car elle lui en donnait là l’opportunité. Même si Ashter ne lui avait pas encore tout dit, il entrevoyait là l’occasion de se racheter. Ne la quittant pas des yeux, détaillant son visage si doux, il l’écoutait avec attention. Il eut un petit sourire à sa question. Il y en avait des endroits où il se sentait en paix mais ils ne se trouvaient pas au sein même du château de Castral Roc hormis ses propres appartements, aussi modestes soient-ils. Il la laissa poursuivre son interrogatoire, il semblait être comme envouté par sa jolie voix douce et mélodieuse. Il découvrait là, réellement, celle qu’il allait épouser et il appréciait ce qu’il voyait, ce qu’il entendait, ce qu’il ressentait. Finalement, tout n’était pas perdu. Melleah se montra alors curieuse de son quotidien à Castral Roc. Voilà une bonne idée de conversation pour faire connaissance, chose qu’il n’avait que peu fait lors de leur première rencontre il y a tout juste un an maintenant. Un an… Par les Sept, Ashter se rendait compte qu’en un an, ils ne savaient rien de l’autre. Cette rencontre devenait de plus en plus symbolique et Ashter comptait bien rattraper les erreurs du passé. Il retint de fuir son regard lorsqu’elle mentionna l’arrêt abrupt de leur correspondance – par SA faute – et ne se concentra que sur le reste, acquiesçant aux dires de Melleah concernant lady Walda. En effet, celle-ci n’était que bonté et sympathie. Ashter prenait plaisir à la servir. Organisant ses pensées qui allaient et venaient, le chevalier finit par répondre à son tour, toujours le regard fixé sur sa fiancée.
- Même si Castral Roc garde encore des secrets pour moi, je peux en effet dire que je commence à connaître par cœur chaque recoin. Malheureusement, ce n’est pas à Castral Roc que je me sens le plus en paix mais bien chez moi, à Bulwark. Il y a là-bas, plein d’endroits charmants que j’aurai plaisir à vous faire découvrir, ma Dame.
Ses joues rosirent et il afficha un large sourire à son égard. Il ne se forçait pas. Il le pensait réellement et même si le chapitre Sacha était encore inconsciemment ouvert, celui de Melleah venait officiellement de s’ouvrir pleinement en ce jour. Elle était sa fiancée. Elle faisait les efforts nécessaires. Elle lui avait pardonné, semble-t-il. Il devait agir en conséquence et se montrer avenant avec elle. Dans quelques semaines, ils deviendraient ser Ashter et lady @Melleah Yarwyck, mari et épouse. Ne se laissant pas aller à sa nervosité imbibée de culpabilité, Ashter poursuivit rapidement.
- Mon quotidien n’est guère attrayant mais soit. Puisque cela vous rend curieuse, qui suis-je pour ne pas répondre à cette curiosité ? Habituellement, je me lève assez tôt pour avoir le temps de m’entraîner une heure ou deux avant que je ne rejoigne lady Walda et l’accompagne si besoin. Cela m’arrive également de répondre aux ordres de messire Tyrion. Ainsi, soit je passe la journée avec lady Walda, selon ses occupations, soit j’aide où je le peux. Il m’arrive parfois de déjeuner avec lady Walda qui accepte, avec bonté, de m’inviter à sa table. Cela me rend assez nerveux et me gêne, je dois dire. Je n’ai accepté que peu de fois, notamment lorsque mon père est présent.
Il marque une pause, le temps d’envoyer au loin ses mauvaises pensées sur son père. Son quotidien était pour lui peu reluisant et très redondant. Il faisait souvent les mêmes choses aux mêmes heures. Les quelques lunes passées dans le Conflans et l’Orage ont eu le mérite de casser cette routine qui s’était installée et qui était de nouveau sienne depuis son retour la semaine passée. Mais l’ambiance était différente. Il se savait sur le départ, le mariage ayant désormais une date fixe. Il savait qu’il devrait quitter Castral Roc sous peu. Il devait d’ailleurs s’entretenir avec Tyrion et Walda à propos de cela. Voilà qu’il paniquait intérieurement. Cela faisait une semaine qu’il était revenu et il ne leur en avait toujours pas parlé. Il avait peur qu’ils soient déçus de son départ mais en même temps, il n’y pouvait rien. Il allait se marier. C’était ainsi. Il poursuivit de nouveau, toujours souriant, laissant de côté ses tracas et autres inquiétudes mal venues.
- Si le temps me le permet, je sors dégourdir les pattes de mon cheval et vient ici pour m’aérer et penser à autre chose. C’est l’un de mes lieux préférés où je me sens en paix. Je n’en ai jamais parlé, à personne, hormis Beren. Je ne sais pas si vous avez déjà eu l’occasion de le rencontrer. Je vous le présenterai. Après quoi, toujours si j’ai le temps, je refais une heure d’entrainement avant de monter dans mes appartements. Parfois je lis ou bien j’écris, voire dessine selon mes envies.
Ashter en avait eu des choses à dire. Il ne se montrait pas si loquace habituellement avec Melleah, ayant jusqu’ici cette culpabilité qui prenait le pas sur tout. Mais quelque chose semblait s’être débloqué et il en profitait. Il en profitait pour partager ce doux moment avec elle, ce merveilleux moment malgré les regards lointains de sa septa qu’il sentait jusqu’ici. Un nouveau sourire s’afficha, plus sincère que jamais. Un avenir radieux était désormais perceptible par le chevalier. Il allait faire en sorte de la mériter. Voilà une nouvelle promesse qu’il devrait tenir envers lui-même. Il ne le savait pas encore et il faudrait sûrement du temps pour qu’il s’en rende compte mais il l’aimait. C’est depuis ce jour-là que ses sentiments pour elle changèrent profondément. Espérons qu’il s’en rende compte rapidement, pour le plus grand bonheur de Melleah Payne.
#999999 : Ashter Yarwyck
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Ashter Yarwyck & Melleah Payne
Se sentir véritablement à l’aise que dans son fief natal, voilà quelque chose que Melleah pouvait comprendre. Bien entendu, elle rêvait bien souvent plus d’ailleurs que d’une vie solitaire à Valmont. Rencontres, festivités et aventures avaient le don de l’attirer irrémédiablement. Pourtant, il n’y avait jamais que dans le fief des Payne qu’elle était entièrement elle-même. Et quand bien même devait-elle surveiller son attitude et son langage en compagnie de sa tante -ou même de leur Seigneur, son héritier Ser Cedric ou même son propre père Jorran- elle n’en demeurait pas moins plus libre qu’en société. Elle pouvait alors vaquer à ses occupations favorites sans crainte d’être dérangée. Faire de longue chevauchée en forêt accompagnée de Podrick, jouer ses mélodies favorites des heures durant sur les instruments familiaux ou même lire jusqu’à l’ennui dans leur bibliothèque sous le regard attentif de leur Mestre. Oui, voilà où elle pouvait être elle-même, à l’instar de son promis à Bulwark. Par malheur -ou bonheur selon le point de vue- elle était destinée à se déraciner de Valmont pour rejoindre le fief de son promis après leurs épousailles. Aussi accueillit-elle la proposition de ce dernier avec un sourire enthousiaste.« J’en serais enchantée ! » assura-t-elle, bienheureuse à la simple idée de leur promenade prochaine sur le domaine des Yarwyck.
La seule pensée qu’il put seulement prendre le temps de cela était un gage de plus de sa sincérité à son encontre. Il restait encore à voir si cela n’était point que parole en l’air mais elle était toute encline à le croire. A dire vrai, elle en frétillait littéralement d’impatience et elle ne dut qu’à son éducation de contenir ses émotions en dedans d’elle-même, affichant simplement un ravissement certain sur ses traits. Le Domaine de Yarwyck, et son château, était, dit-on, de belles tailles et n’avaient rien à envier à la plupart des fiefs de l’Ouest, voir du Royaume. Melleah ignorait si tout cela n’était que baliverne, mais elle se l’imaginait volontiers ! Dans tous les cas, il surpasserait assurément la modestie du domaine familial et ne pourrait en être déçue. En fait, elle s’en trouvait surtout curieuse.
Ser Ashter accepta, en outre, de lui conter son quotidien et c’est avec une attention renouvelée qu’elle l’écouta, oubliant tout ce qui les entourait et qui n'était pas eux, à commencer par la présence de Septa Mirella, au loin, dans son dos et le repas qu'ils étaient censés partagés et qu'ils n'avaient point débuté tout à leur conversation. A l’en croire, cela n’avait rien de bien passionnant mais le simple fait qu’il ne passa point des heures à broder assis dans un salon surpassait déjà ses propres journées. Elle ne voyait nullement le redondance de ses activités, mais fantasmait surtout sur les éventuelles tâches confiées par l’héritier de l’Ouest en personne, les illustres rencontres qu’il pourrait faire en accompagnant sa Dame partout où elle se rendait, ou tout simplement sur le cadre fastueux de Castral-Roc. Aussi sa curiosité fut-elle récompensée à la hauteur de ses espérance tandis qu’elle réagissait au dire de son promis concernant Lady Walda.
« Oh c’est en tout point ce que j’imaginais d’elle ! » s’exclama-t-elle lorsqu’il l’informa des récurrentes invitations de lady Walda, « Que ne puis-je avoir devisé plus avant avec elle. Quelle noblesse -quel bonté !- est-ce de sa part que de vous inviter à partager sa table tel un ami ! J’imagine comment cela doit être intimidant. Avez-vous également déjeuné en compagnie de Messire Tyrion ? Ou même de Lord Tywin ? », elle écarquilla des yeux pétillants rien qu’à cette idée, « Est-ce pour cette raison qu’il vous ait plus facile d’accepter en présence de votre père ? »
Il était de notoriété publique que Lord Weslar était un des conseillers de leur Suzerain. Et bien que ce dernier soit la plupart du temps à Port-Réal auprès du Roi, en qualité de membre du Conseil Retreint, Castral-Roc demeurait sa maison et on pouvait l’y voir malgré tout de temps à autre. C’était d’ailleurs grâce à cela que Ser Ashter avait obtenu ce poste auprès de la future lady de l’Ouest. A cela, et à ses fins talents de bretteurs ajoutait-elle toujours dès qu’il était question de lui au cours des conversations qu’elle tenait, fier des talents de son fiancé. Il était aussi connu que Lord Weslar était de nature aussi peu affable que son Oncle, Ser Cedric, mais qu’il possédait un sens aiguë de la noblesse et du devoir. Cela ne le rendrait probablement pas plus agréable aux yeux de sa future belle-fille, d’autant qu’il se montrait encore plus exigeant avec son héritier paraît-il, mais elle n’aurait jamais poussé le vif à exprimer cette pensée en publique. Et certainement par devant Ser Ashter lui-même, par ailleurs.
Elle prenait malgré tout plaisir à découvrir ce dernier, car seul lui devait compter, et elle apprit par la même occasion de nouveaux passe-temps qu’elle ne lui aurait jamais imaginé. En plus de l’équitation, dont elle savait déjà qu’il l’appréciait -après tout, les Yarwyck ne possédait-il pas une cavalerie ?-, elle apprenait aussi sa passion pour le dessin et les arts des lettres. Elle peinait à imaginer mais cette sensibilité aux beaux arts ne fit que renforcer l’image chevaleresque qu’elle s’était forgée à son sujet, aussi sut-elle d’emblée qu’elle s’y ferait vite. De même qu’elle découvrait l’existence de cet homme, dont elle ignorait l’identité. Est-ce lui qu’elle avait vu accompagner son promis lors du Tournoi de Lestival ? A l’écouter, il ne s’agissait ni plus ni moins que de son plus proche ami, son confident.
« Je ne crois pas connaître de … Beren, c’est cela ? Ser Beren ? » s’intéressa-t-elle sincèrement, « Est-ce l’un de vos amis ? Si c’est le cas, je serais honorée que vous me le présentiez. Venez-vous parfois ici avec lui pour partagez vos passions ? J’ignorais seulement que vous saviez dessiner ! Me voilà soudain bien curieuse ! »
Que ne donnerait-elle pas pour voir cela ! Était-ce qu’il avait fait en l’attendant, dessiner, coucher quelques mots sur le papier ? Elle l’ignorait bien, mais voilà une chose qu’elle avait retenu de tout cela : Ser Ashter n’avait jamais révélé cet endroit à quiconque, hormis son ami. Et elle-même. Son cœur s’en trouva singulièrement réchauffé car rien de tout ce qu’il venait de dire n’avait autant d’importance que cette information-ci.
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La sincérité. C’était le mot. Ashter ne cessait de se le répéter, se le remémorer. Il lui devait d’être sincère. Il avait fait déjà trop de mal autour de lui. Il devait réparer ses erreurs et s’il ne se sentait pas encore prêt à tout lui avouer, il essayait néanmoins de se faire pardonner son comportement. Il avait décidé d’emmener sa fiancée dans cet endroit en dehors de Castral Roc. Il s’agissait là d’un coin tranquille où il était possible de se poser à l’ombre d’un arbre quand le Soleil s’élevait. Il avait préparé de quoi manger et boire, espérant effectuer là une discussion, la discussion dont ils avaient besoin pour découvrir l’autre. La date était toute choisie puisque cela faisait tout juste un an qu’ils s’étaient rencontrés. Leur première entrevue avait été courte, courtoise, respectueuse mais peu encline à la découverte de l’autre, à en savoir plus sur qui était l’autre. La faute à qui ? Ashter bien sûr. Aujourd’hui, il voulait se racheter et sous le regard bienveillant – il l’espérait – de septa Mirella, Ashter et Melleah s’étaient expliqués, se parlaient, tournaient alors une première page dans leur histoire, dans ce prologue à leur vie de couple. Melleah était si douce, si tendre. Le chevalier ne pouvait qu’être gentil et sincère avec elle. Il lui avait fait la solennelle promesse qu’il comptait tenir… sur le long terme. Ashter avait mûri. Son voyage dans le Conflans et l’Orage lui avaient permis de mettre des choses bien à plat. Même si tout n’était pas réglé dans sa tête, il savait qu’il prenait là, la décision qu’il aurait dû prendre depuis le début des fiançailles. Melleah méritait un futur époux sincère, loyal honnête, attentionné, bienveillant, pas un couard, lâche et menteur. Qui sait ? L’amour viendrait peut-être ensuite les bénir tous les deux, faisant alors tourner une autre page de cette histoire qu’ils allaient écrire ensemble.
- J’ai déjeuné avec messire Tyrion, oui. Souvent. En effet, quand mon père est là, il est plus difficile de refuser. Il ne verrait pas cela d’un bon œil. Même si lady Walda ne m’en veut pas de refuser, mon père imaginerait l’offense immédiatement que je ferai à la femme que je sers. Quant à lord Tywin, j’ai eu très peu d’occasion de le voir depuis qu’il est maître de la Guerre. J’ai plus côtoyé son frère, ser Kevan.
En effet, ser Kevan était proche du jeune Ashter. Il l’avait pris comme si c’était son élève et lui son mentor. Ashter lui vouait une loyauté sans faille comme envers tous les Lannister mais il fallait bien dire que Tyrion et Kevan tenaient une place particulière dans le cœur du chevalier. Malgré les remontrances du suppléant de Tywin, il l’appréciait et écoutait ses enseignements. Il avait eu de nombreuses fois raisons et c’est souvent sa voix qui résonnait en lui lorsqu’il pensait à Sacha. Kevan était bien sûr au courant. Le jeune chevalier ne pouvait guère lui cacher ce genre de choses. Il devait par ailleurs être bien heureux de voir que son protégé y avait renoncé. Par dépit. Par raison. Reportant son attention sur sa fiancée, repensant alors aux mets qu’il avait fait préparer pour ce moment, Ashter, l’écouta alors parler de Beren, sentant sa curiosité piquée de nouveau. Approchant le panier plein de victuailles, il lui parla de nouveau de son frère de cœur, celui pour qui il donnerait jusqu’à son titre.
- Ser Beren, c’est ça. Je pense que vous le verrez souvent quand vous serez mon épouse et que nous serions à Bulwark. Il s’agit là d’un jeune homme originaire de Dorne que ma très chère mère a sauvé et recueilli chez nous. Il a difficilement été accepté par mon père mais ma mère a ce pouvoir merveilleux de lui faire entendre raison.
Il laissa échapper un léger rire repensant au nombre de fois où Beren s’interposait entre son père et lui. Il vouait sa vie pour le chevalier et futur seigneur, Ashter ne s’y faisait pas et ne s’en ferait probablement jamais. Mais il était heureux de l’avoir à ses côtés. Plus vieux que lui, il agissait en grand frère là où Arthur n’avait été qu’absent ou méprisant. Beren représentait tellement de chose pour Ashter, il espérait que sa douce fiancée n’est rien contre les Dorniens. Il en doutait fort mais l’appréhension demeurait tout de même. Du côté de Beren, bien qu’il sache pour Sacha, il serait le premier à mettre à l’aise Melleah. Il était si drôle et à la fois si attentionné. Bien sûr, parfois, il pensait à sa famille qui était à Dorne. Sa mère. Sa sœur. Ashter ne savait que faire pour combler ce vide qu’il ne pouvait combler. Il avait été renvoyé de chez lui par son beau-père, abandonné, laissé pour mort dans les terres arides. Qui sait si sa sœur ou sa mère le savent vivant ou mort. Chassant ces pensées peu joyeuses, Ashter poursuivit ainsi.
- Il est comme un frère pour moi et j’ose espérer que vous vous entendrez bien tous les deux. Il est si précieux pour moi, lui qui a toujours été à mes côtés. Il ne vient pas tout le temps avec moi ici. Je dois dire qu’il me laisse souvent seul. Il sait que je n’aime que trop rarement qu’on me regarde dessiner ou écrire.
Il rougit quelque peu. Il n’aimait pas trop s’épancher sur ses qualités cachées. Écrire. Dessiner. Composer. Weslar n’aimait pas toutes ses activités qui n’étaient pas digne d’un seigneur. Qu’il sache écrire encore mais des poèmes ? Oh par les Sept, Weslar espérait que son fils, désormais héritier, fasse bien plus quand son heure sera venue pour lui de diriger Bulwark. Mais assez parler de lui, Ashter ouvrit le panier et fit diversion avec ce qu’il avait apporté. Il espérait que Melleah apprécie le geste et l’attention. Le regard de septa Mirella était toujours braquée sur eux. Elle était immobile. C’en était impressionnant. Ashter essayait de ne pas trop y faire attention et préférait de toute façon le regard doux de Melleah. Le moment était si agréable. Ils restèrent là encore quelques longues minutes qui se transformèrent rapidement en heure. Ils parlèrent de l’un et de l’autre. Ashter finit par dévoiler un peu plus de sa facette d’artiste, allant même jusqu’à énoncer un vers qu’il avait écrit une fois comme ça alors qu’il laissait libre court à son imagination. Bien sûr, tout cela serait moins fréquent lorsqu’il deviendrait seigneur. Il devrait s’occuper de toute la paperasse concernant les affaires de son fief. Heureusement, il savait qu’il pourrait compter sur sa mère, sa sœur et son frère de cœur ainsi que Melleah. Elle deviendrait bientôt sa femme, une Yarwyck, la mère de leurs futurs enfants et il pouvait espérer qu’elle l’épaule dans sa charge de seigneur du mieux qu’elle pourrait. Il ne regretta aucunement cette rencontre avec sa fiancée pour ce petit pique-nique improvisé qui leur permit de discuter, d’en apprendre plus sur l’autre, de briser cette glace entre eux, de faire un pas, timide puis assuré, dans leur mariage qui approchait à grand pas. Ce fut là une journée remplie d’espoir et de promesses qui s’acheva à l’ombre d’un arbre.
***
Bulwark. An 302, lune 10, semaine 2. Trois semaines plus tard…
Ashter et Beren étaient arrivés à Bulwark après quelques jours de voyage. Le chevalier avait ainsi dit adieu à sa vie à Castral Roc et il était temps pour lui de revenir auprès de sa famille alors qu’il était sur le point de se marier. Alors que la nuit tombait peu à peur sur l’horizon maritime, Ashter avait longuement réfléchi. Depuis sa conversation avec Melleah qui l’avait chamboulé dans le sens où elle lui avait laissé une nouvelle chance pour peu qu’il se montre enfin sincère, Ashter était encore plus mal. Il avait été sincère, du mieux qu’il avait pu mais il s’était résigné à dire l’entière vérité. Melleah avait sûrement vu les efforts pour racheter son comportement mais il n’en était rien concernant Sacha et ce qu’il s’était passé. Surtout qu’entre temps, il avait osé pénétrer sa chambre la veille de son départ déposant alors quelques présents. Elle, de son côté, avait osé faire la route jusqu’à Bulwark. Ashter avait été mal ce jour-là et avait missionné Beren pour que la jeune femme ne soit vue par personne au château. Un baiser avait même été échangé. Ses sentiments étant confus, le chevalier s’en était trouvé une nouvelle fois bien perturbé. C’est ainsi qu’il décida, prenant à témoin son frère, Beren, de faire une chose à laquelle ce-dernier ne s’attendait pas du tout.
- Il faut que je parle à lady Melleah. Avant le mariage. Je vais tout lui dire. Tout.
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